Elle attendait, elle attendait devant la porte de la chambre de Yami. Tapant légèrement du pied et tirant sur sa cigarette en bouche. Elle jetait des regards furtifs de chaque côté, s'assurant que personne ne la voit dans pareil situation. C'était extrêmement gênant, si bien qu'elle hésitait à utiliser de son chakra pour modifier à la vue de n'importe quel curieux sa véritable apparence. L'adolescente n'avait pas vraiment prévue que Yami la fasse attendre, elle avait signalée sa présence en toquant à la porte à plusieurs reprises. Si Yami dormait, cette soirée serait finit avant même d'avoir commencée! Mais ce n'était pas tant le fait d'attendre qui la gênait mais la sensation d'être particulièrement stupide devant une porte avec un oreiller dans la main et ses affaires dans l'autre. Non mais sérieusement, elle avait enfin reprit les choses en mains. Enfin affronté Yami pour lui dire ce qu'elle gardait en elle depuis tout ce temps, et maintenant elle se pointait pour dormir une nuit avec elle?

Soupirant elle écrasa le mégot sur un mur à côté de la porte de Yami, s'en alluma une autre quand enfin on lui ouvrit. Pas trop tôt, elle s'engouffra dans la chambre sans se faire prier. La première chose qui lui vint à l'esprit ce fut le luxe dont bénéficiait Yami. La chambre de la Comtesse n'avait rien à voir avec celle de La, plus spacieuse et grande elle rappelait sans aucun doute le manoir des Ketsuekis à Suna. Un design atypique que semblait apprécier la dirigeante des manieurs de sangs, La trouva sans encombre le chemin du lit et s'allongea dessus, levant les pieds au ciel et éteignant sa cigarette avant que son aînée ne lui fasse la moindre remarques. Pas sur que Yami apprécierait qu'on emplisse sa chambre avec l'odeur du tabac froid et de la nicotine.

Finalement, songea l'adolescente pourquoi ne pas venir rendre visite plus souvent à sa sœur. Elle dormirait sans doute bien mieux dans cette chambre que dans la sienne, et elle doutait que la Comtesse y passe beaucoup de temps. Yami ne devait pas beaucoup dormir alors finalement, pourquoi ne pas demander une carte de fidélité. C'était malheureux qu'on laisse cet espace entier à l'abandon, il méritait qu'on s'attache à ces murs et cette décoration et surtout ce lit si moelleux que La avait la sensation de s'enfoncer dedans. Un bonheur comme rarement elle le reconnaissait, elle porta son regard vers Yami et établit une communication mentale entre les deux. La avait prit l'habitude parler dans la tête des gens, oubliant peu à peu ce que ça faisait d'employer des mots. C'était devenue instinctif avec sa nouvelle spécialité de parler mentalement avec son interlocuteur, si bien qu'elle ne comprenait pas les gens qui s'en étonnaient ou semblaient déroutés.

-Il y a des avantages à être proche de Oniri, et des avantages à être Comtesse. Et dire que je pense que tu ne dors pas souvent, c'est vraiment triste. Je vais rattraper ce temps que tu perds, après tout ça serait dommage de voir de la poussière commencer à s'installer ici tu ne crois pas?

Elle haussa les yeux au ciel, ne cachant pas son ton particulièrement intéressé par la piaule qu'occupait Yami. Néanmoins ce n'était pas ce qui amenait La actuellement, pour passer une nuit entière avec celle qui avait souvent partager son lit durant les nuits orageuses à Suna. Mais c'était il y a bien longtemps, au moins une année et elle avait prit l'habitude de dormir sans rêver. Un sommeil brutal, donnant l'impression de n'avoir fait qu'une sieste. Un lit douillet, cela ne refusait pas et il fallait de nouveau se rapprocher de l'ancienne concubine de Kioshi. Repartir sur une relation saine, sans jamais mentir ou cacher des pensées qui pourraient parasiter le lien qui unissait les deux Ketsuekis. La faisait le premier pas, en offrant à Yami la sensation d'être désirable et de nouveau indispensable. En réalité si elle savait que cela flatterait l'égo de sa consœur, La le faisait par logique. Si elle ne tentait rien, ou n'imposait rien Yami ne viendrait pas vers elle. Comme avant, et elle s'imaginait qu'avec le temps ce caractère de cochon ne s'était guère arrangé.

-Je peux fumer?

Le ton était suppliant, elle avait lâchée la drogue et l'alcool. Du moins fortement diminué les doses et flasques qu'autrefois elle descendait. Bon tout de même elle avait prit un peu de liqueur qui réchauffait les gorges mais c'était pour célébrer l'occasion! Ceci était exceptionnel et devait marquer la soirée, et puis il fallait bien s'occuper. Se doutant que Yami ne serait pas très causante la jeune femme se disait qu'avec des sens altérés au moins la soirée passerait plus vite. Et puis elle oublierait les vêtements ridicules qu'elle porterait plus tard. Regrettait-elle? Non si elle arrachait un rire, un sourire à Yami alors la mission et l'humiliation auraient étés totalement utiles. Il fallait se sacrifier pour une cause commune, et cette cause était majeure pour la jeune Ketsueki.

-On fait quoi? Je suis venu mais j'ai rien prévu. Tu captes la télé ici? On est sous terre et dans un trou paumé j'espère au moins, au moins qu'il y a quelque chose d'autre à faire que de combattre en permanence. A Kawa au moins on peut s'amuser.

Elle se plaignait, elle aurait bien tirée la langue mais c'était impossible alors elle tentait de mimer un ton faussement agaçant. Taper sur les nerfs de Yami était tout autant une spécialité que sa maîtrise des illusions, elle semblait même exceller dans tout ce qui rendait folle de colère Yami plus que la précédente maîtrise énoncée.

-J'espère que tu m'as pas fait attendre pour rien! Imagine quelqu'un aurait décidé de te rendre visite, t'es pas très sociale mais on sait jamais, j'ai faillit mourir de honte dehors! Je me vengerai d'ici demain parole de Ketsueki. Attention à toi Comtesse tu es désormais en tête de ma liste de mes vengeances.

Un sourire, une main tendue et la flemme qui commençait déjà à s'emparer de son corps. C'est si bon de rien faire.

Il y avait déjà un moment que ma cadette attendait sur le pallier et malgré son toquement répété à la porte cela ne faisait pas céder mes nerfs. Je prenais simplement quelques minutes supplémentaires pour apprécier ma solitude, loin de la présence envahissante de La qui m'accompagnerait pour toute une nuit.

En effet, elle avait décidé de faire une « soirée pyjama ». Quelque chose visiblement en vogue chez les adolescentes et dont je me fichais éperdument, cette soirée n'étant acceptée que pour passer un peu de temps avec elle et pour évaluer ses progrès.

Finalement, j'allais lui ouvrir la porte, la laissant s'engouffrer dans ma chambre et jusque sur mon lit, elle prit même soin d'éteindre son tube de nicotine avant que je ne fasse la moindre réplique : un bon point pour elle.

Comme à son habitude, sa voix s'engouffrait dans ma tête, seul moyen de communication dont elle disposait depuis que je lui avais moi même arraché la langue.
Le regrettais-je ? Je ne m'étais pour ainsi dire jamais posée la question. Je suppose que non étant donné que cela l'avait forcé a développer des capacités illusoires ainsi que l'écriture pour trouver d'autre substitut à la parole.

« Je ne dois qu'a moi même la décoration de ma chambre. Ce sont mes ryos qui y ont été investis. Une partie des ryos gagnés lors de mes diverses missions pour l'organisation. Toi aussi tu en aurais si tu t'y impliquais davantage... »

Mon regard se fit un brin accusateur bien que je devais avouer qu'elle avait fait des efforts à ce sujet. Toujours était-il qu'elle ne pouvait pas se plaindre d'avoir moins de moyens sans faire d'effort. D'ailleurs à ce sujet...

« Et tes entraînements ? Je n'ai pas l'impression de te voir souvent sur les terrains... »

Si elle voulait emmagasiner des ressources il fallait qu'elle s'en donne les possibilités et sans entraînement intensif, cela la limitait a des tâches peu importantes et donc à moins de rente.

Lorsqu'elle demanda la possibilité de fumer je la regardai de travers, comme si je n'étais pas certaine qu'elle était sérieuse ou plutôt que j'espérais qu'elle ne le soit pas.

« Si tu veux empoisonner ton organisme, grand bien t'en fasses, mais ça sera sur le pallier. »

Mon ton était catégorique.
Puis alors qu'elle était en train de poursuivre, demandant ce que nous allions faire en annonçant qu'elle n'avait rien de prévu, je me dirigeai vers mon armoire, défaisant ma robe qui glissa le long de mon corps jusqu'à atterrir à mes pieds, me laissant en sous vêtement et exposant mes diverses cicatrices. Défaisant ensuite mon soutien gorge sans aucune pudeur, je l'envoyai rejoindre ma robe avant d'enfiler la nuisette noire qui me servait de pyjama et me retournai vers ma cadette :

« Eh bien c'est une soirée pyjama non ? Commençons donc par nous mettre dans la tenue que cela incombe. »

J'esquissais un sourire.

« Cesse donc de te plaindre. Si tu sortais plus souvent tu saurais que même sur ces terres volcaniques il est possible de trouver son lot d'amusement... Quant au reste, personne ne t'a demandé de rapporter ton oreiller ! Au moins tu as laissé ta peluche dans ta chambre. »

Me moquais-je avant de venir m'asseoir à ses côtés sur le lit.

« Je pensais que tu maîtrisais ton sujet pour avoir évoqué une telle « soirée »... Que devons nous faire à présent ? Raconter nos petits secrets comme de jeunes adolescentes puériles ? Désolé mais mes secrets le resteront : je ne voudrais pas te faire faire de cauchemars... »

C'était avec un sourire pernicieux sur les lèvres que je la mettais en garde, complètement détachée de cette mièvrerie.
La se retrouvait à dormir dans ma chambre comme au bon vieux temps même si je ne pouvais le considérer si bon. Les affres de la maladie ne m'atteignaient plus, pas plus que cette niaise recherche d'affection. Pourtant, c'était visiblement ce que cherchait La a travers cette soirée : fonder ses espoirs en ayant l'impression de retrouver l'ancienne Yami.
A quoi ressemblait-elle déjà ? …

-Nous n'avons pas les mêmes horaires. J'essaie d'avoir un rythme sain, dormir est important sinon l'épuisement et la fatigue donnent des désavantages certains en combat.

Tout ça pour dire qu'elle aimait dormir beaucoup, autant que possible et que ça changerait pas de suite. La remarque concernant l'argent lui décocha néanmoins une moue boudeuse, elle aurait bien tirée la langue si elle le pouvait mais... Vous savez comment c'est à force, elle a plus de langue et faire un majeur à une Comtesse vous invitant dans sa chambre, c'est des chances en plus d'en ressortir avec un bras en moins. Et en plus elle ne pouvait pas fumer, c'était comme à Suna. Sauf qu'au manoir au moins elle pouvait fumer à longueur de journée et personne ne lui disait rien. Nostalgie? Pas le moins du monde, sans remords ni regrets c'était le nouveau credo de la Ketsueki. Sans pour autant tomber dans l'excès et la naïveté des jeunes shinobis en voulant profiter de la vie à fond parce qu'on en a qu'une, La savait désormais qu'il était inutile de pleurer sur son passé. Cette petite entrevue entre Ketsuekis en était la preuve.

Preuve qu'elle faisait des efforts non seulement pour rétablir un semblant de contact entre les deux femmes, mais également une manière de s’immiscer de nouveau dans l'intimité de son aînée. Dans le temps, dans le temps Yami était différente et les deux Ketsuekis avaient des moments complices. Chacune connaissait plus ou moins la vie de l'autre, sans pour autant avoir aucun secrets. Aujourd'hui c'était tout juste si La s'autorisait à tutoyer la Comtesse, le temps avait fait son office et ce que craignait La c'était de découvrir Yami en étrangère. Au contraire de la seconde du Kyomu qui semblait visiblement se plaire dans une absence de sentiments et d'émotions apparentes, La avait accepté le fait de s'ouvrir en partie au monde extérieur. Du moins tenait-elle à accepter le fait qu'elle puisse s'attacher à des êtres humains. Yami était probablement la seule personne qui avait ce rôle si particulier, les relations entre membre de la familles sont toujours complexes et dans un clan ou on se tuait pour un regard de travers...La avait relativement eu de la chance de pas disparaître plus tôt. Il ne tenait qu'à elle de prouver que sa vie n'était pas qu'une suite d’embûches et d'échecs. Mais bien autre chose. Stagner à un niveau moyen ne lui posait relativement pas de soucis, Yami était largement au-dessus d'elle. Et en voulant aller trop vite elle risquerait plus d'y laisser des morceaux que de progresser.

-Tu ne terrifies personne dans cette pièce, peut-être le miroir mais c'est tout. En parlant d'adolescents puériles, j'ai l'impression que tu ne vieillis pas. C'est un autre avantage d'être Comte? A ce rythme là je serai bientôt pour de bon ton aînée.

Un sourire sur les lèvres de la muette. Un point partout balle au centre. Elle voulait jouer? Entre moqueries et ton solennel le tout était de bien choisir ses mots comme souvent en présence de gens aussi implacable que l'était Yami et ses compères.

-Je n'ai guère besoin de peluche tu feras parfaitement l'affaire. Quoi que j'ai toujours eu du mal avec les poupées gothiques.

Alors on fait encore la maline? Attention même les vampires muets peuvent mordre!

-Que faire? J'ai bien des idées, mais hélas elles ne pourraient convenir à quelqu'un de ta trempe. Tu me vois désolé donc de pas sortir des marshmallow et de se raconter des histoires qui font peur, nos vies sont des histoires à effrayer les enfants. Non j'avoue que cette soirée n'était qu'un prétexte pour dormir dans un bon lit, dans une décoration relativement classe et en ta compagnie. Hélas je n'ai pas de secrets sur le monde à te raconter, mon année de voyage ne te passionnera guère je pense. Et je n'ai pas envie de faire la pêche aux secrets ma chère Comtesse.

Elle s'était changée entre temps. La tenue était nettement moins féminine que celle que portait Yami, enfin si on pouvait considérer que les maigres vêtements qu'elle portait faisait office de tenue de nuit. Celle de La était une grenouillère, relativement confortable vu son prix qu'elle avait importée de Kawa. Un motif sombre et carmin, légèrement trop grande d'ailleurs mais c'était la seule taille qui restait et elle valait le coup. La muette s'attendait bien sur à des moqueries de la part de son aînée mais cela lui passait au dessus. Elle se contenterait au pire des cas de se boucher les oreilles.

-Alors c'est ta vie maintenant? Remarque que je ne dit pas nos vies, parce que je ne trouve pas ça correspondant à la définition de vivre. Te plais-tu au moins ici? En terre hostile, en exil avec un clan de rapaces et loin du confort du manoir? Je ne dit pas que quitter Suna était une erreur, tu as déjà mon avis sur la question. Je te connais simplement, et tu te contentes rarement de ce qu'on te propose. Alors Ketsueki Yami, c'est quoi l'étape suivante? Une fois le shukaï détruit? On domine le monde? On revient à Suna en implorant le pardon général? On finit nos vies ici? J'ai plus de chances d'attraper un cancer des poumons avec des cendres qu'avec la cigarette!

Non sans rire, comment on pouvait vivre sur une île pareil? Ca faisait bien repaire de méchants manigançant pour dominer le monde mais pas très glamour c'était certains. L'adolescente passa une main derrière sa tête en guise d'oreiller et reprit.

-Je ne partirai pas après avoir passé un an à chercher ton postérieur. Néanmoins je ne te suivrai pas aveuglément, et j'espère que tu m'en veux pas, dans la gueule du loup. Je ne suis pas encore prête à faire le grand pas. Cela viendra j'espère, mais pas tout de suite. Alors si tu pouvais me faire le plaisir de pas mourir tout de suite, sinon tu vois des années gâchées ça commence à peser. Et je suis plus si jeune, qui sait combien d'années il me reste à vivre?

Sourire malicieux, complicité retrouvée?