Ce matin, je me levai de bonne heure pour aller m’entraîner dès l’aube. Cela faisait un petit moment que l’examen chûnin s’était terminé, et si j’avais bien retenue une chose de celui-ci, c’était que j’avais besoin de m’entraîner encore plus sérieusement. C’était dans cette optique que je quittai la maison, en simple tenue légère, soit un débardeur et un pantalon noir, mon katana attaché à ma hanche. J’avais aussi pris mes kunais et shurikens, améliorer ma précision avec ceux-ci étant tout aussi important.

Je finis par arriver sur mon terrain favori, celui qui était le plus reculé des autres. J’aimais bien être tranquille pour m’entraîner. De plus, il comportait tous les éléments pour que je puisse m’exercer à la fois sur le peu de jutsus que j’avais, mais aussi au lancer d’armes, avec plusieurs rondins de bois remplissant le rôle de cibles. D’autres rondins me servaient au maniement de mon katana, et à mon taijutsu.

Je ne perdis pas de temps, et me mis aussitôt à m’échauffer, courant quelques tours de terrain. Je fis ensuite quelques étirements, avant de commencer à m’acharner sur un pauvre rondin avec mes poings. Je continuai sur ma lancée pendant plusieurs minutes, ignorant la sueur qui commençait à couler de mon front, ainsi que mes muscles et doigts douloureux.

Puis, je fis une petite pause, buvant à la gourde que j’avais emmenée. Je laissai mon rythme cardiaque et ma respiration se calmer, avant de reprendre sur des enchaînements au katana. Enfin, c’était ce que j’aurai fait, si ma louve ne s’était pas faite entendre. Tu es trop dissipée louveteau. Sinon, tu aurais remarqué l’homme qui se dirige vers nous. Sursautant, je me tournai vers la personne qui s’approchait effectivement de nous. Je ne dis rien, me contentant de l’observer.

Spoiler:

J’observai la Yamanaka approcher, un peu étonnée de le voir là. Lors de notre seule rencontre, je l’avais pris pour un être renfermé, qui n’aimait pas vraiment les contacts humains. Alors pourquoi venait-il de lui-même me parler ? Ma louve ne semblait pas non plus avoir d’idée, puisqu’elle resta silencieuse. J’attendis donc qu’il prenne la parole, curieuse de savoir ce qui l’amenait.

Je haussai un sourcil à sa demande. Il ne croyait pas réellement que j’allais lui donner un tel conseil, alors qu’il n’y pas si longtemps nous étions concurrents et que je l’avais vu à l’œuvre ? Aucune pitié pour les autres participants, et j’étais pratiquement sûre que tuer l’un d’eux ne l’aurait pas gêné si c’était pour gagner. Et puis, je lui donnerai une information sans que lui ne m’aide en retour ? Si il avait été Shizu, j’aurai accepté de lui donner des conseils. Après tout, nous étions amies, et elle était ma coéquipière.

- Tu ne crois tout de même pas que je vais t’aider si facilement ? On se connaît à peine. Durant l’examen, je suis sûre que si tu en avais eu l’occasion, tu m’aurais tuée pour éliminer la concurrence. Alors, dis-moi, pourquoi devrais-je te donner des conseils gratuits ?

Je laissai un petit silence planer. En réalité, une idée avait déjà germé dans ma tête. S’il tenait vraiment à ce que je l’aide avec son kenjutsu, il allait aussi devoir m’aider. Lors de notre examen, j’avais constaté notre coup de chance pour nous délivrer du genjutsu sur le lac. Je ne pensais pas que je pourrai avoir ce genre de chance indéfiniment. Raison pour laquelle je me devais d'apprendre un Kai digne de ce nom Et le Yamanaka devait s'y connaître un minimum. Restait à trouver une bonne manière de lui demander de m'aider. Je finis donc par ajouter :

- Cependant, je peux te proposer un marché. Qu’en penses-tu ?

Je ne relevai pas la remarque du Yamanaka. Certes, nous avions signé une décharge. Mais je pense que c’était surtout pour assurer les autorités de Konoha que leurs petites expériences et pièges ne leur retomberaient par sur le dos si jamais cela entraînait notre mort. Et non pas au cas où les participants s’entretueraient.

Je restai interdite un moment suite à sa remarque. Comment avait-il pu savoir que je parlai en effet des illusions ? Était-il capable de lire dans les pensées ? Ce fut la première idée qui me traversa l’esprit et je me tendis. Je n’appréciai pas trop que l’on puisse violer ma vie privée aussi facilement et sans gêne. Cependant, je me détendis peu de temps après. Il n’avait du avoir accès qu’à la surface de mes pensées. Sinon, il ne m’aurait pas demandé ce que je souhaitais apprendre sur les illusions, puisque j’avais déjà une idée précise en tête. Il n’en restait pas moins qu’il avait effleuré mes pensées, chose qui me vexait légèrement. Je haussai donc un sourcil en croisant les bras, avant de prendre la parole.

- Si tu veux continuer à discuter, je voudrais que tu ne trifouilles pas trop dans mes pensées. Ou arranges toi pour que ce ne soit pas évident que tu le fais. J’apprécie moyennement cela.

Malgré ces propos, il était hors de question pour moi d’abandonner ce semblant de marché. J’avais vraiment besoin d’apprendre un kai. Je crois que nous avions réussi à nous tirer du genjutsu durant l’examen que grâce à la chance, avec Shizu. Je voulais un moyen sûr de me tirer de ce type de technique. Car lors de ma première rencontre avec mon senseï, j’avais été totalement prise au piège, sans moyen de m’en sortir. Il aurait s’agit d’un ennemi, je n’aurai pas survécu.

Il me fallait donc un kai, et Shigo était là, devant moi. Autant que je profite de l'occasion. De plus, j’étais pratiquement sûre que le marché que j’allais lui proposer allait l’arranger. Ce serait lui qui y gagnerait le plus. Franchement, j’étais trop gentille des fois. Je mis ces pensées de côté, avant d’à nouveau prendre la parole.

- Je pense que ce marché te conviendra. Si tu m’apprends un bon Kai, je t’apprends une technique de kenjutsu en plus de te conseiller pour ton sabre. Ce marché t’apporterait ainsi beaucoup plus qu’à moi. Qu’en dis-tu ?

J’observai le Yamanaka se rapprocher, me tendant un peu, alors qu’il prenait la parole. Au vu de ses premiers mots, il ne souhaitait vraiment pas tomber dans une arnaque. Tout comme moi. Cependant, ce n’était pas du tout mon type de vouloir rouler les gens ainsi, alors que je cherchai à gagner leur confiance pour qu’ils puissent m’aider. Je pensai pourtant avoir été claire dans ma suggestion, non ? Qu’est-ce qu’il pouvait vouloir de plus ?

J’écoutai la suite avec grande attention, voulant comprendre ce qu’il avait derrière la tête. Mon sourcil tiqua quand il lut une nouvelle fois dans mes pensées. Ce type n’avait vraiment aucune notion de bulle personnelle ou quoi ? Pourtant, lors de la course d’orientation, il m’avait semblé bien plus pudique. Peut-être faisait-il cela pour créer une barrière de plus entre lui et le monde ?

Je fronçai les sourcils. En quoi mon marché était-il inéquitable ? Tous les ninjas, pratiquement, apprenaient au moins le kai pour se défaire d’un quelconque genjutsu. Il devait vraiment se croire important, s’il pensait que c’était pour me défendre de lui que je lui avait demandé de m’apprendre une telle technique. Après tout, normalement, je n’avais rien à craindre de lui, puisque nous étions du même village. Même si son comportement lors de l’examen pouvait détruire cette théorie. Toujours est-il que la seule raison qui m’avait poussé à lui demander, était le fait qu’il était présent au bon endroit, au bon moment. Sinon, j’aurai demandé à Kihran-sensei.

De plus l’ajout de sa clause au marché était encore moins équitable. Car s’il pouvait vérifier l’efficacité de ma technique, je n’avais aucun moyen de vérifier la sienne. En effet, je ne connaissais aucune technique d’illusion pour pouvoir le piéger dans une afin qu’il me prouve que sa technique était viable. Je finis par soupirer. De toutes façons, je n’avais plus trop le choix. Car il était évident que si je refusai, le marché serait nul, et Shigo continuerait son chemin. Après, j’avais toujours mon propre professeur. Mais cet apprentissage avec le Yamanaka me permettait aussi de voir du nouveau monde, et de voir le niveau des personnes de mon âge. Je soupirai, avant de répondre.

- Très bien. Même si je trouve que tu abuses un peu. Tout d’abord tu envahis mes pensées, par deux fois, et ensuite tu me demande quelque chose que je ne peux te demander de faire en retour ? Tu es un fin négociateur à ce que je vois.

Sans perdre plus de temps, je me retournai, et me dirigeai vers le plus épais des rondins de bois. Je sortis mon katana de son fourreau, me plaçant bien sur mes appuis en face de ma cible. Le coup que je m’apprêtai à faire n’était en apparence pas très imposant. Cependant, tant qu’il pouvait gravement blesser, voire tuer un adversaire, cela me suffisait. En espérant que Shigo s’en contenterait. J’effectuai un rapidement mouvement en diagonal avec mon bras, faisant tomber mon sabre de haut en bas. Quelques secondes plus tard, le rondin reposait, coupé en deux parties étalées de chaque côté. Je rengainai mon arme avant de me retourner ver les Yamanaka en croisant les bras, un sourcil haussé sur mon front.

- Suffisant ou est-ce trop peu pour monsieur ? Sachant qu’en plus je te donnerai des informations pour choisir ton arme ?

Evidemment, il fallut que le Yamanaka vienne me prouver que ma technique ne lui servirait à rien. Enfin, c’était aussi logique pour lui de ne pas vouloir apprendre quelque chose qu’il savait déjà faire par un autre moyen. Soupirant, j’observai les débris de rondin. Que faire ? Car c’était une des seules techniques suffisamment puissantes que je pouvais enseigner au jeune homme. Les autres étaient surtout liées au pouvoir de mon clan.

Cependant, les mouvements de Shigo me firent rapporter mon attention sur lui, tout autant que ses paroles. Encore une fois, il venait d’envahir ma bulle, et je me tendis. Je détestai vraiment ça. Je serrai les poings et écoutai ce qu’il avait à dire. Ce n’était pas dans mon intérêt de tourner cette discussion au conflit. Je n’allais pas m’acharner alors qu’il ne voulait tout simplement pas comprendre ce que je lui demandai encore gentiment de faire.

Je fronçai les sourcils. Il prenait vraiment son pied à dominer cette conversation, j’en étais sûre. De plus, il se permettait de donner de telles directives. Et sa petite clause supplémentaire ne me disait rien qui vaille. Mais les sensei imposaient aussi toujours leurs conditions. Pour apprendre à me libérer d’un genjutsu, il me fallait de toutes façons m’entraîner. Donc autant accepter. Même si cela ne me plaisait qu’à moitié. J’aurai plus confiance avec Kihran-sensei. Qui sait ce que le Yamanaka avait en réserve.

- Très bien. Si monsieur veut prendre les rênes et que ça le botte de dominer. Qui suis-je pour lui refuser ce plaisir ?

Sans attendre une quelconque réponse, je me retournai vers un autre rondin pour lui proposer une autre technique. Celle-ci, je l’espérai, lui conviendrait, car sinon, je n’en avais pas vraiment d’autre en stock.

Je composai quelques mudras rapidement, avant de diriger les mon index et mon majeur de la main droite vers le rondin de bois. Presque aussitôt, une rafale de balles d’eau à haute pression déferla sur la cible, laissant plusieurs trous dans celle-ci. Une fois la technique achevée, je fis de nouveau face au Yamanaka.

- C’est la seule autre technique que je peux t’apprendre. Si cela ne te convient pas. Eh bien les négociations sont rompus et on repart chacun de notre côté.

Les simples propos de Shigo m’assurèrent que notre marché était conclu. Je croisai donc les bras, attendant la suite. Je me demandai ce qu’il comptait faire. Je ne tardais pas à le savoir, perdant soudainement mon équilibre, comme si je n’avais plus de jambes. Je me retins de pousser un juron quand je tombais sur le dos.

Me redressant sur mes coudes en position assise, et en me soutenant avec mes mains, je fusillai le Yamanaka du regard. Alors c’était ça qu’il entendait par jouer selon ses règles ? Je grinçai des dents. Il était vraiment fourbe. Mais j’avais accepté le marché, et il me fallait maintenant assumer.

Il n’empêche que les propos du jeune homme me firent réfléchir. Il était clair qu’il était habitué à ces petits jeux d’esprit. En même temps c’est un Yamanaka, louveteau. L’esprit, c’est leur spécialité. Je roulai des yeux, comme si je ne le savais pas déjà. Je n’aimais vraiment pas la méthode de Shigo. Il en profitait pour tirer un maximum d’informations sur moi, que ce soit avec mon accord ou non. La seule chose intéressante dans cet exercice, était le fait que j’étais presque en condition réelle de combat.

De plus, sa première question me posait problème. Je ne pensais pas avoir un quelconque point qui surpasse un autre et que je pourrai qualifier de fort. Pourtant, il me fallait bien répondre à cette question, si je voulais avoir une chance de me sortir de ce piège. Je ne savais d’ailleurs toujours pas comment il avait réussi son coup. Ni quelle genre technique il utilisait. Il avait gardé les mains le long de son corps durant tout ce moment, sans jamais faire de mudras. Enfin, vu notre entraînement, j’aurai dit un genjutsu.

- Je sais qu’il faut faire circuler du chakra dans son corps, non ? C’est comme ça qu’on s’est libérées du genjutsu lors de l’examen avec Shizu. Concernant mon point fort, je ne sais pas vraiment. J’aurai dit ma capacité à me transformer en louve ? C’est très pratique dans certaines situations. J’aurai aussi dit ma capacité à garder mon sang-froid.

J’espérai que ces réponses conviendraient, et que lui-même m’apporterait des précisions sur comment me libérer de ce piège.

Je serrai les dents face aux commentaires du Yamanaka et le fusillai une nouvelle fois du regard. Croyait-il vraiment que je prenais cet exercice pour un jeu ? C’était bien mal me connaître. J’avais suggéré cela parce que c’était ce que nous avions fait pour échapper à l’illusion durant l’examen. Mais, nous l’avions fait l’une sur l’autre, peut-être que la différence résidait là. Et puis, son humour est à mourir d’ennui, commenta ma louve. Un sourire m’échappa à son commentaire, même s’il disparu bien vite quand Shigo se rapprocha de moi, et … Me vola mon sabre ! Ce fourbe ! Il croyait vraiment que faire une telle chose allait aider dans de telles circonstances ?! Soufflant un bon coup, je repris la parole :

- Et voler mon sabre ne te servira à rien s’il ne t’est pas adapté. Surtout si tu ne sais pas comment l’entretenir. Quand au moyen de me libérer d’une illusion. Cela a forcément un rapport avec le chakra. Peut-être un choc de chakra ? Comme si on accélérait sa circulation dans nos veines ? Un changement de rythme qui perturberait toute intrusion d’un chakra étranger ?

Je serrai les poings quand je vis mon arme disparaître. Ce gars avait intérêt à me la rendre après coup ! Cependant, je revins bien vite à la question du Yamanaka. Ce qui me faisait le plus peur ? Je n’y avais pas vraiment réfléchi. Sans doute être trahie par mes proches. Ou peut-être perdre mon pouvoir et ma louve. Ces derniers étant ce qui me définissaient, ce qui me donnaient mon identité. Pourtant, étais-je prête à révéler cela au Yamanaka ? Ah, de toutes façons, vu comment il s’était approché et me regardait, il l’aurait sans doute lu dans mon esprit. Je fermai les yeux, avant de les rouvrir.

- Je pense qu’être trahie par mes proches est l’une de mes plus grandes peurs. Ainsi que de perdre mon pouvoir et ce qui y est associé. S’il n’avait pas encore remarqué la présence de ma louve, autant ne pas la mettre en avant. Personne ne savait qu’elle existait, à part moi et Senwashi. Puis, je repris la parole. Je voudrais savoir une chose. Que t’apportent ces informations ? Seul un ennemi voudrait savoir de telles informations. Comptes-tu trahir le village ?


Sitôt que ces paroles eurent quitté ma bouche une sueur froide me coula dans le dos, alors que mon cœur se mit à battre la chamade. Qu'est-ce qui se passait?! En plus, je ne ressentais pas le lien avec ma louve ! Un sentiment de peur horrible m'agrippa. Avais-je perdu ma louve. Je tournai un regard glacial vers le Yamanaka, malgré la peur qui manquait de m'étouffer.

- Qu'est-ce que tu as fais ?

La question du Yamanaka me rendit un peu confuse. M’étais-je trompée dans mon raisonnement ? Il faut dire que je n’étais pas non plus une lumière en ce qui concernait le genjutsu. Je ne me laissai pas affecter par ses piques, et réfléchis. Comment fonctionnai une illusion ? J’avais bien une idée, mais je pensais que c’était bien trop simplet pour convenir à Shigo. Cependant, je n’avais rien de plus à lui offrir.

- Je dirais que c’est un sentiment, une vision, ou encore une sensation que l’adversaire impose à l’esprit de son ennemi grâce à une technique en utilisant du chakra. Seul un choc peut nous en libérer ? Après tout, je sais qu’il faut faire des signes pour effectuer une quelconque technique. Même si je ne t’ai pas vu en faire une seule fois depuis le début.

Je préférai me taire suite aux propos du Yamanaka. Il avait raison, je m’étais complètement éloignée du sujet. C’était pour cela que je me contentai de le fixer du regard, le sentiment de peur s’estompant peu à peu, alors que je pouvais de nouveau ressentir mon lien avec ma louve. C’était donc un genjutsu. Mais comment parvenait-il à effectuer ses techniques sans faire le moindre mudras ?

Je restai immobile alors que mon « senseï » se rapprochait encore plus, prenant de nouveau la parole en soulevant son masque. Son visage mutilé m’apparut, tandis qu’il continuait de parler. Je ne compris tout d’abord pas ses propos, jusqu’à ce que quelque chose de bizarre se produise. Un souvenir enfouit au plus profond de mon subconscient remonta. Mais les traits de Miura, mon meilleur ami qui m’avait sauvé de la solitude, vint prendre peu à peu les traits de Shigo, jusqu’à ce que je ne me souvienne même plus de à qui je pensais avant le Yamanaka. Et maintenant, je me demandai comment j’avais pu l’oublier, lui qui m’avait sauvé de la misère. Un profond sentiment de culpabilité s’empara de moi. Qu’est-ce qui avait bien pu lui arriver ? Je me concentrai pourtant une fois encore sur ses propos.

Je faillis pousser un juron quand je m’effondrai par terre, sur le dos, perdant soudainement l’usage de mes bras. Même si je lui devais beaucoup, cela n’allait pas m’empêcher de lui faire savoir le fond de ma pensée sur ses méthodes à la noix, quand il m’aura libérée ! N’ayant plus rien à faire, je regardai le ciel, réfléchissant à sa question. Qu’est-ce qui m’étais le plus cher ? Mon pouvoir de transformation et ma louve, sans aucun doute.

- Je ne pense pas que tu puisses me l’enlever. Ou alors, tu me feras croire que je ne l’ai pas. Car ce qui me tiens le plus à cœur, c’est le pouvoir de mon clan. La capacité de pouvoir me transformer en louve. Et bien que je te doive une dette énorme Shigo, je ne peux pas te laisser me manipuler comme ça. Donc, à mon tour. Qu’est-ce qui fait que tu puisses imposer une illusion olfactive, sensorielle, visuelle ou autre à ton ennemi ? Comment t’y prends-tu ?

J’avais maintenant appris à ignorer le sarcasme de Shigo, ou avais-je toujours su comment faire ? Curieusement, je ne savais pas vraiment. Toujours est-il qu’il venait de me donner un bon indice pour me délivrer de ses genjutsus. Et je sentais intérieurement qu’ils étaient nombreux. Au moins deux pour que j’ai l’impression de ne plus avoir l’usage de mes bras et jambes.

Cependant, avant que je puisse réfléchir plus sur la question, le jeune homme prit la pose d’un acteur dramatique. Je me demandai bien d’où il tenait un tel talent. Et alors qu’il parlait, une horrible douleur me saisit à la joue, comme si on me la tranchait et que la puissance était multipliée par deux !

Cependant, la douleur physique n’était rien face à celle, morale, qu’il m’infligeait avec ses mots. Ceux-ci m’atteignaient droit au cœur. J’avais vraiment été horrible avec lui. L’oublier de la sorte. C’était vraiment indigne de la part d’une amie. Je comprenais donc sa colère. Et pourtant, ces actes suivant me causèrent une profonde frayeur, et lentement, la réalisation vint. Il ne comptait tout de même pas…

Et pourtant, il le fit, dirigeant son poignard droit vers sa poitrine, espérant aussi me tuer par la même occasion. Effrayée pour sa vie, et me rendant compte que j’avais retrouvé l’usage de mes bras, je ne perdis pas de temps pour me saisir d’une branche qui traînait. Je l’abattis vivement sur le poignet tenant de Shigo, lui faisant ainsi lâcher son arme.

- Non mais ça va pas ?! Au lieu de faire des âneries pareilles, tu pourrais juste t’en prendre à moi, si tu es si en colère ! Rien ne sert de te suicider. Si tu te tues et moi aussi par la même occasion, je ne ressentirai aucune culpabilité, puisque je serai morte, idiot !

Alors que je m’apprêtai à continuer sur ma lancée, je me stoppai brusquement.Toute cette situation était beaucoup trop invraisemblable. Les incohérences se multipliaient. Puis, je repensais à ce qu’il m’avait dit plus tôt. Les illusions étaient dues à des perturbations dans le chakra. Il me fallait donc rompre cette perturbation !

Fermant les yeux, je formai le signe du rat avec mes mains et me concentrai sur mon chakra. Si je voulais me débarrasser de cette perturbation, il me fallait créer une perturbation encore plus grande qui rééquilibrerait le tout. Alors, je fis exploser mon chakra à l’intérieur de mon corps, le choc se répandant dans tous mes circuits. Lorsque je rouvris les yeux, je pus sentir de nouveau mes jambes, et Miura reprit la place de Shigo dans mes souvenirs.Je me relevai sans difficultés, et pus récupérer mon sabra, le rangeant dans son fourreau.

Sans un mot de plus, je fixai mon regard froid sur le Yamanaka, en croisant les bras.J’avais décidé de faire comme si rien ne s’était passé. Et pourtant, mon sang bouillonnait dans mes veines, tant j’étais encore énervée et ébranlée par les actions du jeune homme.

- Bien, je pense que cela prouve que j’ai saisis le concept. Devrions-nous passer à ton propre apprentissage ?

Après avoir prouvé au Yamanaka que je m’étais bien débarrassée des genjutsus, j’aurai du me douter qu’il n’en resterai pas là. En effet, comme il l’avait fait depuis le début de cette session d’entraînement, il me lança de nouveau une pique. Il tenait à me rappeler qu’il pouvait lire dans mes pensées. Franchement, il commençait à m’agacer. Avec son petit air suffisant, se croyant supérieur à tout le monde. Et qu’est-ce que ça faisait qu’il puisse lire dans mes pensées ? Je n’avais rien à cacher. Je n’étais pas la manipulatrice dans l’histoire. Et pourtant, il insistait sur ce fait. De plus, qu’est-ce que j’en avais à faire qu’il porte un masque depuis plus longtemps que moi ? Grâce aux cicatrices que j’avais pu voir lors de la course d’orientation, je me doutai qu’il n’avait pas eu une vie facile. Mais c’était le cas pour bon nombre de personnes. Il n’était pas un cas à part. Bref, je répondis d’un ton agacé, mon sourcil tiquant dangereusement.

- As-tu fini de jouer ? On est pas là pour que tu découvres les tréfonds de mes pensées, tout comme je me fiche complètement que tu puisses porter un masque depuis tes plus jeunes années. On est ici parce que nous avons conclu un marché, et rien d’autre.

Je soupirai ensuite, me passant la main dans les cheveux. Ce gars était épuisant à parler avec. Heureusement qu’il n’était pas spécialement bavard, sinon j’aurai sans doute tout lâché. Retournant mes yeux sur Shigo, je réfléchis à ce qui venait de se passer. En toute objectivité, sa méthode était fonctionnelle. Mettre le candidat à l’épreuve tout de suite, et voir s’il pouvait se débrouiller par lui-même ou s’il attendait que tout lui tombe dans les mains. Or, tout le monde savait que dans la vie, rien ne tombait du ciel, et qu’il fallait travailler pour progresser. Peut-être était dans cette optique qu’il avait concocté cet exercice. En tout cas, je ne ferai certainement pas la même chose pour lui apprendre ma technique. Ce n’était pas le même fonctionnement. Enfin, de toutes façons, ces plans furent repoussés à plus tard, quand le Yamanaka me dit qu’il préférait commencer par les conseils sur l’achat du sabre.

Je l’observai d’un peu plus près, mais ses vêtements et son masque ne laissaient rien transparaître. Pourtant, cette demande impromptue devait sûrement cacher quelque chose. Puis, je faillis facepalmer. Evidemment ! Toutes ces techniques employées plus tôt devaient l’avoir épuisé ! Et fier comme il était, il imposait sa demande sans rien dire. Un petit sourire narquois se dessina sur mes lèvres.

- Oh, monsieur est fatigué ? Je repris plus sérieusement. Très bien, je ne veux pas avoir à ramener ta carcasse ce soir, alors on va commencer par ça. Eh bien, pour tout te dire, je n’ait testé qu’une seule boutique qui, jusqu’ici, m’a pleinement satisfaite. Cependant, il te faudra tester plusieurs sabres avant de trouver celui qui te va parfaitement. Sauf si tu veux faire fabriquer le tien pour qu’il te soit parfaitement adapté. Mais je te préviens, il te faudra débourser une bonne petite somme d’argent en échange.

Je m’apprêtai à lui renvoyer une remarque moqueuse face à son commentaire, quand un détail attira mon attention. Il n’avait jamais vraiment répondu à une de mes piques, restant toujours concentré sur ce qu’il se passait, sur la situation présente. Ne se laissant pas perturber par les remarques que j’avais pu lui faire. Tandis que de mon côté, lorsque j’avais été sous l’emprise de ses illusions, j’avais immédiatement cédé à ses provocations. Et c’était sans aucun doute la raison pour laquelle j’avais été si facile à piéger. Dans des situations où des vies n’étaient pas en jeu, cela pouvait passer de se lancer des piques. Mais ici, cela avait été une erreur. J’aurai du rester concentrée sur ce qu’il se passait, et j’aurai ainsi sans doute pu me libérer plus tôt.

Quand le Yamanaka m’annonça qu’il paierait un sabre sur mesure, je ne pus me retenir de hausser un sourcil, surprise. Avait-il une idée du prix que coûtait une telle chose ? Cependant, je ne fis aucun commentaire, et pris la direction du centre du village, où se trouvait la boutique dont j’avais parlé plus tôt. Le trajet se déroula dans le silence le plus total. Si cela me perturbait un peu (Shizu étant beaucoup plus bavarde), cela ne me gênait pas non plus. Le silence était aussi très agréable.

Ce même silence fut brisé alors que nous arrivions à destination. Et étrangement, ce fut Shigo qui fut à l’origine de cette action. Si cela avait été une toute autre personne, j’aurai pu croire que c’était parce qu’il était inquiet pour ma santé. Ce qui, bien entendu, était plus qu’improbable. Je haussais les épaules, lançant un regard à l’intérieur de la boutique. Quelques pas plus loin se trouvait un apothicaire, et j’avais pensé à prendre un peu d’argent ce matin. Je me retournai vers Shigo.

- La boutique dont je te parlais est celle-ci. Tu y trouveras Sayo-san, qui prendra ta commande et tes mesures. Elle t’annoncera aussi le prix approximatif de ta commande, que tu devras payer lorsque tu reviendras chercher ton arme. Tu peux y entrer. Pendant ce temps, je vais aller chez l’apothicaire pour acheter le nécessaire en matériel de soins. On se rejoint ici, une fois qu’on a terminé. Sauf si, évidemment, tu es trop fatigué pour que je t’enseigne ensuite la technique Suiton.

Sans vraiment lui laisser le temps de répondre, je tournai les talons, et me dirigeai vers le lieu que j’avais en tête. J’y arrivais rapidement, et alors que je comptais juste acheter un désinfectant et des pansements, on m’offrit plus. En effet, la boutique étant vide, et le vendeur s’ennuyant à mourir, il me proposa de s’occuper de mes plaies. J’acceptai avec un haussement d’épaules. Tant qu’il m’aggravait pas mon cas. Cependant, ce ne fut pas le cas, contrairement à ce que mon côté paranoïaque m’avait fait croire. Plusieurs années à être persécutée par des villageois m’avaient rendue plutôt méfiante à leur égard, que ce soit ceux de Kiri ou de Konoha. Pour moi, ils étaient tous de la même espèce.

Enfin bref, je ressortis de la boutique avec des pansements sur le visage, ce qui attirait quelques regards, mais je les ignorai complètement, allant plutôt attendre Shigo qui n’était pas encore ressorti de la boutique. Je m’appuyai contre la façade, les bras croisés, me demandant si le Yamanaka souhaiterait continuer malgré sa faiblesse après avoir usé d’autant de techniques. C’était aussi pour cela que j’avais acheté un item en plus chez l’apothicaire.

Shigo ne tarda pas à sortir de la boutique, et je me détachai du mur pour me retrouver à ses côtés. Sans un mot, je repris le chemin par lequel nous étions arrivés plus tôt. Je jetai un bref regard en arrière, haussant un sourcil à la question du Yamanaka.

- D’après toi ? Je tiens mes marchés. J’ai dis que je t’enseignerai ma technique et je le ferai.

Sans un mot de plus, je continuai. Il n’avait pas du tout évoqué sa rencontre avec Sayu, et quelque chose me disait, mon instinct, sans doute, qu’il avait obtenu ce qu’il voulait selon ses arrangements. Je n’aurai même pas été étonnée d’apprendre qu’il eut usé de genjutsu sur la forgeronne, afin de parvenir à ses objectifs de la meilleure manière possible. Cependant, je préférai ne pas aborder ce sujet avec lui. Déjà d’un, parce qu’il s’en ficherait complètement. Et de deux, parce qu’il se ferait bien avoir par plus fort que lui un jour. Il était peut-être un maître en matière de manipulation, mais il y aurait bien un jour où cela lui retomberait sur le dos.

Nous arrivions rapidement à notre précédente place, et je ne perdis pas de temps en plaisanteries. De plus contrairement à lui, je ne comptais pas lui faire subir ma technique comme il l’avait fait sur moi. Il n’y aurait eu aucun intérêt. Je me tournai vers lui en croisant les bras.

- Déjà, es-tu d’affinité Suiton ? Car si tu ne l’es pas cela risque d’être plus compliqué pour toi d’apprendre cette technique.

Je passai ensuite à l’explication de la technique en elle-même, qui n’était pas si compliquée. Mais je voulais que le Yamanaka comprenne qu’elle n’était pas forcément puissante face à un ennemi. Elle me servait surtout de distraction ou d’ouverture pour mon combat, afin de pouvoir me rapprocher de l’ennemi alors qu’il est encore désorienté, affecté par l’attaque, et de pouvoir lui porter un coup plus puissant.

- Tout d’abord, cette technique, comme tu l’as constaté, est une de longue distance, qui permet d’atteindre l’ennemi avec une dizaine de balles d’eau compressées. Elle est très utile pour déstabiliser l’adversaire et lui porter de premières blessures, afin d’enchaîner sur des attaques plus puissantes. En tout cas, c’est ainsi que je l’utilise, ou alors, quand aucune autre ne fonctionne contre un ennemi. Des questions avant qu’on passe au vif du sujet ?

Je haussai un sourcil. Evidemment qu’il voulait avoir d’avantage de renseignements sur la technique. N’avait-il pas lui-même dit qu’il ne passait un marché que quand il était sûr d’avoir les pré requis, comme il l’avait si bien dit ? Soupirant, je me passais une main dans les cheveux, ne sachant pas vraiment comment répondre à Shigo. L’apprentissage de cette technique remontait à tellement loin, que j’avais du mal à me souvenir de comment mon père me l’avait enseigné. A vrai dire c’était l’une des toutes premières que j’avais apprise. Ce n’était donc pas étonnant que le souvenir soit si ancien. Je soupirai une nouvelle fois, avant de reporter mes yeux sur le Yamanaka.

- Je pense que c’est une très bonne question. Tout comme on pourrait se demander comment on peut cracher de grands jets de flammes de notre bouche, n’est-ce pas ? Ne pus-je m’empêcher de remarquer d’un ton sarcastique. Je continuai cependant d’un ton plus calme. Eh bien, tout part de ton chakra en lui-même.

Je m’éloignais un peu et tendis mon index et mon majeur de ma main droite vers le ciel. Lentement, afin que Shigo puisse observer mes actions, je poussai du chakra dans une forme ronde au dessus de mes doigts, celle-ci se mettant à tourner sur elle-même alors que j’y insufflai mon affinité et que cela ne devienne une balle d’eau. J’expliquai en même temps.

- Tout d’abord, tu formes ta balle en poussant ton chakra au bout de tes doigts, cette balle formée grâce à un tourbillon de chakra permettant la haute pression de l’eau par la suite. Ensuite tu y insuffle ton affinité et tu as ta balle d’eau. Tu as ainsi ta balle d’eau à haute pression formée.

Je me tournai vers un arbre et pointai mes deux doigts vers celui-ci. Je donnai une impulsion de chakra derrière la balle, et celle-ci partit à toute vitesses s’enfoncer dans le tronc de l’arbre.

- Pour finir il te suffit juste de donner une impulsion de chakra à ta balle pour qu’elle parte illico presto. D’autres questions ?

Je ne voyais pas trop ce que je pouvais ajouter à part cela. J’avais répondu à son interrogation précédente du mieux que je pouvais par cette démonstration. Qu’est-ce qu’il pourrait me demander de plus ? Enfin, j’étais quasiment certaine qu’il trouverait quelque chose.