La curiosité est palpable dans le nouvel Hall du Sable de la capitale. L'extrême majorité du clan a répondu présent à l'appel. Certains d'entre eux sont même venus de Suna pour assister à cette réunion demandée dans l'urgence. Aujourd'hui sera un grand jour. Il sera marqué d'une pierre blanche dans l'histoire. Mais personne n'en a encore conscience si ce n'est moi, le Chambellan ou encore Suno. Je savoure donc ce moment de calme avant de monter sur l'estrade et faire face aux miens. Le silence se substitue peu à peu à l'agitation ambiante et les regards se tournent vers ma divine personne. Je reste encore quelques secondes silencieux tandis que je les observe en retour. Puis un sourire au coin de mes lèvres.

"Vous vous demandez certainement pourquoi vous vous trouvez ici aujourd'hui. Et je devine aisément que la majorité d'entre vous ne s'attendait pas à me voir prendre la parole." mon sourire s'accentue. "Hélas - mille fois hélas! - les circonstances ne me donnent guère le choix. Et c'est par conséquent le cœur lourd que j'accepte aujourd'hui de devenir votre nouveau chef de clan et les responsabilités qui vont de pair avec ce noble titre..."

Le silence et l'étonnement s'installent dans l'assemblée. Il faut une poignée de seconde avant que la première s'élève puis que d'autres l'imitent. La bâtisse de sable absorbe les cris de protestations et les quelques menaces qui fusent suite à cette révélation. Mon regard se pose sur Suno et le Chambellan. La désapprobation est clairement visible sur leurs visages marqués par le temps. Désolé messieurs, je n'ai pas votre talent pour la langue de bois... Je reporte mon attention sur la foule et la laisse s'égosiller. Je retiens d'ailleurs un argument de taille parmi les protestations: j'encule quelque peu la tradition en agissant ainsi...

"Il est vrai que la course aux héritiers n'a pas eu lieu!" ok ok, j'avoue! "Mais tout le monde dans ce hall est parfaitement conscient qu'elle n'est pas nécessaire n'est-ce pas?"
"Et pourquoi ça?" proteste une voix. "C'est l'une de nos traditions les plus anciennes!"
"Et tout le monde sait à quel point je respecte la tradition! Mais j'ai supposé que personne ici présent ne voudrait prendre le risque de concourir contre moi lors de cette épreuve. Me serais-je trompé?"

C'est à nouveau le silence qui emplit la salle. Et j'en profite pour dévoiler davantage encore le sceau complexe qui recouvre mon torse. Les majorité des Kawaguchi savent ce que mon corps renferme. Et si j'ai peur moi-même de la créature qui s'y terre, imaginez l'effet qu'elle peut provoquer chez les autres? Tsukiko me redoutait. Et je suis à peu près certain que c'est également le cas de mes propres frères et soeurs de clan. Cette carte maîtresse, je suis bien évidemment forcé de la jouer...

"Évidemment, si quelqu'un est assez... fou pour relever le défi je me soumettrai avec joie aux exigences de la tradition."

Le ton adopté est volontairement conciliant. Des regards sont échangés mais personne ne s'avance. Du moins dans les premières secondes. Puis une petite silhouette s'écarte de la foule, s'approche de moi et me toise d'un regard sévère. Akisa, l'une des doyennes du clan. Brrrr, les vioks qui me regardent avec toute l'expérience de l'âge m'ont toujours foutu la chair de poule. C'est... angoissant!

"Tu es un monstre Kira!" lance-t'elle d'une voix empreinte de sagesse. "Pourquoi voudrions-nous de toi?"

La question est si surprenante que je reste interdit. Pourquoi est-ce que le clan voudrait de... moi? Mais bordel! Parce que je suis le seul ici présent qui ait les épaules pour le guider et prendre les décisions qui s'imposent pour notre futur. N'est-ce pas... évident? Dois-je vraiment répondre à ce genre d'accusations? J'offre un avenir aux miens et c'est par le mépris qu'ils me récompensent? Je ne le cache pas, ça fait un peu mal. Mais s'ils veulent jouer la carte de la défiance, soit!

"Précisément parce que je suis un monstre!" je détache mon regard d'elle pour le poser sur l'assemblée. "Vous avez peur de ce que je suis et c'est exactement ce qui vous pousse à me retirer votre confiance. Mais - et l'ironie de la chose n'a pas pu vous échapper n'est-ce pas? - c'est également parce que vous me craignez que vous m'accepterez comme nouveau chef de clan!"

Je suppose que l'argument pèse un certain poids dans la balance. Du moins si je me fie à une simple constatation: personne ne s'est encore avancé pour me défier. Mais je suis malgré tout conscient qu'il faudra leur donner plus pour faire pencher la balance en ma faveur.

"Que les choses soient claires!" j'élève à nouveau la voix pour que tous puissent m'entendre. "Ce n'est pas de trahison qu'il est question ici mais de bon sens! Tsukiko ne peut décemment pas donner au clan toute l'attention qu'il mériterait. En tant que Daimyo elle doit gérer une nation entière. Les deux fonctions ne sauraient se cumuler. Les Kawaguchi ne se sont pas affranchis de Suna pour se soumettre à la capitale! Les nôtres ne répondent à aucune autre autorité que le Désert. Et... je suis le Désert!"

Qu'ils cogitent là-dessus! J'arrive à maintenir l'avantage de la surprise dans mon camp pour le moment. Mais je crains évidemment qu'ils décident de se liguer contre moi. Le risque que Shukaku intervienne serait évidemment découplé. Mais peut-être qu'ils sont prêts à prendre le risque. Il convient de rester sur ses gardes...

"De plus Tsukiko a disparu. Le chambellan ici présent m'a... confié qu'elle ne donne plus de nouvelles depuis quelques semaines déjà! J'ai jugé bon de partager cette information avec vous!" bon prince que je suis. "Nous sommes en guerre et notre chef de clan disparaît sans laisser de traces. Avouez que cela met certaines choses en perspective..."
"Le fait est que le clan court à sa perte si tu en prends la tête!" un murmure d'approbation parcourt l'assemblée. "Tu ne peux pas assumer cette fonction!"
"Ha non? Et pourquoi?" je laisse à nouveau le silence s'installer. "N'ai-je pas prouvé maintes et maintes fois que l'intérêt du clan est la seule chose qui me tiennent à coeur? Ne me suis-je pas suffisamment battu pour nos valeurs ou notre liberté? J'ai été jusqu'à affronter Shukaku en personne pour préserver vos vies et vous tous ici savez le prix que j'ai du payer en échange!"

J'ai élevé la voix sans même m'en rendre compte, emporté par la colère et l'ingratitude dont on me gratifie. Bon, ok... Je n'ai pas affronté Shukaku. Mais ça personne ne le sait sauf un Daimyo mort et une cheffe de clan partie je n'sais où. Quoi qu'il en soit je ne gagnerai rien en laissant la rancoeur me submerger. Tout au plus arriverai-je à les convaincre que je n'ai pas l'abnégation nécessaire pour le poste que je brigue. Je relâche donc ma respiration et ferme les yeux. Zen Kira, zeeeen!

"Vous n'approuvez peut-être pas mes méthodes mais personne ici ne peut douter de mes motivations. Je me suis salis les mains, oui. Et alors? Le clan a besoin d'une personne qui sache prendre les bonnes décisions. Pas nécessairement les plus morales mais celles qui lui assureront un avenir dont il pourra être fier! Rejoignez-moi et nous le bâtiront ensemble, cet avenir." je hausse les épaules. "Ou alors refusez de prendre vos responsabilités et regardez notre clan tomber en miette. Mais ne venez pas me juger alors que je suis le seul ici qui se bat pour préserver les valeurs qui nous ont forgés et qui ne se contente pas des les ériger en bouclier pour éviter de regarder la réalité en face!"

Je croise les regards des miens. Je ne peux pas non plus les forcer à me suivre même si c'est ce que je souhaite ardemment. Si je n'arrive pas à réveiller la petite flamme de fierté qui sommeille en chacun d'eux c'est que les braises sont déjà trop froides. Et qu'il n'y a rien à espérer. Mais peut-être que le feu brûle encore suffisamment en certains d'entre eux.

"Qui parlera pour moi?" je soupire. "Personne?"

Mes yeux se posent presque naturellement sur Amano, mon élève, et Tali. Oseront-t'ils? J'observe également Skan, l'un des nouveaux enseignants de l'académie de Suna. Peut-être que mes paroles ont trouvé écho en lui. Quelqu'un doit faire le premier pas. Et peut-être alors que les autres suivront...

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Que ce soit le Chambellan – haute autorité de la Nation du Vent après la Daimyo – et Suno – Seconde voix au sein du clan lorsque le chef de clan n’était pas disponible -, ils écoutaient tous deux en silence les paroles de Kira, le discours de Tali ou encore la prise de parole d’Amano. Les protestations s’élevaient au sein du clan, évidemment, mais le doyen voyait déjà l’ampleur d’une certaine catastrophe. Kira était peut-être puissant, mais encore trop immature … Pourtant, personne n’osait s’élever contre celui qui se proclamait maintenant, haut et fort, comme l’un des premiers Jinchuriki de l’Histoire. Il venait de trahir publiquement sa condition, et prenait d’assaut une place fébrile sans en mesurer les conséquences. Pourtant, les deux vieillards se taisaient. Ils avaient toujours su, d’une façon ou d’une autre, que « l’Empire » de la Daimyo allait s’écrouler. Quoi qu’elle fasse, elle n’en restait pas moins la Bâtarde de son clan. Si ce n’était pas maintenant, c’était demain que sa place aurait été remise en cause. Pourtant, les fronts étaient davantage ridés qu’à l’accoutumée et une même pensée virevoltait dans leur passé : Pourquoi « maintenant » ?

D’un commun accord silencieux, Suno s’avança à son tour pour prendre la parole.

- La Daimyo, et votre chef de clan par la même occasion, rappela-t-il subtilement, est effectivement absente pour une mission importante. Les traîtres semblent avoir encore envahi notre Nation, se contentait-il de dire. Je me permets donc de parler à sa place, et de prendre la décision aujourd’hui d’élire ou non Kawaguchi Kira comme « Chef de Clan » sans la « Course aux Héritiers » au vu des circonstances exceptionnelles.

Le silence se fit naturellement. Suno était une figure importante, l’homme qui avait unifié un camp morcelé avant les débuts de Suna sans verser un quelconque sang. On disait que sa parole était puissante. Il aurait pu être chef de clan mais pour des raisons qui lui étaient propres, il s’était toujours défilé. Il se contentait uniquement de conseiller chaque nouvelle génération.

- La situation est dure pour chacun en ces temps de guerre, je le conçois. La Daimyo elle-même avait exprimé à quelques reprises de la difficulté d’être présente à la fois pour un clan, et à la fois pour la Nation entière, disait-il sincèrement. L’héritier allait être choisi, conventionnellement. Malheureusement, il semblerait que les circonstances accélèrent les choses.

Il se retourna soudainement vers Tali puis vers Amano puis vers Kira.

- Je vais donner mon avis, puis j’inviterai quiconque le souhaite à porter sa candidature, dit-il calmement même si au plus profond de lui – et bien caché – il y croyait peu. Jeunes gens, Kira semble apporter une réponse à des questions dans son discours et vous le soutenez. Je le respecte. Cependant, prenez garde à vos fausses paroles : il n’a nullement combattu seul le Démon ou encore le soumettre. Le précédent Daimyo a donné sa vie pour sceller la Bête en Kira après un combat acharné aux côtés de Tsukiko. Tu as été le réceptacle.

Il ne disait pas « Tu n’as nullement aidé Kira, tu n’as été qu’un réceptacle » pour ne pas avoir à diviser le clan – sa plus grande peur – mais son regard en disait très long. Jinchuriki ou non, le vieil homme n’avait pas peur. Il avait déjà bien vécu, et il était sûrement l’un des plus puissants du clan quand il était question de manier le sable.

- Jeunes gens, vous semblez vouloir l’indépendance vis-à-vis de Suna, ou de Kaze no Kuni. Vous voyez en ces deux villes qu’une « prison ». Rappelez-vous encore que chacune de ces bâtisses ont été sculpté par les mains de nos ancêtres, et par le sable que vous chérissez tant. Voyez ces villes et habitants non pas comme des bourreaux ou maîtres tyranniques, mais comme des enfants à chérir et à protéger. Sans eux, nous ne sommes rien, et inversement.

Le conservatisme était encore présent dans le clan, malheureusement. Ne comprenait-il pas que c’était dans l’unité et la diversité que la puissance se révélait et non dans l’exil ? Il avait dit ce qu’il avait à dire.

- Tsukiko comprendrait du choix d’un chef … Nous voterons un chef temporaire qui, à la fin de la guerre, sera à nouveau jugé. Aujourd’hui, votez pour qui vous souhaitez. A la fin de cette folie guerrière, ou au retour de Tsukiko, les actes seront jugés à nouveau par vous, et vous déciderez de l’élever définitivement, ou de le démolir. Ainsi est ma volonté.

Il se tut, laissant le silence s’installer. Puis, il invita chacun à porter sa candidature mais peine perdue. Kira l’emporterait grâce à ce Démon : il bat la peur de ces temps incertains par la peur, mais jusqu’où ira-t-il ? Il se mit aux côtés du Chambellan qui déjà marmonnait dans quelque chose que seul Suno pouvait entendre.

- La situation de la Daimyo était déjà bien précaire au sein de la Capitale avec ces nobles mécontents ou vis-à-vis de Suna et de son Kazekage. C’est le clan qui faisait sa puissance.
- Kira soutient Tsukiko, tenta de raisonner Suno.
- Kira veut soumettre Tsukiko, corrigea le Chambellan. Sans clan, sans soutien politique, sans soutien militaire, jusqu’où ira-t-elle ? A son retour, ne nous étonnons pas si on la retrouve baignant dans son sang un lendemain, se contenta de dire avec un certain dédain le Chambellan.
- Elle s’alliera à Kira.
- Kira et elle ne partagent nulle vision. Tu sais mieux que moi comment elle est ces derniers temps. Jamais elle ne se pliera à quiconque, encore. Je ne sais pas, à vrai dire, comment elle va prendre ces différentes nouvelles.

Sur ces mots, l’un comme l’autre se tut. Oui, ni l’un ni l’autre ne savait comment Tsukiko allait réagir au retour. Ces derniers mois, et depuis Ki no Kuni pour être exact, la demoiselle semblait être en proie à bien des « troubles », la rendant encore plus imprévisible que d’ordinaire, plus irritable – ou lunatique ?.
 

Spoiler:

Les propos tenus par Amano et Tali flattent évidemment mon ego. Mais également ce qui me sert de coeur. Mes deux élèves ont le mérite de débloquer une situation qui promettait d'être tendue. C'est peut-être la première fois que j'ai des raisons légitimes d'être fiers d'eux. Je les gratifie d'ailleurs d'un léger sourire sincère pour les remercier. Mais j'ai bien peur que l'aplomb qui animait leurs discours ne m'assure pas pour autant la victoire. L'hésitation est palpable dans les multiples discussions qui envahissent le hall. Mon regard, quant à lui, est rivé sur Suno. Car je sais que le vieil homme est la clef qui me permettra de m'élever vers les sommets. Ou qui me rappellera que je suis soumis à la gravité comme n'importe quel être inférieur...

Je croise donc les bras et adopte une pose assurée tandis que le vénérable s'exprime. Je ne suis pas vraiment enchanté par l'audace dont il fait preuve mais je sais que je n'ai pas d'autre choix que celui de le laisser terminer. Il est bien trop respecté pour que j'ose lui intimer le silence. D'un autre côté son opinion, si elle ne sert pas particulièrement mes desseins, ne s'y oppose pas non plus. Un nouveau sourire s'installe sur mes lèvres tandis que j'observe l'homme.

*Un chef... temporaire? Ne me dis pas que tu es prêt à accepter cette condition!*
*À quel moment tu as eu l'impression que j'ai eu le choix? Mais ça ne me coûte pas grand chose au final! Lorsque Tsukiko reviendra - si elle revient - elle n'aura plus l'influence nécessaire pour imposer une nouvelle élection. Et encore moins pour me ravir cette place qui me revient de droit!*

Personne ne semble décidé à s'élever contre moi. Et par leur silence les membres du clan consentent tacitement à m'octroyer la charge de ce dernier. Certains auront des occasions de s'en réjouir. D'autres de le regretter... Mais tous viennent aujourd'hui de bénir mon règne. Même si ce n'est qu'en apparence pour une partie d'entre eux. Toujours est-il que le résultat de "l'élection" est claire. C'est donc avec un large sourire malsain sur les épaules que je m'approche du trône qui domine l'estrade, inoccupé depuis la disparition de Tsukiko.

"Bien!" inutile de vous dire que j'attendais ce moment. "Puisque personne ne s'oppose à ma nomination c'est avec plaisir que j'accepte aujourd'hui de devenir le nouveau Seigneur du Sable! Que l'on se souvienne de ce jour comme de celui où les Kawaguchi se sont rappelés que leur glorieux héritage n'est pas seulement un souvenir qu'il faut chérir mais également une flamme à entretenir!"

Mon enthousiasme contraste avec la morosité d'une partie de la salle. Mais les réfractaires auront bientôt de bonnes raisons de taire leur mécontentement. Je m'installe sur mon trône avec une grâce toute théâtrale. Mes doigts jouent avec les accoudoirs tandis que j'observe les détails qui le composent. Puis après quelques secondes je décoche un signe de tête à l'homme que j'ai fait mander plus tôt dans la matinée. Celui qui m'apposera le tatouage qui me sanctifiera en tant que chef de clan. Le symbole de mon autorité. L'homme commence son oeuvre et j'ignore la morsure de l'aiguille pour reporter mon attention sur mes nouveaux sujets.

"Je suppose qu'il serait de bon ton de prononcer mes premiers décrets n'est-ce pas?" pure rhétorique. "Suno? Auriez-vous l'obligeance de vous avancer je vous prie?"

Je laisse volontairement planer quelques instants de silence sur l'assemblée. Je me plais à croire que le vieillard est torturé par les questions qui doivent lui traverser la tête en cet instant. Mais je suis aussi conscient qu'il se sait protégé. Peut-être un peu trop d'ailleurs...

"Le dévouement avec lequel vous avez servi le clan et conseillé les dirigeants qui se sont succédé à sa tête n'a échappé à personne. L'exemplarité dont vous avez fait preuve mérite - personne n'osera le contester! - une récompense!" je le gratifie d'un sourire hypocrite. "C'est pourquoi à partir d'aujourd'hui je vous octroie une rente annuelle destinée à adoucir vos vieux jours. Vous qui avez tant donné aux vôtres pourrez à présent jouir d'une retraite que nous espérons tous longue et paisible. Loin de l'agitation du pouvoir..."

Une manière comme une autre de lui faire comprendre que ses... services ne sont plus souhaités. Qu'il fasse ce qu'il désire de cet argent. Mais il est désormais acquis qu'il ne participera plus au processus décisionnel du clan. La dernière chose dont j'ai besoin, c'est d'un partisan de Tsukiko. Il s'agit de renforcer mon autorité sur les Kawaguchi. Et pour ce faire je compte bien diviser pour mieux régner...

"Tali?" mon regard se pose sur la blonde. "Je crée dès à présent une unité spéciale placée sous mon seul commandement et te nomme à sa tête! Ta mission première sera de vérifier notre arbre généalogique pour en dégager une hiérarchie légitime. Car mes amis, bien que nous soyons tous des Kawaguchi, nous ne sommes malheureusement pas tous égaux. Il fut une époque ou la pureté du sang signifiait quelque chose dans ce désert. L'heure est venue de renouer avec la sagesse du passé en ces temps ô combien troublés..."

Traduction? Je viens de créer une police secrète qui s'assurera que seuls les Kawaguchi au sang pur pourront occuper les fonctions les plus importantes du clan. Et qui étouffera dans l'oeuf toute tentative de rébellion grâce aux pouvoirs étendus dont elle disposera. J'aimerais bien faire autrement. Mais les purges seront, hélas, nécessaires. Autant accepter cette réalité et y faire face de front que de la nier et chercher à m'en protéger...

"Finalement - et avec effet immédiat! - le tradition du "Soldat Ultime" est restaurée. Tous les enfants âgés de plus de douze ans seront soumis à l'épreuve jusqu'à ce qu'ils soient jugés dignes de porter notre nom. Contrairement à ce que certains ont tendance à croire, naître Kawaguchi n'octroie pas que des privilèges." je m'autorise un sourire. "Ce sera tout!"

Je tape deux fois dans mes mains et la musique reprend tandis que les serviteurs du clan arpentent les rangs avec des plateaux amplis de boissons et de victuailles. Aujourd'hui, je leur offre le pain. Demain, ce seronz les jeux... Je continue d'observer les miens depuis le sommet de mon trône pendant que le tatoueur inscrit dans ma chair la victoire que je viens de remporter...