Le réveil fut des plus abruptes. La migraine me vrillait le crâne. Irrémédiablement je recevais le contre coup de la journée d'hier soir, mais d'un autre côté, j'étais satisfaite de constater que je me souvenais pratiquement de tout ce qui s'était passé. Allongée sur mon lit, portant encore les vêtements de la veille. Je restai à comater une bonne heure supplémentaire, incapable de me relever. Le rayon lumineux filtrant à ma fenêtre finirent par avoir raison de ma somnolence. Las, dans les vapes, je me relevais péniblement puis entrepris de me déshabiller afin d'aller prendre une douche qui eut le mérite de me revigorer malgré une certaine latence qui demeurait omniprésente. Une fois sortie, je me rhabillai dans une tenue plus légère, plus confortable. Déjà , je planifiais le restant de ma journée qui serait assez sommaire. Elle se résumerait avant tout à ne rien faire et peut-être à aller rendre visite à Yami dans son manoir une fois que le soleil commencerait à se coucher. Peut-être pourrais-je également prendre le temps de réviser ma... moto ?

Mes yeux s'écarquillèrent alors que je finissais d'enfiler mon dernier vêtement. Mon sang ne fit qu'un tour. Ma moto ? Comment étions nous rentré déjà ? Les événements de la soirée défilaient dans mon esprit. J'avais été trop ivre pour m'en préoccuper, pour faire le raccordement entre tous, mais maintenant, je réalisai qu'il y avait un gros problème. Nous étions rentré sur la monture de Kioshi, ce qui signifiait que mon véhicule se trouvait encore certainement dans le désert. Mes souvenirs devenaient confus. Je réalisai que je ne me souvenais pas exactement de tout, ou du moins pas en détail. Je sentis mon cœur commencer à tambouriner dans ma poitrine, alors que je commençai à réaliser la gravité des faits. Je risquai de perdre ma moto, ce pourquoi j'avais tant œuvré durant presque deux années.

J'avais passé un temps incommensurable dessus. Il s'agissait de ma première véritable invention. Celle qui devait me permettre de prouver à mon père que j'étais digne de lui. Mais plus que tout, elle avait incarné mon rêve de liberté à l'époque où je n'étais prisonnière des murs de Suna. Elle m'avait permit de sillonner le désert de part en part, de parcourir les pleines de Kawa ainsi que l'épaisse forêt de Ki. Au final, il s'agissait de la seule chose dont je pouvais être réellement fiers, mais là je risquai de tout perdre et je savais que jamais je n'aurais le courage d'en fabriquer une. Je me crispai nerveusement devant mon miroir, avisant de mon reflet alerte. Je devais à tout prix retourner voir Kioshi.

Terminant de m'habiller en vitesse, sans vraiment prendre la peine de me préparer, pas de maquillage, les cheveux en batailles, je me dépêchai de sortir de chez moi pour retrouver les quartiers du Yamada. Étrangement mon mal de crâne s'en était allé, sans doute parce qu'il était la dernière de mes préoccupations en cet instant tant l'angoisse me gagnait. Dehors le soleil était déjà haut dans le ciel et la journée bien entamée. J'espérai le trouver chez lui et non au Kakumeigun, même si je n'aurais sans doute pas hésité à m'y présenter dans cet état.

Frappant trois coups à sa porte, sans doute un peu trop brusque, j'attendis avec impatience que l'on m'ouvre. Finalement il apparut l'air quelque peu fatigué également.

-Ma moto !! Où est-elle passée !?

Je manquai presque de lui crier dessus, sans autre forme de politesse. C'était la crainte qui parlait à ma place, je n'avais rien contre lui, mais il m'était difficile de me contrôler dans cette circonstance.

-S'il te plaît Kioshi dit le moi...

Poursuivis-je cette fois-ci plus plaintive. Les dents et les points serrés, je m'efforçai de conserver mon calme pour en pas perdre bêtement la face devant lui.

Ce qu'il me dit ne me rassura guère. Ma moto se trouvait toujours dans le désert, probablement enterré sous une épaisse d'une de sable à l'heure actuel ou entre les mains de quelconque marchands brigands. A cette pensée, je perdis littéralement contenance devant Kioshi, blêmissant plus que de raison, au point de me retrouver avec un teint livide. J'avais également réalisé qu'il n'était pas uniquement question de mon véhicule. L’intégralité de mon équipement de Kunoichi se trouvait à l'intérieur. Sans cela j'étais incapable de combattre, d'effectuer mes missions ou tout simplement d'accomplir mon devoir.

-Pourquoi ne me l'as-tu pas rappelé avant que nous partions ? Nous aurions pus rentrer avec !

Je ne savais pas vraiment pourquoi je lui reprochai cela. Peut-être cherchais-je seulement un coupable plutôt que de m'en prendre à moi-même. Hors, ma perspective de me retrouver seule dans le désert sous ce soleil cuisant le lendemain d'une soirée un rien trop arrosée ne me réjouissait nullement. J'étais épuisée. Cela se voyait certainement, mais également terriblement sur les nerfs. J'avais écarquillé mes yeux cernés lorsqu'il m'avait annoncé la situation et mon visage ne semblait pas décrocher de cette expression, demeurant un long instant silencieuse alors qu'il me proposait quelque chose à boire. Finissant par prendre ma décision, je l'attrapais subitement par le poignet dans faire preuve de la moindre distinction. Nous n'avions pas le temps de débattre.

-Tu viens avec moi. Tu vas m'aider à la retrouver.

Je parlais simplement à titre informatif. Il n'avait nullement le choix. Qu'il le veuille ou non, il allait m'accompagner. Tandis que je le tirais, pour l'entraîner avec moi vers la voix illusionnées, incapable de réfléchir de façon cohérente, un soleil de plomb brûlait dans le ciel. Ma décision était hâtive, je le savais. Il était complètement déraisonnable de sortir dans le désert à cette heure de la journée et de surcroît en portant des tenues inadaptées, mais je n'en avais rien affaire. Tout ce qui m'importait étant de retrouver ma moto, ou de tailler en pièce tous ceux qui auraient osé la toucher. Je savais d'instinct qu'il y en aurait certainement plusieurs.

-Te souviens-tu exactement de l'endroit ou nous étions ? Par où est-ce que nous sommes passé ? Tu pourras utiliser ton pouvoir pour nous protéger de la chaleur du désert ?

Les idées se bousculaient dans ma tête, plus folle les unes que les autres. Je n'aimais pas agir ainsi, mais cela était plus fort que moi. Pour moi, mes inventions étaient pas plus grande fierté, pour ne pas dire la seule. Sans tout cela, j'avais l'impression de ne plus pouvoir me revendiquer en tant que celle que j'étais.

Il posa ses mains sur mes épaules, me forçant à le regarder dans les yeux, mais je continuai de trembler, incapable de me calmer. Mes doigts s'agrippèrent nerveusement aux manches de sa chemise. Ma respiration était lourde, haletante. Mon cœur tambourinait fortement dans ma poitrine. Ne ne savait plus quoi faire, je ne savais plus quoi dire. Quoique je fasse, je ne voyais plus aucun échappatoire, aucun moyen de récupérer mon invention. J'allais tout perdre, absolument tout.

-S'il te plait Kioshi, il faut qu'on la retrouve...

Je le suppliais presque. Mes yeux alertes lançaient nerveusement des regards de gauche à droite, comme pour tenter de trouver un moyen de fuir à cette situation. Cependant, et peut-être parce que je ne voyais plus que d'un œil, je n'en trouvais pas. Ce faisant, j'attrapais de nouveau son poignet, non pas pour nous diriger vers la Voie Illusionnée, mais vers chez moi. Dans ma vie, je ne savais pas faire grand chose à part être une Kunoichi et bricoler des trucs. Si je ne pouvais pas faire l'un, alors je faisais l'autre. Il me fallait centrer mes idées, trouver un moyen...

-Nous sommes directement parti vers le sud-est. Nous avons continuez dans cette direction durant une vingtaine de minutes. Je devais rouler à une moyenne de quatre-vingt-dix kilomètres heures. En partant de là, cela signifie que nous avons parcouru...

Ma phrase n'arriva jamais à son terme. Je réalisai que mon raisonnement étais tout bonnement stupide. Jamais je n'arrivais à localiser les lieux avec précisions. Pourquoi n'avais-je pas directement intégré un système de balise à l'intérieur ? Quelle sotte pouvais-je être. Maintenant je n'avais plus qu'à m'en prendre à moi-même. J'étais si stupide...

-Je vais trouver une solution...

Marmonnais-je en serrant les dents. Mes yeux étaient embués de larmes, ma main tenant Kioshi tremblait plus que de raison. Je n'étais plus certaine de savoir ce que je disais. La crainte l'emportait sur la raison. Le soleil frappait toujours plus fortement. Je ne sus pourquoi, mais le trajet jusqu'à chez moi m'épuisa. Alors je me laissai tomber contre le mur d'une habitation, renvoyant mes cheveux en arrière d'un geste mal habile. J'avais le front en sueur, la bouche pâteuse. Une nauséeuse sensation de flottement me troublait. Le décor semblait osciller tout autour de moi. Ma respiration devint plus mesuré. J'expirai et inspirait lentement pour tenter de me calmer et de ré-oxygéner mon organisme de façon régulière.

-Tu dois me croire complètement folle... Tu as raison...

Un sourire ironique en coin, le teint livide. Maintenant j’essayai simplement de ne pas perdre la face devant lui...

Ses paroles m'arrachèrent un sourire. Il pensait que je n'étais pas folle, ou tout du moins que je n'avais pas à avoir honte de l'assumer. Lorsqu'il posa sa main sur mon front, je ne réagis pas, me contentant de le laisser faire. Je commençai à le connaître, je savais ce qu'il comptait faire et cela me fit le plus grand bien. Ma vision s'équilibra et les sueurs froides commencèrent à se dissiper. Je reprenais peu à peu contenance. Le souffle court, ma respiration devenait de plus en plus poser. Mon cœur continuait de tambouriner fortement dans ma poitrine, mais je savais que cela n'était que temporaire. Je repris une plus grande inspiration pour relâcher un lent et long soupir. Mes mains se posèrent de part et d'autre de mon crâne comme pour soutenir ma tête devenue trop lourde. J'essayai simplement de ne plus penser à tout ceci, de ne pas m'imaginer que le fruit de temps d'heures de travail venait de s'évanouir dans le désert. Lorsqu'il me tendit sa bull d'eau pour me désaltérer je détournai la tête, quelque peu agacé et attrapai son poignet pour l'éloigner de mon front.

-Cesses d'êtres aussi attentionné avec moi c'est... gênant. Je n'ai pas demandé tout ça...

Et je ne pensai pas non plus le mérité. Pourtant, je ne pouvais le nier, j'aimais ce genre de petite attention à mon égard, que l'on s'occupe de moi. Cela était sans doute grotesque, puéril et égoïste, j'en restais consciente, mais c'était plus fort. Mes actes, mes paroles, tout en moi laissait croire que je voulais le repousser alors qu'en réalité il s'agissait du contraire. Quelque part, c'était pour cela que je m'appliquai tant à vouloir l'aider en retour. Pour lui rendre tout ce qu'il m'avait donné. Néanmoins fort étant de constater qu'il continuait de déverser naturellement sa bienveillance sans que je ne sois en mesure d'en faire autant. Cela finissait par me mettre mal à l'aise. Comme un homme qu'il était, comme un parfait idiot parmi tant d'autres, il n'était pas en mesure de comprendre celle que j'étais. Mais je ne lui en voulais pas.

-Et je pense encore être assez grande pour tenir sur mes jambes.

Il fallait dire, je ne lui facilitai certainement pas la tâche. Mais je n'y pouvais rien, ces dernières années m'avait apprise à me montrer distante vis-à-vis de l'agente masculine. Blake, Shinji, Yusuke, Akashi, tout autant de nom que je préférai oublier. Je me demandai s'il en allait être de même avec Kioshi, si cela allait encore se finir de la même façon. Il me regardai, j'en faisais de même. Je ne souriais plus, mais me sentis quelque peu gênée par ses yeux insistant posés sur moi. Tendant une main au-dessus de moi, j'attrapais la bordure en pierre d'une fenêtre pour m'aider à me relever. J'étais fébrile, plus maigre que jamais. Sérieusement, à quoi pouvais-je bien ressembler ?

-Avant de vouloir m'aider à fabriquer quoique ce soit il faudrait que tu saches me dire ce qu'est un faisceau homocinétique alpha dans un champ électrostatique d'un condensateur de type AFP-117.

La question valait certainement une moto, mais l'expression égarée qui pendit sur son visage, elle, n'avait pas de prix. J'éclatai d'un rire à moitié franc et à moitié nerveux, m'adossant contre le mur de la bâtisse. Des passants marchaient dans la rue. Avec tout ce cirque depuis le départ, nous étions... Enfin, j'étais parvenue à attirer l'attention sur moi. Nous étions proche de chez moi certaine de ces individus me connaissaient sûrement. Je ne voulais plus causer de tort à mon père par mes actes et préférai finalement rebrousser chemin.

-Pardonne-moi pour tout cela. Je vais aller en ville pour me changer les idées et essayer de relativiser... Tu dois avoir beaucoup de travail au Kakumeigun, on t'attend sûrement là-bas.

Cette fois-ci je parlais d'un ton serein. Il me fallait prendre le temps de réfléchir.

Le démarche mal assurée, je commençai à m'éloigner quand Kioshi me retint brusquement par le poignet. Je me retournai, interdite, ne m'attendant pas à cette réaction de sa part. Et je l'écoutai parler. L'entendre faire référence à ces événements, à cette sombre part de ma vie passé fut plus douloureux que je ne l'aurais cru. Pourtant tout ceci était loin derrière moi. Tout du moins, je m'appliquai à m'en éloigner un peu plus chaque jour. Et quand il me dit que je n'avais nullement à paraître forte ou faible je ne sus quoi lui répondre. Parce que je n'étais ni vraiment l'une, ni vraiment l'autre. Toujours à danser sur le fil sans jamais parvenir à trouver l'équilibre, manquant à chaque fois de chuter entre ces deux gouffres.

-Alors qu'est-ce qui est important ?

J'avais prononcé ses paroles d'un ton plus sec, comme si je cherchai à le défier. Au final sa réponse prévalu sur tous les mots du monde lorsqu'il me serra dans ses bras. J'écartai les yeux, surprises, manquant d'avoir un petit mouvement de recul, mais il me retint fermement sans que je ne puis faire quoique ce soit. Et je me retrouvai là, au milieu de cette ruelle, dans les bras de Kioshi alors que des regards convergeaient sur nous. Il m'expliqua qu'il ne comptait pas se dérober un seul instant, peu importait si je tentai de le repousser. Mais j'étais fatiguée, je n'en avais pas vraiment le courage d'aller contre sa volonté, pas cette fois. Aussi essayais-je de me détendre. Et dans un léger soupir je laissai tomber mon front contre son épaule.

-Tu n'es vraiment qu'un imbécile...

Ce n'était pas dit méchamment, cela ne sonnait pas non plus comme un reproche mais davantage de façon désespérée. Car, d'une certaine manière, même si j'aimais recevoir l'attention qu'il me prodiguait, je lui en voulais d'être à la fois si protecteur envers-moi. Parce que je n'étais pas habituée à cela. Parce qu'il en venait à s'oublier lui-même. Parce que tout ce qui était en train de se passer en ce moment même n'avait pas vraiment de sens.

-C'était ma première invention. La seule chose dont j'étais vraiment fière...

Des aveux ? Il s'agissait sans doute de la première fois que je me confiais à quelqu'un, tout du moins de cette façon-là, sur cette part de ma vie. Le simple fait d'accomplir quelque chose avait pour moi une grande valeur. Indirectement, je lui laissai une chance de pouvoir mieux me comprendre, même si je savais qu'il ne serait jamais en mesure de totalement y parvenir pour la simple et bonne raison que je n'y arrivai pas moi-même. Néanmoins, et comme je ne voulais pas me montrer égoïste envers-lui, je voulais également chercher à le comprendre. Tel avait, à l'origine, été le but de cette sortie nocturne dans le désert.

-Pourquoi vouloir m'aider moi ?

Ma voix aurait pu être étouffée, mais ce n'était pas le cas car mes lèvres étaient proches de son oreille. Il ne s'agissait que d'un murmure, d'une simple question. Elle semblait anodine, mais avait son importance à mes yeux. Il était le premier à s'inquiéter pour moi de cette façon, à vouloir me comprendre, mais aussi et surtout à être en mesure de lire entre les lignes de mon cœur.

Lorsqu'il prétendit qu'il enverrait des hommes pour m'aider à la retrouver. Je cru entrevoir une brève lueur d'espoir avant que la réalité ne vienne cruellement frapper à ma porte. Non, c'était impossible, que ce soit ou lui ou n'importe qui d'autre, personne ne pourrait y arriver. Je devais me faire à cette idée, même si cette simple perspective m'angoissai. Je ne me sentais plus le courage de tout recommencer depuis le départ. En fait, à cet instant, je ne me sentais plus le courage de quoi que ce soit. Mais il était là pour me réconforter, encore et toujours tel ce parfait idiot têtu et borné qu'il était.

Et lorsqu'il répondit à ma question je restai une nouvelle fois sans voix. Il m'appréciait ? Je n'aurais su dire pourquoi, mais venant de lui ces mots sonnaient étrangement à mes oreilles. Selon lui cela aurait put-être n'importe qui, mais moi je ne voulais pas. Je voulais être quelqu'un, prouver aux yeux des autres et du monde que j'existai. Seulement, je ne savais pas par ou commencer. Je ressortais tout juste de ma « maladie » et n'était qu'une petite chuunin vivant dans l'ombre de son illustre père. Tandis que lui, ce Yamada, le chef du Kaku, me portait considération. Encore une fois ses paroles ne parvenaient à me convaincre.

-Alors tu te comportes naturellement ainsi avec tous ceux que tu apprécies ?

Cette question devait me donner l'air sotte, mais je pensais l'être, tout du moins en ce qui concernait ce genre de relation. L'ancienne moi aurait simplement jugé qu'il avait un faible pour ma personne, mais la nouvelle pensait qu'il s'agissait d'un sentiment tout autre. Je n'aurais su dire si cela était plus simple ou plus complexe. Toujours fut-il que cela restait hors de ma porté. Parfois j'avais vraiment l'impression d'avoir passé ma vie à rêver avant de me réveiller subitement il y a peu. C'était à me demander si j'appartenais réellement à ce monde, celui de ceux que l'on appelait humain.
Il m'expliqua ensuite qu'il me fallait me montrer honnête avec moi-même et intérieurement j'en ris d'ironie. Cela était beaucoup plus difficile à faire qu'à dire, pour la bonne raison que je ne savais pas par où commencer. Quand il desserra son étreinte, je l'avisais avec de grands yeux rougis. Je me grattai machinalement la tête à l'endroit ou il avait passé sa main dans mes cheveux et remettait instinctivement quelques mèches en place.

-Yamada Kioshi ! Vous semblez incroyablement naïf !

Dis-je d'un ton faussement hautain, qui pendait davantage sur la taquinerie tandis que je tentais tant bien que mal de reprendre contenance devant lui. Je ne su pourquoi, mais son étreinte me rappela le jour ou il m'avait ramené chez lui. Je me sentis rougir et détournai rapidement la tête pour ne pas avoir à lui faire face et surtout afin qu'il ne me voit pas.

En m'invitant à aller boire un verre, il espérait que je finisse par tout lui raconter, malheureusement ce n'était pas aussi simple. J'avais toujours vécu ainsi, en gardant le silence sur moi. Même Yami que j'aimais éperdument ne connaissait pas la moitié de ce qui m'était arrivé. Mon père, ma mère, Yusuke, elle-même, toutes ces personnes qui m'avaient tant fait souffrir en m'accordant une quelconque importance pour mieux me rejeter ensuite. Non, je ne pouvais me confier, je ne pouvais pas prendre ce risque, plus jamais je ne voulais être faible... Mes doigts effleurèrent la cicatrice sur mon avant bras visible avant de se poser délicatement sur le bas de mon ventre, là ou s'en trouvait une autre, beaucoup plus significative. Je poussai un imperceptible soupur, pensant alors que, j'avais tant de choses à dire...

-Je... Pardonne-moi. Je ne peux simplement pas. Pas cette fois, mais un jour... peut-être...

Ainsi commençais-je à m'éloigner de quelques pas. Puis je réalisai de moi-même que j'étais une fois de plus en train de fuir la situation et devant lui ; mais je ne voulais pas qu'il croit que je le rejetai, j'avais simplement besoin de réfléchir en prenant un peu de recul. Je me retournai alors pour laisser nos yeux se croiser. Entre toutes ces émotions, entres toutes ces contradictions, je ne savais pas trop qu'elle regard j'étais en train de lui adresser.

-Kioshi. Je crois que moi aussi. Je t'apprécie...

Il ne le saurait peut-être jamais, mais le mot était faible.