Alors que le soleil se levait tout juste, j’étais déjà réveillé, debout et prêt à sortir. Ces derniers temps, j’avais consacré mes journées à la formation des nouvelles recrues de l’organisation et j’avais plus ou moins délaissé ma quête personnelle de pouvoir. J’avais gagné en puissance au fil des derniers évènements, en frôlant la mort à plusieurs reprises. Mais j’en ressortais renforcé, et plus déterminé que jamais. J’avais conscience que malgré le potentiel immense de mon aptitude héréditaire, je n’étais pas moins exposé aux risques mortels de la vie de shinobi. Mon statut de Nukenin et ma réputation grandissante, me portant au rang de menace réelle pour certains villages, voire d’ennemi à abattre à vue, ne m’aidait pas non plus particulièrement à échapper à ces risques. Par dessus cela, je n’arrangeais rien en acceptant plus ou moins n’importe quelle mission s’offrant à moi, pour peu qu’elle soit lucrative à souhait.

Je venais d’ailleurs d’accepter une requête de la part d’un seigneur de Yuki no Kuni. La demande, bien qu’étant floue, sollicitait les services de la troupe de mercenaires de façon discrète et officieuse. J’avais un nom qui commençait à se faire connaître et une réputation plutôt mauvaise, mais j’avais en contrepartie gage d’efficacité. C’était certainement la raison pour laquelle on avait besoin de moi. Une affaire douteuse, une demande de protection de la part de quelqu’un ne devant pas se sentir en danger… C’était à la fois louche et intriguant. Quelque chose de grave s’annonçait certainement, et si j’acceptais cette mission, ce que j’allais faire, je ne m’autoriserais pas l’échec. Je devais être fin prêt. Pour cela, je me devais d’ajouter une corde à mon arc, un atout que je pourrais dévoiler en cas de nécessité, sur le champ de bataille. Car je ne me faisais pas d’illusion : si l’on m’appelait pour que j’intervienne avec mon équipe, ce n’était pas pour me regarder dans le blanc des yeux, surtout après mes tarifs. J’ai supposé l’idée que se puisse être un piège, tellement la demande m’avait paru étonnante, mais cela n’avait fait qu’entretenir ma quête de puissance. S’ils voulaient me capturer, je les attendrais au tournant.

Tout ce que je traversais, accompagné de mon frère d’arme, me procurait une sensation de satisfaction. Nous avions débuté par de petits larcins, puis rapidement nous étions montés plus haut, nous avions gravi les échelons rapidement, et sans jamais régresser. Et là, je me retrouvais catapulter à défendre un Daimyo. L’ascension sociale, que je méritais bien après ces longues années en prison. Konoha avait désormais conscience de mon existence, et à défaut de me craindre, se méfiait certainement de ce que je pouvais être, et devenir.

Ma principale préoccupation ce jour, était donc de développer un peu plus mes compétences. Pour cela, j’avais réfléchis longuement à la meilleure façon d’y arriver. J’avais repassé en mémoire tant mes derniers combats que mes lointains souvenir de ma période konohajin. Et parmi tout cela, j’avais trouvé de quoi faire. Ce qui m’avait frappé, c’était le faucon qui suivait toujours Mihawk, l’As de Kumo. Son fidèle rapace nous avait épié, pisté et surveillé lors de notre combat. Et en faisant des recherches sur ce fameux Oeil de Faucon, j’avais appris qu’il était maître du Kuchiyose de l’animal susnommé. Le Kuchiyose… Un art pour lequel je n’avais jamais eu de réel intérêt, mais qui prenait tout son sens dans ma quête de pouvoir. Si j’avais la possibilité d’au moins doubler mon propre effectif sur le terrain, la donne pouvait changer du tout au tout.

J’avais étudié la procédure, je m’étais renseigné sur la façon de se lier avec un animal, et j’en étais venu à faire appel à un congénère mercenaire pour voler ce dont j’avais besoin. Un parchemin sur lequel j’allais faire un pacte. J’avais délégué cette recherche à un homologue qui cherchait du boulot, tandis que j’étais toujours en convalescence. Et c’était ce matin là qu’il devait me rapporter mon dû...

Mon “livreur” était quasiment à l’heure. Je le guettais, adossé à un arbre prêt du point de rendez-vous que nous avions fixés, à quelques dizaines de mètres de l’auberge. Je n’avais eu qu’un bref contact avec ce type, que j’avais rencontré via un de mes commanditaires réguliers, mais j’espérais fortement pour lui que s’il se pointait là, il avait la marchandise dans les mains. Sinon, ce serait un bain de sang. Lorsque j’ai une idée en tête, il ne vaut mieux pas me contrarier, et il l’apprendrait à ses dépends.

Heureusement pour lui, il arriva un rouleau à la main. Contenait-il ce que j’attendais tant ? Il s’approcha de moi et me jeta ma commanda aux pieds. Sans même me préoccuper de lui, je prenais le rouleau dans les mains et le dépliait. C’était ce que j’attendais. Je mettais la main à la poche pour en retirer une bourse, que je balançais au gars face à moi.

« Prends déjà ça, c’est ton pourboire. Le reste t’attend chez notre intermédiaire. »

J’avais ce que je désirais, et je ne pouvais m’empêcher d’afficher un léger sourire, tout en m’offrant un cigare. Je fumais un peu, savourant le moment, avant de m’éloigner un peu plus de l’auberge. J’étais allé assez loin pour éviter toute forme de dégats collatéraux non désirés, car à vrai dire je naviguais dans le flou, je jouais avec le feu. Je m’asseyais au sol et dépliais le rouleau en entier. Dessus, je pouvais y lire quelques noms. Certains avaient été partiellement effacés, mais je pouvais encore distinguer le nom de “Fuu”, ainsi que celui de “Seki Azar”. Un Seki… Ce pacte avait donc voyagé et je n’étais pas le premier à l’acquérir. Néanmoins, bien que je le convoitais tant, je ne savais toujours pas ce que j’allais y trouver. Même pas quel animal allait en sortir.

J’avais étudié la façon dont je devais aborder l’invocation. Tout d’abord, il fallait que je passe le pacte avec l’animal dont je n’avais encore aucune idée duquel il s’agissait. J’espérais tomber sur un animal puissant, et éviter de me retrouver face à un escargot où un insecte insignifiant. Afin de passer ce pacte, je devais signer de mon sang ce rouleau. Je croquai mon doigt et étalai le sang en écrivant mon nom. “Yamanaka Hiro”, quelle classe. La suite, je la connaissais aussi. Je devais concentrer une grande quantité de chakra et aposer ma main sur ce rouleau, afin que l’invocation puisse avoir lieu. Je respirais un grand coup, tirais quelques fois sur mon cigare que je conservais à la bouche, puis me lançais.

« Aller, alea jacta est ! »

Je déversais une bonne quantité de chakra, avant qu’apparaisse une légère fumée. De celle-ci en ressortais un… crapaud ! A peu près aussi grand que moi, il me regardait avec un air tout ce qu’il y avait de plus interloqué. Il ne s’attendait certainement pas à se retrouver là.

« Eh ! Mais t’es qui toi ?! Et pourquoi moi je suis là ?! »

« Ferme la. Donne-moi ton nom. »

Je n’avais pas le temps, ni l’envie de m’amuser. De plus, mon but n’était pas de faire copain-copain avec cet amphibien, mais qu’il me respecte comme son maître, car c’était ce que j’étais désormais. Il devait non seulement me respecter, mais aussi me craindre et m’obéir. Je n’allais pas tolérer qu’il se rebelle ou n’en fasse qu’à sa tête, car dans ce cas, je n’aurai aucune pitié.

« Mon nom est… Gamaken. Disciple du grand Gamabunta, chef des Crapaud du Mont Myôboku ! »

Que disait-il ? Le Mont Myôboku ? Jamais entendu parler d’un endroit pareil. La question n’était de toutes façons pas là, et autre chose m’avait interpellé : le grand Gamabunta. Soit disant chef de ces amphibiens shinobis, il devait être bien plus puissant et imposant que ce pauvre Gamaken, à peine plus grand que moi et dénué de toute force de caractère. S’il y avait bien un crapaud avec lequel je devais m’entretenir, c’était ce fameux Gamabunta. J’en avais besoin de mon côté.

« Peux-tu appeler ton maître ici ? J’ai besoin de le voir. »

« Bah… T’as qu’à l’invoquer ! T’as bien réussi à me faire venir, ça marche pareil, faut juste envoyer bien plus de chakra ! »

Bien plus de chakra ? J’avais déjà utiliser une dose significative de ma réserve pour invoquer un crapaud de cette taille, alors j’avais de la peine à imaginer la dose de chakra que j’allais devoir déverser pour faire apparaître son chef… Je croisais les doigts pour que le jeu en vaille la chandelle. Une dose énorme de chakra et… ce fût un crapaud avoisinant la vingtaine de mètres qui apparut là, me faisant reculer d’un bond, quasiment vidé de mes réserves.

« Qui es-tu, ridicule petit homme ? Penses-tu pouvoir appeler le chef des crapauds comme ça ? Ton excuse a intérêt à être bonne ! »

Il avait une voix grave, très grave. Bien qu’il était prétendument le chef, il paraissait encore jeune. Sa nomination devait être récente, si c’est de cette façon que fonctionnent les crapauds. Il n’en restait pas moins imposant, une veste de kimono sur le dos et une longue pipe au coin des lèvres. Cependant, sa prestance ne m’impressionnait pas. Je m’adressais à lui comme mon égal, pas plus, à peine moins, c’était plus fort que moi.

« Je suis Yamanaka Hiro. Je sollicite ta participation lorsque j’en aurais besoin. Tu me devras entière obéissance, et en échange tu auras la vie sauve, toi comme les tiens. »

Je savais pertinemment que ces mots ne feraient que le faire sortir de ses gonds. Je prenais de haut et d’une façon pire qu’hautaine celui que les crapauds considéraient comme leur chef, en lui sommant de m’obéir au doigt et à l’oeil, ou presque. Je me doutais que sa réponse allait être emplie de colère, et j’anticipais comme j’avais l’habitude de le faire. Je posais ma main sur lui et rentrais dans son esprit, avant qu’il ait le temps de réagir. Je manipulais ses pensées, ses souvenirs, afin qu’il ne se concentre plus que sur une seule chose : son obéissance envers ma personne. Lui et les siens allaient désormais m’obéir et me protéger en toutes circonstances. Ce fût finalement plutôt facile, de dompter le roi des crapauds…

« Parfait, vous pouvez disposer. »

Et ils disparaissaient, dans le même nuage que celui de leur apparition. J’étais désormais le maître de ces amphibiens.