Toute cette affaire d'organisation était allée beaucoup trop loin pour que pouvoir être ignorée, il fallait que je fasse quelque chose. Après la fin de la mission destinée à me tester, j'avais eu une conversation avec Raito très instructive. Si j'avais mis du temps à le faire accepter l'idée de m'aider à me venger et à le libérer de l'emprise qu'ils avaient sur lui, je ne pouvais rien faire contre le conditionnement qu'il avait subi depuis son enfance. Il me révéla le plus d'information possible, mais même si cela représentait déjà beaucoup, il me confia qu'il y avait encore bien plus qu'il ne pouvait me dire. Je comprenais alors peu à peu que tout ceci n'était pas la décision de Raito, il ne pouvait tout simplement pas se résoudre à désobéir à ses supérieurs et les informations dont il avait l'ordre de ne pas divulguer ne l'étaient pas. Il me raconta un peu son enfance et son éducation. Ce que j'entendis me fit froid dans le dos et encore, je n'imaginais même pas à quel niveau ils avaient dû aller pour s'assurer de sa totale loyauté.

Cependant, plus nous discutions de la meilleure méthode pour détruire l'organisation plus je me rendais compte d'une chose assez gênante. Toute l'organisation était faite pour que ceci n'arrive jamais, dès qu'un membre était exécuté, il était immédiatement remplacé par les autres. Il n'y avait donc que deux solutions pour mettre fin aux agissements horribles de ce groupe. La première était ma préférée, mais je devais bien reconnaître qu'elle était assez risquée. Elle consistait à regrouper le plus de membre de l'administration possible et de tous les tuer, ce qui porterait alors un coup suffisamment dur pour tout faire tomber. La deuxième était la solution apportée par Raito qui consistait à remplacer le cercle dirigeant par des personnes de notre choix et ainsi contrôler la tête de l'Institut.

Tandis que Raito était partit dans un voyage aux confins de Kaminari, à la recherche d'aide, il m'indiqua le lieu de leur quartier général ainsi que les mesures de sécurité en vigueur. Le nombre de membre de l'organisation était énorme, mais la plupart d'entre eux n'avaient même pas idée dans quoi ils étaient embarqués. Raito me raconta qu'il s'occupait parfois de recruter des membres et qu'il avait pour ordre de ne divulguer que les informations qui pouvaient intéresser la potentielle recrue. Repensant alors à ma première rencontre avec Raito, je me rendis compte que j'avais accepté de lui faire confiance et de le suivre dans une mission difficile uniquement parce qu'il avait piqué ma curiosité et mon goût du challenge.

Je me rendis donc au niveau de leur quartier général, utilisant ma sensorialité pour passer inaperçu sachant pertinemment que les shinobis sensoriels présents n'avaient pas le niveau requis pour s'apercevoir de ma présence sans concentration particulière. Je m'approchais alors du bâtiment, je n'avais pas l'intention d'y pénétrer, c'était juste pour connaitre précisément le nombre et la localisation des gens qui s'y trouvaient. Un grand nombre de source de chakra y était présent, ce qui rendait mes recherches plus compliquées. Ce fut à ce moment que je compris que j'avais déjà ressenti le chakra de nombre d'entre eux. Que ce fut dans des villages civils ou à Kumo-même, j'avais déjà croisé une partie d'entre eux. Une source de chakra attirait mon attention, je la connaissais bien. Je savais que je la connaissais mais je n'arrivais plus à me rappeler de son propriétaire.

Soudain, la mémoire me revint, désactivant ma technique, je m'assis par terre, effondré. Ce n'était pas possible, je savais que ce chakra appartenait à Jinto, mais je refusais d'y croire. Il était censé être mort depuis des années. La colère montait en moi, je n'avais qu'une seule envie, entrer dans ce bâtiment, le traquer et le planter mes doigts dans sa gorge, lui arracher les yeux et les manger devant ses collègues. Ma technique de camouflage sauta en même temps que mon calme, mon chakra affluait en moi comme jamais auparavant, devenant à la limite du visible.

Soudain, un individu fonça dans ma direction. Il s'agissait surement d'un homme de l'Institut, je m'en foutais. Tandis qu'il brandissait son sabre dans ma direction en me chargeant à haute vitesse, je restai immobile. Au dernier moment, je me décalai sur le côté, esquivant son coup d'extrême justesse. Saisissant l'arrière de son crâne, je le lui explosai contre le sol le tuant immédiatement dans un bruit qui résonna dans les environs. Je quittai alors ma position pour revenir au point de rendez-vous avec Raito et Karyuudo, essayant de regagner mon sang-froid. Je voulais trouver une explication tout cela, je savais qu'il était possible de modifier son chakra pour se faire passer pour quelqu'un d'autre en déjouant les techniques de détection, mais pourquoi lui ? Cela n'avait aucun sens. Je devais me rendre à l'évidence que l'hypothèse la plus probable était que Jinto était encore en vie. Etait-ce possible ? Je l'ignorais. Karyuudo m'avait affirmé qu'il était mort, mais il s'était peut-être trompé. Peut-être que Jinto s'était fait passé pour mort.

J'avais beaucoup de question, mais ma curiosité était moins grande que ma soif de sang. J'avais réussi à faire demi-tour pour rejoindre Karyuudo grâce à ce lien qui nous unissait, mais je voulais le tuer plus que tout au monde. Ce qu'il m'avait fait subir, à moi et à d'autres, méritait aucune autre sanction que la peine capitale. Il ne s'agissait que d'un des nombreux individus qui ne vivaient qu'en gangrenant ce monde, vivant aux dépends des autres, ne laissant que de la souffrance et de la peine dans leur sillage.

Tandis que je récupérai du mieux que je pouvais mon calme, j'utilisai une technique de sensorialité pour vérifier que je n'étais pas suivi, puis je notifiai avec une autre mon arrivée à Karyuudo qui s'empressa de venir me chercher. Lorsqu'il arriva, je sautai immédiatement sur son dos, mais il remarqua tout de même mon état, il me connaissait trop bien pour que je puisse lui cacher quoi que ce soit.

- Qui a t'il petit homme ?

- J'ai ressenti le chakra de Jinto…

Karyuudo s'arrêta basculant son corps vers l'arrière pour freiner et faire demi-tour.

- J'étais pourtant persuadé… Je l'ai vu succomber à ses blessures… S'il est encore en vie, faut aller le tuer maintenant !

- Calme toi, je suis d'accord, mais si on y va maintenant, on n'arrivera sûrement pas à l'atteindre avant de mourir et je refuse de mourir avant lui.

- Je te fais confiance, mais on le tuera.

Evidement qu'on allait le tuer, rien d'autre ne comptait pour moi maintenant. La mort du responsable était la seule chose qui m'avait permis de garder le sourire et d'avancer après l'incident. S'il était encore en vie, cela n'avait plus aucun sens à mes yeux et sa mort était nécessaire. J'espérais que Raito avait eu de la chance de son côté et qu'il avait réussi à obtenir suffisamment de soutient pour que l'on puisse commencer l'opération.

S’il m’arrivait de temps à autres, lors d’une mission ou d’une chasse, d’être pris par l’émotion et de manquer de discernement, je savais que je ne pouvais pas me le permettre cette fois-ci. Je ressentais une envie viscérale d’y retourner d’appliquer ma vengeance sur cet homme, mais je savais parfaitement que je n’étais pas capable de prendre d’assaut l’organisation, même avec l’aide de Karyuudo. Lui aussi voulait y retourner, mais il savait que si je refusais d’y aller immédiatement, c’était probablement mieux d’attendre.

Nous arrivâmes au point de rendez vous plus rapidement que prévu, où Raito nous attendait. S’il restait totalement impassible comme à son habitude, je repérai toutefois une légère réaction lorsqu’il nous vit arriver, remarquant immédiatement que quelque chose n’allait pas. Il s’approcha alors de nous tandis que Karyuudo atterrissait à ses côtés sans prendre la peine de contrôler sa vitesse.

- Bon, j’ai discuté avec toutes les personnes susceptibles de m’aider et si je n’ai pas eu ce à quoi je m’attendais, ça suffira. On s’en tient toujours au plan original pour le moment. Comment ça c’est passé de ton côté ?

- Tu connais Jinto ? Un membre de ton organisation.

- Évidement, j’ai lu ton dossier, je sais qu’il a travaillé avec toi, puis après l’incident, il a reçu une sanction. Si l’Institut n’a pas beaucoup de limite en ce qui concerne les expériences scientifiques, Jinto a prit un grand plaisir à en franchir une bonne partie, surtout en ce qui concerne la vivisection.

Je n’arrivais pas à croire que Raito était au courant de la survie de Jinto et qu’il ne m’en avait jamais parlé. En même temps, s’il aurait été logique de lui en vouloir pour cela, ce n’était pas le cas. Il répondait à chacune de mes questions à propos de l’organisation et je ne lui avais jamais posé la moindre question à ce sujet.

- Du coup, il est toujours en vie et il travaille au sein de l’Institut ?

- Effectivement, si la sanction qu’il a reçue était assez sévère à l’époque, ses compétences sont très appréciées et il n’a pas mit bien longtemps avant de reprendre ses activités. Mais cela ne change rien au plan, il n’est pas un danger et il ne s’opposera pas à nous, son allégeance à ses supérieurs laisse à désirer.

- Tu sais ce qui te reste à faire.

- Si, le plan a changé. Je vais devoir t’imposer ça, mais il doit mourir, ce n’est pas une option.

Raito me dévisagea quelques secondes avant de répondre. S’il avait toujours du mal à réaliser qu’il était en train de reprendre le contrôle sur ses chefs, il prenait de plus en plus confiance en lui. Je savais très bien qu’il était exaspéré par mes choix dictés par mon instinct et mes envies plutôt que par la logique. Cependant, il avait besoin de moi et pas uniquement pour cette opération, il s’appuyait sur ma position neutre comme d’un repère. Nous n’étions pas réellement ami et notre entente n’existait que parce qu’il arrivait à communiquer correctement avec moi, mais un lien fort s’était créé malgré tout.

- Très bien, lorsque la purge commencera. Tu iras directement dans sa direction pour régler ton problème, puis tu me rejoindras dans la salle du conseil au sous-sol. Mais fait attention, Jinto ne sera pas simple à abattre, il fait partie de l’élite de l’organisation. S’il n’est pas une cible prioritaire, cela n’enlève en rien à sa puissance.

- Ne t’inquiète pas pour cela, on y arrivera avec Karyuudo.

Le moment final était arrivé, si j’avais fait beaucoup de repérage pour m’assurer de notre victoire, je ne pouvais pas récupérer le moindre mérite de ce qu’il allait arriver. Raito était celui qui avait minutieusement préparé l’intégralité de l’opération. J’avais été persuadé pendant un long moment que Raito avait été constamment une simple marionnette pour cette organisation. Jamais je n’aurais pu imaginer qu’il avait une telle influence en son sein. Tout d’abord, il avait rencontré les personnes qu’il connaissait le mieux, ceux en qui il avait le plus confiance. Puis au fur et à mesure, il réussit à convaincre les autres uniquement grâce au nombre de personne déjà convaincues. Il y eut des morts, beaucoup, mais la plupart passèrent inaperçues. C’était un problème dans ce genre d’organisation, si la loyauté de ses membres était très fortes, nous obligeant à éliminer les plus récalcitrants, certains d’entre eux voyait en Raito le futur de l’Institut et ne considéraient pas cette opération comme une trahison.

La purge, c’était le nom donné à l’opération finale, celle qui allait révélé la rébellion au grand jour, enfin, au reste de l’organisation. Il s’agissait tout bêtement d’un assaut frontale du quartier général, destiné à éliminer une liste précise de membres, incluant les responsables et les membres puissants ou incontrôlables. J’allais y participer, mais ce n’était pas mon combat, mon objectif principal était de tuer Jinto et ensuite j’allais pouvoir aider Raito. Cependant, cette liste ne contenait pas toutes les personnes qui allaient devoir mourir. Personne ne l’avait dit directement, mais il était clair pour tout le monde que toutes les personnes présentes à l’intérieur du bâtiment au moment de l’attaque étaient potentiellement dangereuses. Toutes n’allaient pas perdre la vie, mais Raito voulait être sûr qu’une fois l’opération terminée, il n’y ait pas de guerre interne à nouveau.

Même si nous utilisions beaucoup de technique pour rester discret malgré nos allées et venues, l’incident que j’avais provoqué et la disparition de certains membres avaient mis l’organisation en alerte. Il savait que quelque chose se tramait, mais le Dentô et ses collaborateurs continuaient à se rendre au quartier général comme si de rien n’était pour couvrir nos traces.

- Tu es prêt ?

- Plus que jamais, on y va quand tu veux.

Assis sur Karyuudo, j’observais en contrebas l’emplacement du groupe d’attaque qui avançait en direction du bâtiment. Utilisant diverses techniques de camouflages, ils étaient presque indétectable, même pour quelqu’un sachant où chercher. S’il avançait en direction du quartier général, il attendait mon signal pour attaquer. Il s’agissait encore d’une idée de Raito. En y allant en premier, je m’assurais que Jinto n’allait pas avoir le temps de fuir et j’allais attirer tout l’attention sur moi permettant au groupe en bas de pénétrer facilement à l’intérieur.

Activant une technique de détection de chakra, je m’assurai que ma proie était bien présente, puis je pointai du doigt la direction exacte à Karyuudo qui piqua immédiatement. Ce plan d’attaque était sans doute celui le plus risqué pour notre survie, mais c’était également celui qui nous donnait le plus de chance de réussite. Comme je n’avais pas pris la peine de nous camoufler, nous fûmes découvert presque immédiatement, mais les gardes à l’entrée n’avaient aucun moyen de nous arrêter apparement et d’un coup violent du poing associé à une vrille en vol de Karyuudo, nous traversâmes le toit dans un bruit assourdissant.

Si les shinobis senseurs présents à l'intérieur avaient probablement ressentit mon afflux de chakra arriver, il était impossible que l'un d'eux ait eu le temps de réagir. Les autres personnes présentes n'eurent cependant pas besoin de l'aide de ceux-ci pour remarquer mon arrivée. Ma traversée du toit fut bruyante, mais c'était loin d'être terminé. Complètement enveloppés de chakra, Karyuudo et moi n'avions pas l'intention de nous arrêter pour un simple pan de béton. Le toit n'était qu'une étape qui nous séparait de notre proie et l'inertie gagnée par la descente en piqué nous permit de traverser encore deux autres étages avant d'être stoppés. Je savais que Karyuudo n'allait pas être à son aise à l'intéreur du bâtiment et en temps normal, je lui aurais demandé de rester à l'écart, mais cette fois-ci, c'était différent, il ressentait le besoin de faire cela avec moi. De plus, je ne pouvais pas me permettre de me séparer de lui dans une situation pareille, il nous fallait être au maximum de nos capacités.

Une fois stoppés, je relevai la tête pour analyser la pièce où nous nous trouvions. Tandis que je m'attendais à tomber face à une dizaine d'ennemis prêts à en découdre avec moi, je me rendis compte que certains des alliés de Raito étaient déjà présents à l'intérieur et avait commencé la purge. Nous étions toujours en infériorité numérique, cependant, nous pouvions compter sur l'effet de surprise pour gagner cette bataille. Sautant du dos de Karyuudo, je me mis à courir en direction du chakra de Jinto qui ne semblait pas perturber par l'incident. Comme le Dentô me l'avait demandé, je ne me contentai pas de trouver ma cible immédiatement, j'en profitai pour éliminer les cibles les plus faibles. Ne me fiant qu'à ma détection de chakra, je traversai la moitié du bâtiment en laissant une poignée de cadavres derrière moi. Avec une efficacité mortelle, je me contentai de trancher les membres ou les articulations, laissant à mon compagnon juste derrière moi, le loisir de les achever.

Je croisai quelques adversaires particulièrement coriaces qui semblaient bien décidés à défendre leur territoire et à m'éliminer, mais je ne leur laissai pas cette chance, les évitant le plus soigneusement possible pour ne pas perdre mon temps et mon énergie face à eux. D'ailleurs, plus je me rapprochai de ma cible, moins je m'attardai sur les autres, jusque dans les derniers mètres, où je passai carrément à côté d'un ennemi armé, esquivant sa lame au dernier moment et continuant ma route. Le cri qui suivit m'indiqua que Karyuudo s'amusait toujours autant, malgré la situation.

Puis, arrivant enfin devant la pièce où se trouvait le chakra que je suivais depuis le début, j'ouvris la porte d'un violent coup de pied. Je me trouvai alors face à face avec Jinto qui ne semblait absolument pas surpris de me voir. Il n'avait pas vraiment changé, toujours la même expression amicale qui arborait son visage. Assis à son bureau, il donnait presque l'impression qu'il m'avait convoqué.

- Cela fait longtemps Otoke, Karyuudo, c'est un plaisir de vous revoir !

- C'est terminé, votre organisation va plonger, mais vous allez mourir d'abord.

- Ne discute pas avec lui, tout ceci a assez duré, je vais manger ses yeux.

Il avait raison, je n'avais pas l'intention de discuter avec lui. Je n'étais pas là pour le faire souffrir, mais pour l'executer. Je tirai alors mon arme de son fourreau, la pointant en direcion de ma proie.

- Je doute que mes yeux aient vraiment bon goût, même pour toi.

- Quoi ?!

Je n'arrivais pas à y croire, venait-il de répondre à Karyuudo ? C'était difficile à nier, mais encore plus difficile à croire.

- Quoi ? Tu croyais vraiment que j'allais m'arrêter en si bon chemin ? Vous n'avez aucune idée de l'étendue de mes capacités. En tout cas, je suis content de voir que tu ais survécu, je vais pouvoir terminer mon expérience.

Je n'avais aucune idée de ce dont il parlait, j'étais toujours préoccupé par sa réponse précédente tandis que Karyuudo ne semblait pas comprendre pourquoi j'avais réagi ainsi. Même si Jinto avait réussi à le comprendre, cela ne signifiait pas que cela allait être réciproque.

- Tout ceci n'a aucune importance, je vais en finir ici et maintenant.

Concentrant mon chakra en grande quantité, je tendis la main vers la tête de Karyuudo tandis que mon autre main faisait les signes nécessaires pour la technique qui allait suivre. Mêlant mon chakra au sien, j'utilisai une technique Dôbutsu de haut niveau, fusionannt mon être avec le sien pour former un mélange mortel entre nos espèces. Il s'agissait d'un état très particulier où nos deux consciences se mélangeaient. Puis d'un mouvement d'aile, nous nous propulsâmes dans sa direction avant de donner un violent coup de griffe destiné à perforer sa cage thoracique.

D'un mouvement très rapide, Jinto se recula de sa chaise, avant d'activer une technique de fuuinjutsu. Nous avions été imprudents en fonçant ainsi, croyant que notre vitesse allait suffire. Nous nous trouvâmes bloqués dans une prison de scellement. Poussant avec violence sur les parois, nous nous rendîmes compte que c'était insuffisant. Puis, utilisant une grande quantité de chakra, nous réussîmes à fissurer, puis à briser la technique. L'energie déployée fut trop forte pour nous permettre de rester dans cet état fusionnel et nous fûmes forcés de revenir à notre état originel.

- Je t'ai tout appris Otoke, tu n'as aucune chance de me battre

- Alors tue moi, prouve moi que tu es aussi fort.

Je devais bien me rendre compte qu'il était plus fort que ce que j'avais prévu, commençant à douter de notre capacité à l'éliminer. Jinto se mit alors à rire, avant de sortir un parchemin d'un sceau posé sur son bras.

- Bon finissons-en. Tu voulais me tuer, tu vas être content, je vais te donner le pouvoir pour le faire. Tu seras problablement ma dernière œuvre, mais définitivement ma plus réussie. Je te remercie Otoke !

Resserant la prise sur mon arme, je ne pouvais pas me résoudre à l'attaquer maintenant, malgré mon envie de sang qui grimpait de plus en plus. D'une voix saccadée par la rage, je lui répondis, malgré la situation, il arrivait encore à attiser ma curiosité.

- De quoi tu parles ? Tu as raté ce que tu projetais de faire, regarde où on en est, tout est fini pour toi.

- Tu n'as aucune idée de quoi tu parles. Un jour tu me remercieras pour ce cadeau, en attendant, tu vas bien t'amuser.

- Quel cadeau ?

Avec une vitesse d'execution de très haut niveau, il déroula le parchemin de sa main gauche tout en effectuant des signes de son autre main. Il s'agissait d'une technique de fuuinjutsu, art qu'il maitrisait à la perfection, mais impossible de savoir à quoi m'attendre. J'étais prêt à réagir quoi qu'il puisse arriver.

- Celui-là, LIBÉRATION !

L'instant d'après, une douleur intense parcourut ma tête en partant de mon œil gauche. C'était insoutenable, comme si on me versait du métal en fusion sur mon œil. Bientôt, l'intégralité de mon corps me fit souffrir horriblement. Je n'avais aucune idée de ce qu'il m'arrivait, mais mon état allait en empirant. Ma vision était troublée et mes sens étaient perturbés. Je réussis néanmoins à tourner ma tête en direction de Karyuudo. La seule chose que je vis en le regardant était de la peur, une peur effroyable qui me fit bien plus souffrir que mon corps.

*Venge-toi !*

Petit à petit, je sentais ma vision s’obscurcir, mes sens se perdaient petit à petit. J’arrivais encore à sentir la présence de ma proie et celle de Karyuudo, mais tout dans ma tête était confus.

*Relève-toi et tue-le !*

J’étais allongé ?! Pourquoi étais-je allongé ? Que venait-il de se passer ici ? J’avais tant de question et la douleur continuait de me paralyser. Je sentais que quelque chose n’allait pas.

*Fais le souffrir comme il t’a fait souffrir !*

Jinto. Je m’en rappelais maintenant, tout cela était à cause de lui. Ce qu’il m’avait fait, ce qu’il avait fait à Karyuudo et surtout à plein d’autre avant moi. Il fallait que j’arrête tout cela, il fallait que je le tue. Relevant la tête dans sa direction, je sentais un afflux d’énergie en moi comme jamais auparavant, comme si ma puissance venait tout d’un coup d’augmenter. J’ouvris grand les yeux, ne remarquant même pas que mon cache-oeil n’était plus là. Ma vision était différente, tout était si net, si pur. D’un bond, je traversai la distance qui me séparait de lui. Mes mouvements étaient également différents, j’avais du mal à comprendre, mais une seule chose m’intéressait, le sang de ce psychopathe. D’une main, j’attrapai son cou, le soulevant du sol sans lui laisser le temps de réagir.

*Maintenant, laisse moi sa chair !*

Tandis que je le tenais, j’entendis cette voix qui hurlait dans ma tête. Je ne savais pas d’où elle venait, mais elle était envoûtante. Elle m’avait aidé à me relever, elle ne pouvait que vouloir mon bien. Sans m’en rendre compte, mon esprit lui laissa petit à petit sa place, jusqu’à rester simple spectateur de la scène.

Jinto profita de ce léger moment introspectif pour se libérer de mon emprise d’un coup de pied chargé de chakra, me propulsant à l’autre bout de la pièce. Sans perdre de temps, il se mit à enchainer une série de signes. Je sentis alors une sensation étrange et désagréable provenant de mon dos. L’instant d’après, je vis des tentacules en sortir. Était-ce un genjutsu ? Non, c’était impossible, Jinto n’avait jamais su en faire. ET IL ALLAIT MOURIR ! D’un coup, l’un de ces tentacules traversa la pièce pour s’enrouler à la jambe de ma proie avant de le plaquer violemment contre un mur, lui brisant quelques os au passage. Il était encore vivant, toujours vivant, plus pour longtemps ! Un autre tentacule s’enroula autour de son autre jambe, l’empêchant ainsi totalement de bouger.

- Otoke ! Calme toi !

Quoi ?! Non, ma proie devait mourir, je devais la tuer, je devais la manger, je devais la faire souffrir ! Les deux tentacules s’écartèrent alors d’un seul coup, déchirant leur marionnette dans un bruit délicieux. Un sensation de plaisir intense me parcourut alors, mais j’avais soif de sang, toute cette puissance était une bénédiction, j’allais écraser mes ennemis, tout ceux qui oseraient se mettre en travers de ma route.

- Otoke ! C’est fini ! Arrête maintenant !

Je retournai ma tête en direction de la source de ces bruits, Karyuudo se trouvait là, apeuré, me fixant comme si j’étais un monstre.

- Ils doivent tous mourir, si je les tue tous, rien de tout cela n’arrivera. Plus jamais. Je les tuerais tous !

- Attends ! Tu n’as pas les idées claires.

Prenant une impulsion sur le sol avec mes tentacules, je chargeai dans la direction de l’être vivant le plus proche de moi, traversant un mur, attiré par son chakra et son odeur alléchante. Il fut surprit de me voir passer à travers le mur, mais encore plus lorsque je lui arrachai la tête d’un coup de pied. Tout ceci était vraiment intéressant.

Tandis que j’arrachai la tête de l’homme avec mon pied, je remarquai la présence d’une dizaine de personne dans la pièce. Elles étaient toutes en plein combat, mais celui-ci semblait être légèrement interrompu par mon apparition. Si j’avais passé du temps à mémoriser le chakra de chacun de mes alliés, ce n’était pas pour rien, je ne connaissais pas leurs visages, mais je savais lesquels je pouvais tuer. Je saisis alors l’ennemi le plus proche avec un tentacule, avant de l’écraser contre l’un de ses camarades, les tuant sur le coup. Soudain, un individu se positionna en face de moi, l’air sûr de lui. Il était la seule personne présente qui n’avait pas la moindre parcelle de peur dans ses yeux. Tandis que je m’apprêtais à le tuer, je remarquai à son chakra qu’il était un allié. Que faisait-il à m’interrompre ainsi ?

- Je ne sais pas ce qui t’est arrivé, mais tu vas te calmer tout de suite, sinon ça va être un massacre ici. Je ne te laisserais pas passer dans cet état.

Pourquoi me faisait-il ça ? Il ne me connaissait pas, il ne pouvait pas comprendre. Après tout, il faisait partie de cette organisation lui aussi. Quelle était la différence entre mes alliés du jour et mes ennemis ? J’aidais ceux qui portaient assistance à Raito, c’était juste ça. Je n’avais rien contre lui personnellement, mais il me gênait quand même.

*TUE LE*

À nouveau, je sentis un afflux d’énergie monter en moi, la laissant me submerger. Ce fut à ce moment-là que ma douleur au bas du dos reprit. Deux autres tentacules en sortirent alors, tandis que mon corps se recouvrait petit à petit d’une carapace noire. Je n’avais aucune idée de ce qu’il m’arrivait, mais plus les changements opéraient, moins cela avait la moindre importance. Bientôt toutes ses réflexions sur ce que je devais faire ou ne pas faire s’arrêtèrent pour laisser place à une pulsion insatiable d’éradiquer tout le monde.

- Dégage de mon chemin !

Pensant peut-être que je n’allais pas l’attaquer, l’individu n’eut pas le temps de réagir lorsqu’il vit l’un de mes tentacules foncer sur son flanc avant de le traverser de part en part. C’était fascinant, je prenais petit à petit le contrôle sur ces tentacules dont j’ignorais l’origine, découvrant en même temps leur puissance. De plus, leur apparition et leur force n’étaient pas les seuls changements que je notais, ma vision était beaucoup plus nette et mes autres sens semblaient également être améliorés.

Je me tournai alors vers les autres personnes présentes dans la pièce. Elles semblaient avoir oublié leur conflit initial pour se préoccuper de moi. L’un d’eux me chargea alors à une vitesse à laquelle je n’étais pas préparé, me laissant sans défense à un assaut violent. La lame en avant, il me donna un coup précis et rapide au niveau du cou. Impuissant, je tenais une réaction, mais c’était trop tard, le coup était parti et je ne pouvais plus l’arrêter. Puis, contre toute attente, sa lame fut bloquée par la carapace noire qui venait de recouvrir mon corps.

Tentant tout d’abord de dégager sa lame de la carapace, il vite contraint de la lâcher pour m’attaquer sans. Cependant, je ne lui laissai pas ce loisir, Le bloquant avec mes tentacules, ce fut avec mes propres dents que je lui arrachai une partie du cou. Je saisis alors l’arrière de sa tête avec ma main pour la séparer du reste de son corps, puis je la lançai en direction du groupe de shinobis présents et immobiles.

Si je savais que la scène devait être impressionnante pour les personnes présentes, je me rendis bien compte que les shinobis de l’Institut restaient avant tout, des hommes entraînés. Oubliant leur querelle bien plus facilement que ce que j’aurais pu l’imaginer, ils décidèrent de tous m’attaquer en même temps. Cependant, même si je contrôlais encore assez mal mes nouvelles capacités, je n’en restais pas moins un shinobi d’élite, contrairement à ceux qui me faisaient face. Tandis que j’esquivais sans grande difficulté l’assaut d’un premier homme chargeant l’arme à la main, j’utilisais mes nouvelles armes pour forcer tout le monde à se regrouper.

Sans leur laisser le moindre temps pour concocter une stratégie, j’eus l’idée de concentrer mon chakra dans deux de mes tentacules pour en augmenter la force, puis, j’effectuai un balayage de la pièce, découpant tout sur son passage.

*Tu ne peux pas t’arrêter là ! Tant que l’un de ces hommes vivra, tu n’auras pas de repos !*

Il avait raison, je devais tous les tuer. Il avait forcément raison, sinon rien de tout ceci n’aurait eu le moindre sens. Maintenant je pouvais comprendre, je savais que je faisais ce qu’il fallait. Les tuer, tous, jusqu’au dernier. Je devais m’en occuper personnellement. Et puis, si j’éprouvais du plaisir en le faisant, ce n’était que bénéfique. Karyuudo me disait toujours de m’amuser, que c’était le principal. Il ne comprenait pas ce qu’il se passait en moi, il ne pouvait pas comprendre, pas tout de suite. Je savais qu’il finirait par comprendre.

Sans même jeter un dernier coup d’oeil derrière moi, je quittai la pièce d’une impulsion violente, destinée à me conduire à l’étage supérieur où se trouvait un plus grand comité. Habituellement, je n’aimais pas m’en prendre à de grand groupe de shinobis, mais puisque personne ne semblait être en mesure de m’attaquer, je n’avais aucune raison d’être méfiant. Je ne savais pas pourquoi j’avais cette force, mais si elle me permettait de tuer chacune de mes proies, je n’allais pas me priver. Traversant alors à nouveau le sol avec fracas, je vis qu’en haut, les combats entre les deux côtés de l’organisation faisaient encore rage.

Si les personnes les plus proches se tournèrent immédiatement dans ma direction, coûtant au passage, la vie à certains d’entre eux, les autres étaient bien trop occupés pour se laisser distraire ainsi. Soudain, un homme qui venait d’achever son adversaire me dévisagea l’air inquiet. Puis, il sauta en arrière pour mettre de la distance entre nous. S’il faisait cela pour éviter l’affrontement contre moi, c’était raté, il venait tout juste d’attirer mon attention et ma soif de sang. Fonçant alors dans sa direction sans réfléchir, je le vis préparer une technique. Je compris trop tard qu’il était trop rapide pour mon assaut.

Alors que je n’étais plus qu’à quelques mètres de lui, une énorme boule d’argile sortit de sa bouche et de ses mains pour jaillir dans ma direction.

- Crève démon !

Si j’étais encore persuadé de l’emporter, son intonation et la détermination dans son regard me fit comprendre qu’il était vraiment sérieux et que cette attaque allait faire des dégâts. Instinctivement, mes quatre tentacules se contractèrent avant de s’enrouler autour de moi tel un cocon. Mon chakra se vida alors partiellement pour venir renforcer cette défense. Puis il y eut l’explosion.

Avec mes tentacules autour de moi, il m’était impossible de voir quoi que ce soit, mais je ressentis parfaitement l’explosion réchauffer mon corps. Ma défense tint et je n’eus pas de dommage particulier, mais lorsque j’ouvris les yeux, je me rendis compte que ce ne fut pas le cas de tout le monde. L’intégralité du bâtiment semblait avoir été touché par cette explosion. Il était désormais partiellement détruit et ce qu’il restait semblait ne plus en avoir pour très longtemps. Le souffle de l’explosion m’avait propulsé à l’extérieur du bâtiment, ne gardant mon intégrité physique que grâce à ma défense instinctive. L’homme responsable de cet assaut était toujours en vie également, il avait dirigé l’explosion dans ma direction et avait sauté du bâtiment dans celle opposée.

Je pensai alors qu’il allait fuir en voyant que j’avais survécu à mon attaque, mais ce fut l’inverse. Tandis que je me remettais des dégâts résiduels de l’explosion, notamment sur mon ouïe, je le vis s’approcher de moi en courant. Il semblait vouloir en terminer définitivement avec moi, sans que j’en sache les raisons. Évidement, je comprenais qu’on pouvait essayer de me tuer, surtout dans cet état, mais je ne voyais pas pourquoi il utilisant tant de moyen pour cela.

- Jinto peut dire ce qu’il veut, vous n’êtes que des abominations ! Je dois mettre un terme à ces expériences inhumaines !
-
Il parlait de moi là ? C’était donc bien Jinto qui m’avait transformé ainsi. Je commençai alors à douter du bien fondé de ma réflexion. Comment pouvais-je savoir si tout ceci n’était pas ce qu’il avait prévu depuis le départ. Après tout, il ne s’était pas vraiment défendu, il avait peut-être déjà prévu de mourir de ma main.

*Et alors ?! Tu voulais plus de puissance, tu l’as. Tu voulais pouvoir t’amuser, amuse-toi.*

Il n’avait pas tord, peu importe les plans de Jinto, tant que j’étais libre de mes actes, il n’avait aucune emprise sur moi.

- ESSAIE DONC POUR VOIR !

D’un bond, je me jetai sur l’adversaire qui me lança en réaction une dizaine de petits projectiles d’argiles. Je n’avais pas l’intention de me faire avoir une seconde fois, je savais qu’il était un Bakushô, je n’allais pas laisser ces projectiles m’atteindre. D’un geste de tentacule, avec un peu de chakra pour en augmenter la résistance, je balayai l’argile qui explosa à son contact. Mon adversaire était sérieux et bien décidé à m’éliminer. Je compris assez vite qu’il ne valait mieux pas pour moi de plaisanter avec lui. Cependant, même si ma nouvelle capacité augmentait ma force, mes réserves de chakra n’avaient pas vraiment évoluées et je sentais bien que je n’allais pas pouvoir continuer bien longtemps.

Utilisant un de mes tentacules pour parer un énième projectile ennemi, j’en profitai pour attaquer avec les trois autres dans des directions différentes. L’ennemi qui ne l’avait pas vraiment vu venir bondit en arrière pour les esquiver, mais comme il n’avait pas encore pu observer l’étendu de ma portée, il se retrouva pris au piège. En suspension dans l’air, il ne pouvait rien faire tant qu’il n’était pas retombé, ce fut suffisant pour le faire perdre. Il fut finalement embroché à trois reprises avant de succomber à ses blessures.

Ce fut juste après ce moment, que je me rappelai que Karyuudo se trouvait encore à l’intérieur. Je savais qu’il allait bien, mais avec l’état du bâtiment, cela pouvait changer assez vite. Sans prendre le temps d’y réfléchir, je fonçai à travers le trou béant provoqué par l’explosion précédente.

Malgré la situation, les combats à l’intérieur n’avaient pas cessés, chacun continuait de défendre son parti jusqu’à la mort. Tout ceci était allé beaucoup plus loin que ce qu’avait imaginé Raito, l’assaut éclair prévu s’était transformé en une bataille entre quatre murs. Quel qu’en allait être le vainqueur, l’édifice n’allait pas pouvoir tenir jusqu’au bout. Évidement, tout ceci n’avait pas la moindre importance pour moi, Karyuudo était probablement en danger et je devais tout faire pour l’en sortir. La voix dans ma tête continuait à me parler et me donner des ordres, j’avais du mal à l’ignorer, alors pour la satisfaire, je continuai d’éliminer ceux qui se présentaient devant moi, m’empêcher ainsi d’avancer jusqu’à mon objectif. Même si toute cette violence ne me ressemblait pas vraiment, je ne pouvais qu’admettre que cela faisait un bien fou de laisser échapper cette rage qui m’habitait à travers les corps de mes ennemis.

Soudain, alors que j’approchai de plus en plus de Karyuudo, au détour d’un couloir, je me retrouvai face à face avec un des plus grands alliés de Raito. Si je ne faisais plus la différence entre les alliés et les ennemis depuis un petit moment, me retrouver face à lui était sacrément différent. Je savais parfaitement qu’il n’était pas là pour plaisanter et que je n’allais pas pouvoir le tuer sans effort.

*Il ne peut pas t’arrêter ! Tu es supérieur à lui.*

Ouais, il avait raison, personne n’avait été capable de m’arrêter, pourquoi il y arriverait ?

- Dégage de mon chemin ! Tu n’arriveras pas à me stopper !

L’homme en face de moi resta parfaitement stoïque. Il sortit son arme de son fourreau avant de la poser devant lui. C’était clair, il n’avait pas l’intention de me laisser passer.

- Raito arrive, tu en as assez fait. M’oblige pas à t’arrêter, s’il te reste une once d’intelligence, tu sais que tu n’as pas la moindre chance.

Comment pouvait-il me parler ainsi ? Je n’étais pas un simple instrument de Raito, personne n’était capable de me contenir. Cet homme m’empêchait d’avancer, de rejoindre Karyuudo pour le protéger, il était mon ennemi. Je devais le tuer.

*Laisse moi faire.*

*Très bien, fais toi plaisir*

C’était la première fois que je répondais directement à cette voix dans ma tête. Même si je n’avais toujours aucune idée de sa provenance, elle m’avait été de bon conseil depuis qu’elle était là. Sa présence me rassurait et si elle était sûre de pouvoir résoudre mon problème, je ne pouvais que l’écouter. Petit à petit, je sentis mon esprit s’éloigner un peu de mon corps, je sentais que je perdais le contrôle de mon corps à son profit.

Ce fut à ce moment-là que mon visage fut recouvert d’un masque étrange, modifiant ma vision. Je me sentais encore plus différent qu’avant, mais j’étais incapable de réagir. Je voyais qu’en face de moi, la proie se préparait à l’attaque. Je n’avais aucune idée de ses compétences, mais ce n’était pas important, j’étais supérieur. Je bondis alors vers lui, tentacules en avant pour le déchiqueter. J’étais rapide, très rapide, mais mon adversaire n’était pas n’importe qui. Avec une vitesse impressionnante, il e,squiva mes quatre tentacules avant d’en découper un avec une force phénoménale. Puis, comme si cela ne suffisait pas, il me donna un violent coup de pied dans le torse. Si ma carapace amortit légèrement le choc, celui-ci me propulsa quand même à une vingtaine de mètres.

- N’insiste pas, tu n’arriveras jamais à me battre dans cet état-là.

Si les paroles que prononçaient Yasahiro m’étaient parfaitement claires, je n’étais pas en mesure de les considérer. J’avais laissé le contrôle de mon corps à une entité qui me dépassait, enfin, c’était ce que ce que je croyais. Et puis, Karyuudo était en danger, je ne pouvais pas m’arrêter maintenant. Je me mis alors à courir sur la distance qu’il m’avait projeté. Deux de mes tentacules foncèrent alors sur lui pour tenter de le faucher, mais il réussit à les esquiver à nouveau sans la moindre difficulté, comme s’il était capable d’anticiper le moindre de mes mouvements. Je n’avais jamais eu l’occasion de voir le Monjara en pleine action, mais ce n’était pas vraiment l’occasion idéale.

- Tant pis pour toi, je suis obligé de te maîtriser.

Pour qui se prenait-il à me parler de la sorte ? Je n’en pouvais plus. Les deux tentacules qu’il avait esquivées se plantèrent chacun dans les murs du couloir avant de tracter mon corps à toute vitesse sur ma proie. Sans bouger, Yasahiro fit sortir les fils de son corps pour s’en faire une armure. Je n’avais plus vraiment le temps de faire quoi que ce soit d’autre, alors avec toute la force de mon inertie, je vins le percuter.

Le choc ne fut pas exactement ce à quoi je m’attendais. Si l’armure du Monjara avait bien un objectif défensif, ce n’était aucunement pour encaisser le coup. Je m’en rendis compte trop tard. A peine après l’avoir touché, l’armure se détacha de son corps pour se coller au miens. En quelques instants, je fus entièrement recouvert de ses fils qui m’empêchaient tout mouvement. J’essayai bien de me débattre, utilisant mes tentacules pour me dégager, mais sans résultat.

Quelques secondes plus tard, Raito arriva, l’air grave. Puis sans un mot, il réalisa une technique de Genjutsu pour me calmer. Je le connaissais bien et il n’était pas très difficile de s’en rendre compte, mais dans ma position, j’étais incapable de faire quoi que ce soit. La voix dans ma tête s’interrompit au même moment, comme une pulsion calmée de force. Je sentis alors que ma transformation s’inversait petit à petit, me permettant de retrouver mes esprits et mon apparence normale. Je m’endormis quelques instants après sans pouvoir m’y opposer.

Lorsque je me réveillai, j’eus le plaisir de ressentir la présence de Karyuudo à mes côtés. Cependant, ce sentiment laissa vite sa place lorsque je me rendis compte que mes yeux étaient bandés et que mon corps était toujours incapable de bouger.

- Karyuudo ? Raito ?

- Je suis là humain, ne t’inquiète pas.

- Raito, il se réveille.

Si Karyuudo me disait de ne pas m’inquiéter dans une telle situation cela voulait forcément dire que nous étions hors de danger, cependant, je n’étais pas vraiment serein pour autant. Si mon corps était immobilisé, mes sens m’indiquaient la présence de Yasahiro à mes côtés et de Raito, un peu plus loin, qui s’approchait.

- Parfait, tu peux le libérer.

Je sentis alors que mes liens se desserraient peu à peu, me permettant rapidement de me redresser et d’enlever ce qui bloquait ma vision. Je vis alors le trio qui m’observait. Je me trouvais dans une salle étrange visiblement destiné à un but médical. A côté de moi se trouvait mon masque que je mis immédiatement. Je n’appréciais pas vraiment qu’ils aient pu voir mon visage ainsi, mais mes souvenirs de ce qu’il s’était passé me faisaient relativiser. Je ne savais pas exactement ce qu’il s’était passé, mais je me rappelais parfaitement du massacre dont j’étais la cause.

- Ne t’inquiète pas Otoke, tu dois avoir beaucoup d’interrogation, mais j’ai réussi à obtenir les réponses que tu cherches.