Le convoi prenait la direction de la capitale. S'il s'enfonçait dans la montagne. Cela en serait finit pour eux. Je fis signe à Milly de me suivre et de se préparer à passer à l'attaque. Nous portions toutes les deux le manteaux de l'organisation.

Tout de même, j'avais peine à croire qu'autant de membres du Kyomu se soient ainsi fait capturer comme de vulgaires lapins. Moi qui pensai avoir recruté des Nukenin averti. Surtout Yami dont l'expérience et la puissance rendait difficilement justifiable sa condition de prisonnière. Sans doute pouvait-on mettre cela sur le compte du travail d'équipe. En effet, avec du recule je reconnaissais que je n'avais pas été des plus avisée en envoyant des Shinobi, se connaissant à peine pour certain, accomplir des missions aussi délicate.

Ainsi la Ketsueki se retrouvait enfermée avec Ozaï dans un chariot en partance pour le Shozaishi. Il nous fallait l'arrêter avant qu'il ne parvienne à destination. J'ignorai ce qu'il était advenu de Kurasa et d'Hiriko, mais en cet instant ils n'étaient pas ma prioritaire. Yami, elle, l'était tant pour des raisons personnelles que professionnelles. Le convoi pénétra finalement les montagnes en empruntant une large route façonnée par l'homme. Nous nous trouvions juste au-dessus au sommet d'une falaise faisant office de versant à la montagne. Après avoir réajusté le bandeau sur mes yeux j'invoquai Memory et Oblivion.

-Allez-y. Je vous couvre tandis que vous attaquez le convoi. La priorité et de briser leur menotte anti-chakra. Il faut que ce soit aussi rapide que possible. Nous devons partir sans faire de grabuge et ce avant que l'alerte ne soit donnée.

Je lui adressai un signe de tête entendue avant que la Kaguya ne s'élance dans le vide. J'allais à sa suite. L'air s'engouffra dans mon manteau. Je freinai ma chute en dérapant contre la paroi. De son côté Milly prenait de la vitesse, elle passait devant. Braquant le canon de mes armes je fis feu sur les Shukaijin chargé d'escorter le convoi. Les balles filèrent à quelques centimètres de la Kirijin pour fuser vers leurs véritables cibles. Parvenue à mi-hauteur j'envoyai un fumigène dans le tas lorsque je me fus assurée que ma coéquipière était arrivée sur les chariots. Je bondissais aussitôt au milieu de la fumée. N'écoutant que mes sens pour me repérer j'allais mettre à terre un des garde déboussolés

Sitôt fait alors que je me trouvai encore au beau milieu de la cohorte je braquai le canon de mon arme en direction de la Ketsueki. La balle fila entre les barreaux pour se heurter aux menottes qui bridaient son chakra.

Résumé:

Putain Hiriko, mais qu’est-ce que t’as encore foutu bordel ? Me dit pas que c’est vrai oh, t’as pas recommencé, si ? Merde, alors tout ce que tu m’as sorti sur le Shoraizen et ce qui s’était passé en coulisse c’était du pipo ? Tss, au final c’était bien ça, tu t’étais encore tiré la queue entre les jambes sitôt les problèmes un peu trop envahissant. Ça avait été la même chose avec Konoha, et l’histoire se répétait avec le Shukaï. Quelle déception, quelle erreur ça avait été de croire en lui … Son talent d’orateur avait eu raison de ma stupidité, mais c’était fini maintenant, je ne me laisserais plus avoir.
Voilà ce à quoi je songeais au sommet de cette falaise, aux côtés de Red, toutes les deux vêtues du manteau noir et du masque de l’organisation, le regard fixé sur le convoi qui transportait deux membres de l’organisation, fait prisonniers suite à leurs attaques contre l’Empire. Il s’agissait du numéro 6 et du numéro 1 de l’équipe. Qui étaient-ils sous cette identité ? Nous le saurons bien assez tôt, en imaginant le savoir un jour. Pour le moment il s’agissait d’intercepter ce chariot métallique tiré par deux chevaux noirs, et le tout escorté par cinq soldats aux mêmes couleurs que celles que portaient Kirito à la mine. Des hommes à la solde de l’Empereur Kakeshou.

Le signal du timing fut donné par la pistoléro alors que la cible n’allait pas tarder à entrer dans le tunnel traversant la montagne sur laquelle nous étions. Sans plus de stresse ni d’interrogation, je me jetai dans le vide et me créa des pointes osseuses sous mes pieds. Un mouvement rotatif des épaules et me voilà transformée en une véritable perceuse, fendant l’air à une vitesse de plus en plus élevée. Red me suivait dans ce saut, ses revolvers fraichement invoqués en main, et démontrait tout son talent de soutien. Ses balles de plomb me frôlaient à chaque fois sans jamais me toucher, allant directement se loger dans le crâne des membres de l’escorte. Magique, elle me libéra parfaitement le champ pour que je perce d’une traite le toit de la cellule de prison sur roulette. Le trou n’était hélas pas parfaitement centré et même plutôt sur l’arrière de l’engin que sur une surface bien plate, mais bon venez calculer le timing au quart de seconde près sur un véhicule en marche, et depuis le sommet d’une falaise qui fait plusieurs mètres de haut ! Je vous assure que même en étant un peu écartée, mon action tient presque du miracle. Ou du talent ? Ohoh, débattons de tout cela plus tard.
Le convoi entra l’instant d’après dans le tunnel et l’obscurité s’installa presque immédiatement. J’eus tout juste le temps de profiter de la surprise de mon irruption pour planter un os sous le menton du soldat qui tenait les deux nukenins en joue, et le balancer à travers la porte, faisant du même coup ouvrir celle-ci en grand.

Red, à présent au sol, profita de cet instant pour tirer une balle qui alla directement se loger dans les menottes de l’une des deux personnes captives, les faisant exploser. Punaise c’est quoi cette précision punaise ? Truc de taré ! Ça en devient flippant tellement c’est impressionnant ! Surtout que le chariot ne s’arrêtait pas et l’entrée du tunnel diminuait rapidement en taille. J’apposai ma main sur les menottes du deuxième, infiltrant un os par la serrure et le faire ensuite se développer encore et encore jusqu’à les faire sauter.
Sans attendre plus longtemps, je sautai du véhicule en mouvement en leur intimant l’ordre de faire pareil, même si c’était assez inutile au vu de la situation.

Une douleur lancinante et difficilement supportable me lancinait les côtes depuis mon réveil abyssal. Plusieurs de mes os étaient cassés depuis ma chute en pleine mer glaciale et il m'aurait été aisé de n'en faire fit et de les soigner si je n'avais pas eu mon chakra bridé depuis ma capture...

Je grimaçais à chacune de mes respirations alors qu'un docteur peu scrupuleux m'avait soit disant atténué le mal pour que je tienne la route jusqu'aux geôles du Shukai : je pensais personnellement qu'il avait plutôt fait exprès de l'accentuer... Je me souvenais de son visage et de son nom inscrit sur la plaque qu'il portait à son veston blanc et je saurais m'en souvenir à ses dépends...

J'avais été transporté sur ces terres par bateau avant de rejoindre un acolyte dont j'ignorais tout, lui même fait prisonnier à cause du manque de réactivité de son compagnon de route : tout comme moi. Nous nous trouvions à bord d'un chariot depuis déjà quelques temps mais malgré les kilomètres qui défilaient, nous rapprochant un peu plus de notre destination, je n'éprouvais pas la moindre crainte : pire encore, j'esquissais un léger sourire malgré la douleur car je savais pertinemment que lorsqu'elle apprendrait ma situation elle viendrait m'en libérer. Peut-être aujourd'hui, demain ou dans six mois même si tactiquement la simplicité avait bien plus sa place à l'heure actuelle que lorsque je serais derrière les barreaux...

Je n'avais pas encore rencontré de bourreaux car ils préservaient mon état jusqu'à ce que l'on m'interroge : du moins je l'imaginais. Il serait bien déçus d'apprendre que la politique de l'organisation faisait justement en sorte que nous sachions absolument rien des autres et le stricte minimum concernant nos missions même si nous en connaissions tous l'objectif qui, en l'état, ne servirait pas grand chose aux Shukaijins, ni même à l'Empereur...

Je savais que le moment était venu lorsque j'entendais les cheveux hénir et devenir plus nerveux, redoublant leur galops tandis que les soldats nos accompagnants s'agitaient à leur tour. Bientôt, un trou se dessina dans l'habitacle sur roue et un membre du Kyomu, la femme aux attributs plus qu'imposant, venait nous débarrasser du garde menaçant de nous causer du tord tout en emportant la porte dans son éjection.

Mon capuchon rabattu, je fixais la femme de mes yeux écarlates, les cheveux détachés et tombant en cascade dans mon dos de toute leur longueur, et me relevais de mon banc malgré la souffrance sans rien afficher pour autant alors que le chariot continuait sa course. Un fumigène éclata et les soldats tombèrent un à un jusqu'à ce qu'un projectile vienne détruire mes menottes ce qui me faisait étirer un plus large sourire : elle était là... Cette balle, cette précision, cette volonté de me libérer en première... il n'y avait aucun doute possible.

La femme nous ayant secouru sortait du chariot encore à pleine vitesse, tractée par des chevaux plus apeurés que jamais, et nous intimait d'en faire de même. Je sentais mon chakra m'envahir de nouveau : une douce sensation qui m'avait manqué. Pour ne pas souffrir davantage en m'extirpant du convoi, j'usais de mon chakra médical pour m'insensibiliser à la douleur car ce qui allait suivre allait inévitablement être très , très douloureux avec un corps aux os brisés... Je courais et sautais alors pour me réceptionner sur la terre ferme après une pseudo roulade avant de me redresser.

Le grabuge continuait encore derrière moi, les gardes étaient abattus tandis que je me dirigeais vers la tireuse d'élite tout en me tenant les cotes et en me soignant dans le même temps.

« Tu en as mis du temps... »

Plaisantais-je en murmurant, à sa hauteur, haletante et grimaçante, le front perlant de transpiration à cause de mes os brisés. Je sentais la douleur disparaître peu à peu, me soulageant grandement et me faisant oublier le cauchemar de ces derniers jours. J'avais été habituée à la souffrance constante avec la maladie à laquelle j'avais été sujette et c'était bien grâce à cela que je tenais malgré tout encore debout sans plus de manifestations de mon état si ce n'était quelques grimaces.

J'étais enfin libre et je n'y avais pas renoncé un seul instant grâce à elle, certaine que ma captivité serait de courte duré. Je saurais lui rendre la pareille mais elle m'entendrait surtout pour son recrutement hasardeux me laissant aux prises avec un trouillard incapable de passer à l'action le moment venu ! Ça oui, elle allait m'entendre !

J’avais finalement été capturé lors de cette périlleuse mission contre des shukaijins on ne peut plus ingénieux. Il s’agissait de deux hommes dont l’un demeurerait gravé dans ma mémoire. Ce petit homme, ou plutôt cet enfant de rien du tout qui s’avérait disposer de capacités pour le moins intéressantes. Un senseur très doué. Si doué qu’il avait réussi à nous mettre dans de sales draps. Un gamin avec beaucoup d’avenir. Il va sans dire que sous peu il serait un homme important au sein de l’entité qu’il servait. Cela crevait aux yeux. Si jeune et déjà pas mal talentueux.

Je me trouvais en compagnies d’une des membres de notre organisation. Je le savais via mes dons oculaires et visionnaires. J’avais déjà vu son visage par le passé. Le revoir au moment où je la vis dans ce chariot me fit comprendre à qui j’avais affaire. J’avais vu par le truchement de mon pouvoir quelques bribes de son passé. Cette délicate position lors de la mission qui lui avait été attribuée. Elle aussi vraisemblablement avait été abandonnée par son acolyte. Elle gardait pourtant le sourire, un sourire que j’entrevoyais faiblement.

*Curieuse personnalité que voici…*

Je détournais le regard, préférant le « lancer » dans le vide et m’intéresser à quelque chose de plus égoïste : ma propre poire. J’étais étonné que malgré nos affrontements les shukaijins n’aient pas tenté de m’éliminer après m’avoir capturé. Aucune torture, rien si ce n’est un cachot quelque temps puis ce convoi et ce trajet vers ce que j’imaginais être un bastion ou un fort bien gardé. Là où je serai au chaud. Parce que je m’imaginais bien que si j’étais gardé sain et sauf pour le moment c’était certainement pour une raison bien précise.

Alors que j’avais encore la tête dans les nuages j’entendis un petit raffut au dehors. Un remue-ménage qui rapidement mua à de l’excitation ou plutôt de la crainte. Je sentis les chevaux s’emballer et les cochers fouetter de toute leur énergie les braves bêtes qui faisaient heurter les roues du chariot sur le sol. L’inconfort était à son maximum. Nul moyen de s’agripper à quoi que ce soit en dépit du fait que nous étions désormais ballotés de gauche à droite suite aux soudaines bifurcations de notre « voiture ». J’entendis des coups de feu et des bruits similaires à de lourdes chutes. Il y avait du grabuge dehors. Un nouveau regard vers cette compagne d’infortune et je compris. Elle savait depuis le début que nous… Qu’elle ? Serait secourue ? Qu’importe. Si évasion il devait y avoir, je saurai saisir ma chance que je sois prévu dans le plan ou pas.

Un énorme vacarme retentit. Au même moment, instinctivement je roulais en direction du côté opposé, les mains enchaînées, mes mouvements ne pouvaient être fluide. Quoi qu’il en soit, je constatais avec un certain plaisir que moi au moins, je savais demeurer alerte. L’on ne pouvait pas en dire autant du garde, présent avec nous à l’intérieur du chariot, qui venait de se faire hara kiri par une technique Kaguya. Je portais un regard vers la nouvelle venue. Elle avait totalement déchiré le haut et une aile du chariot laissant un trou assez large pour faire passer une vache. Si ce n’est pas de la finesse sauce Kaguya ça…

Un regard sur le corps de notre sauveuse, je devinais qui se cachait derrière cette poitrine bien trop abondante pour être masquée. Une balle fusa de nulle part libérant l’autre prisonnière. Je me redressais les mains encore liées. La Kaguya nous intimait l’ordre de sortir. Les chevaux s’étaient arrêtés et je devinais la fin de ce voyage pour ces braves gardes. Probablement tous tués par cette Saibogu ? Je sautais hors de ce chariot prenant appui sur le sol. Aucun remerciement. N’étais-je toujours pas enchaîné ? Et c’est avec un air presque dédaigneux que je tendis les mains vers la Kaguya. Son travail était bien fait, mais il n’était pas terminé. Je me devais moi aussi de retrouver l’ensemble de mes sensations. A moi la liberté.

A peine ressortais-je d’un mouvement brusque que l’ensemble de mon corps m’élança notamment à certains points où je compris que mes blessures venaient de se rouvrir. Je ressortais tout juste de mon combat intense contre le Kamui et qui avait manqué de me coûter la vie. Hors l’absence de mon médecin attitré, en plus des dernières journées passées à courir après les informations n’avaient nullement contribués à stabiliser mon état. Pour ainsi dire je n’aurais jamais tenté d’attaquer le convoi sans le soutien de Milly, mais là encore le mal se faisait sentir. C’était pourquoi il nous fallait en finir au plus vite.

Le Shukaijin que j’avais mis à terre ne tarda pas à se relever et même dans les meilleurs conditions du monde il aurait été sot de chercher à l’affronter. Les gardes qui escortaient le convoi n’étaient assurément pas des amateurs à l’image des Shukaijin que nous avions affrontés quelques jours plus tôt. Néanmoins ma mission ne consistait pas à les battre. Profitant de la retombée du nuage je tirai la Ketsueki par le bras tandis que la Kaguya se chargeait d’Ozaï. Nous ne perdîmes pas de temps pour nous éloigner. De ma main de disponible j’activai le détonateur relié aux explosifs placés au sommet de la falaise. L’éboulement qui s’en suivit nous fit gagner un peu de temps. Il nous fallait partir au plus vite. Aussi pris-je les devant concernant Yami. Elle n’allait certainement pas apprécier ce qui allait suivre.

-Tu m’excuseras plus tard…

Et je l’attrapais sans autre sommation pour l’envoyer sur mon épaule avec autant de soin que si elle avait été un sac de pomme de terre. Malgré son poids plume la contrainte qu’elle représentait tira sur mes blessures aux points de me faire grimacer.

-Milly, Ozaï, on accélère !!

Parcourant mes muscles endoloris de chakra raiton je fus prise d’une brutale impulsion vers l’avant. Ma vitesse s’accentua de façon conséquente. Milly en faisait de même avec son futon quant à Ozaï… J’espérai qu’il était aussi rapide, au risque de finir dans la même situation que Yami sauf que contrairement à elle, sa dignité ne se serait pas remise du contact avec l’épaule de la Kaguya. Suivant un trajet préétabli, nous nous filâmes entre les montagnes et dans les forêts qui les bordaient. Nous favorisions la faune sauvage au profit des sentiers qui, par défaut, tendaient à lorgner du côté de la civilisation. Nous n’étions pas encore tirés d’affaire. De nombreux soldats patrouillaient dans la région ainsi que tout autant de senseur qui finirait inéluctablement par retrouver notre présence.

Après plus d’une demi-heure nous fîmes halte dans un petit bosquet que je devinais sans pouvoir les voir, seulement à leur frémissement, si dense qu’ils cachaient certainement la vue du ciel. Il en filtrait malgré-tout quelques fins halos d’or envoyé par le soleil et qui terminaient leur course sur l’herbe humide est épaisses sur laquelle ondulait d’innombrables et épaisses racines. La végétation formait comme un dôme naturel autour de nous, suffisant haut pour se tenir debout et suffisamment large pour nous contenir si nous avions été deux-fois plus nombreux. A peine m’étais-je arrêté, laissant tomber Yami que je pliais un genou sous le poids de la fatigue et de la douleur. Je me sentais blême et en proie à de nombreux vertiges. Des perles de sueurs froides glissèrent le long de mon front. Haletante, je les chassai d’un revers de la main. D’un claquement de doigt je fis disparaître mon manteau de l’organisation, révélant ainsi ma tenue de Kunoichi et mes nombreux bandages à présent me collaient à la peau car imbibé de sang. Mes blessures s’étaient effectivement rouverte. Le simple fait d’inspirer ravivait la douleur de mes côtes fêlées.

-Tout… Tout le monde va bien ? Fis-je d’un ton glacial totalement contradictoire avec mon état.

Je me laissai retomber en arrière pour m’asseoir à même le sol. Ici tout était si calme. Seul résonnait autour de nous le murmure des cigales. On aurait peine à nous croire traqués. J’étendis mes capacités sensorielles pour m’assurer que nous étions bien tranquilles ce qui se révéla être le cas. L’éboulement avait fait son office, mais je savais que ce répit n’était que temporaire. Hors, j’étais la seule à même de convenablement masquer mon chakra dans ce groupe. J’avais prévu ce cas de figure depuis le départ et détenait la solution. Seulement cette dernière signifiait que tout allait devoir une fois de plus reposer sur-moi. Situation qu’il m’était difficile d’assumer dans mon état. Malheureusement nous n’avions pas d’autre choix. Ce faisant, je posai une main lourde dans la sacoche pour en ressortir trois petites capsules d’aluminium que j’envoyais à chacun des membres du groupe.

-En les brisants elles libéreront un sceau qui bloquera votre chakra… vous empêchant ainsi d’être détecté par les troupes ennemies… Navrée de… de devoir vous imposer cela à nouveau… Il vous suffira… de presser un doigt sur votre paume pour… vous libérer… Parvins-je a balbutier, haletante.

Le goût du sang dans ma gorge se faisait de moins en moins âcre à mesure que j’avais la sensation de me sentir partir…

Je ne m'attendais certainement pas à ce qu'elle se mette à me porter comme un vulgaire sac de pommes de terre mais je ne protestais pas malgré la douleur lancinante de mes côtes toutefois quelque peu apaisée après mon premier soin rapide.
Il fallait déguerpir, nous n'étions pas encore à l'abri, loin de là et il était hors de question que je remette les pieds là bas !

La vitesse de pointe fut fulgurante, me décochant un hoquet de surprise sur l'instant : je n'étais pas une amatrice des grandes vitesses, il en avait toujours été ainsi même lorsque Oniri m'avait invité à monter sur son véhicule pour se servir des dunes du désert comme tremplin...

Le chemin me parut interminable en plus d'être propice à retourner l'estomac tant le décor avait défilé avec vélocité, me laissant a peine apercevoir le cadre dans lequel nous progression en plus de la posture désagréable dans laquelle j'étais contrainte à rester pour suivre la cadence.

Un dôme naturel nous servait de cache pour faire une halte. Au moment où Oniri me déposa au sol, je faillis m'en dérober comme atteinte de vertige lié au tournis mais je me ressaisissais bien vite car j'avais bien perçu depuis nos retrouvailles cette agitation sur notre lien écarlate lié a la douleur qu'elle ressentait. Je n'en connaissais pas la cause car elle n'avait pas été touchée par les hommes gardant le convoi dans lequel je me trouvais avec le dénommé Ozaï mais je l'avais senti tout le long du trajet : l'odeur du sang...

D'habitude si appétissant à mes narines, la situation actuelle rendait cela préoccupant... Je la voyais ployer sous ce poids, haletante et transpirante de mal être. Je ne faisais d'ailleurs pas que la voir... Je le percevais. Son sang que j'avais ingurgité a de nombreuses reprises me le transmettait. Elle ôta sa veste pour laisser apparaître ce que je savais déjà : elle saignait abondamment. Ce que je ne savais pas en revanche c'est qu'elle était couverte de bandage et je n'en connaissais pas non plus l'origine...

Ironiquement, ce fut elle qui demandait au groupe s'il allait bien. Elle parlait ensuite avec difficulté de son stratagème pour dissimuler nos chakra a nous qui n'en étions pas capables et nous transmettait une capsule qu'il nous fallait ouvrir pour être ainsi indétectable par nos chakra. Il n'était cependant pas question que je m'en serve tout de suite car ma priorité était de la soigner.

Je m'agenouillais face à elle rapidement pour apposer mes paumes sur son thorax, dégageant une aura verdâtre témoignant des soins que je lui apportais. Plus que de refermer les plaies, il me fallait aussi stopper son hémorragie. D'un geste net, j'entaillais ma paume avec la bague a pointe que je portais au pouce et apposais mon sang sur le sien contre une blessure encore ouverte. Ainsi fait, je contrôlais mon sang à l'intérieur de ses veines et augmentait sa quantité en accélérant son processus de création : il n'était pas question qu'elle finisse exsangue.
Je poursuivais ma manœuvre pour coaguler mon hémoglobine sur ses plaies plus délicates pour les refermer de manière succin mais efficace avec le soin complémentaire que je lui avais administré. Je veillais à ce qu'aucun caillot sanguin n'obstrue son système circulatoire et que son cœur était bien irrigué et je l'y aidais à travers le mien au besoin.

Je déployais tout ce que j'étais en mesure de faire en couplant mes connaissances en médecine et mes capacités en tant que Ketsueki pour la tirer d'affaire mais il était inéluctable qu'il lui faudrait du repos, ce que nous ne pourrions peut-être pas nous permettre surtout avec notre seule sentinelle hors service...

Je mordais donc mon pouce et l'apposait au sol pour invoquer le seul Kuchiyose encore en service qu'il me restait à savoir Méphisto. Mon félin de la taille d'un chien moyen disposait de capacités sensorielles et il prendrait donc le relais pour veiller à notre sécurité jusqu'à ce qu'Oniri reprenne ses esprits.
Le chat avisait la situation avec son intarissable air amusé malgré la gravité de la situation alors qu'il semblait tout droit sorti des limbes de l'enfer tant son apparence n'était pas des plus engageante tout comme son air famélique savait apporter un certain mal aise aux personnes qui le voyait en général...

J'étais haletante à mon tour. Avoir fourni tant d'effort et déployer tant de chakra en l'espace de si peu de temps après l'avoir tout juste retrouvé m'avait épuisé. Cette halte ne serait pas trop pour moi non plus. Je surveillais l'état d'Oniri désormais stationnaire...

Il ne fallait pas trainer. Nous avions profité de l’effet de surprise et c’était en soi un énorme avantage. Seulement cela n’offre qu’un court laps de temps avant que les victimes ne reprennent leur esprit, et nous cause des problèmes. En tout cas pour ceux encore en vie, le garde dans la charrette, lui il ne fera plus grand-chose.
Red vint attraper le bras de la prisonnière pour la prendre sur ses épaules, et commencer une course frénétique vers la forêt la plus proche. Heu moi je refuse de porter Ozaï hein, de toute manière il est très certainement plus lourd que moi, et puis il est assez grand pour se débrouiller tout seul. Je l’ai déjà libérer de ses menottes, je ne vais tout de même pas non plus lui mâcher tout le boulot. Ouais, qu’il se démerde et s’il se fait re-chopper, bah tant pis ça voudra dire qu’il n’a pas ce qu’il faut pour rester dans la team.
Utilisant mon affinité futon à la surface de mon corps et dans mon dos, je me propulsai derrière notre leader, le vent glissant sur moi comme si je n’existais pas, échappant ainsi à toute forme de résistance gazeuse qui pourrait me ralentir. Un détail cependant me troubla dans les mouvements de Red. Non pas que son fessier soit très agréable à observer au point de me perturber, mais on aurait dit qu’elle devait lutter contre une douleur suffisamment forte pour que ça se voit. Avait-elle été blessée au cours de l’escarmouche ? Une contre-attaque aussi sournoise que désespérée de la part d’un des soldats escortant le convoi. Peut-être, on n’est jamais à l’abri d’un réflexe incontrôlé, d’un instinct de survie imprévu. Dépêchons-nous.

Par moment je jetais des regards en arrière, comme pour couvrir notre fuite, au moins le temps de disparaitre complètement au milieu de la dense végétation et des quelques rochers qu’offraient le terrain. C’est d’ailleurs à l’abri d’un bosquet bien touffu qu’on fit une halte après une bonne demi-heure de course et que je pus constater des dégâts. Red était couverte de bandages ensanglantée, et perlante de sueur. Sans son manteau, disparu d’un claquement de doigt, il n’y avait plus aucun doute qu’elle souffrait énormément. Et tant de sang, ce n’est pas possible qu’elle ait reçu autant de coups durant l’assaut. En tout cas rien qui soit aussi grave que ça.

« Qu’est-ce qui s’est passé ? » Demandai-je en m’approchant, un genou à terre et le regard détaillant sans pouvoir agir les innombrables plaies dissimulées sous le tissu autrefois blanc. « Quand est-ce arrivé ? »

J’ignorais totalement sa question nous demandant si on allait bien, elle de toute évidence n’allait pas bien. Repoussant mon propre manteau en un rouleau de tissu mal plié, je le fourguai dans un petit sac suspendu à ma hanche. Puis je levai les yeux vers celle qu’elle avait porté jusqu’à maintenant, alors que cette dernière révélait avoir des compétences en médecine. Parfait ça, on a toujours besoin d’un toubib et là c’était pile le bon moment.
Je voulais me tenir prête au moindre besoin, quoi qu’elle désire. Mais ce que Red demanda ensuite ne fut pas du tout ce dont j’aurais pu m’attendre. D’une main un peu tremblante elle nous sortit trois petits comprimés porteurs de diverses inscriptions, et nous demandait de les briser dans le but de débloquer un sceau qui bloquera notre chakra.
Mais avec ça on ne pourra plus se défendre en cas de pépin. Et puis même si du coup on passera pour des civils tout à fait banals … Ah nan, elle affirmait qu’une pression sur notre paume suffira à nous libérer de l’entrave. Bon alors laissons la doc soignée notre blessée et occupons-nous du reste.

Je pris deux des capsules et en lançai une à Ozaï avant de me redresser et écraser la mienne dans mon poing. Brr quelle désagréable impression. Moi qui pourtant entendais littéralement mes os ronronner sans cesse en moi, voilà que le silence régnait. C’était presque comme si je me retrouvais nue, sans plus aucun moyen de m’échapper, plus rien pour agir. C’est extrêmement troublant. À tel point qu’un frisson remonta le long de ma colonne vertébrale, provoquant une chair de poule passagère.

« Elle va s’en sortir ? » Vins-je demander à la doctoresse avant de pivoter les yeux vers la cheffe de groupe. « Comment tu te sens Red ? Ne nous lâche pas maintenant hein, il faut encore que tu expliques la raison de tels dégâts. Si tu as besoin de quoi que ce soit, demande. » Puis je relevai les yeux vers sa voisine. « Elle est en manque de quelque chose ? »

Ma libération ne tarda guère. On m’enleva ces menottes qui commençaient à me peser grandement. Une fois que ce fut fait, je me tâtais les poignets tout en posant le regard autour de moi. Ces corps étalés à même le sol rocailleux. Nous étions quatre. Quatre survivants d’un carnage aussi fugace qu’inattendu. Je laissais échapper un souffle, le premier depuis ces quelques jours de captivité subis. Mais je décelais, après un coup d’œil vers celle qui se trouvait être la cheftaine de l’organisation du Kyomu, un sentiment d’insécurité. Tout de suite après je vis quelques gardes qui se relevaient. Ils n’étaient donc pas morts ? Peut-être cette Red avait préféré faire preuve de bienveillance à l’égard de ces hommes qui quelque part ne faisaient qu’exécuter des ordres ? Foutaises !

Des mudra… Ma poitrine se gonflait d’une énergie puissante tandis que mes alliés fuyaient vers les montagnes. Il me semblait que la Kaguya demeurait à mes côtés. Probablement pour m’aider ? Pauvre folle. Même blessé, je demeurais un combattant valable. Un ninja consciens qu'un ennemi nous est utile lorsque toute souffle de vie lui est retirée. Telle est ma nature et telle est ma force de caractère. Il ne devrait y avoir aucun survivant. Aucun pour raconter quoi que ce soit de ce qui a pu se passer ici. Je lâchais dans un souffle une véritable déflagration qui embrasa la zone et les corps des pauvres diablotins pris par surprise. Pour ma part, je n’attendis aucun dénouement, aucune réaction. Je m’en allais en tentant de suivre le tempo démentiel imprimé par la Saibogu pourtant chargée du poids de celle qui avait partagé avec moi les joies de l’emprisonnement. Derrière moi, en me retournant une dernière fois, je vis les soldats sonnés et pourtant bien vivants, debouts. Il avaient réussi à contrer mon attaque malgré l'effet de surprise et malgré son ampleur. Quoi qu'il en soit, cette action nous octroyait, ou plutôt m'offrait une meilleure possibilité de fuite.

Je couru à vive allure, ignorant tant bien que mal toutes les douleurs de mon corps, celles issues de mon combat contre ce gamin et son garde du corps. Le vent sifflait dans mes oreilles et me fouettait le visage tandis que je le transperçais à vive allure. Mes pas martelaient le sol, la rocaille, me permettant par moment de prendre une impulsion afin de récupérer dans les airs de mes efforts. Puis sans relâche je poursuivais mon effort en suant de toutes mes pores. Mais j’avais beau faire des efforts, je demeurais à la traîne, lâché par mon faux départ et par cette vitesse tout bonnement impossible à reproduire. Il me fallut pourtant tenir, ce que je fis tant bien que mal. Jusqu’au bout… Je lâche un souffle. On aurait dit plutôt un râle, ma bouche grande ouverte, je cherche de toutes mes forces le souffle.

Je suis parvenu pile au moment où Red nous transmets des sortes de pilules. Il parait que c’est pour éviter de se faire repérer en condamnant à nouveau notre chakra. Je saisi au vol la mienne. Cependant une chose m'intrigue. D’un regard sombre je constatais les blessures perceptibles de la Saibogu. Paradoxalement elle semblait les avoirs plutôt bien camouflé jusqu’ici… Sans même m’intéresser aux propos de la Kaguya, j’activais mes pupilles dans un élan de curiosité. Mon pouvoir héréditaire ferait le reste, fouillant à travers son passé pour y découvrir les raisons des blessures qu’elle a subi. Une fois la prise d'information faite, je désactivais ce pouvoir avant de suivre la consigne histoire que les effets se produisent. Le point positif c’est que l’on pouvait s’en libérer à volonté d’un simple mouvement du pouce vers la paume d’une de nos mains.

Spoiler:

Yami venait m'administrer les premiers soins qui seraient sommes toutes plus efficaces que ceux que j'avais pus me prodiguer suite à mon combat contre l'Empereur. Le décor continuait cependant d'osciller tout autour de moi. Je savais qu'il me serait difficile d'avancer sans soutien ce qui mit profondément à mal ma fierté, moi qui était censée protéger le restant du groupe. Le Kuchiyose de Yami fut appelé dans l'espoir sommaire de palier à mon rôle. Je savais cependant que ce ne serait suffisant. A la vue de mon état, le danger que fut de rencontrer des Shukaijin était d'autant plus grand. Ce fut pourquoi, malgré la situation, je m'efforçai de scanner la zone en permanence à l'aide de ma sensorialité. Sans doute s'agissait-il de ce qui me demandait le moins de ressources. Seulement une brève émanation de chakra en partance du noble mercenaire attira mon attention. C'était comme les autres fois, il recommençait.

-Ozaï !

Sifflais-je entre mes dents d'un ton plus meurtrier que réprobateur. Ces derniers jours avaient profondément entaché mon humeur et ma patience. Autant dire que si je n'avais pas été blessé, le concerné aurait certainement eu droit à une démonstration de force, au lieu de quoi, et ce fut une chance pour lui, je dus me contenter d'un simple avertissement.

-Que je vous reprennes à utiliser votre doujutsu en ma présence et je puis vous garantir que ces derniers quitterons leur orbite dans la seconde qui suit. Dites-vous que peu importe mon état j'en aurais toujours la force. Ceci est mon premier et mon dernier avertissement !

Le ton était glacial, le regard noir et l'intention meurtrière. J'ignorai exactement ce qu'il essayait de faire à l'aide de son Kinnegan mais je ne tenais pas à m'encombrer avec des fouineurs ou des fauteurs de troubles. Je pouvais tout aussi bien le ramener au shukajin en pièce détaché, leur épargnant ainsi une part de travail.

-Étant donné que le message est passé, j'estime que nous pouvons nous remettre en route. Fis-je d'un ton plus calme, mais qui à lui seul suffisait à maintenir la tension, soudainement devenu palpable, dans l'atmosphère.

Ce faisant je me relevais par moi-même, mais n'eus d'autre choix que d'accepter l'aide de Yami en passant un bras par-dessus ses épaules. Suite à cette brève pause nous repartîmes dans le plus grand des silences qui fut à l'image du restant de la traversée du pays. Il nous fallut à de nombreuses reprises nous arrêter, dévier des chemins prévus quitte à nous rallonger et ce dans l'unique but d'échapper aux troupes du Shukai sillonnant les environs. Ce ne fut que plusieurs heures après avoir traversé la frontière que nous nous autorisâmes à faire une pause. Assise sur un rocher, je ne trouvais rien de mieux à faire que de m'allumer une cigarette.

-Bonne nouvelle. Fis-je d'un ton toujours aussi peu enjoué qui servait de façade pour cacher la douleur et la fatigue constantes auxquelles j'étais en proie. L'attaque a été un franc succès, malgré quelques dégâts collatéraux. L'organisation vient de perdre trois membres. Un décès et deux prisonniers. Nous nous occuperons de ces derniers en temps et en heure. Dans l'immédiat nous pouvons savourer notre victoire. En plus d'avoir affaibli le Shukai, les nations vont entendre parler de cette attaque et seront à présent obligé de nous écouter lorsque nous viendrons à elles. Nous allons pouvoir commencer à faire notre propre place dans ce monde. Vous l'aurez compris tout ceci n'est qu'un début. Il y avait un double intérêt à cette attaque.

Ce qui s'appelait faire d'une pierre deux coups, même si en l'état, je n'étais moi-même pas encore capable de mesurer pleinement l'étendu des possibilités offertes.

-Pour ceux qui se poseraient la question, notre objectif reste inchangé. A savoir détruire l'empire des pays neutres. La différence étant que nous aurons encore plus de moyens pour y parvenir. Faites moi confiance, continuez de me suivre et j'apporterai à chacun de vous ce qu'il désir, ce que soit l'argent, le pouvoir ou la liberté.

Dis-je d'un ton cette fois-ci plus déterminé en regardant tour à tour chacun d'eux. Plongeant une main dans ma sacoche je sortis deux nouvelles pierres translucide qui n'attendait que de recevoir le sang de leur maître pour être activé. Yami et Ozaï purent en bénéficier.

-Retrouvez-moi à la Mégalopole d'ici un mois. Les choses vont s'accélérer à partir de maintenant.