Quelques temps après la création de Kumo… An trois

Hakushi Shadis

Un homme d’âge mûr bien connu de bon nombre de ninjas du village de la Foudre se tenait aux portes du village. Il s’agissait d’un Hakushi, ancien vétéran de guerre. Un homme ayant combattu par le passé férocement pour les siens, les menant de façon indirecte, à travers ses actions, à disposer d’une stature honorable au sein de ce village ninja nouveau. Oh, bien sûr, il n’était alors ni le Hakushi le plus célèbre, ni le plus puissant, mais en lui étaient réunies assez de qualités pour que même quelqu’un qui n’y s’y connaissaient pas puisse aisément identifier en lui un grand ninja. Cependant, curieusement, malgré la route toute tracée qui s’ouvrait à lui au sein de son clan et même du village, lui, se distinguait de bon nombre de ses homologues par une stricte discipline et une volonté ferme d’agir tel que le code ninja l’avait toujours souhaité : avec discrétion et efficacité.

C’est avec cet homme que j’avais rendez-vous. Une première depuis ce jour où nous nous étions rencontrés sur le champ de bataille. Un autre récit narre cet épisode. Un récit qui explique pour quelle raison l’Hakushi, comme d’autres avant lui, ont eu à identifier le talent enfoui en moi et à espérer faire de moi un meilleur ninja que je ne l’étais. Entrainé à la dure par les miens, j’avais déjà appris énormément des miens. Je connaissais, dès la création de Kumo, pour ainsi dire, quasiment toutes les techniques classiques du clan, quand bien même je ne disposais pas toutes ces techniques dans mon « répertoire ». En comprendre l’essence était déjà suffisant pour le gamin que j’étais. La dizaine à peine… Encore insouciant, quoique déjà familier avec les affres de la guerre, je bénéficiais à cette époque-là, et peut-être même encore à l’heure actuelle, de ce pouvoir qui permet à bien des gens de toujours trouver le moyen de s’élever au-delà des atrocités de la vie : l’oubli… Une belle arme pour un orphelin.

J’étais donc arrivé après l’Hakushi. En trottinant sourire espiègle sur les lèvres. La période de paix au sein de Kaminari et la création du village de Kumo m’emplissait de joie et d’un optimisme sans bornes. Moi qui déjà étais d’humeur enjouée de nature… Arrivant aux côté de celui qui, de fait, se trouvait être mon senseï, je le saluais avec énergie

_ Ohayo Sempaï ! Comment-allez-vous ?

Yeux mi-clos à la façon des petits chenapans que nous voyons souvent dans les mangas, je souriais de mes 32 dents honnêtement très content de revoir cet homme qui par le passé m’avait déjà promis de m’aider dans ma progression en tant que shinobi et certainement en tant qu’homme.

_ Moi ça va ! La pêche !

Je continuais à lui servir mon large et honnête sourire puis j’enchaînais :

_ J’ai souvent entendu parler de vous ! Et comme j’ai entendu dire vous étiez très occupé avec la création du village, j’ai cru que jamais vous n’alliez avoir le temps de vous occuper de moi !

L’homme me répondit en me caressant la tête tandis que son regard perçant posait un regard plus ou moins doux sur moi. Peut-on s’imaginer un seul instant Shadis en train de regarder quelqu’un avec un regard doux ? Je ne sais pas vous… Mais moi, il me semble que c’est impossible.

_ Oui Law ! Content de te revoir aussi… Tu l’as compris, j’étais pas mal occupé ces temps-ci. Mais là je pense que j’aurais bien un peu de temps pour toi et un autre de tes camarades qui ne devrait plus tarder.

Je regardais automatiquement partout à gauche et à droite afin d’en savoir plus sur ce fameux camarade. Ainsi on ne serait pas tous seuls. Ne voyant personne approcher, je demandais alors au Sempaï d’un ton où pointait la curiosité :

_ C’est un gars que vous avez rencontré sur le champ de bataille aussi ? Un enfant ?

Le Hakushi rigola et me servit un sourire en guise de réponse. J’allais l’apprendre avec le temps, Shadis ne répond pas forcément à toutes les questions qu’on lui pose. Pourquoi ? Bah parce que le bonhomme est ainsi fait ! Pour ma part, il ne restait plus qu’à patienter un peu. Imaginez la torture… La patience pour un gosse, semi-ado de 13 ans !

Le ninja que nous attendions était enfin arrivé. Un enfant, comme moi, avec une bonne bouille du mec sympa. Enfin, il n’avait pas l’air d’être aussi espiègle que moi. On aurait dit un premier de la classe. Ou du moins un petit crack. Cheveux blancs, yeux expressifs, il me semble que je pouvais voir rayonner en lui une certaine forme d’innocence. C’était probablement un aspect de façade. Les ninjas bien souvent paraissent plus qu’ils ne sont. Et derrière leurs attitudes, postures, mises ou réflexion de façade, généralement se cachent de froids calculateurs ; des gens capables du plus grand bien, comme de la plus grande vacherie, du meilleur comme du pire. Pour ma part, j’étais encore jeune, quelque peu inexpérimenté. Sur la vie en générale bien entendu. Parce qu’en terme de bastons guerres et autre, tous ceux qui ont vécu la grande guerre en connaissent un bon bout de ses atrocités. Du coup compte tenu de mon jeune âge à l’époque et de mon tempérament, j’avais accueilli le nouveau venu avec enthousiasme et énergie.

_ Hello ! Moi c’est Law ! Bakushô Law et toi ?

Il me sembla que notre sempaï, Hakushi Shadis, observait tout ceci avec beaucoup d’amusement. C’est d’ailleurs lui qui répondit à la place du nouveau venu.

_ Izaya qu’il s’appelle. Bonjour à toi… Les présentations étant faîtes, nous allons y aller ! Vous aurez le temps de poursuivre en chemin.

Aussitôt dit, aussitôt fait ! Le ninja effectua des mudra et créa un aigle de papier. Un volatile très grand, avec une énorme envergure ; assez pour tous nous supporter. D’ailleurs chose amusante, nous disposions de siège sur ledit oiseau. Trois. Un pour chacun donc avec largement de quoi se cramponner en cas de mouvement brusque. Parfait !

_ Je sais en faire un aussi Sempaï !
_ Je sais bien, mais je te suggérerai de garder ton chakra. Tu en auras certainement besoin !

Je le regardais de mes yeux ronds en sautant le premier sur l’oiseau. Je voulais la place la plus avancée. Shadis ne dit rien et s’installa après qu’Izaya soit monté également. Ensuite, dans un déploiement d’ailes majestueux, l’aigle s’éleva dans les airs. D’abord par le biais d’un vol stationnaire, nous avions pris de la hauteur, ensuite nous nous étions mis à avancer en direction de l’ouest.

_ Ou va-t’on sempaï ?

Avais-je demandé assez surexcité ! On aurait dit que l’on se rendait à une excursion. Une sortie de classe. Sauf que nous ne formions pas une classe Izaya et moi. Nous ne formions même pas encore un groupe ou une équipe. Enfin pas encore. Qui sait ? Shadis m’avait répondu d’un ton amusé :

_ On va dans les marais passer quelques jours. Le temps de nous entrainer un peu à développer vos capacités… Celles qui me semblent les plus… prononcées chez vous…

J’étais obligé de lâcher à nouveau un « OH !!!! » d’étonnement ! Si j’avais pu sauter de joie je l’aurais fait.

_ On va vous affronter Sempaï ? J’ai hâte de savoir si cette fois je pourrais vous vaincre !

J’étais présomptueux, je le savais. Nous nous étions déjà affronté au cours d’une bataille entre Bakushô et Hakushi. C’était avant la réunification des clans. Et ce jour-là Shadis m’avait vaincu et avait épargné ma vie. J’avais pu mesurer une partie du gap nous séparant lui et moi et j’étais bien conscient qu’il était énorme. En guise de réponse, il m’avait servi un laconique « Peut-être ! »…

_ Et c’est quoi qui est ma meilleure aptitide ? Le Bakuton j’imagine ?
_ Tu penses ? Je crois que tu te débrouilleras très bien seul ou avec les membres de ton clan pour améliorer cette capacité… Non je te serai plus utile sur autre chose.

J’avais immédiatement compris de quoi il parlait. C’était évident. Lors de notre affrontement une compétence que je maîtrise et sur laquelle il m’avait complètement damé le pion, c’était bien le fuinjutsu. C’est à tous les coups ce que nous allions tenter de développer ! Il est désormais certain que nous n’allions pas nous faire chier dans les marais. Un endroit que j’aime pas trop, mais bon ! On va s’adapter !

Nous avions dépassé le lac le plus au sud de Kaminari no Kuni : Tanigawa. Je savais que juste après, se trouvaient les marécages. Je n’y m’étais pas encore rendu, mais l’apprentissage de la carte de ce qui constituait dorénavant le pays de la Foudre m’avait permis de savoir que là se trouvait un endroit à la fois délaissé et pourtant stratégique du village. C’est là que plusieurs installations défensives du village pourraient dans un futur proche être placées. C’était indéniable. Du haut de ma courte expérience, j’avais appris qu’en temps de guerre, c’est souvent là où l’on n’attend pas l’ennemi qu’il surgit. Et donc, nécessairement, un jour ou l’autre ces marécages seraient utilisés à bon escient. Pour l’heure, c’est dans cette zone « désertique » que nous allions nous entraîner. Nous avions survolé le marécage pendant quelques minutes avant d’amorcer l’atterrissage. Vu de haut, j’avais bien remarqué que nous allions directement entrer en plein cœur de ce no man’s land.

Je descendis le premier du volatile du Hakushi, bien motivé à l’idée de commencer. La terre était ferme quand bien même, devant nous, la végétation particulière de cet endroit s’étalait devant nous. Des plantes aquatiques, sans tronc fixe comme partout ailleurs dans Kaminari. Ici c’était des troncs –si on peut l’appeler ainsi – fins et tortueux. Beaucoup de lianes et d’arbres et d’arbustes touffus. Inutile de dire qu’il faisait plutôt sombre ici. Quoi qu’il en soit, je n’avais nullement peur. Surement que des civils à ma place auraient eu la trouille. A ça oui. Mais quand vous êtes un minimum fort –tout est relatif cela dit – vous avez un poil confiance en vous et du coup vous êtes moins sujet à la peur ou encore au doute.

_ Alors ? On fait quoi ?

Shadis me regarda, toujours sourire amusé. Il laissa Izaya descendre avant de récupérer, sous forme de cartes, tous les papiers invoqués pour créer le volatile. Ensuite, il exécuta une technique, invisible, sur le sol des marécages. J’avais pu ressentir une certaine quantité de chakra utilisée. Une quantité qui dépassait mon niveau, il faut le dire. Je le regardais de gros yeux, intéressé par la technique qu’il venait d’exécuter. Une technique fuinjutsu… En tant qu’utilisateur de sceau, je savais bien les reconnaître ces machins-là.

_ C’est pourquoi la technique sempaï ?
_ C’est juste pour vous localiser aisément.
_ Okay ! Vous pensez qu’on va vous perdre de vue Sempaï ?
_ Il ne tient qu’à vous de le faire… BIEN ! L’exercice est plutôt simple… Il consiste à un affrontement entre vous deux. Law, tu n’utiliseras pas de techniques Bakuton trop puissantes… Ne visez pas non plus les points vitaux l’un de l’autre.

Une courte pause il enchaîna :

_ Mais dans un premier, Izaya, tu as le droit de te cacher si tu le veux. Quand à toi toi Law, selon la décision d’Izaya, t’auras 15mn à patienter avant de le chercher. Bien entendu, ma technique permet de savoir si tu utilises ton chakra ou pas et où est-ce que vous vous trouvez… Donc pas de tentatives de triches… Des questions ?

Pour ma part je n’en avais aucune. Je me contentais d’observer Izaya. Il allait donc se cacher et moi, je devais tenter de le débusquer. Je m’y connaissais en sensorialité, mais j’avoue que je n’étais pas le meilleur en la matière. Est-ce que cela voulait dire qu’Izaya était plus nul que moi ? Nul ne sait.

_ Ok Izaya. J’attends ta décision donc…

En position de démarrer le fight séance tenante, je patientais…

Nous atterrîmes en plein milieu du marécage. Le vol de l’oiseau de papier de maître Shadis possédait de la même grâce et maîtrise que celui d’un véritable aigle. A peine pouvait-on sentir que l’on avait été à plusieurs dizaines de mètres au-dessus du sol, si les odeurs nauséabondes qui s’en échappaient n’étaient pas là pour nous le rappeler. Ici ou ailleurs, les marécages semblaient être tous les mêmes. J’avais côtoyé des marécages toute ma vie à Shimo no Kuni. Le sud du pays en étant recouvert, faisant de ces terres un territoire totalement inexploitable. Un mélange d’eau croupie et de fermentation qui vous prenez à la tête et vous mettez mal à l’aise. Lors des jours de vent fort en direction du nord, on pouvait sentir dans toute la ville – voire même dans tous les pays – les effluves provenant du sud. Les habitants du pays du Givre s’étaient fait à cet environnement, mais je n’ai jamais réussi à m’y habituer. Nostalgie et malaise se mélangèrent pour donner une sensation désagréable. C’était comme revivre l’enfer que je venais tout juste de quitter, sans pour autant vraiment y être.

Une fois descendu, la création de maître Shadis reprit sa forme de feuille de papiers et revinrent vers lui. Il exécuta ensuite une série de mudras, mais rien ne se produit. Suite à la question de Law, maître répondit qu’il s’agissait d’une technique permettant de nous localiser plus facilement. Avait-il peur que l’on se perde dans cette immensité de marais ? Enfant, j’entendais souvent mes parents parler de nouveaux disparus dans les marécages du Sud. Des inconscients ou des touristes ignorant les dangers que représentaient ces terres désolées.

L’Hakushi nous expliqua que notre entrainement consisterait en un combat entre Law et moi. Le Bakushô avait cependant un handicap : il n’avait pas le droit de se servir de techniques de son kekkei Genkai trop puissantes. A cette époque, ma maîtrise du métal était encore très limitée et je ne pouvais pas l’utiliser en combat. Ainsi je devais uniquement me reposer sur mon Genjutsu, et les quelques techniques de Raiton en ma possession. Nous n’avions évidemment pas le droit de viser les points vitaux de l’autre, ce combat devait rester en entrainement. Enfin, maître Shadis me proposa de me cacher, un autre handicap pour mon adversaire qui devait donc être bien plus fort que moi. J’aurai logiquement dû accepter sa proposition, mais j’avais bien trop d’égo et de fierté pour agir ainsi. De plus, il s’agissait là de mon premier vrai combat. En situation réelle, je ne disposerai pas de tels avantages, alors autant commencer avec de bonnes bases.

« Aucune question maître. »

Law me demanda si j’avais fait mon choix, question à laquelle je répondis franchement.

« Je ne me cacherai pas. »

Je mis une dizaine de mètres de distances entre nous puis attendit le signe de mon maître pour commencer les hostilitées. Law ne connaissait pas mes capacités et je devais profiter de cet avantage autant que possible. Derrière son caractère agité, je percevais un esprit vif. Le sous-estimer serait surement la plus grande erreur que je puisse commettre. Le signe de départ donné, je fis une suite de mudras et commençai par déstabiliser le sol sous les pieds du genin. Celui-ci devint aussitôt mouvant, sensation accentuée par mon Genjutsu puisque ma seule maîtrise du métal – quasi inexistante – ne suffisait pas. Saisissant un kunaï, auquel j’avais mélangé mon chakra Raiton, je l’envoyai aussitôt vers lui. Je pourrai ainsi voir quelles étaient ses capacités, et agir en fonction de ses réactions. Law devait avoir beaucoup plus d’entrainement que moi et j’avais donc un handicap d’expérience en plus d’avoir un handicap de talent. Mais qu’importe, j’étais bien décidé à rattraper mon retard.

Le petit garnement agité et plein de vie que j’étais s’attendait à ce que son adversaire opte pour la fuite et la cachette tel qu’elles lui avaient été proposés par Shadis. Mais Izaya ne fit ni l’un, ni l’autre. Il préféra demeurer en face de moi et me combattre comme un homme. Je lui fis un sourire large en guise d’approbation de sa démarche. Je ne sais pas en réalité ce que j’aurais fait à sa place. Peut-être me serais-je caché juste par espièglerie ? Peut-être aussi aurais-je fait comme lui et me serais-je planté comme « i » droit dans mes bottes. Faut voir. Le contexte influence de beaucoup les décisions que nous prenons. Quoi qu’il en soit, si Izaya avait pris l’option de ne pas fuir, alors il devait être certain de disposer de quelques atouts lui permettant ce face à face.

Me mettant sur mes gardes, j’adoptais une posture qui me permettrait, avec un peu de chance, de ne pas me faire enchaîner par mon compère. Si jamais sa maîtrise du taïjutsu était supérieure à la mienne, alors j’étais dans de beaux draps. Le cas contraire, il faudrait s’attendre à un face à face plus qu’intéressant. Les coups allaient pleuvoir dans tous les sens. Effet garanti !

_ On va bien s’amuser je le sens héhé !

J’étais optimiste, quand bien même je n’avais pas le droit d’utiliser mon argile explosive. Encore heureux pour mon adversaire, je n’étais guère certain qu’il avait de quoi survivre à une explosion sincèrement. Izaya venait de mettre une certaine distance entre nous, comme s’il craignait que je sois meilleur que lui en taïjutsu. Etait-ce une feinte ? Quoi qu’il en soit, mon adversaire se mit à exécuter des mudra. Pour ma part je me déplaçais en demi-cercle autour de lui, histoire de me préparer au premier assaut. Quelle ne fut ma surprise de constater que c’est à travers le sol que provint la première salve. Une attaque, ou plutôt une technique déstabilisante de faible niveau, qui eut toutefois le loisir de me faire perdre un seconde d’attention. C’est beaucoup une seconde en combat. C’est là que je vis que mon adversaire venait de me créer une aura de type raiton sur un kunai qui m’était destiné. Je n’avais guère eut le temps d’esquiver à proprement parler ledit kunai. Néanmoins, j’avais pu éviter de me le prendre de plein fouet. L’arme renforcée me déchira l’épaule l’engourdissant au passage.

Je serrais les dents tout en me forçant à mon tour à exécuter une technique. Dans ma tête, je m’obligeais à me rappeler incessement la règle d’or :

*Pas de bakuton ! Pas de bakuton ! Pas de bakuton ! Pas de bakuton !*

Je venais d’activer une technique de sensorialité me permettant d’avoir un certain timing par rapport à mon adversaire et à mon environnement direct. J’étais dorénavant prêt à éviter les prochaines attaques louches que l’on tenterait de me faire subir. Pour le reste je devais improviser. L’enchainement qu’Izaya venait d’effectuer était vraiment pas mal. A moi d’essayer de trouver le moyen de lui sortir un combo pareil. Seulement, il me faudrait peut être pour cela du temps d’autant plus que je sentais que ma main ne répondait plus aussi vite que je le souhaitais.

*Fichu kunai !*

Spoiler:

La tension était palpable et Law semblait impatient de commencer les hostilités. Le Bakushô prenait ça pour un jeu tandis que pour moi il était question de bien plus. Mon incapacité à maîtriser mon métal, je maudissais ma propre faiblesse qui m’avait apporté tant de souffrances. Mais aujourd’hui, j’avais enfin l’opportunité de changer le cours du destin et de tracer mon propre chemin.

Law avait commencé à se déplacer, traçant un demi-cercle autour de moi probablement pour esquiver ma première attaque. Mais ma déstabilisation – bien que faible – eut l’effet escompté. Le Bakushô perdit sa concentration l’espace de quelques secondes, surpris par la terre qui semblait se dérober sous ses pieds et mon kunai renforcé avec mon Raiton lui lacéra l’épaule et engourdit son membre. La paralysie ne serait que temporaire et il fallait donc que je profite de l’avantage pour en finir le plus vite possible. Plus le combat tarderait plus mes chances s’amoindriraient et j’étais bien déterminé à gagner mon premier combat.

Law fit une série de mudras tout en courant mais celle-ci ne donna lieu à aucune suite. J’en déduisis donc qu’il devait s’agir d’une technique de Taijutsu, de Fuinjutsu ou encore de Sensorialité. Il me paraissait alors évident que le Bakushô ne maîtrisait pas le Genjtsu. Ce genre de chose se voit au premier coup d’œil, surtout pour quelqu’un ne maîtrisant que cet art. On apprend vite à reconnaitre ceux de la même espèce que nous… Mes pensées défilaient les unes après les autres, cherchant dans les options qui se présentaient à moi celle qui me permettrait d’en finir le plus sans pour autant gaspiller mon chakra. Le Genjutsu est l’art des illusions. Toute sa puissance réside dans la méconnaissance de l’ennemi en cet art ainsi que dans les techniques que l’on possède. Et c’est en suivi cette idée qu’un plan me vint en tête. Je fis une suite de mudras puis tendit ma main vers ma cible. Un éclair blanc en jaillit et fondit à toute vitesse sur la position de Law. Aussitôt, je fis une autre série de mudras, caché par la lumière que provoqué ma première attaque qui vint paralyser les jambes de ma cible. Law avait dû ressentir qu’un éclair provenant de son épaule blessée avait parcouru son corps et descendre jusqu’à ses jambes. Mais il s’agissait en réalité d’une illusion visant à lui empêcher toute esquive.

« LAW ! »

Quelques instants plus tôt j'avais envoyé un fumigène à ma gauche prêt de la marre qui semblait s'étirer sur une bonne partie du terrain. Tout en criant son prénom, j'avais effectué une série de signe visant à activer une autre Genjutsu. Mon attaque combinée devait avoir suffi à attirer son attention et me faire oublier. Le terrain marécageux était composé d’une multitude de flaques. La bombe explosive dans l’une d’elle me permettrait de mimer ma plongée dans l’eau boueuse. Le timing se devait d’être parfait. Mes mains toujours occupé, je courus en direction de mon fumigène et sauta au dernier moment dans le nuage qui recouvra la zone quand il explosa.

Cette deuxième série d’attaque avait grandement attaqué mes réserves d’énergies et je sentis brusquement le contre coup. Essoufflé, fatigué, je m’éloignais progressivement de la menace tout en gardant un œil sur la réponse qu’il apporterait à mon attaque combinée.

Etat:

Spoiler:

Je me sentais soudainement comme vidé d’une partie de mon énergie. Je connaissais déjà la fatigue physique, mais jamais je n’avais enchainé à un tel rythme les techniques. Bien décidé à gagner, il fallait que je continue à attaquer mon adversaire sans relâche et que je réfléchisse à un moyen de mettre un terme à ce combat. Quelle fut ma surprise lorsque je vis Law esquiver ma lance de Raiton avant que mon Genjutsu ne fasse effet. Normalement, il n’aurait pas eu avoir le temps de réagir. Mes expériences en combat était plus que limité, de même que mes connaissances. Les cours – qui avaient commencé peu après mon arrivé au village – m’avait permis de mieux la doctrine militaire et les différents arts ninjas.

Taijutsu : l’art du combat au corps à corps, comprenant aussi le Kenjutsu, la maîtrise des armes. En un sens, le Taijutsu qui ne se base que sur le Yang est l’exact inverse du Genjutsu, art n’affectant que le Ying.
Sensorialité : Maîtrise des techniques visant à augmenter la perception des cinq sens. Techniques de camouflages et d’anticipation.

Telles étaient écrites les définitions de ces deux arts dans mon cahier. Pour esquiver mon combat, Law devait posséder l’une ou l’autre. C’était maintenant une évidence, Law était bien plus fort que moi. Le Bakushô se battait sans son Kekkei Genkai et la victoire était loin d’être gagnée. Si jamais il parvenait au corps à corps, ce serait la fin pour moi. Le Genjutsu était la fois ma force et ma faiblesse. Ma force car bien maîtrisé c’est un des arts les puissants. Ma faiblesse car une fois que l’ennemi l’a compris, les illusions doivent être parfaite sans quoi elles seront découvertes.

Caché dans mon illusion, je regardai le Bakushô ses jambes immobiles, une jambe au sol après l’esquive qu’il avait effectué de mon attaque de Raiton. Grommelant, il restait là devant moi telle une cible qui n’attendait que d’être abattue. S’il était un ninja sensoriel, alors il pourrait aisément détecter ma présence. Me cacher ainsi était une erreur qui pourrait révéler mes Genjutsu. Et si Law parvenait à l’apprendre, il pourrait partir du principe – à raison – que mes techniques sont quasiment toutes des illusions. Marchant d’un pas prudent en m’éloignant de mon adversaire, je dessinai maintenant un arc de cercle autour de sa position. Ma prochaine attaque devait être décisive et je n’avais pas de temps à perdre en réflexions inutiles. Chaque seconde passée ainsi à ne pas l’attaque lui laissait le temps d’élaborer une stratégie. Je n’ai pas d’expérience en combat et je n’ai pas non plus de talents intellectuels particuliers. Je comprends lentement et ai du mal à apprendre. Plus je combattais, plus je comprenais mon impuissance.

Secouant la tête, j’envoyais voguer aux loin ma tristesse et ma frustration et fixai mon ennemi d’un regard empli de haine. Si le destin en avait décidé ainsi, alors je le combattrais. Je prouverai à tout le monde ma valeur, je prouverai à tout le monde que je peux y arriver. Je vous prouverai, mes chers parents, que vous avez eu tort. Mes mains bougèrent au rythme des mudras et je lançai un nouveau Genjutsu sur mon ennemi. L’environnement changea brusquement, les marais laissant place à un enfer de feu et de cris de souffrances. Nous nous tenions au centre d’un cercle de pierre. D’une dizaine de mètres de diamètres il était entouré d’un anneau de lave au-delà s’étendait des champs de ruines et de morts. Une ville embrasée où l’on pouvait voir les corps encore fumant des malheureux qui s’y trouvaient avant. Je pris quelques instants pour balayer l’horizon du regard. Respirant à pleines narines l’odeur nauséabonde de mort qui emplissait l’air, mon regard vint se poser sur celui de ma cible. Law se tenait au centre du cercle, attaché sur un poteau. Debout juste à côté de lui, ma main vint lentement se faufiler dans ma sacoche et en extirper un KunaÏ. Ses mots et ses cris ne pouvaient m’atteindre, j’étais comme plongé dans mon illusion. Plongé dans mon rêve de vengeance. Plongé dans ma folie meurtrière. Jamais plus je ne serai un faible. Jamais plus quelqu’un me regardera de haut. Jamais plus je ne me laisserai battre.

Alors que mon kunaï se rapprochait lentement de sa gorge, l’illusion se brisa. La lave fut remplacée par l’eau, et le cercle de pierre par la boue. Au loin l’on pouvait à nouveau voir les marécages s’étendre. Dans l’horizon, le soleil se couchait, tirant peu à peu sa révérence. Epuisé, pris d’une violente douleur à la tête, je m’écroulai sur le sol. Law et moi n’avions pas bougé durant cette minute. Un bras à terre, je sentais la sueur dégouliner sur mon front et mes mains. Ma main libre vint se poser sur mon front et je laissai échapper un soupir de douleur. J’avais perdu.

La rage qui me nourrissait alors s’amplifia et je frappai le sol de toute mes forces. Des larmes de colères coulèrent sur mes joues. La tête basse, je n’osai pas croiser le regard de mon maître et de Law, trop honteux de n’avoir su tenir ma nouvelle illusion.

J’étais encore planté là à espérer détecter à temps d’où proviendrait la prochaine attaque. J’avais bien détecté mon adversaire. Mes sens m’indiquaient qu’il avait disparu de ma vue, mais qu’il se trouvait bel et bien devant moi. Quelque part, j’étais persuadé, par ce fait, avoir affaire à un Dentô. N’étaient-ils pas les seuls à maîtriser l’extinction de toute lumière ? Alors que je pensais à cette idée, tout en revoyant mentalement tout le combat que nous avions réalisé Izaya et moi. Pour l’heure, je n’avais aucune raison de penser qu’il disposait du pouvoir de plonger ses adversaires –moi en l’occurrence – dans des illusions. Non. Je ne l’avais vu réaliser que des techniques sommes toutes plausibles et réalistes dans un contexte de combat réel. A aucun moment il ne m’avait mis la puce à l’oreille. A aucun moment je n’avais pu saisir que j’étais piégé dans une illusion. Le tout était si finement joué…

Anxieux, je m’attendais à tout, sauf à encaisser une attaque d’une puissance aussi… colossale. D’un coup l’environnement immédiat changea du tout au tout, me plongeant dans une stupeur sans nom. Je venais de comprendre, je venais de saisir la supercherie, mais il était trop tard. J’étais plongé dans un océan de flammes attaché à un poteau lui-même insensible aux flammes. La douleur vive que je ressentis sur le champ fut si puissante que je fus bien obligé de l’extérioriser par un hurlement ponctué d’un long râle ; un râle pareil celui que produirait un homme en pleine agonie. Peut-on exprimer la douleur que l’on ressent dans pareilles circonstances ? Je ne pense pas que les mots humains soient assez puissants pour le décrire. Plusieurs fois j’eu le sentiment que j’allais crever en passant par la case coma directe tant la douleur était ominprésente. On aurait dit que ma peau, puis mes os, chaque parcelle de mon être était vouée aux flammes. Au beau milieu de ce calvaire, je le vis… Lui, Izaya, kunai à la main, insensible à l’environnement et pourtant prêt à m’ôter la vie. Une partie de moi était bien consciente que tout ceci n’était que du pipeau, mais l’illusion était si puissante… Et s’il me tue, y aura-t’il des répercussions dans la vie réelle ? Pour autant, comme plongé tout entier dans un volcan en éruption, je préférais mourir et mettre fin aux douleurs s’emparant de mon être plutôt que de continuer ainsi. Ni l’un, ni l’autre finit par arriver. L’illusion fut rompue aussi subitement qu’elle avait été enclenchée.

J’eus tout juste le loisir de voir Hakushi Sempaï entre nous, le regard furieux, avant que je ne m’évanouisse. Quel enfant, aussi puissant soit-il, saurait encaisser une attaque pareille ? Une technique d’un niveau ultime sinon proche de ce niveau. Pourquoi ? Pourquoi Izaya a-t’il fait cela ? Je sombrais dans les vapes dans la plus totale incompréhension.

_ Qu’est ce qui t’a pris ? Tu n’avais pas besoin de lui infliger une technique aussi brutale !

Le ton de l’Hakushi virait à la réprimande. Dès lors qu’il avait remarqué que le Bakushô s’était mis à trembler, comme pris de spasmes, il avait compris. Il avait compris qu’on lui avait subir un technique non réglementaire comme on dit. Tentant de le réveiller, Shadis finit par invoquer deux aigles géants de papiers. Il ordonna à Izaya de grimper sur l’un et il porta le Bakushô sur l’autre avant de grimper sur le même volatile. Tous s’envolèrent pour Kumo. Ils en avaient assez fait pour aujourd’hui.