Le combat entre le Patriarche et les trois « fondateurs » des villages shinobis avait déjà commencé depuis plusieurs minutes. La puissance de ces derniers avait relayé les experts en Fûinjutsu au second plan. En effet, même si la vie de ces ninjas mortels était diablement importante, ils se rendaient compte que se joindre à la bataille ne ferait que gêner leurs aînés. Le combat était d’ailleurs difficile à suivre, à cause de la rapidité d’exécution des mudras, des techniques et des mouvements. Mais quant à la question de savoir qui du Patriarche ou des Kages réincarnés avait le dessus, les divers contacts de par leur fulgurance et les nuages de fumée qui s’en réchappaient ne permettaient pas de répondre à cette question pourtant primordiale.

Et pourtant, le silence vint subitement. Plus aucune technique ni aucune frappe. Le combat était-il terminé ?

« C’est tout ? »

Ces mots entendus, l’image terrifiante suivit : le Patriarche avançait de deux pas. Aucune éclaboussure de sang, aucune trace quelconque ni blessure minime n’entachait son corps. Même ses vêtements n’étaient pas inquiétés d’une quelconque trace d’usure.

Tout autour, les corps des Kages réincarnés étaient éparpillés en morceaux qui tentaient de se recoller. Samui Mahan était tranché en deux et noyé dans son propre résidu de Suiton. Le leader de Ta no Kuni lui adressa un regard empli de dégoût.

« Tu as sans doute été le plus talentueux des shinobis de ta génération. Mais la sagesse et la raison ne sont pas des concepts qui peuvent être acquis avec du talent. Plutôt que de laisser le soin à des personnes plus mûres que toi de fonder et diriger Kiri, tu as voulu t’emparer de pouvoirs qui t’échappent encore aujourd’hui. Et tu as été incapable de détourner la voie de la barbarie que les tiens ont prise et qui a mené ta cité à la destruction. »

Plus au centre de la zone, le corps de la première des Hokage, Hayashi Miyu, était en un seul morceau… Mais ce dernier était immobilisé par ses propres constructions de Mokuton ou du moins ce qu’il en restait. C’est d’un air presque attristé que le moine regarda la kunoïchi de Konoha.

« Durant la Grande Guerre, j’ai préservé les miens des Uchiwa et des Senju. Tu n’es qu’une cousine de l’un de ces deux clans… Comment pourrais-tu me vaincre ? Mais je ne t’en veux pas. Ton village a permis l’éviction de ces deux clans immondes. Malheureusement, que tu l’aies voulu ou non, tu as fait pousser l’arbre de Konoha sur les pires racines qui soient. »

La Hayashi se débattait, mais elle allait devoir fournir encore davantage d’efforts pour espérer sortir de ses propres liens en bois. Sur la droite, Nishimura Kusanagi avait les bras déchiquetés et une moitié de jambe arrachée mais qui commençait déjà à se reformer. Contrairement aux deux autres, elle affichait un sourire provocateur. Le Grand Maître vint s’agenouiller devant elle.

« Que te dire ? Lorsque le Kakumeigun n’était encore qu’une organisation qui voulait fonder Suna, je t’ai proposé mon aide, mais tu as préféré compter sur le soutien de Kumo, qui était déjà l’un des exemples de la barbarie de l’Ordre shinobi. Comment Suna aurait-il pu devenir quelque-chose d’autre, de meilleur ? Non, il a même été pire. Regarde avec quelle aisance le Kaihô-sha a infiltré et écrasé ton village… »

Une voix vint de derrière.

« Et qu’est-ce que tu vas me sortir, pour moi ? Que je suis l’exemple premier d’un clan maudit et blasphématoire qui aurait dû être éradiqué il y a longtemps ? »

Un rictus très infime était né sur le visage du Patriarche qui, très lentement, se releva. Il fit volte-face.

« C’est bien formulé… Gogyou Makka. Néanmoins, je trouve cela étrange que tu te rallies aux côtés de ceux que tu as toujours condamné.
─ Oh détrompe-toi. Une fois que je t’aurais calciné, je brûlerai tous ces shinobis. C’est juste qu’ils ont de la chance que tu sois là, le temps que je passerai à m’occuper de toi sera un délai pour eux. Car franchement, à force de réclamer ma mort et celle de mon clan… »

L’ancienne Furyou fonça sans hésiter vers le moine.

« Tu es devenue la personne que j’avais le plus envie de faire taire ! »

Gogyou Makka s’était élancée vers le moine, qui sans gêne avait esquivé d’un pas épais sur le côté. Déjà agacée, l’ancienne ennemie publique lâcha de son bras gauche une lignée de flammes que son ennemi s’empressa d’éviter en sautant suite à une courte mais forte impulsion. Le Patriarche dans les airs, voilà ce que la Gogyou attendait : elle cracha un torrent de flammes épaisses dont l’étendue empêchait toute esquive… et le leader de Ta no Kuni le savait très bien. Il claqua ses paumes entre elles avant de projeter une énorme main de chakra lumineux. Cette dernière vint se frayer un chemin dans le feu jusqu’à faire face à Makka qui – sans se soucier de se défendre – s’échappa d’un salto arrière, laissant la paume de Maskine s’écraser au sol.

Le moine passa à l’offensive. Il créa un Fûinjutsu au sol qui prit aussitôt place autour de lui et de son ennemie. C’était la même technique qu’il avait utilisé contre les Kumojins et les Shûkaijins : celle qui immobilisait toute personne étant au contact du sceau. Et les pieds de Gogyou Makka étaient collés à sa technique. Cette dernière se rendit rapidement compte de son impossibilité de mouvement. Elle grimaça, avant de transformer ses jambes en flammes. Elle prit de l’altitude tout en adressant à son adversaire un sourire provocateur, tandis que ce dernier la regardait d’en bas.

Profitant d’un possible effet de surprise, l’ancienne Furyou laissa de multitudes de flammes s’abattre sur son ennemi juré. Elles étaient si denses et si rapides qu’il était impossible pour quiconque de les esquiver, Patriarche compris.

Et en effet, il n’avait pas échappé aux flammes… mais en était ressorti sans la moindre brûlure.

Maudites Respirations des moines de Maskine. A ce stade, Gogyou Makka était plus qu’agacée : ce n’était pas première fois qu’elle combattait le Grand Maître religieux, ni que ce dernier ressortait des flammes sans la moindre blessure. C’était horripilant, monstrueusement horripilant !

Mais au lieu de s’énerver ou d’attaquer, la réincarnée toussa. Elle cracha quelque-chose de sombre, comme si c’était du sang pourri, et s’immobilisa avant de s’effondrer au sol et de se laisser effriter en une multitude de morceaux.

Que s’était-il passé ? Aucune explication ne semblait apparaître aux yeux des « experts en Fûinjutsu » qui restaient désormais les seules personnes qui s’interposaient entre le Patriarche et Obli…