Il appréciait la blancheur de l’uniforme shukajin, mais maudissait son étroitesse. Il avait l’impression d’avoir été déguisé en petite poupée soldat exemplaire – ce qui était le cas, à vrai dire – et qu’il avait maintenant à s’exhiber dans un spectacle administratif grotesque que l’on va nommer « l’intégration officielle » au Shukai. Il se demandait sincèrement pourquoi la simple rencontre avec l’Empereur ne suffisait pas – eh oui ! il était un génie, et il n’avait qu’à rencontrer de grandes persoones -, et qu’il avait maintenant à se coltiner ce qu’il nommait affectueusement « la basse-cour », soit un amas de chair et de sang qu’il est bon d’étudier.

- Sana Kiseki, Jisetsu Desuo, à votre tour.

L’intégration était en fait une série d’examens protocolaires – le poids, la taille, la force de frappe, l’intelligence, les talents … - et d’explications barbantes – l’Empire est génial, l’Empire est régulé, l’Empire a tel ou tel territoire - ... En somme, un sorte de résumé théorique de l’académie mais accompagné de quelques touchées par-ci et par-là agrémenté d’une observation minutieuse de chaque seconde de sa personne.

- Et voilà où en est réduit un médecin ! Un génie ! Un … Visionnaire ! se lamenta-t-il à l’autre « condamné » du jour. Et toi … tu es donc ce Jisetsu Detsuo ?

Il se tut et commença à épier de tête aux pieds l’autre garçon. De temps en temps, un sourire narquois s’étirait sur ses lèvres et quelques fois, il affichait une mine boudeuse. Finalement, et triomphant, il annonça son diagnostic.

- T’es vraiment un gringalet ! Mais tu es un Jisetsu !

Il faut avouer, le petite Kiseki avait pris du muscle en moins d’une année aux côtés des différents errants ou mercenaires ou déserteurs. Ajoutons à cela, que petit à petit, en plus, il muait de sa voix. Autant dire sa petite voix fluette de petit garçon disparaissait chaque jour pour une voix plus rauque et étouffée. Il tentait de cacher le tout avec divers remèdes ou boissons, mais malheureusement, Mère Nature revenait à la charge.

- D’aill…

Comme à cet instant. Il se tut bien vite quand il comprit que les effets de ses médicaments étaient passés et que maintenant, sa voix était pire que celle d’un fumeur aux poumons noircis, pourris et poisseuses – ou secs, il devrait disséquer pour avoir le cœur net ! -.

- Bonjour, Jeunes Shukajins qui allaient intégrer nos rangs …

Et déjà Kiseki n’écoutait plus. Ses yeux virevoltaient dans cette salle de réunion où quelques recrus – on ne recrute pas cent soldats à la semaine où que ce soit !- et quelques Shinobis qualifiaient étaient réunis. Son verdict ? C’était ennuyeux. Sans plus tarder, il frôla de la main le dos de la main d’un voisin – et non le Jisetsu, on peut rassurer – et déjà cette pauvre victime vira à une couleur blanche … pour vomir de tout son soul ! Aussitôt, entre les « Eurk » et « Beurk » et les « Ahhh ne touchez pas ! », la salle commençait à s’agiter …

En somme, la parfaite occasion pour fuir ! Il tapota l’épaule du Jisetsu pour lui intimer de sortir avec mais, malheureusement, les formateurs eurent bien vites conscients de la bêtise du médecin, et l’attrapèrent par son col tel un petit chiot.

- Alors toi, le perturbateur, tu commences mal ton service.

Déjà on le plaçait à côté du Jisetsu, on évacuait le pauvre malade et on continuait la présentation du Shukai …

- Pssschhht, tu peux pas accélérer le temps pour qu’il parle plus vite ? murmura-t-il.
 

- SANA KISEKI ! s’emporta-t-il bien vite devant l’erreur sur le nom de famille du jeune homme.

Il ne voulait pas qu’un sous-être ose déformer son si glorieux nom, qui allait inspirer terreur mais également espoir dans le monde entier grâce à ses découvertes scientifiques grâce aux subventions de l’Empire, ou peut-être, d’autres personnes influentes. L’objectif de l’enfant était l’avancée de la médecine, et nullement une allégeance aveugle et décadente à un monde volatile et changeant.

Il ne tarda pas à se prendre un énième coup de la part d’un des soldats en charge de faire la cérémonie de bienvenue aux nouvelles recrues. Si beaucoup était traité sans merci et sans pitié, plus d’un se retenait avec le médecin : un tel talent était rare et très prisé. De plus, avant même de faire partie officiellement de la garde Shukajin, il avait déjà une place assurée au sein de l’équipe de l’Empereur lui-même. En soit, un futur Shinobi insupportable, mais qui sera nécessaire à plus d’un dessein et projet. Il fallait prendre les pincettes, un tantinet.

- Tu es nul du coup, souffla Kiseki à l’encontre de son voisin. Je veux dire, t’as vu ton âge ? ET tu es incapable de maîtriser un truc ? Ecoute, j’ai vraiment pitié pour toi et pour cette raison, je veux bien mettre mes connaissances et mon raisonnement à ton service pour t’aider à évoluer bien vite. A une condition : je veux enregistrer ton évolution, à ma manière.

L’enregistrement sous-entendait le rythme cardiaque … Mais il fut bien vite interrompu quand on le poussa devant l’assemblée pour se présenter, et accepter les termes du Shukai. L’un des officiers attendait que le petit garçon fasse ses « vœux » mais comment voulait-il qu’il le fasse, s’il n’avait rien écouté et qu’il ne savait pas quoi dire, ou faire, tout bonnement. Au bord de la crise de nerf vis-à-vis de ce perturbateur, l’officier inspira longuement pour répéter une énième fois ce qu’il avait dit à l’instant.

- En cette grande journée, acceptes-tu, jeune Shukajin, les droits et devoirs qui te seront attribués au sein de l’Empire ?
- Comment peut-on être un Shukajin si on n’a pas encore accepté les règles ? demanda l’enfant.

L’officier tiqua, nerveux. Il se retint, continuant à se dire qu’il avait là un potentiel nécessaire à toute grande nation.

- Plus vite tu acceptes, et plus vite on en finira, finit par dire l’homme, commençant à comprendre le fonctionnement du genre de personne comme Kiseki.
- Effectivement. Soit, j’accepte. Ah ! Je n’accepte qu’une chose : devenir un grand Médecin, en faisant les plus grandes découvertes grâce aux subventions de l’Empire. Je ne veux nullement me risquer un seul ongle pour un Civil lors d’une mission ou pour une protection de quelques sordides frontières …

On finit par lui bâillonner à moitié la bouche de la main et on le tira loin de l’estrade. Si certains avaient de la patience pour l’enfant, d’autre non : il y avait beaucoup de loyalistes, comme de rebelles mais surtout des hommes attachés au pays. Entendre n enfant dire qu’il ne souhaitait nullement être exemplaire, et n’être qu’un lâche mais un brillant lâche, était le genre de profil détestait : beaucoup mourrait pour l’Empire mais était oublié, mais les lâches brillaient.

C’était au tour de ce Detsuo. Il sera sûrement un élève exemplaire …

Le petit être à mes côtés s'emporta lorsque je vérifiais son nom de famille. J'avais oublié une lettre. Étais-ce si dramatique ? Est-ce que cela méritait autant de rage ? En tout cas, il reçut un nouveau coup de la part d'un des soldats en charge de la cérémonie. Beaucoup semblait le regarder avec étonnement, se méfier de lui ou encore ne pas oser le toucher. Qu'avait-il de si particulier ? Perdu dans mes pensées, je faillis baffer le petit garçon lorsque je l'entendis me provoquer, me sifflant que j'étais nul. Il insinuait que j'étais vieux et incapable de maîtrisé pleinement mes capacités. Il continua en disant qu'il avait pitié de moi et qu'il acceptait de mettre ses connaissances à mon service si j'acceptais qu'il enregistre mes progressions. Alors que je m'apprêtais à accepter, le garçon fut poussé sur le devant de la scène. C'était à son tour d'accepter les vœux du Shukai. Mais je savais que tout comme moi, il n'avait pas écouter le discours et déjà il mettait sa brillante intelligence en avant, montrant la stupidité des propos du Shukaijin. Je ne pouvais m'empêcher de glousser et de ricaner mais arrêtais rapidement devant le regard noir de certains instructeurs ici présents. Ce gamin était tellement drôle et original que je ne pouvais éprouver que de la sympathie envers lui. Ainsi donc, même si il m'avait traité, je pouvais le comprendre et le pardonner : On pouvait prendre la grosse tête lorsque l'on est si intelligent et puissant à un âge aussi jeune.

En général, il suffisait d'accepter les valeurs du Shukai et de dire un epetite phrase sur ses motivations. Kiseki, lui, avait des motivations originales : Devenir médecin sans risquer un seul ongle lors de missions. Je ne pouvais m'empêcher de glousser une nouvelle fois. Ce petit garçon était la personne la plus intéressante que j'avais vu depuis que j'étais arrivé au Shukai. Il avait tout simplement transformé cette horrible journée d'intégration en spectacle comique. On le tira loin de l'estrade le plus vite possible, le remettant à sa place puis on m'indiqua que c'était mon tour. Une fois devant tout le monde, l'homme me posa la même question qu'à Kiseki ou qu'à n'importe qui ici présent, et je réagirais d'une manière proche de mon nouvel allié, bien qu'avec plus de tact.

• J'accepte les droits et devoirs qui me seront attribués au sein de l’Empire ainsi que les buts de l'empire. Pour ce qui est de mes objectifs… Je suis entièrement dévoué à la cause de l'empire mais n'hésiterais pas à tout faire pour survivre. J'ai un idéal, et je ne compte pas mourir avant de l'avoir accompli. Merci d'avoir fait de moi un shukaijin.

Je me retournais, on ne peut plus sérieux, et retournais à ma place, ma longue cape blanche fouettant l'endroit ou j'étais précédemment installé. Une fois de retour aux côtés de Kiseki, je me chargeais d'accepter son offre.

• J'accepterais que tu m'entraîne avec plaisir.

Comme il l’avait prévu, Detsuo se montra comme un soldat modèle en faisant ses multiples promesses qui allaient immanquablement le conduire à sa mort. Une telle pensée n’attristait que très peu le petit Kiseki. Il ne s’inquiétait que d’une chose : aurait-il le temps d’analyser les talents d’un Jisetsu ? En pleine réflexion, il remarqua à peine où il était conduit en binôme. Il finit par se retrouver dans des vestiaires, avec en main un petit pot.

- Ah nan ! hurla-t-il soudainement, faisant sursauter le garde. Excusez-moi mais on m’avait tenu informé des différentes procédures vis-à-vis du bilan de santé. Voici donc mes derniers résultats sanguins d’il y a une semaine, un ou deux flacons de mon sang, mon pot de pipi, mon pot de selle, une radio approximative de mon corps et pour finir un dossier complet sur le passé médical de ma noble famille, ou encore de mes éventuels antécédents. Cependant, ne vous inquiétez pas, je suis en bonne santé, je n’ai rien. Je prends soin de moi ….moi. Conclu-t-il en lançant un regard critique au bide de bière du garde.

Le garde remarqua à peine ce regard insolent, un tantinet trop préoccupé par ses mains chargées. Il avait pour mission d’emmener les candidats au vestiaire et de les accompagner chez le médecin. Nullement de se retrouver charger de toutes ces données médicales. Malheureusement, sa peine n’était pas encore finie.

- Que je suis bête ! J’ai également oublié de vous donner mes résultats oculaires et auditifs. Et pour finir, mes résultats intellectuels.

Il donna encore une autre petite pile de papiers avec une cinquantaine de chiffres et de lettres incompréhensibles pour le commun des mortels n’ayant aucune connaissance en médecine. Autant dire, tout ceci était un coup de génie à son sens : personne ne serait apte à vérifier tout cela car, tout n’était pas vraiment vrai. A vrai dire il n’y avait qu’un seul et unique grand mensonge : son sang. Ce n’était nullement le sien mais celui d’un paysan d’une contrée lointaine et perdue du pays de la Terre dont les tests étaient très biens. Il n’y avait aucune maladie commune à cette classe sociale soumise aux agrégats de la vie et de la Terre.

- Bon allez Detsuo, dépêches-toi donc ! Finissons-en avec tout cela !

Autant dire, il guettait les couloirs tout en pressant chacun d’aller vite. Il ne tarda pas à se mêler à un autre groupe … Deux groupes qui allaient submerger le médecin. Le petit Kiseki fit passer son « garde » en second pour qu’il donne le nécessaire à chacun.

- Plus vite on finira, et plus vite on sortira hein …

Malheureusement, pas tant que ça. Il fallait encore passer les dits tests à Detsuo. Pendant ce temps, dans l’autre pièce, le médecin interrogeait sur les procédures et, innocemment, de sa bouille enfantine, l’enfant répondait. Le vieil homme se laissa berner par cette voix qui muait – le faisant plus rire qu’autre chose – ou félicitait la passion et le dévouement de Kiseki plus qu’il n’analysait les résultats. On sentait, l’enfant en devenir adolescent, était plus à son élément ici qu’ailleurs.

- Par contre Kiseki, on va devoir tester tes capacités Shinobi. Tu as été intégré dans l’Empire sans passer par l’Académie, en venant d’en dehors nos frontières. Ton binôme va t’aider dans divers talents …

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