Cela faisait un moment que je ne l'avais pas vu... Ou peut-être pas finalement ? Quelle importance au fond ? Je venais de renaître depuis seulement deux jours. Ma rencontre avec Oniri avait été mouvementé et je me demandais si il allait en être de même avec lui ? Cela promettait d'être amusant...

Ma nouvelle tenue me sied plutôt bien et dévoilait mon décolleté mais surtout l'imposante cicatrice qui se trouvait à la verticale sur ma poitrine et s'étendait sur cinq ou sept centimètres. Impossible de ne pas la remarquer. J'avais usé de mes capacités en médecine pour la guérir du mieux que je le pouvais et la rendre moins immonde qu'elle avait pu l'être.

Le crépuscule s'installait dans l'étendue désertique. Je revenais de ma chasse à l'information en ce jour qui était mon congé. Je n'en avais pas appris énormément si ce n'était que les Ketsueki disséminés dans Kaze no kuni étaient bien plus difficile à trouver que je ne l'aurais cru...
Il n'y avait également eut personne à assiéger ou offrir au seigneur noir... Une journée bien maigre en somme.

Je soupirais de frustration avant de m'enquérir une nouvelle fois d'énergie : se laisser abattre ne faisait pas parti de ma nouvelle condition. Tant pis, je rattraperais mon retard dans les jours à venir... Pour l'heure, j'avais une visite à rendre à une personne qui, je crois, était importante. Cela était fascinant et ironique de rendre visite aux gens que je connaissais sans ne plus vraiment les connaître. Ils m'observaient avec des yeux hagards, la mine parfois triste ou en colère... c'était si drôle !

Je me rendais donc à son appartement, que je lui avais moi même offert dans ma grande bonté... Franchement quelle idée... s'il ne me servait pas j'aurais au moins pu le revendre : les ressources ne seraient pas de trop pour asseoir mon influence... cela était bien connu : le pouvoir allait de pair avec l'argent et le sang...

Je n'annonçais pas mon arrivée. J'avais les clés du lieu pour une raison qui m'était floue et entrais comme chez moi. Peut-être n'était-il même pas là ?

Je déposais mes affaires dans le canapé présent dans le salon et m'annonçais enfin :

« Je suis là, petit frère... »

Mon ton était un brin amusé. Ne voyant pas de réponse de sa part tout de suite, je m'installais devant le grand piano à queue, similaire à celui du manoir, au détail près que celui-ci était bien plus récent. Mes doigts parcouraient l'instrument avec agilité et dextérité : je n'avais rien perdu de cette maîtrise artistique.

Finalement, Ogami se présenta à moi, me faisant stopper mon jeu pour décocher un regard dans sa direction avant de me tourner sur mon tabouret pour lui faire face. Je n'étais pas la seule à avoir changé visiblement. Je percevais une aura bien étrange autour de lui, dictée par son sang qui pulsait à travers mes veines via ce lien que nous avions crée à force de me sustenter.
A cette constatation, j'étirais un sourire mesquin tout en ouvrant le dialogue.

« Des choses ont changé on dirait... »

Tout cela était délicieusement intéressant et excitant...

Une journée qui pouvait être fatigante était maintenant terminée. Je disais bien « pouvait », grâce à Oniri, je pouvais maîtriser certaines capacités de mon Akuma et donc faire en sorte que mon corps ne s'épuise plus comme avant et même, se régénère. Je ne pouvais que remercier l'aide de cette femme, qui à mes yeux restait la seule et unique chance de survie. Malgré mes efforts, je ne pouvais encore prétendre à un contrôle total de mon Henka Akuma. Dans cette optique, elle résidait comme le seul fil me raccrochant encore à l'humanité. Si ce fil n'était plus, j'étais certain de céder et de devenir le contraire de ce à quoi j'aspirais. J'avais décidé à mon tour de l'aider et de veiller sur elle, au besoin. Si elle semblait afficher un éloignement avec son vouvoiement, je la considérais depuis un moment déjà comme une amie. Un mot que j'avais réussi à définir avec le temps, avec les conseils de mes proches.

Si je pouvais veiller à que mes blessures ne m'épuisent pas, je ne pouvais pas utiliser mes pouvoirs pour me laver. Après avoir posé un sac sur la table, je me dirigeai vers la douche pour me nettoyer. C'était un repos mérité, après avoir ôté mes vêtements, je laissai l'eau couler le long de mon corps. J'appréciais ces moments de silence où je pouvais réfléchir à tout ce qu'il se passait autour de moi. Actuellement, mes pensées étaient naturellement dirigées vers mon pouvoir démoniaque et pourtant ce n'était pas que la seule chose me tenant à cœur.

Alors que j'étais perdu dans mes réflexions, j'entendis une première note, une deuxième et une mélodie se faisait entendre dans mon appartement. Ce n'était pas mon imagination ou bien Chura me jouant des tours, je savais de qui il s’agissait. Yami était présente et pourtant je n'arrivais pas à ressentir en moi cette joie comme j'avais pu la ressentir il y a de ça quelques semaines ; Pour une personne extérieure à notre relation, ça pouvait être difficile à expliquer. Seulement, sa façon de jouer, cette mélodie, je sentais à travers celle-ci des émotions différentes. Je faisais rapidement le lien avec ce dont elle m'avait parlé, d'une chance de survie qui allait, sans douter la changer. L'autre possibilité était celle de Mégami mais avait été écarté depuis un moment déjà. Cette douche, je ne voulais pas qu'elle se termine, je redoutais la confrontation et pourtant elle continuait à m'appeler. Je devais de toute façon me dresser devant elle à un moment ou à un autre, je lui avais promis d'être toujours à ses côtés.

Je pris une serviette pour me sécher rapidement, quelques minutes plus tard j'enfilai un Kimono pour rejoindre le séjour. Elle était là, dos à moi et jouait toujours au piano. Après un bruit causé par mes pas, elle se retourna pour me faire face. Je la regardai dans les yeux quelques secondes pour ensuite m'attacher les cheveux avec une petite ficelle noire. Finalement, je plantai mes yeux à nouveau dans les siens en écoutant ses mots.

Des choses avaient changé, comme on pouvait tous deux le voir. Je ne lui avais pas parlé de ma forme démoniaque mais j'étais certain maintenant qu'elle s'en était rendue compte. Je lui avais donc menti en quelque sorte, je souhaitais seulement la protéger.

«  J'en ai l'impression... »

Dis-je en observant la cicatrice au niveau de sa poitrine, sa tenue était différente des habituelles ; Elle laissait entrevoir son corps d'une façon plus prononcée. Je m'approchai d'elle doucement pour observer avec précision cette nouvelle marque sur son corps, je ne l'expliquai pas réellement.

« D'où vient cette cicatrice ?  »

J'avais peur des réponses, je n'avais même aucune idée de ce qu'il avait bien pu se passer avec elle. Je savais seulement qu'elle était différente et cette seule pensée me poussait dans l’effroi. Que pouvais-je faire maintenant ? Cette situation m'était inconnue, voir plutôt délicate. J'attendais des réponses alors j'imaginais que je devais en donner en retour. Je me rappelais de ses paroles, l’honnêteté devait continuer à exister entre nous. Comme pour racheter mes fautes, je me préparais à lui parler de tout ce qu'il s'était passé dernièrement.

«  Pour ma part, comme tu l'avais deviné Yami. Je n'ai jamais réellement quitté Yuki no Kuni ou plutôt Chura ne m'a jamais quitté. Oniri est donc venue à mon aide et je suppose.. que je l'aide aussi. Enfin je t'ai d'une certaine manière, menti et je m'en excuse. »

Je l'avais fait pour la protéger après tout.

Music ♫:

Lui aussi percevait ce changement et ne contestait pas celui que je ressentais pour lui. Cette pensée me fit esquisser un sourire un brin amer. Il m'avait menti. Je me souvenais lui avoir parlé de ce mal être qui rongeait son corps alors qu'il m'avait assuré ne pas en ressentir les effets. Mais qu'importait aujourd'hui, le mal était déjà fait et puisqu'il avait, quelque part, choisi cette voie en niant son existence et en la laissant s'implanter en lui, autant en faire désormais bon usage.

Il me demanda alors ce qui avait provoqué ma cicatrice tout en s'approchant de moi. Mon regard rubis restait planter dans le sienne tandis que j'inclinais légèrement la tête sur le côté tout en observant la marque, vestige indélébile de mon changement.

« Attends-tu vraiment une réponse ? »

Non seulement il devait s'en douter mais il ne voulait peut-être pas le savoir. Cela tombait bien, je ne comptais pas me donner la peine d'épargner ses sentiments.

« Mon cœur ne m'appartient plus. Je suis guérie ! »

Disais-je dans un sourire en levant les paumes au ciel, pleine de joie.
La première partie de ma phrase n'était pas non plus une métaphore et il s'en rendrait compte sûrement de lui même car cette marque au niveau de ma poitrine témoignait effectivement d'une ouverture à cœur ouvert...

« Oh mais ne t'en fais pas ... »

Commençais-je, sarcastique.

« Je ne me suis jamais sentie aussi bien ! »

Cette puissance qui circulait dans mes veines, cette impression de ne plus être seule mais habitée par mes aïeux qui nourrissaient ma grandeur et la présence de toutes nos victimes qui criaient vengeance et m'octroyaient ma force... Tout cela était si jouissif !

Lui parlait des faits que j'avais déjà deviné quelques temps plus tôt. Chura ne l'avait jamais quitté mais il ne m'apprenait rien.

« J'ai déjà connaissance de tout cela. »

Répondais-je en décochant un nouveau sourire.

« Tu ne m'apprends rien. J'avais déjà perçu la présence maléfique de Chura en toi mais tu as préféré ignorer mes recommandations. Qu'est-ce que j'y peux ? »

Je n'étais pas énervée à son encontre, tout montrait au contraire dans mon attitude que j'étais satisfaite et je souriais d'autant plus lorsqu'il me parla de l'aide dont le gratifiait Oniri.

« Et pourquoi cherche-t-elle à t'aider ? »

Lui demandais-je le plus sérieusement du monde.

« Tu étais au courant que le démon s'était installé, je te l'ai même souligné et tu n'en as pas pris cas. Tu avais déjà accepté sa présence. Elle t'effraie mais au fond tu te satisfait de cette puissance qui en découle, je me trompe ? »

Il était plus puissant aujourd'hui, c'était ce qu'il voulait.

« Plus besoin de moral ou d'éthique pour éradiquer les rats de ton clan dont tu veux te charger. Ce n'est pas Toshiro Ogami qui le fera mais la bête : tu n'auras alors rien à te reprocher. Tout est a portée de main. Tout est si facile. Il te suffit simplement de te laisser submerger par cette nouvelle aura : tout comme je l'ai fait moi même. »

Mon regard était des plus sérieux.

« Ce n'est pas toi qui a besoin d'Oniri, c'est Oniri qui a besoin de toi. »

Et je le savais pertinemment parce que je l'avais revu. Nous nous étions jaugées respectivement. Cela m'avait fallut de nouvelles cicatrices mais les siennes, mentales, s'étaient sûrement ré-ouvertes pendant notre entrevue car plus que la douleur physique je savais que j'étais parvenue à la faire réfléchir sur sa nouvelle condition.

« Elle se sert de toi pour se canaliser elle même et apprendre à contrôler sa propre nature. Tu te trompes si tu crois qu'elle le fait par altruisme. Crois moi. Cette bête griffue et carnassière n'a pas une once de compassion. T'apprendre à te brider lui apporte une aide à elle même. »

Je l'avais vu agir. Elle possédait encore une part d'humanité parce qu'elle se refusait à s'abandonner à son henka akuma et pourtant elle ne tarderait pas à être totalement sous son emprise.

« Saibogu Oniri n'existe plus. Celle qui t'aide est une part d'Oniri, une part de sa sœur Soma et une part de sa nature jusqu'ici endormie que possédait sa mère elle même. »

Alors ne compte pas obtenir le soutien que l'ancienne Oniri aurait pu t'apporter.

« Cette forme a du potentielle. Tu aurais dû te voir a Yuki no Kuni. Tu dégageais une telle aura de puissance : avec celle-ci, le monde s'ouvre à toi, tu as les moyen de faire ce que bon te semble. Tu es devenu l'apôtre d'une divinité. Sais-tu ce que cela signifie ? Que ce Dieu te concède une part de sa puissance infinie. Tu as a ta disposition la puissance d'un Dieu... »

Tout tes rêves peuvent se réaliser.

« Nous sommes dorénavant plus similaire que jamais... petit frère. »

Il ne pourrait sans doute pas comprendre.

« Ce nouveau cœur dont je dispose. Il appartenait à tous les Comtes de mon clan, leur octroyant l'immortalité. Qui a été le premier à disposer de cette relique à ton avis ? Le seigneur noir... »

Jashin. Le palpitant qui battait dans ma poitrine, selon nos préceptes et légendes, n'était autre que celui ayant appartenu à Jashin, notre Dieu à nous, les Ketsueki : celui nous ayant octroyé notre maîtrise.

Lui n'était pas redevable à son Dieu. Moi je faisais couler le sang pour étancher la soif du mien dont l'entité était rendue plus puissante grâce à ces sacrifices nous rendant également plus forts.

« Mon clan est tombé en désuétude à cause de notre perte de foi. Notre puissance a décliné et la maladie est apparue entre nos rangs. Si je la restaure, nous retrouverons notre puissance d'antan... »

Lui expliquais-je dans un sourire belliqueux.

C'était bien elle et pourtant j'avais du mal à reconnaître la Yami que j'appréciais tant. Je connaissais depuis longtemps déjà son attrait pour le pouvoir, c'était dans ses gènes tout simplement. Et pourtant je ne m'attendais pas à voir une personne totalement changée. L'ironie de sa première phrase me touchait presque, son cœur ne lui appartenait plus et c'était ce qu'elle appelait « être guérie ». Je sentis comme un froid dans la pièce, j'avais l'impression que nous étions tous deux dans l'obscurité et que rien ne pouvait nous déranger. La cicatrice se laissant entrevoir grâce à ce décolleté avait un rapport avec ses paroles, j'en étais certain. Le monde est vaste et malheureusement je n'en connais rien, les rituels, les jutsus interdits, les démons-.. Je pouvais être sûr d'une chose cela dit, son cœur n'était plus le même.

Je lui avais menti, uniquement pour la protéger. Je ne voulais pas perdre le contrôle à ses côtés et je ne voulais pas la déranger avec mes soucis qui n'étaient pas comparable aux siens. Sa santé était en jeu et pour moi, à partir de là, rien n'avait autant d'importance que ça. La dirigeante du Kakumeigun avait perçu la présence maléfique de Chura, comment avait-elle fait ? Je la regardai d'un air perplexe. Je décidai alors de prendre la parole pour clarifier la situation même si j'avais l'impression que mes mots ne pouvaient plus la toucher comme avant.

« Cependant, je souhaite clarifier la situation. Lors de ma dernière visite au manoir, je n'avais pas encore ressenti les signes. Je te l'ai caché par la suite, en effet. J'ai fait ça pour te protéger, ne vois pas cela comme une trahison. »

Finalement, on arriva au sujet nommé Oniri. Je sentis dés les premiers mots la concernant que la suite n'allait pas être élogieuse pour « La lumière ». Contrairement à ce qu'elle disait, je n'étais pas au courant. Mon corps n'était plus mien depuis un moment et même si j'avais réussi à le réprimer, je n'en étais pas pour autant maître. Cette puissance m'effrayait, certes, mais pas plus que d'imaginer perdre Yami. Le reste se trouvait être insignifiant à mes yeux. Il y a quelques minutes à peine, j'avais froid. À l'entente des paroles sur mon clan, mon corps se réchauffa tout à coup. Je me sentais différent et ça n'annonçait rien de bon. Une perle de sueur glissait le long de mon visage, elle n'avait pas tort sur ce sujet. Je pouvais exterminer d'une main les rats de mon clan, la tentation était forte, très forte.

«  Je ne veux pas utiliser ce pouvoir de cette façon, Yami. Je n'ai pas envie de céder, je veux rester moi-même. »

Continuant sur sa lancée, elle mettait en doute les intérêts de la Saibogu. Elle avait besoin de moi d'après ses dires, j'avais aussi besoin d'elle. D'après ses paroles, j'en concluais qu'elle était venue à moi pour ses propres besoins ? Pouvais-je prendre au sérieux ce qu'elle me disait ? Je baissai la tête, posant mon regard sur le sol pour fuir tout le reste. Je n'étais plus le même, tout comme Oniri et je pouvais en conclure de même en relevant ma tête pour observer ma sœur. Si elle se servait de moi, tant mieux, moi j'avais besoin d'elle alors j'étais prêt à être utilisé.. En imaginant que ce que me racontait Yami était vrai.

«  Tu as peut-être raison... » Après une fraction de doute, je repris la parole. «  Non tu as tort, on s'aide mutuellement. J'ai eu besoin d'assistance et c'était la seule à pouvoir me l'apporter. Si je peux lui être utile, tant mieux. »

Yami me rappelait Yuki no Kuni, je n'avais pu oublier ces événements. Ma forme démoniaque m'avait totalement changé et j'en étais même venu à penser détruire toute l'escouade. Un dieu m'avait certes donné de la puissance mais ce n'était pas un bon dieu, une mauvaise divinité ne pouvait rien m'apporter de bon. Je croyais en les cieux, en les divinités. Je faisais même régulièrement des offrandes, pour les miens. Je n'avais jamais prié Chura, je n'avais jamais prié une divinité de son espèce et pourtant c'était la seule qui était venue à moi. L'obscurité attire l'obscurité, j'étais sûrement destiné à obtenir ce pouvoir. D'après ma sœur, nous étions plus similaire que jamais dorénavant. J'écarquillai les yeux en me rendant compte réellement de la situation, je n'avais devant moi qu'une partie de Yami. Son corps, son esprit n'était plus, ses sentiments non plus. Comme j'avais pu le deviner, elle disposait d'un cœur ayant été partagé par les siens. L'obscurité de chacun devait être réunie et je n'imaginais pas le résultat. Elle était bien plus submergée que moi et pourtant, elle n'avait pas encore fait des ravages à Suna. Son contrôle était presque admirable.

« Oniri a changé, c'est bien ce que tu m'as dit n'est-ce pas ? Et toi, as-tu changé ? Tu possèdes le cœur d'une multitude de comtes et je pense donc que tu es aussi effrayante qu'elle. Comment critiquer quelque chose alors que tu es sûrement plus touchée? »

Je marquai une pause de quelques secondes avant de m'approcher d'elle.

« Je veux être maître de moi-même, Yami. » Je touchai légèrement la cicatrice de ma sœur avant de soupirer. « Et toi, tu n'es plus la même. Je me demande alors ce que je peux faire pour t'aider ? Je ne me suis pas lié d'amour avec cette Yami. »

Je reculai de quelques pas.

«  Dois-je t'arracher ce cœur et t'en mettre un autre pour te retrouver ? »

Ogami disait vouloir rester lui même... quel gâchis ! Je lui faisais part de ma déception dans une moue significative.

« Et comment penses-tu que Chura veut que tu utilises ce pouvoir qu'il t'a donné et qui lui appartient ? Je doute qu'il te laisse le choix. Tu pourras batailler contre toi même et contre cette entité, elle finira toujours par t'engloutir. C'est Chura le maître, ne l'oubli pas : tu n'es qu'un pion sur son échiquier. »

Chura lui octroyait sa force mais il pouvait tout aussi bien lui reprendre, l'amplifier, la contrôler.

« Tu comprends n'est-ce pas ? La force de Chura en toi, permet à ce démon de se mouvoir à travers toi malgré sa captivité. Tu ne disposes pas du plein arbitre. C'est lui qui t’utilise et non l'inverse. »

Il était devenu son serviteur, son apôtre, pourfendant la lumière selon sa convenance et dictée par ses lois même si Ogami ne se rendait sans doute pas compte de cette perte de liberté à laquelle il était sujet depuis cette « invasion ».

Je lui adressais un sourire belliqueux.

« Manger ou être mangé. Si tu veux garder l'ascendant sur Chura il te faudra être plus fort et plus impitoyable que lui même qui n'est d'autre qu'une partie d'un Dieu... Bon courage... »

Cela ne serait pas le plus évident.

« Le pouvoir te tend les bras. Cela serait tellement plus simple de t'y abandonner. Tu accomplirais de grandes choses. »

Il ne semblait pas avoir conscience de son potentiel.

Ses paroles altruistes concernant Oniri me firent, en revanche, éclater de rire.

« Vous vous aidez mutuellement hein ? Ton âme est corrompue mais ton cœur reste bien trop naïf et clément Ogami... Personne ne peut aider un henka akuma. Une bête sauvage, parfois sanguinaire, qui n'a aucune conscience... Comment pourrait-elle aider autrui sans être capable de s'aider elle même ? »

La bête n'était plus qu'instincts sans raisonnement. Ils ne parviendraient pas à se dompter et encore moins à dompter l'autre. Leurs réactions étaient bien trop imprévisible.

Je l'observais longuement en étirant toujours un sourire, écoutant ce qu'il avait à me dire. Il retournait ma propre question envers moi. Oniri avait changé, et moi alors ?

« Qu'en penses-tu toi ? Ais-je changé ? L'ancienne Yami n'existe plus. Je suis plus puissante et immortelle que je ne l'ai jamais été. Le cœur du Seigneur Noir me permet d'avoir accès aux connaissances et au vécu de mes aïeux. Je sais dans quelle direction aller pour ne pas reproduire les erreurs du passé. Ma maîtrise de moi même est parfaite. En cela je ne peux être pire qu'Oniri ou toi même. Mes actions sont de mon faits, il ne s'agit pas d'une pulsion sans fondement. »

J'étirais un sourire carnassier. Si je faisais couler le sang c'était parce que je le voulais. Ma soif était sans limite pour satisfaire celle de Jashin.
Ogami s'approcha de moi tout en effleurant ma cicatrice du bout des doigts tandis que je ne perdais pas une seconde son regard du mien. Ses paroles me firent esquisser un nouveau sourire.
Je me levais et m'avançais vers lui pour le forcer à reculer tout en lui disant :

« Et pourquoi ne pas essayer de te lier d'amour avec cette Yami... ? »

Le tout dans un ton un rien provocateur. Il finit par heurter un mur avec son dos dans sa fuite alors que je me tenais à quelques centimètres de son visage pendant quelques instants, le regardant intensément dans les yeux d'un regard bouillonnant d'excitation pour finalement me retirer et retourner m'asseoir sur le tabouret du piano nonchalamment comme si de rien n'était.

« Si tu m'arrachais ce cœur, il n'y aurait plus aucune Yami. Ni celle d'avant ni celle de maintenant. Je crains donc que tu n'ai guère le choix... »

Lui disais-je dans un nouveau sourire.

J'étais perdu, complètement perdu. Je m'étais promis de toujours écouter les dires de ma sœur, de toujours suivre ses conseils. Que devais-je donc faire à ce moment précis ? Elle m'attirait vers l'obscurité peu à peu,à l'inverse d'Oniri qui elle, m'attirait vers la lumière. Yami me considérait même comme un pion, j'étais le pion de l'entité démoniaque, le pion d'un puissant Dieu. J'arborai un air interrogatif et à la fois perdu, je n'avais aucune idée concernant la façon de procéder pour me sortir de ce cauchemars. Elle était en vie, c'était l'essentiel et pourtant je n'étais toujours pas heureux ; La dirigeante du Kakumeigun n'était plus qu'une apparence, intérieurement elle s'en trouvait différente. Pourtant elle était là, face à moi. Elle se présentait comme une femme dangereuse mais son esprit l'avait guidé jusqu'à moi. Son cœur peut-être ? Une partie de son cœur était indéniablement présente dans cet amas de comtes. Faisais-je parti des personnes devant l'aider à retrouver le chemin ? Oui c'était certain.

L'abandonner n'était pas une option, tout abandonner pour elle était une option par contre ; Elle me donnait des idées folles cette femme, comment y arrivait-elle ? Sa place n'avait fait que grandir au fil du temps en mon cœur, c'était dur à dire mais je dépendais d'elle finalement. Elle avait beau être comme ça dorénavant, ses mots n'étaient pas totalement dénués de sens ; J'étais sous l'emprise de Chura et non l'inverse. Selon mon interlocutrice, je devais simplement m'abandonner et laisser le pouvoir m'envahir. Cela revenait à n'être plus moi-même, de tout gâcher.

«  Accomplir des grandes choses ? Tu peux me donner des exemples ? Si tu veux, je peux t'en donner moi. Être au service de mon village, veiller à la paix et à mon entourage, je considère cela comme de grandes choses. Mais toi, qu'entends-tu par là ? »

Je voulais l'entendre de sa bouche, je voulais à nouveau me prouver à moi même que la Yami d'antan n'était plus, une fois de plus. Pour elle, finalement, les Akuma n'étaient que peine perdue, on pouvait faire ce qu'on souhaitait mais personne au final était dans la capacité de nous apporter de l'aide. Des bêtes sanguinaires, voilà ce que nous étions. Je ne me qualifiais pas de faible alors si j'arrivais à contrôler le démon, je pensais devenir bien plus fort qu'en lui laissant la main mise sur mon corps. J'écoutais la suite, je déplorai les paroles de Yami. Dans un certain sens, elle n'était plus vraiment la seule maître de son corps. Ça me rappelait alors une histoire, une histoire qui m'avait tant inquiétée. Elle s'en souvenait certainement mais plus de la même façon.

« Et tu crois que tu vas prendre les bonnes décisions ? Tu étais hantée par Megami, cela t'horrifiait. Toutes mes félicitations, maintenant tu es hantée par une succession de génération. Pourquoi ne réagis-tu pas de la même façon ? »

Tant de questions que je pouvais poser et pourtant j'avais du mal à imaginer une réponse positive, une réponse allant dans mon sens. C'était même impossible. Je la vis alors se lever pour venir en ma direction. Je me redressai, toujours perplexe, je n'arrivais pas à l'anticiper. J'aurais bien pu comprendre ses désirs, ses envies avant mais je ne le pouvais plus maintenant. Elle s'approcha alors de moi, je reculai pour garder une distance entre nous deux. Mes yeux ne la lâchaient pas mais mon visage affichait une mine gênée. Je heurtai alors le mur, son visage était si prêt de moi. Ma sœur n'avait jamais ce regard pour moi, comment devais-je le traduire ? Je savais seulement qu'elle n'aurait jamais agi de la sorte de son propre fait. Je baissai la tête en soupirant comme si j'avais retenu ma respiration pendant un bon moment. Je relevai alors doucement les yeux, la tête baissée pour l'observer. Je me sentis alors différent, je connaissais cette sensation. Je jetai un coup d’œil derrière moi pour me refléter sur le passe-plat. Mes yeux avaient changé de couleur, ils se teintaient progressivement en doré.

Elle était parvenue à me changer mais jusqu'à là rien n'était perdu. Je pouvais garder le contrôle de moi même, je n'avais qu'à retenir les conseils de Oniri. La concentration, la force de mon esprit pouvait surpasser celle de Chura. Je relevai ma tête, un air sérieux s'était dessiné sur mon visage.

«  Je ne vais pas te l'arracher, pas pour le moment. »

J'étais face à elle, les bras croisés, je marquai une pause de quelques secondes. Mes yeux dorés démoniaque croisèrent avec violence les siens.

«  Tu sembles vouloir me faire sortir de mes gonds mais pourquoi ? Quel est ton plan ? »

Si mon attitude avait changé, mon esprit continuait à combattre. Je pouvais retenir la transformation , mon idée était maintenant de voir où voulait en venir ma sœur pour pouvoir l'arrêter. Si elle était un danger, je devais être à ses côtés.

Son discours était encore bien altruiste mais je l'écoutais attentivement, le sourire aux lèvres alors qu'il me confiait les « grandes choses » qu'il souhaitait accomplir tout en me demandant mon avis sur la question.

« Tes intentions sont louables mais je ne considère pas que les principes mêmes de shinobis soient considérés comme « de grandes choses ». Protéger le village et les siens, presque tous les shinobis partagent cet idéal. Il faut voir plus loin que cela Ogami... Pense a tes propres objectifs. »

Je marquais une pause, le regard planté dans le sien avant de reprendre :

« Tu veux des exemples ? Pour moi cela correspond à redorer le blason de ma famille et restituer sa puissance d'antan à un clan autrefois craint par bon nombre. Rétablir nos dogmes et notre foi pour ne plus être soumis à la malédiction de la maladie. Servir notre père à tous, fondateur de notre pouvoir et maître incontesté de ce dernier qui pourrait bien vouloir le reprendre. Voilà les grandes choses que je pourrais accomplir... »

Tout cela ne pourrait se réaliser qu'en faisant couler le sang... Cette perspective me faisait étirer un sourire franc.

Le Toshiro semblait presque inquiet pour moi... comme c'était touchant...
Il évoquait Megami ce qui me fit esquisser une moue à la fois hautaine et rageuse.

« Megami était une traître parmi les miens : aucune considération ne doit lui être portée, ce n'était qu'une vermine ! Mes aïeux en revanche, ont tous mené les notre vers leur gloire. Bien sûr des périodes moins reluisantes sont aussi à déplorées mais ils ont toujours été fidèles au clan et à nos principes. J'apprends d'eux et de leurs erreurs, rien n'est à garder de ce qu'à fait Megami. Tu ne peux pas comparer ce qui n'est pas comparable. »

Ma petite provocation eut son petit effet. Certes pas celui auquel je m'attendais mais cela n'en était que plus jouissif alors que je voyais ses iris passer de l'azur au doré. Son air était sérieux mais ses traits quelques peu crispés me confirmaient qu'il bataillait en ce moment même comme un lion pour garder le contrôle. C'était amusant à constater... J'avais envie de le pousser plus encore dans ses retranchements pour lui prouver ce que je lui disais plus tôt sur le fonctionnement animal des henka ne jurant que par leurs instincts.

Ses paroles étaient pleines de venins et son regard demeurait carnassier : j'adorais le voir ainsi. Il me demandait ce que je cherchais à faire si bien que je posais l'une de mes mains sur sa joue tout en plongeant mon regard écarlate dans le sien, un fin sourire dessiné sur les lèvres.

« Je n'ai pas de plan. Cela m'amuse de te voir lutter contre toi même, c'est tout... »

Mon rictus s'accentua.

« Ou peut-être que je veux que tu prennes conscience de ce que tu es désormais et de ton potentiel. Savoir jusqu'où vont tes limites et ta retenue ou si tu es bel et bien plus que l'ombre de ce que tu étais jadis pour ne laisser place plus qu'à l'instinct... »

Peut-être parviendrais-tu à me blesser sous cette forme... Tu détesterais cela mais tu ne pourrais sans doute pas refréner cette pulsion... non ? Pensais-je pour moi même avant de reculer ma main de sa joue pour l'y apposer de nouveau de manière vive : une bonne gifle était partie. Parviendrait-il à terrer la bête dans son excès de colère, brisant ainsi son précieux contrôle de soit même ? J'avais hâte de le découvrir...

Mon cœur battait de plus en plus fort, j'avais la sensation que celui-ci allait éclater ma poitrine. Ce son résonnait dans tout mon corps, il suffisait d'un peu pour me déchaîner. Elle y était arrivée, pourtant je me contrôlais encore. Comme si mon esprit ne tenait encore qu'à un fil. Le visage énervé, des marques se faisaient voir et le doré de mes pupilles ne faisaient que s'accentuer. Yami n'était plus, son cœur n'étant plus je ne savais comment faire.

Mon cœur lui me disait de ne pas lui faire de mal, mon corps lui ne demandait qu'à arracher son organe pour ensuite le réduire en cendre. Le réduire en cendre et ensuite m'occuper de la vermine, m'occuper de tout ceux m'ayant rejetés et sous-estimés. Les dirigeants du clan étaient les prochains, ils n'avaient plus lieu d'être ; Je devais reprendre tout ce qui m'avait été volé. Un seul revers suffirait à les tuer mais c'était bien trop facile. Je voulais les voir souffrir, les torturer jusqu'à que leur esprit se brise.

Pourquoi ne pas ensuite tuer la lumière ? Cette fille qui disait m'aider n'était elle aussi que de la vermine, ils devaient tous mourir.

J'entendais tout de même ce que me disait Yami même si je n'avais que faire de ses paroles. Je réussis seulement à ouïr le fait que me voir dans cet état n'était que distraction pour elle. C'était décidé, non seulement cette humaine allait mourir mais en plus de cela, elle subirait bien plus que les anciens de mon clan. Mon esprit fut brouillé, je vis quelques images tout à coup. Je serrai ma tête entre mes mains, à quoi bon je pensais ? Ce n'était pas moi ça, j'avais eu des pensées meurtrières. Je mordais mes lèvres jusqu'à les faire saigner. Je reçu alors un coup pas très violent mais qui eut le don de m'énerver en une fraction de seconde. En réponse instantanée à cet affront, je jetai mon poing sur Yami, celui-ci prolongé par du Shôton mal formé et tranchant sur plusieurs mètres. J'étais debout et en position d'attaque, toujours le bras allongé.

Ma respiration était forte, très forte. Mon attaque ne l'avait pas touché, elle aurait sûrement pu l'éviter mais j'avais réussi au dernier moment à la dévier pour la passer au-dessus de son épaule gauche. Du coin de l’œil j'observai la mine de Yami, cela devait encore plus l'amuser. Pas moi. Je me décalai sur la gauche pour réduire en poussière mon cristal. Je me dirigeai de toute hâte vers la porte, ne pouvant pas supporter une seconde de plus cette situation.

J'avais repris mon calme, j'avais été comme aidé à la dernière seconde. Aidé par quoi ? Je ne le savais pas, je ne savais pas si c'était de mon fait, du fait d'une divinité, du fait de mes sentiments pour elle. Je pariais sur les sentiments, je m'étais promis de l'aider mais malheureusement je ne pouvais le faire dans mon état actuel. Je devais devenir plus fort.

« Maintenant, tu pars d'ici et tout de suite. Ne reviens plus si c'est pour agir de la sorte, ne reviens plus si c'est pour m'attiser de la sorte. »

J'ouvris la porte d'un seul trait, l'air déterminé. Cela me faisait quelque chose de lui parler de cette façon, en quelque sorte ça me blessait. J'avais subitement réussi à redevenir moi même et même si c'était inexplicable, je devais saisir cette opportunité de ne pas passer le pas. Je ne pourrais sûrement jamais me le pardonner dans le cas contraire.

«  Tu penses peut-être ne pas avoir besoin d'aide mais je vais pourtant le faire. Si la vraie Yami m'entend, elle va devoir attendre encore un petit peu. Je ne suis pas encore assez fort, un peu de patience et je viendrai à elle. »

Ce n'était que triste vérité, je pensais avoir acquis un pouvoir. Je pensais qu'il pourrait aider à accomplir mes objectifs, c'était peut-être vrai mais pas pour le moment. Il me fallait plus de temps pour le maîtriser, plus de temps pour pouvoir l'utiliser. Cette soirée ne me donnait qu'envie de redoubler d'effort pour la sauver, elle. À quoi pouvait servir un gain de puissance si on ne l'utilisait pas afin d'aider les siens ?

La réaction a ma petite gifle vexante ne se fit pas attendre. Telle une bête sauvage retranchée uniquement par ses instincts, il jeta son poing recouvert de shoton aiguisé dans ma direction. Sa respiration était lourde, sa mâchoire serrée alors qu'il s'était mordu a sang la lèvre pour retrouver un tant soit peu de contenance.

Je jubilais intérieurement face à ce spectacle. Sa folie était là, si prête a se manifester alors qu'il parvenait encore à la brider. Ses pupilles dorées que je n'avais pas l'habitude de lui voir ne faisait qu'accentuer l'hérésie qu'il était devenu.

Son poing ne m'atteignait pas. Etait-il parvenu sciemment a garder le contrôle ou était-ce notre relation si spéciale qui lui avait empêcher de commettre l'irréparable. Après tout, je n'avais aucune intention d'esquiver son geste alors que je savais pertinemment qu'il allait riposter de ce genre de façon. Serait-il parvenu à s'arrêter une fois sa rage déchargée sur ma personne ? Se serait-il adouci en me voyant meurtri par son propre fait ? J'aurais bien aimé le savoir...

Je maintenais tout de même mon sourire tandis que des sueurs froides semblaient s'emparer de lui qui cherchait toujours à contrôler le démon.
Il réduisit son cristal en poussière avant de se précipiter vers la porte, m'ôtant mon sourire. Comptait-il partir et me fuir ? Il n'en était pas question ! Nous commencions seulement a nous amuser et moi a découvrir l'étendu des dégâts du contrôle de Chura sur celui que j'avais a cœur d’appeler « petit frère ».

Toutefois, son désir n'était pas de s'en aller mais bel et bien de me mettre à la porte. Il ne voulait plus que je revienne si c'était pour l'attiser de la sorte. Mon regard écarlate reluisait d'intensité tandis que je prenais un ton mielleux en me dirigeant vers le piano pour me reposer sur le tabouret une nouvelle fois.

« Oh mais non... Je ne compte pas m'en aller tout de suite ! D'ailleurs, je suis ici chez moi aussi : tu te rappelles ? »

C'était moi qui lui avait offert cet appartement et il m'avait laissé une clé en me spécifiant bien que j'étais aussi ici chez moi. Mon cœur avait oublié beaucoup de choses puisqu'il avait changé mais ma mémoire non...

Je pouvais presque percevoir sa rage devenue palpable et bien que je n'en fis aucun commentaire, cela accentuait mon amusement.
Voilà qu'il parlait de m'aider maintenant... C'était risible.

« M'aider hein ?! Mais pour quoi faire ? Je ne me suis jamais sentie aussi bien ! »

Clamais-je dans un sourire dévoilant la pointe de mes canines effilées.

« Celle que tu appelles la vraie Yami n'existe plus, navrée. Elle est morte en même temps que son cœur lui a été arraché dans cette vision des enfer. »

Je me rappelais parfaitement de ce tourbillon empli d'âmes perdues et déchues : celles là même ayant appartenu a toute les personnes que ma lignée avait massacré. L'invocation sacrée avait alors broyé mon ancien palpitant entre ses crocs, effaçant toute trace de mes sentiments d'antan et de ma maladie : mes faiblesses, comme elle l'avait souligné avec mon père.

Là dessus, et après avoir parcouru du doigt chacune des notes du piano, je me relevais et me dirigeais vers lui. Il n'avait toujours pas retrouvé complètement son calme : en témoignait ses iris dorées. Cependant, j'avais plus ou moins vu ce que j'étais venue chercher, outre le fait que je m'appliquais à rendre visite à tout ceux qui avait eu une place spécifique dans mon cœur.

« J'ai apprécié te revoir dans un cadre autre que professionnel. »

Lui disais-je, face à lui.

« Merci pour l'accueil, petit frère. »

Ajoutais-je avant de déposer un baiser sur sa joue en esquissant un sourire plus discret.

« On se voit au boulot ! »

Terminais-je dans un dernier regard avant de franchir de moi même la porte grande ouverte qui m'invitait déjà depuis plusieurs minutes à m'en aller.
Décidément... Je ne comprenais vraiment pas ce qui clochait chez eux... Oniri et maintenant Ogami... ils parlaient de me venir en aide alors même qu'ils étaient remontés avec rage contre moi... Le monde tournait définitivement à l'envers... Enfin bref ! Une nouvelle victime attendait ma venue...