Cher Démon,

Sache que j’ai bel et bien reçu tes lettres et te remercie de l’attention et du temps que tu m’as accordé. Je ne te cacherai pas avoir en effet bien rigolé après réception de ton premier courrier. Mais n’y vois pas une moquerie quelconque à ton encontre. Je suis au contraire flattée de ton invitation. Cependant tu dois probablement te rendre compte de la grande différence d’âge qui nous sépare. C’est également sans compter ma vie sentimentale désastreuses jusqu’à maintenant. Mais pourquoi pas un de ces jours, quand tu auras enfin du poil au menton ?

Concernant ta deuxième lettre … Je viens tout juste de la recevoir. Et je t’avouerai que j’en suis plutôt sceptique. Pas à propos de ta personne et de tes mystérieuses activités –il était plus que flagrant que tu avais tes propres secrets vu ta réticence à t’épancher sur ta vie et tes centres d’intérêt-, mais à propos de ce projet et de la zone d’ombre qui l’entoure. Je vais être franche, je ne te donnerai pas rendez-vous pour que nous nous voyions en face à face afin que tu m’expliques de vive voix toute cette histoire.

En un autre temps je me serais déplacée pour avoir tous les détails que tu aurais bien voulu concéder me faire part en tant que client, mais ces derniers jours ont été assez mouvementés et le timing de ton dernier courrier semble bien trop fortuit pour être ignoré. En toute honnêteté, je ne te connais pas assez pour te faire confiance. Je m’en voudrais de me jeter dans la gueule du loup car ne connaissant pas tes liens avec certaines personnes à qui j’ai récemment causé du tort et qui en voudraient à ma vie.

Je ne m’avancerai donc pas sur mon implication dans ton projet. Mais n’hésites pas à m’envoyer plus de détails. Métaphores, sceaux, codes, il y a bien des manières de sécuriser une missive. Peut-être renonceras-tu à faire appel à mes services, mais sache que mes récentes craintes sont le prix à payer de mon efficacité au cours de ma dernière mission : l’assassinat de Seitô Sabakyô, chef du Shoraizen, organisation mondialement connue et criminel recherché. J’espère avoir réussi à garder un intérêt à tes yeux suite à ce dernier aveu.

Cordialement,
Miko Aburame

Cher Demon

Va pour un dîner. Rien de trop flagrant, une auberge serait tout à fait appropriée. Je me rendrai au Shozaichi sous peu, peut-être pourrons-nous nous rencontrer là-bas si les autorités en place n’en veulent pas à ta peau. Ce serait dommage pour un Nukenin aux idéaux nobles, mais compréhensible pour quelqu’un qui vivrait en reclus par rapport aux autres membres de son clan y séjournant. Quelques petits contre temps et affaires que je trouve plutôt urgentes m’empêchent de te rencontrer sur le chemin tu m’en vois navrée.

Que dirais-tu de se retrouver d’ici … disons deux semaines ? Tout ça reste bien mystérieux et ta réponse est restée avec déception plutôt floue. Sache que tes compliments n’ont pas anéanti ma méfiance mais … Disons pour nos affaires que je te crois. J’espère avoir raison et de ne pas m’embarquer dans une histoire que je pourrais regretter. Je me réserve néanmoins le droit de me retirer dépendamment de la dangerosité de la chose. Je suis très peu portée sur les missions suicides.

Ma vie tout comme mon passé et mon avenir sont pour le moins compliqués, t’y faire une place est hors de question … Mais peut-être cette fois notre rencontre pourrait se prolonger. J’ose espérer te voir au Shozaichi, la sécurité d’une ville ninja me rassurant bien plus qu’un simple village quelconque ces temps-ci. Mais regarde-moi, à t’écrire constamment à propos de la dangerosité de ma vie et des risques associés. Et toi qui pourrait être mon employeur … Peut-être ferais-je mieux d’arrêter de me plaindre.

Savais-tu sinon que le Shukai était devenu un Empire sous l’égide de Kakeshuou Samui ? Des rumeurs en parlaient. J’avoue ne pas savoir ce que j’y trouverai mais j’y vais néanmoins confiante. C’est un renouveau pour cette nation, à voir si ce renouveau sera positif pour nous qui sommes sans village.

Avec affection,
Miko

Elle se dégoutait elle-même. Lui écrire comme si elle s’était véritablement liée d’affection pour lui. Tant d’hypocrisie en une lettre. Se faire passer pour fragile auprès d’un inconnu qu’elle avait rencontré une fois dans un bar … Mais bon, mieux valait attirer sa sympathie et feindre l’innocence. Ainsi il serait plus facile pour elle d’en apprendre plus sur son sujet et ce qu’il pouvait réellement lui apporter.