Les cendres tièdes se soulèvent sous chacun de mes tout premiers pas que je fais sur le sol de Haï no Kuni. J’avais déjà foulé cette terre il y a de cela un certain temps, je sentais à l’époque le poids du bandeau de kumojin peser sur mon front, désormais je n’ai plus à l’avoir, je suis libre de faire ce que je veux, et de prêter allégeance à qui bon me semble, même à ma propre personne si cela me chante. Cependant ce n’est pas vraiment ce que je cherche…
Comment suis-je parvenue jusqu’ici ? Cela n’a pas été simple je l’admets, il a d’abord fallu que je trouve un capitaine qui accepte de m’emmener au grand maximum à 1 kilomètre des côtes de cette île volcanique, ce qui est assez rare dans la région. Ensuite j’ai dû faire le reste du voyage à pied, marchant sur l’eau et dépensant une petite partie de mon chakra de manière bien inutile. Tout ceci étant derrière moi, il me fallait trouver celle que j’étais venue chercher ici, dans cette étendue déserte et morte, et lui demander d’accepter ma demande qui consistait à la rejoindre.
Ça c’était le plan tel qu’il devait se passer, c’est-à-dire sans encombre, seulement il y avait une autre possibilité qui allait très certainement se produire : les sbires de Makka allaient me trouver et soit je me rendais bien gentiment, soit je faisais la forte tête et je ne me laissais pas faire.

Après quelques minutes passées à errer sans vraiment une grande destination où aller, juste me dirigeant vers le centre de l’île, je remarque la présence de trois grands oiseaux, volants en cercle au-dessus de moi, comme des vautours attendant patiemment la mort plus ou moins naturelle de leur proie. Je les regarde pendant un moment, voler ainsi, me couvrant les yeux du soleil qui depuis plusieurs heures déjà brule cette terre stérile. Soudain, comme de manière synchronisée, les trois rapaces descendent en piqué sur moi. J’attrape dans ma sacoche trois kunaïs avec des parchemins explosifs et me prépare à les lancer sur les volatiles, quand ceux-ci dévient légèrement de leur trajectoire, et après une légère boucle en douceur, viennent se poser à quelques mètres de moi.
Sur chacun de ces carnassiers, se trouvent e vérité deux shinobis montés, tous avec un visage couvert et sur leurs bras la marque noire que j’avais retrouvée lors de l’incendie qui avait mis en danger le village de la foudre. L’un d’eux casqué de métal grossièrement taillé se met alors à me parler d’une voix rauque et grave :

-En posant le pied sur cette terre vous avez signé votre arrêt de mort demoiselle, rendez-vous et peut être nous vous laisserons la vie sauve, résistez et nous vous tuerons sur le champ.

Les trois passagers, assis derrière ceux qui tiennent les rênes de leurs montures volantes, pointent sur moi des armes de jets de toutes sortes. Seulement cela ne sert à rien, je ne suis pas venue pour me battre contre eux, mais avec eux. Je laisse donc tomber tout mon attirail, mon wakisachi, mes papiers, mes parchemins, et tout ce qui pourrait être considéré comme hostile :

-Je ne viens pas en ennemie, mais en amie, je veux seulement parler à Makka. Après libre à vous de juger de ce qu’il faudra faire de moi…

Celui qui semble alors être le chef du groupe se met à faire un signe à l’un des deux autres chevaucheurs, et celui-ci s’empare alors de mes armes, tandis que l’autre m’invite à monter sur son destrier en prenant bien soin auparavant de me lier les mains pour éviter que je ne fasse une quelconque technique. Prenant leur envol, nous nous dirigeons vers le cœur de l’île, qui abrite le volcan central qui lui a donné naissance. Mal installée, je me fais balloter dans tous les sens et risque de tomber à plusieurs reprises sans que cela ne dérange trop les deux autres assis devant moi, qui d’ailleurs ne me porte pas trop d’attention. Enfin nous arrivons au pied du volcan, d’où s’échappent de nombreuses volutes de fumées témoignant de l’activité bien présente du cratère. A notre arrivée, le sol est parcouru d’une légère secousse qui fait vibrer les roches alentours, et tituber les rapaces peu à l’aise une fois posés.
On me jette sur le sol avec mes affaires, me laissant les mains ligotés, puis les trois oiseaux s’en vont avec leurs cavaliers, me laissant là au milieu de nulle part, les mains liées…

Sur mon visage moite d’une sueur qui ne me rafraichit pas le moins du monde, s’est déjà agglutiné une fine pellicule de cendres qui me démangent horriblement sans que je ne puisse pour autant les enlever. Tout ce que je respire en fait c’est la poussière qui tient en suspension près du sol, une poussière qui volète suite à ma réception sur le sol juste après que j’ai tenté de me relever à plusieurs reprises, mais la pente abrupte et glissante et mes mains liées m’en empêchent totalement.

Soudain je semble distinguer au loin une ombre qui s’approche, tel un mirage elle disparaît dans une nuée de flammes qui s’approchent de moi à grande vitesse. Soudain je la reconnais celle qui était inscrite sur le bingo book de chaque Kumojin comme l’ennemie publique numéro 1, ses cheveux châtain-roux et surtout cette robe aussi pourpre que les flammes de l’enfer, il n’y a pas de doute je suis bien en face de Makka. Un léger sourire s’empare de mon visage, je me trouve enfin face à celle que je cherche depuis quelques temps déjà. Elle aussi semble satisfaite de me voir ici, mais certainement pas pour les mêmes raisons que moi, et sans se présenter elle pose une étiquette sur mon visage : Kunoïchi du village de la foudre. Rien que le fait que l’on puisse encore m’associer à cette case m’écœure, je ne suis pas loin d’en vomir, moi qui la classait assez haut dans mon estime, je suis contrainte de voir sa note au rabais.
La jeune femme s’approche de moi dans une tentative d’intimidation avant de me couper les liens, et fini par m’ordonner de me lever, ce que je fais assez rapidement, prenant soin au passage d’enlever la couche de poussière qui se trouve encore sur mon visage d’un geste bref du bras. Quand mon regard croise le sien, un frisson de peur m’envahit, bien sûr je reste stoïque, mais ce que j’y ait vu a suffi à me glacer le sang. Non je ne crois pas qu’elle soit ici pour m’accueillir à bras ouvert dans son organisation, non je crois qu’elle veut voir mon sang souiller le sol noir et chaud du flanc de ce volcan. Mes pensées sont rapidement confirmées par la brève mise en garde qu’elle me donne : Je suis ici pour mourir ! Je crois bien que pour une fois je me suis mis dans un pétrin dans lequel je ne suis plus maître de la situation. Rien que cette idée me donne la chair de poule. Comment est-ce que je peux tenir tête à quelqu’un qui a mis en échec le Mizukage et le Kazekage en même temps ? En fait voilà comment je peux résumer ma situation : Une mort certaine, avec une faible chance de réussite… Mais qu’est-ce que j’attends ?
Un large sourire se dessine sur mon visage, cette fille me fou la trouille et ça m’excite, j’en tremble comme cette fois où j’avais affronté la blonde totalement folle qui se faisait appeler la mort. Oui c’est ça une nouvelle fois je vais me battre pour ma vie et rien de tel qu’un enjeu pareil pour donner le meilleur de vous-même. J’attrape un Kunaï dans ma sacoche qui est à mes pieds et dit :

-Avant que je ne meure comme tu le dis si bien j’aimerais préciser deux petites choses, la première c’est que je ne fais plus partie de ce village de faible qu’est Kumo, je l’ai déserté d’une manière assez explosive je dois dire, et la seconde est…

A l’aide de mon kunaï je découpe minutieusement mon haut, jetant les lambeaux au sol, laissant mon torse à l’air avec seulement mon soutient gorge en guise de vêtement. Je laisse apparaitre sur ma peau une multitude de parchemins explosifs, en fait mon corps entier en est recouvert. Il y a de quoi faire ici bien un second cratère à ce volcan, en fait je m’étais préparé bien à l’avance car je savais que tout ne se passerais pas forcément comme prévu et qu’il me fallait un moyen de faire pression. Je laisse tomber l’arme de jet sur le sol, qui se plante à la verticale dans ce dernier :

-…que je n’ai pas peur de la mort ! Je connais ta force Makka, ton assimilation au feu est un atout remarquable et mes papiers n’ont aucune chance face à tes flammes, seulement le feu ne peut exister sans son combustible principal qu’est l’oxygène. Le meilleur moyen de t’empêcher de t’assimiler est donc de priver l’air ambiant d’oxygène, et pour cela rien de tel qu’une explosion assez puissante pour le consommer entièrement.

J’attrape le fourreau de mon wakisachi sur le sol et en sort la lame qui se met à étinceler sous le soleil de plomb. Je la regarde un instant, puis je dirige à nouveau mon regard vers celle qui me fait face et continue :

-Je ne suis pas venue ici pour me battre, mais je suis venue pour m’associer à toi, tout comme toi je souhaite que le chaos règne dans ce monde. Je souhaite que l’humanité sombre dans la nuit la plus noire de son existence, que les frères d’autrefois s’entretuent, que l’amitié ne soit plus qu’un mot dénuée de sens et que la mort soit la seule chose dont on soit sûre qu’elle arrivera. Maintenant libre à toi de choisir, et la question que je te pose est : As-tu peur de la mort ?

Quelle ironie du sort, non vraiment, j’ai toujours été douée pour le mensonge, on me croyait toujours même quand c’était presque plus gros que moi, simplement parce que je paraissais sincère, que j’avais cet air un peu angélique, que mon sourire ne pouvais pas être mauvais, que derrière ce visage il était tout bonnement impossible que se trouve un esprit calculateur qui manipulait tout son petit monde. Oui on m’a toujours cru pour les mensonges, alors comment se fait-il que pour une fois que je dis la vérité on ne me croit pas ? Non mais sérieux elle se prend pour qui celle-là ? Ecoute moi trente secondes je te dis la pure vérité !
Je lève le regard tandis que la jeune femme s’éloigne dans les airs, me fuyant comme la peste. Au moins je suis assurée qu’avec ça sur le corps elle ne tentera rien de stupide au corps à corps, ce qui n’est pas pour me déplaire, et qui prouve que malgré sa force elle n’est pas invincible. Il va donc falloir que je la rejoigne dans les airs, cette négociation risque d’être musclée, comme si j’avais besoin de ça…
Je ramasse en vitesse ma sacoche dans laquelle se trouvent tous mes papiers, rangeant au passage mon wakisachi dans son fourreau. Je sors alors rapidement un bout de papier qui se plie en quelques secondes seulement en un magnifique faucon, miniature soit, mais magnifique. Après tout ce n’est pas la taille qui compte, il peut très bien être minuscule mais beau.

Seulement le temps me manque, cette garce ne me laisse pas trop le choix ni même le temps pour agir, décidemment elle veut vraiment ma mort, je dois être bien cinglée pour chercher à m’associer avec une personne qui veut m’envoyer six pieds sous terre…
En effet pendant que je m’occupais de créer le petit origami, celle-ci préparait une attaque d’envergure, une vague de feu, identique à un véritable raz de marée ardent, qui se dirige désormais sur moi, ses flammes léchant le sol depuis longtemps stérile. Tss, voilà qui est bien ma veine tient. En quelques secondes l’oiseau blanc atteint sa taille finale, et dans la foulé je monte sur son dos le faisant s’envoler pour éviter de justesse la mer de feu.
Je regarde mon ancien emplacement, recouvert de flammes, en me disant que si je n’avais pas préparé cette action avant qu’elle ne m’attaque, je me serais certainement trouvée dans une position bien délicate, le corps rongé par les flammes…Cependant je ne rêvasse pas plus, mon regard s’assombrit, se plantant dans celui plus sinistre et cruel de Makka. J’ai été clémente jusque-là, mais s’il faut se battre je le ferais, même si la mort m’attend au bout de ce combat, car c’est face à un terrible adversaire que je me tiens :

-Tu n’es pas obligé de me croire, mais si j’avais voulu te tuer, il m’aurait suffi de me faire sauter tant que tu étais juste à côté de moi. Après tout une mission suicide contre la grande Gogyou Makka aurait hissé n’importe quel badaud au rang de Héros s’il avait réussi. Mais puisque tu ne m’écoute pas, le combat semble inévitable…

Avec tout mon bardage d’explosif je suis au moins assuré d’une chose, c’est qu’elle ne viendra au corps à corps que si elle est sûre d’elle, par contre elle fuira toute tentative de rapprochement que je voudrais engager ce qui me restreint à mon tour. Je prends cinq parchemins dans ma sacoche, et malaxe mon chakra pour qu’ils se retrouvent pliés en petits oiseaux, en évitant bien sûr qu’elle ne remarque que ces origamis ont pour support des sceaux. Puis les cinq volatiles, prennent l’air et viennent se placer autour de Makka en un cercle de 15 mètre de diamètre, tournant autour d’elle pour éviter de recevoir des projectiles enflammés :

-Tu l’auras voulu…

Et tandis que j’achève ma phrase, les pliages libèrent le contenu de chaque sceau, transformant tout le disque qu’ils délimitent en une imposante vague d’électricité brute, scintillant d’un bleu doré dans le ciel. S’en est-elle sortie, et si oui comment ? Je ne sais pas, mais une chose est sûre c’est que si elle ne survit pas c’est qu’elle ne méritait pas que je la rejoigne…

Spoiler:

Même s’il me paraissait clair que la technique que j’avais utilisée n’allait pas lui faire si mal, j’aspirais pourtant qu’elle ne s’en sorte pas totalement indemne et qu’elle stoppe mon attaque si facilement, presque en un claquement de doigt. Pourtant rien, pas de contre-attaque meurtrière quasiment imparable qui me fera ressortir ensanglantée et à bout de force, pas de dernier avertissement avant l’ultime assaut qui se soldera par ma défaite et mon corps inerte s’écroulant sur le sol puis accroché sur une bannière à moitié pourrie comme un trophée. Non, rien de tout cela, juste une phrase jetée en air et défi et un ricanement, c’est donc le seul effet que je lui aie fait ? Je me remets alors en garde, cette fois ci je vais tout donner quitte à me vider de mon chakra, je ne veux pas finir ici et surtout pas maintenant. De plus elle s’approche un peu plus, cherche-t-elle à me pousser à bout, voir ce dont je suis capable, si je peux vraiment me suicider ? Bien sûr que j’en suis capable, pour qui me prend-t-elle, je n’ai pas peur de la mort, si c’est pour finir dans l’honneur de l’avoir mis à terre. Non je n’ai pas peur de la mort, je n’ai peur de rien, et surtout pas d’elle. A ce moment-là pourquoi se répéter ainsi cette phrase, ne serait-ce pas tout simplement pour se voiler la face. Je ne suis pas capable de me donner la mort comme je ne suis pas capable de gagner ce combat, c’est une évidence, alors pourquoi continuer ? Pour l’honneur ? L’honneur a fait plus de victime qu’il n’a fait de bienheureux, c’est pourtant connu. Non je n’ai aucune envie de me faire sauter c’est clair, pourtant je dois garder un minimum de dignité avant que ne tombe le rideau.
Soudain alors que je croyais que tout était fini que j’étais sur le point de me rendre, ce que me dit la sulfureuse Gogyou me fait comme revivre. Elle ne serait donc pas tant décider à vouloir mettre fin à mes jours. Serait donc-t-elle mise enfin à croire à la vérité ? Cependant je ne dois pas non plus me réjouir trop rapidement, les coups dans le dos sont plus que fréquent dans ce monde de shinobi, où traitrise et mensonges sont le pain quotidien de tous. C’est alors que d’un air calme et posé sans laisser paraitre la moindre émotion, ni même tout ce qui a bien pu se passer dans ma tête que lentement je range mon wakisachi dans son fourreau. Puis lentement j’enlève un à un les parchemins explosifs posés sur mon corps, pour les rassembler et les ranger dans ma sacoche. En la remontant sur mon épaule je ressens une désagréable brulure, voilà qui m’apprendra à faire la maligne en me déshabillant sous un tel soleil, j’en attrape un coup de soleil…
Maintenant que nous nous faisons face l’une par rapport à l’autre et qu’elle m’a dit tout ce qui lui semblait bon de ma rappeler je prends enfin la parole, sous le soleil de plomb, ma langue me parait alors terriblement lourde et sèche, et c’est non difficulté que j’arrive à énoncer ce que je voulais :

-Comme quoi nous arrivons à un terrain d’entente. Je suis heureuse, même si cela ne se voit pas, que vous portiez de l’intérêt à ma proposition et surtout que vous ne me considérez pas totalement comme une ennemie. Je saurais prouver ma loyauté envers vous, il n’y a pas de doute là-dessus. Tout de même je tiens à préciser que si j’ai quitté Kumo ce n’est pas pour me retrouver de nouveau totalement asservie, je tiens tout de même à garder une certaine liberté d’action et de pensée, le reste m’importe peu…

Même si elle n’avait pas clairement indiquée qu’elle acceptait ma proposition, je tenais à préciser sous quelle condition je la rejoignais. Selon moi le plus gros défi venait de passer : survivre à Makka, le reste n’était que futilité comparé à cette épreuve.