La journée avançait à son rythme alors qu’il s’entraînait, katana hors du fourreau à faire quelques passes avec son majordome à l’ombre du patio. Rien de bien excitant, juste quelques exercices quotidiens histoire de garder la forme. Les jours défilaient depuis son arrivée à Suna, et il avait grandement réfléchi aux questions qu’avaient directement formulé sous forme de plaintes plusieurs Sunajins. Qu’ils soient inconnus au bataillon tels que cette Ketsueki Carmilia, ou plus engagés dans la politique de leur village à l’image de Saibogu Oniri la conseillère en défense de Suna ou Kawaguchi Tsukiko, chef de son clan.

À la pensée de cette dernière, il repensa avec un sourire à sa première rencontre avec la blonde du désert qu’il avait trouvé certes mignonne mais beaucoup trop fragile. Elle avait depuis gagné en maturité et en piquant, et sa beauté était loin de s'être fanée au contraire… Une jeune femme plus qu’intéressante pour sûr. Coup d’estoc soudain, son katana alla se balader juste sous la gorge de son partenaire d’exercice. Profitant de sa surprise, il le désarma d’une pression de sa lame et se recula avant de s'incliner légèrement en guise de respect pour son adversaire et leur joute. Petite pause, le temps de se désaltérer pour lui et de ramasser son arme pour l’autre, et ils étaient repartis.

L’examen quant à lui avait déjà bien avancé et il avait pu suivre l’avancée des Genins grâce à la technologie Saibogu. La compétition s’était montrée intéressante, les Genins des différentes nations devant s’entraider et s’adapter aux difficultés physiques mais aussi mentales que leur imposaient les organisateurs. Un beau symbole. De belles choses avaient été à l’œuvre et il avait gardé malgré lui un œil plus qu'intéressé sur ce gamin du clan Kawaguchi qui lui avait dédié sa victoire. Jusqu’ici le poulain de Tsukiko s’en était sorti, restait à voir comment il gérerait l’épreuve de demain à savoir les combats dans l’arène. Il semblerait que celle-ci allait être faite de sable, aucune raison donc pour lui de rater son coup.

Cependant, il n’avait pas vu les autres membres du clan Kawaguchi briller. Une petite déception par rapport à ce qu’on lui avait vendu. Les autres villages avaient quant à eux avancé des profils intéressants issus de divers clans ninjas réputés à travers le monde qu’il avait été amusant à regarder. Mais des sujets bien plus pressants le troublaient depuis ces derniers jours : Suna. Son avenir, sa gestion, ses intrigues et son passé. Entendant soudainement de l’agitation au loin, il s’épongea rapidement à l’aide de sa serviette, revêtit son kimono à la hâte qu’il avait enlevé juste avant et rejoignit l’entrée de son domaine temporaire, précédé de son majordome et des deux gardes qui les accompagnaient jusqu’à maintenant.

« Pourrais-je savoir ce que vous faites ici ? »

.
Fit-il tout en s’avançant la main sur le pommeau de son sabre alors qu’il rejoignait la cohue qui s’était formée. Quatre ninjas arborant le bandeau Sunajins étaient entrés dans la cour et faisaient face aux gardes, l’air revêche et déterminé.

« Seigneur Daimyo, vous êtes convoqué de toute urgence par le Kazekage, nous avons été envoyés pour vous servir d’escorte jusqu’à ses quartiers, mais vos hommes ne semblent visiblement pas du même avis.
─ … Convoqué ? »

Fronçant les sourcils, Isagoji Dastan se demande s’il ne s’agissait pas d’une blague. Ces hommes faisaient irruption chez lui et le sommaient de le suivre pour être mené devant le Kazekage ? Décidément, Kioshi et ceux qui agissaient directement sous ses ordres à l’image de son second n’avaient aucune notion du respect qui lui était normalement dû.

« Et en quel honneur devrais-je vous suivre ?
─ … Cela ne regarde que vous le Rokudaime. Vos hommes resteront là. Allons-y.
─ Et si je refuse ?
─ Vous nous verrez dans l’obligation d’insister, en route. »

Un rictus se forma instantanément au coin de ses lèvres. Que … Le bonhomme véhément l’attrapa par le bras comme un vulgaire malfrat qu’il venait de coincer, mais il n’eut pas le temps de faire un pas que son poignet fut bloqué par une main ferme, puis retourné dans une clé de bras derrière son dos. Se servant du poids de son adversaire, le Daimyô le fit alors basculer d’un geste élégant mais brutal et relâcha enfin sa prise face contre sol. Les trois autres sunajins et ses propres gardes avaient tous tiré l’épée au clair. Quant au quatrième ninja toujours prostré sur le sol, celui-ci semblait comme saucissonné. Et à y regarder de plus c’était bel et bien le cas. Le membre du Kakumeigun était immobilisé par de longues lignes de caractères runiques qui l’entravaient totalement. Un sceau. Il s’était emporté mais détestait qu’on le touche ou le sous-estime de la sorte. Inspirant profondément, il ferma les yeux un instant avant de les rouvrir.

« Bien ouvrez la voie, mais mes hommes m’accompagnent. »

Petit mudra de rupture pour la fin et le sceau se dissipa alors que le Daimyô en colère partait déjà pour la tente de ce clown. Pour qui se prenait-il ? Tôt ou tard, il allait lui apprendre le respect.

Spoiler:

« Kazekage. »

Rentrant à la suite des hommes du Rokudaime, le Daimyô salua sèchement le chef shinobi qui s’excusa rapidement du comportement de ses hommes avant de décider d’aller les rabrouer dehors. Hmmm … une question demeurait : cinéma ? La chose aurait été beaucoup trop surjouée de la part d’un shinobi de métier si Kioshi faisait bel et bien exprès …

Ne pipant mot alors que le Kazekage revenait l’air de rien comme s’il n’avait pas dramatiquement enguirlandé ses subordonnés à un mètre de lui, le Seigneur de Kaze s’assit avec Kioshi et écouta ce qu’il avait à dire.

« Oui j’avais en effet cru lire sur l’un des très nombreux prospectus éparpillés dans tout Suna à la portée de chaque ninja étranger présent, que Kawaguchi Tsukiko avait été kidnappée par un groupuscule juste avant d’accuser d’assassinat la conseillère en défense et votre propre amourette chef du Kakumeigun… »

Petite pause pour le dramatisme. Cette affaire ne l’arrangeait pas. Il aurait préféré même qu’elle n’ait jamais existé ou du moins qu’elle n’ait pas mêlé la conseillère en défense qu’il avait cru bon de considérer de son côté.

« Dites-moi Kazekage. Est-ce pour me protéger de vos propres ninjas que vous souhaitez me placer sous protection ? Ne voyez-vous pas la faille de logique dans votre plan ? Une nouvelle intrigue éclate dans vos rangs, ciblant les grandes pontes de ce village, et vous pensez que je serai d’avantage en sécurité encerclé de traîtres que de mes hommes dont la fidélité n’est plus à prouver ? Qui comptez-vous dépêcher à ma protection ? Le Kakumeigun accusé de conspiration ? Si ma santé vous intéresse tant, ne vous en faites pas pour j’ai de quoi assurer ma propre sécurité. »

Profonde inspiration comme s’il avait été exaspéré avant d’arquer un sourcil sceptique.

« Quant au danger ancestral ... pourriez-vous éviter de parler par énigme alors qu’il s’agit de la sécurité de mon peuple ? »

Trop de secrets. Comme d’habitude. Les secrets, les mensonges, les trahisons et les non-dits régnaient en maîtres ici. Bienvenue à Suna. Son village caché…

« Ichibi ? … Ichibi est une légende... Êtes-vous sûr de vous ? Ce pourrait être une ruse, une illusion, que sais-je. Où se trouve-t-il ? S’il s’agit véritablement d’Ichibi, vous ne comptez tout de même pas vous barricader à Suna alors que bien qu’une bonne partie du désert soit inhabitée, il pourrait s’en prendre à tout civil qu’il croiserait sur sa route ! Imaginez qu’il atteigne un village, une ville du Pays du Vent ! »

Sa voix s’était faite forte, puissante. Déjà légèrement énervé, le Daimyô avait été sceptique lorsque le Kazekage avait parlé d’étoffer sa garde avec des sunajins, soulignant l’inefficacité de ses propres gardes. En même temps, bien que vigilants, ils n’avaient en effet pas pensé qu’un membre du Kakumeigun lèverait la main sur lui. Et de toute façon, ses gardes le savaient aussi compétent qu’eux.

« Pensez-vous que la bête agit de sa propre initiative ? Ou que quelqu’un derrière tirerait les ficelles ? »

Deux questions s’étaient posées : celle-ci, qu’il avait énoncé à voix haute, et une autre : figurait-il sur la liste des suspects ? Kioshi ne l’avait après tout sûrement pas convoqué seulement pour lui annoncer que des sunajins le protégeraient. Un représentant aurait pu s’en charger…

« Quant à votre protection, soit, mais mes soldats continueront à constituer ma garde rapprochée. Mais pour vos obligations Kazekage, vous avez fait une légère erreur. En tant que Kazekage, votre devoir est bien de me protéger et de protéger notre pays, mais il est avant tout de suivre mes directives. Et en aucun cas de décider du sort de Kaze no Kuni par vos seules actions … »

On abordait enfin la question de Suna et de son autonomie en devenir. Cependant, sa décision n’avait pas été prise encore. Ses paroles avaient fusé, mais il était encore temps d’éviter tout débat, qu’ils en restent avec ce rappel à l’ordre. Mais …

« Je suppose que ce sera tout ? S’il s’agit bel et bien du démon, vous avez fort à faire pour l’arrêter tout en continuant à surveiller les ninjas des autres nations présents à Suna … Il faudrait éviter un quelconque mouvement de panique qui nuirait à la sécurité mais également aux relations diplomatiques avec les autres pays. »