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 Le jour où ils se sont rencontrés

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Yorurai Mikami
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Message(#) Sujet: Le jour où ils se sont rencontrés Le jour où ils se sont rencontrés EmptyLun 5 Sep 2016 - 17:50

Année 12, au cours d'une chaude journée d'été
Pays du feu.


Les températures atteignaient leur apogée. Du moins, c'était ce que tous juraient en constatant désespérément, capitulant, que tout rafraîchissement s'avérait aussi vain qu'inutile si l'on espérait en profiter plus longtemps qu'une simple poignée de secondes, aussi volatile et fugace que quelques gouttes d'espoir s'évaporant à même la paume de sa propre main. Même si... le lendemain serait aussi le paroxysme, de la même manière que la veille et l'avant-veille l'avaient été ; chaque animal, chaque plante, chaque shinobi, supportant machinalement cette situation qualifiée d'intenable par les mots. Et le temps se déversait inexorablement, plus vite ou plus lentement, selon l'heure de la journée à laquelle la tête se levait pour l'observer passer, le visage suintant et dégoulinant des innombrables traces de son écoulement.

Il existait quelques havres de paix. Fermés, se repliant au mieux dans ces zones d'aisance strictement délimitées, renfermant le peu de fraîcheur qu'il était encore possible de produire tandis que les murs d'enceinte se voyaient perpétuellement aux prises avec la morsure des rayons du soleil, du monde extérieur. Une simple auberge, à l'ombre des grands feuillages, quelques légers rideaux permettant d'oublier la torpeur régnant au-dessus toutes stratégies là où la moindre brise n'était que faux espoir, asséchait finalement dix fois face à cette seule seconde où l'on osa la croire salvatrice. Quelques fois la porte s'entrouvrait, laissant entrer un nouveau migrant et soulevant ces toiles, un bref instant, dévoilant la pénibilité de cet univers jugé invivable par la pensée, où le moindre sourire s'avérait aussi étrange que mystérieux. Tous s'entassaient à l'intérieur, prêts à jouer des coudes s'il le fallait, pour trouver sa place, s'y asseoir, et ne plus la lâcher jusqu'à ce que la nuit tombe définitivement. De grands verres s'élevaient sur chaque bois tels des tours se tirant la bourre en vue de devenir la première conquérante des cieux, tandis que leur essence disparaissait aussi rapidement et impitoyablement que leur niveau se voulait supérieur.

Un bout de bois aussi grand que l'homme qui l'avait déposé à côté de lui se reposait contre le comptoir tandis que son porteur, personnage dégarni - sûrement à force de marcher et marcher sous le soleil ardent aurait-on dit - continuait d'échanger avec le tenancier après qu'il lui ait servi son frivole instant de répit. Derrière lui, chaque coupe était pleine ou prête à être remplie, ce peu importe ce qu'on y aurait mis tant qu'il était encore possible de réguler sa température corporelle grâce à ce que la personne sur l'estrade aurait bien voulu tendre. La porte s'ouvrit à nouveau, laissant passer un nouveau personnage, d'une tenue aussi sobre que sombre vite déconsidérée à la vue du sabre qui pendait à sa ceinture. Tous les regards, excepté celui de l'homme au bâton porté par le flot de son échange éphémère, se tournèrent vers lui en un mélange de crainte et d'ignorance témoignant de la distance qu'ils souhaitaient maintenir avec ce personnage vu comme un être hostile.

Le garçon de bar, machinalement encore, s'emparait d'un verre qu'il plaça sous le robinet, armant son regard d'une nouvelle expression qui l'invitait à s'approcher. La salle était devenue plus silencieuse, du moins si l'on oubliait l'insouciante conversation qui se jouait à deux pas. Ceci dit, insouciante, elle ne le serait plus. Frottant encore un verre déjà propre depuis un moment, celui qui était emmitouflé dans son tablier continuait sa phrase sans plus vraiment y accorder de l'importance, le regard tourné vers ce jeune homme brun et armé qui venait d'entrer. En vérité, le vide, c'était lui. Cet homme qui parlait sans plus vraiment considérer son interlocuteur. Ce dernier, décontenancé mais impassible face à cette perte peut-être observée de nombreuses fois, finit lui aussi par tourner le regard. Il fronça légèrement des sourcils, puis l'ignora.

Il rangea son bâton dans les bandes de sa ceinture, saisit son verre et se dirigea vers la table de libre.

Le sabreur, après avoir refusé tant par manque de temps que par manque de nécessité autre chose que l'eau qu'on venait de lui servir, demanda avec autant de courtoisie que de concision s'il était possible de dégager cinq minutes pour qu'on remplisse sa gourde. Ce faisant, il irait s'asseoir et vider le verre qu'il tenait déjà, reposerait un instant ces jambes en vue du long voyage qu'il lui restait à parcourir et qui l'avait déjà été.

Ainsi, il se dirigea vers la dernière table de libre.

L'homme au bâton et le garçon au sabre se retrouvèrent nez à nez, face à cette ultime surface encore inexploitée. Si les discussions s'étaient efforcées de reprendre, la tension avait demeuré persistante et venait de monter en pic. Les dernières conversations résistantes devenaient difficilement naturelles et perdaient de leur contenance tandis que l'un et l'autre des protagonistes restaient face à face, à se jauger du regard sans dire un mot, durant moins d'une minute qui parut des centaines de secondes.


- Je suis arrivé à cette table avant toi, avorton...
- Et moi je l'ai repérée depuis que je suis rentré, vieillard...

Dix petites années devaient séparer leurs naissances respectives, tout au plus. Toutefois, toute la salle venait de se crisper. Si chaque main tenait son verre, il n'était plus question de la lever et ce au risque de se faire remarquer. Si chaque visage restait figé dans sa direction, toutes les oreilles étaient pendues aux lèvres de ces deux personnes qui se confrontaient. Le premier observait le teint relativement pâle, creusé de jeunes cernes ornant ces deux pupilles d'un jaune à en faire pâlir le ciel nocturne tandis que ce dernier toisait les traces du temps, du voyage et de son espace sur le visage de son vis-à-vis, son regard dur au milieu d'un visage orné de deux moustaches tressées cernant les contours de sa bouche.

Dans un silence de ceux qu'on sent qu'ils ne pourraient s'éterniser, comme face à ces titanesques cumulo-nimbus et rafales qui se dressent chacun de leur côté de l'horizon, chacun tira en un frottement de bois assourdissant les chaises qui se dressaient devant eux, y glissant doucement leur postérieur et posant presque brutalement leur verre, tapant ce nouveau territoire comme s'il s'agissait d'un coup de canon qui remonta l'échine de toute l'assistance.

Pas un bruit de plus, seulement de nouvelles secondes de silence bien trop longues précédent leurs premières gorgées, réellement simultanées. L'assistance redouta ensemble la pose du verre comme un nouvel obus. La crainte ne fit que passer tel un mirage à vous en glacer les os. Une oreille attentive aurait put discerner le son de cette goutte de transpiration qui vint heurter le sol aride sans que rien ne puisse la retenir. Réhydratés, leurs langues commencèrent à se délier, sonnant les premiers coups de tonnerre d'un orage qui ne semblait pouvoir s'abattre que sur leurs alentours.


- C'est un joli couteau que tu sembles avoir... t'est-il vraiment utile ?

La réponse prit une ou deux secondes avant d'arriver, comme si une part de la conversation venait de se jouer entre leurs regards qui crachaient leurs premiers éclairs.

- Il peut remplir bien des fonctions... j'essaie de m'adapter aux situations.

Dois-je vraiment vous décrire comment se passèrent les quelques secondes qui comblèrent cet instant ?

- C'est un beau collier que je vois à travers votre tunique... a-t-il une fonction lui aussi ?

Quelques secondes, très courtes.

- Seulement esthétique. Il est composé des plumes d'un faucon que j'ai trouvé mort.

Secondes, secondes...

- Trouvé mort donc... je suppose que c'est pas avec ce bout de bois que vous seriez parvenu à l'occire de toute façon.

Secondes...

- Tu sais, mon jeune enfant, si tes yeux te laissent percevoir cet objet comme parmi les plus inoffensifs, il en serait tout autrement pour tes muscles sphincter si jamais ils avaient à en faire la connaissance.

Instinct primaire...

- ... ce que je doute que tu parviendrais à faire avec ton outil ridicule.

Instant zéro.

- J'aimerais bien que tu essaies de répéter "outil ridicule" une fois que tu l'auras bien profond en travers de la gorge !


...avait-il dit en repoussant sa chaise de deux jambes subitement dressées, tapant fortement des mains sur le bois de la table à en faire trembler les verres. Une explosion qui passa inaperçue, car à ce mouvement précis, tout le monde prit ses jambes à son cou en hurlant. Dans un cyclone sans nom au sein duquel les deux protagonistes étaient au centre, toute l'assistance sortit subitement de sa catatonie pour se plonger dans une folie sans pareil, s'efforçant de rejoindre le plus rapidement possible cet univers étouffant qu'ils avaient fui toute la journée durant, et ce par tous les moyens possibles. Se massant à la porte comme s'il était possible d'en écarter le cadrant, par les cuisines, par les étages et fenêtres supérieures pour peut-être arriver à bondir sur une branche d'arbre, par le sous-sol au cas où il y aurait un tunnel secret - même s'il n'y avait pas de sous sol et que beaucoup grattaient en vain - en faisant des trous dans les murs avec son crâne, même si ça n'avait pas vraiment l'air de fonctionner... le tout en appelant au secours, criant que l'ermite timbré et qu'un shinobi s'apprêtaient à livrer bataille.

Pendant, donc, que certains rebondissaient, s'effondraient, roulaient et se remettaient très vite à courir, d'autres semblaient essayer de créer une faille spatio-temporelle en tournant le plus de fois et le plus rapidement possible autour de la salle. Les tables étaient tantôt obstacles, tantôt promontoire, tantôt reversoir. Le garçon de bar demeuraient en position fœtale sous son comptoir, serrant son chapeau et se demandant pourquoi il avait accepté ce job à risque. Le barman, lui, avait mis pas moins d'une seconde et trente-six centièmes pour - dans l'ordre - tourner la tête, fléchir les jambes, tendre les bras, bondir à travers la fenêtre la plus proche, s'écraser dans l'herbe sèche ; si bien que les bris de glace accompagnèrent mélodieusement le chaos du bois de tout artisanat aspiré par la tempête.

En quelques secondes à peine, la pièce d'habitude pleine de monde, d'histoire de tous horizons, d'idées aussi riches qu'absurdes et amusantes - souvent même les trois à la fois - s'était vidée.

Et tout ne faisait que commencer.
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