« Saibogu Oniri, Conseillère en défense de Suna.
─ Oui oui faites la entrer. »

Bien sûr qu’il savait qui il recevait aujourd’hui, la jeune femme qui était par ailleurs Conseillère de Suna – et la seule … - avait envoyé une requête pour s’entretenir avec lui quelques heures auparavant, il n’y avait donc pas à l’annoncer de manière si formelle. Assis à son bureau, le Seigneur du Vent s’y enfonça quelque peu, posant ses coudes sur ses accoudoirs et joignant les mains alors en pleine réflexion.

« Enchanté Conseillère Saibogu, je ne pense pas que nous ayons déjà eu l’occasion de nous rencontrer. Mais prenez donc place je vous en prie, vous serez plus à l’aise pour me conter la raison de votre venue. »

Petit signe de la main, il l’invita à s’asseoir alors que les deux gardes à l’entrée refermaient les portes. La kunoichi se trouvait juste en face de lui et même s’il ne la connaissait pas, il se savait en sécurité ici dans cette pièce, peu importe le danger qu'elle pouvait représenter.

Mais bon, sa paranoïa ne servait à rien, si véritablement elle avait été envoyée ici pour le tuer, se présenter de la sorte aurait été pour elle tout sauf judicieux. Se tournant vers son majordome, il lui demanda donc d’aller chercher un rafraîchissement pour son invitée.

« J’admets être quelque peu curieux de votre présence ici. Les autres grandes pontes de Suna n’ont elles pourtant pas donné signe de vie. Rien de la part du Kazekage, quant à son second rencontré aux portes, il s’est révélé quelque peu … »

Immature ? Déplacé ? Irrespectueux ? Comique ? Étrange ?

« Spécial. »

Autrement dit qu’il semblait avoir totalement oublié qui était au dessus de qui dans la hiérarchie à l’image de sa vision des sunajins dans leur ensemble et de la mentalité du village militaire qui était censé œuvrer pour son pays et donc pour lui.

Spoiler:

Les jours défilaient inexorablement et emmenaient avec eux d’irréversibles changements. Mais ce n'était pas assez. Beaucoup de choses n'allaient pas dans la bonne direction et tout ne se déroulait exactement comme prévu. C'était pourquoi j'avais décidé de prendre cette initiative en allant personnellement à la rencontre du Daimyo, présent en cette occasion spécial qu'était l'examen international Chuunin. Vêtu humblement d'une tenue propre aux habitants du désert j'avais cette fois encore laissé mes armes de côté bien que cela me mettait particulièrement mal à l'aise. Je n'aimais pas me balader où que ce soit sans mes pistolets, cela me donnait la sensation d'être à la merci de tous.

Malheureusement l'expérience m'apprenait peu à peu que la politique ne rimait pas avec arme à feu. Lorsqu'on m'y autorisa j'entrai finalement dans le bureau d'Isagoji Dastan, un souverain réputé pour avoir à cœur les intérêts de sa nation. Il s'agissait du genre d'individu dont j'avais besoin. Arrivé devant lui j'attendis qu'il m'invite à m'asseoir. Avant cela je m'inclinai afin de le saluer avec tout le respect du à son rang.

-Mes hommages mon Seigneur. C'est un honneur pour moi de vous rencontrer. J'ose espérer que votre voyage jusqu'à Suna s'est bien passé.

Une fois assise, j'écoutai attentivement chacun de ses mots et ces derniers manquèrent de me faire crisser des dents. Une fois encore Kibô et Kioshi faisaient étalage de leur incompétences couplés à ce manque de savoir être inhérent à chacun. Nous étions biens loin de ce que Zanshi avait rêvé d'instaurer il y a un an de cela.

-Il s'agit précisément de ce sujet que je souhaite aborder avec vous mon Seigneur. Car c'est bien en tant que Conseillère que je me présente à vous aujourd'hui. Il y a plus d'un an de cela, notre Godaime a été assassiné en laissant à Suna deux héritages. Le premier étant cette fameuse démocratie. L'autre étant le Conseil, chargé de veiller à encadrer et restreinte les pouvoirs des Kazekage à venir afin d'éviter que des tragédies comme Araakoa Aare, Kyoshi Rei ou encore Meteora anciennement Raiu no Kenji ne se renouvel.

A mon sens il était important de restituer les faits. De savoir pourquoi ce système avait été mit en place et ce dans quel but. Après quoi il ne me restait plus qu'à présenter ses défauts.

-Mais comme vous avez pu malheureusement le constater, tout ne s'est passé comme prévu. Le village à eu beaucoup de mal à redresser la pante suite aux nombreux attentats perpétrés durant l'année passée. De son côté le Conseil à perdu de son intérêt, moi-même n'étant que l'unique représentante actuellement. A partir de là j'accuse Yamada Kioshi, l'actuel Rodukaime Kazekage de manquement à son devoir.

Étais-je en train de trahir Kioshi ? Non, bien au contraire, je lui rendais le plus grand des services qui soit, à lui, ainsi qu'à toute notre nation.

-Ses actes irréfléchies ainsi que son manque de recul quant à la situation géopolitique ont profondément entaché la réputation de Suna à l'égard de certaine nation. Je fais notamment référence à un récent entretien avec l'Ombre de la Foudre ou le Yamada à abusé de son statue afin de résoudre une affaire personnel qui aurait très bien pu se solder par un conflit direct avec Kumo.

Et ce n'était que le début. Après être mon Kazekage il était également mon ami. Je le connaissais et je savais qu'il ne s’arrêterait pas là. Peut-être aurait-il été possible de le raisonner, de lui apprendre à se responsabilité, hors c'était maintenant que nous avions besoin d'un véritable dirigeant.

-En tant qu'unique conseillère il m'est cependant impossible d'influer sur les décisions du Rokudaime, c'est pour cette raison que je requière votre intervention dans cette affaire.

Les jours se succédaient, souvent similaire, parfois identiques, mais aujourd'hui Suna devait évoluer et entrer dans une nouvelle ère comme cela avait été initialement prévu.

-Depuis trop longtemps Suna s'est détourné de son objectif d'origine consistant à protéger Kaze des menaces extérieurs. La faute à des Kazekage égocentriques se permettant même d'agir sans votre consentement. Je pense qu'il est désormais temps de changer cela. Suna a besoin d'une hiérarchie directement lié à capital et donc à vous.

Cela allait-il fonctionner ? Ou passerais-je pour une incompétente, nécessitant l'aide d'autrui pour encadrer les déboires d'un chef immatures et capricieux ?

-A mon sens le titre de Kazekage n'a plus de sens, en témoigne le nombre de passation durant cette dernière décennie. La présence d'un gouverneur placé directement sous vos ordres à la tête du village pourrait être à mon sens une option envisageable. Quant au Conseil, ce dernier devrait se limiter conseiller et assister le gouverneur, dans la gestion interne du village. Quoi qu'il en fut... Ce sera à vous de prendre la décision final. Suna est resté trop longtemps dissocié de sa Nation alors que la Nation est la raison d'être de Suna.

J'espérai m'être suffisamment bien fait comprendre. Si j'avais été élu Conseillère à la Défense, ce n'était guère pour mon adresse à manier les mots. Néanmoins si je parvenais à faire passer cette idée, alors peut-être pourrions-nous enfin espérer voir une nation uni et un village fort qui correspondrait à ma vision des choses.

-Quelle que soit votre décision mon Seigneur sachez que je me tiendrais à votre service. A mes yeux l'avenir de Kaze importe plus que tout le reste...

Sa réponse se faisait attendre alors qu’il s’était enfoncé dans un silence pesant, réfléchissant au dilemme auquel la conseillère l’avait confronté.

« Je suis malheureusement au courant de certains points. Les ninjas de Suna étant avant tout censés m’être loyaux, certains me font encore parvenir l'entièreté de leurs informations … Mais ce n’est pas la même chose que se l’entendre dire par la seule conseillère existante... »

Passant une main au-dessus de la tasse de thé fumante que son majordome venait de servir, le Daimyo s’en saisit avant d’en boire une gorgée, attendant que le liquide brûlant agisse comme un stimulus pour le sortir de ses pensées.

« Je suis en tout cas on-ne-peut-plus surpris de voir qu’une personne avec une telle responsabilité à Suna agisse non pas pour son village militaire mais bel et bien pour sa nation en cette époque tendue. Soyons honnêtes, j’en suis même agréablement surpris. J’avais peur que l’ensemble des autorités n’aient été détournées de leur véritable allégeance. »

Mais après tout cela pouvait néanmoins être un piège, une tentative de manipulation de la conseillère dont l’avis pouvait diverger de Kioshi. Des intentions totalement louables ? Il n’en était pas sûr.

« Vous me demandez d’asseoir ma main mise à Suna, étant en toute logique le véritable dirigeant. Mais je ne peux me résoudre à cela. Bon nombre de shinobis verraient cela comme un coup d’état qui pourtant n’en serait pas un. Les mœurs et les mentalités ont changé. Si je venais à remplacer Kioshi, qui me dit que le clan Yamada resterait de marbre alors que leur dirigeant a été humilié par le Daimyo en personne ? De même pour Kioshi lui-même ou ses partisans. Un renvoi basé sur si peu de motifs ne créerait qu’une instabilité politique encore plus grande qu’avant au sein même de Kaze. Un coup de poker dont je ne ressortirais pas nécessairement victorieux. Mais … si je devais bel et bien en arriver à une telle extrémité. Il me faudrait être sûr de l’allégeance de ceux qui me suivent … et en connaître l’identité et le nombre. »

. Finissant le thé d’une traite, il reposa la tasse bruyamment sur la table.

« Conseillère. J'aurais du travail à vous proposer. Accepteriez-vous d’identifier les sympathisants de l’ordre installé à Suna, de définir les risques et les conséquences en cas de remaniement politique forcé et bien évidemment de surveiller les décisions prises par le Rokudaime Kazekage ? Une sorte de mission d’espionnage au sein même de votre village. Vous pourriez commencer par tâter le terrain auprès d’une certain Ketsueki Carmilia qui m’a accueilli hier matin aux portes et qui semble être tout comme vous des plus sceptiques. »

. Déliant ses mains, le Seigneur du Pays du Vent pointa son index vers le haut, l’extrémité de son doigt s’illuminant alors d’une lueur violette.

« Dans tous les cas, même si vous refusez, je compte sur votre discrétion. Et votre seule parole ne me suffirait pas. »

Certaines informations ne devaient pas quitter la pièce et il comptait s’en assurer. Il émettait encore certains doutes envers la Saibogu et ne pouvait risquer de se faire accuser de vouloir renvoyer le Kazekage là où il hésitait encore à prendre une décision et ne souhaitait que tâter le terrain.

Sa réaction était quelque peu inattendue, bien qu'elle aurait aisément put être anticipée. Le Daimyo ne souhaitait prendre aucun risque pouvant concéder à d'éventuels débordements inhérent à cette reprise de pouvoir. Pourtant je ne l'aurai jamais imaginé aussi hésitant dans ses propos. Il allait jusqu'à donner l'impression d'avoir peur des Shinobi de Suna, de façon arbitraire qui plus est. Craindre Kioshi et les Yamada ? Ne connaissait-il pas son Kage ainsi que la philosophie d'un des plus anciens clans de Kaze. Ces nomades ne continuaient-ils pas de parcourir le pays à l'heure actuelle ?

-Sauf votre mon respect mon Seigneur. J'imagine que vous avez déjà du parcourir le dossier psychologique du Kazekage. Sa conception des choses allant à l'encontre de toutes formes de rébellions à l'image du clan Yamada qui se veut d'origine pacifiste. Vous n'aurez jamais à craindre une quelconque rebellions de leur part ni même de ces quelques partisans s'il puit vraiment en posséder.

J'avais l'avantage de vraiment bien connaître Kioshi. Sa personnalité et ses réactions étaient prévisibles parce qu'ils possédaient leur propre logique. Hors, mis à part un terrible sentiment de frustration, il ne ressortirai rien de lui. Pas de révolte, pas de coup d'état. Peut-être irait-il jusqu'à quitter Suna pour rejoindre ce désert qu'il aimait temps. Et encore, cela était peu probable. Au fond je savais que le destituer de la charge de Kazekage était la meilleur chose qui puis lui en arriver. Lui-même le savait inconsciemment.

-Un changement opéré en douceur passerait sans difficulté. Car nul n'ignore que vous êtes le véritable dépositaire de Suna. Un Daimyo cherchant à s'impliquer dans la gestion de son village caché afin de s'assurer de la protection de sa nation demeure dans l'ordre naturel de ce qui a toujours été prévu.

Ce n'était certainement pas les Saibogu individualiste, les Ketsueki en trop faible nombres, les Kawaguchi conservateur, la Confrérie soumise et les Akuzu et Yamada trop peu impliqué dans la politique qui viendraient à tenter quoique ce soit pour empêcher se remaniement. Néanmoins la décision du Souverain du Désert semblait prise, ce qui quelque part était une déception. Faudrait-il attendre que Suna commette l'irréparable avant que des mesures soient prises ?

-Néanmoins si vous estimer qu'il est nécessaire d'analyser la situation en détail, il en sera fait selon vos ordres mon Seigneur.

Suite à quoi il me confia pour tache d'identifier ses partisans au sein du village, tout en continuant de surveiller les agissements du Yamada, ce qui ne serait malheureusement pas possible. Mon temps en tant que Saibogu Oniri à Suna était limité. Bientôt il ne me serait plus possible d'agir sur le village en bénéficiant des mêmes pouvoirs ainsi que de la même influence. L'homme en face de moi n'en savait rien. Et je comptais à ce qu'il en reste ainsi jusqu'au dénouement final.

-Il n'a jamais été question de refuser. Tout à déjà été dit. Je vous suivrais jusqu'au bout.

Son index venait de s'illuminer d'une étrange lueur violâtre. Je me mis instinctivement sur mes gardes. Je n'avais jamais entendu dire que le Daimyo de Kaze pratiquait les arts Shinobi, ni même qu'il soit en mesure d'utiliser ces quelques formes de pouvoir. Finalement j'en vain à regretter de ne ma pas avoir apporté mes armes avec-moi. Que s'apprêtait-il à faire ?

Résumé:

« Et pourtant … Aucune rébellion vous me dites ? Kioshi s’est montré plus qu’autonome ces derniers temps et de par sa relation avec la chef du Kakumeigun et son ancienne affiliation à cette unité, le fait que celle-ci lui soit loyale n’est pas à écarter. Il leur serait tellement simple de me discréditer une bonne fois pour toute ou d’incomber une quelconque mésaventure sur le dos de mercenaires ou d’autres pays. »

Poussant un soupir, l’index toujours prêt, il la vit se crisper et s’en amusa presque.

« Rassurez-vous, il ne s’agit que d’un sceau qui vous empêchera de ne serait-ce qu’envisager la possibilité de révéler les termes de votre mission qui me discréditerait aux yeux de beaucoup. »

Tendant son autre main comme pour lui demander d’y déposer son poignet, il attendit que ce soit chose faite et y insuffla l’impulsion chakratique. Son chakra forma quelques courbes faisant penser à un soleil sur la peau de la Saibogu, avant que les différents rayons ne s’agitent et viennent remonter son bras et son cou pour se loger enfin sur sa langue. Processus indolore bien sûr, qu’il avait mis un petit moment à perfectionner et dont tous ses gardes étaient atteints afin de protéger ses secrets et s’assurer de leur dévouement le plus total.

« Vous l’aurez compris, il y a certaines choses qui ne sont pas connues du grand public. Je n’ai à vrai dire pas spécialement peur pour ma propre personne et ne suis pas le Daimyo faiblard et facile à tuer que certains comme la Ketsueki qui m’a guidé ce matin s’imaginent. Que voulez-vous. Suna n’a pas toujours existé et les multiples traîtrises ont prouvé que les shinobi n’étaient pas tous dignes de confiance. »

Soupirant à nouveau, il la salua de la tête pour son temps et son dévouement.

« Je vous remercie en tout cas de votre dévouement envers votre pays. Et espère que votre rapport parviendra à calmer ma méfiance vis-à-vis de mes propres ninjas. À voir maintenant si Kioshi m’invitera sous peu et s’il attendra ma participation et mon avis pour voir les autres dirigeants ninjas qui ont été convié pour cet examen. Un test pour savoir s’il considère Suna comme réellement autonome en quelque sorte … »

Se levant, il lui tendit la main afin de la remercier de cette entrevue. Ne restait qu’à voir comment les choses allaient évoluer. Avait-il à nouveau choisit le mauvais Kage ?

Spoiler: