Une nouvelle journée ordinaire pour le village caché de la feuille. Le train quotidien continue de tracer son chemin sans rencontrer d’imprévus. Les citoyens se lèvent dès que l’étoile du système solaire se présente à l’horizon, ses premières raies de lumière réchauffant la frêle atmosphère de la nuit. Muet lors de la nuit, la cité du feu s’anime dès que les échoppes ouvrent leurs portes et services. Les jeunes Genin rencontrent leur équipe à un point désigné et partent en mission quelque part autour du bercail ou sur le territoire du pays où siège Konoha. De nouveaux arrivants demandent l’autorisation pour accéder à l’intérieur de la capitale, les nouvelles politiques d’interrogation et de fouille sont appliquées. Bref, rien qui sort de l’ordinaire ne peut perturber cette grande roue qu’est le fonctionnement d’une société active et indépendante. Le seul facteur pouvant possiblement mettre un terme à ce brouhaha est une attaque sur le village même ou une quelconque situation d’urgence forçant les paysans à abandonner leurs stations et chercher un refuge afin d’être en sécurité. Et pourtant, une certaine anomalie irrégulière suffit pour troubler ce mouvement journalier. Dans un recoin du centre-ville, un étrange phénomène se produit de bon matin.

• Pok pok pok.

Ceci est, sans grand étonnement, le son d’une poule. L’on peut donc s’imaginer en toute logique que cette volaille, espèce dénué du don du vol, vagabonde quelque part dans les ruelles commerçantes de la métropole. Une scène qui se visualise sans problème. L’on peut s’imager l’animal tentant de se frayer un chemin parmi la horde d’humanoïde sur deux pattes marchant dans tous les sens, un peu perdu et faisant son possible pour éviter de se faire piétiner. Pourtant, la créature actuelle émettant ce son n’a rien d’un oiseau en apparence et n’est aucunement en danger de mort. Plutôt, il a son propre espace uniquement pour lui, les humains gardant quelques mètres de distance, préférant d’observer le spectacle de loin. Une bonne audience s’est rapprochée de la scène, tentant de déchiffrer la situation. Néanmoins, le théâtre hypnotique laissait un blanc dans leur esprit. Après tout, ce n’est pas tous les jours que l’on peut assisté à un homme se balader dans le village en train de se prendre pour une poule. Littéralement. En un murmure, certains disaient qu’il s’est échappé de l’asile. D’autres proclament que le ciel est enfin tombé sur la tête de ce fou. La vérité est pourtant plus simple que tous ces délires.

Plutôt content de sa blague, Inaho se réfugia sous les draps de son plumard sous un soupir de satisfaction, léger rictus étiré sur son minois. Clairement, ce Jônin a mérité cette sentence. Dès que ses prunelles de charbon ont croisées son regard de glace, il sut que l’homme n’allait pas être une partie de plaisir. Pas même de bonjour ou d’introduction, le Shinobi de classe supérieure débuta la rencontre par des menaces, comme quoi le Lutin ne pourrait faire ce qu’il souhaite avec lui dans les parages, qu’il est le seul et unique chef et que l’adolescent doit lui obéir au doigt et à l’œil. N’aimant point cette attitude hautaine, le Genin comprit après cinq minutes en présence de ce quidam que la journée allait mal se terminer. Une fois la garde du Jônin baissée, l’elfe en profita pour s’introduire dans son esprit et le plonger dans une illusion puissante où l’homme oubliera tout ce qu’il sait de la vie humaine et se croit désormais une poule. Un drôle de vue une fois le spectacle débuté ! Dommage qu’il n’avait pas pensé à apporter un sac de maïs soufflé pour profiter de la scène.

Il ignore si son geste sera automatiquement lié jusqu’à lui. En toute logique, qui d’autre a les compétences nécessaires pour faire subir un tel martyr à un ninja de classe supérieure ? Il recevra les réprimandes habituelles des hautes instances puis l’affaire sera close. Il est donc libre de fermer les yeux et se plonger dans les bras de Morphée la conscience légère… Jusqu’à ce qu’un vacarme vienne perturber sa sieste trois dizaines de minutes plus tard. Quelqu’un ravageait la porte d’entrée de son logement. Lentement, il se releva, poussa un long bâillement et se dirigea en somnambule vers ledit bourdonnement. Vêtu d’un simple jogging gris et d’un t-shirt noir, il n’était nettement pas habillé pour recevoir des invités – a-t-il déjà reçu des invités dans cet appartement ? La clameur s’intensifiait, s’impatientait.

• Oui, j’arrive j’arri –

Dès qu’il toucha la poignée, la porte s’ouvrit brusquement et s’abattit sur son front. Le Lutin valsa vers l’arrière d’un mètre et tomba telle une masse sur le dos. Aussitôt, ses mains attrapèrent son visage il roula de gauche à droite.

• Raaaaaaaaaaahh !!!! Non mais ça ne va pas, la tête ?!

Il se releva et jeta un regard furieux à l’intention dudit individu responsable de ce dénouement. Inaho croyait avoir en face de lui le fameux Jônin qu’il s’est débarrassé plus tôt, ce dernier ayant réussi à se libérer du Genjutsu et ait décidé de traquer son bourreau pour lui faire payer. Au lieu de ça, il avait en face de lui une femme. Cheveux de jais, perles brunes et un bras en moins. Dubitatif sur le coup, il poussa finalement un soupir d’exaspération en roulant les yeux avant de retomber sur le dos.

• Bordeeeeeeeel.

Finalement, il n’est pas sorti du merdier.