Un nouveau jour pour une nouvelle identité. Et ce fut ainsi que Red, alias Aozora Saibogu Oniri, rejoignit les terres de l'eau. Arrivant par navire, elle ne s'arrêta pas directement au port de la ville de Hatsu qui était sa destination légitime, mais bien avant au bord d'une plage. A peine eu telle posée le pied sur le sable que son apparence changea du tout au tout. Une splendide robe noire ornées de motifs azure et émeraude remplaça son accoutrement de Kunoichi. Sa peau devint aussi pâle que la neige, ses cheveux plus sombres que la nuit tandis que ses yeux se voulaient à présent comparable aux reflets du ciel dans l'océan. Un maquillage à la prédominance noir de jais mettait en valeurs les contours de ses yeux et de ses lèvres. Sa démarche affirmée de soldate devint celui d'une jeune noble dans la fleur de l'âge n'hésitant pas à jouer de ses atouts pour charmer les cœurs et soumettre les âmes. Tout en elle émanait la grâce et le savoir être à l'image d'un ruisseau au chant cristallin qui dévalait avec délicatesse le versant d'un sentier.

La scène avait lieu par une belle mâtiné d'été dont la présence du soleil ne parvenait à chasser la fraîcheur de l’atmosphère qui condensait son humidité à une brume distillée de façon si éparse et effilochée qu'elle n'apportait qu'un cadre fantomatique, source de fantasmagories et de présages, à défaut d'une réelle nuisance visuelle. Prenant ainsi le pas, seule qu'elle fut au milieu de la faste verdure qu'imprégnait la rosée matinale, la somptueuse Kunoichi présentement enveloppée dans ce voile de noblesse avançait en direction de la dite cité portuaire. Ainsi pavée de telles atouts la dame s'assimilait parfaitement à son rôle de nanti venue quérir mondes et merveilles sur la grande place du marché. Le fait qu'aucune émanation de chakra ne se dégageait d'elle jouait naturellement en sa faveur, mais elle ne manqua pas de prévenir les gardes croisant son chemin afin de non seulement faciliter sa venue mais également par politesse envers son hôte avenir qui tenait à ce que sa présence soit déclarée conformément à leur accord.

Il fallait dire que même sans cela la jeune femme n'aurait eu aucun mal à passer, elle qui en cet instant n'était qu'une âme parmi les innombrables circulant à travers ces étroites ruelles, ces larges allées et ces magnifiques places. Rien si ce ne fut sa prestance ne la différenciait des quidams qui déambulaient tout autour d'elle ce qui ne manqua pas de l'amuser. Oniri se dit qu'en outres temps et outres circonstances elle se serait certainement attardée dans l'exploration de ces rues dont l'architecture n'était pas sans lui rappeler les villes de sa terre natale qu'était le Pays des Neiges.

Elle se conforta néanmoins dans l'idée que si elle n'avait pas eu le loisir de choisir la ville, elle avait tout de même pu choisir le lieu de rencontre. Aussi un salon de thé avait retenu toute son attention. « L'Atelier des délices » ferait un parfait lieu de connivence pour elle et son interlocuteur. Sa nature ponctuelle l'avait poussé à se présenter en avance. Elle qui appréciait faire état des lieux ne put que relever le raffinement de ce cadre intimiste. Petit, entièrement fait de bois, ornée de plantes murales qui reflétaient les lueurs du foyer crépitant dans l'ancienne cheminée de pierres. Oniri, Red, ou peu importe qui elle fut réellement s'installa confortablement à une table dans la partie la plus reculée de l'enseigne. Une poutre, plus que bienvenue, masquait en parti le champ de vision sur le restant de la salle.

Croisant les jambes, la Kunoichi se contenta d'attendre patiemment la venu de son correspondant en lorgnant la carte qu'un serveur venait de lui apporter. Intérieurement elle se riait des nombreuses affiches à l'effigie de la Saibogu placardée sur les murs de la ville. Elle qui en l'espace d'un assaut d'envergure était devenue l'ennemi publique numéro un de l'empire, elle qui s'apprêtait à déguster un thé en toute tranquillité dans ce fauteuil confortable. Les minutes défilèrent jusqu'à ce que la présence d'un chakra inconnu, mais non négligeable arriva dans le salon. Oniri lui fit signe d'un geste raffiné de la main pour l'inviter à le rejoindre.

-Mes hommages Mizukage-sama. Heureuses d'enfin pouvoir vous rencontrer. Vous m'excuserez pour ces apparats qui, je l'estime, sont les bienvenues en de pareilles circonstances. Il ne faudrait tout de même pas que l'on vous surprenne en train de converser avec vous savez qui. Je vous en prie installez-vous. Nous avons beaucoup de chose à nous dire. Du thé ? Proposa la noble dame tout en posant l'extrémité d'un index verni de noir sur sa joue. Pour sa part elle avait déjà fait son choix. Un breuvage qui, ironiquement, ne se cultivait qu'en ces terres froides. Je prendrais « La chute de la nouvelle lune » avec un nuage de lait je vous pris.

Il ne restait plus qu'à attendre que le tout soit servit, mais il était hors de question de laisser la conversation refroidir. Avisant son compagnon de fortune d'un regard pénétrant souligné par les deux perles de glacées lovée dans ses iris la Saibogu adressa un sourire naturel, plein de charme à l'encontre de l'Ombre de l'eau. Ce premier index glissa sur sa peau jusqu'à toucher sa lèvre. Elle-même s'étonnait de voir avec qu'elle aisance elle se laissait porter par ses propres petits jeux. Certains disaient qu'avoir plusieurs identités signifiait n'en avoir aucune. Pour elle cela signifiait surtout avoir plusieurs cordes à son arc.

-La Kaguya n'est pas une franche diplomate nous devons bien le reconnaître, j'espère que vous ne lui en tiendrez pas rigueur. Loin de moi l'idée de m'excuser pour elle, disons seulement qu'elle porte son caractère pour le meilleur et surtout le pire. Dans le cas présent le meilleur nous a apporté cette entrevue. Je vais me faire l'effort d'être honnête. Voilà pourquoi je n'irai pas par quatre chemin avec vous.. Elle marqua une pause volontaire donnant ainsi davantage de poids aux paroles qui s'apprêtaient à lui succéder. Entre temps ses lèvres s’étirèrent en un sourire malicieux soutenu par une forme d'appétence conceptuellement indéfinissable. Je suis venue pour former une alliance officieuse avec vous. Je veux donner à Mizu la force de se débarrasser des impériaux tout en lui permettant d'assurer son devenir.

Elle pensait sincèrement ce qu'elle disait. Que ce soit Kaminari ou Mizu, elle ne comptait fondamentalement trahir aucun d'eux, seulement s'en servir comme marche pied pour son ascension. Pour autant il semblait y avoir autre chose. Depuis maintenant plus d'un an l'entité se repaîtrait de son âme afin de grossir de plus en plus et évoluait à sa façon, indépendamment du schéma pré-établi dans son hôte d'origine. Alors elle avait eu tout à loisir d'injecter en Oniri, non pas une idée, mais un sentiment. Un sentiment qu'elle même n'aurait pu définir mais qui continuait de la transformer progressivement.

Spoiler:

Le Rokudaime marchait d’un bon pas, son pied venant fouler et frapper la terre battue du chemin. Son rendez-vous d’aujourd’hui revêtait une importance particulière. Aucune garde ou aucune trace officielle de cette petite excursion dans la ville d’Hatsu. Son contact avait donné des instructions claires à la femme qu’il venait rencontrer. Des modes d’opération bien précis afin qu’elle puisse se permettre de fouler ce sol où elle serait chassé avec ferveur si elle était reconnue. Quelques failles dans la sécurité créées par l’Ombre de l’Eau lui-même afin que cet entretien ait lieu. Il y avait de cela quelques temps déjà qu’il avait parlés de cette rencontre avec la Kaguya et le jour était venu.

Il se rendit dans le salon de thé où le rendez-vous était convenu. Un signe à son encontre lui signala qui était son interlocutrice qui ne devait ignorer son apparence. Quant à elle, il s’agissait d’un autre portrait que celui affiché sur les avis de recherche. Rien de plus normal en ces circonstances. Elle s’en excusa d’ailleurs mais pouvait-il lui en vouloir ? Il aurait procédé de même s’il avait été dans sa situation. Une remarque de sa part lui arracha un sourire en revanche alors qu’elle venait de prendre sa commande auprès du garçon. Saisissant le dossier de la chaise qui semblait lui être destinée, il s’amusa d’une formule employée quelques secondes auparavant par la Nukenin tant recherchée :

- Vous invitez souvent vos hôtes à s’asseoir à leur propre table ?! Une coutume particulière mais amusante je dois dire, annonça-t-il avant de s’asseoir à son tour.

En attendant que la commande n’arrive, la criminelle ne manqua pas de perpétuer la conversation. Le Shinda avait décidé de la laisser parler pour le coup. Il y avait bien plus de choses qu’elle avait à lui dire que le contraire. Elle se pavait de sourires et de jeux de mains sous le regard imperturbable du nécromancien qui n’attendait qu’une chose. Il écoutait donc les beaux mots de la demoiselle se déverser tels les breuvages autour d’eux. Elle se justifia légèrement du comportement de Milly qui selon elle possédait des hauts et des bas. Cette même conversation faisait partie des hauts d’après ses dires. Une discussion qui la mena sans détour à soumettre une proposition d’alliance entre elle et la Brume. Une nouvelle accueillie dans un silence profond, accompagné d’un soutien de regard impénétrable. Les saphirs du Fossoyeur fixaient la jeune femme derrière les verres violacés qu’il promenait sur l’arrête de son nez. Il redressa la petite structure métallique lorsqu’il allait reprendre la parole. Mais c’était sans compter sur l’intervention du serveur qui apporta les tasses.

Il déposa la théière et les deux récipients sur la table avant de servir consciencieusement le duo. Puis il s’éclipsa. Saisissant la tasse pour la ramener vers lui, Michiki sortit une fiole de sa manche dont il déversa le contenu sans vergogne dans son breuvage bouillant. Un geste dont il ne se cacha pas. Il était prudent et assez intelligent pour ne pas risquer sa vie lors de tel entretien. Flottait maintenant parmi les infusions de plantes un sérum de sa composition, mortel pour quiconque se délecterait d’une goutte, mais inefficace sur lui-même qui avait testé tous ses poisons sur lui. Un moyen de se protéger de l’empoisonnement. Ce genre de formules était si puissant qu’elle avait le don de dominer n’importe quelle autre substance nocive pour l’organisme. Combattre le feu par le feu en soit. Il prit une gorgée du nectar, s’humecta les lèvres et le leva vers son interlocutrice comme pour trinquer :

- Ça manquait de sucre, se justifia-t-il faussement. Mais revenons-en à nos affaires en effet. Le manque de diplomatie flagrant de notre chère amie nous a certes menés à ce moment convivial même si pour le coup elle n’a fait que risquer encore plus sa place sur l’archipel. Peut-être sauriez-vous lui faire entendre raison à l’avenir, souligna-t-il.

Il prit une nouvelle inspiration d’infusion en la dégûstant une fois de plus. Sa main resta sur le récipient tandis que l’autre tapotait légèrement du doigt sur le bois abîmé de leur table. Un tapotement régulier et agaçant pour qui ne supportaient pas les bruits répétitifs. Un bon moyen de sonder les nerfs de la Nukenin ? Ce n’était pas avec ce genre de stratagèmes puérils que le Shinda allait éprouver la kunoichi. Il agissait plus par simple réflexe, une sorte de toc qu’il avait pris au fil du temps.

- Mais j’imagine que vous aviez prévu un peu plus que ça pour ainsi vous présenter à moi. Pour votre projet de chute de l’Empire, il faudra bien plus que l’appui de ce qui est censé être une province impériale. Et puis j’ai du mal à réaliser de quels moyens vous disposez pour y parvenir. Les derniers dont je me souviens n’ont pas été d’une efficacité redoutable non plus une fois emprisonnés par mes soins.

Une nouvelle gorgée alors que son regard et son sourire témoignaient de toute l’ironie dont il faisait preuve. Cet entretien promettait d’être riche en rebondissements mais surtout amusant. Il ne regretterait pas le déplacement.

-Du moment que le goût n'en est pas gâché. Fit-elle dans un sourire plein de charme.

Pour sa part la noble vagabonde n'avait nullement besoin de s'enquérir de ce genre d'artifice. Ses sens sur-développé lui suffisaient pour détecter le moindre ajout inopportun dans son breuvage. Si l'odorat ne suffisait pas, son goût affûté pouvait détecter la moindre molécule pernicieuse à peine entrée en contact avec ses lèvres et ce n'était pas pour rien qu'elle avait passé commande d'un thé qu'elle avait but mainte fois par le passé. L'homme face à lui semblait être un provocateur né, en témoignait ses petites remarques piquantes et sa gestuel qui allait de pair. Seulement il en fallait mille fois plus pour espérer déstabiliser la cheffe de cette organisation criminel. Pourtant la dernière provocation qui lui fut adresser réussi à l'étonner, tout du moins tel était ce que témoignait son haussement de sourcils circonspect. Elle reposa lentement sa tasse avant de prendre le temps de toiser le Shinda de ses yeux saphirs.

-Allons Mizukage-sama... Je vous n'allez tout de même pas me faire croire que vous pensez que l'assaut d'il y a un an était effectivement une attaque d'envergure. Vous me semblez bien plus intelligent que cela... Elle marqua une pause, arbora un nouveau sourire, cette fois-ci espiègle mais nullement dénué de charme. Voyons, ce n'était que de la poudre aux yeux. Le véritable intérêt étant simplement de faire parler de nous, ce que nous avons effectivement réussi à accomplir auquel cas notre conversation n'aurait jamais eu lieu.

La vérité sautait aux yeux et si l'Ombre de l'Eau ne l'avait pas compris cela signifiait que tout compte fait il n'était peut-être pas aussi intelligent que ce que Milly avait prétendu. Néanmoins l'instinct de la jeune femme ne pouvait la tromper. Elle savait, simplement en le regardant, qu'elle faisait malgré-tout face à un homme redoutable.

-Permettez-moi de resituer le contexte. J'ai cru comprendre que vous souhaitiez l'indépendance de Mizu. En soit il s'agit d'une noble cause d'autant plus que l'idée d'exploiter l'empire pour recouvrer votre gloire datant et une bonne idée. Au jours d'aujourd'hui la guerre se présente comme une parfaite occasion de parvenir à vos fins. Les conflits directs avec Kaminari vont progressivement amenuiser l'influence qu’exerce le Shukai ce qui ne peut jouer qu'en votre faveur. En outre, bien qu'il s'agissait d'un objectif secondaire, l'assaut de mon organisation d'il y a un an sur les grands ports de l'Empire a grandement accentuer votre marge de manœuvre sur les terres de l'eau. Sans dire qu'il en est à l'origine, les données parlant d'elles-mêmes, cette attaque à grandement contribué à vous accorder le privilège de donner un renouveau à la brume. Je tenais simplement à le souligner même si vous avez certainement déjà dû vous rendre compte de ces répercutions. Aussi la prochaine fois que vous emprisonnez « un de mes moyens » ayez au moins la politesse de le remercier.

Une fois encore les chiffres parlaient d'eux-même. Si Mizu avait manqué de ressource suite à cet assaut il en était ressorti un certaine forme de libre arbitre dont le Shinda avait profité pour fonder son nouveau village caché. Seulement Red n'était pas là pour lui donner des cours, elle tenait simplement à resituer le contexte, que le Mizukage comprenne que les actions du Kyomu avaient jusqu'à présent jouée en sa faveur.

-Mais je m'éloigne du sujet. Comme je le disais la guerre serait une belle opportunité pour vous, seulement votre nation se retrouverait avec ce même problème lié au manque de moyens financiers et humains. La meilleur solution serait donc de garder l'Empire à vos côtés, lui prendre tout ce que vous pourrez lui prendre pour un jour espérer devenir assez fort afin de s'en détacher. Seulement à partir de là un autre problème se posera. Loin de moi l'idée de douter de votre capacité à enflammer les foules et à retourner les étendards, mais comment compterez vous vous rebeller alors que la moindre pièce de vos équipements seront estampillée « Empire » jusqu'aux chaussures que vous auriez prévu d'utiliser pour leur marcher dessus ? Votre initiative, bien que louable, reste à double tranchant. Plus vous laisserez l'Empire vous aider et plus il renforcera son emprise sur Mizu et une fois qu'il aura fait main basse sur le système économique de la nation tout espoir de rébellion se verra étouffé dans l’œuf et la plus grande des armées de la brume ne pourra rien contre cela.

Par définition Red était l'ennemi de l'Empire. L'Empire pouvait utiliser Mizu pour se renforcer ce que Red voulait naturellement éviter. Ce théorème, sans qu'il ne puis conférer une confiance aveugle à l'égard de chacun des partis suffisait à prouver que tous deux regardaient dans la même direction.

-Pour remédier à cela j'aimerais vous proposer une alternative financière qui vous permettrait de parvenir à vos fins. Vous me demandez quelles sont mes ressources ? Je vous réponds qu'elles sont diffuses. Chaque jour notre influence n'a de cesse de croître sur le continent. Plusieurs marchés sont en notre possession, mais je ne vous cache pas que notre organisation est jeune et à encore beaucoup à gagner. Il n'empêche qu'elle a également beaucoup à offrir. Cette archipel d'île porte bien son nom. Elle est entourée d'eau est pourrait davantage profiter de cette ouverture sur le monde qu'est l'océan pour enrichir comme il se doit votre économie. L’inconvénient étant qu'en l'état les moyens logistiques nécessaire à un tel renouveau sont entre les mains de l'Empire et si vous parveniez malgré tout à mettre ceci en place indépendamment de la volonté du Kamui, nul doute que ce dernier cherchera à s'en emparer.

Le ton de sa voix était clair et limpide. Malgré les termes employés et la prestances qui se dégageait de la jeune femme à aucun moment le timbre de ses mots n'avaient laisser paraître une forme d'arrogance ou de supériorité vis-à-vis du Shinda. Malgré les provocations que ce dernier avait put émettre elle continuait de le tenir en respect.

-Voici la raison pour laquelle nous sommes près à vous proposer nos services. Nous possédons ces moyens logistiques en plus du réseau d'influence et des nombreux contacts qui faciliteraient grandement l’émergence de ce nouveau marché. Avec du temps et de l’effort vous pourrez gagner suffisamment de ressource pour redresser vous même Mizu et la Brume sans avoir de compte à rendre à qui que ce soit. Le contrepartie qui je vous demanderai en retour sera une compensation financière à hauteur des bénéfices que vous engendrerez. Naturellement avant d'entrer dans les détails j'aimerais savoir si le projet vous intéresse.

La Kunoichi ne faisait rien au hasard. Elle connaissait les possibilités de son groupuscule ainsi que celle de Mizu et ce que tous deux pourraient accomplir ensemble. Se saisissant une nouvelle fois de sa tasse elle la porta à ses lèvres tout en gardant l'auriculaire levé. Il était fou de voir comment les vieilles habitudes revenaient naturellement une fois drapé des bons apparats.

-Entendons-nous bien Mizukage-sama, à aucun moment je ne vous demande de tourner le dos à l'Empire, tout du moins pas dans l'immédiat. Ce que je vous propose c'est une garanti pour l'avenir.

- Vous avez raison je me montre bien rustre. Mais je vous prie de croire en mes plus nobles intentions. J’avais fait parvenir des bouquets à vos moyens lors de leur incarcération en guise de remerciement. J’espère au moins qu’ils leur auront transmis.

L’absence de vérité dans ces propos était palpable. Même pas besoin de demander confirmation aux concernés à vrai dire. La Nukenin devait bien avoir compris le trait d’esprit du Shinda alors que ce dernier s’était délecté d’une gorgée de breuvage. Il préférait accueillir cette critique avec un peu plus d’humour que de sérieux. La dirigeante du Kyomu menait là une transaction ô combien intéressante pour elle. Le Fossoyeur pouvait également y trouver son intérêt si ce n’était d’en définir prix et conditions. Mais il laissa bien évidemment le soin à la Saibogu de terminer ses explications qui s’avéraient longues mais complètes.

Elle avait potassé son sujet. Pour le Shinda qui s’était présenté à cette entrevue sans le moindre argument ou préconçu, il n’avait qu’à écouter et réfléchir aux propos abordés. Il était donc très attentif à ce qu’elle pouvait raconter, tentant de délier le fil de sa pensée pour voir où elle voulait en venir avant qu’elle ne l’exprime directement. Son raisonnement suintait de logique et de bon sens. On ne pouvait lui enlever ça. Mais une telle pensée ne pouvait être que motivée par des buts bien plus grands. Pour ainsi songer à tous ces éléments, la jeune femme devait y chercher un bénéfice égal. C’était la clé lorsque l’on cherchait à marchander. Proposer des services compensant le bien demandé. Pour le moment, elle se tenait en retrait dans les négociations sans parler de sa rémunération. Ce qui attisait bien plus Michiki.

Tant de beaux discours et de belles paroles pour en arriver là. Une discussion menée à la perfection. Camouflage, discrétion et diplomatie. Il n’était guère étonnant que cette femme se retrouvait à la tête d’une organisation Nukenin. Il fallait bien ça pour y arriver. Mais son petit jeu amusait énormément le Rokudaime. Elle venait de conclure sa proposition sur l’assurance de ses intentions. Là aussi la noblesse était mise en avant par ses mots et son attitude. Son léger sourire toujours en place, Michiki écarta ses mains :

- Vos mots sont doux et soyeux. Consciencieusement enveloppés de leur écrin de velours. La bienséance et la politesse s’en échappent. Mais nous savons tous deux qu’on a beau diluer du sang avec du vin, ça n’en restera pas moins du sang. Nous sommes entre grandes personnes, par conséquent agissons en tant que tel. Votre proposition est utopique, qui serait assez fou pour la refuser ? Je vais vous le dire : quelqu’un qui connaît le prix de pareils services. J’imagine que notre amie commune aura vite précisé que je suis un chien de l’Empire, pour tenter d’égaler ses mots. Je suis passé par votre cheminement pour m’approcher de l’Empereur pour en arriver là aujourd’hui. De simple Nukenin, je suis arrivé à Gouverneur de cet archipel par la simple vente de mes services, tout en gardant mon indépendance pour autant. Mes actes ont été nombreux et divers. De l’assassinat d’un Seigneur de pays jusqu’à mener des troupes en guerre, j’ai dû endosser plusieurs vestes. Mais le prix était convenu à chaque fois. Aussi tout ce qui m’intéresse pour le moment est de connaître votre prix. Quelle motivation tirez-vous d’une telle entreprise ?

Il prit une autre gorgée sans lâcher le regard de son interlocutrice qu’il gratifia de quelques derniers mots :

- Qu’est-ce qui vous amène à vouloir détruire l’Empire ?

Ce nouveau Mizukage semblait être un sacré plaisantin. Il n'était pas étonnant que sa discussion avec Milly ait finit par mal tourner. Qu'à cela se tienne, Red n'avait que faire de ce genre de provocations gratuites tout du moins si l'on mettait de côté le fait que ces dernières semblaient en dire long sur la personnalité de son interlocuteur. Dans un sens les deux individus ici présent se ressemblaient beaucoup. Chacun était parti de rien pour arriver à quelque chose et les vois-ci qui à présent se retrouvaient confortablement installés autour d'une table à parier sur l'avenir du monde. Mais il n'y avait pas que cela. Sans avoir encore la prétention de le connaître la Kunoichi pressentait un certain détachement émaner de cet homme. Passant outre les apparats, purs instruments facétiques dont il se servait pour masquer ses intentions profondes, elle a venait à supposer que le pouvoir n'était pas là sa seule source de motivation dans la vie. Cette pensée lui fit étirer un léger sourire plus qu'opportun pour permettre à ses lèvres d’accueillir sa tasse de thé. Hors cet élan de satisfaction put-être parfaitement justifié par les compliments qui lui étaient adressés. Dans un sens il avait parfaitement raison même si la Saibogu aimait à penser que l'on pouvait faire boire absolument n'importe quoi à n'importe qui du moment qu'on le diluait suffisamment.

-Mes intentions premières sont, à n'en point douter, mu par des intérêts vénaux. Si nous nous accordons sur ce partenariat commercial c'est naturellement pour que chacun des partis puissent en tirer son bénéfice. Si nous pouvons aider à relancer Mizu, Mizu pourra en retour allouer une compensation financière à mon organisation. Que nous le voulions ou non la mer est actuellement le moyen de transport le plus sûr de tout le continent. La plupart des nations tendant à étendre leur influence uniquement sur les terres délaissant ainsi les voix maritimes. Les guerres et nombreux conflits passés ont jusqu'à présent empêchés ce marché d'éclore. Il nous incombe donc de nous en emparer. Mizu est actuellement la nation la mieux placée pour parvenir à cette fin d'où mon intérêt pour celle-ci. Hors je sais pertinemment que la Nation de l'eau ne pourra jamais exprimer son plein potentiel tant que l'Empire continuera de la tenir en laisse.

Petit à petit Red dévoilait un jeu qu'elle avait déjà préparé bien des années à l'avance. Tout était effectivement prémédité. Qu'il s'agisse de la guerre contre le Shukai, la création du Kyomu, l'alliance avec Kaminari ou encore cet éventuel futur partenariat avec Mizu. Elle dispersait soigneusement ses pions que l’échiquier du monde afin de quérir ce qu'elle avait la ferme intention d'obtenir depuis le jour de sa désertion.

-Vous l'avez sans doute compris. Pouvoir et richesse guident mes pas. Mizu est loin d'être la seule option pour les atteindre. Seulement j'y vois là le meilleur des chemins pour y parvenir. Voici la raison pour laquelle je ferais le nécessaire pour assurer le bon déroulement de ce partenariat. J'aurai cependant une seconde exigence. Et celle-ci concerne plus directement la guerre en cours. Entendons nous bien Mizukage, jamais ô grand jamais je ne vous demanderai de trahir l'Empire. Néanmoins je vous demanderai dans le mesure du possible de fermer les yeux sur nos activités. Ne prenez aucune initiative allant à l'encontre de mon organisation à moins qu'il ne s'agisse d'un ordre direct. Et dans l'éventualité où cela pourrait arrivez, si possible faite en sorte de faire traîner autant que possible ces affaires.

Effectivement Red ne cherchait pas à faire de Mizu un allier pour cette guerre, loin de-là, elle voulait cependant être certaine qu'elle n'aurait pas à considérer le Pays de l'eau comme un ennemi direct. Pour le reste, si des Kyomujin et des Kirijin devaient se retrouver en face à face suite aux aléas des champs de bataille, cela lui importait peu. Quant à la question sur ses réelles motivations à détruire le Shukai, l’élégante Kunoichi ne chercha pas un seul instant à masquer sa réflexion allant même jusqu'à tâtonner le bord de ses lèvres du bout de son index.

-En soit, je ne vous ferais pas l'affront de vous sortir le beau discours que j'ai pus servir à tous les autres jusqu'à aujourd'hui. Finit-elle par répondre. La noblesse de mes actions est effectivement à mettre au second plan. Si je n'approuve nullement les actes de l'Empire, je suis parfaitement capable de vivre avec. Non, mes objectifs sont ailleurs. Et si le Mizukage avait parfaitement suivit le monologue de la jeune femme il pouvait déjà entrevoir l'ombre de sa réponse. On trouve difficilement meilleur issue pour s'enrichir que d'exploiter l'issue d'une guerre à ses fins. Et quoi de mieux que d'entrer en conflit avec un Empire que tout le monde déteste et possédant déjà de nombreux ennemis ? Cela aurait put-être Konoha, cela aurait put-être Kaminari, cela aurait même put-être Mizu. J'ai simplement choisi la cible la plus facile.

Le sourire qu'elle afficha fut vaguement différent de tous les autres. On pouvait y desceller une pointe noire de perversion aussi amer que le thé sans sucre qu'avait pu boire le Mizukage. Et sur le coup, le timbre de sa voix trahissait une nuance légèrement plus malsaine.

-Mais dans le fond, peut-être est-ce également parce que j'aime cela... Elle marqua une courte pause durant laquelle elle reprit cette expression de noblesse. Vous comprenez à présent que je suis mes intérêts. Temps que les vôtres resterons en commun avec, tout se passera pour le mieux. A partir de là pensez-vous qu'une entente puisse-être envisagée Mizukage ? Dit-elle simplement, prête une fois de plus à parier sur l'avenir.

L’argent était à n’en point douter l’un des maux qui rongeaient ce monde à petit feu. Un vice qui n’avait jamais séduit le nécromancien qui lui était à la recherche d’un pouvoir bien moins influent mais tout aussi redoutable. Qui cherche la richesse se dirigeait vers la voie de la facilité. Un chef dont la puissance était calculée selon ses comptes bancaires avait de quoi imposer un certain respect. Mais le plus impressionnant des chefs restait encore celui s’étant imposé par une force toute autre que celle de l’argent. Celui qui pouvait se passer de la monnaie pour asseoir sa suprématie méritait plus le respect que tout autre ayant effectué des placements ou investissements intéressants.

Telle était la vision du Shinda en tout cas qui sirotait son thé en gardant une oreille attentive sur les propos de la Nukenin. Une triste désillusion que de réaliser que cette interlocutrice faisait partie des vénaux du Yuukan. Il étouffa un soupir. Il s’attendait à une guerrière, telle qu’elle avait été décrite selon certains rapports, et il se retrouvait face à une femme d’affaires ayant quelques armes sous le bureau à côté des stylos hors de prix. Une vision minimaliste mais incroyablement fidèle au portait qui se précisait de l’autre côté de cette table. La pièce de porcelaine dans laquelle il buvait jusque-là termina dans sa coupole, vide. Il s’apprêtait à lever une main pour enquérir le serveur alors qu’une mélodie s’installa dans la pièce.

Un orchestre s’était installé sans qu’ils le réalisent près du comptoir. Les oreilles alertées des clients provoquèrent un mouvement de masse alors que les têtes pivotaient pour converger vers la source du bruit. Puis certains duos se distinguèrent de la masse silencieuse assise pour se retrouver au centre de l’espace libéré pour les danseurs. Michiki se redressa pour se tenir debout aux côtés de la chaise de la femme d’affaires à qui il tendit justement la main précédemment levée. Une invitation silencieuse mais explicite pour la suite des évènements. Attendant une réponse, lorsque cette dernière fut venue, il finit par enchaîner sur le discours de sa partenaire de danse improvisée.

- Pardonnez de m’exprimer ainsi mais je suis assez déconfit d’apprendre que vous faites partie de cette caste de gens que le pouvoir incommensurable de l’argent attire. Néanmoins je ne peux apporter un jugement objectif sur vos motivations. Nous avons chacun un but, un rêve, une idée qui nous tient aux tripes et qui fait de cette vie si précieuse un don que nous nous devons de protéger.

Ironique d’entendre de telles paroles dans la bouche d’un homme qui avait défié la loi immuable et antique de la Mort. Mais le blasphème n’était pas un tort qu’il se reconnaissait ou qui le faisait trembler. Pour tous ses actes, il se savait condamner aux pires supplices dans l’au-delà. Du coup il ne se privait plus des expérimentations douteuses et terrifiantes qui l’avaient menées jusque-là.

- Un rêve aussi fou que de renverser un Empire ne peut être simplement motivé par des notions de noblesse. Nous vivons dans un monde qui en est dépourvu. Chacun se targue d’agir selon ce beau principe et pourtant nous sommes tous guidés par des intérêts strictement personnels. Des égoïstes dans un monde se voulant altruiste. Une vaste hypocrisie. Comme celle qui pousse les détracteurs du Shûkai à s’opposer à ce dernier. Tyran, despote, envahisseur. Tant de mots qui caractérisent le Kamui et aucun assez fort pour exprimer ce qu’il est. Car au final, ce qu’il a atteint et ce qui est dénoncé n’est autre que ce que le commun des mortels désire. Le pouvoir et le respect. Les méthodes pour y parvenir sont critiquées et critiquables. Mais de la part de l’organisatrice d’une attaque coordonnée sur plusieurs points clés de l’Empire, comptant dans le bilan des victimes nombre d’innocents, je serais hilare d’entendre de tels mots.

Il n’avait cessé l’enchaînement de mouvements de pieds et de jambes au rythme de la musique. Un talent que l’on aurait parié chez le nécromancien et qu’il laissait évoluer au gré de leur discussion. Un discours riche et nuancé durant lequel la tendance pouvait s’inverser à tout moment, tout comme dans ce petit exercice de danse.

- Vous me proposez là un accord commercial m’octroyant ainsi le droit de continuer mes propres exactions en l’échange de quoi je ferme les yeux sur toute activité de votre organisation. De cette entente résulterait une transaction financière profitant à nos deux partis une fois les termes du contrat atteints. Et donc pour la maudite somme d’un lieu sur cet archipel pour perpétuer vos affaires, vous me « débarrasser » de l’Empire. Une idée intéressante en effet. Presque autant que si je vous déclarai qu’en vertu des pouvoirs qui me sont conférés, je vous arrête pour avoir fomenter plusieurs attentats à l’encontre du Shûkai. Vous me répliquerez sûrement que je n’oserais rien tenter seul dans un lieu rempli de civils, ce à quoi je vous répondrais que ce serait un bon point de départ qui ne règlerait pas la question de la trentaine d’hommes encerclant actuellement le bâtiment pendant que je gagnais du temps auprès de vous. A cela vous jugerez idiots d’agir ainsi sachant que cela ne serait pas dans mes intérêts. Exception faite d’un marché conclu entre l’Empereur et moi-même sur la capture de celle qui lui cause tant de torts en l’échange de l’indépendance totale de l’archipel et du village de Kiri.

La dernière note musicale vint apporter un bref instant de silence avant que les applaudissements ne se déclarent. Une demi-seconde de silence marquant également le départ des hostilités suite à l’entrée fracassante des soldats prêts à en découdre.

Et pourtant rien de tout ça. Quelques applaudissements timides pour l’orchestre et les danseurs alors que tout le monde retournait à sa table, y compris Michiki et Red. Aussi volage et léger que l’art de la danse, le Shinda avait mené sa discussion avec tout autant de légèreté. Une scène particulière et inattendue mais qui caractérisait étrangement l’échange entre les deux shinobis. Un pas effectué de concert avec l’autre pour engager le prochain et éventuellement déboucher sur une nouvelle pirouette réinitialisant alors le débat sur un point inédit. La mascarade du Fossoyeur avait également ce but. Démontrer que l’imprévisible pouvait se manifester à tout moment dans un accord aussi subtil que celui que la Nukenin tentait de conclure. Les mains croisées sur ses genoux, Michiki l’observa un instant avant de poursuivre :

- La rigueur est de mise pour un tel accord vous l’entendrez. Et comme vous l’avez dit, je ne m’opposerais pas directement aux décisions et ordres de l’Empire tant que ce dernier alignera la note pour les dépenses dont Kiri a besoin initialement. Mais notre amie commune a dû vous préciser que je ne suis qu’un profiteur, laissant le libre pouvoir à mon maître pour payer mes petites factures. Elle est aussi renseignée que je suis bon danseur. Et Dieu sait que mon niveau est médiocre pour le tango. Tout comme vous l’avez dit, les voies maritimes sont très intéressantes d’un point de vue économique alors pourquoi ne pas les exploiter. Pourquoi ne serais-je pas déjà en train de lancer un tel développement selon vous ? Alors qu’est-ce qu’une organisation comme la vôtre pourrait y apporter de plus si ce n’est s’approprier une part d’un marché dont je serais déjà le bénéficiaire. La fin de l’Empire ? Je doute que vous bénéficiez d’une armée pour y parvenir. Même si un an est passé depuis votre dernier coup d’éclat, faudrait-il encore que vos partisans se soient multipliés par centaine et que leur niveau en ait fait autant.

Il avait fini par rappeler le serveur pour une deuxième tournée. La théière avait été changée et le Fossoyeur s’était chargé de resservir.

- Que vous en ayez conscience ou non, j’ai déjà fait énormément dans l’intérêt de votre organisation. Aussi vais-je me permettre quelques recommandations si vous tenez à négocier cet accord. A commencer par le fait que quiconque de votre groupuscule se retrouvant engagé dans une action allant à l’encontre de Kiri se verra infligé une sanction adéquate. Cela se fera selon les lois de Kiri, plus drastiques que celle de l’Empire. Mais si jamais il s’avèrerait que les fauteurs de trouble s’en sortent, seriez-vous prête à vous en charger vous-même pour la pérennité de notre accord ? Et pour celle de votre petit business ?

Red était satisfaite de réaliser qu'elle était effectivement parvenue à comprendre le personnage. Et ainsi joignit-elle sa main à la sienne lorsqu'il l'invita à rejoindre le centre du salon pour une petite danse.

-On ne peut hélas plaire à tout le monde Mizukage-sama. Néanmoins comprenez que même si l'argent à beau être une finalité. J'ai à loisir de choisir le chemin qui m'y sied le mieux. Elle se pencha vers son oreille pour lui susurrer ces mots d'un ton suave. Voilà ce qui me fait réellement vibrer. Dit-elle avant de lui adresser un regard plein de vie alors qu'elle se laissait mener par la danse. Mais dans ce cas dites-moi. Quel est votre désir de vivre ? Qu'est-ce qui vous pousse à vous lever pour chaque aube que les dieux nous accordent? Milly ma brièvement parlé de vous. Et de ce que j'ai compris vous ne semblez pas être du genre à vous laisser enivrer par des aspirations liées au commun des mortels.

A dire vrai la Saibogu s'en fichait éperdument. Elle en savait déjà suffisamment sur cet homme pour atteindre ses objectifs. Son but était avant tout de meubler la conversation et de donner l'illusion d'un échange équitable entre les discours de chacun. Ses intentions étaient on ne peut plus sincère, certes, pour autant à aucun moment elle ne comptait éprouver une quelconque forme de considération bienveillante à l'égard de cet individu. Il servirait ses intérêts à elle et en échange elle s’évertuerait à servir les siens. Un échange de bon procédé, rien de plus. Et pourtant... Ce n'était pas uniquement cela. Elle le ressentait au fond elle. Ce sentiment d'ivresse qu'elle n'avait jamais éprouvé à l'époque où elle œuvrait directement pour Suna. Peut-être qu'au final avait-elle été plus honnête qu'elle ne l'aurait voulu auprès du Mizukage. Oui, c'était exact. Elle adorait tout ceci. Le jeu du pouvoir, les non-dits, les dagues plantées dans le dos et de temps à autre le frisson de la chasse qui venait transcender tous ces aspects. Dire que la Saibogu ne se sentait pas dans son élément à ainsi valser avec ce partenaire ô combien renommé aurait été un euphémisme. Ainsi fut-il, elle l'écouta s'élancer dans son petit monologue proférant des paroles sans doute destinées à tracer l'emblème du doute sur son visage, mais se retrouva devant un sourire plein de charme et quelque peu amusé.

-Que Nenni Mizukage-sama. Je vous répondrais simplement que si une trentaine d'homme nous attendait dehors. Ce n'est certainement pas eux qui m'empêcherait de vous tuer sur place avant de leur échapper en prenant la fuite, le tout en rasant la moitié cette ville au passage.

Elle s'enorgueillit d'un petit rire cristallin avant de reprendre.

-Je plaisante voyons ! En n'en point douter je n'arrive pas à le cheville du vil flatteur que vous êtes car, selon vous, ma vie aurait autant de valeur que l'indépendance d'une nation toute entière ? Vous m'en feriez presque rougir.

Son air à la fois hautain et assuré exultait la suffisance. Si elle était aussi confiante dans ses dires, c'était aussi parce qu'elle savait qu'ils étaient effectivement seul. La trentaine d'hommes pouvait repasser, rien n'échappait à ses sens. Aussi se laissa telle porter par le rythme entraînant de la musique en tournoyant sur elle-même avec grâce avant de laisser ses doigts entrelacer ceux de son partenaire alors que chacun se saluait respectueusement sous les applaudissement de la foule. Si elle devait tirer quelque chose de cet échange, ce serait que le Mizukage était un fin provocateur, mais également un bien piètre danseur.

-Mizukage-sama... Savez-vous, qu'au tango, l'homme doit en principe mener la danse ?

La question resta en suspend bien qu'elle savait déjà à quoi s'attendre en retour. Suite à cela tous deux reprirent places à leur table. La noble déserteuse s'évertua à de nouveau servir le thé, en prenant cette fois-ci soin de proposer du sucre à son hôte. La suite de son discours fut cependant moins amusante car émanant une étrange effluve de réchauffé. La seule justification qu'elle trouva étant que son hôte cherchait encore à la tester, quitte à faire tourner cette conversation en rond encore et encore jusqu'à ce qu'il finisse par avoir le dernier mot. Seulement si elle n'était pas contre quelques échanges alambiqués de tirades fomentatrices pour le simple plaisir de mesurer son intelligence à celle de son prochain, elle n'en était pas pour autant une enfant orgueilleuse prête à s'égarer dans ce genre de sentier ô combien boueux et sans issue.

-Ce n'est certainement pas à vous que je vais apprendre le jeu de la guerre Mizukage-sama. Vous savez comme moi qu'il faut à la fois bien plus et bien moins qu'une armée pour venir à bout d'un empire. Les solutions détournées sont légions et nous avons probablement déjà envisagés les-mêmes, la principale différence entre nous étant que je possède en l'état une plus grande marge de manœuvre. Sachez néanmoins que je suis prête à démanteler l'empire pièce par pièce si cela s’avère nécessaire. Et si vous n'avez pas prit le contrôle des mers depuis votre retour c'est exactement pour empêché ce dit empire de vous les dérober, et ce sans parler du fait que relever un pays demande beaucoup de ressource. Vous ne pouvez être partout à la fois. Comme je vous le disais le Kyomu est en mesure de vous fournir le soutien avant tout logistique qui vous fait défaut. Notre organisation est déjà grandement implantée dans le commerce. Car plus que de naviguer, vous aurez besoin de remplir vos navires de marchandises. Les relations commerciale que nous entretenons avec la mégalopole seront plus que bienvenu. Quitte à exploiter la voit maritime, autant que ce soit pour transiter des marchandises venues des quatre coin du continent.

Vint alors la partie qui intéressait le plus la Nukenin. Celle concernant les négociations, bien que là encore, le Mizukage ne parvenait à se détacher de l'aspect martiale que lui incombait son titre.

-Naturellement je m'engage à ce qu'aucun de mes hommes n’œuvres à l'encontre de Mizu, auquel cas je m'appliquerai à vous le remettre en main propre. Il vous sera alors gréé d'en faire ce dont il vous plaira. En ce qui concerne nos affaires l'objectif est assez simple en soit. Il nous suffira de créer une entreprise d'exportation indépendante de Mizu et de ce fait installée sur le continent. De-là il sera impossible pour l'empire de faire main mise dessus, tout en vous permettant de l'étendre comme bon vous semble. Qu'en dites-vous ? Si l'idée vous intéresse, nous pourrions commencer dès que possible. Vous vous doutez bien que j'ai déjà tout préparer à l'avance. Et si vous craignez une éventuelle fourberie de ma part pensez que vous aurez aussi accès à toutes les données comptables de cette dite entreprise. Si nous ne pouvons pleinement nous faire réellement confiance en l'état, j'en ai suffisamment en vous pour affirmez que vous saurez gérer vos comptes.

De la danse jusqu’à la discussion, la Nukenin avait mené son jeu jusqu’au bout. Elle avait accompagné le Mizukage sur la piste pour ensuite le suivre jusqu’à table. Leurs échanges étaient fournis. La conversation asséchait les gosiers que le thé venait soulager de toutes ces paroles qu’ils échangeaient. Un exercice auquel le Shinda ne se livrait que très rarement. Il n’était pas coutumier pour lui de palabrer des heures. Les occasions où il en venait à ce genre de manœuvre restaient exceptionnelles. Sa rencontre avec l’orchestre des attaques sur le Shûkai s’inscrivait parfaitement dans une d’elles. De toutes les remarques qu’elle lui adressa, il sourit de bon cœur suite à sa remarque sur sa conduite de la danse :

- Pardonnez très chère. J’ai passé plus de temps sur un champ de bataille que sur une piste. Je sais mieux mener le kunaï que le ballet.

C’était après cela qu’ils s’en étaient retournés à table où la Saibogu avait continué de présenter et défendre son projet. Chaque propos était écouté avec attention par Michiki qui garda ses mains croisés au niveau de son regard. Les yeux bleus ne quittaient pas les prunelles de son interlocutrice. Tout semblait se passer dans ce simple échange, au-delà du verbal. Cette rencontre aurait pu être résumée à ces simples supports visuels. Aucun ne cillait, cherchant à faire comprendre sa détermination et son sérieux à l’autre. Il n’y avait pas de place pour les enfantillages. Chaque geste, chaque mot était choisi avec soin par les protagonistes. Tout revêtait une importance presque politique alors que la kunoichi n’était pas comparable à un tel degré de responsabilité. Elle était une femme d’affaires, tout au mieux une guerrière. Un savant mélange des deux semble-t-il.

Néanmoins il restait toujours quelques derniers éléments échappant ou intriguant le nécromancien. Les propositions suaves de la Nukenin n’en restaient pas moins un potentiel poison rongeant l’être petit à petit. Ce qui s’apparentait à un bienfait aujourd’hui deviendrait sa tare de demain. L’association avec cette femme pourrait tout aussi bien mener à sa perte. Il ignorait de quelle façon un tel revirement pouvait survenir, mais il n’était pas à exclure. Les glaçons derrière les verres violets quittèrent le regard de la Saibogu pour se concentrer sur la tasse dont il vida une gorgée de son contenu avant de s’exprimer à nouveau :

- Je vais finir vexé à vous entendre ! s’indigna-t-il faussement. Vous semblez voir en moi un chien muselé. J’ai tendance à avoir une vision différente là-dessus. Plutôt celle d’un loup apprivoisé à la laisse un peu lâche. Si je développe actuellement des flottes, les marchandises me feraient défaut selon vous ? N’allez pas croire que mes contacts et soutiens sur le continent sont inexistants. Vous n’êtes pas la seule à déprécier l’Empereur.

Le petit sourire au coin de ses lèvres commença à poindre alors qu’il dégagea son visage du couvert de ses mains qui empêchait à ses dents blanchâtres d’afficher leur clarté relative.

- La renaissance de Kiri a attiré bon nombre de regards. Chacun tentant de m’offrir l’opportunité de me défaire de ma laisse. Tout loup a ses crocs ma chère sachez-le. Tant qu’il est nourri, il ne mordra pas sa main nourricière. Si cette dernière se présente à lui vide, il saura se défaire de ses liens pour vivre par lui-même. L’instinct permettant la survie et la prospérité de son espèce. Ceci est plus qu’un cours de biologie, c’est l’avenir. Kiri est et sera une nouvelle puissance mondiale indépendante. Le sillage du loup attire ses charognards souhaitant bénéficier d’une partie de son butin. Les vautours ce n’est pas ce qui manque. Mais des rongeurs de carcasses en qui on peut éprouver de la confiance, c’est plus rare. En soit vous ne m’offrez ici aucune garantie de la réussite de la chute impériale. Des mots mais rien de probant jusque-là. La Brume pendant ce temps gagne en puissance également, forme son armée, développe son commerce et ses relations se tissent de nouveau. La seule chose de concrète que vous apportez avec vous est la mise en place de votre entreprise. Un bon point pour vous.

Passant une de ses mains sur le bois rugueux, sa paume ressentit toutes les aspérités de la matière travaillée il y a longtemps et usée à force des nombreux clients servis ici. Puis ses doigts hissèrent la main à quelques centimètres, véritable araignée de chair en mouvement.

- Si un tel accord venait à être passé, je souhaiterais une sorte de…garantie afin de sceller ce marché. Etant donné que vous ne pouvez m’assurer la chute immédiate de l’Empire, je me contenterais pour commencer d’un présent bien plus modeste.

L’arachnide déplia ses pattes sur le dos, présentant la paume du Mizukage en l’air. S’offrant à son interlocutrice de manière symbolique :

- Livrez-moi la tête de Kaguya Milly. Et je peux vous assurer que cette entreprise saura dépasser les bénéfices de la Mégalopole. Vous m'avez demandé plus tôt ce qui me fait vibrer. Je réponds à l'appel de chair et de sang. Ainsi est ma passion. Ainsi est la vocation de ma nation.

Le fil de la conversation tendait à s'étioler encore et toujours à chaque fois que le Mizukage ouvrait la bouche. Si au départ l'Orfèvre avait abordé cela comme un jeu, une manière de se tester mutuellement, la redondance dans laquelle le dirigeant se plaisait à bloquer le dialogue commençait à la lasser. Naturellement cela ne l'empêcha pas de l'écouter de but en blanc sans quoi un détail important risquait de lui échapper. Hors, il n'en fut rien. Aucun élément venant enrichir la conversation n'avait vu le jour au milieu de ce déblatèrement de sottises. La nukenin avait finalement vu juste en voulant déterminer la personnalité de la nouvelle Ombre de l'Eau. mais à présent elle craignait que son évaluation soit en-dessous de la réalité. Et en guise de première réponse elle se contenta d'émettre un léger gloussement cristallin, telle une enfant avouant s'être faite prendre au piège suite à l'une de ses fourberies.

-Vous avez raison. Il semblerait que votre ambition soit déjà bien établie. Je ne puis indubitablement vous être de la moindre utilité. En ce cas j'envisage dors et déjà de me tourner vers Konoha. Nul doute qu'ils seront intéressés par l'idée d'un soutien afin de contrôler les mers. Elle marqua une pause, faisant mine de se reprendre pour lui sourire à nouveau tout en l'avisant avec intensité. Eux au-moins ont le mérite d'être suffisamment fort et d'avoir suffisamment confiance en leurs compétences pour ne pas craindre d'éventuels retour de bâton

Là semblait être toute la différence entre le Mizukage et le reste car, ce dernier avait beau se palabrer avec l'aide de son nouveau titre douteusement acquit au milieu de ses fidèles. Il avait beau s'enorgueillir et prétendre au libre arbitre tout en cherchant désespéramment à mettre à mal la cheftaine du Kyomu par les mots. Il n'en demeurait pas moins un individu prit en tenaille entre ses idéaux et cette puissance écrasante qu'était l'empire. En plus de son absence éminente de talent en matière de diplomatie il semblait craindre plus que tout ceux qui le dépassait. Red en faisait visiblement parti. Un loup à la laisse trop lâche ? Quelle délicieuse façon d'aborder la chose pour de sauver les apparences.

-Vous ne semblez pas comprendre la situation Mizukage-sama. Je détruirai l'Empire avec où sans vous. Je prendrais possession des mers avec où sans vous. Vous ne m'êtes pas indispensable, seulement fortement utile. C'est à vous de voir si vous voulez prendre votre part ou vous contenter de lécher la main de l'Empire jusqu'à ce que cette dernière disparaisse. Car lorsque ce jour en arrivera je puis vous garantir qu'il nous restera plus rien.

Son regard se posa un instant sur la main posée sur la table, paume tendue vers le plafond. L'espace d'un instant elle s'imagina, et ce malgré elle, lui arracher le bras pour ensuite s'en servir afin de lui fracasser le crâne avec. A voir la laquelle de ces deux parties se briserait en première. Ses instincts démoniaques réagissaient à la lassitude et aux provocations répétés de son interlocuteur où peut-être était-ce à l'odeur de mort imprégnée en lui ? Ainsi ses propres doigts glissèrent le long des aspérités vernis du bois pour venir caresser délicatement cette paume. A ce contact un frisson lui parcouru l'échine. Elle se demanda quelles seraient ses chances de le réduire en charpie avant de pouvoir s'en prendre à la clientèle innocente. Si elle le faisait ce serait de façon totalement gratuite hors la gratuité n'était pas bonne pour les affaires. Elle refoula cette pulsion au fond-elle sans que son visage n'ait trahis, ne serait-ce qu'un seul instant, le fil de ses pensées. Son majeur et son index appuyaient toujours fermement dans la main du Shinda.

-Depuis le début de cet entretien je n'ai pu hélas que constater votre propension à chercher désespérément à me déstabiliser dans l'idéal puéril d'obtenir le dernier mot plutôt que d'aboutir à une issue viable. Et les quelques rares fois où vos propos tendaient à aller dans ce sens c'était uniquement pour m'obliger à répéter ce que j'avais déjà dis.

Le constat parlait de lui-même, elle était la seule à avoir réellement fait avancer la conversation et tous les tango du monde ne pourraient masquer cette vérité.

-Je déteste perdre mon temps notamment pour de telles sornettes. Si vous n'êtes pas capable de mener une conversation convenablement, si vous n'êtes pas capable de mener une entreprises sans craindre de vous faire avaler du premier coup, alors cela signifie que vous êtes faibles et que par conséquent vous m'êtes totalement inutiles. Vous l'avez compris, j'ai besoin d’allier forts, de véritables meneur capable de changer le monde, pas de dirigeants soumis à leur caprice.

C'était très simple. Pour Red le monde se divisait en trois catégories d'individus. Ceux qui lui étaient utiles. Ceux qui ne l'étaient pas. Et ceux qui lui posaient problèmes. Quand elle ignorait la seconde catégorie et elle faisait toujours en sorte de se débarrasser de la troisième et pour ceux ne l'ayant pas compris les mots du Shinda tendaient à aiguiser cette éventualité.

-Je suis à la base venue ici en alliée. C'est pourquoi je suis encore prête à faire des efforts envers vous. Gardez cependant à l'esprit que ma patience à des limites.

Alors que son index et son majeur gardait la main du Mizukage fermement clouée contre la table depuis le début de son monologue elle sortie un document relier qu'elle finit par déposer dans cette fameuse paume.

-Ce dossier contient les informations relatives à notre éventuelle et futur campagne maritime. Je vous conseil vivement de lire en détail son contenu afin que vous puissiez y voir quel sera votre place. Soyez assez fort et compétents pour ne pas craindre d'être trahis car si tel est toujours le cas alors nous n'aurons plus rien à faire ensemble. A partir de là j'estime ne plus rien avoir à ajouter. La balle est dans votre camp. Vous trouverez si joint les coordonnées pour me contacter enfin de me faire part de votre réponse qui, je l'espère, se fera dans les plus brefs délais.

Le ton de sa voix redevenu mielleux. Elle prit son temps pour se relever, non sans élégance. Lorsqu'elle arriva à hauteur du Shinda elle posa sa main sur son épaule, le tout avec un subtile mélange de douceur et de fermeté.

-Et si une idée aussi folle que de ce servir de ce projet pour le retourner contre-moi vous viendrez à l'esprit sachez que ma réponse sera sans appel...

Elle lui susurra ses mots au creux de l'oreille.

-Je mettrais à feu la flotte de Mizu, m'assurerait qu'il n'y ait aucun avenir pour Kiri et vous mon cher... Je vous ferais écorcher vif. Et comme vous semblez tant apprécier le sang et la chair, je vous ferais avaler votre peau, lambeau par lambeau. Et après... seulement après j'offrirai votre tête à Kaguya Milly. La première différence entre nous est que je ne crains pas d'être trahis...

La démone se redressa pour prendre la direction de la sortie, elle s'attarda volontairement pour écouter la réponse du Shinda avant de finir par conclure.

-La seconde différence Mizukage-sama et que moi, je me nourris en chassant mon propre gibier...

A ces mots elle disparue par la porte d'entrée, puis disparue littéralement comme si elle n'avait jamais était-là ne laissant alors dans son sillage qu'une tasse de thé vide.

Spoiler:

La conclusion de cet entretien semblait poindre le bout de son nez à mesure que la Nukenin laissait alors sa véritable identité et son véritable caractère se révéler. La lumière des bougies n’enlevaient rien à son camouflage mais elle ne laissait pas disparaître cette petite amertume quant aux débouchés de cette conversation qu’elle estimait inutile. Mais ce n’était pas pour inquiéter le Shinda qui resta assis à sa place sans mot dire alors que la demoiselle profanait critiques et menaces sur sa personne. Il se contentait de la regarder, un léger sourire en coin. Sa main sur son épaule et son ton autoritaire aurait dû l’impressionner. Il ne faisait que l’amuser.

Par cet entretien et le fait de l’avoir fait étirer en longueur, Michiki en savait plus sur les intentions de son interlocutrice. Mais il en savait plus maintenant sur son caractère personnel, et là était le véritable intérêt. S’il ne s’était à aucun moment prononcé sur la conclusion d’un accord avec elle, il l’avait aussi fait dans le but de voir jusqu’où elle serait prête à aller. Il avait maintenant confirmation de quelques éléments, mais aussi d’un détail qui pouvait avoir son importance : elle ne trahirait pas ses alliés. Il n’y avait donc pas que l’intérêt personnel qui motivait ses actes. Vilaine petite menteuse ! Sentimentale en plus de cela. Que des qualités.

Il la laissa partir sans accorder d’autre mot. Il la suivit avec quelques minutes d’écart. Lorsqu’il fut sur le seuil, elle s’était déjà évaporée dans l’air. Repartie vers ses contrées continentales suite aux indications du Kage lorsqu’ils avaient convenus de ce rendez-vous. Aucune trace d’elle mais pourtant une vague sembla se former aux côtés du Shinda, comme si une forme se précisait. Puis la perturbation atmosphérique sembla s’écarter tel un voile pour alors laisser dépasser une main. Sans même regarder cet étrange phénomène, Michiki leva à son tour sa dextre où il tenait le dossier que lui avait remis la Nukenin. Un plan détaillé de son projet d’entreprise navale. La main mystérieuse se saisit du dossier alors que le voile s’étira en un cercle puis en disque qui prit une forme humaine de la taille d’une porte de forme ovale d’où surgit un homme dont les pupilles dorées scintillaient. Toujours le regard perdu vers la forêt, Michiki brisa finalement le silence :

- J’espère que tu as tout suivi Kyuurai.

- Je m’y efforce, répondit l’autre d’une voix paisible alors que son talent héréditaire scannait le document en main, lui permettant alors de prendre connaissance des évènements l’ayant entouré. Ce qui lui fit revivre en l’espace d’une seconde toute la discussion.

- Tu peux donc préserver ça à l’abri dans mes bureaux. J’ai quelques affaires qui m’attendent et je ne peux y déroger pour le moment. Etudies la question pendant ce temps.

- Bien maître.

Puis le Fossoyeur disparut à son tour totalement, laissant sur place le Jisetsu qui regardait à son tour le paysage. Mais il fut grossièrement interrompu par l’interpellation violente du gérant de l’établissement :

- Eh oh ! Qui va payer l’addition ?!

Mais le portail s’était déjà refermé sur le mystérieux second du Mizukage.