J'officiais de matinée à l'hôpital aujourd'hui, sachant pertinemment que l'enquête du Kakumeigun sur la mort de Zanshi allait me prendre le restant de la journée et sans doute de la nuit. Il était fort probable que je dorme directement sur place.

Vêtue de ma blouse blanche de circonstance, j'attrapais le calepin retranscrivant les patients en attente dans les salles d'examens et voyais que Samui Yuki, l'émissaire du Shukai de passage chez nous, était enregistrée... J'arquais un sourcil à la lecture de son nom. Que lui arrivait-elle ? Curieuse de connaître ce qui lui arrivait, je relevais le numéro de salle où elle attendait et m'y rendait.

Il était étonnant de m'imaginer comme son médecin du jour alors que quelques temps plus tôt, je la laissais entrer à Suna après un interrogatoire rondement mené. Peut-être ne supportait-elle pas la perte de son chakra ? Si tel était le cas je ne pourrais rien y faire : les règles étaient les règles et personne n'y faisaient exception sauf avis de la conseillère a la défense ou du Kazekage.

Je la trouvais assise sur la table d'auscultation, vêtue d'un kimono blanc, le teint blafard, les yeux rougies : elle avait pleuré. Elle avait également mauvaise mine et les joues creuses. Suite à cette première analyse, je la questionnais.

« Bonjour, Samui Yuki. Que vous arrive-t-il ? Eprouvez vous des douleurs ? Des nausées ? Migraines ? Sensation de vertige ? »

Elle avait un teint porcelaine comme le mien de base, du fait de ses origines dans les contrées neigeuses mais je lui trouvais un teint plus ivoire encore que lors de la dernière fois où je l'avais vu...
En fait, elle me rappelait un peu mon état chaque fin de journée lorsque mon sang se ternissait et que je devais subir des transfusions sanguines pour aller mieux une journée de plus...

J'attendais ses paroles pour l'examiner d'un peu plus près et d'éliminer les pistes qui ne concordaient pas à son état et d'établir un diagnostique pour être à même de mettre en place des solutions pour améliorer son état.

La Samui ne se montrait guère coopérative, pourtant, elle était médecin elle aussi de ce que m'avait dit Kioshi en m'enseignant cet art. Elle devait donc savoir à quel point le dialogue était primordial pour établir un bon diagnostic.

Toutefois elle se reprenait, recroquevillée sur elle même, au plus mal, elle m'évoquait une anorexie. Elle m'expliquait alors qu'elle était prise de nausée et ne parvenait pas a s'alimenter correctement car très peu restait dans son organisme. Cela durait vraisemblablement depuis deux mois et c'était accentué il y a environ un mois.

Je ne pouvais pas vraiment l'affirmer mais tout me laissait penser que, si ces maux étaient bien réels eux, la cause de leur apparition demeurait plus psychologique.

« Il y a deux mois vous dites ? C'est-il passé quelque chose vers cette période qui pourrait expliquer votre perte d'appétit et votre état ? »

Etre médecin c'était également avoir une part d'érudition de psychologue.
Elle pleurait, se cachant comme elle le pouvait, désemparée et en réelle souffrance. Je ne pouvais pas vraiment dire que son état me touchait : je ne la connaissais pas outre mesure. Toutefois, personne de bon sur Terre ne méritait de souffrir alors je tenterais de l'aider au mieux.

« C'est bien pour cela que vous êtes ici non ? Avoir une assistance pour vous en sortir. Vous avez fait le premier pas et le plus dur. Ce n'est pas donné a tout le monde d'accepter l'aide d'autrui. »

Car il signifiait l'échec pour nous : nous n'étions pas parvenue a nous en sortir seule. Il fallait du courage pour s'en rendre compte et aller dans ce sens. Je ne pensais pas vraiment en être capable. Il n'y avait qu'à voir pour ma propre maladie : même de mes proches amis j'acceptais difficilement leur aide.

Je m'approchais d'elle un peu plus près et lui attrapais le poigner, dépliant ses doigts pour venir piquer l'un d'entre eux à l'aide de la bague a pointe que je portais au pouce. Une goutte de son fluide écarlate perla alors sur son doigt de porcelaine que je portais à ma bouche pour la récolter. Je la relâchais aussitôt ensuite, me concentrant sur le goût à la fois ferreux et sucré de la Samui qui me la décrivait comme une personne chaleureuse et dévouée. Mes papilles décortiquait son élixir alors que je prenais de nouveau la parole.

« Vous n'êtes pas seulement en perte de poids flagrant, vous êtes également anémiée. »

En effet, la ferritine présente dans son hémoglobine, me paraissait relativement basse.

« Ce n'est pas étonnant que vous vous sentiez si fatiguée et vidée d'énergie. »

Encore un peu plus et c'était même la perte de conscience.

« Voilà ce que nous allons faire. Je vais vous transfuser pour que vous receviez un sang sain et vous recevrez également une perfusion intraveineuse pour pallier au manque de nutriment dont souffre votre corps. »

Cela lui permettrait de se requinquer et de se reposer. Toutefois, si le problème occasionnant cet état n'était pas résolu cela ne servirait à rien de plus que la faire aller mieux pour quelque temps avant qu'elle ne rechute : il lui faudrait traiter le problème à la source.

Attendant son approbation, je l'accompagnais à une chambre de l'hôpital, où, une fois qu'elle fut allongée, je venais accrocher une poche de sang de son groupe sanguin sur un trépied avant de l'y relié via un cathéter.
Cela allait prendre une bonne heure où elle pourrait se reposer.

« La transfusion est en place. Je reviendrais lorsqu'elle sera terminée. En attendant, reposez-vous. »

Là dessus, je la laissais tranquille et poursuivais mes consultations, le temps que la poche de sang soit vide.

Une heure s'était écoulée depuis la pose de la transfusion sanguine si bien que je retournais voir comment allait ma patiente. Elle s'était assoupie et je pouvais déjà voir que sa peau avait retrouvé de son éclat, son corps demeurait probablement à un taux de ferritine normal à présent. Je m'approchais d'elle et récoltait une nouvelle goutte de sang au bout de son doigt pour le goûter à nouveau afin d'en être certaine. Oui, cela avait fait son office.

Elle s'était réveillée suite à mes agissements, encore hagarde et groggy par le sommeil et le changement que son corps venait de subir.

Sans mot dire, je préparais la perfusion qui lui conférerait tous les nutriments qu'elle ne parvenait pas à assimiler d'elle même depuis quelques temps, afin que son organisme reprenne un regain d'énergie sans quoi, sa vie était mise en danger.

J'ôtais le cathéter de la poche de sang désormais vide et en plaçais un nouveau pour la relier à la perfusion. Une fois cette dernière en place, je m'éclipsais de nouveau, la laissant repartir à demi consciente vers un sommeil mérité.

Les heures défilèrent et je fus bien occupée par mes consultations et autres opérations avant de pouvoir revenir la voir dans sa chambre alors que le soleil pointait le milieu d'après midi. La perfusion vidée à son tour, je la retirais et usais de mon chakra médical pour refermer la plaie minuscule causée par les cathéter à son poignet : il n'y paraissait déjà plus.

« Comment vous sentez vous ? »

Lui demandais-je. Il lui faudrait sans doute encore quelque temps pour recouvrer pleinement une énergie qui l'avait quitté depuis presque trop longtemps. Mais nulle doute qu'elle verrait la différence.

Toutefois, si cela allait l'aider pour quelque temps, comme je l'avais déjà pensé, cela recommencerait tant que le problème à la cause de tout cela ne cesserait pas de la ronger. Elle devait pertinemment le savoir mais encore fallait-il qu'elle en prenne conscience...

« Vous savez... Votre état ne s'améliorera pas tant que vos problèmes continueront de vous tourmenter. »

Je lui lançais un regard rubis pénétrant pour tenter d'appuyer la portée de mes paroles. Nulle doute que Kibo entrait en ligne de compte dans son état. Après tout, lui aussi avait été détruit à la suite de sa mort visiblement temporaire. Le fait d'être a Suna, et de le savoir non loin alors que le village devait lui rappeler des souvenirs quant à leur histoire, n'était sans doute pas vraiment le bonne endroit pour espérer aller mieux a moins de tenter de crever l'abcès.

« Vous êtes ici après tout... Alors pourquoi ne pas tenter d'améliorer la situation ? Ou au moins de mettre les choses à plat pour savoir réellement dans quelle direction vous devez aller... »

Ce n'était là que des conseils avisés. Je n'avais aucunement l'intention de me mêler de ses problèmes : j'avais déjà suffisamment à faire avec les miens. Toutefois, j'avais appris d'expérience que les paroles d’autrui étaient parfois révélatrices de choses que nous ignorions nous même ou que nous parvenions pas à voir de notre propre yeux, obstrués par nos ressentiments.

Elle disait se sentir un peu mieux... Sans doute de corps mais d'esprit pas vraiment. Son mal être ne disparaîtrait pas tout seul ni du jour au lendemain.

Pourtant, si elle ne pouvait pas s'en guérir tout de suite, peut-être qu'en parler l'aiderait à y voir plus clair. Elle n'hésita d'ailleurs pas à se confier : parlant de « il » pour évoquer Kibo, à ne pas en douter. Comme je m'y attendais c'était là le cœur du problème.

Elle m'expliqua ce qu'elle avait fait pour lui et comment il avait réagit en retour, lui exprimant qu'il n'avait jamais rien ressenti pour elle. Elle se contentait de cela, se disant qu'au moins c'était clair désormais et qu'elle pouvait tenter d'avancer et de l'oublier puisqu'il n'y avait rien à sauver. La Samui rejetait entièrement la faute sur elle même alors qu'elle n'avait rien fait qui justifiait une telle culpabilité de ce que j'en comprenais.

Je n'étais pas la mieux placée pour parler d'amour toutefois, avec les sentiments que j'avais à l'égard de Kioshi, je comprenais son état d'esprit. Lui ne me regardait pas de la même façon que moi je l'observais non plus. Pourtant il y avait une différence majeure...

« Je ne connais pas grand chose à l'amour néanmoins je doute qu'une personne puisse affirmer n'avoir rien ressenti pour l'autre alors qu'ils étaient prêt à se marier. Je doute que le futur marié soit sous le choc et tombe dans une profonde dépression, perdant tout espoir en la vie lorsque celle de sa promise s'éteint devant ses yeux. Je doute qu'une personne n'éprouvant rien pour l'autre puisse quitter son village, qui est la prunelle de ses yeux, pendant plusieurs mois afin de faire le point sur une histoire qu'il jugerait sans importance. »

J'arquais un sourcil pour appuyer mes propos.

« Je connais Kibo, bien sûr bien moins que vous mais j'ai l'avantage de ne pas baser mon jugement sur ses paroles mais sur ses agissements. Ne pensez-vous pas qu'il vous blesse, nie son amour a votre encontre dans l'unique but de vous protéger ? Parce qu'il juge cela plus propice et plus facile pour une raison, qui je dois l'avouer, m'échappe. Mais peut-être que vous, vous avez la réponse... »

Je ne pouvais qu'émettre des hypothèses à ce sujet. Au vue de l'ampleur qu'avait pris le Shukaï et son éminence depuis la mise en place de l'Empire, peut-être que Kibo préférait renoncer à son amour pour protéger leurs nations ? Il était sans doute le seul à savoir véritablement de quoi il retournait... ou peut-être qu'elle aussi.

« Si vous voulez mon avis, ses paroles a votre encontre, aussi dures puissent-elles êtres, ne sont pas véritablement le fondement de sa pensée. Vous le connaissez plus que n'importe qui, vous devriez le savoir. Et vous aussi vous le verriez si votre regard n'était pas biaisé par le chagrin. »

Je ne savais pas si mon discours pouvait l'aider mais au moins il avait aussi le mérite de renforcer mes propres convictions sur le propre amour que je vivais :

« Lorsque l'on aime quelqu'un et que l'on sait que les sentiments pour lui existe aussi ou demeurent simplement endormi mais que cela est possible, il ne faut pas perdre espoir. »

Si je renonçais a Kioshi ? Je ne parviendrais probablement pas à m'en relever...

La Samui ne pouvait pas avoir idée de la pente ardue qu'elle venait d'emprunter en évoquant mon amour pour Kioshi de la sorte. En effet, je lui adressais un regard noir même si ce dernier n'était pas destiné à son encontre mais bien au Yamada, qui se permettait d'évoquer mes sentiments impunément à celle qui jugeait amie mais qui demeurait une inconnue pour moi. Je n'aimais pas avoir a parler de ce que je ressentais car au fond, je me sentais prisonnière de ces émotions nouvelles qui n'étaient en plus pas réciproque.

« Qu'est-ce que cela peut faire puisque ce n'est pas réciproque. »

Je lui adressais un sourire dédaigneux avant de me radoucir, préférant l'écouter sur ce qu'elle avait a dire sur Kibo, au moins nous changions de sujet.

« Justement. Il vous a dit être toujours là pour vous or aujourd'hui il exprime le contraire. Devez vous croire le Kibo vous ayant fait cette promesse ou celui qui la dément ? Lequel est le plus sincère d'après vous ? »

Plus elle me parlait et plus je restais convaincue que Kibo jouait la comédie pour une raison obscure. Il disait ne plus l'aimer mais cela semblait être un tissu de mensonge.

« S'il parlait devant un shinobi senseur à ce sujet vous seriez fixé... »

Bien sûr je pensais à Kioshi. Qui de mieux pour le mettre dans la confidence que le sensei et Kazekage de l'ancien Rêveur ?

« Mais cela revient à savoir si vous êtes prête à utiliser une tierce personne pour le savoir. En somme, si vous êtes prête a tout pour retrouver le Kibo d'autrefois... ? »

Était-elle vraiment prête à tout ? Si tel était le cas alors elle n'avait qu'à foncer et faire tout ce qui était en son pouvoir. Si ce n'était pas le cas alors autant laisser tomber et se contenter des paroles biaisé de son ex futur mari.

Toutefois, elle évoqua une nouvelle fois un sujet fort facheux, alors que ses yeux étaient empli de chagrin : le temps... Elle n'avait pas besoin d'expliciter pour que cette simple notion me rappelle l'état de santé dans lequel je me trouvais ainsi mourante... Pourtant elle le faisait. L'avait-elle remarqué ou Kioshi lui en avait-il parlé ? Il m'avait dit quelque temps auparavant qu'il avait une amie médecin qui serait sans doute capable de m'aider : il devait s'agir de la Samui. Toutefois, je n'avais pas besoin de son aide. Personne ne pouvait m'aider si ce n'était moi même, bien que cela incomberait des sacrifices...

Elle m'observait alors que mon regard devenait une nouvelle fois plus sombre. Exposer mes faiblesses étaient bien la dernière chose que je voulais. Personne ne pouvait savoir que chaque seconde de ma vie était un enfer, une véritable souffrance qui lacérait mes veines, strangulait mon cœur et détruisait mon organisme. En ce moment même je souffrais le martyr mais j'avais appris a vivre avec la douleur si bien que malgré les traits tirés et le teint plus livide qu'à l'accoutumé, personne ne pouvait vraiment savoir toute la souffrance que je ressentais car je continuais de garder la tête droite. Tant que je le pourrais encore, je ne me laisserais pas abattre en courbant l'échine, rampant comme un insecte aux portes de la mort. Ce jour arriverait pourtant sans doute bientôt mais ce n'était pas aujourd'hui alors je pouvais me tenir encore droite.

J'exprimais une indifférence flagrante à l'entente de ses propos, me contentant de répondre sans plus de conviction :

« Peut être. Il n'existe aujourd'hui plus assez de Ketsueki pour me dire qu'il y a eu d'autre cas de cette maladie rare, qui me poursuit depuis ma naissance. Mon hémoglobine est rejetée par mon propre organisme et devient impur au fil du temps : un véritable poison pour moi. Les transfusions régulières me permettent de vivre mais mon organisme s'affaiblit. Je n'en ai plus pour longtemps. »

Le sang transfusé finissait lui même par se corrompre à cause de mes globules rouges qui ne parvenaient pas a l'assimiler tandis que mon organisme se contentait de l'attaquer comme un corps étranger. Plus j'utilisais ma maîtrise et plus je m'affaiblissais. En soit, je ne valais pas grand chose en tant que Ketsueki mais bientôt, tout ceci ne serait plus que de l'histoire ancienne.

Puisque je ne voulais pas mourir, il me fallait guérir. Puisque je voulais voir Kioshi sourire, il me fallait guérir. Pourtant, en guérissant, j'allais irrémédiablement changé...
Mon père m'avait prévenu : le rituel incombait bon nombre de sacrifice, dont une part de mon humanité...

Cette discussion avec cette inconnue m'apparaissait comme bien étrange... Elle avait pertinemment dû remarquer que je n'étais pas du genre très loquace lorsqu'il s'agissait de parler de moi même si je parvenais à le faire auprès des gens qui comptaient à mes yeux. Pourtant, malgré ma mine renfrognée et mon regard noir elle continuait d'arpenter encore cette pente sinueuse. Je ne savais pas comment réagir : la laisser en plan revenait à fuir mais je n'éprouvais guère envie d'en parler davantage. Je me contentais donc de l'écouter tout en répondant de la manière la plus succin possible.

Jusqu'où j'étais capable de souffrir pour survivre ? En voilà une question...

« La souffrance est mon lot quotidien et pourtant je dépéris. Il me faut souffrir plus encore. Pour survivre et surtout vivre, je suis prête à me rendre aux portes de la mort s'il le faut... »

C'était d'ailleurs ce que j'allais faire. Je ne savais pas vraiment en quoi consistait le rituel Ketsueki qui pourrait accroître ma maîtrise et pallier à ma maladie mais j'imaginais sans mal que mon père allait devoir pratiquement me tuer pour y parvenir. Je n'avais aucune crainte : je laissais ma vie entre ses mains. Puisqu'il n'avait pas su et pu assumer cette responsabilité autrefois, j'avais cœur à croire qu'il se donnerait le moyen pour ne pas faillir cette fois.

La Samui me demandait ensuite si j'avais déjà souffert au point de vouloir la mort : oui, mais il s'agissait là d'une douleur mentale. Je ne m'étais jamais vraiment retrouvé mis à mal par la douleur physique alors que celles psychologiques n'avaient jamais cessé de me tourmenter. Elle m'expliquait cette souffrance qu'elle avait ressenti alors qu'elle venait d'apprendre la médecine à Kioshi. Elle s'était fait capturée par des Kumojin et torturée. Pourtant, dans son malheur, elle avait encore la chance d'être comptée parmi les vivants. L'affliction qu'elle ressentait vis à vis de Kibo était toute autre.

« Oui. J'ai déjà souffert au point de vouloir mourir. Mais contrairement à vous je ne connais que la douleur mentale. Ce genre de douleur que vous ressentez a cause de Kibo, c'est celle là que je côtoie depuis de très longues années. »

Pas en terme d'amour, que je n'avais découvert que bien récemment et qui était une nouvelle niche de douleur mais parce que depuis que j'étais enfant, abandonnée dans cet orphelinat, je n'avais connu que souffrance psychique. La solitude avait été ma chimère et en soit elle l'était toujours aujourd'hui : c'était ce qui m'effrayait le plus en ce monde.

« La douleur physique est atroce mais fini par guérir bien que des images restent nettes dans l'esprit. La douleur mentale elle, est plus vicieuse et ne disparaît jamais complètement. Elle nous laisse du répit puis revient frapper au moment où l'on s'y attend le moins. »

Je survivais aussi sans doute grâce à mes proches parce que désormais je n'étais plus seule et ils étaient là pour me soutenir. Toutefois, lorsqu'elle me demanda si je méritais que l'on m'aide avant d'affirmer que oui, je ne pus m'empêcher de sourire.

« Ce n'est pas à moi de juger si j'en suis méritante. Malgré toute l'aide et le soutien que l'on peut avoir il y a des décisions et des choix qui doivent se faire par nous même et qui, même si la direction prise est celle qui convient le mieux à tous, implique des sacrifices. »

Elle avait pu revivre et en avait payé le prix de son amour. Je pourrais guérir mais j'en payerais le prix d'une part de mon humanité et perdrais sans doute les personnes qui aujourd'hui m'étaient chères, ignorant autrui comme autrefois, me plongeant de nouveau dans la solitude, mais cette fois-ci pour l'éternité... La vraie question était : la Samui comme moi, parviendrions nous a retrouver ce que nous avions perdu au cours de notre transition ?