Encore Jōnin de Kiri, Yoru jouissait des délices de la liberté. Malgré son haut grade, et son appartenance à la section Misuto de Kiri, il pouvait être fier de pouvoir se balader à son aise dans la globalité des quartiers de la cité. Comme si cela ne suffisait pas, le temps favorisait ses sorties: le frimas se voulait moins puissant qu'à son habitude. Il semblait s'ouvrir au borgne, lui ouvrant un passage, lui formant un chemin nébuleux et unique. Le blondin s'en voyait ravi: la journée qu'il démarrait de bon matin sous une promenade agréable était partie pour commencer sous les meilleures conditions. Pour autant, la situation était bien plus sérieuse qu'une simple marche joyeuse dans les quartiers de Kiri. Voilà une bonne dizaine de jours que les forces armées de Kiri étaient rentrées de leur croisade véhémente face aux troupes du Nuage. Kumo avait croisé le fer avec Kiri, sous un territoire organisant initialement un tournoi d'ampleur internationale. Les tensions s'étaient accentuées, et au final, Yoru n'était sorti que pour se décontracter, au lieu d'en apparence profiter de la météo bénéfique. Preuve de cette nécessité d'assoupissement mental, la recherche d'une cibiche dans les poches du cyclope. Sa dextre couvant le bout du mégot, son autre maniant le briquet, il s'en grilla une à l'abri de la bise qui soufflait face à lui. Le tabac corrompait son larynx, se baladait à travers sa gorge et facticement, provoquait son apaisement.

Il fallait dire que le jeune homme ne savait plus trop quoi penser de la situation actuelle. Lui, partisan de la guerre, approuvait les choix de son supérieur, le Lutin Bleu Kitase Shinichi. Il était fier des agissements de son confrère, de ses décisions. Il avait parfaitement confiance en le Nidaïme Mizukage. Toutefois, autre les choix du Sabreur à la claymore d'aqua simplex, Yoru ne savait pas comment anticiper la suite des événements. Il se sentait même perdu entre deux fronts. D'une part il éprouvait une intense haine xénophobe à l'égard de Konoha, ce village qui lui avait fait perdre sa dulcinée, ainsi que son œil. De l'autre, voilà qu'il se sentait obligé de mépriser le village caché des Nuages: malgré les propos des pacifistes et autres philosophes à leurs temps perdus, la haine attisait sa force, et la sublimait. Sa Folie n'était qu'un excédent de cette rage belliqueuse, qui sous l'alchimie de sa détresse, se changea en un vice animé de volonté, celle du Lutin Fou. Kumo ou Konoha, il fallait donc choisir, mais Yoru était encore indécis. Il devait prendre le temps de prendre sa décision. Devait-il diriger sa haine exclusivement sur une entité, ou bien pouvait choisir de diviser son sentiment entre les deux factions, l'une primordiale, l'autre subissant secondairement son mépris ?

Sa réflexion fut entrecoupé par la présence d'un gazier tout à fait singulier sur les lieux qu'il arpenta. Sa cigarette avait perdu la moitié de son volume, alors qu'il observa l'individu. Yoru appréciait les bancs où le quidam avait gentiment posé sa malle-arrière. Sa toison sinople attira l'attention du guerrier au regard mutilé. Qui pouvait bien être cet adolescent à la tignasse de jade ? Évitant toute réaction ab irato suite à l'emplacement du Kirijin sur le banc de l'éborgné, le Lutin en question tira un coup dans sa cigarette, et tâcha de parler avec prestance, mais avec aussi un brin de sarcasme et d'ironie, plus subtilement:

« Belle journée n'est-ce pas ? C'est vraiment un temps pour profiter de dehors, même si l'heure est plus à la guerre et aux tensions diplomatiques qu'aux flâneries. »

Oubliant de se présenter, il préféra atermoyer son identité, dans l'attente d'une réponse du bonhomme. Il désirait avant tout savoir comment s'affichait l'individu, avant de faire un pas de plus dans la conversation. De fait, le blondin continua de fumer, levant sa tête pour observer le lustre de l'empyrée azur.