Méphisto et Hotep étaient formels, un autre de leur congénère n'était guère loin : ils avaient senti sa présence. Ils ne furent pas en mesure de m'expliquer clairement dans quelle direction ni même comment et pourquoi ils avaient ressenti sa présence aujourd'hui plutôt qu'hier : après tout, si lui aussi était enfermé dans une ruine, ce n'était pas comme s'il pouvait s'en échapper...

Méphisto était parti dans ses discours habituels et Hotep m'avait expliqué dans sa langue qu'il percevait uniquement la direction mais rien d'autre. Je n'étais guère très avancée donc mais une chose était certaine : je voulais le récupérer lui aussi...

J'avais donc contacté Oniri pour savoir si elle serait d'accord pour m'accompagner. Vu ma santé fragile, je ne voulais guère m'aventurer dans ses ruines truffées de pièges seule. Je savais également que les ruines et les Anciens fascinaient Oniri alors peut-être qu'elle voudrait tenter d'en savoir plus sur eux. Toutefois, la raison principale a ma requête était que je voulais passer du temps avec elle... Encore une fois je ne savais pas vraiment si une solution tierce existait pour me sauver d'une mort certaine alors peut-être devrais-je vraiment utiliser le rituel de mon clan pour m'en sortir et changer à tout jamais... Passer du temps avec ma meilleure amie avant l'échéance était en soit quelque chose qui me remontait le moral.

Je la retrouvais donc aux portes du village avec son nouvel engin. Elle m'avait parlé de cette nouvelle moto suite à la perte de son ancienne et je devais dire qu'elle semblait plus aboutie sur de nombreux points : bien que je n'y connaissais absolument rien !

« Bel engin ! »

Me contentais-je de dire en approchant. Lorsque j'arrivais à sa hauteur, je l'enlaçais chaleureusement pour lui dire bonjour, tant que je pouvais encore le faire.

« Je te remercie de m'accompagner. Tâchons de faire attention et j'espère que nous pourrons apprendre beaucoup de choses ! »

Je lui souriais.
Mes félidés auraient pu nous suivre dans les airs mais je leur avais demandé de rester au manoir jusqu'à ce que je les invoque une fois arrivées sur place.

Je prenais place derrière Oniri, me cramponnant à elle, trouillarde de tomber de cet appareil bientôt lancé à pleine vitesse tout en lui expliquant.

« Hotep m'a expliqué que leur congénère était loin vers le nord. C'est très vague mais nous pouvons déjà tenter de nous y rapprocher et de voir si nous trouvons quelque chose : si ce n'est pas le cas je les invoquerais pour qu'ils nous guident ! »

Une gourde d'eau à la taille, des vivres dans une sacoche et ma faux pliée dans mon dos, j'étais parée à rejoindre celui qui serait bientôt mon nouveau gardien...

Yami m'avait contacté pour la recherche d'un nouveau Gardien. Nous avions convenu d'un jour précis où nos emplois du temps respectifs nous permettaient de nous retrouver. Je voulais également profiter de ce moment pour lui montrer ma nouvelle moto. Celle que les machines du Kenkyuujo s'étaient faites une joie de fabriquer pour moi. Le fait qu'elle ait été conçu par mes soins ne suffisait cependant pas à remplacer la satisfaction et la fierté que j'avais éprouvé en fabriquant la première de mes mains.

Malheureusement avec mon devoir de conseillère je n'avais plus du tout de temps pour me consacrer à mes recherches. Par faute, je n'avais eu d'autre choix que de déléguer. C'était la première fois que je la sortais du garage et j'étais impatiente d'entendre rugir son moteur tout en soulevant des gerbes de sable dans son sillage. J'allais de nouveau pouvoir fuser à vive allure à travers le désert. Cela serait absolument génial. Je trépignais d'impatience comme une gamine s'apprêtant à tester son nouveau jouet. Ce qui, dans un sens, était absolument vrai. Posant mes lunettes de conduite sur mon nez, revêtissent ma cape et mon écharpe afin de me protéger du sable je démarrai enfin le moteur avant de m'engouffrer à allure modérée dans les ruelles de Suna, parvenant rapidement jusqu'à la Voie Illusionnée où m'attendais ma... Mon amie. Non... Indubitablement, c'était bien trop dure à admettre. Je n'aimais pas cette idée même si je n'avais d'autre choix que de m'y résoudre. Elle m'adressa un grand sourire lorsque j'arrivais à sa hauteur. Je descendis et nous nous étreignîmes affectueusement.

-Tu as vu ? Elle est génial ? Et ce nouveau modèle de moteur ne consomme presque pas de chakra ! On va pouvoir aller plus vite, beaucoup plus vite !!

Yami m'expliqua ensuite la situation. Ses invocations avaient senti la venue de l'un des leurs. Je me demandai pourquoi seulement maintenant ; Toujours fut-il que l'idée d'explorer de nouvelles ruines m'interpellai plus que jamais. Avec Hotep a mes côtés parlant la langue des anciens j'aurais peut-être la chance d'enfin percer les mystères des Anciens.

-Dans ce cas ne perdons pas de temps.

Je lui donnais tous le matériel nécessaire à savoir lunette de protection et écharpe contre le sable ainsi qu'un micro-casque afin que nous puissions continuer de communiquer durant le trajet. Cela fait je l'attrapais par le poignet pour l'inviter à monter avec moi. Elle posa ses mains sur ma taille, je me cambrai légèrement sur mon véhicule, désactivant un à un les freins moteurs qui bridaient la puissance de la machine. « 

«  Accroche-toi si tu ne veux pas tomber. »

Dans la seconde qui suivit je pressai sur l'accélérateur. Il ne nous fallut pas plus de trois secondes pour atteindre les cents kilomètre heures et cela continuait de monter rapidement. Nous filions à une allure vertigineuse et le vent bourdonnait dans nos oreilles si forts que nous parvenions à peine à nous entendre parler dans nos casques. Seulement cela n'était pas encore terminé. Nous pouvions aller encore plus vite. Je levais la derrière sécurité et enclenchait le dernier cran d'accélération que l'on pouvait apparenter à un mode turbo. Nous étions à plus de deux-cents vingts kilomètres heures. Le simple fait de passer sur un dune de sable suffisait à nous éjecter dans les airs sur plus d'une dizaine de mètre.

En hauteur je poussai un cri victorieux enrichi par l'adrénaline. Derrière, Yami était cramponnée de toute ses forces à moi. Je compris alors que j'étais sûrement en train de lui infliger la peur de sa vie. Aussi commençais-je à ralentir jusqu'à descendre à une allure plus modérée. Tout en continuant de rouler je me redressai afin de mieux me coller contre elle. Je tournai alors la tête pour l'embrasser sur la joue avant de retourner me cacher sous mon écharpe.

« Ne t'inquiète pas c'est terminé. »

Je souriais, heureuse d'être avec elle et de jouir à nouveau de cette sensation de liberté qui m'avait tant manqué. Puis, au bout d'une heure, cette joie finit par s'apaiser pour laisser place à l'étonnement. Je restai sans voix devant l'étonnant spectacle qui se dressait devant nous. Moi qui connaissait le désert de Kaze, je pouvais être formel. Il n'y avait pas de pyramides à cet endroit là avant...

Je prenais l'équipement qu'elle me tendait et m'en équipais. Je me cramponnais à elle, craignant le pire lorsqu'elle disait que nous pourrions aller beaucoup plus vite... J'avais déjà souvenir que sa précédente moto piquait à des kilomètres heures ahurissants et que j'en avais une peur bleue alors...

Mes craintes furent fondées lorsqu'elle démarra l'engin. Nous partîmes à vive allure dans le désert, le décor allait si vite que je fermais les yeux pour ne pas être malade. Mon sang n'appréciait pas vraiment cette pression accrue... Les dunes défilaient, nous projetant dans le ciel avant d'atterrir lourdement pour repartir de plus belle. J'avais envie de crier mais je me retenais, tétanisée et accrochée à Oniri comme si ma vie en dépendant : ce qui s'avérait ne pas être très loin de la réalité...

Heureusement le supplice fini par se terminer, Oniri retrouva une allure acceptable et embrassa même ma joue comme pour me réconforter. Près d'une heure plus tard, nous arrivâmes sur les lieux.

Une immense pyramide trônait devant nous comme si de rien n'était... Je n'en avais jamais croisé de semblable... et si... ressortie du sable. Les ruines de Hotep étaient bien enfoncées et seul le sommet dépassait quelque peu alors que celle ci... Je me sentais petite à ses côtés...

« Bon et bien... Je crois que l'on a trouvé... »

Comment se faisait-il que mes félins ne ressentait la présence d'un congénère que récemment alors même que cette imposante structure était visible à des lieux ?! Des curieux y avait déjà pénétré ? Peut-être m'étais-je déjà fait doublé et que ce pacte ne serait pas pour moi...

Je me mordais aussitôt le pouce et posais ma main au sol pour invoquer Hotep et Méphisto. Mes deux chats ne lâchaient plus l'édifice du regard, impressionnés chacun à leur manière... Hotep avait la bouche grande ouverte et Méphisto aussi mais dans l'autre sens...

« Je crois que votre ami est là dessous n'est-ce pas ? »

Ils hochèrent la tête sans mot dire et nous pénétrâmes tous en son sein, nous éclairant de torches raiton. Nous veillions à bien faire attention où nous posions les pieds, des fois que celle-ci soit autant truffée de pièges que les précédentes. Des gravures étaient visibles, bien qu'effacées, sur les murs : elles racontaient sans doute une histoire. J'étais désormais douée pour parler le langage des Anciens mais j'avais encore beaucoup de mal à le lire...

Le couloir rocheux donnait sur une pièce haute de plafond avec des alcôves un peu partout possédant de grandes finitions tout comme les statues présentes en son centre : un lion, un poisson, un lézard et une sorte d'aigle... Comme j'en avais déjà vu dans les temples précédents. Nos bruits de pas résonnaient dans l'écho de la grande pièce tandis que nous semblions coincés sans possibilités de s'aventurer davantage. En effet, toutes les issues étaient fermées. Je m'approchais des lors des statues, cherchant un quelconque mécanisme dissimulé pour nous créer une ouverture.

Mon intérêt pour ces lieux se décuplait à mesure que nous nous enfoncions dans la pyramide. Les parois renfermaient encore moult inscription. Je sortis aussitôt mon appareil photo pour prendre de nombreux clichés afin de pouvoir les étudier ultérieurement. Avec un peu de chance Hotep pourrait m'aider à les déchiffrer et mes recherches pourraient faire fantastique bon en avant. Cela faisait maintenant quelques années que je m'intéressai aux civilisations antiques qui avaient jadis peuplé le désert car, quelque part, ils étaient nos ancêtre. Peut-être qu'en étant en mesure de découvrir notre passé nous serions en mesure de comprendre notre présent et ainsi anticiper notre avenir.

Parvenu dans une grande salle à peine éclairée par la lueur de nos torches, nous retrouvâmes en son centre les statues des quatre divinités primordiales. Elles semblaient jouer un rôle essentiel dans le cultes des Anciens. Malheureusement, ces derniers se montraient bien discret, gardant jalousement leur secret au fond de ces tombeaux là où reposaient également mille dangers.

-Je t'avouerai que j'ai toujours cette appréhension à entrer dans ces ruines depuis notre première mission.

Cette même mission qui avait bien failli nous coûter la vie à tous. La différence étant qu'aujourd'hui nous étions beaucoup plus forte, même si Shinji n'était plus... Ce qui parfois me manquait sans que je sache pourquoi. Nous passâmes pratiquement une demi heure à inspecter l'immense salle en l'examinant sous toutes les coutures, sous tous les angles. Le temps s'écoulait dans un silence presque religieux. A la fin nous étions parvenue à nous accommoder de cette odeur de moisissure et de poussière renfermé qui imprégnait les lieux. Tandis que j'examinai une colonne, tentant de déchiffrer les runes qui la recouvrait les indicateurs de son Scouter Sayen s'alarmèrent m'indiquant une présence de grande taille au plafond.

Je bondis instinctivement en arrière en sortant mes armes de leurs holsters. Mon chakra se condensant dans mon œil droit et l'iris se fendit à la vertical. Ma vision venait de s'adapter à l'obscurité me permettant dès l'instant de voir par-delà les ombres. Quelques choses semblaient ramper au-dessus de nous. Le masse de déroula d'elle-même une tête allongé s'avança dans ma direction. Ouvrant sa gueule béante, le cobra géant me fit part de ses deux longs crocs et de sa langue bifide. Mon cœur rata un battement. Je ne dus ma survis qu'à mes réflexes qui me permirent de sauter sur le côté au moment de son attaque ripostant aussitôt par un déluge de balle. Ses assauts se répétèrent successivement aussitôt accompagné par une esquives de ma part. Prenant appuie sur le décor j'effectuais de nombreux salto tout en continuant d'arroser généreusement de projectiles son long corps écailleux. Après un ultime saut je retombai agilement aux côtés de Yami qui venait de dégainer sa faux.

-Sincèrement, ne pouvais-tu pas simplement pactiser avec des furets trouvés dans une animalerie ?

Non, parce que des chats nus enfermés dans des ruines millénaires remplit de pièges et de monstres c'était forcément plus amusant. J'eus un sourire en coin, tandis que je rangeai mes armes pour dégainer Strike et Sniperbreaker qui seraient d'un tout autre calibre contre cette chose. Le gigantesque cobra serpenta entre les colonnes, avant de se dresser face à nous tout en arborant un air des plus menaçants.

-Enfin... Je n'ai jamais vraiment aimée la facilité...

Le serpent passa à l'attaque et nous nous préparâmes à riposter.

Oniri me faisait part de sa crainte de pénétrer en ce lieu depuis notre première mission dans ces ruines... Il était vrai que cela remontait maintenant mais nous avions bien failli perdre la vie... Les Anciens avaient a cœur de conserver leurs héritages et ils avaient tout mis en œuvre pour que les pilleurs soient châtiés pour leur affront...

Nous fouillâmes la salle de fond en comble, cherchant à comprendre comment fonctionnait ces portes fermées... Pouvions nous au moins les ouvrir ? Je commençais à comprendre comment les ruines étaient bâties et je ne parvenais tout de même pas a trouver le moyen de les ouvrir comme précédemment... Il y avait toujours un moyen... Si ce n'était pas une énigme a résoudre ou un mécanisme à activer cela devait sans doute signifier une chose...

Au même moment, Oniri me prévenait d'un danger qu'elle avait repéré... Et voilà... Un ennemi à tuer pour avancer... L'attitude de ma meilleure amie changea du tout au tout, elle avait déjà braqué ses armes sur la bestiole que je ne parvenais pas a voir encore véritablement et je vis son iris se fendre a la verticale comme ceux des félins, comme lorsqu'elle m'observait après que je sois sortie d'un puissant genjutsu...

Instinctivement, je dégainais ma faux et tentais de me rapprocher d'elle qui effectuait des sauts périlleux et qui bombardait d'ores et déjà la bête d'une salve de balles de différents calibres. Nul doute quand au son que faisait l'animal : c'était un serpent. Sa langue bifide claquait dans les airs alors qu'il s'exprimait avec son sifflement perfide.

Oniri retomba à mes côtés, s'exclamant sur mon pacte kuchiyose, ce qui me fit étirer un sourire même en pareille moment. Le serpent ondula le long des colonnes avant de fondre sur nous tandis que mon amie réfutait la facilité qu'elle n'aimait pas. Aussitôt, mon arme imprégné de fuuton envoya une lame d'air concentrée pour tenter de blesser la bête. Hotep et Méphisto s'organisaient de concert pour faire trembler le sol et en faire jaillir des colonnes de pierre qui immobilisait le reptile.

Je tournais mon regard vers Oniri alors que nous avions immobilisé notre ennemi :

« Pourtant cela semble bel et bien facile ! »

Moi aussi j'aimais le challenge... Etait-il trop faible ou bien étions nous devenues trop puissantes ?
Le serpent se mouvait pour se dégager à la façon d'une anguille de son emprise toutefois il était fortement ralenti. Pris au piège, il cracha du venin dans notre direction que nous esquivions habillement, voyant l'endroit précis où nous nous trouvions une fraction de seconde plus tôt, fondre contre neige au soleil... Efficace ce poison/acide...

« Tu ne veux pas pactiser avec lui Oniri ? »

Pendant ce temps là, mes kuchiyoses le bombardaient de projectiles fuuton, le laissant lourdement retomber au sol, alors que ses entraves étaient levées en même temps que sa vie.

« Trop tard... »

Me contentais-je d'ironiser.

Une lourde porte s'ouvrait alors devant nous tandis que la statuette représentant le reptile explosa d'un coup. Devrions nous annihiler les trois autres espèces ? Peut-être se trouvaient-ils dans d'autres temples.

Nous pénétrâmes prudemment dans la nouvelle salle, bien plus lumineuse, sur laquelle, était assise sur un trône doré, non pas le camarade de mes chats mais la camarade... Il s'agissait d'une femelle. Bipède, la peau de couleur bleue et recouverte de nombreuses parures de bijoux, elle se tenait là fièrement, nous observant avec presque un air de dédain.

Aastet:

Hotep semblait en admiration, comme s'il venait de se faire toucher par la flèche de cupidon alors que Méphisto se contentait de sourire. Le premier prenait des airs de chevalier servant en s'approchant bien vite du trône pour poser un genou a terre et prendre la patte de la belle pour y déposer un baiser. Il lui clamait sa beauté et le fait qu'il était heureux de la revoir dans la langue des Anciens, ce qui rendait le tout assez comique, surtout lorsque lui administra une gifle royale de sa patte libre. Je souriais, me moquant même de son comportement.

« C'est ce qu'on appelle se prendre un râteau. »

M'amusais-je a dire à Oniri.

La chatte se redressa, descendant avec une démarche gracile et un rien de frime, pour aller a notre rencontre. Elle nous observa de ses yeux améthystes clair, insistant un instant sur Oniri qu'elle observait avec dédain et indifférence, avant de m'adresser un sourire, alternant cette expression suivant qui elle observait.

« Ruo' dartz iritsi aska hypla usteras... Ruo' urum Aastet. »

Je pouffais de rire un instant en comprenant ses paroles.

« Je crois qu'elle ne t'apprécie pas vraiment... Elle a dit qu'elle ne voulait pas discuter avec la femme moche et idiote. Et ensuite elle s'est présentée : elle s'appelle Aastet. »

Le moins que l'on puisse dire c'est qu'elle n'avait pas sa langue dans sa poche...

« Ruo' urum Yami. Nok urum Oniri. Nok urum lakry helkry ! Nok urum tona ! Kas' davak Hotep ni Méphisto. »

Je venais de faire les présentations en ajoutant qu'Oniri était jolie et qu'elle était mon amie. Elle m'observait l'air faussement convaincue en arquant les yeux tout en croisant les bras et en levant la tête dans la direction opposée à la Saibogu : elle l'ignorait totalement.

J'étais déçue. Je ne m'attendais pas à ce que Yami réussisse à plier le cas du cobra si rapidement. Je n'eus même pas le temps d'intervenir que son long corps s'effondrait lourdement sur le sol de pierres polis. La statue de la divinité gardienne désignant le reptile se fissura subitement avant de s'effondrer pour ne former plus qu'un tas de gravas informe. Je poussai un léger sifflement de surprise devant un tel spectacle. Décidément les gardiens n'avaient pas encore finit de semer les mystères sur mon chemin.

Je me dépêchai de sortir mon appareil photo afin de prendre divers clichés de la scène, analysant sous toutes les coutures ce qui restait de la quatrième statue. Un instant plus tard un passage s'ouvrit révéla à nous ce qui semblait être le nouveau gardien. S'il m'aurait fallut la résumer en un mot. J'aurais simplement dit « Miaou » ! Le tout avec un ton des plus mesquins, mais je chassai rapidement cette idée de la tête. C'était assez impropre, zoophile, hors de toutes conventions sociales et sans doute une atteinte aux droits des êtres mi-animaux, mi-humains, mi-kuchiyose. Lorsque je me surpris une fraction se seconde à reluquer ses courbes durant sa démarche provocatrice je m'administrai une claque mentale et tout redevint dans l'ordre. J'avais définitivement besoin de repos ou alors étais-je en manque désespérée d'affection à un point au cela en devenait inquiétant... Non, j'avais vraiment besoin de vacances...

Et puis je la vis m'aviser avec mépris sans que je ne comprenne pourquoi. Elle marmonna quelque chose dans sa langue ce qui sembla beaucoup amuser Yami. Je me sentis quelque peu étrangère à la situation. Mon amie ne perdit pas de temps pour faire la traduction et aussitôt mon sang ne fit qu'un tour, montant crescendo.

-Non mais pour qui elle se prend cette p... cette saleté ? Elle cherche vraiment les ennuis c'est ça ?

Il en était fallut de peu pour que ma langue fourche. Cela n'aurait pas été très beau à entendre. Mais que croyait cette maudite Aastet ? Qu'elle allait surgir de nul part après plus de mille ans d'enfermement et venir faire sa maline devant moi ? Yami s'adressa de nouveau à elle en usant du dialecte des anciens. Je ne compris pas un traître mot de ce qu'elle me disait ce qui ne fit qu'accroître mon exaspération. Ensuite ce fut la goûte de trop. La félidé, croisant les bras, détournant brusquement la tête de moi, en levant le menton. Cette salope se foutait littéralement de moi. Je me raidis sur place rougissante de colère. J'allais l'étrangler sur place. Lui faire ravaler son caquet de prétentieuses, lui botter les fesses et la renfermer dans son tombeau jusqu'au prochain millénaire.

-Yami. S'il te plaît ma chérie.... Retiens-moi où je vais faire un massacre...

Elle essaya de calmer le jeu, mais rien n'y fit. Comprenant que nous allions tout droit à la catastrophe si cela continuait ainsi, je préférai m'éclipser en première. Yami et l'autre chatte délurée s'en allèrent de leur côté pour conclure le pacte. Je me retournai un instant, à la voir ainsi tortiller du derrière en marchant je compris pourquoi elle m'avait autant attirée que révulsée. Cette saleté me faisait penser à moi-même à cette époque où j'étais totalement différente par rapport à aujourd'hui. Ainsi rejoignis-je seule la sortie jusqu'à me retrouver à l'extérieur de pyramides. Delà, je m'adossai contre ma moto, cachant mes yeux derrières mes lunettes de soleil. Les bras croisés, je tapotai nerveusement de l'index sur mon bras, attendant leur retour, affichant une moue boudeuse malgré-moi.

Sérieusement, étais-je si insupportable à l'époque ?

L'atmosphère était électrique et la tension palpable. La félidé et ma meilleure amie ne pouvaient vraisemblablement pas s'encadrer... Cela me désolait au fond mais je voulais sortir Aastet de cette endroit et l'intégrée au manoir.

Alors qu'Oniri me demandait expressément de la retenir, je tentais de calmer le jeu : sans succès. Elle préféra donc quitter la pyramide pour nous attendre à l'extérieur, le temps que je m'entretiennes avec le félin pour pactiser avec elle.

Lorsque la Saibogu fut partie, Aastet se radoucit et devint toute mielleuse comme si « le nuisible » était partie et que maintenant elle pouvait redevenir elle même...

J'entreprenais de lui poser des questions pour savoir si elle était enfermée ici depuis longtemps mais elle disait ne plus s'en souvenir. C'était comme ci elle se réveillait d'un long sommeil sans comprendre pourquoi ni comment. C'était peut-être pour ça que mes félins n'avaient pas pu la détecter avant. Elle feignait d'ignorer Hotep qui essayait tant bien que mal de se faire remarquer. Je me demandais si ces deux là se connaissaient où si Hotep avait eu un béguin subit et cherchait désormais à courtiser la belle qui n'avait pas du tout l'air intéressée...

Lorsque j'évoquais la question du pacte avec elle, elle réfléchissait quelques instants, comme si l'idée de se retrouver constamment avec mes autres Kuchiyoses ne l'emballait pas vraiment mais elle consentait finalement à nous rejoindre. Un parchemin apparu devant nous, lequel je signais de mon sang tandis qu'elle en faisait de même. Son attrait pour mon fluide écarlate semblait évoquer qu'elle était parvenu à y déceler quelque chose. Ce qui ne tarda pas à se confirmer lorsqu'elle m'affirma que j'étais une manieuse de sang d'un air à la fois intrigué et émerveillé.

Je lui expliquais dès lors que j'étais en effet une Ketsueki et elle argumenta sur le feeling entre nous du fait de mon appartenance à ce clan. Lorsque je voulus en savoir plus elle me répondit simplement que son précédent maître était également un Ketsueki, il y avait de cela plusieurs siècles. Le seul que je connaissais qui soit aussi vieux était le premier des Comtes et aussi mon grand père mais il ne devait pas être le seul après tout... Il était désormais scellé et au vue du portrait qu'en avait dressé mon père pourtant impitoyable, cela était mieux ainsi.

Je félicitais donc Aastet et la remerciais de bien vouloir servir une nouvelle fois un possesseur du don du sang et nous sortîmes de la pyramide, là où nous attendait Oniri.
Aastet fut quelque peu éblouie par le soleil et observait ses pieds sans doute brûlant sur les grains de sables incandescents. Ses iris de chat se rétractèrent davantage devant la luminosité ambiante toutefois elle semblait heureuse de quitter sa pyramide.

Les deux querelleuses s'ignoraient désormais totalement, ce qui en soit n'était pas plus mal. Mes félins usèrent de leur affinité fuuton pour fendre les airs tous les trois en direction du manoir tandis que moi je les enviais presque... Il me fallait remonter sur l'engin de malheur d'Oniri et l'idée ne m'enchantait guère.

« Euh... Oniri. Serait-il possible que tu roules bien moins vite qu'à l'aller ? »

Lui demandais-je d'une petite voix peu rassurée.
Là dessus, après un échange de sourire, nous regagnions notre village en sillonnant les dunes sur son appareil Saibogu.