[libre] Secret Place

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Il observe les environs, perché sur sa corniche. Assis en tailleur, à l'extrême limite du vide, il laisse ses jambes se balancer. Cette sensation étrange, ce picotement qui parcourt ses muscles, ce n'est pas désagréable. Le ciel est couvert d'épais nuages. La pluie menace de s'abattre à tout instant. Le vent souffle légèrement ; il a mis sa capuche pour ne pas que ça le dérange. Au loin, la foudre retentit. Apparemment, l'orage ne passera pas par ici. Pourtant, il préfère d'abriter. Il retourne sur une surface plus stable, moins dangereuse. Il se dirige vers la paroi rocailleuse de cette montagne anonyme, perdue en plein milieu de l'un des territoires civils. C'est alors qu'il semble disparaître à l'intérieur. Comme s'il l'avait traversée, tout simplement. Mais, en réalité, il s'est juste glissé par une étroite fissure dissimulée parmi les reliefs de cette façade. En effet, pour repérer ce passage, il faut soit en connaître l'existence, soit avoir un sens de l'observation relativement aiguisé. A l'intérieur, ce n'est qu'un espace étroit, peu confortable. A peine de quoi faire rentrer trois adultes. Mais Rakurai n'a rien à faire du confort. Ce qu'il veut, c'est un endroit à lui. Un endroit où peu pourraient le trouver. Les sons extérieurs sont assourdis, et l'air est stable. Bref, un lieu idéal.

Il y est déjà habitué. Depuis qu'il s'est réveillé, on pourrait presque dire qu'il a élu résidence dans cette minuscule caverne. Il y vient pour faire passer le temps, pour se calmer, pour méditer ou encore pour se reposer suite à un effort quelconque. Là, il regarde juste la vie défiler devant lui. La vie de la nature. Sûrement la plus puissante en ce monde ; celle qu'on ne peut que ressentir, mais sans jamais pouvoir espérer y mettre un terme. A cette pensée, une pulsion incontrôlable prend le dessus. D'un seul coup, ses muscles se crispent tandis que son corps tout entier se met à trembler. On dirait qu'il a été subitement assailli par une douleur immense. Puis, de manière tout aussi immédiate, tout s'arrête. Il est essoufflé ; il semble avoir du mal à respirer. Il se débarrasse de son manteau d'un geste brusque, avant de tomber à genoux, déséquilibré par son propre geste. Il semble avoir perdu le contrôle de son corps, comme si ce phénomène était annonciateur de choses bien pires à venir...

Il se reprend. Son visage est de nouveau impassible. Il est redevenu normal, comme si rien ne s'était passé. Il est debout, à présent, et semble en pleine possession de ses moyens. Il tend le bras et récupère son manteau pour en fouiller les poches, dont il sort une plante odorante. En quelques mouvements, avec une dextérité impressionnante pour quelqu'un qui ne tenait pas sur ses jambes un instant plus tôt, il a fini de rouler. La première bouffée fait du bien ; il inspire profondément, la sent passer dans sa gorge. Il expire, et commence déjà à se détendre. Il profite pleinement de cette sensation qu'il semble apprécier au plus haut point. Peu à peu, il s'ouvre au monde. Un rayon de soleil s'infiltre dans sa cachette. Il l'observe un instant, pensif. Puis il lève la tête vers la sortie, par laquelle il aperçoit une infime partie du ciel. Comme tenté, il ressort de cette cavité pour aller jeter un coup d'oeil en contrebas. La végétation au pied de la montagne est verdoyante, embellie par la disparition des nuages. Mais lui n'a aucun intérêt pour la beauté des choses. A cet instant, il a simplement l'impression d'être supérieur à la nature. Bien qu'elle l'ait mis à mal quelques instants plus tôt, il vient de l'exploiter pour reprendre le dessus. Il savoure ce qu'il considère comme une victoire, sans rien en montrer pour autant.

Il commence à penser à ce qu'il peut accomplir. A ce qu'il voudrait accomplir. Et, surtout, à ce qu'il doit faire.

Mais d'où vient cette obligation ? ...

C'est en descendant la montagne, accroché à la paroi grâce à mon chakra que j'aperçus beaucoup plus bas un homme. Je venais ici pour couper au plus court cette montagne et rejoindre rapidement Tsuchi no Kuni et le rassemblement du An'tei. Je n'étais pas vraiment en retard alors je prenais mon temps. Ce jeune homme semblait pensif. Shinobi ou non je l'ignorais.
Je ne jugeais jamais au premier regard. Mais le fait qu'il pouvait être une menace devait être gardé à l'esprit. L'annonce de mon retour ne tarderait sans doute pas aux revenir aux oreilles de chacun, et dans ces conditions je devais me montrer prudent.
Il ne s'agissait pas non plus de lui rentrer dedans comme un sauvage. L'éviter m'ennuyait car faire un détour m'aurait fait perdre du temps.

Je décidais donc de simplement continuer de descendre la paroi lentement. Pour qu'il ne soit pas surpris par mon arrivée s'il venait à sentir ma présence. Pour cette fois j'étais seul. Sashiko ne m'accompagnait pas.
Après quelques minutes, je ne me trouvais plus qu'a deux mètres au dessus de sa tête. C'est à ce moment que je décidais de lui adresser la parole des plus simplement et des plus poliment possible bien que semblant totalement sujet à l'indifférence. Je ne me cacha pas vraiment en annonçant tout de suite mon nom. C'était la moindre des choses. De même que je me montra très clair dès le début. Cela nous ferait gagner du temps.

-Excuse moi, je ne fais que passer. Samidare Teichirô, enchanté. J'espère que tu n'es pas un traqueur de Konoha ou un truc du genre... Je t'ai vu un d'un peu plus haut et j'ai décidé de venir à ta rencontre... Faire un détour pour t'éviter m'ennuyait...

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Il a le regard vide. Son esprit semble se perdre, loin de ce paysage ensoleillé. Sa conscience s'élargit. Il est impossible de déterminer s'il savoure ou non cet instant. Cependant, quelque chose vient le perturber, le ramenant à l'endroit où il était censé être. Une simple sensation, mais il se fie à son instinct. L'impression que ça vient d'au-dessus. Il lève la tête. Le soleil l'aveugle ; il se retourne, et son regard tombe sur la paroi de la montagne. Il découvre alors la raison de cette impression. Quelques mètres plus haut, il aperçoit un homme qui escalade la montagne. En fait, il doit être entrain de descendre. Ça semble plus logique. En effet, il se dirige droit vers lui. Rakurai reste calme, immobile, silencieux, l'esprit vide. Il attend simplement de voir ce qui va se passer. Apparemment, ce mec va le croiser. Dans peu de temps. Cela dit, il était quand même assez lent...

Arrive enfin le moment où il lui adressa la parole. Il reste poli, mais semble préoccupé par autre chose. Lorsqu'il prononce les mots « traqueur de Konoha », il éveille l'intérêt de Rakurai qui, comme à son habitude, n'en montre rien malgré tout. Samidare Teichirô est pressé, et la question qui vient le plus naturellement à l'esprit, c'est pourquoi. Mais lui ne pense pas de cette manière. Cela dit, sur ce coup-là, il ne pense pas vraiment. Comme toujours, il réagit directement, à l'instinct. Il laisse sa nature parler. De temps en temps, ça donne ça:

« Tu fuis quelqu'un ? »

Il le regarde dans les yeux, mais un coup de vent ramène ses mèches noires devant son visage, dissimulant son regard. Il se demande si cet homme qui ne fait que passer va tout de même prendre le temps de lui répondre. Il se rappelle alors d'un détail, tandis que Teichirô atterrit sur l'étroit rebord. En effet, il a pris la peine de se présenter.

« Rakurai »

Mon timbre se fit plus morne et plus froid. Prenant toute sa teneur naturelle dont je fis preuve tellement souvent à ceux me connaissant. Je ne quitta pas son regard du miens, lui voulant semble t-il me jauger sans retenu, j'allais ainsi le lui permettre dans me renfrogner. Ma réponse fut courte et claire. Ce jeune homme ne dut pas croiser ma route par hasard, il ignorait d'abord qui j'étais malgré l'évocation de mon nom, ainsi je pouvais en déduire qu'il ignorait en grande partie les états de notre monde et je pouvais tenter de rallier une nouvelle et la triste cause du An'tei. Tout coeur vaillant étaient bon à prendre, même si je n'éprouvais nullement l'envie de lui forcer la main.

-Fuir ? Je ne fuis pas. Je poursuis. Un rêve, des ennemis, une idée ou un espoir. La vie est une course ou l'on cherche a atteindre ce que l'on désire... Cela me parait logique.

Je penchais alors la tête comme un daim aux aguets. Ne cachant sans once de honte ma facilité à tomber dans le mélancolique et surtout la fainéantise arrogante.

-Je vais rejoindre nombre de mes camarades... Je suis fléaux du An'tei. Bien que je doute que ce nom puisse d'évoquer quoi que ce soit. Disons simplement que nous ne sommes ni les amis ni les amis de qui que ce soit. Seulement des fous croyant encore en une paix possible. Et toi jeune homme. Rakurai. En quoi crois-tu ? Aurais-tu la curiosité de découvrir un autre sens que celui de la puissance des villages ou de l'errance ? C'est ainsi que beaucoup nous auront rejoins... Soit par cela soit par la simple réputation des quatre fléaux aux commandes.

Je me stoppais ainsi en esperant une réponse aussi concise que la mienne. Je n'avais pas vraiment tourné autour du pot, mais je n'en n'avais pas vraiment beaucoup dit non plus. Ce jeune homme je ne le connaissais pas vraiment. Mais a dire vrai. J'étais loin de tout connaitre tous les membres de notre organisation...

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Une réponse intrigante. Quelque chose qu'il ne peut comprendre, et qu'il a pourtant l'impression de retrouver chez chaque humain qu'il croise. Alors que la fuite peut avoir un sens, il ne comprend pas en quoi les rêves ou l'espoir peuvent justifier une poursuite. Pourtant, il a vu ça chez bien des gens déjà. Mais c'est toujours cette même incrédulité, pourtant dénuée d'intérêt, qui revient systématiquement à chaque fois qu'il constate un tel comportement. Le but d'une espèce est la survie. Pourquoi s'encombrer l'esprit avec tant de futilités ? Ça ne présente que d'autant plus de risques d'échouer dans l'accomplissement du but premier de tout être vivant. Ces humains qui essayent de combattre leur nature... Pourquoi se comportent-ils ainsi ? A chaque nouvelle rencontre, c'est la même question qui revient. Et il n'a toujours pas trouvé de réponse. Mais il n'en cherche pas. Il a beau s'interroger à leur sujet, les raisons d'un tel comportement ne l'intéressent toujours pas pour autant. Le fait de le savoir est suffisant pour lui. Ça lui permet de profiter de ce que sa nature profonde lui fait faire. Pas besoin de plus.

Teichirô lui explique alors plus en détail en quoi consiste ce qu'il poursuit. Étrange de se révéler de la sorte au premier inconnu que l'on croise. Mais, en suivant le fil de ses paroles, Rakurai comprend rapidement où il veut en venir. Et, en effet, la question arrive, presque trop explicite à son goût. Cependant, c'est là une excellente question. Et même de deux excellentes questions. Bien que les réponses soient plus qu'évidentes et que la réflexion ne sera pas nécessaire, c'est bien demandé. Il y aurait presque de quoi hésiter. Un peu brutal, direct, manquant de subtilité, certes. Mais finement amené. Cela dit, ça ne change pas grand chose. Car, en effet, ce qui croient en la paix ne peuvent qu'être fous. Et pas qu'un peu. Même s'il s'agit là d'un terme réducteur. Pour preuve, on l'a déjà employé pour le qualifier – pas longtemps malgré tout. C'est donc imprécis. Cela peut porter à confusion. Mais, dans le cas présent, il connaît la raison de ce qualificatif. Un espoir de paix... C'est tout simplement impossible. Les hommes sont à la fois trop différents et trop semblables pour qu'un tel idéal puisse se réaliser un jour. Bien qu'il ne s'agisse pas d'un sujet qui l'intéresse particulièrement, cette conclusion s'impose d'elle-même dans l'évidence la plus totale. Même pas besoin d'y réfléchir. Il répond sur un ton neutre.

« Les croyances, les idéaux... Tout ça m'est étranger. Je n'ai que mes instincts. Je ne cherche rien d'autre que ce que me disent mes tripes : la survie. C'est la raison d'être de toute espèce. Je n'y fais pas exception. Quant à la curiosité... Si j'en ai, elle ne concerne pas les humains ni leurs modes de vie. »

Art subtil que de révéler des choses sur soi tout en ne disant rien. Toujours aucune expression n'est apparue sur son masque de cire. Il est comme ça. Mystérieux sans pour autant que ça soit volontaire. Instinct de conservation, encore une fois. Ne pas s'exposer pour ne pas montrer ses faiblesses. Cependant, il y a tout de même quelque chose dans les mots de son interlocuteur qui a retenu son attention. Une histoire de réputation.

« Comme tu l'as deviné, le nom de An'Tei ne me dit rien. Le tien non plus, d'ailleurs. Mais tu parles de réputation. Ta réputation. D'où te vient-elle ? »

L'instinct est un subtil programme de conservation, rien de plus. Fonctionner à l'instinct est accepter sa condition la plus primitive. Comment pouvoir s'élever au dessus de ses semblables dans cette condition. c'était mon opinion. Mais pour cette personne ce cheminement de pensée n'aboutirait surement à rien. Qui fonctionne par l'instinct ne peut comprendre et concevoir de plus nobles intentions. Cette rencontre ne déboucherait donc assurément sur rien de concret. Une simple personne de personne que le temps me ferait oublier... Pour l'heure il valait profiter du temps présent et donc laisser de côté les ambitions et les recrutements.
Je lui répondis des plus naturellement possible en prenant surtout grand soin de ne pas en faire trop.

-Si tu ignores qui je suis je doute que ce que je vais répondre t'intéresse réellement... La mode est au je m'en foutiste de nos jours. Les gens n'aime pas entendre la vie d'autrui. Ils ne s'intéressent qu'a la leur. Alors disons que j'étais haut placé à Konoha, que j'ai déclenché un conflit avec kiri, que j'ai déserté konoha et que j'ai fais déserter dans Kiri. Pour finir que la shodaime Hokage a quitté ses fonctions par ma faute. Ça résume a peu près dans les grandes lignes... Maintenant que tu t'es surement bien ennuyé. Je devrais peut-être continuer ma route. Il n'est pas considéré sage d'être avec moi si l'on a pas conscience des risques.

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Il l'écoute répondre, non pas avec intention, mais simplement avec un intérêt modéré. Il n'accorde que peu de son temps aux grandes histoires du monde shinobi, ses embrouilles, ses guerres, ses alliances et trahisons. Observer les humains à une telle échelle n'a rien d'enrichissant ; c'est simplement constater ce que tout le monde sait déjà sur leur nature, leurs pulsions, leur stupidité. Non, il est bien plus intéressant de les analyser un par un, en profondeur, couche après couche. C'est l'unique raison pour laquelle il a demandé à Teichirô de lui parler un peu plus de lui. Parce que si sa réputation est réellement ce qu'il en dit, alors il est l'un des rares à s'élever au-dessus de la masse lorsque celle-ci avance sans savoir pourquoi ni dans quelle direction. Et ce genre de personne mérite, il faut l'admettre, plus d'intérêt que l'humain moyen, celui qui est incapable d'affronter ses faiblesses. Rakurai ne compte pas jouer avec lui. Il n'est pas vraiment d'humeur. Il a envie d'autre chose. Ce qui ne signifie pas qu'il ne l'écoute pas répondre.

La première phrase est d'une pertinence surprenante. L'a-t-il simplement deviné, ou possède-t-il un jutsu qui lui permet de « lire » les pensées ? Bah, de toutes façons, il n'a pas l'impression que son interlocuteur lui veuille quoi que ce soit. C'est une simple discussion qui, il en est sûr, ne va plus durer très longtemps. Il ne risque donc rien. Et puis, les mots qui suivent lui confirment qu'il n'y a pas lieu de s'inquiéter quant à la conservation de ses pensées – à moins que Teichirô soit vraiment un acteur de grand talent. En effet, Rakurai ne s'intéresse même pas à sa propre vie. Ou bien si, mais d'une manière des moins communes et plutôt indescriptible. Bref, ce n'est pas le problème. Il écoute rapidement l'histoire de l'autre homme, et il n'a aucun mal à comprendre à quel genre de type il a affaire. Un grand fouteur de merde, pour il ne sait quelles raisons. Un peu comme lui, mais plutôt du genre à ne pas faire dans la demi-mesure. Quand lui assassine un simple maire, Teichirô, lui, anéantit une unité de Jônin. Ce n'est peut-être pas aussi disproportionné, mais ça résume plutôt bien la comparaison que l'on peut faire entre les deux. Enfin, la conclusion du monologue le convainc définitivement qu'ils ont un point commun. Et c'est très exactement celui que vient de décrire son vis-à-vis. Impassible, Rakurai lui répond d'une voix calme, toujours sur le même ton neutre.

« Je ne pense pas que tu me feras quoi que ce soit. Et maintenant que tu m'en as dit un peu plus, je peux t'affirmer que je suis conscient des risques. Pour la simple et bonne raison qu'il vaut mieux ne pas trop s'approcher de moi non plus, lorsqu'on ne sait pas ce dont je suis capable. Il s'arrête un instant, puis finit. Je pense pas que quand deux personnes telles que nous se séparent, il y ait besoin de politesses. Peut-être qu'on se recroisera. »

Rakurai reste immobile, le regardant dans ces yeux aux couleurs étranges – il n'est pas familier avec les Dôjutsu. Peut-être va-t-il ajouter quelque chose. Peut-être va-t-il s'en aller sans rien dire. Peu lui importe.

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