Il y avait longtemps qu’on avait bandé les yeux de Kyoshi Rei. A vrai dire, ses cheveux blancs étaient la seule chose qui restait découverte. Le reste du corps de l’ancienne Ombre de Suna ressemblait plus à une momie qu’à autre chose. Les instances du village caché du Sable n’avaient pas fait dans la dentelle car en plus d’accorder une place de choix au terroriste, c'est-à-dire l’une voire la chambre la plus sécurisée de l’Ergastule, ils lui avaient privé de tout mouvement, même les plus insignifiants. Il lui était impossible de bouger ne serait-ce que le petit doigt. Mais plus encore, même sa respiration avait du mal à se faire tant les bandages étaient collés à sa bouche et écrasaient ses narines.

Derrière les barreaux, quelques shinobis importants étaient venus pour s’assurer que tout ce qui avait été décidé avait été scrupuleusement appliqué. Les barreaux se fermèrent, scellant à tout jamais à l’Homme Masqué un sort peu enviable.

« Kyoshi Rei, ancien Yondaime Kazekage et connu sous le pseudonyme d’Homme Masqué. Vous êtes condamnés pour les méfaits suivants : capture d’un criminel ici-même, assassinat de plusieurs Sunajins, haute trahison, meurtre de shinobis dans d’autres pays, haute trahison mondiale, tentative d’assassinat, tentative d’attentat, attentat sur Konoha, attentat sur le Temple de Kyûbi, complot envers les différents Kage, prétendu meurtre du Shodaime Raïkage, alliance avec le Furyou Meteora… »

Très courte pause. De toute manière, le condamné ne pouvait plus rien dire. Il n’avait même pas la force de sourire.

« … à deux cent ans d’emprisonnement dans cette cellule de l’Ergastule. Cette sentence est irrévocable et prend effet immédiatement. »

Les différents shinobis et gardes se retirèrent, laissant ainsi la solitude et l’obscurité prendre d’assaut Kyoshi Rei. L’ère de celui qui avait été un temps l’ennemi public numéro un était-elle terminée ? Pour Suna, oui.

Pour lui…
Non.

Spoiler:

Saibogu Shun profita de toute l’agitation subie par le village, sûrement à cause d’actions menées par Kyoshi Rei. Maintenant qu’il était libre, qu’on le croyait mort et que le nombre de shinobis au sein du village était fortement réduit, il savait exactement ce qu’il avait à faire. Au final, le plan de son maître s’était parfaitement bien passé.

Il sauta de toits en toits jusqu’à arriver à l’endroit voulu. Ses connaissances profondes en tant que Saibogu lui permirent de contourner facilement les premières mesures de sécurité de l’Ergastule. Et au vu de la dangerosité de l’Homme Masqué, le jeune homme concentra ses recherches sur les cellules les plus importantes. Et il ne tarda pas à le trouver.

Kyoshi Rei était là, entravé de toute part. Son visage était caché, sa bouche ensevelie sous de multiples épaisseurs de tissu. Son maître avait tout d’une momie. Et il était temps de la sortir de son sarcophage.

Saibogu Shun arracha les tissus, déchira les parchemins et libéra petit à petit un homme qui reprit pleinement sa respiration et le contrôle de son corps. Dès que Kyoshi Rei bougea, son serviteur s’inclina respectueusement.

« Bonjour, maître. Tout s’est passé comme prévu. »

L’homme démasqué craqua sa nuque, puis ses phalanges. Il esquissa un sourire. Il fit un pas, puis caressa son fidèle.

« Très bon travail. Tu vas maintenant faire diversion, je veux que les quelques shinobis encore présents dans le village te pourchassent. »

Saibogu Shun acquiesça par un hochement de tête. Puis il hésita à poser une question. Après tout, que risquait-il ?

« Bien maître. Mais permettez-moi une interrogation, comment avez-vous réussi à les comprendre à ce point ?
─ Shun, si quelqu’un t’attaque, que tu l’arrêtes, mais qu’une copie de cette personne t’attaque à nouveau ensuite, que penses-tu ?
─ Que c’est un clône, maître.
─ Exactement. Ils ont cru que j’avais gardé mon véritable corps pour le deuxième assaut… mais non. Le véritable Kyoshi Rei, c’est moi. »

Une erreur d’appréciation qui allait coûter cher à Suna. Car lorsqu’ils avaient annoncé la condamnation de l’Homme Masqué, ils avaient également prononcé la leur. A cet instant, il n’y avait pas eu une, mais deux condamnations.

Il sourit, et son serviteur l’imita. Tous les deux s’étirèrent, et sortirent de l’Ergastule.

Le massacre allait commencer.