Environ six mois s’étaient écoulés depuis ma promotion au rang de Genin.
Et depuis ce jour-là, je n’avais cessé de m’entraîner, jour et nuit, malgré la chaleur, les missions et la fatigue. Je prenais mon nouveau rôle très au sérieux, bien que parfois j’avais l’impression que ce « métier » n’était vraiment pas fait pour ma personne. Cependant, je m’accrochais grâce cette promesse … celle que j’avais fait à ce bon « vieux » Ogami. Puis au-là même de cette promesse, c’était un peu lui qui m’avait poussé sur ce chemin de shinobi, certes indirectement, voire même involontairement, mais cela n’empêchait pas qu’il soit à l’origine de ma motivation à intégrer le corps militaire du village.

Il n’était donc pas question de faire marche arrière, bien que parfois, je l’avoue, il m’arrivait d’y songer - à cause de toutes ces horreurs qu’on était parfois amené à faire - mais ce n’était « pas plus mal » car on les faisait pour « protéger » les nôtres.

J’en convins que - pour une personne désirant ardemment la paix - ce n’était pas la bonne mentalité à adopter. Cependant, je préférais, du moins pour le moment, rester réaliste. Je n’avais ni la force ni le rang nécessaire pour faire prévaloir ma vision. Tout ce que je pouvais faire c’était d’obéir, tout en veillant à ne pas aller à l’encontre de mes principes. Chose que je faisais plutôt efficacement, du moins jusqu’à présent. Mais un jour viendra, où ma vision sera connue de tous ; elle sera respectée et approuvée par les nôtres et elle fera réfléchir les autres nations, les invitant peut-être même à s’y conformer. Trop idéaliste, trop utopiste, vous pensez .. mais vous verrez …

Pour le moment, je devais me concentrer sur le moment présent, c’est-à-dire sur l’entraînement que je comptais entreprendre. Je me devais de maîtriser parfaitement mon don et de développer de nouvelles techniques afin de parfaire ma défense. Nulle doute que c’était elle qui me permettra d’atteindre mon objectif de paix, c’est-à-dire l'adoucissement des coeurs et la pacification du « monde ». Certes, cela allait demander beaucoup d’entraînements, de temps, d’efforts et de sacrifices de ma part, mais j’en étais conscient et cela ne me démotivais pas pour autant.

Bref, il était temps de débuter cet entraînement.
Il était environ huit heures du matin lorsque j’arrivais sur le terrain de l’académie. Comme d’habitude, à cet heure-là, il n’avait pas l’ombre d’une personne. J’esquissais un très léger sourire à l’idée de m’entraîner sans être dérangé. Je déposais ma veste et mon petit déjeuner près d’un rocher et je m’approchais, un pas après l’autre, d’un mannequin en bois. C’était l’heure de l’échauffement ! Je retroussai légèrement les manches de ma chemise, puis je fonçai sur le mannequin, lui décrochant plusieurs droites pour commencer. J’enchaînai ensuite avec plusieurs coups de pied, puis des dizaines d’autres coups poings successivement et très rapidement. Je m’arrêtai lorsque je sentis la température de mon corps grimpé et qu’une petite goutte de sueur commençait à apparaître sur mon front.

Désormais, j’estimais être assez « chaud » pour commencer à m’entraîner sérieusement. Les yeux fermés, je me plaçai au sommet d’un rocher et je me concentrais sur mon souffle. C’était une étape très importante, car, selon mon grand-père, mon affinité était très complexe et demanderait beaucoup de concentration et surtout une forme d’harmonisation avec la nature. Qu’il ait raison ou non, cela n’avait pas d’importance car depuis qu’il m’avait initié à cette « méditation », j’éprouvais une grande sensation de bien-être et j’y prenais un très grand plaisir à la pratiquer... tous les jours.

Bref, j’expirais et j’inspirais lentement et régulièrement pendant plusieurs minutes. Dès que je me sentis calme et en paix avec moi-même, je posais mon genou gauche et mes deux mains contre la surface du sommet du rocher et je tentais de cristalliser entièrement ce dernier en me servant de mon affinité. C’était un exercice très délicat, qui ne m’avait hélas jamais réussi .. mais je ne désespérais pas, tous les jours je passais par cette étape, pensant que j’y parviendrai un jour à franchir ce premier cap.

Soudain, alors que je pensais que ma concentration avait atteint son paroxysme, je fus hélas déconcentré par la présence d’une personne « suspecte ». Lorsque je portais toute mon attention sur elle, je me rendis compte qu’il s’agissait d’une jeune demoiselle, et elle semblait en avoir après mon petit déjeuner. Du moins c’était l’impression qu’elle me donnait .. Je l’observais pendant quelques secondes, puis je retournai à mon entraînement.

« Ce n’est de toute façon qu’un repas .. Faut plutôt que je me concentre sur mon objectif. »
Murmurai-je, détournant mon regard de la jeune demoiselle.

Alors que je vaquais à mes occupations, je me rendis compte que mon esprit lui était ailleurs. En effet, mes pensées étaient toujours focalisées sur la présence de cette jeune inconnue. Elle était toujours là, je ne la voyais certes pas distinctement, mais je la sentais. J’avais ce désagréable sentiment qu’elle m’observait. Cela m’irritait, et l’idée de l'interpeller pour lui demander ce qu’elle me voulait me traversa l’esprit, néanmoins, je ne m’abaissais pas à une telle ignominie. Après tout, ce lieu ne m’appartenait guère et elle avait le droit - si elle le désirait - d’y rester.

Alors, pourquoi … pourquoi, je n’arrivais pas à me concentrer ? Pourquoi sa présence m’obsédait tant ? Ce n’était pas normal, et je me devais de lutter contre cela. Je me devais de chasser sa présence de mes pensées et me concentrer pleinement sur la tâche que je m’étais fixé.

Soudain, alors que je recouvrais légèrement ma concentration, une voix vint à nouveau la perturber. Lorsque je tournais légèrement la tête, je me rendis compte qu’elle appartenait à la jeune inconnue. J’étais - quelque peu - étonné. Cela n’était certes presque pas perceptible sur mon visage, mais il n’en restait pas moins que je me demandais comment elle avait fait pour deviner que sa présence me perturbait. Mieux encore, comment avait-elle fait pour deviner mon affinité ? Et ce sourire .. qu’est-ce qu’il signifiait ? Tant d’interrogations, mais - pour le moment - très peu de réponses. Lorsque je la vis progresser dans ma direction, je sautais par-dessus le rocher et je lui posais ma première interrogation.

« Cristalliser vous dites ? »
M’enquis-je, d’un ton posé.

« Vous en savez quelque chose de mon affinité ? »
Poursuivis-je, d’un neutre.

Elle pourrait croire que j’étais sur la défensive, mais ce n’était pas le cas. Tout ce qui se cachait derrière cette interrogation n’était que pure curiosité. Soudain, alors que j’attendais patiemment une réponse de sa part, elle me fit la démonstration de quelque chose qui changea complètement l’expression de mon visage. En effet, en guise de réponse, elle se contenta simplement de toucher le rocher de son indexe. Alors, ce dernier se cristallisa à vue d’oeil, et d’une facilité pour le moins déconcertante. Stupéfait, j’avais encore du mal à réaliser ce qu’elle venait de réaliser. Mon attention se porta sur elle, puis de temps à autre, je lançais un regard furtif sur ce rocher entièrement transformé en cristal. J’avais encore du mal à réaliser que le village disposait d’un autre utilisateur de shôton, chose qui était censée être rare, très rare et ce dans tout le Yukann.

Quoi qu’il en soit, je reconnus que présence n’était pas aussi néfaste que je le pensais. Certes, j’allais devoir certainement reporter mon entraînement, mais le bon côté de la chose c’était que je pouvais lui demander quelques conseils, qui me permettraient peut-être de pouvoir mieux contrôler mon affinité. Vous en conviendrez que cela ne pourrait être qu’un gain de temps pour mes futurs entraînements… En tout cas, je portais désormais toute mon attention sur cette jeune inconnue - qui ne cessait de sourire - et lorsque je m’apprêtais à lui adresser la parole, elle me devança en me faisant savoir qu’elle était enchantée de me rencontrer. J’avais encore dû mal à expliquer l’expression de son visage - qui me mettait légèrement mal à l’aise - mais cela ne m’empêchait pas de me présenter et de lui poser mes questions.

« Cela fait plus de dix ans que je vis dans ce village, mais c’est bien la première fois que je rencontre un autre utilisateur de shôton que moi. Vous m’avez senti de loin, n’est-ce pas ? Qui êtes-vous donc ? Et comment avez-vous su que je maniais ce « noble » pouvoir ? »
Lançai-je, d’un air curieux.

« Veuillez m’excuser, la curiosité me fait presque oublier les bonnes manières. Je me nomme Kuzushi, Omura Kuzushi. Et vous jeune demoiselle, qui êtes-vous donc ? Vous semblez en connaître un rayon sur cette affinité que j’ai tant du mal à apprivoiser. »
Poursuivis-je, d’un ton posé.

Elle devait certainement s’attendre à une plus grande joie, une plus grande excitation, mais il n’en était rien. Du moins, pas sur mon visage. Ces sentiments ne m’étaient, hélas, - pour le moment - pas très familiers. J’espérais qu’elle s’en rendra compte et qu’elle ne fuirait pas devant tant de curiosité et de sérieux.

En attendant les réponses à mes interrogations, mon regard se porta - avec beaucoup d’attention - sur ses cheveux, puis ses yeux, puis tout son corps. Ce n’était en aucun cas de la perversité, mais seulement de la curiosité. Oui, encore et toujours de la curiosité. Je cherchais simplement à l’analyser, à voir s’il n’avait pas les traits d’un clan en particulier. Pour le moment, rien ne me venait à l’esprit. Lorsqu’elle commença à répondre, mon regard se posa définitivement sur son cou. Un tatouage ? Personnellement, bien qu’il soit légèrement dissimulé par son kimono, je parierais sur un sceau.

La jeune demoiselle s’adonna à une dernière démonstration, réduisant, en effet, le rocher en des fines particules de cristal, presque poussiéreuses… J’en étais presque émerveillé, du moins intérieurement. Elle était parvenu - en l’espace de quelques secondes - de faire naître ce drôle de sentiment en moi. Cela devait faire presque dix ans que rien ni personne n’était parvenu à faire susciter cet étrange sensation en moi .. J’en vins presque - d’ailleurs - à penser qu’elle était envoyée par Dieu en personne pour qu’elle m’enseigne cet art presque divin. Néanmoins, étant de nature raisonnable, je veillais à rester lucide et les pieds sur terre.

C’est alors que la jeune demoiselle pointa du doigt ce qui l’avait aiguillé jusqu’à moi et mon pouvoir. Lorsque je tournais légèrement la tête, il me parut tout de suite plus logique et je me demandai d’ailleurs comment n’y avais-je pas pu y songer plus tôt. Après tout, il n’y avait rien de surprenant à ce qu’une utilisatrice du shôton parvienne à repérer des fragments de cristal…

« Je vois, il n’était que question de logique donc » Fis-je, d’un très léger sourire, presque imperceptible.

Ema était donc son prénom. Elle disait aussi être chûnin du village, chose qui expliquait de manière logique l’écart qui me séparait d’elle. Dans sa façon de s’exprimer, Ema semblait tout à fait ordinaire et affiliée à aucun clan du village, tout comme moi. Cependant, j’eus l’impression qu’elle omit volontairement de me fournir son nom de famille, me cacherait-elle quelque chose ? Ou alors ce n’était peut-être que le fruit de mon imagination.. Quoi qu’il en soit, la suite n’en fut que plus intéressante, lorsqu’elle m’appris que ce bon vieux Ogami était aussi un utilisateur de shôton.

« Ogami-san .. ?! » Fis-je, d’un air étonné.

D’ailleurs, c’était la première fois qu’elle pouvait clairement lire la surprise sur mon visage. Elle était, en effet, parvenu avec cette révélation à briser ce mur de glace qui retenait mes émotions. Mais ce mur se reforma dès lors où elle évoqua mes parents … Je n’étais en aucun cas pris de tristesse, mais simplement qu’elle était parvenue à libérer les interrogations que j’avais - jusqu'à aujourd'hui - retenues prisonnier. Cependant, cela ne m’empêchait en aucune façon de répondre à ses questions.

« Mon grand-père et moi sommes, en effet, l’un des premiers à avoir peuplé Suna à sa création. Il n’y a aucun parent ni senseï que vous puissiez connaître. Néanmoins, l’homme dont vous avez prononcé le nom est une connaissance, avec qui j’ai débattu à des maintes reprises. » Répliquai-je, consignant en même temps les interrogations qui m’encombraient dans mon calepin. « Vous avez vu juste, cela fait environ six mois que j’ai été promu au rang de Genin. » Poursuivis-je, d’un air agréable.

Alors comme ça ce cher Ogami maîtrisait aussi l’art du shôton .. Pas surprenant qu’il ne m’ait rien dit vu qu’on avait plus passé notre temps à parler « d’Idées » et de « Vision » que de nos facultés de combat.

Soudain, alors que j’hésitais à interroger Ema sur ses origines, elle me fit savoir - contre toute attente - qu’elle pouvait m’aider si je le voulais. Décidément, elle avait le don de me surprendre. Alors que mes yeux s’écarquillèrent - une fois de plus - elle poursuivit en soulignant qu’elle ne doutait guère de mes capacités mais qu’une aide pouvait toujours m’être bénéfique. Un don du ciel, ne vous l’avais-je pas dit ? Mon grand-père disait souvent : « une fois c’est le hasard, deux fois c’est une coïncidence, mais trois fois c’est le destin » .. Pour le moment, nous étions au stade de la coïncidence ..

« Vous .. Vous feriez cela pour moi ? » M’enquis-je, d’un air légèrement étonné. « Ce n’est pas tous les jours que j’ai la chance de rencontrer un utilisateur de shôton, alors j’en serais vraiment honoré » Poursuivis-je, me courbant légèrement devant elle.

Son sourire me mettait toujours autant mal à l’aise mais je pouvais désormais l’expliquer. En effet, lorsque je la voyais sourire, elle me donnait presque l’envie d’en faire autant, mais n’étant pas encore habitué cela créait en moi un étrange sentiment de malaise ..

« Je dois tout de même vous mettre en garde. Je ne maîtrise absolument pas encore cette faculté et il se pourrait bien que je vous donne plus de file à retordre qu’autre chose. Disons que toutes ces années à ne rien faire m’ont vraiment … rouillé ! »

Serait-elle prête à m’aider malgré cette mise en garde ? Quelque chose me disait que oui .. mais dans le cas contraire, je n’en serais que très peu surpris.

« Notre relation … » Commençai-je, d’un air pensif

Je ne savais pas vraiment quoi lui répondre. A vrai dire, moi-même j’ignorais la nature de notre relation. Serait-il ce que les gens appellent : un ami ? Et si c’était le cas, me considérait-il ainsi également ? Je n’en savais trop rien .. En revanche ce dont je pouvais en être certain, c’était que cet homme avait eu une certaine influence sur mes idées et moi-même.

« Je ne sais pas trop comment je pourrais qualifier notre relation, mais je le considère comme un ami. » Fis-je, simplement. « Nos sujets de discussions sont très variés, cependant, ceux qui reviennent le plus souvent sont la paix et la vie de shinobi. » Poursuivis-je, d’un air agréable.

Ces réponses - bien qu’assez vagues - répondaient parfaitement aux interrogations d’Ema. Après tout, elle ne cherchait pas à connaître les choses en détail, du moins c’était ce que je pensais.

Quoi qu’il en soit, je me contentais de lui sourire lorsqu’elle me confirma son aide pour mon entraînement. Je n’y voyais pour le moment rien de plus à ajouter et quant à mes interrogations à son sujet, je me contentais de les garder pour plus tard. Certainement après l’entraînement.

Ema ne tarda pas à mes fournir les consignes. En effet, elle pointa de son doigt le rocher se situant sur mon flanc gauche et me demanda si je voulais bien le cristalliser. Elle s’excusa au passage de m’avoir déconcentré dans mon entraînement personnel et elle souligna l’importance de la concentration sur l’utilisation du chakra.

« Je comprends, mon grand-père ne cesse de me dire la même chose. » Fis-je, avant de tourner mon regard vers le rocher. « Je vais essayer .. » Poursuivis-je, allant dans la direction de ma cible.

Je déposais ma main sur le roc et je tentais de me concentrer pour le cristalliser. La présence de la jeune demoiselle n’était plus un obstacle puisque désormais ses intentions m’étaient connus. Alors que je canalisais mon chakra sur la paume de ma main, Ema me rassura en me faisant savoir qu’il n’y avait aucun piège et elle pria de m’y prendre comme j’avais l’habitude de faire. C’était certainement pour pouvoir mieux me jauger …

Quelques instants plus tard, on pouvait voir mon chakra shôton se répandre sur le rocher. Il se cristallisait très lentement, mais sûrement .. du moins je le pensais, avant que la très fine couche de cristal ne se brise en mille morceau. Mon oncle disait souvent que je ne mettais pas assez de chakra ou que parfois j’en mettais beaucoup, Ema sera -t-elle de même avis que lui ?

« Laissez-moi ressayer, je vous prie. »
Fis-je, l’empêchant d’émettre un quelconque commentaire.

Je recommençai donc ma tentative, en y mettant cette fois-ci une plus grande dose de chakra. Je veillai tout de même à ne pas en mettre beaucoup trop, bien que pour le moment j’éprouvais beaucoup de difficultés dans la maîtrise de mon chakra. Quoi qu’il en soit, le rocher commença à se cristalliser, beaucoup rapidement que ma dernière tentative .. puis soudain, le cristal se brisa à nouveau, emportant avec lui une petite partie de la roche. Aurais-je, encore une fois mis trop de chakra ? Pas assez ? La logique voudrait que la quantité soit plus élevée que lors de ma dernière tentative … En tout cas, Ema était la seule à détenir la solution à mon problème, du moins je l’espérais profondément.

« C’est toujours la même chose. » Fis-je, d’un air légèrement déçu. « Navré pour ce spectacle grotesque .. » Poursuivis-je, fixant la jeune demoiselle du regard.

La jeune demoiselle me demanda de ne pas abandonner aussi rapidement, m’assurant que mes tentatives n’avaient rien de grotesque. Ce qu’elle ignorait ce que je n’abandonnais pas vraiment, mais je souhaitais simplement éviter de lui faire perdre son temps. Elle avait certainement mieux à faire que de rester m’assister et me regarder enchaîner les échecs.

Cependant, elle semblait bien décidée à m’aider à franchir cette étape, peu importe le temps que cela prendra. Elle me rappela d’ailleurs que la maîtrise d’un élément demandait toujours du temps, m’indiquant au passage qu’elle lui avait fallu des années avant de maîtriser son shôton.

« Je me doute bien .. » Fis-je, alors que la kunoichi progressait dans ma direction.

Elle me fit savoir qu’elle m’avait observé à deux reprises, ce qui lui avait permis de déterminer mon problème. Puis, elle poursuivit me faisant comprendre que la quantité de chakra - chose sur laquelle je ne cessais de me focaliser dessus - importait peu, du moins dans la technique que je tentais de réaliser. Ensuite, elle souligna que c’était la vitesse de l’exécution qui importait, et plus le flux du chakra était élevé, plus l’exécution de la technique se fera rapidement. Chose qui pouvait paraître si simple, mais qui était loin d’être évidente. En tout cas, j’écoutais attentivement ses consignes et j’observais sa démonstration avec beaucoup d’attention.

Alors qu’elle semblait poursuivre dans ses explications, elle coupa son discours me faisant savoir que c’était tout ce que j’avais besoin de savoir pour le moment. C’était certainement dans le but de ne pas me bombarder d’informations, mais l’essentiel c’était que j’avais saisi la cause de mon problème et que je pouvais désormais y remédier.

« Cela paraît si simple et pourtant c’est loin d’être évident. » Fis-je, d’un léger sourire. 

Ema se lança alors dans d’autres explications, m’aiguillant davantage sur le bon chemin. J’éprouvais encore quelques difficultés à saisir certaines notions, mais j’estimais avoir compris l’essentiel.

« Je pense avoir compris » Fis-je, d’un très léger sourire. « Je vous remercie pour toutes ces explications, je vais ressayer pour voir. » Poursuivis-je, me plaçant face au rocher.

Je me répétais intérieurement que la quantité de chakra importait peu et que c’était la vitesse de la circulation du chakra qui me permettra de franchir cette étape. Puis, je déposai ma main contre le rocher et au lieu de concentrer du chakra - comme j’avais l’habitude de faire - je décidai tout simplement de le laisser circuler librement, de la réserve jusqu’à la paume de ma main. Je veillais également à ce que la circulation soit plus rapide, comme lorsque j’exécutais certaines de mes techniques futon. C’est alors que - comme par magie - le rocher se cristallisa entièrement et rapidement. La couche du cristal ne semblait pas très dense, mais elle restait au moins scotcher au rocher.

J’étais satisfait de cette réalisation bien qu’elle ne soit pas encore parfaite. Je tournais légèrement la tête vers Ema et je lui laissais voir mon air satisfait, veillant toutefois à ne pas exagérer. Certes, je venais de réaliser quelque chose que je cherchais à produire vainement depuis plusieurs mois. Néanmoins, elle n’en restait pas moins qu’une simple technique, une technique basique.

« Merci à vous, vous avez réussi là où mon grand-père à échouer. » Fis-je, d’un air satisfait.

Je réitérai alors cette « technique » en rajoutant une autre couche de cristal par-dessus celle que j’avais créé. Ce n’était pas tant la cristallisation du rocher qui m’intéressait, mais l’exécution interne de cette technique. J’avais l’impression de mieux comprendre les dernières explications de la jeune demoiselle .. tout me semblait cohérent et logique. Je sortis alors mon carnet et je fis quelques schémas très rapide, qui me permettront sûrement de mieux progresser par la suite.

« Sans vouloir abuser de votre temps, pourriez-vous m’accompagner dans la création d’une nouvelle technique, s'il vous plaît ? » Demandai-je, très poliment. « Je souhaiterai mettre à profit ce que vous m'avez enseigner pour développer une nouvelle technique qui me sera plus utile au combat » Poursuivis-je, d'un léger sourire.

Je souhaitais profiter de sa présence pour en apprendre encore un peu plus sur mon don. Cependant, je comprendrais si elle venait à refuser ma demande, après tout ce n'était pour moi qu'elle s'était aventurée par ici... Puis, pour une personne qu'elle ne connaissait pas, on pouvait dire qu'elle m'avait déjà assez bien aider.

« Merci, et vraiment navré d’abuser de votre temps » Rétorquai-je, d’un air sincère.

Après quoi, la jeune demoiselle s’approcha de ma personne et s’empara - curieusement - de mes mains. Cela faisait-il partie de l’entraînement ? Qu’est-ce qu’elle cherchait à faire ? Alors que quelques interrogations me traversaient l’esprit, Ema y répondit à chacune d’entre-elles en mettant en pratique l’idée qu’elle avait derrière la tête.
Les yeux légèrement écarquillés, j’observais avec beaucoup de surprise les fils de diamant sortant du bout de ses doigts pour venir s’enrouler autour des miens. Puis, ils se propageaient sur ses mains, mes poignets, progressant jusqu’à mes coudes, immobilisant de ce fait entièrement mes deux bras. Suite à quoi, elle coupa le contact et me fit comprendre que la clé de la réussite de cette technique était : la fluidité. Sur le coup, je ne saisissais pas parfaitement ce qu’elle voulait dire, mais j’avais ma petite idée pour réussir cet exercice. Pour cela, la jeune demoiselle allait d’abord devoir me débarrasser de mes entraves. Chose qu’elle fit bien assez tôt, attendant patiemment de me voir à l’oeuvre.

« Impressionnant » Fis-je, d’un air admiratif.

C’était donc cela le shôton, quel pouvoir ! Et encore, ce n’était que la base .. vivement que je dompte ce don à part entière, ce don presque divin, si je puis, me permettre.
Bref, je m’empressai de réaliser cet exercice en m’emparant dans un premier temps des mains de la jeune demoiselle. Des petites mains bien douces, tout à fait cohérent avec le genre de femme qu’elle était, à savoir : bienveillante et généreuse. Quoi qu’il en soit, je me concentrais en visualisant ce qu’elle m’avait appris précédemment, à savoir comment cristalliser le rocher. Puis, sans l’once d’une hésitation, j’usai de la même technique pour cristalliser ses bras, les rendant ainsi immobile. Cependant, contrairement au rocher, je veillais à rester très prudent, ne me précipitant en aucune façon pour réaliser l’exercice. Mon chakra shôton se propagea alors sur ses doigts, puis ses mains, allant jusqu’à ses coudes les cristallisant ainsi définitivement. J’étais impressionné par ce que je venais de réaliser, bien que cela ne soit pas réellement perceptible sur mon visage. J'adressai un léger sourire de satisfaction à Ema, puis je le remerciai de ce qu’elle venait de m’enseigner.

« Et bien, je ne pensais pas que cela serait aussi facile. Voilà une technique qui peut bien m’être utile en combat, merci à vous. » Fis-je d’un air sincère.

J’imaginais déjà les nombreuses techniques que je pouvais développer en utilisant la base de ce qu’elle m’avait appris. J’étais persuadé qu’avec un peu de travail, je parviendrais dans peu de temps à cristalliser entièrement une personne. Je veillais toutefois à ne pas m’emporter car je savais que pour atteindre le niveau d’Ema, il me restait encore beaucoup de travail, énormément de travail.

La Kunoichi me félicita d’avoir réussi l’exercice, ce à quoi je répondis par un léger sourire. Un sourire autant de satisfaction que de reconnaissance, et j’allais même un peu plus loin en m’inclinant très légèrement.
Après quoi, la jeune demoiselle leva légèrement ses bras pour me montrer qu’elle était dans l’incapacité de se défaire de cette technique puisqu’il lui était impossible de composer le moindre mudra. Ce à quoi je souris très légèrement, un sourire presque imperceptible, mais existant. Je déposai alors mon doigt sur ses deux bras, faisant circuler mon chakra shôton pour ainsi exploser le cristal qui l’entravait. Après quoi, la jeune demoiselle me fit savoir qu’elle espérait que la technique me sera utile.

« On vient tout juste d’avoir la preuve de son utilité » Fis-je, d’un air agréable.

La Kunoichi se débarrassa alors des particules de cristal qui l’encombraient, et quant à moi je profitais pour retrousser mes manches et desserrer légèrement ma cravate qui m’étouffait. Alors que je m’apprêtais à saluer la jeune demoiselle pour retourner à un énième entraînement solitaire, celle-ci me devança en me faisant comprendre qu’elle souhaiterait que je devienne son élève. « Et bien c'est vraiment ton jour de chance, Kuzu ! » Souffla alors une voix intérieure, m'encourageant à accepter son offre. Comme à mon habitude, j’ignorais totalement cette voix, me concentrant plutôt sur l’argumentation de la jeune demoiselle, qui me laissa entendre qu’elle n’avait jamais rencontré un utilisateur de cristal, hormis Ogami. C’était donc cela qui la motivait à vouloir faire de moi son élève ?
Ema poursuivit en me faisant savoir qu’elle sentait que j’étais comme elle, comme à ses débuts. Puis, elle me laissa comprendre que le Kazekage ne devrait normalement pas être contre cette idée...

Personnellement, je ne savais pas vraiment quoi en penser.. A vrai dire, au fond, je désirais accepter son offre, cependant je n’estimais pas être suffisamment prêt pour intégrer son équipe. Quoi qu’il en soit, je pris un petit temps de réflexion, puis je lui répondis le plus sincèrement possible.

« J’en serais vraiment honoré, cependant si vous ne voyez pas d’inconvénient, je ne souhaiterai pas intégrer une équipe dans l’immédiat. J’éprouve beaucoup de difficultés à comprendre les autres, ce qui risquerait de causer pas mal de soucis. Alors, si vous le voulez bien, laissez-moi un peu de temps pour faire tout un travail sur moi-même, et ensuite si votre offre est toujours d’actualité je rejoindrais votre équipe avec un grand plaisir. » Fis-je, d’un air sérieux. « Je pense que quelques mois suffiront, sachez que je suis vraiment touché par votre proposition » Fis-je, d’un air plus agréable.

J’espérais qu’elle ne serait pas offensée par ma réponse, après tout je l’avais pris en fonction de l’intérêt général, à savoir ici celle de l’équipe, que de mon propre intérêt. Si ma proposition lui convenait, je tâcherai alors de m’approcher davantage des autres, histoire de les comprendre. J'étudierai tous les bouquins qu’il faut pour ne pas devenir à l’avenir un problème, mais plutôt la solution à tous les problèmes.

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