Depuis plus d'une semaine je pensais la plupart de mes soirées au Kenkyuujo pour travailler sur un nouveau concept de tourelle. Depuis quelques temps je n'avais pas vraiment pus me consacrer à de réelles inventions. Aussi m'étais-je simplement contenter d'améliorer mon équipement actuel afin de mieux l'adapter au rythme frénétique des missions qui commençaient à se cumuler dans mon emploi du temps. Je devais également jongler avec les entraînements. Zanshi, qui d'ordinaire était très occupée, avait prit sur elle pour nous aider à moi et Yami de nous perfectionner.

Depuis la mort de Shinji la team Bushidan n'était plus vraiment elle-même. Certes, nous conservions une certaine lien, je me sentais toujours aussi proche de Yami et vouait toujours autant de respect à Zanshi, mais la cohésion dans notre équipe n'était plus vraiment la même. Peut-être était-ce pour cette raison que notre Sensei cherchait à s'investir davantage au près de nous. Quoi qu'il en fut, je lui en étais reconnaissante, elle qui m'avait tant apportée.

Ainsi, pour ne pas la décevoir et qu'elle puisse être fiers de moi, je m’efforçais de redoubler d'effort durant nos entraînements. Ce faisant, il ne me restait plus que peu de temps libre pour fabriquer ma propre technologie. Je faisais en quelque sorte des heures supplémentaires en travaillant le soir. La fatigue se faisait de plus en plus présente à mesure que le sommeil me manquait.

J'étais maintenant rentrée depuis plusieurs mois de mon voyage et je n'avais toujours rien avalée depuis. J'avais beaucoup maigri. Un personne normal serait déjà morte depuis longtemps, mais pas moi. Je ne me sentais pas plus faible non plus. Actuellement, nul ne savait pour cet aspect démoniaque présent dans mon corps et je ne tenais pas à le révéler à qui que ce soit, tout du moins pas encore. Simplement, je savais, que tôt ou tard, il me faudrait me rendre au Pays des Neiges pour en apprendre davantage sur mes origines.

En attendant, je continuais de mener ma vie de Kunoichi qui tournait de plus en plus rapidement. Captivée dans mon bricolage, je ne remarquai que tardivement le petit oiseau mécanique qui s'était posé sur le plan de travail. Cette superbe invention était l’œuvre de Yôna à laquelle je n'avais pas perdu de temps pour me l'approprier. Je n'aimais pas l'admettre, mais ma cousine était une meilleur "Saibogu" que moi. Cependant, si un tel moyen de communication était employé pour me contacter, cela signifiait que l'Unité était impliquée. J'arrêtai donc mon travail pour me saisir du minuscule parchemin caché à l'intérieur de l'oiseau. Il contenait un message codé que nous seul pouvions traduire.

Zanshi souhaitait s'entretenir avec moi en privée. Intriguée, j'arrêtai mon travail, rangeai mon matériel en vitesse puis me dépêchai de rejoindre le palais du conseil souverain. Parvenue devant son bureau je frappais à la porte et attendis que l'on m'autorise à entrer. Une fois à l'intérieur, je m'inclinai brièvement pour saluer celle qui était à la fois ma Kazekage et ma Sensei.

-Vous désiriez me voir?

Le ton de ma voix était plus sérieux. L'Unité était synonyme de secret et lorsqu'il était question de cette dernière, je m'efforçai d'être celle que Zanshi attendait de moi.

J'écarquillai les yeux devant cette première révélation. En effet je n'ignorai pas le passé de ma Kazekage, mais ne m'étais jamais appliquée à la juger pour ce qu'on avait pus la forcer à faire, mais davantage pour ce qu'elle faisait actuellement pour nous. Désormais je comprenais de nombreuses choses. Des faits qui demeuraient jusqu'alors hors de mon portée. D'une part cela expliquai pourquoi Kioshi était aussi mal et se sentait ainsi délaissé par celle qu'il aimait. Il n'avait jamais voulut m'en parler, mais je devinais pourquoi à présent. Si la rumeurs s'étaient ébruitées, celle que notre Kazekage se voyait hanté par un autre, cela aurait profondément perturbé la maigre stabilité politique que nous tentions tous de mettre en place au sein de Kaze et à de surcroît à l'étranger.

Aussi me contentais-je d’acquiescer en restant la plus neutre possible malgré que les idées bouillonnaient dans ma tête. Je ne voulais pas que cela reste ainsi. Je voulais pouvoir faire quelque chose. L'aider quoi qu'il en coûte. Parce qu'elle était ma Kaze, ma sensei, mais aussi une personne importante pour moi à qui je lui devais pratiquement tout. Cependant la dernière révélation fit l'effet d'une bombe. Cette fois-ci je ne parvins à cacher ma surprise, mais je restai immobile, vissée sur ma chaise.

-Vous...

Sur l'instant, je ne cherchai pas vraiment à comprendre, je faisais simplement en sorte de ne pas mal réagir en sa présence, de ne pas laisser mes émotions s'exprimer. Jadis, sans doute me serais-je emportée. Peut-être aurais-je tout fait pour la dissuader de son acte, sans chercher à la comprendre en agissant comme une égoïste incapable de respecter les choix des autres. Mais je voulais que ce temps là soit révolu.

Et même si un certain émoi était partiellement lisible dans mon regard, que je ne voulais pas la perdre comme j'avais pus la perdre. Une image défila dans mon esprit. Elle était issu d'un lointain passé et se mourut aussitôt. Je secouai légèrement la tête pour tenter de remettre en place le fil de mes pensées. Non, je n'étais point là pour tergiverser. Prenant sur moi-même, je me risquai à l'observer de mon unique œil valide. Elle était toujours aussi forte...

-J'imagine que tout ne ce limite pas à cela. Vous n'abandonneriez pas Kaze de la sorte sans rien avoir préparé à l'avance, pas plus que je ne vous imagine pas renoncer si facilement...

Je n'étais peut-être pas la Kunoichi la plus perspicace du village, mais il y avait un domaine dans lequel j'avais appris à exceller. A savoir la compréhension du genre humaine. Il y avait de cela quelque année, imbue que j'étais, je n'aurais pus comprendre qui que ce soit. Mais les temps avaient changé et moi également.

-En quelque année vous avez accompli bien plus pour Suna que tous les anciens Kazekage réunis. Je présume que vous avez déjà prévue de nombreuses choses. Que comptez-vous faire exactement ?

Le ton de ma voix était neutre, mon regard sérieux. Je savais que ma question était intrusif. Que je ne m'adressai pas de la façon la plus appropriée à une personne de son rang, mais nous n'en étions plus là. Zanshi se montrait concise et je devais en faire de même.

Si ce n'était le fonctionnement de mon cerveau ou le cheminement de mes idées, je pouvais paresque affirmer que je n'avais pour la jeune Saibogu quasiment plus aucun secret , ou tout au moins rien de comparable à tout ce que j’avais pu lui avouer ces derniers temps. Vue la réaction presque stoïque d’Oniri, je pouvais facilement imaginer, une nouvelle fois, que je pouvais lui faire confiance. Mais ce que j’allais encore lui dévoiler autre chose qui mettrait un peu plus son dévouement à l’épreuve, ainsi que sa confiance. Je ne savais pas si elle allait comprendre… Néanmoins, pour le moment, elle restait parfaitement lucide. La fille de Satoshi, l’homme en qui j’avais le moins confiance dans ce village finalement, allait donc s’avérer être celle en qui je pouvais placer toute ma confiance ? Nous verrions bien.

« Tu as raison, je n’abandonne pas ; mais je ne peux pas mettre Suna en danger à cause d’une erreur de mon passé. Je vais mourir et employer le sceau que j’ai apposé sur chacun d’entre vous… Il fallait que je trouve parmi les Sunajin, ceux les plus aptes à le recevoir, ceux prêts au sacrifice. Ce sceau est puissant jutsu, c’est un Kinjutsu. Pour faire simple, il me permettra de prendre le contrôle d’un d’entre vous, de devenir l’un d’entre vous. »

Je l’observai un instant. Je n’étais pas certaine qu’elle accepterait ça sans broncher. Je les avais trompés, tous. J’avais utilisé leur confiance et leur fidélité à des fins plus personnelles, égoïstes. Mais tout ceci n’avait pas été inutile, loin de là ; leur action n’avait pas servi qu’à masquer mes intentions, mais comme toutes les bonnes choses avaient une fin, alors celle-ci ; davantage encore. Mais, je ne lui laissai pas le temps de répondre encore, j’avais une dernière chose à lui à lui révéler, ou plutôt, à lui demander. Cette dernière chose que je voulais lui dire était à peu prés dans la continuité de cette rencontre. C’était l’apothéose, l’ultime acte pouvant lier à jamais un maître et son élève, pouvant permettre à l’un comme à l’autre d’évoluer, de découvrir un nouveau soi, de devenir quelqu’un d’autre… au propre, comme au figuré.

« Mais pour ne pas détruire tout ce que nous avons fait, je ne peux pas simplement m’ôter la vie, il faut que cela serve à quelque chose. Oniri, tu vas devoir m’éliminer. »

Lui dis-je tout paisiblement, comme si je lui demandais simplement de bien vouloir m’apporter un café. Elle pouvait refuser, et maintenant qu’elle savait que le sceau que je leur avais apposé ne servait pas exactement à ce que j’avais expliqué, elle pouvait tout autant parler, tout avouer, me dénoncer. J’espérais que cette hypothèse soit fausse, mais l’expérience m’avait déjà à de nombreuses reprises montée qu’il était, finalement, assez facile de se tromper sur les gens.

Enfin, quelle que soit sa réponse; notre rencontre ne se terminerait pas sur sa réponse. J'avais d'autres choses à lui dire, à lui demander. Mais en comparaison, toutes ces choses; seraient d'une bien moindre importance. Alors, même si je ne doutais pas de sa confiance et tout ce qui pouvait nous lier, je comprendrai parfaitement qu'elle refuse de faire ça... Mais si elle acceptait, ceci n'était en fait que la première partie du plan; et probablement que la suite n'allait pas lui plaire, déjà que ça...

Cette fois je ne pus cacher mon égarement face à cette nouvelle révélation. Ce sceau... Comment avait-elle put ainsi se servir de nous ? Je la regardai avec de grands yeux, mais je n'étais plus là. Mon attention se perdait dans le vide. J'étais égarée. Toute mes convictions s'en retrouvaient ébranlées. Zanshi... Elle qui représentait tant pour moi... Je n'osai y croire... Tant de questions s'entremêlaient dans mon esprit. Je ne savais que faire ou penser, m'efforçant de rester calme, mais mes émotions commençaient à prendre le dessus. Mes phalanges se refermèrent sur mes paumes au point d'enfoncer mes ongles dans ma chair. Je baissai instinctivement la tête, laissant quelques mèches de cheveux immaculées retomber devant mon visage. Perdue, j'étais à nouveau perdue. Elle qui m'avait confiée l'héritage de sa volonté, elle qui m'avait fait retrouvé foi en la vie, elle qui m'avait donné le courage de continuer à avancer... Pourquoi devait-elle...

J'aurais souhaitée la questionner, qu'elle me donne une raison à tout ceci. Peut-être qu'à cet instant, j'aurai été capable de tout croire. Mais, elle ne me laissa pas le temps de dire mot qu'une nouvelle révélation tomba, telle une lance que l'on m'enfonçait en plein cœur. Je redressai brusquement la tête, les yeux larmoyants. D'un revers du poignet j'effaçai tout ceci puis expirai longuement, cherchant avec difficulté à relâcher la pression. Les efforts que je faisais pour me contenir à cet instant étaient inhumain pour moi. Lui hurler dessus n'aurait sans doute jamais suffit à étancher ma peine, mais je n'avais pas le droit d'être moi-même, je n'avais pas le droit d'être faible. En rejoignant l'Unité j'avais fait vœu de lui obéir aveuglément et ce quoiqu'il en coûtait. Pour Suna, pour Kaze, pour tout ceux que nous aimions, je devais me montrer forte.

-Comptez-vous l'utiliser sur moi ?

Je me risquai à affronter son regard écarlate. Cette question hantait désormais mon esprit, mais il ne s'agissait que d'une lueur vacillante au milieu du brasier ardent qui brûlait. Pourtant, je restai là, presque imperturbable. Le calme revenait peu à peu même si je n'avais plus vraiment la sensation d'être ici. Le monde n'existait plus. Il n'y avait que moi, Zanshi et cette cruelle révélation.

-Qu'elle est la raison de tout ceci. Que comptez-vous faire ensuite ? Pourquoi me demandez-vous cela à moi ?

Durant ma vie je m'étais posées de nombreuses questions. Certaines sans intérêts, d'autres primordiales, mais jamais n'avais-je autant espérée obtenir de réponse qu'à présent. J'ignorai les tenant et aboutissant de cette histoire, où tout mènerait ceci. Quelle direction allait prendre Suna. Je respectai ces choix même s'ils demeuraient hors de ma portée. Néanmoins, avant d'envisager quoique ce soit, je voulais comprendre l'intégralité de son plan. Une parfaite kunoichi aurait agit sans discuter, sans chercher à savoir, mais j'étais loin de l'être. Et plus que tout lorsqu'il était question des personnes auxquelles je tenais.

-Dites-moi tout...

Dis-je d'un ton glacial que je ne me connaissais pas. Ces mots sonnaient presque comme un ordre. Mon visage s'était durci, comme si toutes mes émotions s'étaient refermées sur elles-mêmes. Je n'osai imaginer ce qu'il allait arriver ensuite. Ce qu'il allait advenir de Suna, ou plutôt ce qu'il allait arriver de moi. Car, quelque part, je me montrai égoïste. Je savais que je ne voulais pas la perdre. Elle avait encore tant de choses à me faire découvrir, à m'apprendre. Il était trop tôt... Pourtant, au fond je savais que le monde était ainsi fait. Qu'il n'avait pas sa place pour les enfants qui se devaient de grandir rapidement s'il voulait faire face à l'inexorable fatalité. Je ne pouvais rester une petite fille éternellement. Mais une fois, avant qu'il ne soit trop tard je voulais me l'avouer... Zanshi avait été comme une seconde mère pour moi et j'allais la perdre à nouveau...

La réaction de mon élève me surprit un peu, je n’avais pas imaginé un instant qu’elle pouvait tant tenir à moi. Un peu plus et j’aurais culpabilisé pour ce que je prévoyais de faire. Mais le plan prévalait sur le reste, il n’y avait malheureusement que peu de place, pour le moment, pour les sentiments. Puis elle se reprit, elle voulait en savoir plus. C’était ce que j’attendais de sa part davantage que le reste. Je comprenais qu’elle veuille en savoir plus, c’était normal, et je ne comptais pas la laisser dans le vague. Oniri ne l’avait peut être pas comprit –il fallait dire que je n’étais pas un modèle d’expression non plus- mais elle avait, en quelques sortes, plus de valeur à mes yeux que le reste de l’unité. Elle était la seule que je n’avais pas directement sélectionnée, mais qui s’était plutôt imposée comme une évidence, un peu comme Ji.

Même si rien ne pouvait venir contrarier mon plan, même un éventuel refus d’Oniri, je ne pouvais qu’admettre que ; si j’avais eu un enfant, j’aurais voulu qu’il soit comme elle ; cependant si j’avais été sa mère, jamais elle n’aurait évolué de la sorte et jamais nous n’aurions discuté de tels sujets, et je n’aurais probablement pas été Kazekage. Comme quoi, à un détail prés, à une vie prés ; tout pouvait changer. Ceci-dit, il ne s’agissait que d’une hypothèse invérifiable.

« Je comprends ton ressentiment. Non, je ne vais pas t’utiliser, tu as un autre destin.. »
« Je ne veux que le meilleur pour Suna, et cela passe par-là. »

Une phrase qui pouvait être interprétée de biens des manières mais qui ne voulait dire qu’une seule chose, je représentais un danger grandissant de jour en jour pour Suna, et toutes les solutions pour remédier à mon problème ne convenaient pas. Seule la mienne avait une chance de fonctionner convenablement. En fait je ne voulais pas que quelqu’un puisse profiter de ma situation, puisse prendre un ascendant que ce soit sur moi ou sur le village. La direction de Suna devait revenir aux peuples, ou tout au moins aux conseillers qui seraient bientôt élus et qui représenteraient le peuple.

Avant de mettre un terme à l’histoire officielle de Zanshi, je voulais laisser ça au village : la démocratie. Je voulais que le village ne puisse plus être la proie des trahisons et de la folie.
Je ne savais pas si tout fonctionnerait comme je l’avais prévu, mais je savais en revanche qu’après ce que j’avais pu apporter aux Sunajins, ces derniers ne se laisseraient par berner par un nouvel usurpateur, ils ne laisseraient pas la nation du vent emprunter la voie du chaos, je l’espérais. C’était ce que je voulais léguer à Oniri, si l’on pouvait bien parler d’héritage…

« Même si je ne suis plus Kazekage, j’aurais toujours un œil sur le village. Nous avons fait des choses pour Suna que personne ne sait et que peu pourrait comprendre. Et je ne compte laisser personne mettre à mal tout ça. Les personnes les plus efficaces sont celles qui agissent dans l’ombre, c’est ce que je serai réellement, la véritable ombre de Suna. C’est ainsi que je vois les choses, pour le bien de Suna, et pour mon propre bien. »

Lui dis-je en pointant mon crane de l’indexe. En effet, plus les jours passaient et plus je sentais le parasite qui logeait dans mon esprit s’établir en moi, asseoir son influence et je ne voulais pas attendre qu’il y parvienne. Ce serait le pire pour qu’il puisse arriver à ce village, qu’Akuraï en prenne le contrôle ; parce que si j’étais animée par la paix, lui l’était par la haine et la violence.

« Mais, tu l’as compris n’est ce pas ? Ce n’est que mon corps qui disparaitra, rien de plus. Nous finirons inévitablement par nous revoir. »

Souris-je. Je ne savais pas pourquoi je lui disais ça ; était ce pour la réconforter ou simplement pour préciser ce qui se passerait ? Les deux, sans doute.

« Bien, tu devras agir dans une semaine. Lors des élections des conseillers. On m’aura apporté les résultats des votes que je devais annoncer sur la place du palais. Je serai dos à la vitre, derrière ce bureau, les documents seront devant moi. Tu seras dans la foule, avec tout le monde. Tu auras créé un clone plutôt, qui sera posté sur un toit à une centaine de mètres d’ici. Il utiliseras une arme dont tu ne devras jamais t'en resservir. »
« Si mon successeur révèle les noms des conseillers, il sera sur la bonne voie; si il ne le fait pas... Enfin, tu auras accès à la liste des nommés, dans ce même tiroir. Tu pourras te faire une idée. »

Mimais-je avec les mains. Puis, j’ouvris un tiroir verrouillé par l’un de mes sceaux et en sortis ce qui ressemblait à des balles. Je les montrai à la Saibogu et repris.

« J’ai récupéré cette balle dans les affaires de ton père, et celle-ci provient de Tetsu, plein de ressources ces Samouraïs… Enfin, je te laisse choisir laquelle de ces deux balles tu utiliseras. Ton clone devra viser légèrement au-dessus du cœur, afin que je ne meurs pas sur le coup. »

Je pensais à ce que j’allais endurer ce jour là, j’avais déjà été blessée mais jamais je n’aurais été aussi proche de la mort. D’ailleurs, peut être que le plan ne marcherait pas, que cette technique inscrite sur un ancien parchemin de mon clan n’était qu’une légende, peut être Akuraï m’avait il menti.. peut-être… Mais ça, Oniri n’avait pas besoin de le savoir, pas encore. Je ne devais laisser le doute s’installer, et je savais ce que je faisais ; quoi qu’il arrive.

« Alors, le feras-tu ? »

Achevais-je en lui tendant les deux munitions.

J'écoutai chacune de ses paroles comme s'il s'agissait véritablement des dernières. Aussi compris-je ce qu'il en était réellement. La présence du sceau n'était pas motivée par des ambitions égoïstes comme je le craignis l'espace d'un instant. Encore aujourd'hui, elle continuait d’œuvrer dans l'intérêt de notre nation. Selon ses dires, ce n'était pas totalement la fin, mais malgré tout, elle ne réalisait pas ce que tout ceci représentait pour moi, ce que je m'apprêtai à faire, peu importait ce qui la concernait, ce qui nous concernait, il y aurait des conséquences irrémédiables envers Suna. Cependant au fil de ses explications, la tempête de sable obstruant ma vu s'évasait pour laisser place au lointain horizon. Peut-être étais-je en mesure de voir davantage que ce qu'elle pensait. Cette acte allait provoquer une longue réaction en chaîne qui finirait au fil du temps par transformer tout Kaze. Que ce soit en bien ou en mal, cela ne dépendrait que de nous. En même temps qu'elle m'avait transmit sa volonté ainsi que son idéal, je recevais également une part de son fardeau. Suite à ces événements, les shinobi seraient à nouveau traités comme des parias incapable d'accomplir leur devoir.

Cependant, mon combat contre Rei m'avait permit de comprendre qu'aucune de nos actions n'étaient vaines. Que les villages Shinobi existaient dans le but de concentrer toute la haine du monde sur eux et donc directement sur nous. Ainsi le restant du monde demeurait épargné par les conflits. Cette dernière décennie nous l'avait bien montré. Suna avait été victime de nombreux attentats, mais la nation tout entière de Kaze, elle, n'avaient que peu souffert. Et il en demeurait ainsi. Tandis que les yeux de tous restaient rivés sur les villages, nous Shinobi, continuions de souffrir, d’œuvrer dans l'ombre. Car, tel était notre destiné : Aimer pour son souffrir en retour.

Ce que nous nous apprêtions à faire allait renforcer ce sentiment général, en même temps qu'il permettrait d'imposer des bases solides pour l'avenir. Nous allions contribuer à l'édification d'un village qui serait en mesure de protéger chaque hommes, femmes et enfants de Kaze, même si l'histoire ne retiendrait jamais rien de cela. Néanmoins...

-Vous mourrez en tant que martyr. Nul ne restera indifférent à cela. Dès lors la situation pourra évoluer dans le sens que vous avez choisi. Et nous veillerons à ce qu'il continu d'en être ainsi...

Mon regard s'était perdu dans le vide. J'avais l'impression que quelque chose était mort en moi au moment où elle m'avait annoncée tout ceci car, plus rien ne serait jamais comme avant et, de ce fait, il me fallait m'adapter en conséquence. Nous devions tous évoluer en fonction du rythme que nous imposait le reste du monde. Hors si tout ce passait comme prévu, nous n'aurions bientôt plus à craindre qui que ce soit. Suna, Kaze, le peuple du désert, tous seraient unis sous une même emblème, celle que nous dresserions au milieu du désert à l'encontre des ennemis de la paix. Enfin, pour accomplir la tâche qui était mienne, à savoir devenir l'ombre d'une ombre. Je n'avais d'autre choix que de renier mes faiblesses en faisant taire une part de l'individualité qui me définissait. Sans doute qu'après avoir accompli cette mission, je ne serais plus jamais la même, mais je me confortai dans l'idée qu'il s'agissait d'un mal pour un bien. J’œuvrai dans l'intérêt de ceux que j'aimais et Zanshi comptait parmi eux.

-Les membres de l'Unité seront-ils au courant ? Nous aurons besoin d'eux pour les divers préparatifs. Cette fois-ci nous ne pouvons nous permettre de laisser qui que ce soit remonter jusqu'à nous. Saibogu Shun, pourrait être un parfait coupable. D'une certaine façon il incarne tout ce que nous avons toujours juré de combattre. Si vous m'y autoriser. Je peux me charger de tout organiser.

Je parlais d'une voix monocorde, plus rigide, plus implacable que je ne serais cru capable de l'être. Même si je ne le faisais pas volontairement, je savais que c'était exactement ce que l'on attendait de moi. Mon regard croisa de nouveau le sien.

-Je peux faire en sorte que tous voient uniquement ce que nous avons décidé de leur montrer. A savoir votre départ, votre fin. Nul ne saura jamais la vérité mis à part nous. Suite à quoi nous continuerions de veiller sur le village. Nous serons vos yeux.

Alors elle ouvrit la paume de sa main pour me présenter deux balles. L'une provenant de mon père, l'autre d'un samouraï dont j'ignorai tout. A sa manière, je compris qu'elle cherchait à me mettre à l'épreuve. Quel choix étais-je en mesure de faire pour mon village ? Si cela avait vraiment été nécessaire je n'aurais pas hésité un seul instant à aller contre mon propre clan pour Kaze. Néanmoins, je devais avant tout prendre la meilleur décision pour tous. Impliquer mon père dans cette histoire n'aurait apporté que discorde et dissension au sein même du village, ce que nous cherchions à tout prix à éviter. Alors, levant le bras vers l'avant, je me saisissais de la balle du samouraï, comme, une fois encore, tout n'allait ce résumer qu'à un seul tire.

-A vos ordres Kazekage-sama.

Vous étiez là, toujours à veiller sur les autres. Désormais vous allez disparaître, devenant ainsi l'ombre du vent qui souffle sur le désert. Et, nous vos enfants continuerions de perpétrer votre héritage au travers du temps.

Ainsi donc le plan se mettait en place et Oniri comprenait tout l’intérêt de ce que je lui demandais. Je ne pouvais pas en attendre moins de sa part, avec quelques années de plus et une plus grand expérience de notre monde elle aurait pu devenir Kazekage, enfin… Je ne pouvais l’affirmer pleinement ; assumer ces responsabilités demandait davantage que la sagesse. Tout ce qu’elle avait pu répondre restait cependant d’une justesse affligeante, j’avais presque l’impression qu’elle pouvait lire entre les lignes, à vrai dire, elle le faisait. Je me rendais compte que j’aurais dû lui donner plus d’attention encore, peut-être discuter davantage. Mais rien n’était perdu, je reviendrai tôt ou tard dans leur vie, tout n’était qu’une question de temps.

Et finalement elle choisit la balle venant d’ailleurs, peut-être valait il mieux, puis cela correspondait plus à l’idée qu’elle venait de m’exposer. Faire passer l’un des complices du terroriste Rei était assez bien trouvé, j’aurais souhaité faire tomber le poids de cet acte sur les épaules d’une autre personne, cependant le temps ne me permettait pas de mettre en place un plan plus ingénieux encore. Ce n’était que de partie remise, encore une fois. Tout était donc prévu et accepté. Je n’avais plus qu’à compter les jours me séparant de ce renouveau, je n’étais pas impatiente de mettre en œuvre le savoir que j’avais accumulé, je n’étais pas impatiente de ressentir la douleur et encore moins d’abandonner, en quelques sortes, le village.

« Aah… ce n’est pas fini, Oniri. C’est un nouveau commencement. Pour toi, pour eux, pour les autres. Pour ce qui est de Shun, fais donc comme ça, je te laisse gérer. Je mettrai les autres dans la confidence, j’espère seulement qu’ils seront aussi… compréhensifs que toi. »

Je l’observai toujours, réfléchissant un instant à la situation ; maintenant que j’avais dévoilé l’ensemble du plan à Oniri, notre rencontre n’avait plus vraiment lieu d’être cependant, peut être n’avais je pas encore tout dit. Je ne montrais que rarement mes sentiments et même aux personnes que j’avais aimé d’un amour sincère. Récemment on avait employé le mot froide à mon égare, je ne savais pas si c’était vraiment le cas ou si c’était dut à d’autres raisons. Enfin…

« Je ne sais si je devrais le dire, mais tu sais.. Dans une autre vie, j’aurais voulu être autre chose qu’une Kunoichi et j’aurais vraiment aimé être la mère d’une fille telle que toi. Si ton père savait ce que tu représentais pour ce village, cette nation et moi… Peut-être te traiterait-il mieux. Enfin, un jour ; il le saura. »

Dis-je avec un sourire bienveillant. Cela faisait depuis longtemps que je n’avais pas dit à quelqu’un, droit dans les yeux, que je l’aimais ; que ce soit comme un frère, une mère, un amant ou une fille. Cela me fit d’ailleurs penser que je devais parler à mon frère, j’allais certainement lui parler de ce que j’allais faire, ou peut-être pas. D’entre toutes c’était peut être de sa réaction que j’avais le plus peur, à vrai dire, il était peut-être le seul capable de m’empêcher d’agir ; mon frère.

« On se reverra certainement avant le jour J, Oniri. »

Ces mots qu'elle prononça. Jamais je ne m'y serais attendu. Pourtant ils me touchèrent plus que jamais. Elle qui semblait toujours si distante envers les autres venaient de témoigner d'une certaine affection à mon égard. Je ne savais pas si elle se rendait compte de tout ce que cela représentait pour moi. Cette simple reconnaissance était la consécration de tant de choses. Sans un effort de volonté les larmes auraient sans doute coulées le long de mes joues, mais pour une fois cela aurait été de joie. J'avisai ma sensei avec de grands yeux souhaitant lui répondre avec la même franchise.

-Dans une autre vie j'aurai également souhaitée que vous soyez-là...

Cela en disait si peu, mais tant à la fois. Jamais je n'aurais pus croire que cette rencontre calamiteuse au Kenkyuujo se solderait un jour par un tel bouleversement. J'avais tout fait pour gâcher ma vie. Elle était parvenue à la reconstruire. Je lui devais tant. Mais parce que je lui étais reconnaissante, je me devais de lui faire honneur en allant jusqu'au bout de ses idées.

La conversation aurait put se terminer ici. Mais je ne pus, l'espace d'un instant, m'empêcher de penser au conséquence de nos actes, à ceux que Zanshi elle laisser derrière elle. Étrangement, mes pensées voguèrent en direction de Kioshi qui était une des personnes qui tenait le plus à elle. J'avais appris à le connaître et je pouvais dors et déjà anticiper son devenir suite à cette tragédie prémédité, mais également tout ce qui risquait d'en découler.

-Vous... Vous devriez faire quelque chose pour Kioshi. Il tient vraiment à vous. Il ne s'en remettra pas et il y aura des conséquences...

Voir des répercutions sur le village, et elles ne seraient que pernicieuses. De toutes les personnes touchées par ces événements, sa réaction serait sans doute la plus démesurée. Néanmoins, au fond, je m'inquiétai simplement pour lui. Quand Zanshi représentai pour moi l'image maternel que je n'avais jamais eux, le Yamada, lui, prenait d'une certaine façon à mes yeux, le rôle un grand frère bienveillant. De manière plus général et comme ma sensei me l'avait si bien apprit, je percevais Suna comme une grande famille. Il y avait parfois de faux semblants, nous ne pouvions pas toujours être honnêtes les uns envers les autres, mais nous agissions tous par nécessité dans un intérêt commun.

-Si je puis vous aider dans d'autres préparatifs, je suis prête à vous aider. En attendant, vous saurez ou me retrouver.

Sur ces mots je me levai de ma chaise, m'inclinai respectueusement pour la saluer avant de me diriger vers la sortie. Je comptais retourner au Kenkyuujo, mais cette fois-ci pour commencer un tout autre travail. J'avais une arme à fabriquer. Une arme qui ne servirait qu'une seule et unique fois.