[InConquest] Au rapport ! [Michiki et Setsu + Others later]

Les flots battants la côte ; cet air marin à la fois humide et sec ; cette terre sombre et pourtant accueillante à tout homme voulant prouver la force de son corps et de ses convictions. Qui, né à Mizu, ne serait pas capable de reconnaître ces embruns, de profiter de chaque seconde et de fermer les yeux en espérant un retour dans le temps. Pour tout homme exilé, l’odeur de la mer frappant et redessinnant les contours du Pays de l’Eau était un délice, plus qu’une crèpe bretonne enduite de caramel fleur de sel. Les ombres n’étaient plus menacantes, et le Vent n’était plus combattif : tout n’était qu’un signe d’accueil, alors que les Ombres répètent votre nom sans relâche comme pour vous accueillir sur ces terres que vous avez du mettre derrière vous. Le passé vous tend une main invisible, que vous n’hésitez pas à saisir, afin de profiter de chaque seconde nouvelle. Revenir sur sa terre natale ; le bonheur de tout exilé.

Ca y est : Kakeshuou Samui, Empereur du Shukaï, et Dernier des Kirijins, est de retour à Mizu no Kuni.

Si le cœur valse à chaque houle, les yeux restent rivés sur le rivage et les troupes qui s’y animent. Notre homme garde le cœur dur et la tête froide. Il a été informé des premiers affrontements ; et même si ce n’était pas une surprise, il avait espéré jusqu’au bout que les adversaires et opposants ne soient pas présents. Rencontrer une opposition dès la première opération de cette reconquête était un grand malheur, car cela signifierait des pertes, des captures, et une conquête qui se ferait dans le sang. Mais les choses étaient lancées, et rien n’arrêterait cet homme dont le cœur était déjà pris dans le Devoir et la Malédiction.

Posant son pied sur la plage, même la douceur agressive du sable ne fut d’aucun secours pour l’âme de notre homme. Avançant en ligne droite, suivi de trois hommes servant d’acompagnateurs et de gardes pour sa personne, il harangua la première personne de passage, pour savoir où il pourrait trouver les principaux Chefs du débarquement. Il ne devait pas perdre de temps, et il savait que Michiki Shinda et Setsuna Yuuki lui résumeraient très bien la situation. Après s’être fait indiqué la direction d’une tente et d’un emplacement plus large dans un carré en toile représentant le Quartier Général des forces de l’Empire, notre sextagénaire marcha d’un pas décidé et ferme, tout en posant ses yeux sur les alentours.

Il y avait eu affrontement. Et pas des moindres. Certains bâtiments de fortune avaient déjà soufferts de la rencontre, mais l’activité des hommes montrait bien qu’ils conservaient leur motivation et leur hardiesse pour le combat. Visiblement, cette rencontre fatidique avec des forces ennemies renforcerait les cœurs et les corps. Il faudrait bien cette victoire pour prouver la stabilité du Régime et la force de l’Idéal de Paix qui poussait le Shukaï toujours plus loin dans ses entreprises. Des blessés en train d’être soigné ? Donc l’adversaire était assez fort pour causer quelque dégat. Était-ce donc Kumo, le Village caché des Nuages, comme l’avait suggéré Michiki lors du sommet stratégique au Shozaichi ? Les réponses aux questions les plus importantes ne tarderaient pas.

Faisant signe à sa garde de l’attendre sur place, le Kamui pénétra dans l’espace stratégique, rejetant le pan de tissu toilé qui le séparait de ses futurs interlocuteurs. Saluant les hommes présents d’un signe de tête, il ne comptait pas s’étendre en politesse et en bavardages inutiles. Il avait reçu une lettre l’invitant à venir sur place pour régler des détails, et pour songer à une rencontre en sommet auprès des principaux acteurs de cette guerre naissante. Il ne comptait donc pas perdre plus de temps qu’il n’en perdait déjà.

~ Au rapport. J’ai reçu une lettre m’indiquant qu’il y aurait une rencontre avec les autorités de ce conflit ? Je veux avoir tous les éléments en main si cette rencontre venait à avoir lieu. Effectifs opérationnels, ennemis rencontrés, dommages, pertes et captures. Faites-moi le bilan complet.

Rentrons sans plus tarder dans les affaires les plus pressantes.

Les vents marins faisaient légèrement claquer quelques pans de la tente alors que le ton du Shinda commençait à monter sans même qu’il s’en rende compte lui-même.

- Il aurait au moins pu les prévenir ! On passe pour quoi nous après ?

Face à lui, Setsuna assistait à sa légère saute d’humeur. Il n’en avait pas souffert sur le terrain mais avec le recul une fois les émotions passées, cet élément lui revenait en tête maintenant et le faisait s’emporter légèrement. Il n’avait pas crié sur son acolyte pour autant. Il restait assez professionnel pour faire la part des choses mais il est vrai que ce détail aurait pu éviter certaines surprises et faciliter les instructions. Mais alors que la discussion allait rebattre son plein, Michiki ressentit le chakra de leur invité.

Oui ici il était presque invité. Tout le matériel lui appartenait certes mais il débarquait à peine sur la base d’opérations. Comme il fallait s’y attendre, il demanda directement le compte rendu de l’affrontement. Les deux mains sur la table, tourné vers l’entrée, Michiki observait celui qui lui avait confié les rênes de tout ce beau monde. Il ravala son émotion de tout à l’heure pour l’exprimer de manière plus approprié. Etant donné qu’il s’adressait à l’Empereur, des gorilles ne devaient pas être très loin pour lui sauter dessus au moindre faux pas. Mais le Shinda tenait à faire passer le message en toute honnêteté. Il serait amené à encore énormément collaboré avec cet homme et il préférait se montrer sincère dès maintenant.

- Bonjour Kamui. Pour commencer je dois vous avouer que vous nous aviez réservé une très mauvaise surprise.

Les mains du nécromancien quittèrent la table pour rejoindre son torse. Ses bras se croisèrent et il décrivit un léger balancement en s’appuyant sur ses talons. Continuant d’une voix un peu plus posée que quelques secondes plus tôt :

- Il aurait été avisé d’informer l’ensemble de vos troupes des renseignements que je vous avais fourni. Leur connaissance aurait pu aider les hommes sur le terrain. Et cela nous aurait fait perdre moins de temps de notre côté. Mais passons ce n’est pas là le sujet le plus important…

Se focalisant sur l’essentiel de cette rencontre, le Shinda s’empara d’un dossier assez épais qui reposait sur le coin de la table à côté de lui. Il saisit la liasse de papiers entouré d’une pochette rigide pour la faire glisser sur la carte qui avait dépliée sur le meuble. Le petit recueil fit son chemin vers l’autre bout de la table où se tenait Kakeshuou.

- Vous trouverez là tous les détails « techniques » des effectifs, des récapitulatifs, des pertes et gains de cette rencontre.

Il laissa un bref instant au Samui pour prendre connaissances des données et chiffres. Lorsqu’il jugea qu’il l’avait fait assez attendre, il s’empressa d’enchaîner.

- Nous avons personnellement convenus d’une trêve pour laisser le soin aux chefs de partis de s’exprimer. Même si le fait de faire verser le sang Kumojin ne me déplaît pas, j’ai préféré minimiser les pertes dans vos rangs. Vous aurez besoin de toute votre puissance militaire, inutile de la gâcher ici. Surtout pour de telles âneries et enfantillages des Nuages.

Exacerbé dans son ton, le Shinda prit finalement place sur un siège se trouvant quelques pas derrière. Du moins il attendit que l’Empereur en fasse de même avant de le rejoindre dans son geste. Il ne lui manquait plus qu’à espérer qu’il prendrait place. Ses jambes le lançaient un peu après tout ce boulot ! Aussi le nécromancien ne tarda pas à ajouter quelques éléments pour satisfaire les interrogations de son commanditaire :

- Nous avons fait face à un Kumojin et ce qui semblait être un Nukenin. Le shinobi de Kumo a exprimé lui aussi la nécessité d’un congrés diplomatique avant d’en venir aux armes. Tout ceci n’est que futilité. Au fond, Kumo n’est là que pour éradiquer définitivement ce qu’il considère comme une menace. Et ils ont bien raison ceci dit…

Dans un premier temps, l’Empereur avait préféré laisser de côté la remarque. Il commençait doucement à connaître le Shinda, et avait bien compris le ton de reproche qui lui était adressé concernant l’identité des adversaires. Certes, le Kamui n’en avait rien fait savoir. Notre sextagénaire était-il devenu trop vieux et sénile pour se rappeler de ses premiers devoirs ?
Non, il avait simplement agi par précaution. Oui, il avait caché cette information à ses troupes. Car, pour commencer, il n’y avait aucune assurance que les forces de Kumo soient belles et bien présentes. Dans un deuxième temps, car cela n’avait aucune importance. Le Shukaï n’était plus une force recluse, composée de survivants de Kiri et de bras cassés d’un monde vaste. C’était une puissance Ninja recherchant un soleil nouveau ; une nouvelle destinée. Ranimer de vieilles haines qui ne concernaient que les plus vieux des combattants était sans le moindre intérêt.

~ Nous sommes des rescapés d’une époque de conflits, Michiki. Nous avons toi et moi livrés de nombreuses batailles, tué de nombreux shinobis. Par le passé, Kiri a connu des adversaires redoutables face à Kumo et Konoha. Ce n’est pas le cas du Shukaï. Je veux que nos troupes deviennent des combattants endurcis, conscients de leurs forces, de leurs capacités et du danger que peut représenter une guerre livrée pour des idéaux. Pas animer des haines ancestrales qui ne les concerne pas. Ils ont aujourd’hui combattu un ennemi avant tout ; c’est tout ce qui compte.

La réponse avait été sèche, mais sans hostilité. A vrai dire, Kakeshuou Samui avait toujours apprécié la franchise, qu’elle lui soit témoignée ou qu’il la rende lui-même. Par ailleurs, et le Commandant de l’Opération s’en était certainement rendu compte, notre sextagénaire faisait déjà virevolter ses yeux d’un dossier à l’autre, parcourant plusieurs dizaines de pages, afin d’en retenir le plus d’informations. L’ennemi était maintenant officiellement désigné, et plusieurs combats avaient eu lieu. Des pertes des deux côtés, mais surtout des informations cruciales obtenues dans le sang. Le nerf même de la guerre … .

Ayant reposé le dossier, les doigts du Samui faisaient glisser les feuilles une à une. Il ne posa ses yeux que peu de temps sur les pertes. En temps de guerre, ce genre de choses était une évidence, mais il préférait se préoccuper des vivants, et même des secourables. Décidément, quelle âme charitable … .
Dans l’ensemble, on pouvait dire que le Shukaï avait remporté cette première partie. Mais cette semi-victoire ne serait qu’une courte mèche s’ils ne parvenaient pas à en exploiter convenablement les fruits. Les bruits des affrontements parcoureraient bientôt le Pays en murmures ; et on pouvait croire dès lors que d’autres groupes et opposants se manifesteraient. Il faudrait donc agir rapidement, en douceur, et avec tous les avantages que la situation offrait. Y compris si cela devait se plier par une rencontre protocolaire.

Les deux dossiers des capturés, Mikami et Hisa Tohatsu, furent rapidement esquivés. Le cas très particulier des prisonniers était toujours un point délicat. Mais l’Empereur avait toujours espoir qu’il y aurait moyen de les échanger. De son côté, il pouvait se conforter d’une solide monnaie d’échange avec le Village Caché des Nuages. Koémi Tsukiyo, Kami Yukita, Juroba Kadoria, Shinji Monjara … autant de noms qui auraient un poids dans d’éventuelles négociations futures. C’était plus qu’un avantage. Savoir en disposer dès à présent serait un plus à n’en point douter. C’était quelque part une chance : Hisa Tohatsu était une nouvelle recrue, et Mikami, malgré son rang, n’occupait aucun poste déterminant dans le plan de conquête. S’ils étaient soumis à la torture, ils ne pourraient livrer que des informations ponctuelles, voire évidentes.

~ Nous avons donc déjà beaucoup de pain sur la planche : tant mieux, l’inverse aurait signifié une défaite totale.

Renversant les éléments de table, l’Empereur étalait une carte que les trois compères avaient déjà entrevus ensemble.

~ Même si des négociations doivent avoir lieu, je veux que l’on commence à dispatcher des hommes sur les secteurs clés dont nous avons convenus. Des agents doivent infiltrer la ville portuaire de Shu pour trouver d’éventuels soutiens, et surtout renverser les principaux groupes en force sur place : milices, bourgmestre, … peu importe. Des patrouilles doivent se rendre sur les ruines de Kiri, pour nous assurer qu’il n’y a aucun pillage ou qu’elles ne servent pas à l’ennemi. L’Unité Sasayaki sera également chargée de protéger l’antenne relais au centre de l’île qui assure toutes nos communications. Pour les autres idées, je reste preneur … .

L’Ancien se tourna vers Michiki. C’était lui qui avait affronté les principales forces rivales ; c’était à lui de déterminer si la situation était propice à une conciliation ou non. Son vœu de guérilla contre les forces Kumojins était certes une envie évidente. Mais ce n’était pas une simple opération de conquête pour lui, comme pour l’Empereur. C’était un véritable test ! L’homme avait clairement formulé ses exigences : prendre la tête du Pays après sa purification. Mais le Kamui ne confierait pas une terre nouvellement conquise à un homme trop explosif se laissant mener par son cœur plutôt que par sa tête. Ce contexte dans son ensemble était l’occasion d’évaluer les capacités du Shinda, afin de savoir si oui ou non les rennes lui seraient confiés.

~ Vous avez bien fait de minimiser nos pertes ; si nous sommes sur le point d’entrer en guerre contre Kumo, il nous faudra toutes nos forces actives et opérationnelles … . Envoyez une délégation rapide auprès di Daimyo du Pays de l’Eau. Faites-lui savoir que nous envisageons une rencontre et que je souhaiterais qu’il en soit l’arbitre. Qu’il fixe lui-même le lieu du rendez-vous et la date. Cela ne nous montrera que plus ouvert aux propositions … même si nous avons d’autres desseins. Vous serez alors représentant pour votre Organisation que l’Empire vient soutenir, Michiki-dono. J’espère que vous serez fort de vos arguments et de vos convictions … .

L’attention était reportée vers l’Épéiste de la Brume.

~ Il faut aussi traiter d’autres questions … . Setsuna, toi qui est membre pour l’heure de l’Unité Sasayaki, comment devrait-on traiter les prisonniers d’après toi ? Faut-il leur soutirer des informations en prévision des prochains affrontements ? Doit-on les traiter avec respect dans le cadre d’un futur échange de prisonniers ?

Sans grande surprise, il assista à une saute d’humeur de la part de son camarade. Bien que le duo se soit tiré d’affaire sans grande blessure – du moins, uniquement de son propre côté, Michiki a malheureusement subi quelques coups – la situation irritait au plus haut point le nécromant. D’un côté, le jeune homme portant le stigmate incarnat partage le point de vue du binoclard. Ils ont livré une information cruciale et le Kamui n’en a guère fait part au reste des troupes. Négligence ? Peut-être. D’une autre part, on ne peut prendre pour acquis les simples paroles d’un Shinobi sans une quelconque affiliation – d’autant plus proclamant travailler pour une organisation des plus mystérieuses – sans préciser la source. Néanmoins, le Yuuki juge que le vieillard aurait néanmoins pu avertir les troupes d’un possible danger à l’égard de la Foudre. Cela aurait permis aux troupes de se préparer face à cet attentat masqué. Un subterfuge désormais inutile, les forces impériales savent sans aucun doute que leurs agresseurs appartiennent à la nation des hautes montagnes. Cela ne sert à rien d’épiloguer sur ce sujet plus longtemps : ce qui est fait est fait. Et malgré l’absence d’information au sein de leurs troupes, l’ancienne Alliance a su sortir vainqueur de cet échange.

Une fois dans la salle de réunion en présence de Kakeshuou et Michiki, l’assassin se positionna au repos militaire aux côtés de son supérieur, toujours arborant les couleurs du Sasayaki, vêtu de noir de la tête jusqu’aux pieds, une cagoule et une capuche dissimulant son identité. Il assista silencieusement au premier plan à une discussion des plus importantes sans intervenir. Ouranos s’occupe de la gestion et du rapport auprès de l’Empereur, c’est ce qui a été convenu. Si nécessaire, le sabreur apportera des détails sur les sujets du jour, mais sans plus. Il est ici en tant que soldat au service du Shûkai, pour préserver la sécurité de sa Majesté.

Prêtant une oreille attentive au dialogue, Setsuna apporta son propre jugement sur les dires des principaux concernés. Le nécromancien n’oublia pas de partager son mécontentement à son employeur. Des propos qui peuvent sembler mal placés face à un être de sa position, mais le dernier Chef des Épéistes sait que le Samui apprécie particulièrement l’honnêteté, surtout dans une situation comme celle-ci. Sa rétorque, aussi sèche fut-elle, ne comportait la moindre réprimande. Entre allié, un certain degré de confiance est de mise et ce bref échange prouve son efficacité.

Les plaintes de côté, le duo entra dans le vif des affaires. Le Shinda procura au sextagénaire un document résumant l’affrontement ayant fait rage quelques heures plus tôt. Là-dedans sont relaté les pertes, les gains, le résultat global de la rencontre. Comme l’a commenté le vieil homme, la chance et le talent sourit mieux à l’Empire qu’aux Nuages. Le brun enchaîna en détaillant la rencontre tenant lieu entre les principaux acteurs de ce conflit dans le but de mettre un terme à ce ridicule combat grâce à l’efficacité des mots et non celle du sang. Ce à quoi Kakeshuou répondit qu’il veut absolument qu’une lettre officielle soit envoyé au Seigneur de l’archipel pour qu’il soit présent à la rencontre, lui laissant même la liberté de choisir le lieu dudit rendez-vous ainsi que la date.

Je m’en charge.

Brève réplique prononcée à mi-voix pour ne pas perturber la conversation. Le scarifié appela un homme d’un simple signe de sa senestre. L’individu apparu à la droite de l’Homonculus et ce dernier lui chuchota à l’oreille les directives à suivre. Aussitôt fait, le quidam disparu de la pièce, laissant les trois protagonistes seuls à nouveau. Pendant ce temps, l’errant et le Suprême discutait stratégie pour la suite des événements autour d’une mappemonde précédemment utilisée. Le Samui annonça que l’unité en charge des renseignements se chargera de la protection du relais radio, cette fameuse antenne radiodiffusion toujours léthargique pour l’heure, mais représentant un élément primordial pour un futur proche. Il savait déjà qui allait être chargé de la protection d’une telle station : lui-même ainsi que deux autres hommes choisis par l’Empereur lui-même. Bien, cela lui permettra d’ériger des plans élaborés avec une certaine avance. Bien que le Shûkaijin demanda des suggestions, le Yuuki resta ancré dans son mutisme, laissant la parole avant tout à son compagnon de missive qui doit toujours prouver son efficacité à son chef absolu. Si nécessaire, il ajoutera son grain de sel par la suite.

Puis, immédiatement suite à cette demande, l’attention du vieillard se focalisa sur son officier à sa droite. Il lui demanda quoi faire des prisonniers. Les interroger ? Les soumettre à une torture pour soutirer de précieux renseignements ? Tout en prenant compte qu’un échange diplomatique entre les deux patries pourront avoir lieu. Derrière son masque, ses sourcils froncèrent, enfoui sous une brève réflexion de quatre secondes.

Dans le cadre de cette bataille, peu utile.

Les mains jointes toujours derrière son dos, les pieds installés parallèlement à ses épaules, seule la tête de la chimère tourna en direction du Monarque. Sans attendre, il élabora sur sa décision sur le même ton monotone.

Nous connaissons déjà bel et bien notre ennemi. Que pouvons-nous espérer apprendre de plus ? Les intentions de Kumo sont claires : ils veulent empêcher le territoire du Shûkai de s’accroître; ils veulent empêcher l’imminente résurrection de la Brume; ils ne veulent pas être reclus par les autres nations, car si le pays de l’Eau tombe sous votre juridiction, alors Kaminari sera géographiquement acculé de tous les angles possibles.

Voilà les possibles raisons pour l’intervention de Kumo dans cette affaire. Leur haine pour Kiri suffit amplement pour envoyer les Kumojins à la guerre. Le passé prouve bien cette théorie. L’autre, nettement plus objective, est plus probable pour un homme de logique. De gauche à droite, l’Empire est là. Devant, c’est le pays du feu, sous l’autorité de Konoha. Puis derrière, l’océan. La Foudre résidera dans l’ombre du monde et surtout, encerclé par des puissances en froid avec les Nuages. Le Raikage pourra tenter de camoufler ces faits par des belles paroles sur la liberté et la justice, il n'en ai rien.

La plupart des prisonniers ne peuvent que nous fournir des informations superficielles, voire évidentes. Le seul détenu pouvant répondre à un interrogatoire conforme est Monjara Shinji, identifié comme étant le Chef dudit clan et membre du Conseil de Kumogakure. Sa position fait de lui un prétendant de choix. Cependant, l’individu en question n’est point en état de subir un tel supplice : il est présentement dans un coma pour un temps indéterminé et il est impossible de le réveiller de force.

Il installa un bref silence intentionnellement suite à son long monologue inachevé, laissant au Samui le temps d’assimiler ces informations et les triller dans son esprit avant de poursuivre.

Nous pouvons néanmoins réaliser un interrogatoire en règle sur le reste des captifs, suivre la procédure habituelle. L’on n’est jamais trop prudent, après tout. Dans la possibilité d’un futur échange de prisonnier, afin de ne pas concevoir un incident diplomatique et d’ajouter de la tension aux relations entre nos deux nations, il sera nécessaire de ne pas laisser de séquelles physiques sur les détenus. Avec votre permission, Kamui, j’aimerais superviser ces interrogatoires.

C’est ainsi qu’il conclut son discours, prenant retrait de la conversation et laissant son supérieur considérer la marche à suivre. Sa suggestion et son élaboration a été effectuée dans la mentalité de paix que souhaite maintenir le Shûkai. Les séances seront effectuées dans les règles, sans toutefois avoir recours à la torture physique à un degré permanent – il n’a cependant fait aucune précision sur les dommages mentaux. Peut-être que ces sessions s’avèreront inutile au final, mais qui sait ce que peut réserver le destin.

Les options étaient nombreuses, et pourtant il fallait agir au plus vite. Après tout, même si les combats avaient cessé, l’affaire n’était pas conclue. Certains acteurs ne s’étaient pas encore manifestés, mais ils ne tarderaient assurément pas à le faire. Si Kumo était sur place, qu’en serait-il pour les groupes indépendants qui tenaient à leur petit confort personnel et à leurs rapines ? Chacun aurait bientôt compris que l’Empire ne bouge que pour une seule raison : garantir la Paix sur la cible qu’il a désignée. Cela empêcherait-il les brigands et malandrins d’agir à leur guise ? Leurs revenus seraient moins élevés, mais les possibilités seraient encore nombreuses, en particulier sur un archipel aussi important. Il y aurait donc une raison supplémentaire qui justifierait l’agitation et la motivation de chacun à agir de la sorte.

Et cette raison s’incarnait sans commune mesure dans le personnage qu’était Kakeshuou Samui.

Jusqu’au Kagenat du Godaïme Mizukage, l’homme était resté relativement passif et transparent. Combattif, présent dans de nombreuses guerres, membre du Clan Samui, il était réputé pour son sens du Devoir, sa détermination et sa fougue dans toute tâche qu’il accomplissait avec un sérieux à toute épreuve. Mais suite à la confrontation qui l’avait opposé à un Kage venant du Clan Kaguya, son nom avait été murmuré plusieurs fois sur le Pays de l’Eau et les îles alentours. Le Gouverneur de Yuki no Kuni, « L’homme à la poigne de fer », « l’Impitoyable de la Brume », « le Dernier de Kirijins », « Le Juge du Shukaï », « Le Tueur de Daimyo », « Le Tyran de l’Empire ». Chacun de ces surnoms – fussent-ils mérités ou non – indiquait un caractère trempé dans de la lave en fusion, bien qu’abritant un cœur de glace. L’homme était né pour son Devoir, peu importe les extrémités qu’il devait accomplir pour cela. Il continuerait à lutter, encore et toujours, sans relâche, et même une fois mort. Ses pratiques sanglantes et expéditives balayeraient les champs de bataille les plus épiques. Mais au-delà de la personnalité, il y avait surtout ses actions. Si cet homme avait décidé de mener les troupes de l’Empire sur le terrain chaotique, c’était pour opérer un nettoyage total. Une épuration de l’île par les moyens les plus sanguinaires qui soient, et sans rechigner à la tâche. Si la piraterie eut pu survivre sur ces eaux avec un homme lambda, elle était condamnée à mille souffrances avant de disparaître sous la poigne de notre homme.

Les propos de Setsuna Yuuki étaient clairs ; étant donnée la situation, on apprendrait que peu de choses à propos de la part des prisonniers. La plupart était trop jeune, et vu l’intérêt minime que pouvait avoir le Village Caché des Nuages pour ces terres insulaires, il y avait même des chances que les hauts gradés n’en sachent pas davantage. Cela en disait long sur la stratégie mise en place ici. Il fallait donc certainement voir plus loin. Et faire usage de tous les moyens possibles.
Penché sur les dossiers, notre Kamui portait une main à son menton en guise de réflexion, son regard semblant chercher la meilleure réponse à ce dilemme.

~ Setsuna, fais passer le message et agir l’Unité Sasayaki. Je veux que les deux membres les plus hauts gradés soient interrogés de façon classique : obtenez des informations sur les projets et connaissances de Kumo sur les lieux et leurs intentions sur Mizu. Sinon, obtenez aussi discrètement que possible des informations sur le Village des Nuages : effectifs, compétences, développement des Clans … . Je veux en savoir le maximum. Pour les autres, je veux qu’ils soient nourris, soignés, bien traités et accueillis comme s’ils étaient des frères. Si échange il doit y avoir, je veux que cela se sache dans les rangs adverses, afin de couper leur motivation et leur volonté de nous affronter à l’avenir. Si les négociations échouent, et que l’échange ne se fait pas … nous avons l’avantage du nombre. Que chaque prisonnier ait la main tranchée : la main droite pour les gauchers, la main gauche pour les droitiers. Je donnerai le signal nécessaire … .

Les choses ne pouvaient pas être plus claires ! Était-ce une folie de réclamer une telle chose ? La vérité était bien triste, car ce genre de pratique n’était que plus courant en temps de guerre. Il ne fallait que peu de choses pour que le pire arrive. Mais l’Empereur avait bien conscience d’une chose : laisser l’ennemi partir sans une impression forte était inenvisageable. La meilleure solution serait bien évidemment que les choses se terminent correctement, et envoyer des témoins d’un traitement pacifique et amical était ce qui était le plus souhaitable pour tous. Mais si ce résultat ne pouvait pas être obtenu par la condescendence et la retenue, il le serait par la terreur et la torture. Kakeshuou Samui avait conscience de ce que cela impliquait, mais il espérait bien ne pas avoir à en arriver là … .

L’attention du Dernier des Kirijins se dirigeait maintenant vers son second homologue, avec lequel le plus dur serait à venir. Il fallait être fermement préparé pour se faire entendre, aussi bien auprès des belligérants qu’auprès du Daimyo qui se retrouvait soudainement mêlé à la partie. La chose serait délicate, et il fallait que le duo soit sur la même longueur d’onde. Il savait certes qu’ils ne se connaissaient pas depuis longtemps, mais leur coordination et leur entente serait fondamentale et nécessaire pour écraser l’opinion d’un adversaire divisé, et incertain de ses capacités à œuvrer.

~ Michiki-dono, pendant cette rencontre, le sujet de Kiri et de son renouveau seront posés sur la table. Kumo s’y opposera fortement, le Daimyo serait certainement controversé sur cette position. Avant même l’idée d’un Village, il sera important de lui donner l’impression que nous voulons lui donner le plus grand pouvoir de décision. S’il a le sentiment d’être écrasé et de subir le sort des Daimyos des Pays Neutres du Shukaï, il se renfermera sur lui-même, sans rechercher l’aide de qui que ce soit. Dans un premier temps, même si reconstruire le Village de la Brume sera un objectif officiel, lui redonner une forme en tant que telle ne peut pas l’être. Mizu doit rester une base du Shukaï, le temps de sa pacification et de son épuration, avant de lui accorder d’autres projets plus importants … .

Notre homme retournait vers la carte sur laquelle quelques pions avaient été disposés pour représenter les points stratégiques et la position actuelle des forces de l’Empire. Tout était en place, il n’y avait pas d’autre possibilité que la victoire : il faudrait l’obtenir, par la diplomatie ou la force peu importe ! Cela devait avant tout s’achever par une victoire totale de l’Empire, et l’affirmation définitive du positionnement d’une nouvelle grande puissance. Après cette conquête, les autres Nations ne pourraient que voir dans l’Empire un allié nécessaire ou un ennemi potentiel.

~ Si les négociations venaient à échouer, et si l’un de nos opposants devait faire preuve de violence, nous saurons répondre par la même ferveur et la même sauvagerie. Il est hors de question que nos efforts soient sans résultat, et même si nous agirons avec tact et intellect, nous ne nous laisserons pas dicter nos choix et nos actions par des puissances étrangères et impuissantes !

La main s’était abattue sur la table, faisant chuter les pions et les dossiers posés sur la table. C’eut été un ennemi que Kakeshuou l’aurait probablement enfoncé dans le sol. Sa colère montait, mais il savait qu’il devait garder son calme.
Et la venue de nouveaux acteurs contribuerait certainement à le ramener à plus urgent dans ce contexte d’entre-deux.

" Suivez moi... " Lança Van à l'attention du Samourai.

Une atmosphère sombre et lugubre s'était abattue sur la Plage de Gré cette nuit là... Et malgré toute l'agitation précédente, le calme reprit finalement ses droits...
Les corps gisaient sur le sol. La plupart sans vies, sauf pour les quelques chanceux où malheureux qui avaient survécu. Après une telle bataille, il n'y avait aucun doute qu'il y aurait des prisonniers. Les survivants du camp adverse deviendraient probablement de simples monnaies d'échanges où serviraient d'exemples à ceux qui défient le pouvoir de l'Empereur... Une triste fatalité selon le Hoheinheim qui de son côté était bien content de s'en être sortit... Presque indemne.

Son combat contre les hommes masqués lui valu une belle blessure à l'avant bras. En contre partie de quoi le Trentenaire réussi à s'attirer le respect de son adversaire qui lui révéla son nom. Un certain Nitobe Shinsuke. Bandé vulgairement avec un pan de sa tunique, Van aurait tôt fait de faire soigner la plaie une fois de retour au centre de commandement du campement.

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Le Gouverneur était accompagné de Takusanken, un Samouraï dont l'honneur défiait toute corruption une fois engagé dans une cause. Les deux hommes déambulaient parmi les morts...
Tout comme à l'avant poste, l'arrière avait aussi subit de lourdes pertes. Un sentiment de culpabilité saisi le Lumineux qui s'était vu attribuer le rôle de défenseur en première ligne. Lui qui avait cru limiter l’afflux d'ennemis se vit bien vite ramener à la réalité par le nombre affolant de morts.

Ce n'est pas pour autant que l'homme perdit le Nord... En chemin il prit le temps d'interrompre la traversée du Campement à plusieurs reprises, afin de sceller quelques corps à l'intérieur de ses parchemins. Sous le regard complice malgré lui, de Taku, le Trentenaire n'hésitait pas à partager la raison de son dur labeur. " Le geste n'a rien de gracieux ni de bienveillant... Sachez Taku San qu'il est difficile pour un scientifique de trouver de bons outils de travail. " Il dit cela tout en scellant le corps d'une jeune femme masquée. Le corps disparu à l'intérieur du rouleau à parchemin sans qu'aucune trace ne soit laissée derrière lui.

" Nous ne sommes plus très loin... " Fit-il un doigt levé dans la direction d'une tente dignement décorée. De grands flambeaux illuminaient les drapeaux de l'Empire. Aucun doute que le Kamui serait à l'intérieur.

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Des voix s'élevaient depuis la tente. Plusieurs personnes discutaient ici de choses vraisemblablement importantes. Quelle chance que Van et Taku soient passés par là pour arriver au bon moment. La Main du Lumineux apparue de l'autre côté de la toile mise à l'entrée. Lentement sa dextre vint écarter le drap afin de le laisser passer lui et le Samourai toujours à ses côtés. Ce dernier espérait avoir quelques droits de recours à l'égard des hommes masqués. Soucieux du sort qui leurs serait réservés, il souhaitait faire entendre raison et épargner les survivants.

Une utopie douteuse du point de vue de Van qui n'envisageait pas une telle clémence de la part de l'Empereur. Après tout beaucoup de ses hommes étaient tombés eux aussi. Sans quoi leur honneur et leur sacrifice n'aurait alors servit à rien. " Pardonnez cette intrusion... Oh je vois ici quelques visages familiers ! " S'étonna le Trentenaire en faisant un ou deux pas pas en avant afin de se placer à leur hauteur. Prenant soin de ne croiser aucun regard, il se plaça plus proche encore de l'Empereur. " Kamui. " Van salua respectueusement le vieux Samui et reprit aussitôt afin de présenter la raison de sa venue. " Takusanken ici présent se trouvait parmi les hommes masqués. Il s'est rendu et m'a fait part de son désir de vous rencontrez. " Le plus simplement du monde Van exposa les faits. " Je ne connais pas la raison, mais il souhaite faire relâcher les survivants ennemis en échange de ses services. Aokiji San est quant à lui resté sur place. "

Les bras pendant le Lumineux se dirigea sur l'une des chaises mises à dispositions. Exténué par son combat, il réclama à l'un des gardes un médecin qui viendrait lui soigner sa vilaine coupure. La conversation promettait d'être longue et Aokiji qui n'avait pas été blessé, s'était porté garant de la surveillance de l'avant poste durant l'absence de son confrère. Maintenant qu'il avait amené le Samouraï à destination, il ne restait plus qu'à l'Empereur, à donner sa réponse...
Mais alors que tous semblaient attendre une réponse, un homme étrange entra à son tour dans la tente et se présenta comme étant un délégué souhaitant négocier avec le Kamui. Le regard rivé sur le nouveau venu, Van s'interrogeait sur l'origine et les attentes de ce délégué.

Le plan était prêt, les effectifs étaient corrects et les dispositions étaient bonnes. Ne suffisait plus qu’à enclencher l’opération suivante pour que Mizu connaisse son équilibre, et retrouve sa grandeur d’antan. La venue de l’Empire serait une véritable bénédiction pour cette terre trop longtemps laissée entre les mains d’incapables et de moins que rien. Avec un homme aussi déterminé dans cette Quête, la conquête ne pouvait être qu’une réussite. Elle se devait d’être une réussite … .

L’Empereur venait de frapper la table de sa main et de sa fougue. Mais après un court silence d’une poignée de secondes tout au plus, de nouveaux protagonistes faisaient leur entrée sur le devant de la scène. Se permettant d’entrer dans le lieu des délibérations et des prévisions, le Gouverneur de Taki no Kuni, volontaire pour la conquête du Pays de l’Eau, venait apporter quelque information supplémentaire concernant les combats. Visiblement, le Maître du Shukaï était toujours demandé, même en terre étrangère ! S’étant tourné pour faire face à cet interlocuteur, le Kamui gardait un regard sévère sur la situation qu’on lui présentait … .

Quoi : un homme qui était venu le voir pour partager ses ambitions s’était retrouvé dans le camp adverse ? Quelles obligations avaient bien pu contraindre ce Samouraï à se battre dans les rangs de Kumo ?! La chose était assez étrange en soi, mais n’avait en aucun cas le pardon ni la magnanimité de Kakeshuou, qui avait bien d’autres chats à fouetter. Et quoi : négocier la libération des otages ? Ce serait livrer ses plus précieux atouts, alors qu’il pouvait en attendre bien plus de la part de Kumo ! Que faire, donc, pour cet homme dont il avait maintenant du mal à cerner les intérêts et les projets ?

Il n’avait pas le temps de répondre à cette demande ; une nouvelle ombre pénétrait les lieux de la discussion. De quel droit ?? Et ca se réclamait délégué ? De quel ordre, et concernant quel sujet ?! Les questions étaient nombreuses, et cette présentation hasardeuse et sans détails laissa un long silence sur la place. Le renvoyer ? Exiger plus de précision avant d’aller plus loin dans la présentation ? La chose était difficile à comprendre pour l’heure … . Et la réaction de l’Empereur était toute aussi complexe à prédire.
A la surprise générale, ce dernier ne dit rien. Se contentant pour l’instant de tourner le dos à l’invité imposé, il se rapprochait de ses deux premiers interlocuteurs, sans vraiment les regarder d’ailleurs. Son regard indiquait clairement que sa prochaine étape serait cette chaise qui se trouvait à un bout de table.

~ Michiki, Setsuna, je vous remercie pour votre aide et vos rapports. Vous pouvez disposer et vous préparer à la suite des opérations.

Les ordres et les consignes avaient été donnés, il n’y avait pas besoin d’en dire plus. Les deux hommes pouvaient donc sortir, laissant ainsi Van Hoheinheim et l’étranger sans nom apparent. Qui n’avait d’ailleurs toujours pas droit à un seul regard de la part de son hôte. Ce dernier s’adossait lassement contre la chaise, et portait un coude sur la table, laissant son bras toucher le bois et couvrir quelques documents inintéressants.
Encore un peu de silence, comme s’il cherchait à mieux cerner la situation. Quelle pouvait bien être cette délégation ? Des Kaguyas désormais au courant de ses actions ? Ou un nouveau groupuscule demandant sa part du marché, sans doute … .

~ Van. Tu as fait de l’excellent travail aujourd’hui, et j’apprends régulièrement que tu es un Gouverneur efficace, et capable. Les choses ont aujourd’hui changés. On peut dire que tu as parfaitementy saisi ton rôle et les préoccupations administratives et militaires qu’il implique … . Tu es désormais Seigneur de Guerre. Ne déçois pas mes attentes … . Tu peux disposer, toi aussi … .

Une décision qui semblait rapide ! Mais qui, en l’occurrence, était méritée. Kakeshuou se tenait régulièrement informé de la progression de ses principaux responsables. Avec cette conquête, le jeune homme avait marqué des points ; et avec l’assassinat, sa dévotion envers l’Empire était suffisamment prouvée pour lui accorder ce privilège. Il saurait d’ailleurs certainement quoi en faire … .
Le nouveau Combattant Libre pouvait prendre ses quartiers pour l’heure, laissant ainsi le Maître du Shukaï avec le mystérieux personnage qui avait assisté à cette scène sans rien dire de plus … . Les voilà désormais face à face, seul à seul ! Ramenant sa main pour soutenir sa tête, le Dernier des Kirijins se permet de poser un regard dur et fabulateur sur cet individu mystère.

~ Nous sommes seuls. Personne aux alentours. Parle. Et ne me fais pas perdre de temps. De la part de qui viens-tu.

Musique: https://www.youtube.com/watch?v=nsgHyzwmbnQ

-Bonjour Empereur Samui.

L'étranger pose jambe à terre et s'incline comme le visiteur visiblement mal vu qu'il est, le respect sonne et sa langue en claquant prononce chaque syllabe avec autant d'éloquence que possible. Et sa sombre tunique il tire quelque chose non sans faire aucun geste brusque afin de ne pas finir transformer en glaçon à peine arriver sur l'île.

Un bandeau, qu'il cache pour le moment mais qu'il montre du côté sans indication, il le pose à terre et ne lève toujours pas la tête en direction de son interlocuteur. Gâcher le temps d'un homme de cette trempe revient à signer son arrêt de mort, non seulement le votre mais également celui de votre patrie si jamais on retrouve qui vous envoie alors autant faire progresser cette discussion doucement mais sans parler pour rien dire. Le remplissage est quelque chose de nuisant, tant en politique qu'en diplomatie.

-Il me dérange de répondre à votre honneur une réponse négative mais je ne puis vous donnez mon commanditaire pour le moment sachez juste que je ne suis pas ici dans l'unique but de me prosterner à vos pieds.

Il souffle. Il est anxieux, il sent la tension augmenter alors qu'il ne donne pas une bonne version au Samui, la chaleur de son côté de la pièce augmente mais toujours le ton de sa voix ne tremble pas. Quelqu'un de son âge et de sa trempe avec un rôle aussi particulier ne doit pas se permettre de glisser et de faire marche arrière pas maintenant.

-Je suis ici parce que les troubles de Mizu sont parvenus aux oreilles et visiblement à l'attention de mon maître. J'ai donc été envoyé ici pour enquêter, et si je m'attendais à une quelconque guerre interne quel ne fut pas ma surprise de tomber sur un campement du shukai. Je me suis présenté à vos hommes dans l'espoir d'apaiser les doutes qui m'accablent, ô grand Samui je ne vous dérangerais pas plus longtemps si je vous indispose qu'un sabre vienne trancher ma tête mais avant.

Bas les masques. Le henge se dissipe et j'apparais alors aux yeux du vétéran, moi Inuzuka Fea envoyé par notre Hokage dans le but de rendre rapport des troubles du pays me voilà désormais en face de l'homme à la tête du plus vaste empire ayant jamais existé. Mon visage fait bien novice en comparaison du personne intriguant et étrange qui est en face de moi. Mon visage et les marques de mon clan devrait néanmoins lui donner la puce à l'oreille.

-Je ne pourrais parler au nom de mon maître et m'excuse donc par avance si un homme de votre trempe n'arrive pas à trouver son égal en discussion et en questions en ma personne. Je dois l'avouer je n'ai que de maigres renseignement à donner et il s'agit des miens.

Surtout ne pas donner l'impression d'avoir peur, de se sentir intruse en cet endroit et finalement venir supplier, glaner des informations en échange de ...rien...

Dans mon dos déguisé en sac et en ceinture mes fidèles amies canidés attendent l'ordre de prendre leur véritable apparence. Pas maintenant, pour le moment laissons un Empereur décidé du sort d'une jônin.

-Je n'ai vu que errants et nukenins, jusqu'à aujourd'hui aussi je vous jure que vous êtes le premier camp vers qui je viens. Et sur ma vie je jure également que tout ce que je viens de dire est véritable. Comprenez néanmoins mon doute quand au fait d'annoncer qui m'envoie alors que je suis censé me débrouiller seul Empereur.

Souffle un instant ma fille.

-Je suis Fea. Quand à mon nom de famille vous avez du le deviner.

Assis face à son interlocuteur, le regard toujours aussi sévère et concentré, rien ne laissait transparaître des intentions et de l’avis de l’Empereur. Cet envoyé restait pour l’instant un mystère, mais il avait au moins la courtoisie d’expliquer sa discrétion et son anonymat. Soit. Admettons que notre Samui tolère la chose pour l’instant.

Apportant une après l’autre les explications qu’il avait à sa disposition, l’inconnu présentait une vision très banale de la situation. Les bruits de conquête concernant Mizu, la préoccupation du mystérieux « maître », un voyage rapide le menant à un camp regroupant « Sans-villages » et Shukaïjins. Pour l’instant, rien de bien anormal.
C’est lorsque le Henge se dissipe que la jeune femme révèle son identité ; et ici, de plusieurs façons. Tout d’abord, ses formes et son visage révèlent la vraie nature de l’interlocutrice, qui souhaitait s’entretenir avec l’Empereur. Dans un deuxième temps, certains signes ou traits distinctifs ne trompent plus un vieux combattant de plus de six décennies d’âge. Fronçant les sourcils dès lors qu’il reconnaissait ces marques sur les joues, notre homme n’en était que plus attentif et préoccupé.

Lorsque la messe fut dite, et que l’invitée eut cessé de se confondre en excuses et en signe d’appitoiement, le Seigneur des lieux se redressait de façon sèche, sans agressivité pour autant. Non – ce genre d’étape a tendance à arriver un chouia plus tard. Se déplaçant sur la droite, il se rapprochait d’un récipient posé sur un plateau non loin.

~ Vous ne pouvez donc pas me révéler le nom de votre commanditaire, et votre identité a été gardé secrète, jusqu’à l’instant … . Il est dit dans les règles diplomatiques que l’on doit toujours traîter un émissaire étranger comme un frère …

Versant un épais brevage rouge dans deux verres, l’homme prenait le premier verre, et sur un coup de talons rapide se retournait pour le poser sur la table et le faire glisser jusqu’à l’autre bout, où se trouvait Fea. Sans le renverser, attention ! Certains papiers demeurent sur la table ! Saisissant le deuxième verre de sa main unique, il retournait très lentement vers son séant. Mais son pas était ralenti. Et son regard braqué sur l’étrangère devenait subitement froid … .

~ Mais j’espère ne pas être joué dans cette rencontre. Ne pas se présenter convenablement, et ne pas dire d’où l’on vient est souvent perçu comme un profond manque de respect … . J’espère donc que les raisons en sont bonnes … . ²

Ce regard froid ! Cette sévérité dans le regard comme dans la peau ! Un instant, il sembla presque que l’épiderme du Kamui était faite de glace et de flocon ! Mais ce n’était qu’une impression … sans doute … . Quoi qu’il en soit, l’atmosphère était lourde, et une ombre semblait émaner de l’Empereur. Toute personne présente pouvait ressentir une forte pression, comme si un poids venait se poser sur les épaules, afin de les briser ! Lourd, étouffant … ce genre d’ambiance qui n’annonce rien de bon et qui pourrait pétrifier le plus simplet des hommes face à une aura aussi mauvaise !! …

Mais la tension retomba progressivement, alors que le Dernier des Kirijins retrouvait enfin son siège. S’accordant une gorgée, il semblait rester dans le vide pendant un instant, observant la réaction de la jeune femme et sa tenue, sa posture … . L’étudiait-il ? Allez savoir. Quoi qu’il en soit, il fallut attendre quelques secondes pour que le Kamui reprenne la parole – et pour que Fea l’écoute avec attention.

~ A tes traits et à ce que je vois, je suppose que tu es une Inuzuka. Et ce Clan est réputé pour sa fidélité envers le Village de la Feuille … . J’ignore si tu travailles pour eux ou pas, mais j’espère que cette discussion amènera quelque chose de solide. En attendant, tu ne m’as toujours pas posé de questions … Inuzuka Fea.

² Ici, usage de l'Aptitude suivante :

Spoiler:

-Sachez tout d'abord Empereur que j'ai horreur des menaces, cela ne fait que montrer l'impatience et le doute d'un homme hors si je suis ici et que je reste de marbre tout en faisant preuve de respect c'est bien pour faire disparaître le doute. Alors me dire que c'est le contraire révèle deux choses l'une, soit vous avez toujours pas confiance en moi et vous semblez croire que la menace me fera parler et que la peur fera le reste soit vous n'êtes pas contentes de pas tout savoir. Les deux hypothèses sont non convenus dans un entretien diplomatique.

Le commencement de l'échange.

-De plus je vous ai indiqué que ce qui découlera ou non de cette discussion ne peut être promit au nom de mon quelconque employeur. Il n'y a que moi et il n'y a que vous. Un échange entre deux personnes faisant abstraction des attachements de ces dernières et des liens développés ou non avec les autres nations. Je vais néanmoins faire preuve de bonne foi, comme il est coutume chez nous autres Inuzukas de montrer patte blanche.

Je montre le verseau d'un bandeau de shinobi. La face est contre moi et à moins d'avoir des yeux derrière moi il ne pourra pas deviner et même si c'était le cas le bandeau est en réalité vierge.

-Votre dernière phrase démontre que vous connaissez les dompteurs de chiens. Mais comme vous pouvez le voir ils ne sont pas avec moi car encore une fois j'estime faire preuve de respect et attend donc la même chose en retour, j'ai présenté mes plus plates excuses Empereur quand à mon arrivée impromptue je ne peux rien faire de plus si ce n'est poser les questions.

Les termes de la discussion. Je ne m'échauffais guère et avait encore la tête regardant encore le sol. Le verre viendrait pour trinquer aux bons termes de notre échange.

-Pourquoi le shukaï est-il présent sur l'île de la brume? Les échos d'un affrontement sont parvenus aux oreilles du continent. Les choses filtrent Empereur mais sans craintes je vous assure que de mon côté les parleurs sont maîtrisés guère preuve de chantage que ce que j'annonce, simplement une preuve renouvelé de bonne foi. Pour déployez un campement pareil et pour que vous vous déplaciez c'est que quelque chose ne tourne pas rond je me trompe?

Un sourire carnassier se dessinant sur mon visage, cet impatient vétéran saurait-il garder son calme.

-Ma curiosité ne saurait prendre le dessus. C'est vous le maître ici, aussi mes questions sont elles dépendantes de votre bonne volonté Empereur.

Parlez à cet homme comme à un maître chien, c'était aussi l'avantage de nous autres Inuzukas. Nous pouvions caresser dans le sens du poil n'importe qui, encore que la personne en face de moi devait avoir des glaçons à la place des poils.

L’homme appuyait sa tête sur son bras unique, et se permettait même un sourire que l’on pouvait qualifier de malfaisant. De toute évidence, cette situation le ferait plus rire que retrouver son habituel sérieux et sa rigidité à toute épreuve. C’était un classique de toute rencontre ! On vient sur un territoire inconnu, à la recherche d’informations ou de contact. Et lorsqu’on les trouve, on obtient naturellement un accueil qui respire la méfiance, pas vrai ? Mais quelle utopie en couleurs et en 3D que de croire que dire qu’on n’apprécie pas les choses telles qu’elles sont pour qu’elles changent ! Comme l’avait fait remarquer Fea, c’était bien l’humeur et le tempérament de Kakeshuou Samui qui rythmerait cette entrevue ! Et en l’occurrence, elle avait beau ne pas aimer le ton employé, il y avait plus de chances d’obtenir d’un nationaliste de voter pour le communisme que de changer le caractère « humain » de l’Empereur.

Il s’employait d’ailleurs à le rappeler car l’introduction et les démonstrations pour le moins inutiles avaient davantage fait perdre de temps que placer les points sur les « i » dans cette première rencontre.

~ Faisons les choses plus rapidement. Je me moque de la notion de confiance et de respect que tu m’accordes. J’ai peu de temps, et beaucoup d’affaires à régler. Je préfèrerais donc que l’on en vienne au plus simple. Si tes questions respectent une certaine retenue, j’y répondrais. Si j’estime que la chose ne te regarde pas, tu pourras quitter les lieux.

On ne pouvait pas être plus clair ! Inutile de perdre du temps avec les brouilles !! Bien évidemment, le respect serait à attendre entre les deux hommes ; mais on ne pouvait pas s’attendre à ce que l’Ancien émette la moindre trace de gentillesse. Il n’avait pas bien compris d’où viendrait la prétendue « menace » dans ses propos ; mais la chose l’avait djéà suffisamment gonflé. Si le personnage en face avait absolument besoin d’ébas affectifs pour montrer son respect, grand bien lui fasse ! De son côté, l’Empereur resterait dans la tenue habituelle, mélange de respect et de sentiment de supériorité dû à son rang. Rien de plus, rien de moins.

Venait enfin la seule partie digne d’intérêt : les fameuses questions que cette envoyée avait pour le Kamui. Des questions pour le moins évidentes, pour ne pas dire attendues. La présence du Shukaï sur un territoire aussi éloigné de ses terres principales était sans doute étrange pour de nombreux pays. Mais cela n’avait guère d’intérêt en soi pour le Maître de l’Empire des Pays Neutres. Dans un premier temps, l’archipel de Mizu était un lieu emblématique : une grande partie des effectifs de l’Empire avait des racines sur cette île, ancienne Grande Puissance Ninja. C’était donc avant tout un Devoir mémoriel qui poussait notre homme à se trouver sur place. Dans un deuxième temps, le Shukaï n’était pas si éloigné que cela, puisque le pays insulaire de Yuki no Kuni restait le Pays-tampon entre le Pays de la Foudre et le Pays de l’Eau. Enfin, c’était à but pacificateur que les troupes avaient débarqué en masse sur ce pays envoyé vers le Grand Océan, afin de mettre fin à la propagation de la racaille et de la vermine.

L’homme comptait donc bien jouer franc jeu sur cette question.

~ Notre présence ici regarde avant tout nos activités, mais je peux comprendre que le déplacement d’une armée conséquente peut attirer les regards … et les craintes. Nous entreprenons un nettoyage de l’île par la force, afin d’éradiquer l’engeance qui a profité de la destruction de Kiri pour semer le trouble non seulement sur l’archipel, mais aussi sur cette région océanique, troublant ainsi le commerce, les relations et la Paix universelle. Le Shukaï s’est engagé à livrer la Guerre à toute menace troublant potentiellement la paix. Ceci est une première démonstration de force sur l’un des territoires les plus abandonnés du monde. Si la conquête s’achève dans les plus brefs délais, Mizu no Kuni prospèrera au sein de l’Empire, avec le consentement de la population et de son Daimyo, cela va de soi … . D’autres questions ?

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