Assis à mon bureau, je pouvais affirmer que c’était l’une des premières fois où j’étais content de faire de la paperasse puisque cela m’évitait de pointer mon nez dehors. Au moins, ici, je pouvais être confortable et je pouvais me réchauffer au coin de mon brasero. Hé oui, c’était mon premier hiver dans ma nouvelle résidence et je pouvais profiter non pas de la chaleur électrique de mon appartement, mais bien de la chaleur réconfortante de vrais charbons. Enfin bref, je pouvais dire que j’étais plus que douillet enveloppé d’une fourrure qui malgré son âge – il s’agissait d’un cadeau de départ de ma mère – n’avait rien perdu de son efficacité. Dans de telles circonstances, la tâche sur laquelle je m’attelais était loin d’être une cause de soucis. C’était pour dire à quel point j’avais horreur de la saison froide. À mes yeux, il n’avait rien de pire que se ressentir ce frisson qui s’en va jusque dans vos os et qui ne vous lâche plus. Mais enfin, je n’étais pas cloîtré dans mon oasis de chaleur pour retourner des pensées aussi froides alors je me reconcentrai sur le document ouvert devant moi.

Je ne vais pas vous ennuyer avec le sujet dudit document, mais cela avait rapport avec l’administration du village de Konoha. Pas l’Hokage, hein, je doute que Mizuki-sama s’occupe de tâche aussi bénigne, mais très certainement sa secrétaire ou peut-être même le maire de Konoha. Attendez une minute, y avait-il un maire à Konoha? Ou bien ce titre revenait d’office à l’Hokage? Focus, Takeo, focus; concentres-toi sur le papier devant toi. Écoutant ma conscience qui avait une fois de plus raison, je reportai mon attention sur le document et le lus dans son entièreté. Après tout c’était ce qui était demandé de moi quand je m’attelais à ma paperasse: lire les documents et proposer certains ajustements pour certains ou apposer mon autorisation pour d’autres. Quand j’eus finalement terminé de parcourir le document et pus enfin le mettre de côté, mon regard fut attiré par la pile de document qui trônait maintenant sur mon bureau. Après un regard je remarquai qu’il s’agissait de photocopies de dossiers directement venu de l’Académie. Je me rappelai qu’il n’y avait pas si longtemps j’étais allé faire un tour là-bas et m’étais arrêté en plein milieu lorsque j’avais trouvé, je pensais à l’époque, un candidat prometteur. Cette fois-ci, j’étais bien résolu à terminer mon entreprise.

En fin de compte, je dus attendre le lendemain avant de venir à bout du fruit de mes recherches dans les archives de l’Académie. Je m’étais arrêté aux petites heures du matin lorsque je m’étais rendu compte de l’heure, trop absorbé que je l’avais été, et avait recommencé le lendemain pour finalement me retrouver avec une pile considérablement plus petite; c’était là le résultat de mon analyse des différents dossiers. Pas la crème de la crème, mais ceux que je jugeais avec le plus de potentiel. Maintenant que j’avais réduis mon bassin, je devais décider qui j’allais essayer de rejoindre et qui j’allais au final mettre de côté. Alors que je regardais une nouvelle fois les dossiers, je fus attiré par un en particulier qui semblait non pas s’agencer avec moi, mais qui représenterait sans aucun doute un beau défi. Je ne savais pas pourquoi, mais mon instinct me disait que c’était ce qu’il me fallait. C’est ainsi que je décidai celui que j’irais rencontrer afin d’essayer de le faire intégrer mon équipe. Sur un papier je griffonnai quelques mots à l’intention du concerné l’invitant au terrain d’entrainement afin de discuter et peut-être même se dégourdir un peu, qui sait? Je sais que la veille je pensais le contraire, mais aujourd’hui était une nouvelle journée et le prospect de rencontre un potentiel élève me faisait brûler d’un feu intérieur que même la température extérieur n’aurait pas pu calmer.

En route vers le lieu de rendez-vous, mon esprit fut plus qu’occupé par les diverses questions qui me traversaient la tête et que je tardais à poser au jeune Genin et par les différents scénarios de comment cette rencontre aller se passer. J’arrivai évidemment à l’avance de mon invité – s’il acceptait même ma requête, peut-être ne voudrait-il rien savoir à cause de la température – mais j’attendrai ici le temps que je jugerai approprié. De toute façon, non seulement j’avais Aka et Sei pour me tenir au chaud au besoin, mais je pouvais aussi facilement me faire un feu pour me réchauffer. Ainsi préparé, je pouvais patienter afin que le jeune homme que j’avais contacté me rejoigne. Après ce qui me sembla comme des heures, mais qui avec toute logique devait sûrement plus être des minutes, je sentis finalement une odeur s’approcher de moi et même si je ne l’avais jamais rencontré, les nuances dans son odeur ne pouvait cacher ses origines.

- Bien le bonjour, jeune homme; content que tu aies accepté mon invitation. Je me présente, Inuzuka Takeo, et mes deux compagnons ici présents sont Akamori et Seimori. Je t’en prie, assieds-toi, dis-je lorsqu’il fut finalement à mes côtés tandis que je me levais de la souche que j’avais dégagée.

Je le laissai s’asseoir – ou non – et en profitai pour une fois de plus me repasser quelques questions en tête. Maintenant que le moment tant attendu était arrivé, c’était comme si j’avais tout oublier. Pourquoi étais-je si nerveux? Craignais-je un autre flop? Ce petit intervalle me laissait amplement le temps pour me torturer avec toutes ces questions et soudainement je ne souhaitais plus autant repousser le moment fatidique.

Spoiler:

Sans se faire prier, le jeune homme s’avança et vint s’asseoir là où j’étais assis quelques instants plus tôt. Ce dernier eut le réflexe de se présenter à son tour, même s’il devait bien se douter que si je l’avais appelé ici je connaissais au moins son nom. Cela montrait toutefois qu’il n’en oubliait pas ses bonnes manières pour autant. Ce dernier ajouta qu’il était ravi de faire ma connaissance, mais j’ignorais s’il était sincère ou si cela était simplement une forme d’usage, à l’instar de sa présentation. Il fallait dire qu’il le masque à gaz qu’il portait, ses émotions étaient difficilement déchiffrables. Heureusement pour moi, mon nez m’était extrêmement utile dans ce genre de situation et derrière l’odeur un peu acre du gaz Sabakyô je pus percevoir que ce dernier était réellement heureux d’être ici. Enfin, je me doutais forcément qu’il n’était extasié d’être dehors en plein hiver, mais je pouvais dire qu’il était curieux de sa venue ici. Comme de fait, ce dernier alla tout de suite droit au but et me demanda carrément ce qu’il faisait ici. Je n’entendais aucune impatience, aucune arrogance, cela voulait donc dire qu’il voulait savoir ce qui se passait. Afin de ne pas le faire languir, je décidai d’adopter une approche similaire à la sienne.

- Et bien, si je t’ai fait venir ici aujourd’hui, c’est pour t’annoncer qu’à partir d’aujourd’hui tu fais partie de l’équipe Mure. Je laissai cette nouvelle s’ancrer chez le jeune homme avant de poursuivre. Cela veut donc dire, comme tu l’auras sûrement deviné, que je suis maintenant ton sensei et qu’en tant que sensei je vais t’aider à progresser du mieux de mes capacités.

J’avais bien sûr plein d’autres choses à lui dire et à lui demander, mais je ne voulais pas non plus le bombarder d’informations et lui faire peur. J’attendis donc quelques instants que Ren-kun traitait toute l’information que je lui avais donnée. Après tout, ce n’était pas rien apprendre que l’on faisait maintenant partie d’une équipe. Je me rappelais la sensation qui avait parcouru mon corps quand j’avais reçu cette nouvelle – et lorsque j’avais vu que Tenshi était avec moi – et je me disais que quelque chose de similaire devait lui arriver. J’en profitai pour étudier un peu plus mon nouvel élève et comparer ce que disait son dossier. Un regard mordoré qui avait quelque chose d’hypnotisant dans un visage pâle, entouré d’une chevelure d’ébène qui contrastait avec son teint. Une carrure mince, mais que je savais solide comme n’importe quel shinobi. Je ne pouvais pas évaluer son caractère encore, mais je pouvais tout de même voir dans son un regard un regard scrutateur et distant d’avec le monde, comme pour mieux l’observer. Jugeant qu’il avait eu assez de temps pour assimiler la nouvelle, je poursuivis afin de mieux connaître mon élève.

- Comme nous allons passer plus de temps ensemble à l’avenir, j’aimerais avant tout en apprendre un peu plus sur toi. J’ai évidemment lu ton dossier, mais il y a tant de chose qu’un dossier ne dit pas! J’aimerais donc que tu m’en dises un peu plus sur toi.

Quelque chose me disait que le jeune Sabakyô n’était pas le Genin le plus loquace de Konoha, mais j’espérais tout de même qu’il parviendrait à en dire un peu sur lui-même. Simplement le fait de l’écouter parler de lui-même cela devrait me donner une petite idée de comment il se voit alors du moment qu’il parle je pourrais me faire une petite idée de qui j’avais devant moi. L’idéal serait qu’il aille jusqu’à m’en dire sur ses aspirations ou les buts qu’il s’était donné, mais je me doutais qu’un peu d’incitation serait nécessaire afin d’avoir ce genre d’informations. Mais pour le moment, j’attendais que Ren-kun réponde à ma première requête avant de l’ensevelir sous les questions. On aurait cru que j’étais plus excité que lui de finalement avoir une équipe ce qui, on devait l’avouer, ne devait pas être loin de la réalité.

Pendant quelques instants, ce dernier me regarda sans rien dire et je crus que je n’allais avoir aucune réaction du jeune homme, comme si ce dernier n’était pas satisfait de la situation. Après tout, ce n’était pas comme si nos capacités étaient réellement compatibles; peut-être ne voyait-il pas l’intérêt d’une telle chose. Cependant, au bout de plusieurs secondes suivant mon annonce, le jeune Sabakyô finit par me remercier. Pris au dépourvu, je regardai le Genin et pensai voir quelque chose de nouveau dans son regard. Cela n’avait été que très bref et je n’avais donc pas pu voir clairement, j’allais donc devoir remettre cela à plus tard. Quelques inspirations discrètes me confirmèrent que le jeune homme était sincère dans ses paroles et je me détendis un peu. La première étape – celle du premier contact – avait été franchie avec succès aussi étais-je prêt à passer à la suivante. Quand je lui demandai de parler de lui, je le vis imperceptiblement se raidir et croyez-moi, ce n’était pas à cause du froid. Je sus alors que je venais de toucher un sujet sensible et cela confirmait ce qui était écrit dans son dossier. Néanmoins, je ne faisais pas cela pour l’humilier, je voulais simplement le secouer un peu et le faire sortir de sa zone de confort. S’il n’était pas capable de faire au moins cela, je sentais que nous allions travailler fort.

Heureusement, ce dernier finit par s’exécuter et je vis que même à son âge ce dernier tenait déjà son Village à cœur. J’acquiesçai légèrement la tête alors qu’il me répondait montrant mon assentiment et compris ensuite pourquoi ce dernier brûlait déjà si vivement. Il fallait en effet reconnaître que l’histoire de son clan n’avait rien d’un conte de fée. Non seulement ces derniers avaient longuement soufferts dans leur terre natale d’Ame, mais cela s’était reproduit à Konoha après que l’ex-Intendant Sabakyô Seitô ait déserté le village pour fonder le Shôraizen. Depuis ce jour, leur image s’était terni et n’avait jamais retrouvé de son lustre. Étrangement, je pouvais voir tout cela à travers le jeune homme et cela me donna encore plus envie de l’aider à s’épanouir; cela leur montrerait ce dont ils étaient réellement capables. Il me confia une autre information sur lui – qu’il était évident qu’il avait eu de la difficulté à trouver – avant de me retourner la question, contre toute attente. J’écarquillai les yeux, surpris par la demande, avant de sourire et de rire un peu.

- Ha ha ha! Tu as bien raison, ça serait la moindre des choses que de rendre la pareille. Alors, quoi dire… Tu dois t’en douter mais je suis Jônin et j’aime –peut-être un peu trop pour mon propre bien – la bonne chère, ce qui fait que je suis également très bon cuisinier, dis-je en ricanant légèrement. Aussi, j’apprécie avoir un contact avec la nature, que ce soit à l’extérieur des murs du village ou encore quelque part de boisé.

Je m’arrêtai, ne voulant pas lui faire une biographie non plus. Qui plus est, si je lui en disais trop maintenant cela enlevait le plaisir pour plus tard. Nous allions apprendre à nous connaître au fur et à mesure que notre relation évoluerait. Cela dit, même si j’avais apprécié en apprendre plus sur lui, ce n’était pas réellement le genre de réponse que j’avais en tête. Avec la rétrospection, c’était sans doute ma question qui n’avait pas été assez claire, je devais donc préciser un peu ce que je cherchais à savoir de lui.

- Et qu’en est-il de tes prouesses au combat? En tant que soldat de Konoha, tu dois pouvoir me dire dans quel domaine tu excelles?

Voilà où je voulais en venir, car si j’étais son senseï pour voir grandir en lui la volonté du Feu, j’étais également là pour l’entraîner à devenir un meilleur soldat. Si j’en savais déjà sur le jeune homme, je voulais l’entendre de sa propre voix et surtout voir l’image qu’il avait de lui-même. Ce qu’il pensait de sa personne et ce que les experts de l’Académie observaient pouvaient être deux choses bien différentes sans pour autant que l’on puisse s’en douter. Pourtant, quand nous y pensions réellement, pouvait-on s’attendre à ce qu’un adolescent réfléchisse et analyse de la même façon qu’un adulte? Dans certains cas oui, d’autre non, mais nous ne pouvions réellement le savoir avant de le demander à la principale personne concernée, en l’occurrence Ren-kun.

Pendant que je le laissais réfléchir, je me repassai en mémoire ce que je me rappelais de son dossier afin non pas de comparer, mais bien d’évaluer où lui se situait. De plus, la réponse qu’il allait me donner me permettra de discerner un peu mieux qu’elle genre de personne il était. Je voulais savoir si j’avais en face de moi quelqu’un d’imbu de lui-même, d’anxieux ou de quelque part entre les deux et il n’y avait rien de mieux pour le savoir que de lui demander de parler de lui-même. Sa réponse serait donc déterminante quant à la façon dont j’allais me comporter avec lui et sur quoi focaliser mes efforts. C’est donc sans grandes surprises que j’appris qu’il se concentrait sur l’art du Ninjutsu avec les toxines propres à son clan. Ceux qui me connaissent assez bien – qu’est-ce que je dis là, tout le monde pourrait le deviner – savent que je ne pas celui qui se connait le mieux en ninjutsu alors pourquoi l’ai-je donc choisi dans mon équipe? Pour la bonne raison que quelque chose me disait que malgré nos différences je sentais que je pouvais beaucoup lui amener. Mon instinct me criait que je pouvais l’aider plus que quiconque l’amener à s’ouvrir à ses confrères afin de s’épanouir à Konoha et lorsque mon instinct me dit quelque chose, l’expérience m’avait appris à le suivre.

Je l’écoutai parler tandis qu’il parlait de ses compétences martiales et hochai imperceptiblement la tête lorsque ce dernier avoua être loin de maîtriser parfaitement cette capacité. Je savais maintenant que je n’avais pas devant moi une tête enflée et même qu’un sourire s’étira lentement sur mes lèvres alors qu’il affirmait avec détermination qu’il avait beaucoup à apprendre. Ce n’était la plainte de celui qui se sous-estimait, non, j’entendais vibrer l’excitation dans sa voix et il était clair dans mon esprit qu’il avait soif d’apprendre et qu’il voulait plus que tout contrôler cette habileté. Pour aller avec ses paroles je le vis devenir le plus expressif qu’il avait été jusqu’à date puisque j’arrivai à voir sous son masque sa persévérance. Encore une fois je sentis quelque chose s’agiter en moi, me laissant croire que j’avais bien choisi mon élève. Avec cette seule réponse, j’avais réussi à établir un portrait grossier du jeune homme qui s’affinera au fur et à mesure que j’apprendrai à le connaître, soit un jeune homme rempli de doutes mais prêt à tout pour les surmonter – le simple fait qu’il ait répondu à ma missive le confirmait.

- C’est tout à fait normal, je dirais même qu’il y aurait un problème si ce n’était pas le cas.

Je lui souris dans un effort de le rassurer. Il était dans une période où nous nous remettions beaucoup en question et où nous subissons plusieurs changements, aussi essayais-je de lui faire comprendre qu’il n’avait pas à s’inquiéter de ne pas au sommet tout de suite; une partie de ce qui faisait les meilleurs shinobis les meilleurs était qu’ils avaient appris à affûter leurs capacités. Soudainement, la pluie commença à tomber et rapidement nous fûmes tous trempés jusqu’aux os, et ce malgré les couches que j’avais mis pour me garder au chaud. Pourtant, aucun de nous deux ne fit le moindre geste pour nous en aller. Mon regard se porta vers le jeune Sabakyô et je vis que ce dernier contemplait attentivement le village autour de nous et pendant quelques secondes je pensai l’avoir perdu. Je pouvais toutefois voir dans la façon dont il regardait ses alentours qu’il tenait ce village à cœur et je me rappelai alors ce qu’il avait dit quelques instants plus tôt à propos de sa mission envers Konoha. Peut-être qu’il y avait un peu plus à cette réponse que celle prémâchée de l’Académie. Je sus alors que Ren-kun était revenu parmi nous – ou peut-être l’avait-il été depuis le début? – lorsque ce dernier s’adressa à moi, me demandant si j’allais être capable de l’aider à devenir un meilleur shinobi.

- Je ne suis pas adepte du ninjutsu comme toi, mais je crois tout de même être capable de faire de toi un meilleur shinobi. Mais plus que tout, je suis persuadé que je vais pouvoir te former afin de devenir un meilleur Konohajin.

C’était loin d’être un reproche, mais j’avais lu dans son dossier qu’il n’était pas trop du genre sociable et bien qu’il n’y avait rien de mal à vouloir travailler en solitaire il fallait aussi qu’il apprenne à faire confiance aux autres. Il arriverait des situations où sa vie serait plus qu’entre ses propres mains et pouvoir compter sur ses frères d’armes pouvait faire la différence entre la survie et la mort. Avec Akamori et Seimori, voilà ce que j’essaierais de transmettre à Ren-kun : le sens de la fraternité.

Son regard se tourna vers moi tandis que je lui répondais et je vis dans son regard que ce que je venais de dire l’avait atteint et l’avait fait réfléchir. Un nuage se créait devant ma bouche alors que je parlais et resta quelques instants après que j’eus fini, ce qui donnait presque l’illusion que mes paroles restaient suspendues pendant quelques instants. Ce dernier se dissipa toutefois rapidement et l’espace d’une micro-seconde je me dis que je ne saurais peut-être pas à la hauteur, que mes efforts de volatiliseraient telle la condensation de mon souffle. Je me rappelai rapidement à l’ordre et chassai ces doutes pour me concentrer sur ce que j’avais déjà fait pour le jeune homme. Dans ses yeux se lisait maintenant une confiance qui n’y était pas quelques secondes et j’interprétai cela comme un signe qu’il commençait à m’accepter en tant que sensei. Un sourire était déjà sur mon visage, mais je me retins afin de le pas l’élargir encore plus puisque je ne tenais pas à l’intimider non plus avec mes manières qui différaient beaucoup des siennes. C’était la première fois que je me rendais compte à quel point cela pouvait être difficile de contenir sa joie.

Du mouvement me ramène rapidement à la réalité et je remarquai alors que Ren-kun s’était finalement levé de la souche où je l’avais fait s’asseoir. Curieux, j’haussai le sourcil tandis que je le regardais aller. Au début il avançait lentement, comme s’il doutait encore lui-même s’il ce qu’il faisait était la bonne chose, mais il prit un peu plus d’assurance même s’il restait prudent. Je compris soudain ce qu’il voulait faire et le regardai s’avancer en direction d’Akamori pour faire le premier contact avec mes ninkens. Silencieusement j’approuvai son choix, ce dernier était beaucoup plus habitué à la présence de personnes craintives et surtout beaucoup moins intimidant que le mastodonte qu’était Seimori. Une fois à côté du ninken écarlate, le nouveau membre de la meute approcha sa main de la tête d’Aka et la caressa du bout des doigts. Sans doute que sa fourrure devait être mouillée et donc pas nécessairement des plus soyeuses, mais je pouvais voir la surprise dans le regard du Sabakyô et je n’eus pas de misère à croire que c’était la première fois de sa vie qu’il passait ses mains dans une fourrure pareille.

Devant la réaction positive du premier, le jeune homme se risqua un regard vers l’autre et je les regardai d’un regard attendrissant alors qu’il se rapprochait de mes ninkens. Cela pouvait paraître insignifiant, mais il était tout aussi important que je me sente à l’aise avec mon élève qu’il l’était pour mes ninkens. D’une certaine façon, ils seraient également les sensei de Ren-kun, ce dernier risquant de s’entraîner avec eux tant et aussi longtemps qu’il ferait partie de la meute. J’étais heureux de voir que mes chiens-ninjas semblaient s’entendre aussi bien avec lui que moi, voire plus puisqu’il pouvait parfois être plus facile de connecter avec un animal qu’avec un autre être humain. Le jeune homme murmura quelque chose à lui-même – ou peut-être s’adressait-il à mes ninkens, je n’aurais pu le dire avec certitude – puis tourna son regard vers moi en me demandant quelle était la suite des choses. Devant cette question je pris un air gêné avant de commencer à m’expliquer.

- Et bien… tu vois… j’aurais bien aimé un peu te voir à l’œuvre, mais c’était sans compter sur cet orage. Cela ne fait même pas cinq minutes qu’il a commencé à pleuvoir et je suis trompé jusqu’aux os! Je connais un endroit plutôt douillet ou nous pourrions au moins laisser l’averse passer. Tu viens?

Sans vraiment attendre sa réponse, je pris la direction de la sortie du terrain d’entraînement. Je ne lui laissais pas vraiment le choix même si je doutais qu’il veuille rester là sous la pluie, mais après tout j’étais encore en train d’apprendre à le connaître. Peut-être qu’il appréciait la pluie, mais de mon côté c’était loin d’être mon cas et en tant que sensei c’était moi qui prenais les décisions. Si j’étais pour avoir ce rôle, autant l’endosser jusqu’au bout. J’étais d’un naturel amical et qui voulait avant tout que les choses se passent sans accrochages, mais il fallait également que je sache parfois m’imposer pour le bien de Ren-kun. Sans oublier de rester amical, je devais me mettre dans la tête que ce n’était pas un ami que le Sabakyô devait voir, mais bien un pilier sur lequel il pouvait se reposer et avec lequel il pouvait s’aider à avancer. Un pilier qui se devait de rester solide et qui devrait rester de marbre face à ses décisions.

Mes ninkens sur les talons, je continuai d’avancer seulement lorsque je fus certain que je sentais l’odeur du Sabakyô derrière moi – je ne l’aurais pas réellement laissé en plan en plein milieu du terrain d’entraînement – et nous avançâmes rapidement à travers les rues de Konoha pour atteindre un lieu plus que familier. Je montai les escaliers jusqu’à atteindre la porte du petit logement. Regardez-moi, petit; c’était fou comme quelques mois pouvaient complètement notre perspective, dire qu’avant cet appartement était tout ce que j’avais. J’allais fouiller dans mes poches pour la ressortir tenant une clé que j’insérai dans la serrure. Le bruit du verrou qui se glisse fut comme une vieille comptine que je n’avais pas entendu des lustres et invitai alors le Genin à entrer.

- Bienvenue chez nous. Enfin, c’était chez nous; maintenant je le garde simplement comme un lieu privé où je vais lorsque je ne veux absolument pas être dérangé. Entre, fais comme chez toi.

En même temps de laisser entrer le Sabakyô, je jetai un regard circulaire éclair afin de m’assurer de l’état des lieux. Je ne voulais pas l’amener dans un endroit plus que poussiéreux, mais j’étais ravie de constater que, comme selon notre entente, la propriétaire avait gardé l’appartement propre.

Invitant Ren-kun à entrer, je fus soulagé de voir que l’appartement était presque comme je l’avais laissé lorsque j’étais parti habiter dans ma nouvelle demeure. Bien sûr, pour moi qui avais pratiquement passé ma vie dans cet appartement je remarquai aussitôt à quel point il avait l’air vide comparé à mes souvenirs, mais c’était normal puisque tout ce qui rajoutait de la vie était parti avec moi. Enfin bref, pour n’importe qui d’autre cela avait l’air d’un domicile sobrement décoré et c’était très bien ainsi. Tout de même, me retrouver dans cet endroit faisait ressurgir quelque chose en moi que je ne pensais pas avoir après toutes les fois que j’étais revenu ici et qui me pris un peu par surprise : une petite envie de revenir ici. Après tout, j’avais passé de si bons moments ici; pourquoi quitter un endroit si étroitement lié à moi? Me vint alors en tête tous les mauvais moments que j’avais traversés depuis mon arrivée à Konoha et compris que cela ne servait à rien de juger le présent par le passé. En avançant toujours en regardant vers l’arrière, on ne finissait par ne plus voir où nous allions.

Ce fut la voix de mon nouvel élève que me ramena subitement à la réalité et je clignai les yeux à quelques reprises pour retrouver complètement mon focus. Je souris devant la politesse de ce dernier, mais mon nez me disait bien que même s’il ne mentait pas, il n’était pas tout à fait sincère non plus. Je ne pus non plus m’empêcher un petit rire sans aucune malice. Quand même voulait-il être poli, cet appartement était loin d’être la demeure la plus ravissante sur laquelle mes yeux s’étaient posés.

- J’apprécie le compliment, mais moi-même je n’irais pas jusqu’à qualifier cet appartement de ravissant, hé hé hé. Attends de voir où j’habite maintenant avant de dire cela.

C’était dit sans aucune vantardise, simplement de la pure admiration. Malgré que je sois complètement établi dans ma nouvelle maison, je ne pouvais m’empêcher de toujours rester impressionné à chaque fois que j’y étais. Jamais au grand jamais je m’étais attendu à un jour vivre dans un endroit pareil. Je sentais que je retournais de nouveau dans mes pensées alors que j’avais un jeune homme devant moi qui n’attendait à qu’à s’ouvrir – bon d’accord il n’attendait peut-être pas spécialement cela ni si ardemment que cela – mais plus important encore qui dégoulinait de pluie. Je m’empressai de prendre son manteau et allai l’accrocher dans la salle de bain, ça serait déjà cela.

Je revins vers juste à temps pour recevoir une douche de la part d’Akamori qui avait attendu patiemment mon retour pour s’ébrouer, aussitôt imité par le plus jeune. À croire que j’aurais dû attendre avant de nous débarrasser de nos vêtements trempés. Je leur jetai un regard noir alors que le jeune Sabakyô brisait à nouveau le silence pour parler de la météo dehors et je compris alors qu’il ne faisait que meubler la conversation. Tout de même, il avait un sacré timing puisque le tonnerre gronda alors autour de nous alors que nous entendions la pluie frapper encore plus durement les fenêtres de mon appartement. Je me tournais ver lui et eus un sourire contraint.

- Sans vouloir paraître pessimiste, ça n’a pas l’air d’être parti pour cela. Je restai silencieux quelques secondes avant de poursuivre. Tant qu’à être pris ici pour ce qui va avoir l’air d’être un bon moment, autant continuer là où nous nous étions arrêté plus tôt. Mais avant, mettons-nous un peu plus à l’aise, si tu me permets.

Disant cela, je me levai de mon fauteuil dans lequel je m’étais installé et me dirigeai vers le petit four qui reposait dans le coin du salon. Encore une fois, je remerciai en silence Kiyoko-san pour le travail impeccable qu’elle faisait lorsque je vis les bûches et les retailles de bois empilés à côté. Pigeant dans les deux petits amoncellements, je les plaçai dans le four et allumai le tout de quelques flammèches que je fis apparaître avec des claquements de doigts. Une fois que je fus assuré que le feu était bien pris et qu’il allait durer, je revins m’installer aux côtés du Genin. J’allais repartir la conversation lorsque je rendis compte que je ne savais pas du tout avec quoi continuer. C’était le problème avec les intravertis, on ne savait jamais de quoi on pouvait parler avec eux. Je trouvai soudain un sujet sur lequel je pouvais le faire parler.

- Je ne veux pas paraître indiscret ni embarquer dans un sujet embarrassant, mais j’aimerais bien que tu me parles un peu de ton clan. Ce n’est pas un secret pour personne que vous êtes un peu plus… reclus, cela fait en sorte que je n’ai eu que peu de contacts avec les tiens et s’il y a bien quelque chose qui pourrait me reprocher, c’est bien ma curiosité hahaha! Si ce n’est pas trop gênant pour toi, donc, j’aimerais bien que tu m’en dises un peu plus sur eux.

Bien sûr, je savais comme tout le monde leur histoire tragique à Ame no Kuni jusqu’à ce que Konoha intervienne, mais c’était exactement cela le problème : tout le monde le savait cela. Moi, je voulais en apprendre un peu plus sur le clan lui-même. Comment étaient les Sabakyô? Qu’est-ce qui les motivait? Que faisaient-ils les samedi soir? Non, je me ravise, oubliez la dernière.

Pendant plusieurs instants, les seuls sons qu’il y eut dans l’appartement furent le crépitement du feu et le martèlement de la pluie. Ce n’était pas une question facile que je venais de poser à mon élève et je me rendais bien compte qu’elle était très vague. Cela en disait sur mon ignorance de leur histoire et de leurs coutumes puisque je voulais tout savoir en même temps. D’un autre côté, je ne voulais pas non plus le forcer à parler d’un sujet en particulier – ne voulant pas brimer ses paroles plus qu’il ne le faisait – et voulais lui laisser le loisir de lui parler de ce qu’il désirait sur son clan. Comme dans tous les clans, il devait également y avoir certaines choses que l’on ne partageait pas avec n’importe qui. Même si le jeune Sabakyô n’avait toujours pas répondu, je pouvais voir qu’il travaillait sur quoi dire et je sentais qu’il allait bientôt venir avec une réponse; il suffisait simplement de lui laisser le temps de formuler sa pensée.

Au bout de quelques instants, il se lança. Je pouvais entendra la fierté dans sa voix lorsqu’il disait que leur clan avait toujours été solitaire et je compris que cela leur venait de leur instinct de survie. C’était plus une autonomie et une indépendance farouche qui faisait d’eux des gens solitaires. Au même titre que leur distance et leur froideur leur venait d’une méfiance des autres, méfiance que je dirais justifiée quand on connaissait un peu l’histoire de leur clan. Au final tout était question de perspective. Ce qu’il voulait que je retienne, cependant, était leur loyauté envers notre village pour ce qu’ils avaient fait pour eux. Sa détermination était palpable et même qu’une forte odeur que je n’avais jamais sentie auparavant me parvint aux narines. C’était une odeur puissante et agréable à sentir qui me rappelait mes séances d’entraînement alors que j’étais qu’un simple Genin comme lui qui voulait montrer la valeur de mon clan. Je réalisai soudainement que Ren-kun me faisait penser à moi et que l’odeur que je sentais était la détermination qui brûlait en lui. Il ne mâchait pas ses mots lorsqu’il disait que leur clan était le plus fidèle à la Feuille.

Il me parla alors de l’incident avec Sabakyô Seitô et me parla des conséquences que cela avait eues pour le clan. Même si ce n’étaient pas tous les Sabakyô qui l’avaient suivi, les konohajins regardaient les siens d’un œil suspects depuis ce jour et chacun d’entre eux faisait tout en leur pouvoir pour rétablir la confiance d’autrefois. Je ne pouvais même pas imaginer ce que cela faisait d’être constamment l’objet de la méfiance des autres, de sentir de ne jamais avoir sa place peu importe où on allait. Cela rendait le fait de prendre jeune homme dans ma meute encore plus significatif et encore plus important pour le futur de Konoha puisque c’était ce que le village avait besoin de voir pour retrouver leur confiance envers son clan. Comme il l’avait si bien dit, les Sabakyô étaient eux aussi de vrais Konohajins au même titre que tous les autres clans. Pas une seule fois ne l’avais-je interrompus et ce dernier sembla lui aussi se rendre compte que c’était le plus longtemps qu’il avait parlé depuis que nous nous étions rencontrés puisque je pus lire la surprise dans son regard.

- C’était… très bien dit, Ren-kun. Je pouvais voir le feu dans ton regard et c’est exactement ce qu’il faut pour être un Konohajin. Je sens que tu vas très bien t’intégrer dans la Meute.

Je lui offris un large sourire, satisfait de sa réponse. Je ne savais pas quel genre de réponse il allait me donner, mais au final j’avais entendu ce que je voulais entendre. Fidèle à leur nature, ce dernier n’avait pas partagé dans les détails à propos de son clan, il avait toutefois été assez clair et concis dans ce pour quoi le clan se battait : Konoha. Il était aussi tout à fait évident que derrière son air calme et observateur brûlait un feu digne de la volonté du Feu. Malgré nos tempéraments différents, nous avions la même motivation et c’était grâce à cela que j’allais être capable d’aider Ren-kun. À l’extérieur, l’averse battait toujours son plein et ne nous laissait aucun répit et je pariais que nous en avions pour encore un moment. Maintenant que je le connaissais un peu plus comme élève, je tenais à le connaître comme personne. Après tout, le temps que nous passerions ensemble ne serait pas seulement dédiés à son entraînement de shinobi.

- Sinon, euh, il y a quelque chose que tu aimes faire dans tes temps libres? J’espère que tu ne consacres pas ta vie à ton entraînement, sinon c’est quelque chose auquel on va remédier immédiatement.

Je pris un air sévère comme si je venais de le prendre en faute avant de rapidement de relaxer mes traits pour prendre un air amusé. S’il y avait quelque chose que j’avais appris à apprécier avec le temps, c’était l’équilibre. Je me rappelais de quand j’étais adolescent et que je m’entraînais sans cesse. Si cela avait peut-être porté ses fruits, je me rendais compte avec le recul que c’était aussi un peu excessif. Maintenant qu’il avait un sensei pour l’aider à progresser, je voulais qu’il apprenne à avoir un certain équilibre entre sa vie personnelle et professionnelle. Il n’était que Genin et ses responsabilités n’étaient pas les plus importantes, mais si je lui inculquais cela tout de suite, il saura déjà balancer le tout lorsque cela sera vraiment nécessaire. Je doutais qu’il soit un passionné de cuisine comme moi, il devait bien y avoir quelque chose qui le passionnait. Il avait mentionné les lieux culturels, peut-être avait-il la fibre artistique?

Lorsque je lui avais fait mention de l’entraînement je n’étais qu’à moitié sérieux, mais Ren-kun m’expliqua tout de même que son entraînement était surtout centré sur le contrôle de son héritage clanique, voulant plus que tout apprendre à le contrôler pour pouvoir éviter de porter atteinte aux autres. Je reconnaissais là très bien un jeune homme dédié corps et âme à son entraînement et m’en voulus de lui avoir reproché son zèle quand bien même que c’était à la blague. Au moins, le Sabakyô ne sembla pas s’en faire et avait même ajouté que grâce à ma présence ce dernier pourrait avancer encore plus rapidement. J’aimais l’optimisme du jeune homme et à cet instant je pris la décision de faire tout pour préserver cet optimisme chez le jeune homme. Si j’y parvenais, il deviendrait non seulement un shinobi déterminé, mais en plus d’une débrouillardise hors-pair. Mais avant tout cela passait la maîtrise des gaz héréditaires à son clan, puisque cela serait à travers cela que je pourrai l’épanouir.

Quand j’essayai d’en savoir un peu plus sur le jeune homme, ce dernier me rappela son intérêt pour les monuments en plus de rajouter cette fois-ci que ce dernier lisait beaucoup et appréciait la politique. Si toutes ces choses étaient nouvelles pour moi, d’une certaine façon je n’étais pas surpris par ce que j’apprenais puisque cela ne faisait que confirmer l’impression que je m’étais fait du jeune homme, soit celle d’un jeune homme observateur et très analytique. Il était le genre de jeune homme à rester en arrière et observer son ennemi plutôt que de se lancer dans la ligne de mêlée. Encore une fois, je me rendais encore plus compte des différentes entre le Genin et moi, mais mon instinct me disait que c’était exactement ce dont il avait de besoin afin de s’améliorer. C’est alors que, soudainement, mon nouvel m’élève y alla de lui-même avec une question et me demanda d’en savoir un peu plus sur mon clan. Lorsque j’entendis cela, un large sourire se fendit sur mes lèvres. Je ne m’étais pas attendu à ce que Ren-kun veuille en savoir plus sur les Inuzuka, mais c’était toujours un plaisir pour moi de parler de mon clan aussi m’empressai-je de lui répondre.

- Avec plaisir! Sauf que… par où commencer? Ah tiens, puisque tu aimes tout ce qui est politique, tu seras peut-être intéressé de savoir que je suis le chef du clan que l’on appelle entre nous le Chef de la Meute. L’ensemble du clan, nous nous considérons tous comme une grande famille et avec la compagnie de nos amis à quatre pattes c’est pratiquement comme une… comme une meute. Cela dit, ça ne fait pas si longtemps que cela que je suis à la tête du clan, cela fait presque un an! Heureusement, je sais que je peux compter sur tous les membres de la Meute puisque ces derniers m’ont tous reconnu comme leur chef. C’est difficile à expliquer – comme beaucoup d’autres choses lorsque cela touche notre relation avec nos ninkens – mais ce genre de lien, une fois soudé, ne se rompt pas facilement.

Je pris une petite pause, plus pour reprendre un peu mon souffle que pour laisser le temps au jeune homme d’assimiler mes paroles. En effet, ce dernier absorbait mes paroles comme personne auparavant et démontrait une véritable curiosité pour mon clan; je pouvais le voir dans son regard. Il était tellement avide de savoir que cela me prenait un peu au dépourvu quant à la suite. Je me doutais que si je lui demandais ce qu’il voulait savoir il me répondrait sûrement qu’il voulait tout savoir – ce qui ne m’avançait strictement nulle part – aussi pensais-je à ce qu’on me demandait le plus souvent : mes ninkens.

- Le lien que je partage avec mes ninkens, toutefois, est bien différent de celui du reste de la Meute. Pour moi, ils sont plus que des animaux, ils sont des frères qui sont toujours à mes côtés. Une partie de ma conscience est connectée à la leur d’une façon unique en son genre, qui me permet de travailler en symbiose avec eux sur le terrain. Nous vivons ensemble, nous mangeons ensemble, nous nous battons ensemble. La devise de notre clan est après tout « Le loup se déplace toujours en meute »; je crois que cela s’applique bien à notre situation.

Je me tus, la bouche commençant à devenir sèche à force de parler. Je ne me lassais jamais de parler du clan ou encore de mes ninkens, mais je sentais que l’on s’éloignait un peu du sujet de la discussion et qu’on parlait un peu plus de nous que du clan. Peut-être que maintenant que j’avais introduit un peu le clan cela avait éveillé sa curiosité sur un autre sujet, je le laissais maintenant s’exprimer.