Voilà à peine quelques jours que j’avais pris la décision de rejoindre mon clan à Suna. Inutile de revenir sur ce qui m’avait poussé à faire cela, je l’avais fait et c’était tout. On avait réussi à me trouver une modeste maison, qui me suffisait amplement pour ma vie de solitaire. J’avais aussi passé un test histoire que le village soit sûr que je puisse devenir un Genin. Mes dons héréditaires m’avaient probablement aidé, il fallait dire que les Kawaguchi étaient très réputés dans tout Kaze no Kuni. C’était dû en partie à l’ancien Triumvir qu’était Manzo. D’ailleurs, il avait quitté le village avant la fameuse attaque de Makka. Je m’étais un peu renseigné sur le sujet.

Aujourd’hui, j’allais faire ma première mission en tant que Sunajin. Bien entendu, elle était du plus bas rang, ce qui au final me semblait logique. J’étais passé à un bureau spécial pour aller la récupérer, vu que le Palais finissait d’être rénové. D’ailleurs, ce n’était plus un Triumvirat qui était en place mais un Kage, comme Konoha, Kiri et Kumo. Je m’en moquais un peu de savoir quel système politique était le mieux, ce n’était sûrement pas à cause de ça que le sinistre s’était déroulé de cette façon.

Enfin bref, mes pensées s’évaporèrent lorsque j’entrai dans la bâtisse où allait se dérouler ma mission. J’avais été convié à remplacer un examinateur qui était malade. Qu’avait-il ? Je n’en savais rien et je n’avais même pas demandé. A vrai dire, je m’en fichais un peu de cet inconnu. Le travail allait donc être simple : j’allais faire passer une trentaine d’aspirants ninjas et, accompagné d’un autre professeur, nous allions juger s’ils étaient aptes à devenir officiellement des shinobis.

« C’est vous le remplaçant ? »

Un vieil homme venait de m’appeler alors que je venais de faire mon premier pas dans le bâtiment. Il avait au moins soixante-ans et me regardait avec un air relativement étrange. J’hochai la tête avant de voir le vieux se retourner en soupirant.

« Je ne pense pas qu’un Genin de vingt ans à peine arrivé au village soit le remplaçant idéal mais bon, suivez-moi. »

Nan mais écoutez le lui, il me veut quoi ? C’est bizarre, mais je ne la sentais pas trop cette mission…

Je suivais quand même le vieux, même si son comportement à mon égard me déplaisait déjà pas mal. Il avait le droit de penser ce qu’il voulait, mais c’était pas parce qu’il avait l’âge du père-noël qu’il fallait qu’il se croit tout permis. Enfin bref, je restai derrière lui, et nous arrivâmes dans une grande salle au bout de quelques instants bien silencieux. Une salle pupitre, avant une bonne dizaine de rangées de chaises. C’était sûrement là qu’allait se dérouler l’examen. Je remarquai deux bureaux devant le tableau, c’était sûrement ici que nous allions faire passer un par un les aspirants.

« Bon, l’examen se déroule en deux épreuves. La première était un écrit, qui a déjà été corrigé. Les notes sont sur votre bureau. Nous allons, dans environ une heure, faire venir chaque candidat afin qu’ils exécutent les techniques de base, à savoir : clonage simple et métamorphose. »

J’hochai la tête pour répondre au vieux sans pour autant l’ouvrir. Cela était plutôt bien organisé. Nous discutâmes quelques minutes encore, où je remarquai encore le ton agressif du papy, avant d’aller faire un tour. Puis vint le moment d’aller chercher les candidats qui avaient dû attendre devant le bâtiment. Une trentaine d’élèves allaient venir passer devant nous.

Cela se passa plutôt bien au début. Même si le vieil homme menait largement les débats et les commentaires, je trouvais que ça aurait pu être pire. Et finalement, ça le devint. Car il y eut des désaccords. Le vieux n’écoutait que lui et mon rôle de conseiller devint finalement réduit à néant. Pour lui, seules les notes comptaient, et je n’étais pas d’accord avec la froideur dont il faisait preuve lorsqu’il annonçait les recalages. Mais le pire allait arriver. Le vingt-sixième candidat était une jeune fille qui avait obtenu dix sur vingt à son examen écrit, ce qui correspondait à deux points de moins que la moyenne. Lorsqu’elle arriva, elle exécuta une métamorphose du vieil homme assez bien réussie, à quelques détails près et pour les cinq clones qu’elle fit, seul un n’avait pas été bien créée. Sans trop réfléchir ni même me demander mon avis, le vieux lui dit sans détour qu’elle était recalée. Et là, les larmes montèrent dans les yeux de la jeune fille.

« Oh non monsieur, s’il vous plait… Laissez-moi réessayer si vous voulez mais ne me recalez pas… J’ai travaillé si dur pour en arriver là. »

Mon regard attristé sur la petite se tourna vers celui du vieil homme.

« Non, je suis désolé mais tu n’as pas le potentiel pour devenir un shinobi, du moins pas pour le moment. »
« Peut-être devrions-nous en parler et y réfléchir ? »

Le vieux me fusilla soudain du regard.

« C’est moi qui prend les décisions ici, je suis le mieux placé pour juger de la valeur des aspirants. »
« Je ne suis pas d’accord ! Cette petite a certes un peu loupé son écrit mais a plutôt réussi ses techniques ! Et de plus, il n’y a pas que la théorie, il y a aussi la motivation et l’exercice, cette petite a battu tous les autres là-dessus ! »
« Dites encore un mot de plus et vous sortirez. »
« Non, c’est moi qui vais sortir. Je ne peux pas continuer à vous entendre dévaloriser ceux qui ont tant travaillé pour arriver au niveau des autres ! »

Sur ces mots de colère, je me levai avant de sortir furieux de la salle. Les petits me regardèrent étonnés, mais je n’y prêtais pas plus attention. Que cette mission soit un échec ou non, ce vieux n’avait pas le droit de juger seul les compétences de ces jeunes aspirants. Cette petite fille méritait d’être Genin, rien que pour la motivation qu’elle avait. Et si ce vieux con voulait me faire un rapport, j’irais moi aussi lui en faire un !