Chaque jour à Konoha m’était compté durement, et je pouvais le sentir jusqu’à dans mes propres muscles qui se plaignaient de ne pas avoir de repos bien mérité. J’avais terminé mes examens médicaux depuis mon dernier entraînement avec mon oncle, et heureux était de constater que, bien que grandement abîmée depuis le combat contre Rokubi, elle était revenue complètement opérationnelle et sans douleur. Enchaîner les müdras, donner des coups ou plus simplement écrire ne m’était plus difficile. Je pourrais rapidement reprendre mon travail à Nami avec cela.

Cependant, il y avait quelque chose que je voulais régler avant de prendre la route et le large pour rejoindre Umigakure. Depuis ma dernière rencontre avec Natsuki Nara, je n’avais pas pris contact avec lui pour me concentrer sur la tâche que je m’étais imposé grâce à lui : l’apprentissage du Fuinjutsu. Je m’étais toujours intéressé à cet art, d’une certaine manière, car mon père possédait une certaine maîtrise des sceaux (du moins, c’était le cas avant la fameuse réforme techniques de 2015…) mais ne souhaitait pas à l’époque m’approfondir dessus. Le Ninjutsu et Taijutsu me suffisaient largement en arsenal pour l’heure, et bien qu’elles soient mes armes les plus polies, je devais me rendre à l’évidence qu’à cause des évènements récents… Ces connaissances me seraient plus utiles que jamais.

Après une longue marche, plusieurs rouleaux en mains, mes pas m’avaient guidé ainsi en direction du fameux restaurant tenu par le Nara. Je devais avouer que depuis ma première visite, le peu de temps que j’avais passé à Konoha avant de participer à la construction d’Umigakure, j’essayai de profiter du service de restauration offert sur place. Il y avait apparemment d’autres services offerts par l’établissement… Mais je n’éprouvai aucun réel intérêt de m’y aventurer. Pas mal de gens disaient que je perdais beaucoup mais… Méh. Cette réflexion finie, j’entrai ainsi dans le bâtiment avec un certains entrain et empressement je devais l’avouer, et cherchai rapidement quelqu’un pour contacter le Nara.

« - Bonjour, j’aimerais savoir si le gérant est disponible un instant. Dites-lui que c’est Yôgan Yusei qui le demande. »

J’avais un doute que le nom puisse aidé à motiver l’homme de venir me voir, mais je préférais qu’il sache exactement qui est venu le chercher. Attendant ainsi dans mon coin, le temps que la personne à qui je me suis adressé puisse transmettre mon message, je ne pus m’empêcher d’ouvrir l’un des parchemins que je tenais en main pour le lire en attendant. Les différents écrits que je portais étaient tous des cours concernant différents types de sceaux que je voulais apprendre à maîtriser. Absorption de chakra, explosifs, méthodes pour annuler des sceaux ou les modifier, décharges chakratiques pour contrer les illusions… Mais au vu des évènements récents, un tout autre type de sceau prenait toute mon attention. Le temps passa jusqu’au moment où des bruits de pas me ramenèrent à la réalité, me faisant ranger les documents pour saluer l’homme que je voulais voir.

« - Je vous remercie de me recevoir, Natsuki-Sensei. Si jamais vous êtes occupés, je peux repasser un autre moment. Il y a des choses que je souhaiterais vous transmettre depuis notre dernière visite, ainsi que des choses à vous demander, une fois de plus. »

Curieusement, Natsuki ne s'était jamais posé la question avant, ni même ne l'avait remarqué, mais aujourd'hui, il s'en rendait enfin compte : comment faisait-il pour être partout où l'on l'attendait ? Il était un homme très occupé après tout, entre son travail d'Assistant du Hokage, de shinobi, de chef d'équipe, des gérants de l'ensemble des activités du Septième Ciel, son organisation secrète et ses cours pratiques occasionnels à l'Académie Shinobi. Du coup, cela tombait bien qu'il se pose la question spécifiquement aujourd'hui, car cela allait occuper un petit peu de place dans sa narration, et le rapprocher du nombre de caractères minimales requis pour faire valider un post.

Mais pas tant que cela en fait, vu que la réponse était assez simple. D'un point de vue purement pratique et réaliste, c'était certes impossible : même Mizuki qui ne dormait que trois heures dans la semaine ne pourrait tenir un tel rythme, essentiellement à cause d'horaires qui se croisent – bien davantage que la disponibilité horaire globale, en fait. Il y avait bien les clones de chakra, mais y recourir revenait un peu à se suicider à petit feu, puisque la fatigue et le fait de ne pouvoir être qu'à un endroit à la fois étaient avant tout des frontières pour ne pas surmener son corps.

Mais...

Est-ce que la logique pure et dure était vraiment capitale dans un univers où l'on pouvait tirer des boules de feu par les yeux ou se retrouver par une belle nuit étoilée complètement dissout par une vague corrosive de limace géante ? Est-ce que c'était absolument nécessaire de tout justifier, d'avoir une raison pour chaque chose, de chercher la logique derrière chaque fait ?

La réponse à ses yeux était non. Parce que c'était un forum, que c'était fictif, et que tant que ce n'était pas vraiment n'importe quoi, tant que cela n'avait pas de conséquence en outre mesure, pourquoi s'embêter à le relever ? Qui cela dérangeait qu'il soit toujours prêt pour un bout de narration avec quelqu'un ? Qu'à l'époque où il se faisait passer pour un archiviste du Palais du Hokage, il s'octroyait le bureau de quelqu'un d'absent pour le faire passer pour le sien ?

Personne, probablement.

Et du coup, cette réflexion était un peu plus longue qu'attendu, comme quoi il y avait à en dire dessus. Cette introduction fini, l'on pouvait donc passer au cœur du sujet, celui de la venu de Yuseï Yôgan, aussi connu dans le public pour sa double casquette de chef de clan et de Namikage, que dans le privé pour son mono-téton au cœur de toutes les blagues.

Yusei donc, fut redirigé rapidement vers l'appartement de Natsuki, qu'il était possible d'atteindre depuis l'extérieur du bâtiment, à droite de l'entrée quand l'on lui faisait face. Deux étages étaient à monter par des escaliers, pour accéder au dernier pallié qui offrait deux portes. L'une sur la gauche, avec le nom de Natsuki Nara gravé sur une plaque dorée fixée sur la porte, et l'autre en face, avec un paillasson portant en plein milieu de logo du clan Nara.

Son nouveau chez lui - depuis plus d'une demi année maintenant, donc ce n'était plus vraiment nouveau.

« Yuseï ? » demanda Natsuki en le découvrant sur le pas de sa porte.

Puis il repéra les affaires qu'il portait avec lui.

« Non, non, pas de problème. Venez entrez. J'étais juste en train de faire [ écrire quelque chose d'important ici ], ce qui explique pourquoi je suis chez moi, mais je peux le décaler. Ce n'est pas tous les jours que l'on reçoit le Namikage chez soi. »

Même si Natsuki lui restait supérieur hiérarchiquement, fait qui a été établit et convenu avec la Hokage en titre.

« J'ose imaginer que vous venez au sujet de notre dernière discussion ? L'apprentissage de l'art des sceaux. Mais pas que cela, à vous entendre. Nous allons discuter de tout cela dans le salon. Veuillez juste retirer vos chaussure s'il vous plait. Il y a des chaussons ici. »

Un service de boissons et une prise de position dans un grand canapé confortable plus tard, les deux hommes étaient aptes à discuter.

« Je vous écoute Yuseï. »

Nara Natsuki était… Un homme aux facettes à la fois multiples et variées, il fallait dire. Il pouvait tout aussi bien porter l’insigne d’un des shinobi les plus puissant du Yuukan, la casquette de bras-droit et « Homme-à-tout faire » de l’Hokage, mais également une Toque de chef de restaurant (quant au fait de savoir si un chef de restaurant porte obligatoirement une toque, nous attendrons une réponse concis de notre expert Gordon Ramsay). Tout cela pour dire que je ne pouvais que me sentir gêner en apprenant qu’il abandonnait [écrire quelque chose d’important ici] pour se concentrer sur ma demande.

Mais je ne pouvais rester longtemps à porter la croix de la gêne, le temps me pressait. Le remerciant de son accueil et acceptant ses consignes, je me déchaussai pour le suivre dans le salon. Comme on pouvait se douter, il devina clairement les raisons de ma venue, mais également une autre raison. Moi qui me demandais si cela valait vraiment la peine de l’en informer, la question était réglée. Assis face à lui, les mains jointes devant moi et coudes sur genoux, je regardai le sol comme pour chercher une réponse.

« - Et bien… En effet, j’aimerais parler avec vous de mon apprentissage du Fuinjutsu. Mais l’autre sujet dont vous avez deviné l’existence… Il s’agit de Kaguya Milly. Je doute que la Daimyo ait choisi de vous mettre au courant, mais suite à plusieurs évènements survenus, je lui ai demandé de tracer son chakra, et… Elle m’annonça ainsi qu’elle n’arrivait pas à la traquer, ne laissant que comme possibilités pour expliquer ceci qu’elle était soit devenue une experte en camouflage, ou… »

Même maintenant, prononcer ces mots m’était difficile. Je ne pouvais que serrer mes mains l’une contre l’autre rien qu’à y repenser. J’espérais que la gestuelle pourrait faire comprendre à elle seule que Milly ne faisait plus partie de ce monde.

« - Maintenant, je ne sais pas si vous étiez sérieux quant à me proposer de vous accompagner pour la voir… Mais Je pense qu’il est inutile à présent d’y songer. »

Lâchant un bref soupire, je fis en sorte d’évacuer la pression pour passer à la suite de notre discussion. Ce sujet-là pourrait que trop facilement de me sortir de cette monotonie qui commençait réellement à me ronger. Acquiesçant de la tête dans le vide, je sortis ainsi divers rouleaux, non ouverts, ayant tous des titres en rapport à l’étude de sceaux.

« - Concernant la raison principale de ma venue, elle est liée à plusieurs choses. J’ai parcouru les différentes documentations que mes accréditations me permettaient d’obtenir (autrement dit, toutes) et pu ainsi trouver plusieurs sceaux que je trouvais intéressant à apprendre. Des plus basiques comme des explosifs ou des libérations de Genjutsu, aux plus complexes comme les barrières ou les absorptions d’énergie. Il y avait même des théories que j’aimerais mettre en application… »

A ce moment, on pouvait me voir murmurer toutes mes connaissances en continue, sans temps-mort, oubliant totalement la présence de mon interlocuteur. Il était vrai que lorsque j’apprenais quelque chose, c’était une fâcheuse habitude que j’avais de tous ressortir à l’occasion. Ce ne fut que lorsque je redressai la tête que je clignai des yeux pour me rappeler de la présence de Natsuki. Toussant dans mon poing pour essayer de me reprendre, j’enchaînai.

« - Enfin… Tout cela pour dire que malgré l’intérêt que je porte à ces derniers, je n’ai trouvé que très peu d’informations concernant certains sceaux spécifiques, qui me seraient utile pour un de mes projets d’avenir. »

Décidant enfin de relever la tête pour adresser ces derniers mots à Natsuki, droit dans les yeux, j’attendais avec une patience légère sa réponse, qui j’espérais, serait satisfaisante.

« - Pouvez-vous me dire tout ce que vous savez sur les sceaux permettant de contenir le chakra de nature… « Surnaturelle » ? »

Les mains formant un triangle parfait devant lui, Natsuki écouta depuis sa place de canapé ce que Yuseï avait à lui dire. Il ne se contentait pas d'écouter cela dit, et observait beaucoup la gestuelle de son interlocuteur qui avait elle aussi beaucoup à lui raconter. Et cela commençait par l'annonce regrettable du décès de Milly Kaguya.

« Oui, j'étais au courant pour elle. » répondit Natsuki d'un ton neutre, comme si la nouvelle ne lui faisait ni chaud ni froid. « Je m'étais permis de me renseigner sur sa localisation moi aussi auprès de notre Daimyo il y a peu. C'était des informations que je comptais vendre à une chasseuse de prime du Sikari, qui travaillait sous les ordres de Milly justement. Une certaine Emi Masami. Vous la connaissez il me semble, puisqu'elle cherchait à vous rencontrer. Parmi les raisons de sa visite, elle voulait aussi démarcher Konoha par rapport à son entreprise. Je voulais la mettre à l'épreuve sur une prime et négocier un rabais avec elle contre des informations sur sa patronne, mais elle m'a fait savoir qu'elle avait déjà tout apprit par quelqu'un d'autre entre nos deux entretiens. Du coup, nous n'étions pas allé plus loin : je n'ai pas mit de prime sur la tête de celui qui en avait placé une sur la votre, surtout qu'elle était davantage partante pour me ramener Kioshi vivant plutôt que mort. Peut-être aurai-je dû menacer de détruire physiquement son entreprise et ses membres si elle ne faisait pas ce que je lui demandais, juste pour voir si elle considérait toujours les menaces comme '' vaines et sans certitude de fondements '' lorsqu'elle est concernée. » marmonna-t-il la dernière phrase pour lui-même, ses yeux regardant sur le côté.

En définitif, il annonça surtout à Yuseï qu'il avait fait temporairement sauter le contrat de Kioshi en fournissant à Emi une fausse tête, tout en rappelant à la chasseuse de prime que c'était la première et la dernière fois qu'elle se faisait de l'argent de la sorte sur leur dos : si elle était amenée à l'avenir à traquer un shinobi du Village de la Feuille alors que ce n'est pas Konoha qui en a émit l'offre, se lancer à la chasse d'un non-déserteur sans l'aval total de Mizuki ou lui-même pourrait lui être très problématique.

« Enfin, ce n'est peut-être pas cela que vous aviez envie d'entendre, alors que vous êtes dans le deuil de votre amie. Merci d'avoir prit la peine de m'en avertir tout de même. J'avoue avoir été moi-même assez peiné d'apprendre son décès, même si dans mon cas l'on ne peut guère parler d'amitié. »

Et puisque Yusei était assez proche d'elle, il se garda de préciser la nature de leurs liens – à sens unique, qui plus est.

La conversation reprit d'elle-même sur le sujet du fuinjutsu qui intéressait le chef des Yôgan. Intérêt qu'il prouva au travers des explications qu'il donna. Plus que des explications même, c'était des connaissances dont il fit part au Nara tatoué, signe qu'il avait fait ses propres recherches en amont. Natsuki l'écouta donc avec un intérêt poli, jusqu'à ce Yuseï se souvienne qu'il avait besoin de respirer pour vivre.

« Vous savez Yuseï, le fuinjutsu n'est pas très compliqué. C'est même le plus simple des arts shinobi. Un sceau, c'est un peu comme... un peu comme une trousse à outils. Ça a l'air en vrac à l'intérieur comme ça à première vue, mais il suffit de savoir que chaque forme a un but précis pour s'en sortir aisément. Regardez votre sceau là par exemple, celui sur le parchemin vert. La forme particulière ici indique qu'il s'agit d'un sceau de protection. Si vous voulez former un sceau de défense, il devra toujours avoir cette forme ici. Si les branches étaient plutôt tournées dans l'autre sens, et ici le cercle un peu plus gros, cela vous donnerait un explosif, dont la puissance dépendrait de sa taille, certes, mais aussi du nombre de spirales que parviendraient à faire les branches ici et là. Je dirai donc, si vous savez ce que signifie chaque ligne, chaque orientation, chaque inclinaison dans un sceau, en dessiner un qui correspond à ce que vous voulez faire est on ne peut plus simple. »

Sur le plan théorique en tout cas.

« Je pensais donc, plutôt que de vous apprendre à faire des sceaux précis... » dit-il en désignant les parchemins sur la table. « ...de commencer par des bases de construction, afin de vous ayez plus de liberté pour vos recherches et entrainements personnels. Mais en fait, si j'ai bien comprit, vous, vous attendez que je vous explique comment mettre des Démons à Queues en boite, c'est bien cela ? Car je ne pense pas que le '' chakra surnaturel '' dont vous me parlez fasse référence à celui des créatures comme le parasite démoniaque qu'avait Milly dans son corps - sauf si vous l'avez apprit autrement, mais j'en doute. »

Le sourcil arqué de Natsuki était le seul changement dans son ton et attitude. Sa voix ne portait ni reproche, ni jugement de valeur. Simplement...

« Avant que je vous explique pourquoi vous n'avez pas trouvé grand chose sur ces sceaux spécifiques, et que je vous communique le peu que je sache dessus, vous accepteriez de me parler de votre projet d'avenir ? »

Ou de lui dire que Natsuki se trompait, et que ce n'était pas les créatures surnaturelles à la mode du moment que Yuseï avait dans son viseur.

Le ton froid de Natsuki quand il m’annonça qu’il savait pour Milly me déstabilisa un instant. Je pouvais comprendre qu’il ne la portait pas dans son cœur, comme la plupart des Konohajin, mais pour être à ce point détaché d’une certaine forme de regret en était perturbant. Mais passé outre cela, j’écoutais ainsi les mots du Nara sur les actions qui suivirent. J’appris ainsi qu’il avait également rencontrer Masami Emi, la chef actuelle du groupe que Milly dirigeait. J’appris également ce que je spéculais, comme quoi la personne ayant mis ma tête à prix (et au passage, m’en envoyé plusieurs mercenaires sur le dos lors de certaines missions spontanées) n’était autre que Kioshi.

« - Il ne me laissera donc jamais tranquille, hein ?... Il faut croire que les gens du désert ne lâchent pas si facilement l’affaire. Concernant Emi, je l’ai également informé de la mort de Milly, après avoir appris la nouvelle auprès de Miko-Dono… Mille excuses si jamais je fus celui qui parasita votre conversation. »

Il était vrai que je n’étais pas le seul à vouloir la vérité sur tout ça, ce qui faisait que je me retrouvai au final avec les mêmes pistes que Natsuki. Il n’aurait très certainement pas eu besoin de moi en réalité, il se débrouille bien mieux que moi dans ces domaines après tout. Au final, je supposes que je n’avais participé à tout ceci seulement parce que je pensais pouvoir trouver un nouvel espoir de la revoir ?

Mais trêve d’importance. Cette affaire était close, en général comme pour moi. Il me fallait passer à la raison principale de ma venue, chose que Natsuki fit instinctivement. Me faisant cours de Fuinjutsu, je buvais ses paroles sans perdre une goutte de savoir, de quoi apprendre à maîtriser cet art qu’il qualifiait de simpliste. Il y avait des questions que j’avais envie de poser en plus, mais le sujet enquilla sur un autre au final : la raison de ma dernière question. Débattant quelques instants, je choisis ainsi de mettre mes interrogations de côté pour répondre aux siennes, non sans cacher ma surprise à un détail de son discours.

« - Lorsque je me suis retrouvé face à Rokubi, j’ai pu comprendre l’immensité du gouffre séparant notre potentiel face à la puissance des Bijuu. Quand j’y réfléchis, les raisons pour lesquelles je m’en suis tenu qu’à des blessures mineures, fis-je observant ma main qui venait de guérir, sont certainement directement lié à Rokubi lui-même : sa priorité n’était pas de nous vaincre ou même de détruire sans distinctement, mais bel et bien de libérer « sa sœur » Nibi. Autrement, le combat s’en serait trouvé plus… Difficile et mortel. »

J’avais encore le flashback de Yell en train de se faire avaler par le démon limace, alors que j’étais impuissant à les observer. Mes poings se serrer rien qu’à l’idée d’imaginer comment cela aurait pu mal finir.

« - Et quand le chakra de Nibi s’est fait sentir de tous… J’étais effrayé. J’ai honte de l’admettre, mais pendant un instant, j’ai souhaité m’enfuir, quand bien même il m’aurait que trop facilement attrapé. Et aujourd’hui encore, honnêtement… Je doute que nous soyons un jour capable de battre de telles créatures. »

J’avais beau me rappeler le fameux rapport concernant l’assaut final lancé sur Rokubi, l’original, mais j’y croyais peu qu’ils aient réussi à en finir comme ça, d’un assaut unique. Soupirant pour laisser la pression que je semblais contenir sur mes épaules, je redressai la tête pour échanger un regard avec le Nara.

« - Le sceau qui a pu enfermer Kyubi a été exécuté à la hâte, sans doute est-ce la raison qui fait que son retour n’est que retardé d’un an. Ce que je souhaite faire, essayer d’accomplir… C’est de créer un sceau qui puisse l’enfermer, lui et ses « frères et sœurs » de manière définitive. J’ai déjà réussi à trouver des sceaux pouvant pourvoir ces effets, mais d’une part, il s’agit de techniques se trouvant dans les archives de Kinjutsu… Et d’autres part, il n’y a aucun indicateur que cela fonctionnerait. »

Shiki Fujîn, l’Emprisonnement des Morts. C’était parmi d’autres sceaux celui qui m’avait intrigué. Il permettrait d’enfermer « L’âme » de la cible dans un réceptacle de manière quasi-définitive… Mais coûterait la vie de l’utilisateur. Un prix bien lourd à payer, mais bien insignifiant face à la menace que représentait ce démon, si l’on voulait mon avis. Mais pour l’heure, préférons une autre alternative.

« - Cependant, j’ai pu voir moi-même sur place : Nibi était enfermé dans une statue, entièrement inscrite de sceaux à l’intérieur. Je ne sais pas depuis combien de temps il était enfermé, mais pour qu’on ait aucune trace depuis tant d’années, cela ne fait que démontrer de l’efficacité de cette technique. Je veux réussir à répliquer ce sceau, et à l’utiliser pour enfermer le mal que représentent ces maudits Bijuu. Mais pour ça… Je dois rassembler tout ce que je peux apprendre sur la nature de leur chakra particulier, venant d’être surnaturels. Umigakure est censé être le pôle de recherches de l’Autorité du Feu, n’est-ce pas ? Maintenant que j’ai accès à ces ressources, je compte bien m’en servir. »

Certains qualifieraient mes actions comme étant égoïstes, qu’importe. Je savais que j’agissais ainsi pour la cause commune. Miko, Mizuki, Satochi, Yell et même Natsuki me l’ont répété plusieurs fois : je n’ai pas besoin d’agir que par moi-même. Toute l’aide que je pourrais obtenir serait la bienvenue pour ce projet. Et de ce qui transpirait du discours du Nara, il avait déjà une idée claire de ce que je recherchai…

« - J’étais venu vous voir parce que vous sembliez connaître pas mal de choses sur le Fuinjutsu en général, mais les propos que vous m’avez sorti sur Milly, concernant ce « Parasite », vous me l’annoncez comme si vous aviez plus que de simples connaissances imagées sur le sujet. Natsuki-san… Avez-vous rencontré des cas similaires par le passé, des porteurs de ce genre de sceau ? »

Natsuki haussa les épaules, l'air de dire que c'était sans importance.

« J'imagine qu'il doit avoir besoin de donner un objectif à sa vie, aussi futile soit-il, pour se raccrocher à quelque chose et ne pas se rendre compte à quelle point elle est vide de sens. Mais venant de quelqu'un qui est incapable de différencier le personnel du professionnel, je n'attends plus grand chose. Et concernant Masami Emi, ne vous en faites pas : ce n'est pas grave si vous lui avez communiqué les informations que je voulais vendre. Elle a eu le message que je voulais lui faire passer, le reste n'était qu'un exercice de négocier au plus serré, et éventuellement apporter une solution à un problème indélicat. Solution qui compliquait d'ailleurs davantage sa vie que la mienne. Grand bien lui fasse, surtout qu'à priori, nous n'aurons plus de contact avec elle – bons comme mauvais. »

Ce qui clôturait plus ou moins le sujet, et glissait la conversation vers le combat qu'a mené Yusei contre Rokubaby au Pays des Vagues.

« Il n'y a pas de honte à ressentir de la peur en mission, Yuseï, surtout face à une créature de ce gabarit. Ce qui est indispensable, c'est de savoir composer avec pour qu'elle ne vous arrête pas. Vous croyez que je suis moi-même resté de marbre quand j'ai dû tenir tête au fragment de son pouvoir de mon côté ? Moi aussi, j'ai éprouvé de l’effroi devant sa puissance. Mais ce qui nous différencie des autres, c'est que nous n'avons pas cédé à la panique, et que nous n'avons pas fuit. Parce que notre rôle premier en tant que ninja est de défendre autrui. »

Et pour pouvoir protéger les autres, il faut savoir se défendre soi-même. En ce sens, les premières recherches de Yuseï sur les fuinjutsu, et plus particulièrement sur les sceaux qui ont maintenu Nibi si longtemps dans la statue de Benzaiten, étaient loin d'être dépourvu d'intérêt. Malheureusement, l'on ne pouvait pas se contenter des solutions déjà existantes ou des certitudes imposées, et là était le but du Village de Umi : en créer de nouvelles pour mettre hors d'état de nuire les Démons à Queues de façon définitive. Les neutraliser n'était qu'une transition, une méthode temporaire jusqu'à trouver comment les supprimer définitivement de la partie.

« Je suis un peu étonné en tout cas, je pensais que vous auriez eu une autre réaction en apprenant pour le parasite de Milly. Un peu plus... surpris au moins, ou à me reprocher de ne pas vous avoir tout dit alors que je savais déjà lors de notre conversation précédente L'affaire n'a plus vraiment d'importance maintenant j'imagine, mais j'aimerai au moins mettre les choses à plat avec vous sur le sujet, histoire que nous restions sur de bonnes bases. Il y a deux raisons pour lesquelles je n'ai mentionné que les symptômes et les conséquences de sa '' bipolarité '' dans mes rapports et auprès de vous, plutôt que la cause. La première est car vous sembliez proche d'elle. Assez je pense pour que ce soit elle qui vous en parle lorsqu'elle se serait sentit prête à. Et la seconde est parce que je n'étais moi-même pas encore très à l'aise sur le sujet à cette époque, étant à la fois similaire et très différent d'elle. Je savais donc par quoi elle passait. »

Les mains toujours en triangle devant lui, Natsuki donna l'impression de s'immobiliser complètement alors qu'il dévisageait Yuseï. La scène elle-même se figea pendant plusieurs secondes, avant qu'il ne prenne la décision de passer sa main dans ses cheveux pour les relever en arrière. Ce que les mèches cachaient jusqu'à présent se révéla alors au grand jour : deux cornes naissantes logées au niveau de ses tempes.

« Dire qu'il y a plus de créatures surnaturelles que ce que nous pensons serait inexacte : il serait plus juste d'affirmer qu'il y a beaucoup moins d'êtres '' normaux '' que ce que l'on pourrait croire. Que ce soit des salamandres capable de s'infiltrer dans quelqu'un pour le modifier physiquement, des individus ayant hérités le don de créer et commander la lave, ou des êtres cornus dont le corps se transforment pour la seule chose qu'il sache faire – tuer -, qui est le moins surnaturel des trois ? Si ce sont seulement des porteurs de monstres que vous cherchez pour vos études, Yuseï, je crains que n'alliez pas très loin : ce sont les monstres en eux-même que vous devez trouver, car tous ne sont pas bien au chaud cachés à l'intérieur de quelqu'un, et quand c'est le cas, ce n'est pas toujours une technique qui les y maintient. Je connais mon sujet là-dessus. Étudier une prison est un début, mais si vous voulez vraiment éviter les catastrophes comme celles que nous vivons actuellement, ce sont les caractéristiques des Démons à Queues qu'il faut comprendre, afin de déterminer comment les détruire définitivement. »

Les sceaux d'enfermement avaient prouvé leurs limites : ce n'était qu'un gain de temps, une façon de repousser le moment où quelqu'un finira par venir et les supprimer pour libérer ce qui était retenu.

« J'ai beaucoup voyagé dans ma vie, et effectivement, j'ai déjà eu l'occasion de croiser des individus qui partageaient une base commune avec Milly Kaguya ou moi-même. Rarement, mais cela m'est arrivé. La plupart était déjà des causes perdues malheureusement. »

Natsuki se leva, et tira de sa bibliothèque un livre qui en contenait un autre. Un carnet de cuir rédigé à la main.

« Bien avant que les Démons à Queues ne soient à la mode, j'avais déjà fait mes propres recherches sur un sujet similaire. A l'origine, c'était pour trouver une solution à mon problème, mais il s'est avéré que le fond fonctionnait avec plus ou moins d'efficacité sur d'autres. Milly par exemple avait une compatibilité de près de trente-cinq pourcent avec les techniques d'isolement que j'avais crée. Cinq fois plus que moi-même... »

Le carnet, Natsuki le tendit à Yuseï.

« Vous trouverez là-dedans tout ce que j'ai étudié et développé au sujet des sceaux d'isolement du chakra. Car là est la base de tout, les Démons à Queues étant des êtres composés exclusivement de chakra. Cependant, ce n'est pas dit que cela fonctionne : vous verrez très vite que toutes les situations et expériences ne concernent que des cas où un même corps était partagé entre deux formes de vie bien distinctes. L'objectif était un isolement, voire une séparation, pas un enfermement. Mais vous trouverez peut-être des bases qui vous guideront vers d'autres pistes. Je vous le confie donc : il y a là dedans tout ce que je sais sur les types de fuinjutsu qui vous intéresse. Tout ce que j'ai développé et travaillé durant sept ans. »

Il reprit place dans son fauteuil.

« Je vous suggère toutefois de ne pas le lire tout de suite. Je ne prétendrai pas être le plus grand génie en fuinjutsu que la terre ai porté, mais si vous n'avez que très peu de notions théoriques et pratiques dans le domaine, cela vous embrouillera plus que vous aidera dans un premier temps. Mieux vaut savoir marcher avant d'apprendre à courir. »