Tout était devenu compliqué ces derniers jours et cela n'alla pas en s'arrangeant alors que des gardes m'informait expressément que Kibo était apparu devant les portes du village pour mieux se volatiliser. Je connaissais la faculté de ce dernier à pouvoir aller et venir et je n'appréciais pas du tout qu'il entre à Suna comme dans un moulin en ces temps de crise et alors même qu'il avait été aux abonnés absents depuis de longs mois, n'offrant pas son soutien à son village lors des deux événements majeurs qui nous avaient décimés.

Je quittais mon bureau d'un pas rapide, communiquant via mon micro-casque à Oniri qu'il était rentré tout en me dirigeant là où l'homme aux yeux de glaces se rendraient sans nulle doute : le bureau de Kioshi. Effectivement il y était, dos à moi, et se retournant bien vite en sentant sûrement ma présence. Il me demanda sans perdre de temps où se trouvait Kioshi alors que j'avais pour ma part, toutes les raisons du monde de ne pas vouloir lui répondre et de lui remettre les idées en place. Déjà parce qu'il ne s'était que trop absenté et que cette absence faisait de lui un suspect potentiel quant aux attentats qui nous avaient touchés et ensuite parce qu'il avait causé beaucoup de tord à Ogami pendant son périple et sa quête de solitude pour oublier la tragédie de la perte de sa fiancée de glace.

Seulement, même s'il paraissait changé tout l'était ici aujourd'hui et nos relations confiantes et sereines étaient plus que jamais remise en question alors que la suspicion de taupe et de groupuscule œuvrant dans l'ombre se manifestait... Les amis pouvaient devenir des ennemis et les ennemis des amis... Kibo n'échappait pas à la règle et en tant qu'intendante et actuellement occupante des fonctions de Kioshi, je me devais de faire respecter les procédures.

Froidement, je lui adressais un regard avant de l'inviter à entrer dans le bureau de Kioshi.

« Entre. Je vais t'expliquer. »

Une fois que nous étions à l'intérieur et que la porte se refermait sur nous, je pris de nouveau la parole :

« Mais avant cela, et vu le contexte de crise, tu te doutes que je me dois d'appliquer les protocoles de sécurité mis en place par le Kakumeigun et renforcés sur décision du Conseiller à la défense. Montre toi coopératif et ta position de suspect pourrait bien changer en ta faveur en plus de pouvoir recevoir les explications que tu attends certainement. »

Là dessus, je sortais une paire de menottes sapant le chakra depuis la poche de mon pantalon et lui demandait de s'asseoir sur la chaise face au bureau pour les lui passer. J'invoquais dès lors Méphisto, mon chat Kuchiyose qui, grâce à sa sensorialité, serait en mesure de déceler le mensonge. Inflexible, impassible et froide, je commençais l'interrogatoire.

« Es-tu entré en contact avec un shinobi d'une autre nation ? Est-ce que durant ton voyage tu as été à Konoha ? Au Shukai ? A Kumo ? Dans le reste du monde ? As-tu rencontré là bas des personnes étant susceptibles de vouloir causer du tord à Suna ? Es-tu parti uniquement pour te remettre les idées en place ? As-tu eu l'intention de nuire à Suna ? En as-tu l'intention aujourd'hui ? Es-tu revenu à Suna avec de bonnes intentions ? Sais-tu ce qui est arrivé au village durant ton absence ? »

Je laissais un laps de temps pour sa réponse entre chacune de ses réponses desquelles je n'attendais qu'un oui ou un non tandis que Méphisto gardait sa patte décharné posé sur le thorax de Kibo pour interpréter les battements de son cœur. Si son discours se montrait satisfaisant alors peut-être que j'écarterais la piste qu'il soit un coupable potentiel et lui expliquerait tout ce qu'il voulait savoir.

Méphisto me confirma d'un hochement de tête ponctué de son éternel sourire carnassier que Kibo ne mentait pas. Au moins il se montrait coopératif. Il n'avait jamais eu l'intention de nuire a Suna et revenait avec de bonnes intentions : il n'avait donc rien à se reprocher de lui même. En revanche le fait qu'il ait côtoyé plusieurs personnes de différents villages ne me plaisait guère... Après tout, nous avions en ce moment même une Espionne de Mizu no Kuni dans notre prison...

« Bien. Poursuivons. Parmi les personnes que tu as rencontré dans les autres villages : y avait-il des hauts gradés ? As-tu rencontré des personnes faisant partie d'organisations criminelles ? D'organisations en quête d'informations ? Tu me dis que tu n'es pas parti uniquement pour te remettre les idées en place : développe. A quoi t'a servi toute cette longue période d'absence ? »

Pour une fois je voulais des détails sur la dernière question. S'il n'était pas parti uniquement pour se remettre de la mort de sa fiancée en prenant des distances avec sa nation, pourquoi nous avait-il quitté autrement ?

« Consentiras-tu a faire un rapport détaillé au Kakumeigun des informations que tu as récolté durant ton voyage et d'expliciter ta relation avec l'Empereur du Shukai, issu de la même famille que ta promise si je ne m'abuse ? »

Le bruit courait que le Shukai avait été renversé et que seul l'un des capitaines le gouvernait désormais, destituant totalement son triumvira. Si un homme était capable de s'accaparer le pouvoir de sa propre nation de la sorte, qu'en était-il des conquêtes envers les autres pays ?

« Je vais être franche avec toi. Au vue de la situation qui semble se dérouler au Shukai, je ne cautionnes pas vraiment ta relation et ta position avec eux et je ne suis pas la seule. C'est pour cela qu'il nous faut connaître tout ce que cela implique parce que tout ce qui te touche là bas nous touche aussi indirectement bien entendu. »

Mon ton s'était radouci puisque j'avais bien compris que, malgré son caractère qui semblait changé, Kibo restait de notre côté : un allié et un ami.

Après avoir reçu toutes les réponses à mes questions et en m'étant assurée qu'il ne mentait pas, je lui retirais les menottes et lui expliquait :

« Le Conseiller à la défense à pu assister à cet interrogatoire grâce à la surveillance vidéo de cette pièce. Tu as passé les procédures d'usages que chaque personne voulant entrer à Suna est tenue de respecter et de passer. Puisque tout semble en ordre, je peux te faire part de la situation. »

Je prenais une profonde inspiration avant de lui expliquer :

« Tu m'as dit avoir eu vent de ce qu'il s'était passé ici aussi je vais être brève mais demande moi des détails s'il t'en manque. Les conseillers ont été élus comme l'a souhaité Zanshi pour mettre en place la démocratie qu'elle affectionnait. Oniri a la défense, Eichi a la tactique et... Tsukiko au développement mais puisqu'elle est partie le jour de l'attaque, sa place est remise en cause. Toutefois là n'est pas le propos, les autres conseillers choisiront de ce qu'il adviendra de cette place vacante. Plus important encore : le village souffre et s'affaiblit, il faut élire un nouveau Kage. Cela a été décidé également avec le conseil et un vote aura lieu prochainement. »

J'en venais maintenant à la partie qui l'intéressait et sur laquelle il m'avait questionné :

« Comme tu le vois Kioshi est absent. Suite à la perte de Zanshi il a perdu pied et j'ai dû le séparer de son corps qu'il était en train de carboniser croyant la réchauffer. Il est assigné à domicile pour se reposer et il retrouve peu à peu ces esprits : je lui rends visite chaque jour. Puisqu'il ne peut pas assurer son poste c'est moi pour le moment, en tant qu'intendante, qui le représente et qui m'occupe de ses tâches puisque le Kakumeigun croule sous le travail avec l'enquête qui se déroule actuellement sur l'assassinat. »

Je ne lâchais pas mon regard du sien tout en poursuivant :

« Les Yamada disposent désormais d'un quartier bien à eux : ils vivent dans des tentes. C'est Kioshi qui l'a instauré lorsqu'il a repris la tête du clan. Tu ne le trouveras donc pas à son ancien domicile mais dans ce dit quartier. Sa tente ne sera pas difficile à repérer, elle est gardé par deux Jonins senseurs pour éviter qu'il n'entre dans une crise d'hystérie tout en pouvant garder un œil sur lui pour son bien. »

Il savait désormais tout ce qu'il avait souhaité.

La caméra ainsi que le micro placé dans le bureau de Kioshi me permettaient de surveiller la totalité de l'interrogatoire adressé à Kibô. Son retour était étrange. Non pas vis-à-vis de ce qu'on pouvait le suspecter. Simplement, je me demandai ce qu'il avait pus faire durant ces derniers mois, à tenter de remonter la pente après la mort de sa bien aimée. J'avais eu l'occasion de le croiser dans sa province natal au Pays du Bois. Notre séparation fut des plus abruptes. J'espérai avoir été d'une quelconque aide pour lui.

Depuis maintenant une vingtaine de minute j'attendais dans le couloir du Kakumeigun, adossée contre un mur, juste à côté de la porte menant à la salle où avait lieu l'entretien. Ma tablette tactile entre les mains, je pouvais tout voir et tout entendre. Les réponses positives qu'il donna me rassurèrent dans la mesure où il ne s'était pas laissé sombrer par les démons qui le hantaient.

Il était suspect pour bien des choses, mais j'étais la seule de tout Suna à pouvoir affirmer qu'on ne pouvait l'impliquer dans l'assassina de Zanshi.

Faisant désormais partie du conseil, il m'incombait d'accomplir mon rôle, même si cela ne m'enchantait guère sur certains plan. Notre village avait trop souffert des failles dans son système de sécurité. J'allais devoir le renforcer. Nombreux étaient ceux qui me mépriseraient pour cela, mais je saurais vivre avec. Pour ainsi dire, je n'aurais pas d'autres choix.

Lorsque l'interrogatoire fut achevé, je passai la porte, afin de rejoindre mes deux compatriotes. Mon visage était neutre. Je prêtai tout juste attention à Yami. Elle importait toujours autant à mes yeux. Néanmoins dans l'exercice de nos fonctions, je ne voulais pas verser dans le sentimentalisme. L'attachement que j'éprouvai à son encontre était une faiblesse dont je ne voulais pas me séparer, mais que je pouvais aucunement me permettre de dévoiler aux autres.

-Il semblerait que vous ayez réussi le test. Vous pouvez retourner à Suna. Néanmoins la procédure incombe que votre chakra soit scellé jusqu'à ce que nous nous soyons totalement assuré du bien fondé de vos intentions. N'y voyez rien de personnel. Il ne s'agit que d'une étape à franchir.

A ces mots je défis le bandage qui entourait mon bras droit. Ce dernier était recouvert de tatouage. Je posai alors ma paume sur la nuque de l'élève de Kioshi. Le transfert eut lieu. Tous les sceaux présent sur son corps furent aspirés par le mien et une marque fut déposée derrière sa nuque. Désormais, il n'était plus en mesure d'utiliser la moindre de ses techniques.

-Vous pouvez retourner vaquer à vos occupations quotidienne. Nous vous demanderons néanmoins de remplir un rapport détaillé de tout ce que vous avez pus faire durant ces derniers mois. D'ici peu, vous pourrez à nouveau effectuer des missions. Dans ce cas là, vous n'aurez qu'à revenir me voir afin que je vous rende vos pouvoirs.

Dis-je d'une voix neutre tout en renouant le bandage autour de mon bras. Mon regard s'attarda un instant sur Yami et ce malgré-moi. Je clignai des yeux puis détournai la tête pour prendre la direction de la sortie.

-Bon retour parmi nous Kibô et veuillez nous excuser pour toutes ces formalités.

Je pris de nouveau la direction des couloirs, mais attendait cette fois-ci à la sortie. Plus tard, l'ancien Rêveur passant devant moi. Je l'attrapai alors délicatement par le poignet afin de le retenir.

-J'aurai à vous parler. Plus tard. En attendant, allez voir Kioshi.... Il a besoin de vous...

Le ton de ma voix avait brusquement changé, mon regard également, plus doux, plus compatissant. Je voulais qu'il fasse ce que je n'étais pas capable d'accomplir pour le Yamada. Moi qui n'avait pas trouvé le courage d'approcher de sa tente depuis l'assassina.

Après quoi il parti et ce fut à Yami de venir ma rencontrer. Je n'étais pas non plus prête à lui parler.

HRP:

Kibo avait révélé beaucoup de choses : signe qu'il était coopératif. Il m'avait promis de faire un rapport détaillé sur tout ce qu'il avait pu vivre et qui se révélerait potentiellement important pour Suna des suites de son escapades de plusieurs mois et m'avait même dit, - ainsi qu'à Oniri qui écoutait la conversation – que Tsukiko avait proposé Saibogu Lina pour la remplacer. Je ne pouvais pas statuer à l'égard de cette genin que je ne connaissais pas mais j'imaginais qu'Oniri la connaissait, il me semblait même qu'elle était son élève alors nous verrions cela lorsque le conseil serait réuni.

Pour l'heure, j'avais fini mon interrogatoire et lui pensait rejoindre Kioshi : ce que je trouvais être une bonne idée. J'allais rendre visite au Yamada tous les jours depuis l'attentat mais voir d'autres tête et voir que d'autres personnes étaient aussi là pour lui ne lui ferait pas de mal. J'étais clairement perdue face à mes sentiments et je ne voulais pas vraiment lui torturé l'esprit avec cela en ce moment, il avait déjà bien assez a faire pour remonter la pente.

Alors que Kibo quittait le bureau de Kioshi, j'entendis Oniri lui parler dans le couloir. Je les laissais donc entre eux un instant, triant les dossiers par ordre d'importances sur le bureau du chef du Kakumeigun dont j'allais m'occuper dans la journée avant de finalement retrouver ma Saibogu dans le couloir.

Cela faisait un moment que nous n'avions pas eu d'instants ensembles pour discuter... Depuis l'attentat, nous ne nous étions revues que pour le Conseil ou bien pour les mises en place pour la collaboration du Kakumeigun que je représentais et du Conseiller a la Défense qu'elle était.

« Bonjour Oniri. »

Je lui adressais un maigre sourire, imaginant la peine immense qu'elle aussi avait dû ressentir pour Zanshi... J'admirais profondément notre kage et sensei mais je savais qu'Oniri tenait encore plus à elle.

« Tu parviens à tenir le coup ? »

Me contentais-je de lui demander pour obtenir des nouvelles sur sa santé. A vrai dire, je ne savais pas vraiment de quoi parler avec elle... Le temps n'était pas à l'insouciance et aux paroles philosophiques sur notre amitié ou sut la beauté de notre Suna... Non le temps était rude et ne nous permettait plus ce genre de fantaisie pour le moment...

« J'imagine à quel point cela doit être encore plus difficile pour toi... Je sais à quel point tu tenais à Zanshi... Tu as rendu visite à Kioshi ? Il est dans un état que j'ai dû mal à qualifier... Je vais lui rendre visite chaque jour et je le force à boire à défaut de parvenir à lui faire manger quoi que ce soit mais... je ne sais pas si ce genre d'effort sera suffisant... »

J'avais baissé le regard en exprimant tout cela, ne voulant montrer mon émoi quant à la situation. Ce n'était pas mon genre d'être si sentimentale mais j'avais horreur de le voir dans cet état. Il en allait de même avec tout ceux auquel je tenais... Quand Oniri était tombée dans le coma, j'avais veillée sur elle chaque jour en gardant l'espoir qu'elle se réveille et cela avait fini par payer : j'allais faire de même avec Kioshi.

Sa réaction était si naturelle, si inattendu. Elle ne savait rien de la discussion que j'avais eux avec Kioshi. Elle ne savait pas que c'était moi qui avait appuyé sur cette gâchette ôtant ainsi la vie à notre Sensei. Elle était à des années lumière de pouvoir me comprendre. Pourtant, la voir ainsi s'inquiéter pour moi me rassurait. Quelque part cela ne me donnait l'impression de ne pas être seul et d'exister encore.

Mais là nous étions au Kakumeigun. Il y avait des shinobis, du monde qui circulaient autour de nous. Je ne pouvais me permettre d'exposer ma faiblesse. Alors je restai silencieuse, me contentant de jeter des regards agacés autour de moi à chaque fois qu'un individu passait à côté de nous. Yami paru percevoir mon trouble, m'attrapa par la main et m'entraîna de nouveau dans le bureau de Kioshi.

A peine la porte fut-elle fermée que je me jetai dans ses bras, la serrant contre moi, la tête lovée dans le creux de son cou. Je poussai un long soupir épuisée.

-Ça ira, tant que tu seras là.

Je devais l'oublier. Mais je n'en avais pas le courage pour l'instant. J'avais besoin d'elle et ce malgré toutes nos promesses d’honnêteté passé qui s'effondraient une à une. Plus jamais je ne pourrais être celle que j'étais autrefois avec elle. Cette époque s'avérait révolue. Pourtant une part de mes sentiments restait encore inchangé.

-Prends soin de Kioshi... Il a besoin de toi...

Elle attendait les mêmes mots que Kibô. Parce que je n'étais pas assez courageuse j’essayai de faire en sorte que les autres fassent ce que je n'étais pas en mesure d'accomplir moi-même. Je m'écartai d'elle, essuyant mes yeux embués de larmes puis arborait un maigre sourire. Ce dernier se révélait assez peu convaincant bien qu'à l'origine il se voulait rassurant.

Elle avait l'air si fatigué. Peut-être pas autant que moi qui perdait peu à peu l'appétit et le sommeil, mais tout de même. J'avais remarqué la pile de paperasse qui recouvrait le bureau de Kioshi. J'écartai délicatement une mèche de cheveux qui retombait devant son visage.

-Et toi ? Comment vas-tu ? Cela ne doit pas être facile tous les jours. Si tu as besoin d'aide n'hésite pas à me le demander. Tu seras toujours la bienvenue...

Chez moi ? Dans ma vie ? Dans mon cœur ? Pourquoi était-ce si douloureux de la voir ainsi en face de moi. Pourquoi voulais-je l'embrasser encore ?

Mais je ne faisais rien. Me contentant d'aviser ses yeux rubis alors que mes mains étaient posées sur ses épaules.

-Je devrais peut-être y aller. Tu dois avoir suffisamment de travail. Merci de t'être inquiétée...

J'étais gênée. Je baissais les yeux. Lâchai ma prise, fit un pas en arrière, et commençai à vouloir m'éloigner parce que je ne savais pas comment gérer cette situation.

Music ♫:

Je le voyais a son regard fuyant et ses coups d'oeil aux alentours : elle n'était pas à l'aise. Elle ne voulait pas craquer. Du moins pas ici ; dans le couloir, à la vue de tous. Je l'attrapais donc par le poignet pour l'attirer dans le bureau de Kioshi duquel je refermais la porte pour nous laisser tranquille. A peine avais-je fait cela qu'elle s'était jetée dans mes bras, exténuée.

Mes bras l'enserraient alors que je posais mon menton sur son épaule. Il y avait bien longtemps que nous n'avions pas eu ce genre d'instants pour nous... Elle m'avouait qu'elle irait bien tant que je serais là, ce qui me fit resserrer mon étreinte pour véritablement le lui prouver.

« Oui je suis là. Je serais toujours là pour toi Oniri... »

Je n'avais pas besoin de te le rappeler : tu devais le savoir. Toi qui me connaissait plus que n'importe qui depuis près de trois ans. Toi avec qui nous avions vécu bons nombres de choses : des bonnes comme des mauvaises...

Son discours changea du tout au tout : elle me demandait de prendre soin de Kioshi... Mon regard se perdait un instant dans le lointain avant que je ne parviennes à recentrer mes esprits : ce doutait-elle de quelque chose ? Je ne voulais pas qu'elle souffre...

« C'est ce que j'essaye de faire chaque jour... Mais cela demande du temps... Il ne pourra jamais complètement ce remettre de cette perte... »

Oui je le savais. Le temps et notre présence l'aiderait a se relever mais la cicatrice qui marquait son cœur et son esprit elle, ne s'ôterait jamais.

Oniri s'écarta de moi, tâchant d'effacer le prémices de ses larmes alors qu'elle m'observait et écartait une mèche de cheveux de devant mon visage. Je lui adressais un sourire face à ce geste.

« Heureusement... Il y a des choses qui ne changent pas. »

Elle s'était toujours montrée attentionnée envers moi et même si ses sentiments avaient évolué à mon égard tandis que ce n'était pas mon cas, je savais que notre profonde amitié perdurerait. Nous n'avions pas pu tenir toutes les promesses que nous nous étions jurées de respecter mais finalement cela n'avait pas d'importance tant que nous gardions ce lien qui nous unissait.

« Eh bien je suis fatiguée... Comme tout le monde j'imagine... »

Je touchais ses cernes du pouce.

« Toi aussi tu n'as pas l'air au meilleur de ta forme... En ce qui concerne le reste... Bientôt tout sera fini. »

Comprendrait-elle le sens de mes propos ? Le rituel aurait bientôt lieu...
Elle me proposait son aide, insistant sur le fait que j'étais la bienvenue alors que je lui retournais un nouveau faible sourire. Lorsqu'elle voulu prendre congé, commençant à s'éloigner, je l'attrapais par le poignet et l'avisais dans les yeux :

« Bloody est toujours avec Rabbit... J'aimerais aussi passer plus de temps avec toi. »

Parce que j'en avais besoin et que toi aussi. Plus rien n'était « normal » dans nos vies ces derniers temps et bientôt, j'allais guérir mais à quel prix ? Je voulais me graver des souvenirs avec elle et passer encore quelques instants avant de risquer de tout perdre pour l'éternité...

« Je pense que nous avons suffisamment travaillé ces derniers temps. Nous devons aussi décompressées malgré tout si nous ne voulons pas finir dans un état semblable à celui de Kioshi... Que dirais-tu d'aller boire un verre ? »

Ce n'était pas mon genre de proposer des sorties... Vraiment pas. Mais puisque j'allais bientôt sûrement grandement changée, je me devais d'initier des instants que je pouvais partager avec ceux auxquels je tenais... Aide moi à te laisser quelques raisons pour que je te manques... Oublies tout le reste... Je pourrais alors revenir.