Les temps étaient durs depuis quelques semaines. Beaucoup d’évènements s’étaient passées depuis que j’avais obtenu ce titre qu’était celui de chef de clan. J’avais du combattre pour ramener le reste du peuple du Bois pour qu’ils puissent, en grande majorité, revenir à Konoha. A cause de la capture d’un des hommes de Suna, j’avais provoqué la colère d’un Nukenin qui se pensait permis de mettre en danger la nation pour une ambition personnelle. J’avais accepté le défi lancé par Aburame Miko dans l’arène, et le résultat me laissait un goût amer dans la bouche. Lors de ma mission en Suna, je n’ai pas réussi à être suffisamment clairvoyant pour éviter aux compagnons canins de Takeo d’être violemment blessés. Qu'importe comment je retournai la chose dans tous les sens, j’arrivai à chaque fois à la même conclusion : j’étais faible.

Voilà la raison de ma présence sur ce lieu d’entraînement. J’avais pris pour habitude d’aller ici pour « évacuer de la vapeur », comme diraient certains. Le fait de pouvoir laisser écouler mon stress et mes émotion par de l’entraînement arrivait en général à me vider la tête. Qui plus est, étant donné que je me considérais réellement comme faible, cela me permettait également de pouvoir essayer de me renforcer, de m’améliorer. Je répétai les mêmes coups, encore, toujours, comme s’il s’agissait de gestes simples auxquels j’étais habitué, imprimés dans mon corps. Je répétai les mêmes gestes qu’aux entraînements de mon oncle. Pieds, poings, pieds, poings, lave, souffle, poing, pied. Encore et encore. Des gestes qui se faisaient réguliers, sans le moindre problème, de manière automatique.

Mais aujourd’hui, même faire ceci s’avouait bien difficile. Je commençai à sentir que l’effet déstressant de cette méthode atteignait lentement sa limite. J’avais beau faire comme à l’habitude, et essayer de me vider l’esprit pour exécuter mécaniquement les mouvements en tête. Mais quelque chose venait toujours me perturber l’esprit : les paroles de Kioshi. Parce que je m’étais défendu quand son oncle m’avait attaqué, et l’avait pris en otage, sans le blesser, pour me rendre à Konoha, il avait juré vengeance sur mon clan. Il m’avait proposé un défi pour y remédier, mais je ne trouvais que gamineries, qu’insolence dans ses mots, et l’avais refusé. Mais si j’avais tenté ma chance… Il n’aurait peut-être pas tenté cette folie.

Il avait menacé tous les Yôgan. Tous. Pas seulement ceux de Konoha, qui avait accepté de me suivre, mais également ceux de sa propre nation quittée, Suna, ainsi que ceux ayant choisi de tracer leur propre chemin. Seito, le jeune frère du Shûkai, était lui aussi cible, alors qu’il venait tout juste de renouer contact, et il l’ignorait. Je bouillais de rage contre tant de choses. Cette guerre, cette scission, Kioshi… Et moi-même. Et alors que j’étais en train d’accentuer mes frappes, plus maladroites, irrégulières, mais bien plus fortes, le visage suffisant du blond m’apparut, me répétant les mots lâches et déshonoré. Et je craquais. Instinctivement, mes avant-bras se recouvrirent de lave, et je frappai ainsi avec violence, une frénésie incontrôlée, comme si je pouvais anéantir ma cible de ce simple enchaînement.

Le dernier coup porté contre le bois, ce dernier ayant noircis grossièrement par les brûlures, l’écorce déchirée par mes coups, la lave disparaissait de mon corps et mon souffle se fit fatigué, erratique. Les yeux fermés pour essayer de me calmer, je maudissais silencieusement cette faiblesse qui me composait. Comment j’allais faire pour les protéger si je n’étais même pas assez fort pour battre des personnes de ce gabarit moi-même ? Le souffle calmé, je me relevai ainsi, essayant d’essuyer la sueur accumulée sur mon front, essayant de trouver ma gourde pour me rafraîchir.

HRP:

Je ne me souvenais même pas être revenu au village, le soir de l’enlèvement de la Daimyô de Kaze no Kuni. Je me souvenais du combat dans son entièreté et des quelques minutes de vols qui suivirent. Après cela, plus rien. Je ne me souvenais même pas avoir franchi la frontière de Hi et pourtant je l’avais fait. Une équipe nous attendait déjà selon ce que j’avais entendu, et nous avions été ramené et soigné à notre retour par une équipe médical avec Mizuki-sama à sa tête. Mes jambes étaient ce qui avaient nécessité le plus de travail, mais j’avais bien quelques côtes cassés et un bras mal en point, gracieuseté de mon atterrissage en chute libre. Je passai plusieurs jours au lit avant de finalement obtenir mon congé de l’hôpital et retourner à la maison. Je n’étais toutefois pas de retour sur le terrain, j’avais encore quelques semaines de convalescence encore. J’avais donc eu amplement le temps de réfléchir.

Après des heures incalculables de réflexion, j’avais réalisé plusieurs choses. L’une d’entre elle était que j’avais plus que hâte de reprendre du service. Une autre fut que je n’avais rien d’autre dans ma vie que le travail. Je n’avais toutefois pas encore établis si c’était positif ou négatif. J’avais réalisé d’autre choses, des choses plus fondamentales. Si Miko-sama, ou du moins son clone, n’avait pas été là avec moi cette nuit-là, je n’en serais probablement jamais revenu. Je me devais donc d’être plus fort, pour moi mais aussi pour mon village et mon clan. Si je tenais à redorer le blason de celui-ci, cela devait commencer par moi. J’avais alors utilisé le peu de temps de convalescence que j’avais en planifiant mes prochains entraînements et ce que je cherchais à améliorer. J’avais prévu beaucoup de temps sur défense, étant l’une de mes plus grandes lacunes. J’avais eu trop confiance en ma vitesse, mais je comprenais maintenant que je ne pouvais pas me fier qu’à elle. Du temps sur la base aussi, sur les combos de base de taïjutsu, ainsi que sur le taïjutsu élémentaire, qui je devais l’admettre n’avait pas encore atteint son plein potentiel. J’en avais quelques un dans mon arsenal, mais mes attaques les plus puissantes de mon Don. Je devais remédier à cela.

Comme de fait, je passai les jours qui suivirent à m’entraîner, seul ou en compagnie d’autre shinobi notamment au Colisée où une immense session d’entrainement avait été organisé. Je m’étais entraîné de mon côté aussi aux divers terrains d’entraînement et ce fut justement vers l’un de que je me dirigeais. J’avais depuis les derniers jours travaillés sur la canalisation de mon chakra Katon dans mon taïjutsu. Lorsque j’arrivai sur place, je remarquai que je n’étais pas le premier avoir décidé de s’entraîner aujourd’hui. Je reconnus le grand gaillard aux cheveux noirs, mais je le laissai à son entraînement, visiblement concentré. Je me dirigeai dans un autre coin du terrain puis je me mis à mon tour au travail. Les poings en feu, j’enchaînais les combos sur le bio de bois lorsque j’entendis derrière moi du bois craquer. Je me retournai donc et vit le Yôgan jeter son dévolu sur son propre bio avec une technique assez impressionnante issue de son propre clan. Je commençais à me dire que ce n’était pas le hasard qui m’avait mené ici. Je pouvais en faire ma propre version avec mon affinité Katon. Il fallait d’abord qu’il accepte. Je le vis chercher quelque chose du regard et à en juger par le sueur qui perlait sur son front, j’avais ma petite idée de ce dont il pouvait s’agir. Je me rapprochai alors de Yusei-san, me saisissant de ma propre gourde.

- Une gorgé d’eau?, lui demandai-je en lui tendant ma gourde d'eau.

Il se retourna, se demandant probablement depuis quand il n’était plus seul. Je pus toutefois dire qu’il me reconnut lorsqu’il se retourna et se saisi alors de mon eau. J’en profitai pour reprendre la parole.

- Cet enchaînement est assez dévastateur, surtout avec du Yôton. J’étais justement à la recherche de quelque chose dans ce genre, seulement avec mon affinité Katon. Si tu avais un peu de temps, je prendrais tes conseils volontiers.

J’étais peut-être en train de le déranger après tout. Il semblait plutôt occupé à mon arrivé, alors je pourrais comprendre qu’il n’ait pas le temps. Je pouvais facilement me mettre à sa place et il me faudrait sûrement une bonne raison pour me déroger de mon entraînement.

Les fantômes qui semblaient hanter mes pensées paraissaient plus tenaces que ce que j’aurais pu croire. Cette méthode pour me vider l’esprit marchait normalement, l’exercice répétitif absorbant mes pensées, semblait diminuer en efficacité avec le temps. Il est vrai que plus on répète quelque chose, plus l’on s’y habitue, mais aussi, moins ses effets nous affecte, car naturels. Apparemment, continuer à chercher d’ignorer le problème avec cette méthode n’allait plus être efficace. J’aurais dû me rendre à l’évidence, fuir cette idée d’échec ne mènerait plus à rien, je suis faible, je le resterai, tant que je n’aurais pas trouvé quelque chose pour compenser mon manque de compétences.

Me sortant de mes pensées obscures, je fus surpris d’entendre une voix à mes côtés. Ma tête étant orientée vers le sol, en me tournant, je ne vis qu’une main tendue vers moi, offrant ainsi ce qui s’apparentait à une gourde d’eau. Je restai un court instant à fixer l’objet. Oui, je cherchai à boire, mais me semblait que ma gourde était d’une forme différente, et surtout, que j’étais seul sur le lieu. Levant la tête pour voir la personne qui me tendit l’objet, surpris de reconnaître ainsi la tête brune et le regard aigle de mon interlocuteur. Senwashi n’était pas un simple Shinobi de la feuille au niveau des performances, tel point qu’il avait été assigné à la garde rapprochée du Daimyo du pays. Autant dire qu’il était loin d’être le premier venu.

L’esprit encore un peu dans le vague, je ne me posai plus réellement question à essayer de trouver ma propre gourde, et attrapai la sienne en le remerciant d’un simple hochement de tête, accompagné d’une sorte de grondement. La plaçant à quelques centimètres de mes lèvres et pressant la bouteille pour faire sortir le liquide sans la toucher, j’étais en train de réfléchir, réfléchir à sa présence ici. Je ne me demandai pas pourquoi il était là, après tout, on ne vient pas sur un terrain d’entraînement pour faire des crêpes, mais plutôt depuis quand il y était. Est-ce que j’étais si perdu que ça dans mon exercice que je n’avais pas ressenti sa présence ? Peut-être… Il fallait croire que mon obsession semblait me jouer des tours ces temps-ci, assez mauvais signe, si vous voulez mon avis.

Buvant les dernières gorgées, je l’entendis ainsi faire des commentaires sur mon Kazan Funka. Un enchaînement assez dévastateur, je devais l’avouer, mais je n’étais pas spécialement fier d’avoir sorti un tel assaut empli d’émotions négatives comme ça. Il me fallait apprendre à me contrôler, surtout pour un tel enchaînement, à cause des nombreux paramètres à prendre en compte pour l’exécuter. Par chance, je regardais mes poignées, et seules quelques traces de brûlures sur mes vêtements subsistaient de mon assaut. Si j’avais laissé plus de débordement, mes mains y seraient restées… C’est pourquoi sa question à vouloir l’aider m’étonna plus qu’autre chose.

« - … Je doutes d’être capable de vous apprendre quelque chose. »

Cette phrase, en la regardant de manière rétrospective, était sans nul doute complètement erronée. En effet, j’avais déjà eu l’occasion d’apprendre à Senwashi quelques subtilités du combat, notamment en termes de perception. Il savait que j’avais le potentiel d’enseigner. Mais pour l’heure… L’envie ne m’en disait guère. Le Gekei n’avait rien à voir avec ça cependant, dans d’autres circonstances, l’idée ne m’aurait pas désenchanté du tout. Mais pour l’heure, je n’étais pas vraiment en état de pouvoir faire quoique ce soit pour l’aider, j’avais surtout besoin de me retrouver un peu seul.

« - Il n’y a guère compliqué après tout… Juste frapper avec des effets pyrotechniques, ça semble simple, non ? »

Humeur désagréable dont j’en suis le premier désolé, mais bon. Je n’étais pas d’humeur, et ce n’était pas l’idée de faire un entrainement « forcé » qui allait m’en sortir. Reposant ainsi la bouteille d’eau, je repris en laissant mon souffle se calmer, et recommençait à frapper le tronc brûlé à répétition comme si de rien n’était.

Je pouvais voir l'incompréhension dans son visage alors que je lui tendais ma gourde. Même s’il me reconnut, il chercha tout de même sa propre gourde pendant quelques instants encore avant de finalement se saisir de la mienne. Le laissant s’abreuver, je l’examinai pour remarquer ses poings légèrement brûlés et blessés. Au moment où je me disais que c’était étrange, Yusei-san me tendis ma gourde. Je trouvai ces paroles encore plus étranges que ses blessures, m’avouant qu’il doutait pouvoir m’apprendre quoi que ce soit. Dans un autre contexte, j’aurais probablement été flatté. Je sentais toutefois que ce n’était pas pour cette raison qu’il disait cela. Il était vrai que nous étions tous les deux de grand taïjutsuka, mais je n’avais pas la prétention de dire que je n’avais plus rien à apprendre. Le Yôgan m’était justement déjà venu en aide par le passé, il n’y avait pas si longtemps que cela, alors je le savais plus que qualifié. Celui-ci reprit la parole, m’expliquant qu’il n’y avait rien de particulier avec sa technique, me demandant même ce qu’il y avait de bien compliqué. Me prenait-il pour un idiot? Je lui répondis d'un ton sec, reflétant le ton qu'il avait lui même employé envers moi.

- Nous savons très bien tous les deux qu’il y a bien plus que cela derrière ce jutsu. Pour quelques frappes, peut-être, mais pas pour une trentaine de coups et en aussi peu de temps. Ce n’est pas n’importe quel taïjutsu de base.

le concept ne m’était pas inconnu, mon gantelet me permettait de faire quelque chose de vaguement similaire. C’était toutefois majoritairement artefact qui faisait le travail, je me contentais de d’activer, diriger et garder sous contrôle. Il fallait toutefois un entraînement rigoureux et soutenu pour accomplir un jutsu comme je venais de le voir. Non seulement fallait-il atteindre une telle vitesse d’attaque, mais il fallait également garder le rythme de l’assaut ainsi que le contrôle pour garder le tout sur la cible. Ce n’était que les trois premier paramètres à prendre en compte qui me venait en tête, il y en avait probablement plus. En y repensant, j’étais sans doute capable de recréer la technique simplement avec ce que j’avais vue, je me disais simplement que j’utiliserais bien quelques conseils de la personne qui me l’avais montré.

- Je peux toutefois comprendre que tu ne sois pas disponible pour quelques conseils. Je te laisse alors.

Je le saluai d’un hochement de tête puis tournai le talon, retournant dans mon coin du terrain. J’avais maintenant un objectif plus concret à mon entraînement que de simples enchaînements Katon. Je pris d’abord quelques instants pour méditer, calmant ma respiration. Je me visualisai mentalement en train de frapper le bio de bois à une vitesse effréné tout comme j’avais vu Yusei-san le faire, à l’exception que mes poings étaient en feu au lieu d’être couvert de lave. J’ouvrai finalement les yeux, puis, prenant une position d’attaque, j’exécutai quelques mudras pour enflammés mes poings. Puis, prenant une grande inspiration, j’infusai du chakra dans mes bras puis je frappai aussi rapidement que je le pus sur ma cible. Je frappai sur le bois de mes poings de feu. Je frappai une vingtaine de coups sur le mannequin de bois, laissant sur celui-ci des marques noirs de brûlures, avant de finalement commencer à ressentir des douleurs au bras. J’arrêtai immédiatement le tout, faisant disparaître le feu de mes poings et laissant tomber mes bras. Je les secouai un peu puis fléchis les coudes, me défaisant de la douleur dans mes bras. Reprenant mon souffle, je me passai mentalement les étapes pour découvrir ce que j’avais pu manquer. Le dosage dans mes bras peut-être?

Je ne m’étais pas entraîné longuement, sans doute à peine une demi-heure avant que Senwashi n’arrive, donc je n’avais pas trop fatigué mon corps. Je dormais et me nourrissais bien en dehors, faisant en sorte de me trouver au meilleure de ma forme en chaque instants. Et pourtant, j’avais l’impression de me sentir exténué, affaibli, comme si un poids semblait forcer sur mes épaules en chaque instant. Aurait-il fallu qu’un Nukenin égocentrique et maniaque en vienne à menacer mon clan pour que je me rende comptes de la responsabilité qu’était celle du chef de clan ? L’organisation, les entraînements et la paperasse n’étaient rien comparé à ce que je recherchai pour aider les Yôgan à atteindre une vie paisible : la tranquillité.

Je continuai à frapper sur mon tronc, mais la force n’y étais plus, ni la volonté. Je pouvais ressentir d’avantage la douleur du choc du tronc sur mes mains qu’avant, étant moins concentré sur l’exercice. Claquant de la langue en voyant les efforts inutiles que je mettais dans l’exercice, je me résignai à devoir laisser tomber la chose. Evidemment, la pression retombée, il a fallu que ce soit le remord de ma réponse donnée à Senwashi qui prenne le dessus. Soupirant de me voir encore à succomber à l’envie d’aider une personne sur ce terrain d’entraînement, je me redressai et me tournai en direction du Gekei, pour voir comment il s’en sortait. De ce que je voyais, il avait du mal à trouver l’équilibre entre la concentration de chakra pour le changer en flammes, et l’enchaînement des frappes. Comme pour l’autre élève que j’avais rencontré, il voulait trop rapidement brûler les étapes. Décidant de briser le silence, je m’avançai, profitant du fait qu’il reprenait son souffle pour parler.

« - La difficulté n’est pas tant dans le maintien du changement de forme dans le chakra, mais plus dans l’enchaînement en lui-même. De ce que je vois, tu manques cruellement de fluidité dans tes mouvements. »

J’étais le premier à avoir été exposé face à ce problème lorsque j’essayais de la maîtriser. L’inconvénient de ce corps musclé que j’avais développé était que j’avais perdu grandement en souplesse. De ce fait, mes mouvements avaient de grandes difficultés à s’enchaîner au tout début, mon corps « bloquant » à cause de sa rigidité. Une fois que j’avais regagné l’attention de Senwashi, je levais les bras, et lui montrai un simple enchaînement d’une-deux lent pour démontrer mon point de vue.

« - Pour pouvoir continuer d’enchaîner les mouvements rapidement, le but n’est pas de mettre beaucoup de force pour ramener et relancer ton poing. Ce qu’il faut, c’est réussir à ne pas stopper ton mouvement. De ce que j’ai vu, il y a un court instant où ton bras reste immobile en arrière, cassant ainsi ton rythme, avant de repartir. Il faut faire en sorte qu’il reste le moins longtemps dans cette position, une sorte de « mouvements perpétuel » si j’ose dire. »

Tout en faisant mon explication, je montrais l’évolution de ce que je disais dans mon enchaînement. Là où au début, mes bras s’arrêtaient un court instant le temps de la frappe, je commençai à rétrécir de plus en plus le temps où ils étaient repliés en arrière pour faire un mouvement continu, sans aucun temps mort. Avant de pouvoir y mettre de la vitesse, il devait d’abord comprendre la subtilité du geste, comme pour tout art Taijutsu. Reposant les bras, roulant des épaules suite au geste, je me retournai vers lui encore une fois.

« - Chaque techniques de combat se doit de devenir un mécanisme avant d’être affiné. Une fois que tu maîtrise ce mouvement, tu pourras en augmenter la vitesse. Et à ce moment, tu pourras rajouter tes flammes. »

Le laissant acquiescer sur mon conseil, je recommençai à m’éloigner, m’appuyant quelques part pour me permettre de réfléchir. Senwashi était un bon combattant, mais surtout, un homme de confiance que le Daimyô tenait à son service. Il devait effectivement faire en sorte de pouvoir combattre dans les cas les plus critiques… Comme une nouvelle attaque de Kioshi. Le souvenir commençait vraiment à me tourmenter, alors que je faisais de mon mieux pour ne pas y repenser. Serrant le poing, je continuai de m’occuper de ce mal en silence, me concentrant pour l’heure sur les mouvements du Gekei et voir si je peux l’aider.

Reprenant mon souffle, je repassais mentalement ce que j’avais vu Yusei-san faire, sa posture, son rythme, la quantité de lave sur ses poings. Je me visualisai à nouveau en faire de même, excepter les poings en lave qui étaient dans mon cas couverts d’un feu ardent. J’étais en pleine méditation, croyant fermement que la visualisation était une partie importante de l’entraînement, lorsque je fus ramené à la réalité par nul autre que Yusei-san. J’ouvrai les yeux à ses premières paroles, clignant des yeux à quelques reprises avant de pouvoir finalement faire le focus sur lui. Je l’écoutai donc parlé, me faisant réaliser que je manquais apparemment de fluidité dans mes mouvements et pas qu’un peu. Je fus offusqué sur le coup, mais passé rapidement par-dessus, voyant bien que ce n’était en rien une critique, seulement une constatation. Je le regardai alors me faire une petite démonstration, un simple enchaînement de deux coups qui en le voyant faire était à la base du jutsu. Il continua ses explications, me révélant que la clé n’était pas de frapper et ramener avec le plus de force possible, mais plutôt de créer ce qu’il appelait un « mouvement perpétuel ». Je voyais où il voulait en venir et soudainement, tout semblait faire plus de sens.

- Comme les roues d’une locomotive… , raisonnai-je à haute voix en le voyant augmenter la cadence.

Je réalisai alors les lacunes en taïjutsu plus traditionnel. Mon style de taïjutsu était un art clanique qui se basait plus sur les coups de griffes que sur les coups de poings. Je pourrai toutefois incorporer ces informations à mon propre style, je n’en avais aucun doute. Je me devais donc de maîtriser cet enchaînement pour pouvoir ensuite augmenter le rythme et atteindre le stade de « mouvement perpétuel ». Ce ne sera qu’à la toute fin que j’ajouterai mon affinité Katon pour compléter le jutsu. J’hochai la tête d’un coup sec, lui faisant comprendre que j’avais compris et que j’étais prêt à réessayer. Il recula de quelques pas alors que je me tournai vers mon mannequin de pratique. Je fermai les yeux, pris quelques inspirations lentes en repassant premièrement le petit enchaînement pour le voir ensuite augmenter la cadence. Il fallait doser la quantité de force que je mettais pour frapper et pour ramener mon poing pour minimiser les temps morts. J’ouvris finalement les yeux, faisant tourner mes bras quelques tours puis je pris finalement ma position de combat.

Je commençai alors à frapper lentement sur le bois, mais dosant mes coups pour ramener mon poings pratiquement aussitôt la cible toucher. Au moment où l’un de mes poings revenait, l’autre partait avec autant de vitesse que le poing revenait. Je répétai le processus à plusieurs reprises, me familiarisant tranquillement avec l’enchaînement. Je décidai ensuite d’augmenter un peu la cadence, question de voir où je pouvais me rendre. Reprenant mon image de locomotive, je commençai tranquillement à augmenter la cadence en faisant attention à bien garder l’équilibre du débit d’énergie. L’accélération fut progressive, mais elle était tout de même présente. Je continuai d’augmenter le rythme, allant de plus en plus vite. Je comprenais ce qu’il voulait dire quand il disait mouvement perpétuel. Je réalisai alors que je ne pouvais pas aller plus vite, même si j’essayais. Je maintins cette cadence pendant quelques instants pour finalement ralentir le rythme et m’arrêter complètement. Une fois en arrêt, je ressentis aussitôt le stress imposé à mes bras. J’avais les biceps gonflés à bloc, comme après une dure série de pompe en chandelle. Je fléchis les coudes à quelques reprises et secouai mes bras. Je me retournai vers Yusei-san et écoutai ce qu'il avait à ajouter.

Prenant ses nouveaux conseils en notes, je repris ma position devant le mannequin. Je remarquai alors les dégâts que je venais de causer sur le mannequin. J’avais littéralement détruit les bras qui sortaient à plusieurs endroits. Je me sentais un peu mal, mais en même temps c’était une éventualité à prévoir sur un terrain d'entraînement. Il y avait sûrement des Hayashi parmi l'équipe de restauration des terrains pour réparer les mannequins. Je repris alors ma concentration, me disant que cette fois j’allais me rendre jusqu’au bout et intégrer mon chakra Katon. Je pris quelques inspirations puis je commençai à frapper, augmentant le rythme bien plus rapidement que tout à l’heure.

J’avais fini mes explications sur le sujet, pensant avoir été aussi clair et explicite que je le pensais. Il fallait dire que j’avais développé et perfectionné cette technique « sur le tas ». Je me souviens que c’était suite à mon premier entrainement au sein du clan Yôgan que j’avais essayé de créer cet enchaînement, dans une envie de combiner la puissance physique pure à celle de la lave. Et ce n’était qu’en affinant de plus en plus mes gestes, à la façon d’une « Locomotive », comme disait Senwashi, que j’avais réussi à atteindre cette forme. Cependant, si cela pouvait compenser le risque de se bloquer en plein milieu de l’enchaînement, elle imposait un autre défaut majeur. Et avec la réaction que j’observai avec Senwashi, il était aisé de deviner qu’il s’en était rendu compte également.

« - Si tu gagnes en vitesse et fluidité, tu gagnes également en contractions musculaires. Maintenir une telle pression aux bras peut être bien plus difficile pour ton enchaînement, car t’obligerais à devoir attendre quelques secondes avant de les réutiliser. Je n’ai pas de solution miracle pour ça, juste qu’il faut t’exercer longuement jusqu’à que tu arrives à t’habituer à cette sensation. »

C’était en effet la seule chose à faire : réussir à faire en sorte de passer outre la pression exercée sur les muscles par le travail. Il m’a fallu plusieurs jours avant de pouvoir exécuter ce simple mouvement, seul, sans la lave. Non pas que la génération de la lave m’était impossible à rapidement exécuter, mais parce que contrairement à mon homologue Gekei, je devais également supporter le poids de la matière sur mes bras, les alourdissant et rendant l’enchaînement difficile. Mais à côté de cela, ça m’avait permis de renforcer plus facilement ma musculature, me permettant de garder une certaine aisance même avec cette masse supplémentaire, surtout si je devais porter mon armure.

Soudain, me sortant de ma réflexion, je le vis en train de rajouter les flammes à sa technique. Alors qu’il continuait à frapper, je fis un faible soupire inaudible, et repris la parole, espérant qu’il n’interrompe pas son enchaînement.

« - L’autre raison pour l’importance de la vitesse est justement la chaleur. Si tu vas trop lentement, elle te consumera les membres sans te demander ton avis. Essaye déjà de maintenir cette cadence sans effort avant de vouloir contrôler tes flammes. Enfin… Fait ce que tu penses plus adapté… »

Je laissais mon soupire s’échapper malgré moi, car après toute cette discussion, je n’arrivais pas à me détacher l’esprit entièrement de mes pensées en tête. L’obsession que j’avais avec cet homme qui représentait une menace à la fois à la nation, au village, mais également sur un plan plus personnel commençait à me ronger de l’intérieur. Il me fallait réussir à oublier ce genre d’inconvénient. Pour l’heure, je me chargerai de l’entraînement de Senwashi, puisque le miens semblait ne pas aboutir à quoi que ce soit d’utile. Voulant encore une fois détourner la conversation, assis adossé contre un arbre, je l’observai avant de parler.

« - Tu ne préférais pas plutôt une technique pouvant exploiter tes dons claniques ? Les transformations du clan Gekei sont censées vous donner un avantage au combat rapproché. »