Je marchais le long du boulevard, ce boulevard était utilisé par de nombreux marchands. Quelques jours avant l'examen, ils avaient tous déjà préparés de quoi accueillir les autres nations. Plus qu'un intérêt financier, ils espéraient sûrement partager notre culture. C'était une bonne chose, cela dit après avoir quelques prix je pus voir que ceux-ci étaient assez élevés. À Suna on avait le sens des affaires apparemment. Je me rappelais que j'avais acheté un piano d'occasion il y a plus d'un an, je n'en avais plus besoin car j'avais déménagé pour avoir mon appartement. « Mon » était pas tout à fait exact car c'était plutôt un présent de Yami, elle me l'avait offert ; Ce bien immobilier avait été premièrement possédé par Akuzu Shinji qui lui l'avait transmis à ma sœur suite à sa mort. De temps en temps, la dirigeante du Kakumeigun venait pour me rendre visite et passer quelques instants. C'était un peu comme une demeure familiale.

Alors que je continuais ma marche, je vis au loin Ema. J'écarquillai les yeux à la vue de la Kunoïchi, ça faisait bien un moment que je ne l'avais pas aperçu. Elle se trouvait être une partenaire du Midorhato, je m'étais entraîné de nombreuses fois avec elle pour augmenter ses capacités. On était parvenu à la rendre plus forte, extérieurement du moins. Puis une amitié était née entre-nous, cette fille était très gentille avec moi. Ses paroles, je les prenais avec sérieux et j'appréciais sa compagnie-.. Sauf que ça faisait un moment déjà que je ne l'avais pas contacté, plutôt honteux de ma part.

Après Yuki no Kuni, je n'avais même pas daigné lui rendre visite. J'avais essayé d'être à ses côtés dans cette dure épreuve et pourtant, ça n'avait pas été suffisant. Je m'approchai peu à peu d'elle pour finalement arriver à ses côtés. Elle était en train d'examiner l'étal d'un vieil homme, comme si rien n'était je pris la parole avec un petit sourire en coin.

« Il y a de beaux produits à vendre. »

J'avais attiré son attention aussitôt. Aujourd'hui j'étais vêtu plutôt simplement, un Kimono noir avec un tissu gris en dessous de celui-ci recouvrant mon corps, mon arme elle, était toujours à mes côtés. Je me tournai face à elle pour planter mon regard dans le sien. Quelques remords, des regrets, oui je n'avais pas agi comme il le fallait. J'étais même allé à l'encontre de mes propres règles, je n'étais pas excusable. En même temps, tout était allé si vite après Yuki no Kuni. Le Kakumeigun me prenait beaucoup de temps, le travail n'était pas très facile à aborder. Sans oublier Chura, le démon qui avait réussi à s'introduire en mon corps. J'avais eu beaucoup de mal à m'adapter à sa présence et il me faisait perdre la tête, les semaines étaient passées et j'avais même pris des distances avec Yami. Ne voulant blesser personne du village, je me devais d'être distant. Je plaçai la main gauche sur ma tête.

« Comment ça va Ema ? Ça fait un moment, je suis navré j'ai eu beaucoup de travail.. Le Kakumeigun tu sais ? Et aussi quelques soucis personnels.. Et aussi ma nouvelle équipe. Et.. ce ne sont pas des excuses n'est-ce pas ? »

Dis-je en me grattant le haut de ma tête avec un air perplexe. Je l'étais, j'avais beau avoir des amis maintenant que je ne savais toujours pas comment agir avec eux. Je pouvais être maladroit, je pouvais être trop honnête, voir même méchant. C'était de ma faute, en tant qu'homme d'honneur je ne pouvais la reporter sur qui que ce soit. J'abaissai alors légèrement mon torse après avoir placé mes bras le long de mon corps. Plus qu'un signe de salutation, ça pouvait aussi signifier des excuses avec respect. Je me redressai tout aussi lentement pour esquisser un sourire à la damoiselle. Je ne savais pas comment aborder un autre sujet, c'était bien trop difficile pour moi. D'autant plus que je n'avais aucune idée sur la façon dont allait réagir mon interlocutrice.

Mais ici ce n'était sûrement pas l'endroit le plus propice à une discussion. Le marché était bondé et le bruit pouvait être dérangeant.

«  Si tu n'es pas occupée, allons autre part. »

J'esquissai un sourire à mon interlocutrice, elle me disait aller bien. Cela pouvait être vérité comme mensonge, j'avais déjà entendu ces mêmes mots et pourtant ils ne prouvaient pas réellement l'état de la personne. Enfin, pour ma part je n'avais sûrement pas à douter d'Ema. Je m'étais excusé comme je devais le faire. J'avais du mal à faire ce genre de chose, seulement avec mes amis je ne pouvais pas faire autrement. J'étais lié avec elle de deux façons, notre affiliation au Midorhato et notre amitié. Ces deux liens m'imposaient de la respecter et en conséquence, d'agir comme un homme de valeurs et assumer mes erreurs. Pour répondre à sa question, je répondis seulement d'un signe de la tête. J'étais plutôt en bonne santé, mon démon avait de plus en plus de mal à se manifester, mon travail au Kakumeigun se portait bien aussi, le seul véritable problème résidait en l'attitude récente de Yami.

Notre carrière passait avant tout, c'était une chose presque vraie ; J'apportai beaucoup d'importance à mon métier de Shinobi. Je ne souhaitais pas rester le petit Ogami mais devenir quelqu'un d’important au sein du village, je ne voulais me content de mon grade et de mon affiliation au Kakumeigun. Je voulais accomplir pour celui-ci, des actes exemplaires. Mon objectif final était bien sûr d'apporter une paix totale à notre village. Un objectif difficilement atteignable avec les conflits actuels en ce monde. J'avais vu les tensions entre village, j'avais pris part à la réunion entre le Rokudaime et le Raikage. C'était palpable, j'avais ressenti une animosité dans les paroles du dirigeant de Kumo. Cette réunion s'était finie par une tête coupée, un ancien ennemi à Yamada Kioshi avait été tué selon le bon vouloir du fils de la Foudre. Enfin, tout ça pour dire que tant que les villages ne sauraient être d'accord, une paix serait impossible.

Les humains étant les pires espèces, j'avais du mal à imaginer qu'on s'entende un jour sur une façon de procéder. Je décidai tout de même de répondre à Ema.

« En effet mais ce n'est pourtant pas excusable. En tant que partenaire, j'aurais dû te donner des nouvelles. »

Je marquai une pause avant d'afficher à nouveau un sourire. Je reprenais alors mon air sérieux pour marcher à ses côtés le long du boulevard pour quitter la foule. Je lui montrai alors du doigt un banc à l'ombre où nous pouvions nous asseoir. Une fois que nous étions installés, elle prit à nouveau la parole en parlant des prix. Comme je le pensais, ils avaient profité de cette vague de Shinobi pour réussir à gagner d'autant plus. Après les trahisons de Suna, causant la peur en l'enceinte même du village, ils souhaitaient sûrement corriger le tir. Mon interlocutrice me parla alors de ma promotion, celle du Kakumeigun ou bien en tant que Chûnin ? Je considérai ces deux choses comme des promotions alors j'avais du mal à la suivre.

«  Merci, je n'ai fait que m'entraîner encore et encore et suivre les enseignements pour obtenir tout ça. Un jour ça sera ton tour, tu continues toujours à t'entraîner j’espère ? »

J'écoutai alors ensuite sa prochaine question à savoir, ce que je pouvais bien faire maintenant. J'étais bien occupé, heureusement. Je ne sais pas si toutes ces charges pouvaient m'aider à devenir plus fort mais en tout cas je les accomplissais avec sérieux.

«  Je suis souvent au Kakumeigun pour accomplir mon devoir, quelques enquêtes me prennent du temps mais je m'en sors. J'ai aussi pris une équipe à ma charge, je l'ai nommé Yunitto et est composée de trois genins. Peut-être que tu les connais, Yamada Asuka, Saibogu Takanashi et la dernière, une marionnettiste nommée Chikamatsu Ruri. Je ne suis sûrement pas le plus pédagogue mais j’espère pouvoir transmettre à mon tour ce que j'ai appris de notre maître. Lorsque j'ai un peu de temps pour moi, je ne fais que m'entraîner n'ayant pas de réels loisirs. Ma passion reste toujours le fait d'être Shinobi, alors mon temps lui est consacrée. »

J'avais essayé de résumer ce qu'il s'était passé dernièrement dans ma vie. Je passais les chapitres délicats pour le moment.

«  Et toi ? »

Dis-je simplement pour entendre à mon tour sa réponse.

J'avais évolué depuis la dernière fois disait-elle, intérieurement j'étais plutôt satisfait de mon parcours. Un parcours dont j'étais loin d'être au bout, j'avais encore du chemin à faire pour réussir. Ema était fière de moi, son sourire traduisait sa bienveillance et sa gentillesse. Je n'avais jamais connu à ce jour une fille plus aimable. Nous étions différent, si différent, d'un côté j'étais avec mon sérieux alors qu'elle, elle affichait toujours une mine radieuse. C'était une bonne chose qu'elle soit une de mes amies. Non seulement elle pouvait apporter de la joie mais aussi car je pouvais la protéger de ce fait. Je le pensais réellement, un tel caractère se ferait utiliser à mon avis, dans le futur des personnes profiteront d'elle ; Étant plus méfiant, plus direct je pouvais donc l'aider à écarter ces personnes.

J'étais loin de la considérer comme faible, elle ne l'était tout simplement pas. Malheureusement, nous les humains, sommes la pire espèce sur cette terre. Nous détruisons tout autour de nous, brisons des liens, brisons des familles, brisons la nature-.. J'en passais. Des personnes mal intentionnées pouvaient donc utiliser mon interlocutrice, si j'avais été absent, je ne voulais plus l'être pour remplir correctement mon rôle d'ami.

Je rappelais de nos entraînements, j'étais assez dur avec elle. Je n'hésitais pas à infliger des dégâts physiques pour la former, j'avais seulement un peu d'avance sur elle, rien d'énorme. Ce peu d'avance, j'avais essayé de l'éliminer et de tout transmettre à Ema. J'y étais arrivé à mon humble avis, elle était devenue plus forte et pouvait penser à monter dans la hiérarchie. Elle me disait s'entraîner toujours autant, c'était une bonne nouvelle. La Kunoïchi m'apprenait alors aussi s'être entraînée aux côtés du Rokudaime Kazekage, intéressant-... Je m'y étais aussi essayé, son Genjustu était à mon sens insupportable. Une « presque » phobie était née suite à notre affrontement, j'avais découvert ma plus grosse faiblesse : Le Genjustsu. Je n'étais pas capable d'y palier, n'étant pas un expert en Fuînjutsu par exemple.

Ce que j'appris par la suite ne m'étonna guère, elle allait participer à l'examen Chûnin. Je lui souhaitais de réussir, je n'avais même aucun doute quant à sa réussite. Pour ma part, je n'avais pas eu à faire un examen Chûnin mais se confronter aux autres nations est un privilège. Si je n'y participais pas en tant que genin, j'y participais en tant qu'examinateur. J'étais convié à être un « obstacle » pour un groupe précis. J'avais accepté avec plaisir, je ne pouvais rater l'occasion d'être face aux autres villages. Je n'avais que très peu lu des livres sur les stratégies, j’espérais que ceux-ci contiennent des informations pertinentes pour la Zenzaburô.

«  Bien, fais de ton mieux pour l'examen Chûnin. Fais nous honneur, tu peux le faire. » Dis-je en la regardant avec un air bien sérieux.

Elle représentait notre maître, notre équipe. Un certain poids se trouvait être sur ses épaules et elle devait donc réussir et nous rapporter le grade Chûnin.

Ema était gênée et ne savait par où commencer du fait que notre dernière discussion remontait à un moment déjà. Je l'observais d'un air perplexe, elle avait peut-être du mal et c'était quelque chose de normal ? Je n'en avais aucune idée pour être honnête, je n'arrivais pas toujours à comprendre les autres.

«  Tu ne fais pas partie des personnes étant aptes à m'embêter Ema, tu peux me dire tout ce que tu veux ; Je ne sais pas si je peux t'être d'une grande aide mais nous pouvons essayer tout de même, alors parle. »

Une partenaire, une amie, si certaines personnes avaient le don de m'énerver en une fraction de seconde, elle était loin d'y parvenir. Si elle avait besoin de se confier, j'étais là pour l'écouter. Remplissais-je correctement le rôle d'ami ?

Sans l'once d'une hésitation, je lui avais dit qu'elle pouvait se confier à moi pleinement. Elle en avait besoin ? C'était alors normal de le faire, je pouvais être à sa disposition pour l'aider à régler ses problèmes. Il était bien plus facile pour moi de l'aider dans le domaine Shinobi, arrêter une personne, lui apprendre des techniques, lui donner des conseils, l'entraîner à la façon du Kakumeigun-.. Mais vu la tournure de la discussion, je doutais fortement que ça soit à ma portée. Son air gêné, ses joues légèrement rosées me laissait penser à quelque chose de bien plus personnel, en avait-elle honte ? Peut-être avait-elle juste des difficultés à parler avec moi ? Je n'y comprenais pas grand chose pour être honnête. Avec attention et mon air sérieux avoisinant un air « froid », je la fixai en attente de ses paroles.

Ma partenaire s'était rendue au domicile de notre maître, après avoir vu du mouvement à l'intérieur. C'était après notre voyage, le voyage qui nous avait coûté à tous les deux. Notre relation s'était détériorée, ça m'avait déplu fortement. Sans compter cette friction entre nous deux, j'avais tout de même découvert le monde, j'avais beaucoup voyagé. Mes rencontres les plus marquantes se trouvaient être avec un ancien Kazekage et un dirigeant d'organisation mondialement connue. Je n'avais pu gérer aucune de celles-ci. Finalement, le mouvement à l'intérieur n'était personne d'autre que le propriétaire de la demeure : Kibo. C'était même le jour de son retour, j’acquiesçai d'un signe de la tête. Elle avait passé la journée à ses côtés, peut-être s'était-il excusé pour l'avoir laissé toute seule lui aussi ? Je n'en savais rien.

Mon interlocutrice rentra dans les détails, elle avait aussi passé la soirée chez lui et avec l'alcool notamment, elle me disait avoir embrassée Kibo. J'écarquillai les yeux changeant même de position, j'observai avec interrogation Ema. Son regard à elle était fixé au sol, elle ne voulait plus croiser le mien. Je troquai mon air surpris pour une mine plus sérieuse, réfléchissant aux conséquences de cette action. J'avais rencontré des personnes ne souhaitant que passer une bonne soirée avec des femmes, mon maître pouvait être l'une d'elles -ou pas- alors je n'imaginais rien de sérieux-.. Jusqu'à que j'entendis Ema dire être amoureuse.

Je posai mon regard au sol, à mon tour. J'avais du mal à imaginer notre équipe après ça, pouvait-elle continuer à fonctionner ? Et puis, être amoureux ? Qu'est-ce que ça pouvait apporter à notre jeune âge mis à part de l'encombrement. Je n'y comprenais rien, vraiment rien. Pourquoi être déranger par des futilités-.. J'avais beau avoir un avis tranchant sur le sujet, je n'étais personne pour juger les autres. Je ne voyais aucun intérêt à être amoureux, voilà pourquoi je ne m'y aventurai pas. Ma ligne de conduite n'étant pas celle des autres, je me devais de respecter ma partenaire. Je posai ma main droite sur l'épaule gauche à Ema en esquissant un sourire.

«  Tu n'as pas à te mettre dans cet état pour me parler, tu peux le faire sans crainte, tu le sais ? »

Je marquai une pause de quelques secondes, prêt à donner mon avis honnêtement sur le sujet. Si moi je l'étais, l'était-elle ? Je n'appréciais guère tourner autour du pot. Je préférai de loin, les conversations honnêtes, franches.

« Cela dit, je me permets de ton donner mon avis sur la situation. Il est ton maître, tu es son élève... Peux-tu me garantir que ce nouveau lien ne va pas entacher votre collaboration ? J'en doute sincèrement. Je ne suis pas le mieux placé pour t'aider, j'ai un avis assez différent sur ce genre de situation. »

Elle avait des objectifs, elle souhaitait devenir forte ; Pour atteindre ces objectifs, il ne fallait pas avoir l'esprit dérangé par quoi que ce soit. Avoir des amis pouvaient déjà nous causer du tort alors d'après ce que j'avais lu, entretenir une relation amoureuse conduisait à bien plus de problèmes.

«  J'ai des objectifs et je suis jeune, je n'ai actuellement pas besoin d'être encombré par une femme. Je n'ai jamais été amoureux mais d'après ce que j'ai lu, d'après ce que j'ai entendu, ça peut être destructeur. Je ne souhaite pas être dérangé en mission, je ne souhaite pas prendre une mauvaise décision à cause de ces émotions. »

Avoir des amis, c'était déjà bien trop à mes yeux et ceci se présentait comme une toute autre relation, plus importante ? Si je lui avais fait par de mes idées, c'était pour qu'elle me donne les siennes à son tour.

Lorsque je mis ma main sur son épaule, je la sentis se mouvoir quelque peu. J'écarquillai légèrement les yeux, presque surpris. Non surpris par la réaction de la Kunoïchi mais plutôt par moi -même, à quel point avais-je changé entre mon entrée au Midorhato et aujourd'hui ? J'étais passé d'un solitaire à une personne entourée, quel changement étrange. Le plus spécial résidait dans mon caractère, dans ma façon d'agir. Aujourd'hui je ne voyais plus ma vie sans eux, je me voyais même être attentif aux autres. Je m'étais ouvert à ceux voulant de moi et cela avait crée tant de faiblesses en moi, je ne sais pas si c'était une bonne chose de l'avoir fait mais je savais seulement que je ne pouvais plus m'en passer. J'observai Ema, elle qui était si gentille et si avenante. Elle rougissait à la moindre de ses paroles en rapport avec le sujet abordé. Ça ne devait pas être facile de parler de ces choses-là et surtout avec moi, n'étant pas le plus à même de l'aider. C'était même regrettable, peut-être devais-je la rediriger vers Yami ? Elle en savait bien plus que moi à ce sujet.

La maladie était réelle, elle ne pouvait chasser de ses pensées notre ancien rêveur. C'était même presque amusant, j'avais du mal à me faire à l'idée de les voir les deux ensemble. Je sentais la sincérité d'Ema mais depuis pas mal de temps j'avais du mal à comprendre Kibo. Est-ce que les sentiments étaient partagés? N'étant pas plus que ça mes affaires, je devais rester prudent sur mes paroles et mes interrogations. Nos absences répétées n'avaient pas été bonnes pour ma partenaire, elle s'était seule et délaissée. Je ne détournai pourtant pas mon regard, j'avais fait des erreurs et je devais simplement les assumer. Je m'étais déjà excusé et dorénavant, je devais simplement accepter. Ema n'avait d'ailleurs pas voulu me déranger.

« Me déranger » ? Cela n'était rien d'autre que le résultat de mon caractère, un peu froid. Même si je savais avoir fait des efforts, je demeurais quelqu'un de plutôt « anormal ».

Elle me disait cela dit que notre collaboration n'allait pas être entachée par ce nouveau lien, j'avais du mal à la croire. Intentionnellement ou pas, il pouvait y avoir des failles. Un ennemi pouvait se servir d'eux pour nous atteindre par exemple-.. C'était un risque supplémentaire. J’acquiesçai cela dit d'un signe de la tête. J'apprenais alors quelque chose avec stupéfaction, mon interlocutrice me disait être une raison de sa survie à Yuki no Kuni. Était-elle sérieuse ? Je croisai alors son regard, cherchant à en savoir plus. J'avais peut-être sous-estimé notre lien, elle semblait être bien sérieuse à mon sujet. Je ne pensais pas avoir été si bon avec elle ou m'être montré conciliant pour obtenir cette « attention ». Un peu gêné, je laissai ma tête se tourner à l'opposé.

Ema me remerciait de l'écouter, c'était à mon sens quelque chose de normal.

« Je pense pouvoir être là pour ça si tu en ressens le besoin. Tu n'as pas à te forcer comme je ne me force pas à t'écouter, fais comme bon te semble Ema. »

Je marquai une pause, réfléchissant à cette nouvelle. Je voulais donner mon avis plus approfondi sur la situation, la discussion n'était pas totalement terminée.

« Tu as de la chance d'être tombé sur notre maître, c'est un bon homme à yeux. Les rumeurs sont ce qu'elles sont mais c'est un fait, nous avons un senseï de qualité. »

Une personne très différente de la Kunoïchi, ils n'avaient peut-être pas vécu les mêmes épreuves ou les avaient affronté différemment. Kibo était dur, très dur avec lui même depuis quelques temps. Une dureté qui allait à l'encontre de la fragilité de ma partenaire, est-ce qu'elle allait pouvoir l'apaiser ? Je l’espérai de tout cœur. S'il n'était plus le même, il restait quelqu'un que j'estimais beaucoup.

«  Ne le prends pas mal Ema mais tu es une personne douce et fragile. Kibo est tout à fait différent, prends garde à ne pas prendre trop à cœur votre relation même si j'ignore comment peuvent évoluer ce genre de sentiment. »

Ne pas tomber de haut, c'était ce que je voulais dire à Ema. Même si ce n'était pas mon histoire, ni mes affaires, il allait devoir prendre soin d'elle ; Comme elle faisait partie de mon entourage, tout ceux blessant les miens seraient punis -même si lui aussi en faisait parti-..

J'appréciais avoir raison, réellement mais pas dans cette situation. Cela revenait à dire apprécier voir ma partenaire souffrir et je n'aimais pas cette idée. Seulement notre maître était différent, il fallait faire attention à ça. Elle disait alors ne pas le connaître aussi bien que moi, cela me fit réfléchir aussitôt à ses paroles. Le connaissais-je vraiment plus qu'elle ? Je ne savais que répondre à cette question. J'avais été à ses côtés après la perte de sa fiancé, oui, j'avais été à ses côtés de nombreuses fois, oui, et pourtant je ne savais que répondre à cette question. J'avais eu du mal à le cerner récemment même si nos liens s'étaient renoués, je me posais encore des questions à son sujet. Alors en effet, j'avais été un peu plus longtemps que mon interlocutrice en contact avec notre ancien rêveur.

« Il est vrai que je dois le connaître un peu plus que toi mais... Disons que c'est plutôt vague, je ne sais pas si tu vois où je veux en venir.  »

Ma réponse n'était pas réellement satisfaisante, elle était même plutôt décevante. Ema s'adossa alors au banc tout en touchant ses vêtements. Elle était perplexe et je pouvais aisément le voir. Depuis le début de notre conversation, elle était passée dans plusieurs états. De la joie, de la tristesse et maintenant elle était interrogative. Je ne voulais pas sourire à ce moment-là mais je ne pus m'empêcher de laisser sortir un petit rire de ma bouche, j'étais presque amusé de cette situation. Non pas méchamment mais ces tracas me faisaient rire, qu'est-ce que les humains pouvaient être compliqués. C'était à la fois embêtant mais aussi surprenant, je ne rêvais pas du jour où je serai dans le même état que mon interlocutrice. Je priais même pour retarder le plus possible ce jour, le jour où d'après les livres « on a le coup de foudre ».

Je repris mes esprits quand elle se confia d'autant plus, je devais être sérieux. Elle me parlait après tout de sa famille et plus précisément de ses parents. Elle ne les avait jamais vu heureux, jamais. Je baissai la tête, j'observai le sol avec insistance. Je n'avais jamais eu d'exemple aussi, jamais eu la possibilité de voir mon père aux côtés d'une femme, ma mère étant décédée à ma naissance. Sur ce point, nous n'avions pas eu de chance tout deux. Mon père était ensuite parti, tout comme ma sœur, je n'avais pu avoir d'exemple. Pour ma part, je n'en rêvais pas mais étrangement j'étais content que ça soit son cas. Intérieurement, j'étais presque « heureux » d'entendre ça. Je ne savais pas réellement pourquoi je ressentais ça, c'était même plutôt spécial. Si ça pouvait la rendre heureuse, pourquoi pas ?

L'examen était une source de stress, elle m'en fit part pour peut-être expliquer ses problèmes ; C'était peut-être une source de stress supplémentaire.

«  Être faible toute ta vie ? Tu as beau être douce et fragile au niveau relationnel comme dit, tu n'en es pas pour autant faible. Comment peux-tu te dévaloriser de la sorte Ema ? Je n'aime pas cette façon de voir les choses, nous avons combattu côte à côte et je peux te dire que tu es loin de l'être. »

Elle avait raison cela dit sur un point, Kibo pouvait l'aider. Il pourrait l'aider à devenir plus forte et ça c'était certain, il l'avait fait pour moi. Ema n'était pas sûre d'elle et c'était un point plutôt embêtant. Une destinée de tueur, elle n'avait pas tort sur ce point. Nous étions voués à tuer des êtres humains, notre rôle était d'apporter la paix par la justice. Et la justice pouvait rimer avec la mort de nos ennemis, des détracteurs. Ses yeux se tournèrent maintenant vers le ciel, je fis de même presque instinctivement.

«  Je comprends, c'est la même chose pour moi. Il a quelque chose qui nous aide, quelque chose qui nous permet de devenir plus fort. Il est loin d'être parfait, comme tout homme et pourtant-.. »

Finalement, je sentis que la damoiselle s'était tournée vers moi. Elle s'exprima alors, je lui avais manqué. Je la regardai dans les yeux avant de fermer les miens quelques secondes tout en répondant à ses paroles.

«  Il est possible que ça soit de même pour moi, peut-être. »

J'esquissai un sourire avant de prendre ma position initiale. Elle s'était confiée à moi, peut-être devais-je en faire de même ? En y réfléchissant, je ne l'avais que très peu fait dans ma vie.

«  Pour ma part, je n'ai jamais eu aussi l'occasion de voir une relation, un couple. Ma mère n'était plus après ma naissance et mon père ne voulait avoir une autre compagne. Sur ce point je suis d'accord avec lui, on ne peut avoir qu'une femme dans toute une vie. Il faut choisir la bonne, efficacement. Malheureusement, il est parti aussi quelques temps après ma mère. »

Je croisai mes bras, arborant toujours un air sérieux.

«  C'était peut-être à cause de tout ça que je ne pense pas comme les autres en ce qui concerne les filles. Bien sûr, je sais reconnaître une belle femme, une femme attirante et pourtant ça reste abstrait. »

Je m'étais confié à elle et ce n'était pas en effet dans mes habitudes, je me voyais un petit peu changé par rapport à cela. Après tout, elle était une amie en qui je pouvais avoir confiance. Elle me l'avait apporté et je devais le faire réciproquement. Ema s'exprima, elle tentait sûrement de me rassurer par rapport à mes parents. En réalité, je n'avais pas reçu d'éducation venant de ma mère. Malheureusement, elle était décédée à ma naissance mais elle n'était sûrement pas au courant de cette partie de l'histoire, peu l'était. Cependant, elle avait raison sur le fait que mon père avait été très bon. Je ne lui ressemblais pas tant que ça, il était bien plus ouvert d'esprit et bien plus sociable que je pouvais l'être. Son enfance avait été plutôt amusante d'après lui, il n'était pas le plus sage, il était même surnommé « Le Clown » dans son école. C'était tout le contraire de moi, c'était amusant en quelque sorte de voir comment les générations pouvaient changer. Ma sœur tenait un peu plus de mon père, malgré sa maladie elle était plutôt amusante et et insouciante. Tout comme Yami pouvait l'être.

Enfin, je croisai les bras en esquissant un sourire à la damoiselle. Je n'eus pas besoin de m'exprimer pour la remercier, c'était tout comme avec ce sourire. Je sentis alors sa main se poser sur la mienne, je détournai le regard un peu surpris, les sourcils haussés ; Je vis alors que ses yeux étaient plantés dans les miens. Je reculai légèrement le haut de mon corps étant surpris par la tournure qu'avait pris la discussion. Je ne fus pas étonné de la suite par contre, elle me souhaitait la plus parfaite des femmes. Mes joues devinrent légèrement rouges et je détournai le regard ayant un peu honte. La manieuse de Shôton était bien trop gentille avec moi, bien trop gentille avec personnes de son entourage ; C'était une bonne chose, il n'y avait pas que du négatif à cela. Mon interlocutrice lâcha ma main pour continuer sur sa lancée.

Ce qu'elle avait ensuite dit était vrai, c'était flou pour moi, je n'avais pas le besoin d'avoir une femme dans ma vie. J'étais un homme malgré tout mais j'avais des valeurs et.. je ne comptais pas faire autrement. Si une femme se trouvait être dans la bonne, elle serait mienne et je franchirai les étapes dans les règles, avec dignité. Mon honneur était en jeu ou du moins une partie de mon honneur. Une partie de mon honneur avait été bafoué par les Toshiro, je m'étais d'ailleurs juré de reprendre la tête du clan. Pour en revenir au sujet, c'était avec l'esprit un peu plus calme que je pris la parole.

«  Tu es très gentille Ema, merci. Je pense que tu mérites quelqu'un de bien aussi, j'en suis sûr même. Le maître est sûrement celui qu'il te faut, il a beau être perturbé qu'il est tout de même un des meilleurs en ce village. »

Je marquai une pause de quelques secondes pour pouvoir réagir à ses derniers mots.

«  Je ne pense pas que ça soit si horrible, je pense juste qu'à l'heure actuelle c'est une perte de temps pour moi. Ça ne concorde pas avec mes projets, je ne peux pas avoir l'esprit occupé par autre chose que mon avenir, tu comprends ?  Il est déjà assez occupé Yami et vous... mes amis. »

Les derniers mots étaient moins audible que les précédents. C'était quelque chose pour moi de m'exprimer de la sorte, j'étais bien trop fier pour cela. Je plaçai mes mains derrière ma tête en regardant le ciel quelques instants. Je voulais être honnête avec ma partenaire, d'un ton sérieux je repris la parole.

« Enfin-... Même si ça fait maintenant longtemps que je ne t'ai pasparlé, ça ne change rien pour ma part. Si dans le futur tu as des problèmes à Suna comme à l'extérieur, n'hésite pas à m'en parler et je ferai le nécessaire pour les régler, peu importe le problème. »

C'était naturel, elle pouvait compter sur moi. Je ne pouvais sûrement pas l'aider côté émotionnel mais pour son entraînement, pour écarter les profiteurs et parasites-.. J'observai le trafic autour de nous avant de me relever, il était temps pour moi de m'en aller.

«  Je dois y aller, on se dit à une prochaine fois dans ce cas, d'accord ? »

J'abaissai légèrement le haut de mon corps pour la saluer avec respect avant d'emprunter le boulevard menant à ma demeure.