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Une journée comme celle-ci, nous ne pouvions qu’en rêver. L’automne était très avancé – nous avions même eu droit à de minuscules tombées de neige lors des nuits les plus froides – mais aujourd’hui nous nous serions cru de nouveau en septembre. Avec une telle température, vous pouviez être certains qu’autant mes ninkens que moi allions en profiter. Je m’habillai rapidement, enfilant mes vêtements d’été certainement pour la dernière fois, et engloutit un repas léger avant de prendre la direction du boisé de Konoha. C’était depuis les derniers mois l’un de mes endroits favoris, où je pouvais rester dans l’enceinte du village tout en retrouvant un peu de la beauté sauvage qui m’avait entouré pendant toute mon enfance. Sa proximité avec le quartier Inuzuka faisait également en sorte que nous croisions la plupart du temps d’autres ninkens avec qui Aka et Sei pouvait s’amuser. Ainsi, tout le monde était content.

Cette journée-là ne fut pas différente des autres, alors que nous rencontrerions deux autres ninkens qui étaient déjà en pleine partie de… chat et la souris? Pouvait-on vraiment dire cela lorsque nous parlions de chiens-ninjas? Enfin bref, ils se pourchassaient et ce fut plein d’entrain que mes deux compagnons se joignirent à eux et redoublèrent l’intensité du jeu. Quant à moi, j’allai rejoindre les deux maîtres qui se tenaient non loin et discutaient entre eux. Avec les années, je devais dire que ma relation avec les autres membres de mon clan s’était nettement améliorée. Je me rappelais lorsque je venais tout juste d’arriver ici, je ne connaissais pratiquement personne. Évidemment, tout le monde connaissait le chef de la meute, Motari-sama, mais ma connaissance se limitait à cela. Au fil des années, j’avais rencontrés différents membres de mon clan – Asuka, Nobu, Fea… Akira – et ma place dans le village m’avais même valu une certaine reconnaissance au sein du clan. Nous étions en pleine discussion lorsqu’un des deux Inuzuka, à brûle-pourpoint, lança.

- Tu sais quoi, Takeo? Je crois bien avoir entendu Motari-sama dire ton nom l’autre jour. Il avait l’air assez préoccupé…

À l’écoute de cette nouvelle, mes yeux s’agrandirent par la stupeur et mon cœur manqua un battement. Pourquoi avait-il besoin de dire mon nom? Pendant quelques secondes, je restai immobile et concentrai toute mon énergie dans mon cerveau afin de trouver une solution logique à tout cela. Finalement, mes neurones finirent par faire le lien et la crainte d’avoir fait quelque chose de mal fut aussitôt remplacée par la crainte qu’il ait découvert quelque chose de déroutant à cette histoire. Malheureusement pour moi, mon instinct se trompait rarement lors de ce genre de situation. Bouleversé par cette annonce, je saluai distraitement mes deux cousins éloignés du Dieu-savait-combientième degré et appelai mes ninkens d’un sifflement. En moins de deux, ils étaient à mes talons et nous nous dirigions vers la demeure de Motari-sama.

La moitié du chemin déjà fait, nous fûmes rapidement sur les lieux de l’impressionnante demeure du chef du clan. Il n’y avait rien d’extravagant ou d’excentrique, mais nous voyions tout de suite que ce n’était pas le domicile d’un citoyen lambda. Je me présentai et après avoir demandé à voir Motari-sama on me fit entrer dans un petit salon où j’attendis qu’on vienne me chercher. Je me doutais que le chef du clan n’aurait pas juste ça à faire de sa journée que de s’entretenir avec quelqu’un comme moi, mais sûrement trouverait-il un peu de temps pour moi? Contrairement à ce que j’aurais cru, je ne patientai que peu de temps avant que le domestique ne revienne me voir pour me dire qu’Il était prêt à me recevoir. Même si j’étais content de ne pas avoir à attendre trop longtemps, la rapidité avec laquelle il m’avait fait chercher ne faisait que m’inquiéter davantage. Ce ne fut qu’une fois le domestique parti et la porte refermée derrière lui que l’homme se mit à parler.

Inuzuka Motari, Chef du clan Inuzuka

- Takeo, quel joie de te voir! Dis-moi, comment vas-tu? Je parlais justement de toi l’autre jour…

Sa voix diminua comme s’il se perdait dans ses pensées pour se rappeler des circonstances, mais le connaissant c’était sûrement sa façon d’éviter le sujet. Son esprit était encore beaucoup trop affuté pour qu’un détail de la sorte lui échappe, surtout si on savait pourquoi il parlait de moi. Malheureusement pour lui, c’était précisément pour cette raison que j’étais venu le voir. Il verrait que, tel un chien, je ne lâcherais pas le morceau.

- C’est toujours un plaisir de vous voir, Motari-sama. C’est justement ce pourquoi je venais vous rendre visite. J’ai entendu entre les branches que je serais source de tracas. Y aurait-il quelque chose que je puisse faire pour alléger votre esprit?

Pendant une brève seconde ses traits s’assombrirent, avant qu’il ne retrouve son entrain usuel. Puis le masque tomba et ses traits s’étirèrent par l’inquiétude.

- J’en ai bien peur, oui. Cela me chagrine de devoir me résoudre à t’impliquer dans toute cette histoire, mais tu es bien celui qui nous a mis la puce à l’oreille en partant après tout…

C’est ainsi que je fus mis au courant de tous les événements. Depuis que Mizuki-ch… dono était montée au poste d’Hokage, ce qu’on appelerait plus tard comme La Purge avait été mise en marche. Rien de bien compliqué puisque son nom disait tout, une purge au sein de Konoha de tout élément néfaste. Il s’avérait justement que le petit groupe dont j’avais commencé à voir à travers les ombres faisait partie des cibles de cette Purge, bien que loin d’être ceux qui tiraient les ficelles. Au contraire, c’était sans doute eux qui se faisaient tirer leurs ficelles. Comme il faisait partie du clan, l’Hachidaime avait demandé à Motari-sama de régler ça. Il avait immédiatement pensé à moi pour être déjà au courant de la situation. Il l’ignorait aussi, mais en ma qualité de membre des Forces Spéciales cela me rendait doublement qualifié pour la tâche qu’il me demandait. Quand bien même j’étais au courant, je demeurai attentif aux nouvelles informations que les sources de l’Aburame auraient pues récolter. Ils avaient réussis à récolter quelques noms, mais c’était à nous de faire le travail après tout. Évidemment, cela ne devait pas passer par-dessus mes obligations envers le village, mais tous mes temps libres seront désormais consacrés à cette mission, soit retrouvé cette organisation qui en voulait autant à notre clan.

- Au nom du village et de notre clan autant que pour me permettre d’avoir la conscience tranquille, je vais retrouver ces malfrats. Je vous en fais le serment, Motari-sama.

En même temps, je posai un genou au sol et levai le poing vers mon cœur tout en inclinant la tête. Jamais je n’avais prêté un serment aussi solennel et jamais n’avais-je été aussi déterminé à accomplir une tâche puisque cette fois-ci je faisais cela pour le clan en entier, ce dernier comptait sur moi. Étant Motari-sama, ce dernier se contenta de ricaner tout en me demandant de me relever. Tout cela était beaucoup trop sérieux pour lui. J’obtempérai tout en lui répétant qu’il pouvait compter sur moi pour les retrouver. Je pus lire dans son regard qu’il n’en doutait pas un instant tandis qu’il me souhaitait de passer une belle journée et qu’il appelait le domestique pour m’escorter jusqu’à l’extérieur de la maison. Je m’inclinai une dernière fois devant le chef de la meute avant de quitter les lieux avec une destination bien précise en tête. La liste de nom de Motari-sama me serait sans doute éventuellement utile, mais je savais que pour le moment si je voulais les retrouver je devais recommencer là où je les avais laissés, soit ce fameux nécromancien qui nous avait invités au Dîner des Morts. C’était le lien le plus près que j’avais avec eux, il me fallait donc trouver de qui il s’agissait. La première étape de mon enquête établie, je pouvais dès lors me mettre au travail.

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Si d’habitude je détestais l’hiver, je devais dire que pour l’instant il était bien moins pire que les autres – je viendrais à revenir sur mes paroles, mais c’est pour plus tard. Qu’est-ce qu’il y avait de différent des autres années? Premièrement, il passait beaucoup plus rapidement que n’importe quel hiver jusqu’à date puisque je le passais le nez dans mes recherches et deuxièmement, grâce aux mêmes recherches, je pouvais rester dans le confort de l’intérieur que ce soit chez moi, dans la bibliothèque ou même dans les archives du clan. C’était à l’intérieur de l’un de ces trois endroits que je passais le plus clair de mon temps – et le moins clair aussi, quand on se disait que les journées s’écourtaient – depuis que Motari-sama m’avais explicitement donné cette enquête, une ramification de la Purge konohajine. Pour avoir été celui qui avait découvert le pot aux roses, j’avais toujours senti une connexion avec toute cette histoire, mais maintenant que j’avais l’approbation du chef de clan lui-même je m’y dédiais corps et âme… et tous mes temps libres. Les feuilles étaient donc rapidement passées du vert aux teintes d’ocre sans que je ne m’en rende réellement compte et l’hiver arriva finalement avec sa neige que j’évitais, cloîtré comme je l’étais. Non, je ne prenais pas cette mission comme excuse pour ne pas sortir dehors – qu’alliez-vous penser-là? – mais le destin faisait drôlement bien les choses et ce n’était pas moi qui allais aller contre cela. Le plus j’évitais la neige, le mieux je m’en portais; je n’avais pas une fourrure comme mes ninkens, moi.

J’avais néanmoins été capable de retrouver la trace du pauvre bougre qui m’avait donné mes premières informations parmi nos registres. J’avais suivi son histoire attentivement jusqu’à la perte tragique de son ninken. Il apparait encore quelques fois çà et là puis après c’était le néant. Sa disparition soudaine m’avait mis la puce à l’oreille et en cherchant autour des dernières personnes à l’avoir rencontré je commençai à retrouver plusieurs noms qui me semblaient familiers jusqu’à ce que je fasse le lien avec la liste que j’avais reçu la première journée de cette mission. Comme de fait, tous les noms que je retrouvais dans ce dossier étaient les mêmes noms que ceux que nous avions réussis à avoir. En fouillant un peu plus, je découvris plusieurs inconsistances, ou plutôt certains détails qui pourraient paraître anodins mais qui rassemblés ensemble jetaient une ombre inquiétante sur le clan. En comparant les registres du clan et les registres tenus par Konoha, nous pouvions clairement voir qu’à certains endroits les registres se contredisaient. Comment cela avait-il pu passer? À peine la question dans ma tête que je répondais moi-même à ma question : avec tous les rapports de mission et autres paperasses il était évident que personne ne faisait de référence croisée entre les deux. Sûrement avaient-ils profités de cette faille pour passer entre les mailles du filet. Ils devaient toutefois savoir mieux que quiconque qu’une fois qu’un Inuzuka traque sa proie, il ne s’arrêtera pas jusqu’à ce qu’il l’ait retrouvé.

J’avais quelques noms et des évidences qu’un complot se fomentaient dans le village, mais je n’avais pas de base d’opération. Évidemment, il serait fou pour eux d’établir leur base dans le village lui-même c’était pourquoi je m’étais alors attelé à la tâche de fouiller à travers tous les dossiers – avec tous les petits détails et inconsistances que cela impliquait – à la recherche d’endroits où ils auraient pu se rencontrer. La bibliothèque de Konoha m’avait été très utile, en particulier la section réservée aux ANBU où plusieurs documents inaccessibles au public me facilitèrent grandement les choses. Ainsi, après quelques semaines de recherche et de vas-et-viens entre la bibliothèque et le quartier Inuzuka, j’avais établis quelques lieux susceptibles d’être près de leur base d’opération. C’était difficile à cerner avec certitude, mais il y avait quelques endroits où certains d’entre eux semblaient se retrouver à plusieurs reprises. Simple coïncidence ou réunion secrète, je préférais être le plus minutieux possible et ne leur laisser aucune chance de s’échapper de nouveau. Je faisais des progrès parce que j’avais l’avantage de la surprise, à savoir qu’ils n’avaient aucune idée que j’étais sur leur trace, mais dès que je me faisais connaître ils retourneront se cacher dans les ombres. Non, il fallait que je frappe une fois et fort.

Les semaines qui suivirent furent dédiés à passer le pays du Feu au peigne fin, passant les endroits sur ma liste les uns après les autres. Vous vous rappelez lorsque j’avais dis que je viendrais à revenir sur mes paroles? Eh bien c’était en ce moment puisque après des semaines à l’intérieur j’étais en train de rattraper tout ce temps à ratisser le pays. Il n’y en avait pas beaucoup, mais ils s’éparpillaient aux quatre coins du pays, ce qui rendait la tâche plus longue autant en termes de voyagement que d’investigation. Et à chaque fois c’était la même chose : toujours trop tard. Mes recherches avaient été rigoureuses et elles avaient portés fruits, oui, mais lorsque nous arrivions sur les lieux ils étaient toujours à l’abandon. Les ravages du temps n’étaient pas identiques d’un endroit à l’autre – signe que certaines cachettes avaient été utilisés plus récemment que d’autres – mais elles avaient en commun de ne receler aucun membre du groupuscule convoité. D’un autre côté cela serait faux de dire que mes passages dans ces repères aura été en vain; au contraire, je recueillis une foule d’information qu’ils avaient laissé derrière soit dans la hâte soit dans l’idée qu’ils n’étaient pas importants. Pour quelqu’un comme moi cependant, dont les informations sur ce groupe étaient pitoyablement maigre, il s’agissait là d’une vraie mine d’or d’informations. Peu à peu, au fil des semaines et des feuilles ramassées par-ci par-là, le tableau commençait à se dessiner de lui-même et même si les raisons motivant toute cette organisation restaient mystérieuses, le lieu que je cherchais tant devenait de plus en plus évident : le Mont Ishi.

- Ça y est, je vous tiens.

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Mes derniers préparatifs terminés, j’étais enfin prêt pour aller au Mont Ishi. C’était là que j’avais découvert que mes cibles se terraient, profitant sans doute des cavernes pour se garder au chaud. Qu’ils en profitent pendant qu’ils le pouvaient encore, puisque une fois dans ces souterrains avec eux il n’y aurait plus de façon pour eux de s’en sortir. Cependant, avant de partir, il me fallait aller parler avec Motari-sama. De un cela faisait quelque temps que je ne lui avais pas donné de nouvelles sur l’avancement de mon enquête et de deux je voulais l’informer des développements et de la possible conclusion de cette histoire. J’étais confiant qu’avec les informations que j’avais accumulées je pouvais enfin mettre un terme à cette gangrène pour le clan et pour le village. Ne pouvant réprimer un frisson lorsque je sortis à l’extérieur et un petit soupir en voyant que le Soleil n’étant même pas encore levé, je pris prestement la direction du quartier Inuzuka et la résidence de Motari-sama. Une chance que mon appartement n’était pas si loin; je devrais peut-être commencer à penser à aller aménager là-bas.

Faisant le chemin que je connaissais maintenant par cœur, avec ou sans neige, sans me presser; j’avais toute la journée devant moi après tout. Je marchais dans les rues sombres et désertes du village, éclairé par les lampadaires placés de façon régulière le long de la route. Trois nuages de fumée se déplaçaient silencieusement dans le matin à peine naissant en direction du quartier Inuzuka jusqu’à atteindre la plus imposante des demeures : celle du chef de clan. De jour comme de nuit des gardes veillaient à la sécurité du vieil Inuzuka et je les saluai alors qu’ils m’ouvraient la porte. Je ne le montrai pas, mais j’étais plutôt heureux du fait qu’on me reconnaisse enfin à la demeure de Motari-sama. Marchant dans les couloirs que j’avais appris à connaître sans même un domestique, je me rendais vers la seule place où j’avais rencontré le Doyen en espérant qu’il y soit. L’heure était plus que matinale, mais je ne prenais pas Motari-sama comme un homme aimant faire la grasse matinée. Soudainement, une voix qui me fit grimacer se fit entendre derrière moi.

- Mais qui avons-nous là? Si ce n’est pas de la grande visite! Quel bon vent t’amènes de si bonne heure?

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Au même instant, l’odeur musquée de l’égocentrisme m’emplissait les narines et je reconnus aussitôt Akira, le neveu de Motari-sama. Comme ce dernier n’a pas de fils héritier, la rumeur courrait depuis des années qu’il serait celui que le Doyen choisirait pour lui succéder le moment venu. Je ne pouvais concevoir ce qu’il voyait dans son neveu – un jeune homme suffisant et imbu de lui-même qui ne voyait pas plus loin que le bout de son nez – mais jamais je n’oserais en parler en public. Ni même en privé par le fait même; c’était après tout lui le chef du clan, lui seul pouvait décider. Me demandant bien ce qu’il faisait debout à cette heure et ce qu’il pouvait bien me vouloir, notre animosité n’étant un secret pour personne, je ne relevai pas le sarcasme dans ses paroles et répondis avec le plus de sérieux que je pouvais.

- Bon matin à toi, Akira. Je ne te savais pas comme un lève-tôt! Je suis venu voir si Motari-sama ne serait pas debout. J’ai quelque chose de plus haute importance à lui confier. Saurais-tu s’il est dans la Grande Salle?

Prenant un air faussement exaspéré, comme si cela lui demandait toute son énergie de vouloir m’aider, ce dernier réfléchit quelques secondes avant de répondre.

- Motari-ojisan? Je crois que oui, mais je ne suis vraiment pas certain. Pourquoi ne me dis-tu pas ce que tu voulais lui dire? J’irai lui dire dès que le Soleil se sera levé.

Je voyais ce qu’il voulait faire : il voulait prendre peu importe l’information que j’avais pour le chef et la lui transmettre en prenant tout le crédit. Enfin, il ne prendrait pas le crédit pour lui-même, mais vous pouviez être certain qu’il omettrait de mentionner de qui il a eu cette information, aussi connu comme la personne ayant fait tout le boulot. Je connaissais assez Akira pour voir à travers son petit jeu et je n’étais certainement pas sur le point d’y jouer, même s’il était relativement tôt et que mon cerveau aurait pu me faire défaut. Heureusement, ce dernier semblait détester l’Inuzuka autant que moi.

- C’est bon, je vais aller jeter un coup d’œil. Merci tout de même, bonne journée Akira.

Je lui offris mon plus grand sourire et continuai mon chemin vers la Grande Salle. Que j’y trouve Motari-sama ou non m’importait peu rendu à ce point-là – quoi que ça serait génial s’il l’était – je voulais simplement planter Akira là. Malheureusement pour moi, cela ne prit pas de temps que j’entendis des pas frotter le plancher derrière moi, signe qu’Akira nous suivait. Ne voulant même pas lui donner la satisfaction d’admettre sa présence, je gardai le regard fixé devant moi jusqu’à ce que j’arrive devant la salle de réunion de Motari-sama. Les Dieux devaient être avec moi puisqu’il était justement assis à la même place qu’à l’accoutumé, en train de manger son déjeuner. Me voyant arrivé, ce dernier pris une gorgée de café pour avaler ce qu’il li restait dans la bouche avant de s’exclamer.

Inuzuka Motari, Chef du clan Inuzuka

- Akira! Takeo! Quel joie de vous voir! Arf, j’avais oublié qu’il était là, lui. Dites-moi, que me vaut votre visite si matinale? Rendus à mon âge nous ne faisons plus la grasse matinée, mais de jeunes hommes dans la force de l’âge tel que vous! Hehehe Enfin, allez-y; je vous écoute.

Je voyais Akira ouvrir la bouche, mais je fus plus rapide que lui.

- C’est à propos de ce que vous m’avez demandé, Motari-sama. Voilà qui devrait clouer le bec à Akira. J’ai fait beaucoup de progrès depuis et je crois avoir trouvé leur base d’opération. Je demande votre autorisation pour commencer la Purge du clan Inuzuka.

Un silence lourd s’installa suite à mes paroles, personne n’osant dire quoi que ce soit après quelque chose d’aussi solennel. Les minutes s’écoulèrent alors que personne ne disait quoi que ce soit, chacun plongé dans ses pensées. Après ce qui me parut comme une éternité, Motari-sama me demanda ce que j’avais trouvé et je déballai tout ce que ce j’avais appris lors des différents raids que nous avions effectués jusqu’à la localisation de leur base : le mont Ishi. Le Doyen resta méditatif quelques moments avant de finalement se prononcer.

- Bien joué, Takeo, c’est tout un dossier que tu as réussi à monter. Avec tout cela pris en compte, il est difficile de te refuser la moindre chose. Il sembla hésiter quelques secondes avant de poursuivre. Cela tombe bien que vous soyez tous les deux là. Akira, tu accompagneras Takeo pour cette mission. Moi, Inuzuka Motari, vous autorise, Inuzuka Takeo et Inuzuka Akira, à commencer la Purge du clan Inuzuka.

Quoi? Comment? Avant même que je n’ai eu le temps de dire quoi que ce soit, voilà que j’étais pris avec Akira. En plus que c’était Motari-sama qui l’avait dit, il n’y avait aucune chance que je puisse révoquer la décision. Bouche bée, je me retournai pour voir Akira faire la même tête que moi. Il était tout aussi surpris que moi d’être si soudainement impliqué dans cette histoire, qui devait être loin d’être dans ses plans de la journée. Il savait toutefois autant que moi qu’une fois que son oncle avait fait un choix il était pratiquement impossible de le faire revenir sur sa décision. Ainsi, sur un simple coup de tête, j’étais maintenant aux prises avec cette excuse d’un Inuzuka. Il s’agissait de son neveu préféré, certes, mais ce n’était pas une raison pour le foutre dans n’importe quelle mission pour le clan. Il ne connaissait pas Akira comme je le connaissais, même s’il ne fichait rien il irait tout de même raconter qu’il avait tout fait et tout le monde boira ses paroles comme de l’eau sans même penser un instant que ce n’était pas du tout le genre d’Akira de se taper toute cette recherche et tout ce travail d’investigation. Non, bien sûr, ils penseront tous que ça s’est magiquement fait. Je m’inclinai respectueusement devant le chef du clan et pivotai sèchement sur mes talons, aboyant à Akira qu’il avait rendez-vous aux Remparts dans dix minutes. On me forçait à le traîner avec moi, mais j’allais lui montrer qui était le vrai chef de cette mission, qui était le mâle alpha.

Nous quittions le village quinze minutes plus tard – puisque évidemment il se devait de prendre son temps. Les papiers dûment remplis une fois rendu aux Rempartsnous pouvions prendre la direction du Mont Ishi. Je sais déjà ce que vous êtes en train de vous dire : «Mais voyons, Takeo, le Mont Ishi est l’une des montagnes les plus grandes de tout Hi no Kuni! Comment comptes-tu faire pour les retrouver? » Vous soulevez un très bon point, mais ça serait mal me connaître si vous pensiez que je n’avais pas déjà prévu le coup. Le Mont Ishi est certes une montagne immense, mais c’était en plein ce qui en faisait la cachette idéale. Les chercher serait comme chercher une aiguille dans une botte de foin, il s’agissait donc de l’endroit parfait pour cacher une repaire secret parmi les nombreuses crevasses et grottes qui parsemaient les parois du mont. Enfin, ça c’était si vous n’aviez pas le nez d’un Inuzuka pour vous aider. Si cela les aidait puisqu’ils étaient les seuls à pouvoir retrouver leur chemin jusqu’à leur cachette, cela en faisait également leur ultime point faible puisque cela me permettrait de les suivre à la trace. Vous aviez beau vous cachez dans les petits recoins du Mont, ces derniers ne seront pas capables de camoufler votre odeur et je comptais bien jouer là-dessus pour les prendre alors qu’ils s’en attendaient le moins. Que la traque commence.

Malheureusement pour moi, ce fut plus facile à dire qu’à faire. Pendant une grande partie du trajet, Akira et moi nous disputâmes pour tout et pour rien, allant de notre formation jusqu’à la façon dont nous courrions. Je ne sais pas ce qu’il y avait avec lui, mais en sa présence on dirait que je redevenais un enfant. Au bout d’interminables heures, nous arrivâmes sur place et je me mis aussitôt sur la tâche de retrouver la piste de ces vauriens. Je commençais donc par faire longer le pied de la montagne en guettant la moindre odeur suspecte. Pour des fins stratégiques – et personnelles – j’avais envoyé Akira de l’autre côté afin qu’il poste l’autre versant de la montagne. Si tout se passait bien nous nous retrouverions de l’autre côté chacun ayant fait sa moitié et pouvant reporter ce qu’il avait trouvé à l’autre. J’avais de forts doutes qu’ils se terraient plus profondément dans la montagne, mais j’y allais avec la logique qu’ils devaient bien avoir un chemin pour se rendre jusqu’à leur repaire, une sorte de passage secret connu d’eux-seuls. Je voyais déjà le petit chemin caché par une illusion d’optique et de perspective entre deux parois de montagnes, mais avant de trouver cela je devais me mettre sur leur trace.

Je ne saurais dire après combien de temps, mais au bout de plusieurs minutes je crus finalement sentir ce que je pensais être ce que je cherchais. Pendant un bref instant, il me semblait avoir sentir des effluves humaines ou qui du moins signifiait le moindre signe d’activité. M’arrêtant aussitôt, je reniflai autour de moi afin de retrouver la trace de l’odeur que je venais de sentir. Avait-ce été mon imagination? Voulais-je tellement surpasser Akira que mon cerveau commençait à troubler mes perceptions? Ce n’était pas du tout le moment de me laisser m’emporter et de perdre le contrôler sur mon odorat qui faisait notre notoriété. Un léger grognement de la part d’Aka me convainquit que je n’avais pas imaginé cette odeur et qu’il y avait bien quelque chose dans le coin.

- Tu l’as senti toi aussi, Aka?

En guise de réponse, ce dernier hocha de la tête. Encore quelques secondes d’immobilité et je parvins finalement à retrouver l’effluve que m’avait frôlé les narines un peu plus tôt et je l’identifiai immédiatement : l’odeur irritante de la fumée. Un feu! S’il y avait un feu, cela ne faisait aucun doute qu’ils étaient encore là, insouciants de ce qui s’en venait les frapper. Cette fois-ci je ne serais pas trop tard et les prendrais en flagrant délit! Ravivé par cette perspective, je mémorisai l’endroit et poursuivis mon chemin, pressé d’allé rejoindre Akira et l’informé de ma trouvaille. Je voyais déjà son air renfrogné en apprenant que j’avais eu l’avantage sur lui ce coup-ci. Malgré l’envie que j’avais de poursuivre cette piste seule, je devais aller rejoindre Akira sinon je risquais une crise monumentale en revenant et surtout tout le mépris du clan pour avoir agis de la sorte avec le neveu préféré de Motari-sama. Je le rejoignis quelques minutes plus tard et, comme je l’avais dit, il prit cet air bougon et m’ordonna presque de lui montrer l’endroit. Je dis presque, j’aurais très bien pu lui claquer au visage qui faisait tout le boulot jusqu’à date, mais je ne voulais pas pousser le bouchon trop loin. Je laissai donc la remarque glissai et me contentai de l’amener au dit passage afin que nous puissions en terminer une bonne fois pour toute. Qu’ils se tiennent prêts, nous arrivions pour eux.

Une fois que j’avais trouvé l’odeur, il était aisé de la retrouver en compagnie d’Akira-san. Une fois que je retrouvai l’entrée, nous eûmes qu’à la suivre jusque dans les crevasses et, après beaucoup d’escalades, d’ascension tout de suite suivie de descente et de petits passages serrés – c’était à se demander comment Seimori, beaucoup plus large que moi, avait fait pour passer, mais je me dis qu’il avait dû trouver une alternative – nous nous retrouvâmes devant une ouverture qui ne pouvait qu’être la grotte que nous cherchions. Pas une seule fois avais-je perdu l’odeur qui était supposée nous guider jusqu’à leur repaire, j’étais donc sûr à cent pourcent de moi. Même Akira était d’accord avec moi que nous avions le bon endroit et il en fallait beaucoup pour que nous soyons d’accord, lui et moi. Nous établîmes un petit plan d’attaque avant d’entrer dans la gueule du lion et nous nous élançâmes. Il était difficile de rendre notre approche silencieuse avec toutes ces roches qui roulaient autour de nous au moindre pas, mais j’étais assez certains qu’ils se croyaient tellement intouchables qu’ils ne se doutaient même pas qu’on puisse les attaquer ici.

Plus le temps passait, plus je me faisais une idée dépréciative de ces gredins. Faisaient-ils réellement partis du même clan que moi? Comment avaient-ils pu tomber aussi bas, aussi imprudent? Assaillis de doutes alors que nous nous apprêtions à entrer dans l’obscurité, je me demandais si je n’étais pas en train de sous-estimer mes adversaires maintenant que je savais où ils se terraient. Une leçon importante que j’avais apprise était de ne jamais sous-estimer son adversaire, encore plus lorsqu’ils étaient plusieurs. En groupe, nous autres Hommes pouvions faire preuve d’une étonnante ingéniosité et résilience. J’étais moi aussi accompagné, mais nous étions clairement désavantagé numériquement, cela ne faisait aucun doute. Chassant ce sentiment de supériorité et remettant les pieds sur terre, je me sermonnai intérieurement de ne jamais tomber dans la suffisance. Maintenant que nous étions dans la grotte, c’était le temps de mettre notre plan en action. Un hochement de tête silencieux en guise de salutation, Akira et moi filâmes chacun de notre côté dans les profondeurs de la grotte à la recherche de nos cibles.

Alors que j’étais au cœur même du repaire, dans le centre du Mont Ishi, un frisson d’excitation me parcourut. Voilà, nous y étions. Cela n’avait pas été facile et surtout cela n’avait pas été rapide, mais j’étais finalement arrivé au sommet de la pyramide, là où les décisions importantes se prenaient. Comment aurais-je me douter il y avait de cela quelque mois que la piste que je croyais on ne pouvait plus froide, se réchauffait soudainement pour finalement me laisser remonter jusqu’aux instigateurs même de ce petit groupe. Évidemment, je devais partager la gloire avec le neveu préféré de Motari-sama, Akira, qui ne perdait pas une occasion pour bien se faire valoir, mais avec chance nous nous étions séparés et je serais celui qui trouverait les malfaiteurs. Peu importe qui je voyais dans ce repaire devrait recevoir le jugement que Konoha réservait pour les traîtres : la mort. Cependant, tandis que je marchais dans les couloirs, j’eus beaucoup le temps de réfléchir et me dis que je ne pouvais pas simplement tuer à vue quiconque je rencontrais. C’était mon clan après tout!

Même en y repensant je ne m’expliquais pas pourquoi je voulais à ce point les sauver, leur donner une deuxième chance. Ils s’étaient impliqués de leur propre gré dans toute cette histoire, avec pleine connaissance des risques et des conséquences. Qui plus est, plus important encore que tout ce que j’avais énuméré auparavant, ces derniers ne me donneraient jamais de deuxième chance. Cela je l’appris de la manière dure. Je me promenais dans les couloirs lorsque soudainement une odeur que je reconnus facilement m’emplis les narines. Jetant un regard vers mes ninkens, je vis que ceux-ci avaient également capté l’odeur. Sachant pertinemment que je ne pouvais pas me cacher de son odorat comme il ne pouvait se cacher du mien, je m’élançai en sa direction. Même s’il me sentait venir, j’avais tout de même l’avantage de savoir que celui qui venait n’était pas un allié. Pour lui, je devais être un Inuzuka comme les autres, l’un de ses confrères dans cette mutinerie. Nous arrivâmes finalement à la rencontre l’un de l’autre et pendant quelques secondes je lus l’incompréhension dans son regard. De toute évidence, il ne me reconnaissait pas. C’était mon moment pour le convaincre de se rendre.

- Arrêtes! Si tu–

Je n’avais pas terminé ma phrase qu’il me lançait déjà le poing vers le visage. Presque par réflexe, j’attrapai le bras de l’homme au niveau du poignet – avant même qu’il ne me frappe – et le tordit pour le ramener dans son dos. Ce dernier lança un cri de douleur qui se répercuta une fraction de seconde sur les parois du couloir avant que je ne plaque mon autre main disponible devant sa bouche. Pivotant sur mes talons, j’utilisai la force que j’avais accumulée pour aller écraser le visage de l’homme sur la paroi rocheuse. C’était qu’il manquait cruellement de politesse le monsieur, à vouloir m’interrompre de la sorte tandis que je parlais. Malgré tout, je gardais l’infime espoir que ce dernier voit le désespoir de sa situation et capitule devant l’inévitable. Cet espoir disparut lorsque je vis dans son regard la flamme de la colère brûler ardemment. Je compris à cet instant que peu importe que ce je dirais, rien ne les dissuaderait de me tailler en pièces pour garder leur secret. Si c’était pour être ainsi, je ferais de même pour eux. Sachant que rien que je dirais ne pourrait les convaincre, je n’avais d’autre choix que de les réduire en pièces.

Cette détermination froide et implacable maintenant fermement ancrée en moi, je continuai mon chemin dans les dédales de couloirs qui avaient été creusés sous la montagne au fils des âges. Chaque fois qu’une odeur que nous ne reconnaissions pas comme celle d’Akira – il aurait tellement été dommage qu’il tombe victime lors de ce raid – nous lui foncions dessus avant qu’il ne nous repère totalement et nous nous assurions qu’il ne se rende même pas compte que nous étions là, encore moins qu’il avertisse ses copains. S’ils avaient voulu rester en vie ils n’avaient qu’à ne pas comploter contre son propre clan. Après tout, ils étaient mieux placés que n’importe qui pour savoir à quel point la meute c’était sacrée. Une fois notre opération terminée, il nous faudra faire un ménage de la place. Me fiant à mon odorat, je déambulai dans les couloirs sombres de la grotte jusqu’à ce que plusieurs petites alcôves commencent à apparaître de chaque côté du corridor. C’était presque m’y inviter alors je commençai à fouiller dans chaque petite salle à la faible lumière d’une flamme que j’avais fait apparaître au bout d’un de mes doigts.

- Tiens tiens, qu’avons-nous là…, chuchotai-je à moi-même lorsque je trouvai un document à l’allure importante.

J’étais maintenant dans l’une des dernières alcôves avant que le corridor ne prenne un virement brusque vers l’inconnu. J’ignorais pourquoi, mais j’avais un sentiment que cette pièce était plus importante que les autres. Lorsque mes yeux s’étaient posés sur le document, j’avais tout de suite sus qu’il avait une quelconque importance puisqu’il s’agissait d’un dossier où je pouvais voir très clairement le symbole du clan Inuzuka au centre. Peu importe ce dont il s’agissait, c’était un document officiel du clan. Que Diable cela faisait-il ici? Je me rappelai alors à qui j’avais affaire et ouvris ensuite le dossier dans l’espoir de peut-être y lire quelque chose d’important, qui sait? Comment pouvais-je moins me tromper? Je ne comprenais pas grand-chose à tout ce charabia – c’était plein de termes complexes et de graphique qui ne faisait aucun sens à mes yeux – mais je pouvais presque sentir les pages vibrer tant ce qui était imprimés sur elles portaient une importance capitale. Ou bien il s’agissait simplement de mes mains qui tremblaient par la nervosité, c’était que ça rendait un tantinet nerveux avoir toutes ces informations entre ces mains. De ce que je pus en comprendre toutefois, je ferais bien de ramener ce dossier à Motari-sama, j’étais persuadé que nous pourrions en faire un très bon usage pour être certain de mettre un terme à toutes les opérations. Je fermais le document, le pliais pour le mettre dans la poche intérieur de mon gilet et m’apprêtais à ressortir de l’alcôve lorsqu’une vois me rappelle soudainement la raison de ma venue ici.

- Mais que faites-vous là? Vous êtes-qui, vous!?

Merde! J’avais tellement été captivé par ma trouvaille que je n’avais pas senti le prochain homme venir, ni n’avais-je réagis aux signaux que mes ninkens m’avaient envoyés. Ainsi, je me retrouvais face à un adversaire, totalement au dépourvu, alors que ce dernier semblait plus que prêt à en découdre. Malheureusement pour lui, il ne fut pas plus rapide que mes ninkens, qui dans le temps de le dire étaient sur lui. Le pauvre homme n’eut même pas le temps de lâcher un cri que gargouillement familier du sang se faisait entendre. Ça avait été moins une, une chance qu’Aka et Sei étaient avec moi! M’enfonçant toujours dans les tréfonds de ce qui semblait être un réseau de tunnels sous le Mont Ishi, je me fiais sans cesse à mon odorat et à mes compagnons pour éviter les dangers et attraper les différents traîtres que nous croisions. L’effet de surprise jouait beaucoup pour notre succès, mais c’était le résultat qui importait. Lorsque Akira et moi sortirions de cette grotte, plus rien n’existerait de cette faction rebelle du clan.

Au bout de plusieurs minutes – combien je n’aurais pas été capable de le dire tant j’avais perdu la notion du temps dans ces souterrains – je sentis une odeur qui m’étais familière et j’allai rejoindre Akira. Cela semblait plausible qu'à un moment ou un autre nos chemins finissent par se croiser à nouveau. Heureusement pour moi, Akira n’avait rien perdu de son flair ce qui nous empêcha de se sauter à la gorge de l’autre, ce qui aurait été on va se l’avouer plutôt embarrassant. Une fois réunis avec Akira, nous partageâmes nos trouvailles et j’eus la satisfaction d’apprendre qu’il n’avait rien trouvé de concluant de son côté, mis à part plusieurs malfrats. Je sais que je ne devrais pas entretenir ce genre de compétition avec lui, surtout dans une mission importante comme celle-ci, mais je voulais avoir une preuve matérielle que je valais mieux que lui, plus que ma simple parole et mon évaluation un peu trop biaisée. La trouvaille que j’avais faite n’avait toutefois aucun lien avec nos capacités, cela n’avait été que de la chance. Tout de même, cela montrait que j’étais plus chanceux que lu! Bon d’accord, j’arrête tout de suite.

Si nos chemins s’étaient rencontrés, c’était parce qu’il ne restait plus qu’un seul chemin devant nous. Droit devant, c’était la lumière au bout du tunnel, littéralement. De toutes les grottes, cela devait être le seul endroit doté d’un système d’éclairage, aussi rudimentaire était-il. De toute évidence, nous venions de traverser l’entièreté des cavernes jusqu’à ce que nous nous rendions à la dernière salle, là où les têtes dirigeantes devaient toutes se trouver. C’était fou de penser qu’à quelques mètres à peine se trouvaient les responsables pour toute ces atrocités, en commençant par les combats de ninkens qui m’avaient premièrement mis sur leur piste. C’est alors que, tout d’un coup, je sentis la colère en moi et je passai à deux doigts de me jeter tête première contre ces vauriens. J’entamai le premier pas lorsque je réalisai soudain dans quel merdier j’étais sur le point de me mettre. J’eus l’impression qu’une douche froide s’était abattue sur moi et, tout aussi rapidement qu’elle était arrivée, ma colère cessa de bouiller. Mais dire qu’elle était disparue serait faux, puisqu’elle était toujours là, toujours présente, sauf qu’au lieu d’être brûlante comme la rage aveugle, elle était devenue aussi glaciale que la vengeance froidement anticipée.

Voilà, nous étions enfin. Juste devant se dressait la fin de toute cette histoire, les responsables pour tout ce bordel. Même aujourd’hui je n’arrivais pas à croire les proportions que cela avait prises avec le temps, ce qui avait pourtant commencé comme une mission comme toutes les autres. En fait, je me remémorais les événements et même à l’époque j’avais trouvé cette mission étrange. Comment cela avait commencé, déjà? Ah oui, une supposée attaque de ninkens sauvages. Au final, les ninkens étaient bien la source de l’attaque, à la différence près qu’ils étaient loin d’être sauvages; plutôt les bêtes de cirque d’un groupe à l’époque inconnu. Maintenant je savais mieux et étais même dans leur repaire en train de mettre fin à leurs activités. Plus qu’une dernière salle – la plus importante de toutes qui se dressait devant Akira et moi – et tout serait fini. Pompé à bloc comme je l’étais, je n’avais plus qu’une envie et c’était de leur redonner au centuple toute la souffrance qu’ils avaient causée, mais je savais qu’il était stupide de se jeter tête première. Si cela se trouvait, ils étaient là à attendre notre arrivée; nous ne pouvions pas tomber dans un piège si près du but.

D’un geste de la main, j’intimai alors à Akira de s’arrêter. Ce dernier s’apprêtait à rouspéter, comme s’il avait des ordres à recevoir de moi ou un truc du genre, mais je lui fis comprendre d’un autre geste de la main qu’il était mieux autant pour moi que pour lui de se taire. N’ayant d’autre choix de se plier devant ma logique, ce dernier se renfrogna et me laissa évidemment faire toute la reconnaissance. De toute façon, je n’étais pas certain que je me serais fié à lui pour ce genre de choses, c’était bien mieux que je le fasse par moi-même. Mon inspection olfactive de la salle devant moi me confirma ce que je craignais : il y avait tellement de tension dans cette salle qu’il aurait été idiot de penser qu’ils n’étaient pas sur le qui-vive pour nous attendre. Qui plus est, il n’y avait qu’une seule entrée dans cette salle par laquelle nous pouvions entrer. C’est alors que j’eus une idée. S’il n’y avait que l’ouverture devant nous pour entrer dans la salle, c’était également la seule sortie. Je commençai alors à farfouiller dans les poches de ma ceinture. Bien sûr, je n’étais pas parti les mains vides de Konoha ayant amené avec moi quelques outils ninjas comme tout shinobi qui se respectait. C’est alors que je trouvai ce que je cherchais et sortis une petite bombe fumigène de l’une des poches. J’agitai doucement la petite boule à la hauteur de nos yeux pour qu’Akira voit où je voulais aller et lorsque ces yeux se posèrent sur la bombe ils s’allumèrent d’anticipation. Pour une rare fois, je l’avais de mon côté alors pas question de bousiller cette opportunité. Sans plus de cérémonie, je lançai la bombe en direction de l’entrée de la salle.

S’ils nous attendaient de pied ferme, le seul moyen d’avoir l’ascendant sur eux était de les faire faire le premier pas, c’est-à-dire les leurrer à attaquer en premier. En lançant cette petite bombe fumigène, je leur disais que nous voulions couvrir notre entrée pour ne pas se faire sauter dessus à la première occasion. C’était logique si on y pensait – comment se faire voir dans un tel nuage de fumée? – sauf lorsqu’on savait que c’était exactement ce qui était attendu de nous. Ainsi, au lieu de sauter dans la gueule du loup aveuglément, nous les laissions faire cette erreur. Comme prévu, la bombe explosa exactement là où je voulais qu’elle tombe provoquant ainsi un immense nuage de fumée opaque. Tendus comme ils étaient, je les entendis crier du couloir alors qu’ils se lançaient tous dans le nuage, pensant que nous allions tomber sur eux. J’eus même droit à une surprise lorsque, ne voyant rien dans cette boucane, ils commencèrent à se taper dessus. Je dus réprimer un rire lorsque je commençai à attendre des bruits de bagarre dans le nuage alors qu’Akira et moi étions encore où nous étions. Ils ne prenaient même pas la peine de sentir leur adversaire et frappait la première chose sur laquelle il tombait. Finalement, au bout de plusieurs cris et d’injure étouffés, ils se rendirent compte de la mascarade et ce fut à cet instant que nous leur tombâmes dessus. Se remettant tranquillement du tour qu’on venait de leur jouer, c’était là qu’ils étaient le plus vulnérables. Quelques volutes de fumées étaient encore présentes, ce qui rendit notre assaut d’autant plus efficace. Dans le temps de le dire, ils avaient succombés à notre assaut à cinq, Akira avec son ninken et moi avec Aka et Sei. Était-ce la fin, pour de vrai? Tous ces secrets et ces manigances pour cela? Il me semblait que c’était un peu trop facile pour tous les efforts que j’avais mis; ça ne pouvait pas se terminer comme cela. Évidemment, c’était parler trop vite.

- Oh, vous voilà enfin; nous vous attendions.

Une voix inconnue résonna autour de nous avec un léger sentiment de déjà-vu, même si la voix n’était pas la même. Aussitôt mon nez se mit à l’œuvre et j’eus la mauvaise surprise de comprendre que c’était moi qui avait joué dans leur jeu. Plus frustrant encore, leur odeur était restée camouflée jusqu’au dernier instant; pas un moment je n’avais senti leur odeur dans cette salle et là il était trop tard. Cela voulait donc dire que ceux que nous venions d’affronter n’étaient qu’un leurre ou au mieux une garde rapprochée, mais que c’était loin d’être la fin.

- Nous avions hâte de faire ta connaissance, Takeo, depuis tout ce temps.

- Oh oui, ne penses pas que ne sommes pas au courant pour ton petit fouinage, tee hee!

Le dernier petit rire me donna des frissons le long de la colonne vertébrale pas seulement parce qu’il était franchement dérangeant, mais aussi parce que je réalisais alors qu’ils étaient au courant de tout et ce depuis le début. Toute mon enquête, ils l’avaient suivie de loin. Cela ne m’étonnerait même pas rendu à ce point que les indices que j’avais retrouvé avaient été laissés délibérément sur place par eux. La nouvelle avait fait l’effet d’un coup de poing dans l’estomac, j’avais de la misère à prendre une respiration. C’est alors que la voix d’Akira résonna et – je ne sais pas si je devrais écrire ces mots – me ramena à la réalité.

- Et alors? Cela ne va pas m’empêcher de vous foutre une correction que vous allez vous rappeler!

Subitement, c’était comme si une bulle autour de moi éclatait, me ramenant finalement les pieds sur terre. Je doutais beaucoup que cela avait été son intention, mais ses paroles m’avaient revigorées et m’avaient données une nouvelle force pour terminer ce que j’avais commencé. Quelle importance qu’ils m’aient suivis depuis le début, qu’ils aient contrôlés mon enquête dans mon dos ou pas, le fait restait qu’ils avaient commis l’erreur de me permettre de me rendre jusqu’à eux puisqu’aucune de leur manigance ne m’empêchera de mettre fin à leurs activités maintenant que j’étais ici. Prenant une grande inspiration, je parvins finalement à localiser leur emplacement et donnant un coup de tête dans une direction, je fis comprendre à Akira la direction que je prenais. Pour la première fois depuis que nous nous connaissions, nous agîmes sous une seule pensée et prîmes chacun notre direction vers ces malfrats.

- C’est inutile!

- Ça ne sert à rien!

- Vous n’y arriverez jamais!

Malgré leurs invectives, j’étais plus déterminé que jamais et je fonçai sans la moindre hésitation vers l’odeur que j’avais ciblée. Rapidement, nous arrivâmes devant une silhouette qui ne pouvait qu’être masculine, donc l’un des deux hommes ayant parlés. Le temps des pourparlers étant terminé, je ne pris même pas la peine de dire quoi que ce soit avait de lui tomber dessus. J’y allai sans ménagement et mis toute la force que je pouvais dans mes coups. Malgré tout, l’homme parait mes coups en les bloquant avec une force équivalente ce qui me laissait deviner que je n’avais pas affaire à n’importe qui. Mes ninkens étaient également aux prises avec le ninken adverse – me faisant cruellement rappeler qu’il s’agissait d’Inuzuka contre qui je me battais – qui compensait le nombre avec sa férocité. Au bout de quelques minutes à s’échanger des coups sans que l’un prenne le dessus, je vis finalement une ouverture et décidai de lâcher le tout. Profitant de cette ouverture, j’envoyai un puissant coup qui fit tituber l’homme de quelques pieds. C’était par contre toute la distance que mes ninkens avaient besoin et, sans même avoir besoin de le dire, mes ninkens se séparèrent alors que Sei restaient sur le ninken et qu’Aka se lançait agilement sur l’homme. Avec sa taille plus imposante, Seimori serait plus à même de garder le ninken occuper alors qu’Akamori, plus mince et plus agile, pouvait se rendre sur l’Inuzuka renégat dans le temps de le dire. Ce fut exactement ce qui arriva lorsqu’un cri résonna dans la salle alors qu’il succombait à la morsure d’Aka. Dans le temps de le dire, le cri s’arrêta et je sus que s’était terminé pour lui, son compagnon le joignant sous peu. Malgré les atrocités qu’il avait commis, je ne pouvais pas les laisser séparer ainsi; ne serait-ce que par respect pour le ninken qui, au final, n’était qu’une autre victime de cette histoire. Je n’avais toutefois pas le temps de me désoler de son sort puisque les choses n’étaient pas encore terminées. Si tout était bien allé du côté d’Akira, il restait toujours un membre du trio encore en vie.


Retrouver sa trace ne me prit pas tant de temps, surtout si on partait du fait qu’il ne restait plus grand-monde dans cette salle. Je me mis aussitôt à sa poursuite une fois son odeur ciblée, puisqu’elle se faisait de plus en plus lointaine. Il en avait profité pour se sauver, le lâche! Sans rien dire à Akira – pas le temps de toute façon – je me mis à sa poursuite, me fiant à mon nez pour me rendre jusqu’à lui. Mettant toute l’énergie que je le pouvais, je courus le plus vite que je le pouvais afin de rattraper la distance qu’il avait déjà mis entre nous. Heureusement pour moi, je semblais être en meilleur forme que ma proie puisque petit à petit je gagnai la distance qui nous séparait jusqu’à ce que je le voie en train de quitter les grottes. Erreur de sa part, les bois étaient mon domaine. Plus aucune chance pour lui de me perdre dans la forêt, la connaissant comme le fond ma poche. Même qu’avec ces connaissances je parvins à tendre un piège à l’homme en prenant un raccourcis.

- Non, écoutes, je peux tout expliquer…, commença-t-il, mais je ne lui laissai pas le temps de terminer.

- Il n’y a rien à expliquer. Tu as trahi la Meute, tout simplement.

Je n’avais pas couru après lui seulement pour entendre ses excuses et qu’il reparte indemne. Motari-sama l’avait dit lui-même, il s’agissait d’une Purge et après la purge il ne reste plus rien. De toute façon, rien de ce qu’il aurait pu dire n’aurait pu expliquer tout ce qu’ils avaient fait et je ne voulais entendre une autre histoire de ninken perdu que le clan aurait abandonné, je l’avais déjà entendue. C’est donc sans merci que je lui passai le kunai à la gorge, me réservant au moins celui-là après m’être fait voler le dernier par Aka. Je n’avais pas tout fait ça pour ne pas au moins pouvoir leur redonner la monnaie de leur pièce. Avec chance, peut-être était-il parti rejoindre son ninken, peut-être serait-il différent une fois réunis avec son compagnon. Je n’avais cependant aucun moyen de le savoir, je ferais donc mieux d’arrêter de penser à cela et d’aller rejoindre Akira. Avec chance, il avait terminé de s’occuper du dernier membre du trio infernal.

À mon grand soulagement, ce fut Akira qui vint rejoindre, sortant de la grotte alors que j’allais m’y enfoncer pour le rejoindre. Il s’était occupé du dernier membre et m’appelait lorsqu’il senti mon odeur à l’extérieur et était venu à ma poursuite. Je lui expliquai rapidement ce qui s’était passé et je me surpris n’avoir aucune pensée négative envers lui. S’il avait paru comme un fardeau au début, force était de constater qu’il s’était occuper de sa propre partie des souterrains et avait tenu son bout contre les dirigeants de ce groupe renégat. Au final, Akira n’était peut-être pas comme je le pensais. C’est avec cette nouvelle opinion de lui que nous prîmes le chemin du retour vers Konoha afin de débriefer Motari-sama sur la Purge, qui venait officiellement de se terminer. Bien sûr, Akira avait donné du sien, mais nous savions tous ici qui était le vrai héros.