« Euh Azuni, t’es sûre qu’on a pas d’autres Kinzoku sous la main dans le village ? »

Aucune réponse, était-elle déjà partie ? Aomine pesta tout en se levant de son siège. En se rapprochant de la porte, il laissa sa voix porter. C’était une habitude après tout, fallait bien qu’il se fasse entendre. Il feuilletait un dossier.

« Nan sérieux elle a à peine dix-huit ans, j’veux pas qu’on pense que… Ah bah tiens, Kaishyko, il est pas dispo lui ? »

Le silence, encore et toujours. Et dire que c’était lui qui avait ordonné qu’on ne s’occupe que d’amener les gens qu’il réclamait. Bon, c’était pas grave, va pour la gamine ! Aomine jeta tout de même d’autres coups d’œil au dossier sur les Kinzoku qui résidaient dans la cité.

Shimo no Kuni était une question terriblement importante, et il ne fallait non pas la clore le plus vite possible mais tout simplement s’en charger sans tarder. Et ça allait commencer aujourd’hui. L’homme de deux mètres se rassit sur son fauteuil. Il prit quelques minutes pour y réfléchir…

Le pays était le seul dont les frontières étaient communes avec celui de la Foudre. Aussi méprisable eut été sa dernière entrevue avec le Daimyô, il comptait lui aussi s’intéresser à la situation politique du Pays du Givre. S’ils pouvaient s’entendre sur ça, c’était déjà bien. Et Aomine savait que le village finirait par y trouver son compte. Mais avant de prendre une quelconque décision, il fallait se renseigner.

Trente minutes plus tard, environ, la jeune Sorolla entra après qu’Aomine l’en ait autorisée. Comme prévu, elle était jeune du point de vue du Colosse, mais la plupart des Genins avaient cet âge ou dans les alentours. Et puis, il avait un peu exagéré avec Azuni toute à l’heure.

« Salut Sorolla, assieds-toi s’il te plaît. »

Le nouveau Régent était du genre direct, et rares seraient ceux à ne pas le savoir dans les prochains jours. Aussi, la jeune Kinzoku allait être mise au parfum. Aussitôt fut-elle assise que son supérieur renchérit.

« J’suis le nouveau Régent, c’est comme un Kage sans… Bref ça te sera peut-être pénible, mais j’aimerais que tu me racontes ton parcours, de Shimo no Kuni jusqu’à ici. »

Cela pouvait être pénible parce que, sans l’avoir particulièrement lu, le passé de quelqu’un d’extérieur au village pouvait parfois être douloureux. Et puis, les donzelles étaient bien plus sentimentales et mélancoliques ! Oh bordel, et si ça partait en effusion de larmes, que ferait-il ?

Des milliers de choses se bousculaient brutalement dans sa tête après avoir remercié et refermé la porte derrière le messager du palais. Elle était convoquée par le Régent en personne, et le motif n’était bien sûr par préciser ! Que pouvait-il se passer au juste ? Avait-elle fait quelque chose de mal depuis son arrivée au village ? Elle passa en revue tout ce qu’elle avait fait depuis l’obtention de son diplôme mais ne trouva rien d’anormal qui aurait pu lui causer des soucis. Selon les rumeurs, le nouveau Régent était extrêmement imposant et intimidant. Il ne lui en fallait pas beaucoup pour l’intimider en temps normal, surtout en compagnie d’homme étant donné son passé avec Zaoh, cette rencontre s’annonçait alors terrifiante. Elle n’arrivait surtout pas à comprendre pourquoi, et cela la perturbait énormément. Elle s’imaginait les pires scénarios dans sa tête, passant de choses futiles aux pires situations envisageables.

Il était inutile de rester là à se lamenter, et elle l’avait bien compris. Elle pourra en avoir le cœur net seulement quand il lui révèlera ce qui se passe en temps réel. Il y avait quelque chose d’encore pire que de se faire convoquer par le Régent de Kumo, c’était d’y arriver en retard. Elle soigna un minimum son allure sans trop en faire, s’habilla en quatrième vitesse et partit en direction du palais. Elle repérait facilement la route grâce à la visite guidée de Kumo qu’elle avait effectuée dans le biais d’une mission dernièrement. Il n’y avait d’ailleurs pas que ça, tout le village lui paraissait maintenant plus proche, plus familier. Tant mieux, il fallait qu’elle s’intègre au mieux dans cette nouvelle vie et s’était pour l’instant, très bien parti.

Arrivée au palais, elle fut vite ramenée devant la porte du bureau concerné. Ses efforts considérables pour cacher son angoisse porté ses fruits, la clé était de ne pas trop réfléchir à la situation qui s’offrait à elle. Elle fut invitée à entrer presque instinctivement après avoir toqué à la porte, et entra dans la salle. La porte à peine franchie, elle lui dit bonjour et se pencha respectueusement en avant comme formule de politesse. Ce n’était pas venu spontanément, elle venait plutôt d’y penser, juste à temps... Elle n’avait pas l’habitude de rencontrer des personnes au-dessus d’elle hiérarchiquement, seuls les genins croisaient son chemin depuis son arrivée, ce qui peut expliquer son manque de connaissances face aux formalités. Elle s’assit suite à la demande du Bakushô et écouta attentivement ce qu’il avait à lui dire, ses yeux difficilement plongés dans les siens.

Alors il voulait juste qu’elle lui raconte son parcours jusqu’à maintenant ? C’était une étrange requête, mais très certainement avec un but bien précis. Il avait précisé Shimo no kuni, son pays d’origine, il devait donc avoir une certaine importance pour lui et c’était peut-être seulement pour ça qu’elle était ici. Elle faisait le tri dans sa tête, ne sachant pas vraiment ce qui pourrait oui ou non lui être utile. Sa vie défilait devant ses yeux, revoyant la mort de son père, le braquage de sa maison ainsi que le départ pour Kaminari no kuni. Bien sûr, les flashbacks de sa captivité chez Zaoh l’envahissaient plus que n’importe quelle autre partie de son existence, mais cela n’aurait aucune importance pour son supérieur ce qui en faisant donc un détail à ne pas aborder.

« Plus les années passaient et plus Shimo no kuni me paraissait invivable. Des bandits ont braqué ma maison quand j’avais sept ans, c’est comme ça que ma mère a décidé de tout laisser tomber pour venir vivre à Kaminari no kuni. Au début la vie était très difficile, et je ne pensais qu’à une chose : rentrer chez moi. Tout s’est empiré au fil du temps, mais aujourd’hui ma vie est redevenue stable et j’ai vite constaté que mon pays c’était ici, et que je ne voulais plus en partir. »

Elle épargna les détails de sa vie pathétique, qui voudrait savoir que sa mère avait dû se prostituer pour les sortir de la situation merdique dans laquelle elles se trouvaient ? Personne. Elle avait dit tout ça sans l’ombre d’une émotion sur son visage, en vérité elle s’en foutait plutôt pas mal, ce n’était pas ce qui l’avait marqué dans sa vie. Elle espérait tout de même avoir pu lui être utile même si elle ne comprenait pas en quoi son histoire pouvait l’aider. Elle était bien sûr ouverte au dialogue et sans rien ajouter de plus, elle attendait de voir si elle pouvait faire ou dire autre chose.

Est-ce que l’enfant aurait préféré ne pas en parler ? Possible, mais Aomine n’était pas doué pour faire du sentimentalisme. En tout cas, ce n’était pas surprenant que l’histoire racontée par son vis-à-vis soit si négative. Shimo no Kuni n’avait pas toujours été un pays sûr, et même aujourd’hui les choses restaient difficiles. C’était d’ailleurs une opportunité pour en parler, en rebondissant sur les propos de la Genin et surtout en évitant toute effusion de larmes.

« Ca a pas dû être facile tous les jours. Mais on doit être fiers de servir un village qui a su accueillir ceux qui en avaient besoin, comme toi. Malheureusement avec tout ce qu’il s’est passé récemment, la question de l’accueil n’est plus aussi simple… »

Même si c’était une Genin, elle ne pouvait pas être ignorante de l’attentat de Suna, entre autre. Même la disparition d’Obli suite à une attaque du Patriarche était presque une rumeur vérifiée partout dans le Yuukan. Une épine en moins dans le pied, mais une preuve formelle que le soi-disant Grand Maître de Maskine était sans doute le plus dangereux des shinobis de la Nation.

Sur le bureau d’Aomine traînaient quelques papiers sur des informations recueillies à Shimo no Kuni. Une rébellion, un soi-disant Daimyô tyrannique et une guerre civile qui pourrait se déclarer si les choses empiraient. Oh ça n’était pas pour tout de suite, mais est-ce que le village caché des Nuages devait agir ?

« Shimo no Kuni est plus calme qu’avant, mais le régime en place y semble menacé. D’ordinaire, je te dirai que ce ne sont pas nos affaires, mais en attendant que l’on développe les aspects maritimes de notre village avec l’aide du pays, le Pays du Givre est un passage obligé pour tous mes hommes. »

Ce n’était pas compliqué de comprendre où le Régent voulait en venir. Il posa calmement ses mains sur le bureau. Son regard pointait très clairement en direction de la jeune fille. Peut-être en savait-elle davantage.

« Tu as déjà entendu parlé d’une rébellion à Shimo no Kuni ? »

Puis il rajouta rapidement quelque-chose.

« Chaque information que tu pourrais me donner me permettrait d’avoir une meilleure connaissance du sujet. Déjà que je ne suis pas sûr de vouloir me mêler à ça, je préférerais surtout être sûr de choisir le bon camp pour Kumo si jamais l’état de Shimo no Kuni empire. »

Les paroles du régent apparaissaient comme une évidence, c’est presque comme si elle pouvait prévoir mot à mot ce qu’il allait dire. Bien sûr que rien de cela n’a été facile, mais finalement est-ce que sa vie à Shimo no Kuni n’était pas satisfaisante ? Elle se posait de nombreuses questions qui malheureusement n’obtenaient jamais de réponses. Son départ pour Kaminari no Kuni n’était clairement pas nécessaire et sa vie aurait été bien meilleure si sa mère n’avait pas subitement décidé de partir. De simples brigands avaient dévasté sa maison et ils n’allaient certainement pas revenir deux fois au même endroit alors pourquoi n’avaient-elles pas simplement nettoyé et racheté le nécessaire pour continuer à vivre là-bas ? Qu’est-ce qu’elle aimerait que sa mère soit encore en vie pour lui poser la question... Cela lui aurait évité bien de terribles choses, sa mort par exemple mais surtout un séjour de quatre ans chez cette abominable personne. Dans tous les cas Kumo n’était pas responsable de ses malheurs et Aomine avait parfaitement raison, elle était fière de servir ce village qui l’avait sauvé il y a encore peu de temps.

La suite était tout aussi évidente, le village ne pouvait plus se permettre de donner refuge à n’importe qui le souhaitant. Son grade ne lui permettait pas d’avoir des informations directes sur les récents évènements mais les rumeurs fusaient et elle apprenait des choses malgré elle comme n’importe quel autre habitant. N’étant pas du tout curieuse, elle ne s’y intéressait pas ne pouvant pas démêler le vrai du faux dans ce qu’elle entendait. Malgré son ignorance des détails, ses propos étaient d’une clarté impressionnante et s’en était même plutôt compliqué de ne pas comprendre. Ils ne pouvaient pas se permettre d’accueillir des personnes qui pourraient finalement refléter un potentiel danger pour le village et ses habitants. On vit dans un monde ou la confiance est très difficile à accorder aux gens et la méfiance règne inévitablement partout où qu’on aille. Elle ne risquait pas de rencontrer beaucoup d’autres Kinzoku à l’avenir si l’immigration était menacée à ce point malheureusement.

Sorolla réfléchissait à la question posée par le régent Aomine. Le minuscule pays du givre était important pour lui parce qu’il représentait le seul pays frontalier à Kaminari no Kuni, ce qui impliquait sa traversée pour rejoindre n’importe quel autre pays ou village du monde. Elle se contentait d’imaginer qu’il ne voulait pas faire prendre de risques à ses hommes en passant par un pays instable, puis si c’était en fait autre chose, cela ne la regardait pas et elle préférait ne pas y penser. Il y a dix ans une rébellion était en effet mise en place, elle était presque persuadée qu'aujourd'hui la situation avait empiré, malheureusement elle ne pouvait être sûre de rien. Elle prit tout de même la parole afin d’apporter le peu d’informations qu’elle pouvait avoir.

« Il y a de cela dix années quand j’habitais encore à Shimo no Kuni, un groupe de résistants se battaient sans cesse contre le pouvoir. Un homme était à leur tête mais personne n’avait jamais vu son visage, il se faisait appeler Tsuyo il me semble mais ce nom était défendu à prononcer sous peine d'avoir de gros problèmes, c’était comme commettre un crime contre son pays. D'un autre côté les raisons de cet homme pour ce battre étaient bonnes et il voulait juste défendre son pays d'un chef qui a toujours fait n'importe quoi. Les mercenaires du Daimyô se croyaient tout permis et ils terrorisaient les civils juste pour s'amuser, je m'en souviens très bien. »

Son regard se remplit de colère face aux mauvais souvenirs qu'avait provoqué ces paroles, en secret elle avait toujours admiré cet inconnu qui voulait changer les choses. Elle reprit son souffle tout en regardant son régent dans les yeux. Cet homme était vraiment intimidant, mais elle se devait d’être la plus sérieuse et efficace possible en révélant ces informations. Elle se remit bien vite à parler, même si elle n’était pas sûre que ses informations aient la moindre importance pour son village. Elle sortit un collier fait exactement avec le même métal doré que sa propre maîtrise, accompagnée d’un étrange pendentif d’une forme complètement inconnu afin d’accompagner ses propos.

« Je n’ai jamais rencontré de famille à part mes parents, je ne sais pas pourquoi j’ai vécu isolée du monde pendant si longtemps, tout ce que ma mère ma léguer de mes origines avant de mourir c’est ce collier étrange... Enfin du coup ce n’est certainement pas eux qui pourront m’en dire davantage. Par ailleurs, un ami qui est maintenant militaire pour Shimo no Kuni correspondait régulièrement avec moi par lettre, nous n’avions pas pour habitude d’échanger des problèmes du gouvernement mais dernièrement il m’a envoyé une lettre brève et plutôt inquiétante en disant que rien n’allait plus et que Tsuyo approchait enfin de son but final. Après cette lettre il ne m’a plus jamais répondu et je ne sais pas davantage de choses... Le daimyô n’est pas du tout apprécié et je pense que le pays est aujourd’hui coupés entre ses mercenaires et une partie du peuple qui suit Tsuyo ce qui pourrait facilement donner une énorme guerre civile. Cela ne m’étonnerait pas vraiment que ce groupe de résistants aient pris une ampleur phénoménale durant ces dernières années étant donné les conditions de vie des habitants de Shimo no Kuni qui ne sont pas merveilleuses. »

Elle fit une pause laissant le régent prendre en compte ses informations et reprit la parole comme dernière tentative d’être utile à son village d’accueil.

« Je ne sais pas si ces informations vous sont très utiles, comme je vous ai dit je n’ai pas la possibilité de correspondre à nouveau avec mon ami et je ne sais donc pas la situation actuelle du pays, tout cela n’est qu’une hypothèse venant de ma personne... Enfin j’ai de nombreuses connaissances là-bas et je pourrais facilement rassembler des informations si vous le souhaitez, accompagné d’un chunin du village bien sûr. »

Ce n’était pas une mauvaise idée, Sorolla n’était pas contre le fait de retourner dans son pays de naissance afin de rassembler les informations nécessaires, cela lui permettrait en même temps de revoir de vieilles connaissances et pourquoi pas en savoir un petit peu plus sur ses origines. La suite revenait maintenant à Aomine.

Spoiler:

Il avait espéré des informations et de fait, il n’avait pas été déçu. La jeune fille lui avait raconté encore un passage de sa vie tout en faisant le parallèle avec la situation du pays il y a plusieurs années de cela. Un Daimyô peu apprécié, une armée de mercenaires rebelles, un complot qui avait sans doute dû être remanié au fil des années… Si le fond restait le même, certains éléments fournis par Sorolla permettaient au Régent de se faire une idée plus précise de certains aspects de sa réflexion.

Le premier Conseil décisionnaire n’était pas pour tout de suite, et de toute façon Aomine avait le droit de prendre toutes les décisions qu’il souhaitait pour le village. Et concernant Shimo no Kuni, il n’avait pas besoin de conseils pour l’heure : il s’était décidé, du moins pour le début.

« Justement, je ne vais pas t’envoyer là-bas. S’il y a effectivement une grande division au sein du peuple de Shimo no Kuni, envoyer quelqu’un qui a ses contacts ou qui est un minimum connu serait un risque que je ne vais pas prendre pour toi. »

Une kunoïchi restait une kunoïchi, qu’importe si son grade était celui de Genin. Aomine ne considérerait jamais le moindre de ses shinobis comme de la chair à canon. Il avait l’avantage d’avoir de nombreuses troupes à sa disposition. Mais Sorolla ne devait pas s’inquiéter, et son supérieur espérait qu’elle avait compris que ce n’était pas de ses capacités que venait le problème : mais du risque à l’envoyer en territoire à la fois connu et inconnu.

Le Colosse se releva de son fauteuil. Ses deux mètres reprirent toute leur dimension, et la montagne de muscles dessinés s’approcha de la jeune femme. Contournant son bureau pour s’y asseoir face à son interlocutrice, le chef croisa les bras.

« En tout cas, merci. Tes informations m’ont permis de confirmer mes doutes. A présent, je saurai quoi faire. Tu peux disposer. »

Une Genin prometteuse, en tout cas dans sa façon de s’exprimer et dans sa prise de position. Il ne restait qu’à attendre l’ouverture du Mont Infinité et l’aval de son senseï pour pouvoir voir jusqu’où ses capacités pourraient l’emmener…

Alors qu’elle s’apprêtait sans doute à sortir, la voix puissante du Régent se fit à nouveau entendre. Ce dernier était d’ailleurs en train de reprendre place sur son bureau.

« Aujourd’hui, tu as à la fois aidé Kumo et ton pays d’origine. Et ça sera toujours comme ça : tu pourras toujours être à la fois une Kinzoku et une Kumojin. »

L’unité, encore et toujours. Mais en plus de ça, il y avait de la sincérité.

Une pointe de déception s’afficha sur son visage à l’entente du fameux verdict. Alors elle n’allait pas se rendre au pays du givre, son pays d’origine. Elle a immédiatement pensé malgré les dires du régent, que son niveau n’était pas à la hauteur d’une telle mission. C’était ridicule mais elle ne pouvait pas s’empêcher d’y songer. Peut-être que seulement des gradés du village seront envoyés afin d’assurer une réussite. Après 11 ans de vie à l’extérieur de Shimo no Kuni, elle passerait certainement incognito dans cet endroit qui était maintenant devenu étranger. En plus de ça elle ne connaissait aucune famille et n’avait presque aucun proche. Mais il fallait accepter la décision de son supérieur qui était bien évidemment indiscutable, malgré sa déception et son incompréhension. Après-tout elle aimait continuer à croire que les genins étaient tout de même importants et que leur vie ne représentait en aucun cas rien du tout pour le village. Peu importe si ce n’est pas vrai, ce sentiment était agréable et elle voulait le garder encore un peu, au moins jusqu’à ce qu’elle obtienne une promotion.

Sorolla sentait que cet entretien touchait à sa fin et cela se confirma quand le régent se leva de son siège et s’approcha d’elle. Il était vraiment immense, et énorme en plus de ça. Ses muscles étaient imposants et réellement envahissants. Si la situation n’était pas comme tel, la jeune fille aurait certainement très peur face à tant d’intimidations naturelles. Se retrouver face à lui dans une confrontation devait être très difficile psychologiquement, enfin de son point de vue. Sorolla avait extrêmement peur des hommes, et donc une personne comme Aomine l’effrayait au plus haut point. Elle ne soutenait pas le regard de son supérieur maintenant aussi près d’elle et baissa instinctivement les yeux en écoutant la suite. Etre impoli n’était absolument pas son but, mais sa nature reprenait le dessus dans une situation comme celle-ci. Il était l’heure de s’en aller maintenant, soulagée, la jeune fille ne se faisait pas supplier. Elle se leva immédiatement et s’approcha de la sortie avant d’entendre une dernière phrase du régent.

« Aujourd’hui, tu as à la fois aidé Kumo et ton pays d’origine. Et ça sera toujours comme ça : tu pourras toujours être à la fois une Kinzoku et une Kumojin. »

Elle s’était retournée face à lui et avait accueilli cette pensée avec plaisir. Le fait que les membres du clan kinzokus puissent être libre dans un autre pays que le leur était réellement une bonne chose. En tant que genin de kumo, elle ne voulait pas trop s’intéresser à la suite des événements. Elle était là pour obéir sans réfléchir ni donner son avis. Son supérieur lui demandait des informations sur quoi que ce soit, elle lui répondait sans réfléchir. Il l’envoyait dans une mission difficile à l’étranger, elle y allait sans broncher tout en donnant le maximum pour réussir. Et s’il lui demandait de rester au village alors elle y reste pour s’entraîner et devenir encore meilleure. Sorolla fit un sourire réellement sincère comme seule réponse et se pencha respectueusement avant de prendre la porte et de rentrer chez elle. Sa place était à Kumo, et même si Shimo no Kuni ne représentait plus grand choses à ses yeux, elle espérait tout de même qu’une bonne entente règnera entre eux.