Elle parcourut les mètres qui la séparaient encore de la personne qu'elle souhaitait voir. Sa propre mère. Et bientôt elle arriva dans une petite clairière. Rien n'avait changé, ici. Contrairement à leur demeure qui était envahie par la végétation et disparaîtrait certainement un jour, engloutie par celle ci. Non ici tout était comme la dernière fois qu'elle était venue. Son pas ralentit, et elle adressa un sourire.
- « Bonjour, maman. »
Puis s'agenouilla à ses côtés. Les yeux se posèrent sur la croix ainsi que sur l'inscription qu'elle portait « Myouga Casca. » Et elle observa cette fleur, cette unique fleur. La dernière fois qu'elle était venue, c'était en hiver. Et la rose était déjà là. A chaque fois qu'elle venait, une seule rose était toujours présente, peu importe l'époque. Et le rosier présent sur la tombe de sa mère se dressait là, fièrement. Il tenait bien son rôle. Elle s'imaginait parfois que l'esprit de sa défunte mère était abrité dans cette fleur, dans ce rosier. Une idée rassurante. Elle approcha sa main et caressa les pétales du bout des doigts.
- « Toujours aussi douce. »
Elle souriait doucement. Puis de nouveau le sourire s’effaça brusquement.
- « N'importe quoi. »
Nozomi ôta sa main de la plante.
- « Regarde toi, tu parles à une fleur. Tu es vraiment tombée bien bas. »
La jeune femme prit ses mains dans son visage et respira doucement, tentant de se calmer. Tout était tellement parti en vrille ces derniers temps... Le monde extérieur avait eu bien trop d'emprise sur elle. Elle qui avait toujours vécu quasiment seule, et libre. Mais avait dû vivre enfermée pendant de longs mois, sous terre. Car elle avait trouvé des gens avec qui elle formait ce qu'elle nommait sa « famille ». Et l'homme avec qui elle partageait sa vie avait été tué. Depuis, elle était repartie sur les routes, seule. Mais plus rien n'avait été pareil. Il lui manquait. Cruellement. Même si... Il avait essayé de la tuer.
Ça avait été le pire. Le plus dur à supporter. Elle lui avait fait une totale et aveugle confiance. Plus rien n'avait été pareil après cela. Peut-être était-ce à ce moment là qu'elle avait commencé à perdre pied. Et non pas à sa mort, comme elle le croyait. Toujours était-il que depuis... Elle s'adressait parfois à lui, comme s'il vivait en elle. Ce qui était certainement le cas, au vu de ce qui coulait en ses veines. Peut-être que c'était cela qui la rendait folle. Ou peut-être qu'elle ne parvenait pas à l'oublier car ils ne faisaient plus qu'un.
Toujours était-il qu'elle ne goûtait plus la vie de la même façon. Qu'elle ne faisait qu'errer sans but. Comme elle l'avait toujours fait, après tout. Mais désormais... Elle n'y prenait plus le même goût. Voyager seule lui semblait fade. Elle avait d'ailleurs passé quelques mois en compagnie en compagnie de Goren, l'un des plus grands criminels que la terre ait porté. Elle, la pacifiste. Elle s'était même rendue chez les moines dans l'espoir d'apprendre la méditation. Jamais avait elle n'avait eu besoin de ce genre de choses.
- « Oui, complètement folle... »
Elle se remit debout et adressa un dernier regard à la tombe. La sérénité, et les réponses, elle les avait trouvés ici. Et désormais, elle savait ce qu'il lui restait à faire.
Car on pouvait toujours compter sur la personne qui nous avait donné la vie. Ou qui nous l'avait sauvée.