Yumiya, cette immense ville au nord du pays du fer qui se trouvait au beau milieu d'un plateau jonché entre deux épaisses chaînes de montagnes. Cette ville avait une influence considérable sur ses alentours, cette influence s'étendait sur de très longues distances, puis qu'elle se trouvait isolée. Sa position géographique était avantageuse, elle se trouvait au beau milieu du pays du fer, très loin des côtes et des frontières, ce qui lui permettait d'être à l’abri de toute invasion. Pour l'atteindre, il fallait contourner ou traverser d'épaisses chaînes de montagnes sur plusieurs centaines de kilomètres. Yumiya est à proximité des plaines de givre recouvrant l'extrême nord du pays, des fleuves, Harigane à l'ouest, Shitetsu à l'est.

Cette ville se situe dans un endroit reculé là où toutes les familles riches viennent s'y reposer après avoir fait fortune dans différents domaines. Les quartiers sont riches, les prix y sont élevés. La population de la ville est extrêmement vieille, la moyenne d'âge est élevée, c'est la plus élevée du pays, en revanche, le PIB par habitant est faramineux, il est de loin supérieur à toutes les autres villes du pays. Cette ville attire particulièrement les criminels dans mon genre, puisque les populations sont très faibles, mais également très riches, ce qui en fait des proies faciles. Je me trouvais au beau milieu de la ville sur le toit d'une maison dans un des quartiers riches de la ville. De là où je me trouvais, j'avais vu sur toute la ville, je pouvais voir des dizaines et des dizaines, voire des centaines de maisons s'étendre à perte de vue, tandis qu'au loin, il y avait des montagnes.

Je ne me trouvais pas sur le bâtiment le plus haut de la ville, car à l'exception des manoirs immenses que possédaient les élites, tous les bâtiments faisaient la même taille. Il y avait des manoirs qui comptaient plus d'une centaine de chambres, de pièces en tous genre, tout cela, pour une simple famille d'environ six ou sept personnes tout au plus. Tandis qu'un peu partout dans le monde, ou même dans le pays, de nombreuses personnes n'ont aucun toit et en cherchent désespérément. Tant d’inégalités en ce monde, j'avais vécu cela, j'avais connu la misère, car oui, j'étais orphelin et je ne devais compter que sur moi-même. Je n'avais pas de maison, nul part où aller, je devais me prendre en charge seul. Cela m'énervait de voir quelques personnes dans une maison aussi immense, tandis que d'autres n'en ont pas.

Tant d’inégalités qui m'agaçaient, qui me rendaient furieux et m'emplissaient de pulsions meurtrières, d'une soif de sang couplé à une envie de destruction imminente, mais je dus prendre sur moi, car je n'avais pas les capacités de pouvoir le faire, du moins pas encore. Ce n'est qu'une question de temps avant que je puisse annihiler toutes ces crapules et toutes ces infâmes personnes qui infectent et polluent le monde. Mon regard se posa sur un homme qui, plus bas, était en train d'empaler plusieurs personnes décimant une famille entière sous les yeux du petit dernier qui regardait, impuissant, sa famille mourir. L'enfant venait de subir un traumatisme conséquent, il était effrayé, choqué et ne comprenait ce qu'il se passait. A la vue du bourreau, son visage était complètement figé, mélangeant haine, effroi et incompréhension.

Le meurtrier l'épargna puis s'en alla, c'est alors que plusieurs gardes se mirent à sa poursuite. Ils le traquèrent avec beaucoup de rage et d'agressivité, il voulait sa peau et ne comptait visiblement pas le laisser partir. Ils le rattrapèrent, mais il réussit à se défendre ; néanmoins, il semblait dépasser par la situation. J'esquissai alors un rictus machiavélique, car je m'apprêtais à tuer ses poursuivants pour l'aider à s'en sortir. Etant le seul témoin, ayant vu son visage et les meurtres qu'il avait commis, j'étais en position de forces pour lui faire du chantage afin qu'il agisse dans mon intérêt. Il me plaisait bien, il avait fait preuve d'une énorme cruauté en laissant au gamin la vie sauve. Ce dernier grandira en étant mu par une profonde rancoeur et agira au nom de la haine. J'empoignai deux Kunai avant de sortir les mains de mon manteau.

Je me ruais donc pour soutenir le criminel, j'éliminais un premier garde dans son dos. Le fugitif s'est caché, tandis que plusieurs gardes changèrent de cible, j'avais donc fait diversion. J'eus récupéré le Katana de ma première victime du jour avant de m'attaquer aux suivants. Usant de ma rapidité et de ma furtivité, j'utilisais l'environnement à mon environnement, passant de ruelle étroite à ruelle étroite, je me tapissais dans l'ombre, me cachant dans les moindres trous afin de cueillir les imbéciles qui me suivraient.

Je ne pouvais les vaincre au corps-à-corps, puisque c'était leur domaine de prédilection et je ne pouvais pas avoir recours au Ninjutsu, souhaitant garder l'anonymat. J'eus donc recours à la ruse pour les éliminer un par un jusqu'à qu'il n'y en ait plus un seul. Il n'y en avait d'ailleurs pas beaucoup, puisqu'il n'y avait qu'une petite unité à sa poursuite, celle qui rôdait dans le coin au moment des faits. Sur le chemin, je m'assurais qu'ils soient tous morts en les décapitant, ne laissant que des corps sans tête dans les rues à la vue des gamins qui pouvaient jouer dans le coin.

"Ils ne nuiront plus jamais."

Sur le chemin, je vis un garde qui rampait sur le sol, laissant une trainée de sang sur le sol. Il avait une plaie au ventre, tandis qu'il rampait sur le ventre. Je ne l'avais pas encore décapité, à vrai dire, je ne le ferais pas. Cet homme avait fait preuve d'une grande volonté de vivre pour survivre après avoir subi un violent coup de Katana. Il s'accrochait à la vie du mieux qu'il pouvait, il n'abandonnait et continuait à lutter contre la fatalité. Son obstination me plaisait bien, c'est pourquoi, j'eus voulu lui offrir une mort différente de celles des autres, puisqu'il était différent des autres.

"A quoi bon lutter ?"

Dès qu'il m'eut entendu, il se retourna. Il était surpris et c'est lorsqu'il m'aperçut qu'il commença à avoir peur pour sa vie. Il sentait que la mort s'approchait, il savait que j'étais l'ange de la mort, la faucheuse qui l'emmènerait de l'autre côté. J'armais le Katana que j'avais volé pour lui trancher son corps en deux d'un simple coup rapide. Il n'eut à peine senti le coup le traverser qu'il passa de l'autre côté, dans un monde plus calme et plus paisible. Je m'approchais du meurtrier qui s'était caché. J'eus planté le katana avec sa lame tâchée de sang que j'avais dérobé sur le sol, devant lui, puis je le regardais alors. Sur mon masque, on pouvait distinctement voir une épaisse tache de sang au niveau de ma joue droite ; le sang de ces chiens m'infestait.

"Partons vite, d'autres gardes ne vont pas tarder à arriver."

Avec prudence et vivacité, nous pûmes sortir de la ville pour nous réfugier dans les montagnes. Nous pouvions voir, de là où nous étions, la ville de Yumiya. Une fois que nous étions assurés d'avoir semé nos ennemis, j'abordais alors l'homme que j'avais sauvé.

"Rassure-toi, ce que tu viens de faire restera secret... Enfin... En vérité... Tout dépend de toi..."

Je me mis à marcher et à revenir sur mes pas. J'eus marqué une pause volontairement pour qu'il puisse cogiter sur ces paroles, pour qu'il puisse réfléchir et comprendre ce que je voulais dire.

"Nous avons tous un intérêt, je suppose. Tu as par exemple tout intérêt à ce que cela ne se sache pas et moi... J'aimerais te savoir dans mon camp. Après tout, je viens de te sauver, tu me dois bien ça. On va appeler ça une alliance, ou non... Un échange de bons procédés..."

Je continuais à marquer une pause pour qu'il puisse comprendre où je voulais en venir. Je souhaitais former une alliance avec lui et s'il refusait, je voulais lui faire comprendre que son secret ne sera plus vraiment un secret. A sa manière de combattre, c'était un Samurai, donc un natif du pays du fer, il n'est donc pas compliqué pour les autorités de retrouver sa trace. D'autant plus qu'il ne pourra plus jamais revenir dans son pays natal et je savais à quel point les samurai étaient attachés à leur racine. Enfin... Je dis ça, mais tout ça ne risquera pas d'arriver, s'il se contentait de coopérer gentiment.

"Le pays de la foudre a annexé le pays du fer et j'ai besoin d'informateur... Je suppose que tu vois ce que je veux dire. Je ne sais pas si c'est à ta portée, mais tu pourrais me donner quelques informations sur le village caché des nuages ; notamment ce qui est prévu, planifié et diverses choses encore, comme le fonctionnement, le dispositif de sécurité et j'en passe. Tout est bon à prendre. De mon côté, je pourrais t'aider dans tes affaires, qu'en penses-tu ?"

Le dit "échange de bons procédés" fut accepté très rapidement ; tout se passait donc comme prévu. Je savais qu'il allait logiquement accepter mon offre, puisqu'il n'avait pas vraiment le choix. Visiblement, malgré mon chantage, il avait su garder la tête froide et il ne s'était pas emporté. Il me plaisait bien. Il se leva puis se mit tout d'abord à regarder la ville. Je l'observais patiemment et c'est alors qu'il me proposa de signer une sorte de contrat pour qu'il puisse avoir une preuve écrite, or je ne comptais laisser aucune trace de passage.

"Je refuse de signer quoi que ce soit. Inutile d'apposer sa signature où que ce soit, contentons-nous d'un simple accord oral, cela suffira amplement."

Je voulais qu'il comprenne que tout cela n'avait aucun sens et qu'un simplement accord suffirait sans pour autant qu'il y ait une quelconque preuve écrite. Je serais là s'il a besoin de moi, au même titre qu'il sera là lorsque j'aurais besoin de lui. Selon ses dires, nous avions le même but, nous voulions tous les deux détruire le système tel qu'il est en vigueur actuellement. Ce système injuste où seuls les riches, satisfaits de leur condition, y trouvent leur compte.

"Nous avons le même objectif, je souhaite aussi détruire ce système et en concevoir un plus équitable. Nous pourrons donc nous allier dans nos démarches, puisque nous avons un objectif en commun."

Son objectif ne s'arrêtait pas là, le Samurai voulait également redorer le blason de Tetsu no Kuni. Pour cela, il devrait inéluctablement s'opposer au pays de la foudre, au Raikage de Kumo, ce qui le mènerait à un conflit de grande ampleur. C'est là que je devrais intervenir pour l'aider à mener sa mission à bien ; également, il devrait forcément devenir le chef du pays du fer et cela se fera assurément par le biais d'un coup d'état et c'est là que j'interviendrais de nouveau. J'avais donc une petite idée des tâches qui allaient m'être alloué dans le cadre de la réussite de son projet.

"Tu comptes fuir à Kumo ? Pour combien de temps ? J'aurais besoin d'informateur là-bas. Si tu m'en trouves, quelques-uns ayant le potentiel pour l'être, fais-moi signe."

Il est vrai que je comptais sur lui pour me divulguer sans cesse des informations sur ce qu'il se passe au sein du village caché des nuages pour que je puisse entamer des négociations avec les autres grandes nations. Un autre échange de bons procédés : je leur propose des informations sur le village caché de Kumo que je récolte par le biais de Nitobe Shinsuke en échange de leur soutien. Or, apparemment, je devais changer mes plans. Je n'obtiendrais pas suffisamment d'informations pour avoir un certain impact qui me permettrait d'avoir de l'influence.

"Très bien. Je me nomme Rei."

Le Samurai comptait faire un passage éclair au village caché des nuages pour je ne sais quelle raison d'ailleurs. Il pouvait très bien y rester quelques années pour se faire discret et partir lorsqu'il gagnera de l'importance et lorsqu'il commencera à se faire connaître à travers le village. Je savais qu'il n'y avait pas de témoin oculaire, vu que j'avais pris soigneusement le temps d'éliminer tous les gardes. Il n'y avait que le petit garçon en état de choc qui avait vu son visage, mais il allait peut-être oublier à tout jamais le visage de l'homme à l'origine de la mort de toute sa famille.

"Pourquoi penses-tu que tu seras poursuivi ? Tu as prévu d'y commettre de nouveaux crimes, là-bas ?"

Autrement dit, j'avais sauvé le Samurai qui était libre et blanchit face à ces crimes, puisque personne ne le savait. Personne, sauf, bien sûr, c'est pour cette raison que dans cette affaire, j'avais moyen de le faire parler, de le faire agir comme je le souhaitais, il était donc mien. Je lui avais confié d'ailleurs pour mission de trouver un espion au sein du village caché des nuages, un espion qui me permettrait d'avoir des informations sur le village de Kumo.

"J'ai besoin d'informations sur toutes les grandes puissances. J'ai besoin d'informateurs pouvant me donner des informations fiables."

Je souhaitais rester évasif pour qu'il puisse en savoir le moins possible sur moi et sur mon objectif, mais je ne comptais pas non plus éviter de lui répondre pour qu'il puisse penser que j'avais confiance en lui et que donc, il pourrait lui aussi avoir confiance en moi. En réalité, je n'avais confiance en personne, je savais qu'il pouvait me faire marcher s'il en savait plus que moi. Je devais être plus intelligent que lui et faire attention à tout ce que je dis, toujours réfléchir avant de parler. J'étais donc toujours méfiant, de nature méfiante, puisque je savais de quoi l'être humain était capable et à quel point il est dépourvu de valeurs ; c'était par pure prudence, je devais prendre des précautions.

"Je passerais dans les environs régulièrement. Envoie-moi tes lettres à cet endroit."

C'est alors que j'eus sorti une carte de mon épais manteau et une plume avec de l'encre pour lui montrer l'endroit où il pouvait m'envoyer ses lettres en y faisant un point noir, je lui donnais alors toutes les indications nécessaires pour que le message puisse trouver l'endroit dissimulé où je stockais mes lettres... C'était en réalité l'une de mes nombreuses planques dans le pays.

Carte de Kawa:

Les crimes qu'il venait de commettre ne lui suffisaient pas, il voulait en commettre toujours plus ; c'est bien ce que je pensais. Une étude a montré que la conscience humaine, après le premier crime, a tendance à s'étouffer pour laisser place à un monstre sanguinaire qui ne possèdent plus aucune limite dans ses horreurs. Je ne savais pas s'il avait déjà commis des crimes auparavant, mais il n'écartait pas l'éventualité d'en commettre d'autres et cette fois au sein du village caché de Kumo, ce qui est, je trouve, l'action la plus idiote et imprudente qui soit.

A travers ses propos, je pus comprendre qu'il avait une certaine soif de sang qu'il ne tentait pas de dissimuler. Des menaces ? Non, je ne pense pas, il semblait coopératif et après tout, je venais de le sauver. Je n'eus pas répondu à cela, je pus constater qu'il n'était pas très malin et c'est ainsi que je pus réaliser qu'il finirait très tôt six pieds sous terres revêtu d'une réputation de meurtrier. Il ne faisait pas dans la dentelle et comme en témoigne son dernier assaut, il ne semblait pas avoir essayé de mettre au point une tactique, une stratégie d'assassinat discrète pour parvenir à ses fins sans se faire repérer. Je me demandais si une alliance était intelligente, puisqu'il pourrait être emprisonné puis interrogé. Avec du recul et de l'analyse, je pus remarquer que cela ne me poserait pas de problème tant qu'il ne savait rien sur moi ou du moins, le minimum.

"Je souhaite apporter un changement radical et global. Pour cela, j'aurais besoin d'en savoir davantage sur les grandes nations."

Je lui avais donné des indications pour qu'il puisse me contacter, il acquiesça ce qui signifiait qu'il était capable de m'envoyer quelques courriers. Le souci étant, que par prudence, je devais trouver un moyen d'éviter de récupérer les lettres en personne. Il pouvait, par exemple, piéger une lettre ou me tendre une embuscade. Je n'écartais pas la possibilité, qu'un jour, Kumo pourrait être un jour au courant de tout cela et que ces derniers tentent de me capturer ou me tendant une embuscade. J'étais peut-être paranoïaque sur les bords, mais au vu de mes aspirations, c'était tout de même légitime puisque je souhaitais m'opposer au monde entier, seul contre tous.