Il n'était pas chose facile de se concentrer avec le bruit des travaux. Mon bureau venait d'être terminé ce qui n'était pas encore le cas des autres constructions qui, une fois reliées entre-elles, serviraient à définir l'Ootoko, le nouveau quartier général du Kyomu. Il fallait dire que depuis quelques jours les montagnes inhospitalières de Haï s'étaient transformées en véritable chantier.

D'un geste las je refermais mon livre de compte. Les bruits sourds des marteaux, celui des perceuses ou encore des engins de forage avaient finit par avoir raison de ma ténacité. Mon état de santé s'était grandement amélioré depuis ces derniers-mois. J'étais finalement parvenue à retrouver un sommeil stable en outre grâce aux nombreux remèdes médicaux préparés par Yami. Seulement, en contre partie, mon acuité sensorielle s'était encore considérablement développée tant et si bien qu'il me fallait réapprendre à les utiliser. Aussi le désordre ambiant de la futur base ne ménageait guère mes acouphènes.

Je pris donc le chemin de la sortie et la première chose qui me frappa fut la chaleur. Le futur repère se trouvait effectivement dans une région volcanique en activité et ce n'était pas un hasard car cela rendait ce dernier difficilement prenable et accessible à d'éventuels envahisseurs. J'avais fais appel au services de géologues et de cartographes pour m'assurer la stabilité des lieux. Ainsi, si l'ensemble des volcan de la région venaient à entrée en irruption la base serait naturellement, de par son emplacement, épargnée par les cendres et la lave.

Désormais à l'extérieur je pus entendre et ressentir l'agitation de centaines d'hommes et femmes qui s’affairaient de toutes parts. Saibogu, Ketsueki, Kaguya ainsi que de nombreux mercenaires, chercheurs, scientifiques et autres civiles nous avaient rejoint durant cette année. Je m'étais appliquées à faire appel à mes contacts pour recruter plus d'une centaines d’individus issus de toutes horizons. Les financements étaient tous aussi divers que douteux. Notre premier coup d'éclat contre le Shukai n'était pas passé inaperçu. La renommée rimant avec investisseurs, j'étais parvenue à négocier ici et là de nombreux contrats en tout genre dont une grande partie nous avaient été trouvé grâce au Johoukokan.

Je passais les deux prochaines heures à inspecter l'avancement des travaux dans les différents secteurs. Certains habitants issus de la population local nous aidaient moyennant salaire. Le pays était particulièrement pauvre et en proie en la décadence. Aussi n'avaient-ils pas osés refuser un travail honnêtement payé. Par ailleurs notre accueil sur l’île était en demi-teinte. N'ombre d'innocents voyaient notre arrivé comme étant de mauvaise augure. Il fallait dire que nous ne leur avions pas demandé leur avis avant de nous installer et ce encore moins envers le Daimyo du pays qui nous considérait littéralement comme une menace. Les derniers mois avaient été le théâtre d'escarmouche nous opposants à ses troupes. Nous étions à chaque fois parvenus à les repousser. Ce n'était un secret pour personne que la seigneurie de ces terres cendrées était considéré comme un tyran usurpateur. Il s'était autoproclamé souverain après avoir prit le contrôle par la force d'un pays ruiné par la guerre contre Makka. Autrement dit l'homme en question possédait nombre de détracteurs. De mon côté je comptais faire le nécessaire pour me débarrasser définitivement de-lui et instaurer un régime qui conviendrait à tous, le Kyomu comprit.

Après plusieurs kilomètre passé à pied à franchir les montagnes j'arrivais finalement sur la côte en fin de journée. Ici se trouvait le deuxième grande infrastructure du Kyomu. Le port du Shinkaï était également une construction d'envergure de laquelle se dressait d'immense rempart faisant face à la mer. Il était destiné à accueillir notre future flotte de navires. Cette dernière était encore loin d'être constituée et elle ne pourrait voir le jour sans les soutiens externes nécessaires. Néanmoins les quelques voiliers à notre disposition étaient déjà parfaitement apte à s'adonner à un peu piraterie dans le grande mer du sud. Là encore je supervisai l'évolution des travaux auprès des ouvriers et maître ingénieurs durant l'heure qui suivit. Ce ne fut quand lorsque je sentis le soleil décliner sur l'horizon que je sentis cette longue journée de labeur toucher à sa fin tout en sachant qu'une nouvelle commencerait demain.

D'un geste de la main sur ma bague j'envoyais un message télépathique à chacun membre du Kyomu (les sept nukenin constituant le groupe d'intervention initial) pour leur donner les instruction a venir. Tous répondirent à l'appel sans distinction à l'exception d'une personne. Je soupirai avec lassitude. C'est toujours la même chose. Étirant mes sens le long de la jetée je partais à sa recherche. Elle se trouvait toujours au même endroit comme à son habitude lorsque le crépuscule survenait. Je la retrouvai à l'extrémité du rivage, là où les vagues venaient s'échouer sur la terre noirci par des siècles d'activités volcanique. Fidèle à elle-même elle cachait sa silhouette à l'aide du manteau de l'organisation et ses traits part un masque façonné spécifiquement pour son visage. Elle faisait face à la mer en direction du Pays des Neiges.

-Kyore ? Fis-je d'un ton neutre.

Elle ne réagit pas. J'émis un léger soupire.

-Allez vient. Rentrons...

Après m'être assurée que personne ne se trouvait dans les environs je lui pris la main pour l'inciter à me suivre.

Spoiler:

Sur bien des points le Kyomu ressemblait au Shoraizen, quoi qu’on en dise. Et le point commun le plus flagrant est qu’il s’agisse là aussi d’une organisation Nukenin aux airs de terrorisme pour nombre d’avis extérieur. Pour beaucoup nous n’étions que des dangereux criminels, des déserteurs assassins sans foi ni loi. Du blabla, des affirmations sans fondement, la majorité étant colportée par la peur de l’inconnu. Certes nous avions comme avec Seito une force de frappe conséquente et la possibilité d’agir extrêmement vite sans se préoccuper des règlements diverses et variés. Mais comme autrefois, nous restions une mouche face aux grandes puissances de ce monde. Il nous fallait un point de repli, un siège décisionnel, afin de pouvoir s’imposer et de commencer à recruter. J’espère simplement que cette fois-ci nous auront le temps de faire quelque chose avant de se faire voler dans les plumes.
Ah si, une différence entre les deux organisations : Le Shoraizen avait sa base sous l’océan, dans une caverne sous plusieurs centaines de mètres cube d’eau, et accessible uniquement par un petit tunnel étroit. Le Kyomu par contre, s’installait sur l’un des versant des innombrables volcans qui recouvrait le pays de Haï no Kuni. Autant dire qu’un type comme Yusei ou Satoshi serait ici l’équivalent d’un dieu, avec toute cette lave partout.

Pour l’emplacement, je donnais le point au Shoraizen quand même. Parce que même si on était sous le niveau de la mer, il y régnait une température douce et le plafond cristallin baignait l’ensemble de la caverne d’une lumière bleutée très relaxante. Tandis qu’ici, il faisait terriblement chaud et on respirait plus le souffre que l’oxygène. Obliger de porter un masque de protection sur la bouche et le nez. Sans compter les risques qu’un écoulement de lave en fusion dévie de sa trajectoire et nous tombe dessus. Les équipes de constructions ont beau dire que c’est vérifier et sécurisé, je reste tout de même sceptique.
Au moins s’il y en a qui veulent venir nous attaquer, ils devront également faire face aux colères de cette nature si peu hospitalière.

Pour ce qui est des équipes d’ailleurs, des Kaguya avaient accepté de venir ici, chacun avec leurs raisons. Red avait fait venir ses semblables, ou du moins une partie, et enfin les Ketsueki. Punaise … Des véritables vampires, rameutés sur ces terres désolées par notre toubib en chef. Ils manipulent le sang, mais ça encore ce n’est pas le plus problématique. Non ils sont terriblement arrogeant. Comme mes manieurs d’os oui. Ce qui fait que les conflits ne sont jamais très loin sitôt que l’un des membres à un contact, même très négligeable comme un effleurement d’épaule, avec les autres. Je ne compte plus le nombre de fois que j’ai dû intervenir et retenir un jeune d’enfoncer son os dans la gorge d’un des "dents pointues". Ouais c’est comme ça qu’on les appelle entre nous mais chut, c’est un secret.
En bref, tous travaillaient ensemble et avec l’aide très précieuse des habitants locaux, pour bâtir qui deviendra bientôt le QG du Kyomu. Pour le moment, seule la partie réservée à Red était terminée mais ça avançait bien. Il restait beaucoup de boulot mais oui, ça avançait bien.
Personnellement je m’étais installé avec les miens sur un bout de falaise surplombant l’océan, dans des petites huttes en os. Et quand je ne faisais pas le tour de l’île pour en découvrir les aspects et les recoins, je restais ici, assise sur un rocher à observer Mizu no Kuni si petit à l’horizon qui fallait plisser des yeux pour voir l’archipel. À moins que ce ne soit mon imagination qui crée ces petits points noirs au loin, possible … Mais qu’importe, ça reste mon chez moi, même si des centaines de kilomètres nous sépare. Et un jour, putain ouais un jour je pourrais réellement y vivre. Hélas ce moment n’es pas encore arrivé, et c’est la raison pour laquelle je suis là. Seule je n’y arriverais pas mais avec Red et les autres, ce sera vite fait.

Plus qu’à attendre la fin des constructions, puis à virer le Daimyo tyrannique de ce pays, à instaurer un régime le plus équitable possible, et à recruter. Et on pourra recruter pleinement, on pourra s’affirmer aux yeux du monde et commencer réellement à faire parler de nous. Notre petit éclat contre le Shukaï avait déjà préparé le terrain de toute manière.