Le Soleil allait bientôt se lever, j’étais prêt. Je me trouvais au milieu du bois nuageux en compagnie de Karyuudo. Cela faisait bien longtemps que nous n’étions pas partis aussi loin du village sans raison particulière. Enfin, nous étions là pour chasser évidement. Nous avions décidé de partir plus loin que d’habitude pour essayer de trouver des proies vraiment intéressantes. Après avoir fait le voyage depuis Kumo pendant la nuit, nous décidâmes d’attendre l’aube avant de commencer à flairer le gibier. Chasser la nuit ne me dérangeait pas vraiment, je n’avais pas besoin de la lumière du jour pour me repérer, pour Karyuudo, c’était un peu différent, sa vision si performante ne lui était d’aucune utilité lorsqu’il faisait nuit.

- Dis moi Otoke, j’ai remarqué ces derniers temps que tu semblais moins attentif au niveau du secret de mon existence par rapport à tes camarades.

- C’est pas faux, je commence à me demander si tout ceci est encore nécessaire. Après tout, cela ne fait que nous séparer, alors que nous sommes meilleurs ensembles. De plus, je pense qu’on est désormais suffisament puissant pour se protéger.

- C’est ton choix, je t’ai déjà dis que j’accepterai toutes tes décisions à ce sujet. N’oublie pas une chose, si tu décides de nous conduire sur cette voie, il n’y aura pas de marche arrière possible.

- Je sais et c’est justement ce qui me retiens de le faire pour le moment. On peut dire que j’attends le bon moment, cela ne sert à rien de dévoiler ton existence à tout le monde sans raison.

- Enfin, personnellement, tant qu’on s’amuse, tu fais ce que tu veux. D’ailleurs, à ce sujet, j’ai également remarqué que tu commences vraiment à t’amuser ces derniers temps.

- Tu te rappelles quand je t’ai annoncé que je voulais devenir un shinobi, tu avais tenu à me prévenir de la difficulté de la tâche qui nous attendait. On a vécu des épreuves difficiles et si on en est là aujourd’hui, c’est parce qu’on n’a rien lâché. J’ai toujours voulu être plus fort et j’ai tout fais pour y arriver. Cependant, récemment, j’ai commencé à réfléchir à notre avenir et je me suis rendu compte de ce qu’on pouvait accomplir si on visait plus haut. C’est dans cet objectif que je travaille actuellement et c’est beaucoup plus amusant.

- Tu commences vraiment à parler comme un humain ! Les choses sont plus simples que vous ne l’imaginez vous autres…

- Il faut croire que j’en suis peut-être un finalement ! Bon, assez discuté, le Soleil se montre, il est temps !

Comme seule réponse, Karyuudo qui était en vol stationnaire au dessus de la cime des arbres, se mit à foncer en direction du sol. La chasse pouvait commencer.

Pour chasser des proies intéressantes, il était nécessaire de parcourir beaucoup de terrain car elles étaient particulièrement rares. Pour cela, nous avions une technique assez simple, Karyuudo se chargeait du déplacement, son rôle était de parcourir le plus vite possible la forêt. Quant à moi, je devais simplement m’accrocher fermement à lui et détecter tous les chakra alentours pour repérer les plus intéressants. Ma tâche était beaucoup plus simple que la sienne, puisqu’il devait voler à ras du sol, sa carrure l’obligeant à être très vigilant en permanence pour éviter les arbres et autres obstacles.

Faisant donc abstraction à tous mes sens excepté ma détection de chakra, j’étais capable de ressentir toutes les formes de vie qui se trouvait sur notre passage. Il me suffisait donc d’attendre d’en trouver une suffisament puissante pour la traquer par la suite.

Évidement, ce style de chasse n’était à réservé pour de grosses proies pour deux excellentes raisons. La première, et la plus importante, était que les proies plus petites étaient généralement plus habiles et plus difficiles à acculer, par conséquent, il était plus conseillé de les prendre par surprise. La deuxième était que cette technique rendait la traque beaucoup plus facile, par conséquent, cela enlevait du plaisir à la chasse. Sauf que nous étions à la recherche d’une bête suffisament grosse pour que l’exécution soit plus difficile que la traque elle-même.

Notre expédition avait commencé lorsque j’entendis parler d’un sanglier particulier lors d’une balade à Kumo. Après avoir demandé des explications, on me dit qu’il ne s’agissait que de rumeurs, mais que celles-ci décrivaient un sanglier géant qui attaquerait les voyageurs égarés dans les Bois Nuageux. Je ne faisais pas vraiment confiance aux rumeurs, mais si elles s’avéraient justes, c’était l’occasion idéale pour se faire la main sur du bon gibier puisqu’elles parlaient d’une bestiole beaucoup plus grande qu’un homme.

Je misais sur le fait que cet animal possédait plus de chakra que les animaux normaux, je n’avais pas vraiment le choix. Les seules autres alternatives étaient d’attendre de tomber sur lui ou de chercher au sol des traces de son passage, dans les deux cas, cela aurait prit bien trop de temps. Nous n’étions pas pressé, mais comme nous étions peut-être à la recherche d’une bête inexistante, nous ne voulions pas risquer de traquer pendant des jours un fantôme.

En attendant un signe de ma part lui indiquant que j’avais trouvé quelque chose, Karyuudo continuait de slalomer entre les arbres du mieux qu’il pouvait. Il lui était impossible d’y arriver à la perfection et les collisions avec des branches n’étaient pas rares, mais ce n’était pas vraiment un problème, avec sa force et son inertie, il faisait céder tout ce qui se mettait en travers de sa route. Ce qui était plus embêtant, c’était les débris qui m’atteignaient et me perturbaient dans ma concentration.

Il nous fallut environ vingt minutes avant la moindre détection intéressante. Lorsque je ressentis la présence d’une forte source de chakra, à peine inférieure à celle d’un genin lambda, je le signalai à Karyuudo qui amorça un arrêt immédiat.

- Très bien, difficile de savoir s’il s’agit bien de notre cible, dans tous les cas, nous allons la traquer. Tu vas dans les airs pour essayer de le repérer pendant que je le traque au sol. En espérant qu’il ne s’agisse pas d’un humain.

- Je traquerais bien un humain, c’est plus amusant qu’un sanglier !

- C’est pas faux, mais ils ont tendance à chercher à se venger par la suite contrairement aux autres animaux.

- C’est parce qu’ils n’ont pas encore comprit qu’ils n’étaient pas au dessus des autres animaux et que leur mort est aussi inévitable que la nôtre.

- Pour cela, je suis bien d’accord ! N’empêche que si tu venais à mourir, rien ne m’empêcherait de te venger et je sais que tu en ferais pareil !

- C’est mon petit côté humain alors. Bon, allez, bonne chance.

Le regardant alors s’envoler au dessus des arbres, je me dirigeai ensuite en direction de ma proie. Suivre une source de chakra était bien plus simple que des empreintes de pas, mais il ne fallait pas non plus en oublier d’être vigilant pour autant. Tant que j’étais pas proche de l’animal, je n’avais pas besoin de technique de camouflage, mais la discrétion restait de mise.

Ma proie se trouvait à deux cents mètres de moi. Comme je n’avais aucune idée de ses capacités, je ne pouvais prendre le risque de continuer à m’approcher sans faire particulièrement attention. S’il s’agissait réellement d’un sanglier géant, il était peu probable qu’il fut capable me voir arriver et de s’enfuir à temps. J’avais quelques doutes sur l’odeur que je dégageais. Je savais que les sangliers avaient un odorat très développé, mais qu’il fut capable de me repérer grâce à cela ne voulait pas dire qu’il allait s’enfuir. Dans tous les cas, je n’avais pas temps à perdre, même si ma cible ne se déplaçait pas très vite pour le moment, la situation pouvait changer à tout moment.

J’avançais donc assez vite à travers la forêt en focalisant mon attention sur le chakra de ma proie. Je voulais pouvoir percevoir chacun de ses mouvements, plus j’en apprenais sur lui, plus la chasse devenait simple. De ce que je ressentais, il s’agissait bien d’un animal de très grande taille, par conséquent, il y avait de grandes chances d’être tombé sur la bonne proie. Je savais que Karyuudo devait déjà être au dessus de lui, attendant un signe de ma part pour lancer l’assaut. Pour vérifier mes hypothèses, j’effectuai une série de mundras pour lancer une technique personnelle.

Celle-ci consistait à intervertir la vision de mon oeil gauche avec celle de Karyuudo. Je pouvais donc voir à travers son regard et inversement. C’était une technique que j’appréciais particulièrement, elle nous avait surtout permis de savoir comment la vision de l’autre fonctionnait. Il était assez difficile de s’adapter à un changement de vision comme celui-ci, ce qui expliquait que je ne l’utilisai que très rarement lors de mes combats. Le plus difficile était de réussir à se repérer en ayant deux points de vue différents. De plus, cela revenait également à se priver d’une bonne partie de son champ de vision et de sa perspective.

Je pus ainsi me rendre compte que nous avions bien affaire avec un sanglier d’une taille impressionnante. Il semblait seul et préoccupé à se nourrir d’un chevreuil. C’était impressionnant, je commençais à être excité par cette partie de chasse. Comme Karyuudo voyait également à travers mon oeil gauche, il savait que j’étais entrain de m’approcher discrètement de la créature. Soudain, je ressentis un masse conséquente de chakra se diriger vers nous à très grande vitesse. Cela ne pouvait signifier que deux choses, soit il s’agissait d’un shinobi très rapide qui traversait cette forêt, soit il s’agissait d’un animal encore plus fort et plus rapide que le sanglier. Comme j’étais incapable de le voir avec les yeux de Karyuudo, je terminai ma technique après lui avoir indiqué un potentiel danger. Je sautai alors en arrière, j’étais trop proche du sanglier et je ne pouvais pas gérer deux danger en même temps.

La masse de chakra en approche traversa ma distance de détection en quelques secondes. Ce fut tellement impressionnant que je décidai de me reculer d’une bonne cinquantaine de mètres pour ne pas prendre trop de risque. Soudain, je vis le responsable. Il s’agissait du loup géant que j’avais repéré des mois auparavant. J’étais déjà tombé sur des loups géants, je les avais traqués puis éliminés, mais je n’avais jamais réussi à mettre la main sur leur chef de meute. Lui qui avait dû se retrouver seul après cela, je l’avais en face de moi et il était bien plus impressionnant que ses congénères. Je voulais le tuer, non, je devais le tuer.

L’arrivée du loup provoqua chez le sanglier une peur immédiate. Il pensa tout d’abord pouvoir faire le poids, en se mettant face à lui. Mais au fur et à mesure qu’il se rapprochait, l’animal comprenait qu’il n’avait aucune chance de survie. Il tenta alors de fuir, mais son gabarit l’empêchait de se mouvoir suffisament rapidement dans la forêt. Il fut ainsi rapidement rattrapé par le loup qui lui sauta à la gorge violemment. Il enfonça tout d’abord ses crocs dans le cou de l’animal et ses griffes dans sa peau pour s’accrocher. Car le sanglier n’avait pas dit son dernier mot, il était en position de faiblesse, mais il se débattait pour essayer de rester en vie.

Cela dura bien une vingtaine de secondes durant lesquelles la végétation alentour pris un sacré coup. Puis, après avoir perdu beaucoup de sang et avoir vidé ses réserves d’énergie, le sanglier s’effondra au sol. Je m’attendais alors à voir le loup se repaître de sa victime, mais il en fut tout autre. Celui-ci se tourna immédiatement dans ma direction, jetant son regard dans le mien. Il savait que j’étais là et que j’étais une menace. Instinctivement, je sautai en l’air pour m’abriter sur une branche hors de portée du canidé. Cela ne fut malheureusement pas suffisant, l’animal qui venait de me prendre pour nouvelle cible réussit à faire tomber l’arbre sur lequel je me trouvais d’un simple coup de patte.

Perdant l’équilibre, j’essayai de sauter vers un autre arbre mais l’impulsion fit craquer la branche, ce qui provoqua ma chute. Le loup, qui avait prévu ma chute, s’était positionné en dessous pour me récupérer au vol. Bien heureusement, il fut devancé par Karyuudo qui réussit à prendre mon bras gauche dans ses serres.

- Merci bien, j’aurais eu du mal à m’en sortir indemne. Bon, comment on va se charger de lui maintenant ?

- Ne réfléchis pas, humain. Laisse ton expérience et ton instinct te guider.

- Tu as raison. On est là pour s’amuser non ? On fonce dans le tas !

- Là, tu redeviens le jeune chasseur téméraire que j’ai connu !

- Et t’as pas tout vu !

À nouveau envahi par l’ivresse de la chasse, je me libérai de l’emprise de Karyuudo pour me laisser tomber dans le vide. Le loup géant, qui guettait ce moment avec impatience, se jeta sur moi. Sortant alors mon Katana, je parai un coup de patte. Le choc du coup me projeta alors contre un arbre à une dizaine de mètres. En plus d’être immense et rapide, l’animal avait une force physique qui dépassait la mienne.

Il me restait un avantage de taille sur lui, j’étais le seul à être capable d’utiliser mon chakra. Les techniques de camouflage étaient presque inutiles dans cet affrontement. Le loup était capable de sentir mon odeur et de me suivre à la trace grâce à cela et je ne pouvais la camoufler. Au mieux, je pouvais faire un camouflage visuel pour le perturber mais la dépense en chakra ne valait pas les résultats probables. Il me restait mes techniques de Taijutsu et j’avais bien l’intention de m’en servir.

Après une impulsion sur l’arbre auquel je venais d’être projeté, je me lançai en direction des pattes de l’animal pour lui trancher les tendons. Si j’étais capable de l’handicaper suffisament pour l’empêcher de bouger, le combat était gagné. Je tenais devant moi mon arme chargée de chakra. Il avait beau être fort, il allait vite comprendre que sa force physique n’était pas de poids face à mes techniques. Recommençant son attaque précédente, il redonna un violent coup de patte dans ma direction, mais cette fois j’étais, prêt à le recevoir.

C’était la troisième fois que je le voyais donner ce coup-là, je commençais à comprendre comment il fonctionnait. Par conséquent, il me fut assez facile de l’anticiper et de l’esquiver. J’échappai à ses griffes de justesse, puis, d’un coup précis, je lui découpai la patte avant de retomber sur le sol. Un long hurlement fit suite à cette blessure. L’animal n’avait absolument pas imaginé que je fus capable d’un tel exploit. Il devait désormais avoir compris qu’il ne m’était pas supérieur. Malgré cela, il n’abandonna pas pour autant, il se retourna alors rapidement pour essayer de me happer avec sa mâchoire.

Repoussant son assaut grâce à mon arme, je ne réussis néanmoins qu’à bloquer mon arme entre ses dents. Ne pouvant pas prendre le risque de la récupérer, je sautais par dessus sa tête pour atterrir sur son dos. J’avais désormais l’intention d’utiliser la même stratégie que lui contre le sanglier. Saisissant un kunaï, je le plantai dans la nuque de l’animal. Le résultat qui en découla ne fut pas celui escompté. L’arme ne se planta pas suffisament pour l’handicaper sérieusement, mais il tenta ensuite désespérément de m’éjecter de son dos. Ce fut ensuite un véritable rodéo, j’étais accroché tant bien que mal. Pour assurer ma position, je fis circuler du chakra raïton dans ma main gauche que j’enfonçai également dans le corps de l’animal.

Le chakra me permit de l’enfoncer suffisament pour me tenir convenablement, mais la douleur provoquée à l’animal le rendit fou. Il se mit alors à courir du mieux qu’il pouvait, puisqu’il lui manquait désormais une patte. Je tenais bon, mais il m’entraîna sur plusieurs centaines de mètres à travers la forêt. Tant qu’il était en mouvement, je ne pouvais rien faire, en me décrochant, je ne pouvais que le perdre puisqu’il était plus rapide que moi. J’attendis donc tant bien que mal sur son dos. Au bout d’un moment, il finit par perdre de l’énergie et ralentir sa course. J’en profitai pour retirer mon arme de sa nuque.

Je concentrai alors une grande quantité de chakra dans la lame avant de la replonger dans le corps de l’animal. Cette fois-ci, j’avais mis beaucoup plus d’énergie dans mon coup et cela se fit sentir de le résultat. L’animal poussa à nouveau un hurlement avant de faire quelques pas et de s’écrouler au sol. J’attendis alors patiemment pendant de longues secondes qu’il cesse définitivement de bouger.

Karyuudo me rejoignit rapidement après, il semblait ravi de voir que je n’étais pas blessé.

- Et bien, ce fut une proie de qualité, je ne pense pas qu’on puisse en revoir une de ce niveau avant un long moment.

- On pourrait toujours s’attaquer à des shinobis, ils sont moins prévisibles et plus intéressants !

- C’est vrai, mais le cannibalisme ne m’attire pas vraiment. Si je te proposais de chasser un aigle, tu dirais quoi ?

- Ouais, bon, tu as peut-être raison… Mais bon, on va tout d’abord profiter de ce loup puis on ira goûter le sanglier.

- Ouais, je vais le préparer.

Je me dirigeai vers la gueule de l’animal où se trouvait encore mon katana. Après l’avoir retiré, je m’en servis pour découper la peau du loup. C’était alors l’heure de la récompense tant attendue.

Après un bon festin, nous retournâmes aux côtés du sanglier abattu par le loup. Je prélevai les morceau de viande les plus intéressants de son corps que je mis dans un sac. Il n’était pas question de gâcher de la nourriture de la sorte. Une fois terminé, nous rentrâmes à Kumo, nous n’avions plus rien à faire dans cette forêt.