Depuis l'incident de Hai no kuni, Yoru avait acquis une certaine renommée au village. Son histoire sur le pays des cendres, la perte de son œil droit, mais aussi ses liens quasi-fraternels avec le Nidaïme Mizukage ainsi que son titre de Lutin Fou firent de lui un membre reconnu de la cité embrumée. De fait, on accordait plus d'importance au jeune borgne. Cela se traduisait par des missions avec plus de risques, des escortes diplomatiques aux assassinats commandés, notamment. En outre, le blondin représentait parfois son village au cours d'événements entre plusieurs autres nations. Ce fut le cas lors d'une initiation aux arts samouraï, au sein du territoire de Tetsu no kuni. Plusieurs délégations de villages ninjas furent invités à participer à ce concours, au cours duquel les assassins de l'ombre entreraient l'espace de plusieurs jours dans la peau des guerriers de l'honneur. Yoru, ainsi que quelques hommes de Kirigakure no sato, furent ainsi envoyés sur le pays des samouraïs pour s'exercer au Kenjutsu et à l'apprentissage du Bushidō. Le Lutin Pourpre, à cette époque, n'était qu'un Chūnin. Cependant, tout comme il commençait à prendre du poids au sein du village, ses compétences elles aussi commençaient à croître dangereusement. Une formation à l'art du sabre ne pourrait que lui être bénéfique. Cela lui permettrait en outre d'équilibrer ses capacités en diverses matières. Il était faible au corps à corps, il l'admettait. Ce voyage dans cette région du globe enneigée comblerait éventuellement cette lacune, et lui éviterait de se limiter au combat à distance.

Plus ou moins enthousiaste à l'idée de partir, Yoru prépara son bagage, et fit connaissance avec ses camarades qui participeraient à ses côtés à l'événement pour le séjour. Ce fut au cours d'une brève réunion, aux allures de briefing. On exposa brièvement les diverses activités, sous la forme d'épreuves, qu'allaient subir les Kirinins. Au cours de cette entrevue, le Lutin Fou fit la rencontre d'hommes assez banals, et dénudés d'intérêts. La plupart arboraient un air sérieux, et ne manifestaient leur motivation de participer à la formation qu'à travers quelques phrases alambiquées peu au goût de Yoru. En somme, le jeune borgne se contenta de préparer joyeusement ses affaires. Cela lui faisait bizarre. Habituellement, où qu'il allait, il emportait toujours son équipement standard de ninja. Mais pour l'occasion, le blondin laissa en place ses kunaïs, ses shurikens, et se mit en condition pour manier le katana, le wakizashi et d'autres armes dignes des samouraïs. De fait, grâce à cette absence dans les sacs de Yoru, ce dernier put profiter d’alourdir son sac allégé de quelques frusques plus chaudes. On lui avait annoncé des conditions climatiques rudes sur place. Blizzard, grêle et neige à volonté étaient au programme. Le shinobi s'habilla donc en conséquence.

« Dîtes, c'est quand qu'on arrive ? Hého, on arrive bientôt ? On est encore loin là ? Pfiou, c'que c'est long… »

Le temps fut étrangement long pour atteindre Tetsu no kuni. Ce n'était pas à cause de la distance. Non, Yoru était habitué à parcourir l'océan pour rejoindre le Grand Continent si éloigné. Il avait même l'habitude d'atteindre des contrées bien plus éloignés encore que ce bout de terre situé entre Tsuchi no kuni et la péninsule de Kaminari no kuni, parmi d'autres nations mineures. C'était bien à cause du paysage. Sur place, les Trois Loups, montagnes emblématiques de Tetsu no kuni, représentaient bien l'atmosphère du lieu. Quelque chose de solennel et d'ancien, de sacré et de puissant, attendait les Kirijins. L’événement s'annonçait prometteur. Si la route par la voie maritime fut relativement banale, le trajet sur le sol gelé du Pays du Fer lui fut tout autre. Si Yuki no kuni apparaissait comme la nation hivernale, avec des températures les plus négatives et une neige sempiternelle, Tetsu no kuni elle était la nation la plus rude. Les tempêtes de neige n'étaient qu'une gêne secondaire face aux monts escarpés et aux chemins étroits que devaient parcourir les voyageurs. Ce n'était pas la neige, mais bien la structure du sol qui rendait la surface contraignante. Il fallait cependant admettre que les nombreux flocons occasionnaient eux aussi une gêne importante, une fois accumulés sur ces espaces difficiles d'accès. Néanmoins, malgré toutes ces conditions rudes, Yoru et les siens ne baissèrent pas les bras. Sans pour autant alimenter la rumeur de la Brume Sanglante, ils tenaient tous, Lutin Fou comme hommes lambda, à montrer leur tenace détermination et leur robustesse légendaire qui contribuaient à la réputation du village caché de la Brume.

Ainsi, grâce à leur condition de Kirijins, le groupe de dix hommes parvint à se frayer un passage parmi le territoire de Tetsu no kuni. Ils arrivèrent dans les délais au point de rendez-vous. Il s'agissait d'un complexe de formation des samouraïs, réhabilité pour l'occasion. L'édifice était surplombé par une vaste couronne rocheuse, qui le mettait à l'abri des vils vents montagnards. De fait, la neige était moins présente dans ce vaste disque plat contenant en son sein le camp de formation qu'ailleurs sur le chemin y menant. Malgré leur ténacité, les voyageurs de Kiri furent soulagé de cette sensation apaisante. Une fois sur place, la dizaine de Kirijins rentra dans un premier bâtiment, à l'intérieur duquel on les accueillit en bonne et due forme. Parka, manteaux épais et chapeaux de vannerie - pour les plus audacieux - furent retirés pour le plaisir de tous. D'un immeuble à un autre, la petite bande de l'archipel de Mizu no kuni avança, et fut habitué à la structure. Ils furent logés dans un étage réservés à deux groupes, le leur et ceux d'une nation sans importance. Puis, on leur fit visiter la structure, comme de simples touristes. Ils découvrirent ainsi avec une crédulité réduite le dōjō des apprentis samouraïs, l'armurerie, ainsi que la forge. Leur guide, un vieux combattant ayant quitté les sentiers battus des champs de bataille pour partager sa passion du code du Bushidō aux étrangers, leur présenta également les vestiges d'une ancienne mine de fer. Ce fut autour de cette profonde mine que fut construit le centre de formation. Le vieillard se plaisait à raconter les anecdotes du temps de sa jeunesse passée dans cet endroit. Il parlait avec précision des épreuves consistant autrefois à forger son caractère et ses poings en allant soi-même récupérer le précieux minerai destiné à la forge de son sabre.

Outre toutes ces considérations, on annonça bientôt le planning des jours qui allaient suivre. Tous les ninjas convoqués à l'événement furent rassemblés au sein d'une grande salle au caractère ancien religieux. A l'intérieur de cette salle, on eut raison de la patience des shinobis rassemblés ici, en provenance de nombreux états. Initiation à la forge, au code d'honneur samouraï, aux différentes disciplines, plus diverses que la simple appellation de Kenjutsu. Yoru fut ainsi, avec d'autres ninjas d'autres contrées, choisis pour participer dans l'après-midi qui allait venir à un entrainement au kendō. Avant ça, toue l'assemblée fut invité à marquer le début de l'événement par un grand repas assez copieux. Comme quoi, même dans un pays rude en apparence, les hommes peuvent être généreux ! Yoru mangea de plein cœur, affamé par le voyage. Outre l'appétit qui lui venait naturellement, la pensée du combat qui l'attendait dans quelques heures abusa de sa curiosité. Comment allait-il s'en sortir ? Car après tout, il allait manier pour la première fois un vrai katana de samouraï. Son ninjatō en comparaison n'était qu'un vulgaire jouet pour enfant à Tetsu no kuni. Mais plus que de savoir comment allait se battre, la question qui trottait le plus dans la tête du borgne, c'était bel et bien de savoir contre qui il allait se mesurer au sabre. En effet, Yoru espérait de tout cœur ne pas tomber à nouveau contre un de ces chiens de Konoha…

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