Une information intéressante m'était parvenue de Lilith. Le déserteur mondialement connu Sabakyo Seitô était décédé par la lame d'un de ses sous fifres Aburame Miko. Cela avait donc précipité mon départ de Suna pour les contrées de Yu no Kuni afin de rencontrer certains membres du Shoraizen. Enfin principalement un, Hyô Kohei. Je lui avais donné rendez-vous par l'intermédiaire de ma chère fille dans une auberge de Chiheisen, une ville portuaire.

J'avais donc voyagé un nombre de jours conséquent par bateau, ne souhaitant pas traverser les grands pays à pied. Bien trop de personnes pouvant surveiller mes déplacements par ce billet. Non j'avais simplement payé une personne possédant un bateau de pèche pour m'emmener à l'endroit susnommé. Je lui avais donné bien plus qu'il ne recevrait en travaillant comme un forcené pendant un mois. Après ce petit périple me voilà au lieu désiré, il ne me restait plus qu'à rencontrer la bonne personne.

Il faisait nuit noir lorsque l'individu se montrait dans l'auberge, je lui faisais un signe discret qui l'emmena jusqu'à ma table, je fixais le jeune homme de mes pupilles azur avant de formuler les phrases suivantes.


« Bien le bonjour Hyô Kohei. Commençons tout d'abord par une simple présentation. Comme Miae vous l'a sans doute dit, je me nomme Mamoru Lessa. Si je viens vers vous aujourd'hui, c'est car je pense pouvoir vous offrir une opportunité. »


Je laissais à mon interlocuteur le temps d'assimiler tout les propos que je venais lui transmettre avant de reprendre tout en conservant mon air habituel, à savoir, un visage totalement impassible.


«  On m'a conté la tragique fin du dirigeant du Shoraizen, Sabakyo Seitô, trahi par un de ses acolytes. J'ai tout d'abord pensé que le monde était débarrasser d'un homme dont le fardeau était son propre destin. Mais j'ai ensuite réalisé que cet aspect ne reflétait pas l’entièreté de sa personne. »


un nouvel instant de silence avant de poursuivre :


« On nous dit de nous souvenir de l'idée et non de l'homme car malgré tout, un homme peut mourir, il peut être arrêté, il peut être tué, alors qu'une idée, elle, une éternité plus tard est encore en mesure de changer le monde ! »

« votre ami est mort, mais quant est-il de ses rêves, sont-ils morts avec l'homme ? Où serez-vous le nouveau fer de lance des idées que vous défendiez naguère ? »


Je devais bien admettre que je torturais encore un peu plus les éclats de son esprits mais après tout c'est dans cela que j'étais le meilleur, jouer avec les sentiments. Il était temps maintenant de laisser tomber le voile sur la véritable raison de ma présence. Lui présenter un chemin à suivre.


« L'opportunité que j'évoquais précédemment, laissez-moi vous l'énoncer en ces termes. Je suis en mesure de part mes capacités de ressusciter les âmes et de leur donner un nouvel hôte. Je suis prêt à concéder celle de votre camarade. Mais dîtes-moi jeune homme, à combien estimez-vous le prix de Sabakyo Seitô ? »


Le marché était maintenant proposé, qu'allait-il répondre ?

Chiheisen. La plus grande ville du Pays, à proximité de notre base. C’est là-bas que je m’étais rendu, et non pas sans raison. Il semblerait qu’une personne cherchait à me rencontrer. Un certain Mamoru Lessa, d’après les dires de celle qui m’avait fait passé le message. Elle était une des nôtres, et semblait connaître cet homme qui tenait à me parler. Elle ne m’en avait pas dit plus que ça.

Pour cette rencontre, je m’étais équipé en tant que Serpent. Le masque, et la tenue en faisait partie. La nuit était tombée sur cette ville, alors que je me dirigeais vers cette auberge, où cet homme était censé m’attendre. La raison de cette rencontre ? Aucune idée, à vrai dire. La Bakushô n’avait pas été très bavarde sur les détails de la rencontre. C’était intrigué, que je m’y rendis alors, prêt à en savoir un peu plus sur ce mystérieux personnage, et sur les raisons de notre rencontre.

Arrivé dans l’auberge, un homme me fit signe d’approcher. Je m’installais alors à sa table, en face de lui. C’était bel et bien lui, au vu de sa première phrase. Instinctivement, je levais mon masque, pour parler directement en face à face. Dans une telle situation, il n’avait plus de raison d’être.

En tout cas, il ne perdit pas de temps... une opportunité. Il avait quelque chose à me proposer, donc.

Bonjour, Mamoru Lessa. Je vous écoute.

J’étais curieux. Intrigué de savoir ce qu’il pouvait m’apporter, que ce soit à moi ou aux autres. Il commença donc à s’expliquer... et en vint directement à un sujet bien sensible. Seitô. Il était au courant donc. En l’entendant parler de lui, comme ça, je sentais un léger agacement monter. Je me contenais cependant, écoutant la suite avec calme.

De belles phrases, de belles paroles. L’idée... celle de Seitô. Ses idées, ses rêves. Étaient-ils morts avec lui ? C’est ce qu’il me demandait. Si j’allais les laisser mourir, ou les reprendre. C’était assez curieux d’entendre un inconnu en parler, alors que malgré tout, le doute persistait toujours dans mon esprit. Reprendre la relève de mon maître n’était pas chose aisée, il avait mis la barre bien haute. Et puis, même avec toute notre bonne volonté, plus jamais rien ne sera comme avant. Nous avons beaucoup perdu... et pas que lui. D’autres piliers se sont effondrés, suite à la chute de Seitô. Jusqu’à quand cela allait durer ?

Mais seulement, il reprit. Sur tout autre chose. Il m’expliqua plus en détail cette fameuse opportunité, après avoir bien introduit le sujet, et soulevé quelques questions. Et bien que j’essayais de ne rien laisser transparaître depuis mon arrivée, sa proposition me coupa le souffle littéralement. Ressusciter les âmes ? Le ramener ? C’était réellement possible ? Ce type possédait de telles capacités ? Si c’était vrai, alors... il pourrait nous revenir. Avoir une seconde chance... il n’était peut-être pas trop tard.

Ressusciter une personne... c’est réellement possible ?

Une question rhétorique, à laquelle je n’attendais pas forcément de réponses. Dans ce monde, rien n’était réellement impossible. Mon regard se détourna un instant, vers la fenêtre. Au travers, la nuit noire, un ciel légèrement étoilé. Silencieux, j’observais... je réfléchissais. Il me prenait au dépourvu... je voulais reprendre la relève de mon maître. Mais si je parvenais à le faire revenir... je pouvais le sauver ? Cela me donnait une chance de, même après sa mort, de me racheter... est-ce qu’il le voudrait ?

Quelques instants plus tard, mes yeux se rivaient de nouveau sur lui.

Un prix ? Impossible... il était mon maître, il est celui qui m'a tout appris. Il m’a prit sous son aile il y a bien des années. Je lui dois beaucoup, si ce n’est tout ce que j'ai accompli jusqu'à aujourd'hui. Alors, à mes yeux, rien n’a autant de valeur que lui. Il n’a pas de prix.

À partir de là, c’était bien compliqué de répondre exactement à sa question. Comment mettre un prix sur sa vie ? C’était insensé. J’en étais tout simplement incapable. Rien de ce que je pourrais donner, ou faire, ne pourrait être suffisant pour le valoir. Pas avec tout ce que je lui devais, depuis que j’avais intégré l’équipe Yose. Il était bien trop précieux à mes yeux pour ça...

J’étais assez... fébrile. La plaie ne s’était pas refermée, et ne se refermerait probablement pas de sitôt. Alors, me parler d’une possible résurrection... était-ce bien d’agir ainsi, d’enfreindre les lois de la nature ? Je n’en savais trop rien.

J’imagine que vous n’êtes pas venu jusqu’à moi, sans avoir une idée de ce prix... Mamoru Lessa ? Qu’y gagnerait vous à le ramener à la vie ? Quel serait votre intérêt là-dedans ? Et surtout... pourquoi devrais-je vous faire confiance ?

La méfiance. Oui, elle s'était installée dans mon coeur, depuis cet événement. Je le savais, je ne pouvais me fier qu'en très peu de gens. Voire à quasiment personne, aujourd'hui. Alors faire confiance à un inconnu prétendant être en mesure de ressusciter Seitô, c'était encore bien plus compliqué. Et puis... cela me semblait plutôt logique. Il me proposait de le ramener à la vie... seulement, j’ignorais quel était ce prix qu’il attendait. À mon avis, il en avait déjà l’idée, sinon il ne serait pas venu jusqu’à moi. Autant qu’il me dise clairement ses attentes à son sujet, et aller droit au but... à voir si je pouvais me fier à lui, bien que sa proposition était réellement alléchante...

Il avait semblé dubitatif lorsque je lui annonçais la possibilité de ressusciter les âmes. Pourtant je n'étais pas le premier ni le dernier à pousser un art à son maximum. Et rien que le nom de Mamoru aurait dû lui indiquer l'étendue de mes capacités. Malgré tout il parvenait à en douter. Que devais-je répondre. Si ce n'est cela.


« Possible ? Sans aucun doute ! Après tout vous êtes assis en face d'une personne ayant plus de soixante dix années d'existence. Je pense que sur ce sujet on peut m'accorder quelques crédits ! »


La vérité, flamboyante comme à son habitude. Elle suffisait à certains hommes pour qu'ils courbent instinctivement l'échine devant moi. Mais il n'était pas de ce genre là, il ne se laisserait pas impressionner même s'il était en face d'un demi-dieu. Non maintenant la question qui revenait à ses lèvres et ce à plusieurs reprises, c'était le prix, le prix que ça allait lui coûter.

La vérité ? La vérité est que j'avais sondé le monde des morts et que l'âme du Sabakyô n'y était plus. Ce qui pouvait signifier deux choses, soit qu'il était encore en vie, soit qu'il était scellé. Mais c'est cet homme devant moi qui avait déclaré sa mort à plusieurs personnes. Donc comment en douter. Surtout que sa peine semblait légitime ! Je le laissais terminer de me demander ce que je voulais avant de répondre.


« Avant de vous parler de ce que je souhaite, je vais vous indiquer ce que je sais. Votre ami n'a pas été transporté dans le monde des esprits. En effet j'ai visité ce dernier et aucune trace de Sabakyo Seitô. Ce qui m'amène donc à la conclusion évidente que soit cet homme est en vie, soit il a été scellé. »


Je prenais un instant de pause pour réfléchir et analyser ses réactions, une fois que je fus convaincu que cet homme n'était bel et bien pas en vie, je continuais sans attendre. Je devais expliquer le maximum de chose en peu de temps. J'avais beau avoir l'éternité devant moi, je n'aimais pas les choses qui traînent trop en longueur. Je m'exclamais donc de la manière suivante.


« La vérité c'est que si son âme est scellé, je vais devoir plancher bien plus de temps pour contourner le sceau ou bien récupérer son corps. Ça ne change rien au fait que je suis en mesure de le faire revenir. Ça change juste la quantité de temps que cela va me prendre. »


Un nouvel instant de pause avant de reprendre.


« Bien parlons donc de ce fameux coût. En prenant en compte que je ne puisse vous donner satisfaction immédiatement et que vous souhaitez certainement m'aider à récupérer le corps de votre maître, j'abaisse mon prix à la valeur suivante. Je souhaite que vous deveniez mon allié. Mais pas un simple allié, un véritable collaborateur, un bras droit. Et ce jusqu'à que je vous ramène votre maître. Après quoi ce sera à lui que je transférerai votre dette. Cela inclus aussi que vous restiez un pilier du Shoraizen et même plus que vous m'invitiez à y siéger moi aussi à un rôle égal au votre. »


Il allait devoir comprendre que c'était pour le bien de son professeur et aussi pour assouvir sa soif de revanche. J'allais lui apporter tout cela, les réponses qu'il attendait. Mais cela ne se fait jamais sans un coût, une vie pour une vie, disais-je souvent. Je reprenais une fois encore la parole.


« Enfin vous me demandez pourquoi vous me feriez confiance. J'ai plusieurs raisons. Déjà je ne vous prends pas en traître. Je resterai au Shoraizen jusqu'à que vous retrouviez votre maître ou jusqu'à que je m'en sois lassé. Je compte me servir de votre nom pour accomplir certaines choses, pendant ce temps précis je serais un atout pour vous et je remplirai mon rôle. Voilà la première raison. La seconde, je suis le parent de Bakushô Miae, et je ne souhaite aucun mal à l'organisation où ma chère fille a élue domicile. Enfin la dernière et pas la moindre, si vous voulez revoir un jour votre mentor, vous n'avez pas le choix. »


Les choses étaient maintenant clairement établies. Il allait devoir choisir, il possédait toutes les cartes. Soit il me faisait entrer dans le Shoraizen tout en sachant que je ne venais que pour réaliser un profit pendant un certain temps. Soit il renonçait au retour d'une personne qu'il avait aimé. Ainsi était le cruel choix qui s'offrait à lui. J'étais curieux de connaître sa réponse. Mais après tout, il avait déjà annoncé que sa vie n'avait pas de prix.

La discussion se voulait intéressante. Il avait su attiser mon intérêt, en peu de temps. À vrai dire, je ne m’attendais pas à une telle proposition. Le ramener à la vie alors, c’est ce qu’il me proposait. Il semblait en être réellement capable, ce qui était impressionnant. Je réfléchissais à cette opportunité. Faire revivre Seitô, hein... il était mort injustement, après tout. Il n’aurait pas du mourir, si l’Aburame ne nous avait pas trahi. Méritait-il de partir définitivement, ou avait-il encore des choses à accomplir. Était-ce bien de vouloir le ramener, ou ce n’était pas la bonne attitude à adopter ? Je ne sais pas trop. Il fallait bien avouer qu’il me prenait au dépourvu.

Je l’écoutais alors. Soixante années d’existence ? Pourtant, il ne paraissait pas si vieux que ça, bien au contraire ! Il n’en faisait même pas la moitié. Si c’était vrai... il semblerait bien que cet homme soit bien plus expérimenté et puissant que je ne le pensais. C’était assez admirable. Il me fit part ensuite d’un fait assez étrange : son âme n’a pas été transporté... dans le monde des esprits ? C’était assez étrange d’entendre ce terme, pour quelqu’un comme moi qui n’y connaissait absolument rien. Enfin, ce n’était pas important. Le plus troublant était ce qu’il me rapportait. En vie, ou scellé...

C’est sûrement la seconde option. La dernière fois que je l’ai vu, il était bel et bien mort, sans aucun doute. Mais il ne reste plus aucune trace de lui, pas même son corps.

Il m’expliqua que malgré ça, ce n’était pas impossible de le ramener. Juste plus compliqué. Il fallait qu’il retrouve son âme, ou son corps. Donc... il fallait la retrouver. Elle l’avait tué, et était sans doute repartie avec son corps. Elle avait donc scellé son âme, également ? Elle était vraiment pitoyable. De quel droit se l’appropriait-elle, en plus de sa vie ? Cela ne restera pas impuni...

Le prix vint donc. Pour l’instant, une simple collaboration. Pour l’instant, hein... j’ignorais bien ce que cela sera ensuite. Malheureusement, j’en avais déjà fais les frais à plusieurs reprises, et les sacrifices sont choses courantes dans ce monde. Pour obtenir quelque chose, il fallait être capable de faire quelques sacrifices. J’en étais là aujourd’hui, en ayant suivi ce principe. Et si c’était pour ramener Seitô… je continuerai ainsi. Il voulait donc que l’on soit des alliés, jusqu’à sa résurrection. Et les conditions étaient que je reste au Shôraizen, et que je l’y invite même. Ainsi, il voulait nous rejoindre, et y avoir une place importante. Un Aizuyake. Il savait drôlement bien tourner les choses. Et l’avoir de notre côté pourrait être vraiment intéressant. D’autant plus qu’il en savait long sur nous...

Je l’écoutais ensuite répondre à mon autre question. Il avait ses propres objectifs, mais était prêt à remplir le rôle que l’on allait lui confier. Il ne nous voulait pas du mal... hm. Malheureusement, l’événement Miko m’avait laissé un arrière-goût assez déplaisant. Comment le croire sur parole ? C’était impossible, et il fallait savoir prendre des risques. Ce n’était en se fermant aux autres que nos objectifs aboutiront. D’autant plus que son aide pourrait être très précieuse. Il semblait disposer de pouvoirs réellement intéressants, et je préférais l’avoir comme allié, plutôt que comme ennemi. Et comme il le disait, si je voulais le revoir... je n’avais pas le choix.

Je prenais mon temps pour réfléchir à tout ça, avant de reprendre.

Entendu, Mamoru Lessa, j’accepte de collaborer avec vous. Si vous avez besoin de mon aide pour quoique ce soit, prévenez-moi.

Déjà sur ça, nous étions tous les deux d’accord. Ensuite, restait à venir le second point. L’intégrer dans notre famille, et lui confier un poste. Au vu des conditions, cela ne me dérangeait pas réellement. Seulement, ce ne sera pas fait dans l’immédiat.

Ensuite, pour votre seconde requête, c’est une autre affaire. J’accepte de vous inviter au Shôraizen, mais pour prétendre à un quelconque poste, il va falloir attendre un peu. Tant que notre nouveau chef n’est pas établi, nous ne pouvons pas nominer de nouveaux gradés. D’autant plus que je ne peux pas vous désigner un quelconque rôle sans l’accord de mes confrères.

Je le regardais dans les yeux alors, avant de reprendre.

Une fois que la place de chef ne sera plus vacante, je pourrais accéder à votre demande. Ce ne sera l’affaire que de quelques jours, sans doute. Ce que je peux vous proposer, c’est de nous rejoindre dans un premier temps. Je me chargerai de la suite pour appuyer votre nomination, à une place qui répondrait à vos attentes, lorsque tout sera en ordre.

C’est ce que je pouvais lui proposer de mieux. Je jouais à un jeu risqué, certes, mais cela pouvait en valoir le coup. Un pari risqué, d’autant plus que je savais qu’il avait ses propres ambitions. Personne ne savait de quoi était fait l’avenir, à voir dans quel sens la roue allait tourner.

Du moment que vous agissez dans nos intérêts, et que vos actions ne nous mette pas en danger, vous êtes libre de poursuivre vos propres objectifs. Si nous sommes d’accord sur ce point, vous pourrez accomplir ce que bon vous semble.