Shigeru soupira lourdement avant de faire craquer ses doigts – la journée d'aujourd'hui s'annonçait pour le moins intrigante. Une mission lui avait été assignée – une de ces missions officielles avec ces jolis papiers administratifs dont il se fichait profondément – et il comptait bien la réaliser jusqu'au bout. Ses mains jouaient obsessivement avec le parchemin contenant les ordres qu'il avait déjà lu plusieurs fois :

Ordre de Mission:

Démanteler un trafic de drogues, chose censée être le pied absolu pour un ninja médecin : nécessitant le savant mélange de compétences médicales et shinobi. Il tourna sa langue dans sa bouche et la coinça entre deux canines avant de croquer dedans – il s'avèrerait bien assez vite s'il serait capable de s'amuser. Si les trafiquants avaient été repérés, il fallait encore être capable de les retrouver puis remonter le fil des informations.

Adossé contre un mur non loin de l'hôpital de Kumogakure no sato, il attendait l'autre ninja qui avait été assigné à l'enquête avec patience – son regard vide fixant avec passion l'immeuble en face de lui. La seule chose qu'il connaissait de son futur partenaire était son identité – Kadoria Saito, et le jeune médecin espérait sincèrement que ce ne serait pas un retardataire notoire, sachant qu'il était arrivé avec près d'une demi-heure d'avance. C'est Shigeru qui avait fixé le lieu de rendez-vous, ayant en tête où potentiellement commencer l'enquête : être ninja médecin offrait une certaine quantité de passe-droit, notamment la permission d'aller voir les patients de l'hôpital relativement librement – cumulant à ça un vieux service que lui devaient quelques médecins.

Lorsqu'il entendit un bruit de pas se dirigeant vers lui, il se tourna lentement et toisa le jeune homme qui venait d'arriver à lui. Il lui adressa un maigre sourire perdu dans son visage inexpressif par ailleurs.

"Kadoria-san, n'est-ce pas ? Je suis Shigeru Enko, votre partenaire sur cette mission."

Il leva les yeux vers l'hôpital avant de les reposer brusquement sur l'autre Kumojin.

"Nous avons deux solutions : soit nous fouillons le centre-ville, soit nous cherchons à l'hôpital en profitant du fait que je sois iryo-nin. Il y a toujours un lot de sans-abris ou drogués du centre-ville qui cherchent refuge pour la nuit : ils sauront « peut-être » quelque chose si nous nous montrons persuasifs."

Et surtout, ils ne pourront pas nous fuir pensa-t-il silencieusement, habitué à ce genre de personnes. La lueur de ses yeux trahissait l'inexpressivité de sa voix – ce ne serait peut-être pas si mal que ça finalement.

Alalala, j’étais bien allongé là sur mon lit. C’était ma journée de repos aujourd’hui, j’allais enfin pouvoir ne penser à rien. J’étais vraiment surchargé de travail en ce moment et j’allais devoir me reposer un peu. Malgré que j’étais un ninja, la surcharge de travail était plus qu’insoutenable par moment. Malgré ça, mes épaules étaient assez large pour pouvoir résister a tout ça. Enfin bref, j’étais posé sur mon lit. Alala, ça faisait longtemps que je ne m’étais pas allongé comme ça. Je réfléchissais avec les yeux fermés sur les choses que j’avais déjà faite dans ce village. Une mission de rang D avec un Hakushi et un entrainement avec Kouga-Sensei. Durant l’entrainement, il m’avait appris à utiliser une technique puissante de Fuinjutsu pour me sortir d’un Genjutsu. Et en parlant de Kouga, je ne savais pas quoi penser de lui. Il était quelqu’un d’assez … Distant. Distant, mais très protecteur. C’était quand même mon sensei, il devait l’être un minimum me direz-vous. Enfin bref, j’étais allongé là jusqu’au moment où un oiseau messager passa par ma fenêtre et lâcha une lettre après avoir fait deux tours au-dessus de ma tête. PUTAIN ! On ne pouvait même pas être tranquille deux-minutes dans ce village ? Bordel de merde, je pouvais pas être en repos plus de deux heures !

Enfin bref, j’avais pris la lettre dans les mains et j’avais lu son contenu. Encore une mission que j’allais devoir faire accompagner d’un autre ninja du village. Enfin bon, ça n’allait pas être quelque chose de nouveau pour moi puisque c’était la deuxième mission que j’allais faire accompagner de quelqu’un. Enfin bref, j’étais attendu dans moins de quinze minute … Il s’était perdu en chemin ce piaf de merde ou quoi ? J’allais devoir faire vite ! Mais bon, j’allais arriver en retard, c’était une certitude. Parce que le lieu de rendez-vous était situé à l’autre bout du village. Enfin bref, je m’étais lever, doucher, habillé etc a une vitesse ahurissante et j’avais pris la route pour le rejoindre. Arrivant une quinzaine de minute en retard, j’allais prendre la parole pour m’excuser mais il commença à parler avant moi. Enko Shigeru, un ninja médecin. Et puis quoi encore ? La médecine ne servait à rien du tout dans un combat. Ca servait en fin de combat quand les blessures étaient trop grosses pour se fermées eux même. Voilà tout.

Enfin, c’était mon avis et ça ne regardait que moi. Je voulais prendre la parole pour me présenter moi aussi, mais il commença a parler encore une fois avant moi. Il m’énervait déjà ce type, c’était une vraie pipelette. Olala, il était vraiment bavard. Mon regard ne changea pas quand il demanda ce que je préférais. L’hôpital bien entendu, si c’était un ninja médecin, on allait apprendre plus de chose là-bas qu’ailleurs. En plus, avec mes talents d’interrogateur on allait sûrement trouver notre bonheur. C’est ainsi qu’on était partit en direction de l’hôpital. Sur la route, j’en avais profité pour prendre la parole moi aussi.

« Je suis Kadoria Saitô, enchanté l’ami. Trafic de drogue hein éhé, on va pouvoir se snifé un petit rail ! »

C’était une petite plaisanterie histoire de détendre l’atmosphère. Espérons juste qu’il prenne ça bien ce con et qu’il avait pas une barre de fer dans le cul.

Sur la route vers la porte de l'hôpital, l'autre Kumojin s'était enfin décidé de parler. Si cela enchantait Shigeru qui avait peur de tomber sur un muet – l'obligeant à réaliser toute la partie orale de la mission seul – il ne pu que se maudire intérieurement à l'entente des mots du jeune homme en face de lui. Parler était une nécessité qu'il avait accepté dans la vie – il le faisait lorsque c'était nécessaire et restait silencieux le reste du temps. L'autre Kumojin, néanmoins, venait de faire une blague de mauvais goût - en admettant que personne ne soit assez stupide pour dire ce genre de choses à une personne qu'il venait de rencontrer. Hésitant un instant, il se rappela sa détermination nouvelle à rompre quelque peu le manteau de sa dépression, se décidant de jouer le jeu. Alors que la porte s'ouvrait pour les laisser rentrer dans l'enceinte de l'établissement, Shigeru se pencha vers son partenaire.

"Si les seules drogues que vous connaissez se sniffent, vous pouvez vous estimez heureux de m'avoir comme équipier pour cette mission."

Puis, lui adressant un sourire léger, il s'approcha plus encore et lui susurra dans l'oreille ces quelques mots – repensant à toutes les drogues et poisons qu'il utilisait généralement dans son travail, ainsi qu'à l'éventuel usage récréatif qui pouvait en être fait. Il faudrait peut-être qu'il essaye un jour, juste pour voir s'il avait raison.

"Je pourrais vous faire découvrir un monde entier de sensations après la mission si vous aimez tant cela."

S'éloignant soigneusement de son partenaire, il prit les devant en pénétrant dans l'hôpital, la douce odeur de stérilité chatouillant ses narines. Adressant un maigre bonjour ainsi que le minimum syndical d'informations à la personne à l'accueil, il navigua jusqu'à la porte des urgences : le meilleur endroit pour commencer à chercher. Cet hôpital était une deuxième maison pour lui, y ayant appris le plus grand de ce qu'il savait de la médecine – il en connaissait les moindres recoins par cœur.

"Shigeru-kun ! Je ne m'attendais pas à te voir ici aujourd'hui ! Qui est ton ami ?"

Une jeune infirmière l'avait reconnu à l'instant où ils étaient entrés, provoquant une crispation discrète du jeune médecin. Elle cherchait à l'inviter à dîner depuis un moment déjà, s'en était fatiguant.

"Un autre ninja de Kumo. Il voudrait devenir ninja-médecin également, alors je me suis dit que je pourrais peut-être lui montrer comment examiner un patient. Enfin, si on m'y autorise."

Il se tourna vers le jeune homme qui l'accompagnait, son regard ayant l'air de dire "ce sera plus simple ainsi", puis vers l'infirmière à laquelle il adressa un sourire mielleux.

"Tu penses que je dois aller voir le docteur Darakushita ou on peut garder ça juste entre nous ?"

Il détestait se jouer des gens, mais n'avait vraiment aucune envie de perdre son temps avec le docteur, son premier mentor en médecine. Il ne savait que trop bien que le petit vieillard était extrêmement bavard et ce serait une perte de temps inutile. L'infirmière rougissait explicitement devant les mots que le jeune médecin avait employé – tous savaient qu'il ne tutoyait personne, et la marque délibérée d'affection qu'il exprimait envers elle la mettait dans tous ses états. Quelle hystérique surexcitée. Elle s'approcha dangereusement de lui et posa une main sur son épaule, souriant à pleines dents.

"Vas-y, je doute que le docteur s'y oppose de toute façon."

Il lui adressa un sourire gêné, se disant qu'il devait se donner en spectacle de façon misérable devant l'autre Kumojin - génial. Le laissant seul avec l'infirmière, il se dépêcha de scruter les dossiers des patients pour en trouver un qui conviendrait – bingo. Admis la veille pour un léger surdosage en drogue et encore gardé pour observation aux urgences, c'était comme si on le leur offrait sur un plateau d'argent. Faisant un signe de la tête à l'autre ninja, il poussa la porte de la chambre du patient.

Spoiler:

Alala, l’hopital. C’était bizarre, j’aimais pas cet endroit. C’était de la grande merde, mais il fallait dire une fois. Fallait avouer que les demoiselles ici, c’était vraiment des bombes atomiques. Bordel de merde, c’était quoi ce niveau de beauté ? C’est plus un hopital, c’est une partouze. Ouais bon, fallait que je me calme. Je regardais partout en même temps, je matais les culs que je pouvais et en même temps je suivais ce ninja que je venais de rencontrer. Il était un ninja médecin d’après ses dires et vu comment il était à l’aise et connu dans cet hôpital, c’était vrai. En effet, une des bombes atomique était venue le voir directement pour lui parler. C’était ma chance ! La mission ? Rien à foutre, y’avait une belle fille ! Les drogués pouvait attendre que je trempe mon biscuit quand même bordel ! Enfin il m’avait énervé tout à l’heure l’autre con. Avec ces réflexions a la con sur les drogues qu’on pouvait snifer ou pas, il a cru que j’étais médecin comme lui moi ou c’est comment ? Je dois dire, le type s’est pris pour Docteur House ? Putain de merde. Enfin bref, il avait de la chance d’avoir une amie aussi belle que cette déesse.

« Coucou toi. Dis-moi, ton père c’est pas un terroriste ? »

Et ouais, je draguais comme ça moi. Fallait l’avouer, je n’étais pas vraiment doué en drague, mais voilà quoi. On fait comme on peut, on cherche la faille histoire de pouvoir tirer un coup. Surtout que j’avais prévu une réponse assez inhabituelle.

« Non, je te dis ça parce que franchement, je t’exploserais bien moi. »

Bahahahaha, j’avais dit ça avec un sourire des plus ravageurs. Elle avait complétement oublier l’autre puceau de médecin. Je le regardais du coin de l’œil, il scrutait les dossiers des patients. Moi, je n’avais pas fini avec mademoiselle, donc j’allais rester avec elle un petit moment. Je lui avais fait signe de continuer seul, je le rejoindrais dans la chambre du patient plus tard. Bah ouais, j’avais prétexté devoir interroger des gens dans le coin. Puis je pense qu’en se séparant on allait couvrir une plus large zone ! Enfin bref, j’étais partie dans une salle assez bizarre avec l’infirmière. Olala, elle était bonne sa mère. Gros nibar tout ça, j’avais vraiment bien choisit. En plus, c’était sûrement une coquine. Vu comment j’avais réussi a la pécho, elle cherchait surement aucune relation sentimental. Alala, j’avais de la chance ce soir. J’allais pouvoir tremper mon biscuit … Ou pas. Car en arrivant dans la salle où les infirmiers se retrouvaient, j’avais surpris une conversation qui parlait justement de drogue. Un autre infirmier qui parlait avec une infirmière sur une drogue assez bizarre mais puissante d’après lui. La meilleure drogue qui se fait de nos jours, c’était ses mots. Ca le faisait décoller … Je vais te faire décoller moi tu vas voir sale con. Je vais tellement te botter le cul que tu vas toucher le ciel espèce de drogué ! C’était comme ça que je l’avais attrapé par la gorge et plaqué contre le mur avant de lui crier fort dessus histoire de lui faire peur.

« Vas-y dis m’en plus sur cette drogue … Si tu me mens je te fais décoller moi-même en t’arrachant les couilles drogué de merde ! »

J’avais fait peur à l’infirmière, qui était sûrement aller prévenir Shigure. Je m’en foutais complétement, le gars devant moi allait me dire ce qu’il en était.

Shigeru n'avait pas besoin de s'approcher plus du patient pour voir qu'il n'était pas dans un état normal. Les pupilles dilatées, les propos incohérents – qui de normal répondait "chèvre" à "bonjour" ? –, l'attention éparse et le corps animé de soubresaut : c'était là des signes inflexibles de l'emprise de drogue, bien qu'aucune ne donnait tous ces symptômes à la fois. Pourtant, le dossier médical n'en faisait pas allusion et, compte tenue de la durée du séjour du malade, il était inconcevable qu'il soit encore sous l'effet de la dose qui l'avait fait venir ici. Visiblement, il leur faudrait s'entretenir avec son mentor – quelque chose ne tournait pas rond dans son service. En parlant de "eux", cela faisait bien cinq minutes qu'il attendait l'autre ninja – bien au dessus de ce que devait lui prendre le trajet. Adressant un maigre au revoir au patient par habitude, il sorti de la chambre sans laisser en rien transparaître l'agacement auquel il commençait à céder.

"Shigeru-kun ! Votre ami est en train d'attaquer un infirmier dans notre salle !"

Etait-elle absolument stupide d'hurler ce genre de chose à travers l'intégralité du service ? Le jeune médecin ravisa rapidement ses pensées, conscient du fait qu'il ne connaissait rien aux capacités du Kadoria. D'un pas assuré, il se dirigea vers l'endroit que lui indiquait l'infirmière : l'hôpital était son territoire et, pour le bien d'une mission, il avait accepté d'y laisser entrer quelqu'un. Combien même il voulait espérer que son coéquipier avait des raisons cohérentes pour se comporter de la sorte, il n'était pas certain de pouvoir le lui pardonner. Une fois arrivé, il attrapa la main du Kadoria, soigneusement enroulée autour de la gorge de l'infirmier, et le dévisagea.

"Les gens violents dans cet hôpital sont traités à coup d'injection forcée de calmant. Vous en désirez tant que ça ?"

Derrière l'inexpressivité normale de sa voix se cachait un venin bien plus profond. Il hésita un moment à augmenter l'intensité de son étreinte sur le jeune homme, mais son œil médical était aiguisé – au vue de la musculature développée de ce dernier, il avait certainement plus de force. Probablement un spécialiste du taijutsu – génial. L'infirmier profita de l'occasion pour commencer à s'expliquer – racontant comment il avait surpris le ninja en train d'enlacer l'infirmière et voulait intervenir en craignant qu'elle ne soit molestée. Le peu de connaissances en psychiatrie comportementale de Shigeru permettait facilement de dire que ce n'était que confabulation : son regard était fuyant et les battements de sa carotide saillante avaient accéléré. Les deux femmes échangèrent un bref regard qui échappa au médecin jusqu'à ce que la plus collante des deux ne fixe le sol sous l'assaut des yeux de sa collègue. Quelque chose ne tournait pas rond.

"Serait-il possible de savoir ce qu'il se passe ici ?"

Un désagréable frisson traversa l'intégralité de son corps. Cette voix, il la reconnaîtrait partout : c'était celle du docteur Darakushita. Il se tourna pour voir le vieillard et lui adressa un maigre sourire, profitant de l'instant de distraction pour arracher la main de son équipier du cou du personnel soignant.

"C'est toi Enko ? Je ne m'attendais pas à te voir aujourd'hui, tu m'as dis être en mission !"

Décidément, il utilisait toujours ce stupide surnom. Le vieil homme tourna la tête vers l'autre ninja.

"Je vois. Venez tous les deux dans mon bureau s'il vous plaît."

Si sa voix était douce et attentionnée, son disciple ne savait que trop bien que c'était là une déformation professionnelle acquise au fil du temps – les yeux du médecin trahissaient sa colère. Empoignant le Kadoria, il le traîna de force jusqu'au bureau en question, l'énorme plaquette signant "Chef du service" ne permettant pas l'erreur sur sa fonction. Une fois que le médecin fut entré, Shigeru se tourna rapidement vers l'autre Kumojin et chuchota.

"Le patient a certainement obtenu de la drogue à l'hôpital, il était sous l'emprise de quelque chose que je ne connais pas et je n'ai rien pu obtenir. Le docteur n'en a pas fait part dans sa dernière observation. Quelque chose ne tourne pas rond."

Puis, espérant que l'autre ninja comprenne le sens du mot subtilité, il haussa légèrement la voix.

"J'espère que vous avez des raisons valables d'avoir fait ce que vous avez fait. Le docteur Darakushita est quelqu'un de compréhensif."

En fermant la porte du bureau, il n'était certain que d'une seule chose : en fonction du dénouement de l'histoire, c'était sa position à l'hôpital qui était menacée par les agissements de cet idiot.

hrp: