Tori no kuni, le Pays des Oiseaux, l’un des lieux les plus beaux qu’elle n’ait jamais visité…
Depuis cette histoire de mission qu’elle avait faite sans leur toucher un mot, puis passage éclair à Suna, ses parents commençaient à enfin relâcher la bride de leur fille Ether. Elle ne se faisait plus enguirlander dès ses retours de promenade dans le désert ou aux villages des environs, ni même enfermer dans ce fichu triangle de pierre conçu par les soins de l’Ancien. Brrrr… Même si elle pouvait aisément s’en libérer en se dématérialisant, elle n’en faisait rien. Seulement lorsque la famine guettait et que le goûter venait se rappeler à son estomac. Parfois, les gamins de la tribu venaient à sa rencontre pour pouvoir jouer avec elle au Uno, et ainsi espérer pouvoir enfin la battre à ce jeu dont elle était la reine incontestée depuis plus de 10ans. C’était oublier sa condition d’élémentaire ! Malgré le fait qu’elle était supposément enfermée, elle parvenait à leur mettre une pâtée sans trop forcer. Et ouais, c’était ça d’être un crack aux cartes, le talent ma gueule !
La raison de sa venue en ce pays était purement culturelle. La jeune femme était autant connue pour son enthousiasme extrême que pour ses capacités aux jeux, mais elle était également la Gogyou la plus assidue du clan aux cours de l’Ancien traitant de la mythologie, des légendes, et avait lu et relu tous les livres et écrits qu’ils possédaient à ce sujet. Fasciné par l’histoire du monde vu selon les croyances de sa tribu, elle avait également épluché les moindres bouquins traitant de l’histoire de tous les clans, des villages humains et cachés. Si elle avait rechigné à apprendre les rudiments du combat, l’élémentaire n’avait pas hésité une seule seconde à apprendre les origines des autres qui peuplaient ce monde. Malgré son comportement s’apparentant parfois à celui d’une gamine, elle n’en était pas pour autant idiote, bien au contraire. Son innocence extérieure cachait une intelligence et une culture entretenues chaque jour qui lui était donné de vivre.

Après sa rencontre avec une certaine Saibogu et Kaguya, Ether s’était mise en tête de participer à l’examen chûnin international, bien qu’étant une simple nomade, sans village, ni attaches. Elle ne se considérait pas prête le moins du monde, mais c’était décidé, elle irait ! Il était temps de se confronter aux autres, elle ne pourrait pas fuir éternellement… Mais le test n’était pas avant quelques mois, et attendre n’était pas son fort. La jeune femme le faisait bien trop souvent lorsqu’elle guettait le retour de sa mère des villages environnants. De par sa nature curieuse, elle se mit finalement en tête de repousser les frontières de Kaze. Cela faisait déjà plusieurs années que son clan n’avait pas levé le camp pour reprendre la route, un comble pour ces éternels nomades. Mais Alecto, l’Ancien, avait jugé bon de rester auprès des moines du temple du vent pour aider l’unique élémentaire d’air au sein de leur tribu à maîtriser ses capacités. Le temps avait passé et la demoiselle avait beaucoup appris. Maintenant, il était temps de songer à quitter le pays du sable pour une nouvelle terre d’accueil. Milly, la Kaguya, l’avait invité elle et sa tribu à rejoindre Mizu no Kuni pour rallier la future Kiri, dont les rumeurs disaient qu’elle allait renaître de ses cendres. C’était une véritable aubaine pour son clan qui ne cessait de fuir pour éviter les persécutions. Depuis, la Gogyou se rendait régulièrement à Odaichi, la ville porturaire, pour espérer trouver un navire qui emmènerait l’intégralité de la communauté jusqu’au Pays de la Brume. Pour l’instant, sans succès.
Elle s’octroyait donc une petite pause dans ses recherches et avait pris la route avec sa créature bipède moche, pour élargir ses compétences culturelles et goûter aux gnocchis de Tori aussi. Chaque pays devait avoir une manière différente de cuisiner ces pâtes, alors elle devait la découvrir ! De plus, le Centre d’Observation du Pays des Oiseaux était un endroit idéal pour apprendre de nouvelles choses qui pourraient leur être utile. Avant ça, elle comptait se rendre à Haitaka pour visiter les lieux et feuilleter leurs livres. Leur bibliothèque n’était qu’un maigre aperçu de celle de Akisaji, mais elle préférait d’abord commencer par les petits villages avant de tenter le grand. Le voyage promettait d’être long, mais l’examen était encore bien loin. Peut-être qu’elle pourrait même voir un spectacle au sein de leur amphithéâtre ? C’est ainsi qu’elle prit la route.

Lovée contre sa monture, armée de quoi se nourrir et de lectures, elle ne vit pas les jours passer.
Lorsqu’elle parvint enfin à la frontière, elle rencontra quelques gardes qui étaient là pour la forme. Depuis que le pays avait été forcé de s’ouvrir au reste du monde, ils ne gardaient plus grand-chose. Ether descendit de sa monture, leur fit son plus beau sourire de gamine, et continua le chemin avec les rênes de sa bête dans la main. Elle profitait de ce paysage serein et magnifique. Au cours de leur fuite vers Kaze, son clan avait traversé ces terres. La Gogyou s’en souvenait très bien car ils avaient dû traverser la forêt plus au Nord avant d’atteindre les plaines dans lesquelles elle se trouvait actuellement. Cet endroit aurait été parfait pour s’installer mais trop proche de Konoha, qui était synonyme de mort pour eux. Sur son chemin, elle croisa quelques marchands qu’elle salua avec toute la gaieté du monde et s’amusa à compter le nombres d’oiseaux différents qu’elle croisait. Lorsqu’elle atteint enfin le village, il faisait encore frais et la matinée était bien entamée. Deux heures la séparaient de midi, elle profita donc de son temps pour aller visiter les lieux. La jeune femme accrocha sa monture à l’endroit approprié, puis se mit à observer les environs avec frénésie.
Bien qu’elle était déjà venue il y a de ça des années en arrière, des souvenirs refaisaient surface. Cet endroit respirait la tranquillité, ça changeait grandement de Kaze et de tout son sable. Ici, tout était vert, les maisonnées s’incrustaient parfaitement dans le décor et des fossés remplis d’eau traversaient le village. Les villageois étaient calmes et lui accordait une brève attention par sa couleur de peau mate et ses vêtements du désert, mais personne ne lui montra un quelconque signe d’hostilité. Ravie, elle se dirigea immédiatement vers ce qui semblait être le bâtiment commun, là où elle aurait le plus de chance d’accéder à des bouquins. Cette construction servait autant de salle municipale, que de salle de jeux ou d’endroit où se retrouver entre vieillards. Quelques étagères croulaient sous les vieux livres et elle s’y intéressa immédiatement. Elle en attrapa deux et vint se coucher de tout son long au sol pour bouquiner.

Les deux heures s’écoulèrent rapidement et son ventre vint crier famine.
S’arrachant à sa lecture, Ether rangea les deux livres et sortit de la bâtisse pour se diriger vers la place centrale du village. Quelques arbres parsemaient ici et là la zone, tous bourrés d’oiseaux qui gazouillaient et chantaient à tue-tête. L’élémentaire s’émerveilla quelques minutes et resta planté là à les observer. Puis son ventre vint se rappeler à elle et elle écuma les échoppes comme un papillon butinant les fleurs. Il y avait tant de choses à voir ! A chaque fois la même question ;

« Bonjouuur !
Vous avez des gnocchis ? Non ? … Bon.
Vous voulez jouer au Uno sinon ? Non plus ? »

La Gogyou finit par en trouver un qui y ajoutait des œufs d’une variété de poule de chez eux, ainsi que des herbes cueillies dans leurs champs environnants, le tout cuit dans un bol en terre cuite. La demoiselle savoura son met sur un banc de pierre sous un arbre, profitant de la quiétude des environs, puis sortit quelques feuillets sur lesquels étaient écrits quelques légendes qu’elle affectionnait particulièrement. La jeune femme les lut donc tout en mangeant. Sa tribu serait épatée de voir à quel point elle n’était pas surexcitée comme à son habitude. Elle soupira en voyant ce village aussi serein et en apparence si sécurisant. Peut-être qu’un jour, elle aussi pourrait errer ainsi dans son propre chez-elle.