Dans les allées du palais, nombreux étaient les passants. A leurs vêtements et en attestant de leur comportement on pouvait différencier les conseillers, les civils royaux et les simples serviteurs. En réalité, c’est la raison principale qui permettait de voir directement un ninja quand il se montrait. Et tant mieux, puisqu’Araakoa Aare était loin de ressembler au vieil homme qu’il était avant. En réalité, il l’était toujours mais c’était quelque-chose de… compliqué. Et Shizuru n’était pas du genre à essayer de comprendre ce genre de choses.

Lorsque le Nidaime Kazekage l’aperçut, la jeune femme était dans ses habits de missions. Un masque noir cachait son visage. C’était nécessaire, pour que celui qui avait dirigé Suna pendant un moment puisse reconnaître la Lame Assassine. Pourtant, elle se dépêcha de l’enlever en s’approchant de son nouvel interlocuteur. Révélant alors sa féminité, ses cheveux blonds et son regard océan, elle arriva à hauteur de l’Araakoa.

« Monsieur, puis-je vous parler en privé ? »

Faire le trajet entre Suna et Odaichi était devenue une habitude depuis des années pour l’Akuzu. Pourtant, elle s’était particulièrement hâtée de venir ici. Elle avait probablement autant de choses à faire que le Nidaime, bien qu’elle ignorait tout de ses intentions. Si n’importe quel Sunajin se serait demandé pourquoi un tel homme était à Odaichi en pleine transition de Daimyô, ce n’était pas du tout le cas de Shizuru.

Il avait fait partie de ceux qui avaient stoppé l’offensive de l’Homme Masqué, mais elle n’en avait ensuite plus entendu parler. En même temps, la Lame Assassine avait dû accomplir plusieurs dizaines de missions depuis lors…

C’est quelque-chose de particulier de le voir…

Le regard pointant vers un coin du couloir, elle indiquait clairement à son homologue d’aller discuter là-bas. Si elle ne se posait pas de questions, elle respectait l’autorité du Nidaime, et attendit donc son aval pour parler de ce qu’elle avait d’urgent à demander…

HRP:

« Vous restez l’une des Ombres de Suna. Et tant la neutralité que le respect sont des valeurs qui m’ont été inculquées depuis mon plus jeune âge. »

Référence à un passé forcément douloureux. Pourtant, le visage de la jeune femme ne dévia pas de l’accoutumée. Elle se contentait simplement de répondre, chose qu’elle n’aurait peut-être pas fait si l’Araakoa était encore Kazekage actif. Ne pas réfléchir et agir selon le plan, c’était sa façon d’être. Sauf que pour ce cas particulier, elle allait devoir prendre des initiatives. C’était une chose rare, mais là encore elle était intimée d’aller dans le bon sens.

Parler immédiatement de ce dont pourquoi elle était venue était quelque-chose qu’elle considérait comme malvenu. Non, elle n’était même pas sûre de s’adresser à la bonne personne pour ça. Mais pourtant, il fallait bien se lancer. N’ayant jamais été une forte diplomate, elle décida de prendre le problème par le bout historique de la chose.

« Vous êtes au courant de ce qui est arrivé à Suna, j’imagine. Néanmoins, nous n’avons pas subi que des pertes humaines ou matérielles. »

Doucement, ne va pas trop vite.

Oui. Il fallait ralentir. Mais pour s’assurer que le Nidaime était celui qui convenait pour ce que Shizuru avait en tête, il n’y avait pas tant de solutions que ça. Il fallait faire avancer le débat, de la manière la plus simple possible. C’était un homme sage.

« Puis-je vous demander si vos connaissances en nécromancie sont avancées, monsieur ? »

Mais il fallait surtout souligner l’importance de la chose. La Lame Assassine regarda rapidement autour d’elle, et reprit la parole rapidement afin d’éviter tout malentendu.

« C’est important pour ce que j’ai à vous dire. »

Et en réalité, elle avait bien plus à faire que simplement lui dire des choses. Oh que oui. Elle allait également lui demander un service. Mais il fallait voir s’il était capable de lui accorder avant d’entreprendre quoi que ce soit. C’était un sujet plus que sensible.

Le vieillard donna sa version du conflit qui était devenu généralisé partout dans le Yuukan. Les deux faces d’une même pièce, la formule était ingénieuse. Akuzu Shizuru pouvait rejoindre son ancien supérieur sur ce point, même si elle n’allait pas lui montrer. Rares étaient les sujets sur lesquelles la kunoïchi s’accordait à avoir une opinion, mais ces derniers étaient souvent très importants.

Ce vieillard sénile se montre clairvoyant par intermittence…

Elle repensait forcément à ce que les rumeurs disaient. Araakoa Aare aurait-il vraiment perdu son fils à cause de Kyoshi Rei ? C’était pour elle un fait, une certitude. Mais amener le sujet n’était pas chose aisée. Elle essaya pourtant de la plus simple des façons.

« Le Kenkyuujo a été volé. Certains dossiers sanguins ont été volé, mais surtout… Les deux corps de Kyoshi Rei ne sont plus là-bas. Zenzaburô et moi avons été attaqués là-bas quand on a mené nos recherches… »

Forcément, cela était une nouvelle inquiétante. Le Yondaime Kazekage, l’ancien ennemi public numéro un, le meurtrier de son petit-fils… Même pour quelqu’un d’aussi froid que Shizuru, c’était compréhensible de laisser du temps au Nidaime pour digérer l’information. Et le mieux à faire était de profiter de cela pour parler des hypothèses.

« Jiseyama, celui qui a dirigé l’attentat sur le village, s’était allié à Irana la Nécromancienne, c’est une certitude. Mais cette dernière est morte selon nos premières informations. Personne ne pourrait le réincarner, et même si c’était possible, je doute que l’Homme Masqué soit du genre à être manipulable. »

Même s’il était un grand-père, l’homme restait un ancien dirigeant d’une fonction parmi les plus importantes au monde. Son sang-froid était une chose sûre. Alors la jeune femme décida de ne pas perdre de temps et d’aller à l’essentiel. D’ailleurs, elle choisit ses mots de sorte à réveiller le fervent Sunajin qu’Araakoa Aare était avant tout.

« J’ai été chargée d’enquêter sur cet évènement et de retrouver le corps. Mais je suis venu vous voir pour deux raisons. Une raison humaine, d’abord, car j’ai pensé que vous deviez être au courant. Et ensuite pour une raison d’état. Suna a été frappé en plein cœur, et est devenu déjà bien trop fragile. Si jamais la disparition du cadavre de ce criminel était révélée au grand jour, ça ne serait qu’une nouvelle arme politique qui jouerait en notre défaveur. »

Criminel ?

Elle sortit un parchemin. Le sceau qui était apposé sur le rouleau indiquait que c’était du Fûinjutsu. Quelque-chose y était scellé.

« Voici les deux cadavres des deux dernières personnes que j’ai assassinées pour Isagoji Dastan, l’ancien Daimyô. Ni leurs têtes ni le reste n’avaient d’utilité. Si vous pouviez les utiliser pour qu’ils soient comme celui de Kyoshi Rei, cela me permettrait de gagner du temps pour mon enquête mais surtout de n’inquiéter personne. Hormis vous et moi, et aussi Zenzaburô Ema à qui j’ai fait comprendre qu’il ne fallait pas parler de ça pour l’instant, personne ne sera au courant de la disparition des cadavres. Et Suna n’en payera pas le prix. »

Un tel nécromancien que le Nidaime ne pouvait que réussir à faire cela. Et puis il pouvait compter sur le corps secondaire de l’Homme Masqué. Il n’avait aucune raison d’échouer. Mais il en avait peut-être d’échouer…