- Dis Hiruko, c’est quoi ce tatouage sur ton poignet ? Woah j’peux toucher ? Trop beaau…

- Gnph… Mais reste calme un peu bon sang ! Déjà que m’occuper de toi c’est assez ch… Pas drôle comme ça.

J’avais oublié, pas d’mauvais mots devant le môme. Mais difficile de se retenir quand on voyait la situation. J’avais intégré le village deux semaines auparavant. Je ne connaissais personne. J’avais personne. En plus c’est trop chaud, je suinte toute la journée comme un gros porc. Y’a que des petits groupes, les gars qui m’regardent du coin de l’œil se comptent par mille et en plus j’dois faire la nounou sinon je crève de faim et je suis obligé de dormir dans la rue. Le pire c’est que sa maman est bien bonne le gosse, tu vois ? Du coup moi ça m’fout les crocs encore plus.

- Bon allez au lit la grosse... Euh j’veux dire le gosse. Mais bon t’es gros et tu ressemble à une fille quand même. Si un jour j’monte un groupe d’Emo avec burger dedans, j’t’appelle.


- Mais, t’avais dit qu’on fera des knackis !

- Ouais bah j’ai menti, heheheh ! Et même que le père noel ça existe pas.

- C’est quoi un père noel ?

- J’sais pas non plus en fait.

- Lol.

- Et ça ça veut dire quoi ?

- Walah aucune idée frère.

- Bon file sinon on va encore me faire chier avec ces conneries de 4ème mur. Et me demande pas c’que c’est, j’sais pas.

La maison était soudainement plus calme. Je fis basculer ma tête sur le marbre froid de la table, étendant ma main, parcourant mon poignet de mes doigts alourdis le tatouage. Enfin, tatouage… N’importe quel ninja sait que c’est un fuïnjutsu. A c’que m’a dit le médecin, un fuin très puissant. Le problème c’est que j’ai jamais su ce que c’était. Mes parents n’ont jamais voulu me le dire. J’espère juste que c’est pas un truc pour me faire exploser à distance. Remarque, c’est bien le genre de la maison…

*** Deux semaines auparavant***

La salle désinfectée dégageait une certaine aura que je trouvais malsaine. Trop stérile, trop javélisée, trop propre, trop blanche et rangée, un peu vide, pas trop chargée… L’odeur du désinfectant aussi était assez gênante, je n’étais pas habitué à ça et puis le « rien » lavé, ça sent mauvais. Je sais pas trop comment expliquer… Un peu comme la doc’. Elle aussi, elle avait cette mauvaise odeur de rien, cette sensation de trop propre et d’isolé, elle me la faisait parvenir aussi. Elle s’était juste contentée d’un regard de derrière ses petites lunettes, relevant une mèche tombante avant de m’ausculter, et de faire quelques tests de chakra, ou j’sais pas quoi. Son ongle, très bien entretenu pour une kunoïchi, s’arrêta ensuite sur le sceau. Encore ce même regard aseptique.

- C’est quoi ?

- J’crois c’est un bouton pour faire pleuvoir des chips. Genre regardez…

J’appuie sur le sceau, et j’fais sortir quelques miettes de chips de ma poche, les faisant voler dans toute la piece :

- PLUIE DE CHIPSU NO JUTSU !

L’eisenin crispa son poing tellement fort que la feuille qu’elle tenait se froissa. AH ! ENFIN UN REGARD PLUS EXPRESSIF ! C’EST PAS TROP TOT, SALOPE !

- Attendez, vous lisez pas dans les pensées ou un truc du genre parce que c’que j’viens de penser j’le pensais p… Euh, bref, j’sais pas c’que c’est ce truc non.

Voilà, j’ramène un peu de joie dans ce village de paysans et c’est comme ça qu’on m’remercie. Fais pas la grincheuse, il est pas plus joyeux ton cabinet comme ça ?

- Allez me chercher La Boule. dit-elle en s’adressant à son assistant, un petit nain.

- EH PASSE PARTOUT FRERE FAIS PAS CA SERIEUX REVIENS J’AI PAS ENVIE D’ALLER AU CACHOT MOI J’VEUX FELINDRA

Bah bravo ça aura pas duré plus que quelques heures. Au moins, le bon côté des choses c’est que j’vais pas être ninja de suna maintenant. Bon, j’vais toujours rester à Suna, au cachot certainement, mais c’est ça d’gagné.

- Sinon votre assistant il vous chante des trucs parfois, genre « Je suis passe-partout, du fort-boya »… Non ? Je guide les casse-cous, et les bernards… C’est bernards ou loubards déjà ?

De quoi, j’m’enfonce encore plus, mais rien du tout mon gros… En parlant de gros, le voilà qui arrive, mon bourreau, avec sa grosse bedaine et sa coiffure pas très chevelurisée…

- Mettez moi en prison si vous voulez, mais vous n'aurez pas, Ma liberté de penser.

Fermant l’œillade et prenant une des allures les plus dramatiques et surjouées, je tendis mes poignets que la boule tint fermement.

- WOWOWOW GROS… J’veux dire le prends pas mal quand j’te dis gros hein, c’est une appellation tu vois mais moi j’pensais que c’était une blague tu vois… Genre y’a une chute ou j’sais pas quoi tu vois.

- Il dit qu’il sait pas ce que c’est. Tu pense que…

- Vu comme ça, ça en a tout l’air… Déjà qu’avec sa tête d’ahuri c’est pas gagné… Esperons que c’est pas ça, je reviens je vais chercher mes bouquins. Il va y’avoir du boulot, c’est très complexe.

- Tout sauf Ebola tout sauf ebola tout sauf ebola s’il vous plait seigneur. C’est juste un cancer hein ? Allez rassurez moi s’il vous plait.

Mais rien qu’un regard, encore une fois. Mais cette fois, il n’était plus vide. C’était un mélange de peur, de stress et de beaucoup d’agacement. Qu’est ce que c’est que ce fichu sceau ? Cette seule part de mystère de ma vie, auquel même mes parents n’avaient pas répondus.

Erf, deux heures maintenant que ces deux mongoles retournaient mon poignet dans tous les sens, traçaient des courbes et comparaient avec des images d’autres fuinjutsu, brunies par le temps. Dans un certain sens, ça m’inquiétais. Qu’on se donne autant de mal et de temps pour moi. Qu’on ne me soupçonne pas, ni qu’on ne me pose d’autres questions me dérageait encore plus. Je voulais savoir mais j’étais trop pensif pour demander.

- Ouf ! C’est pas ça Anabi-sama. Heureusement, on aurait frôlé la catastrophe. Les quatre derniers glyphes différent un peu, et le 5ème est totalement différent. Vous imaginez, un jinchuriki à Suna ? Ca aurait tout chamboulé, et pas forcément dans le bon sens. Par contre ça reste un jutsu de scellement très puissant. C’est un sceau croisé très complexe. Une moitié est un sort de scellement de technique, l’autre d’entité, et ils sont séparés par une sorte de fuin émotionnel ou je ne sais quoi.

Mais ma parole ils sont sous LSD ou quoi.

- Du coup c’est pas dangereux ? J’peux valider son dossier ?

- Oui, ne t’inquiète pas. De toutes les façons il n’y a que lui qui peut agir dessus, et c’est très compliqué. Et puis, je pense que ce qui est scellé ne présente pas de menace. Mais j’me demande tout de même ce que c’est.

***Une vingtaine d’années auparavant.***

L’homme encapuchonné avait dû marcher quelques minutes pour s’éloigner de l’oasis. Le bébé était étrangement calme pour une fois. Une fois que le sable l’avait entouré des quatre coins, il déposa le rouquin, plaquant son pouce ensanglanté sur le sol. On comprends tout de suite pourquoi il avait pris soin de s’éloigner de l’oasis. Un macaque géant en pyjama à pois roses venait de faire son apparition. Marmonnant des insultes incompréhensibles, le primate se frotta les yeux, manquant de faire voler le bébé d’un coup de queue impromptu
- Bah bravo morray ! J’t’ai déjà dit que les singes tout comme vous, ça dort la nuit. ALORS NE M’INVOQUE PLUS QUAND JE REVE DE BANANES GEANTES !

- Désolé Ener, tu m’connais. Des fois ça m’prends…

- Ouais ouais commence pas avec tes monologues à la con tu vas me faire oublier mon rêve, y vas pas par quatre chemins et dis moi c’que tu veux.

- J’voudrais faire un cadeau à Takeshi du coup j’ai pensé à un pacte avec vous… Les singes.

Le roi des singes sursauta, faisant trembler la zone :

- T’es conscient de ce que tu dis, là ? T’es conscient que si il essaye d’invoquer un de nous par inadvertance, ou même en voulant jouer, il meurt sur le coup vu ses réserves ? Donner un pacte à un enfant à cet âge là…

- Mais ferme ta mère et écoute un instant. J’ai travaillé sur un sceau pendant trois mois. Avec ça, sois sûr qu’il pourra pas vous invoquer avant d’avoir le chakra nécessaire. Il va bloquer le pacte jusqu’à ce qu’il soit à un point vital de sa vie, où il sera très certainement menacé de mort. Une sorte de sceau activable une seule fois, avec le chakra nécessaire et une peur très intense, même si il n’a pas conscience du pacte et qu’il ne sait pas vous invoquer. J’veux un cadeau qui lui soit utile tu vois ? Un truc qui puisse lui sauver la vie, qu’il aura quand il sera plus grand. J’veux quelque chose qui sert. Du coup pour une fois j’ai bien fait les choses, tu pense pas ?

- Mouais… C’est ton gosse au pire.

***Année 8 – Hiver.***

J’étais en mission d’infiltration sur les terres d’âme. Une sombre histoire de drogue qui mêlait plusieurs clans puissants et influents. Ca dérangeait suna, parce que le flux de coke faisait son chemin vers nos rues. Ma mission était bien évidemment de faire flamber les stock avec mon katon. Encore fallait savoir où était l’entrepôt. Au bout de deux semaines j’étais devenu un habitué de l’auberge. Assez pour connaitre deux trois personnes, dont une fille avec qui je discutais souvent. J’suis pas du genre sentimental, j’en ai rien à foutre même. Mais je sais comment les femmes fonctionnent. Et comme à Ame, y’a tout le temps d’la pluie, j’ai une odeur potable, tu vois. A force de flirt, elle était tombée dans mon jeu. J’l’ai fait boire bien comme il faut, puis on est montés dans ma chambre. Mais j’l’ai pas baisé, ni même touché. Pas mon genre.

- Dis moi bébé, j’peux t’appeler bébé, non ? J’ai bien envie d’m’acheter un peu de drogue, pour voir c’que ça fait, pour essayer avec toi, tu vois ? Tu sais pas qui en fait dans le coin ?

- Mueeeeh... J’crois hips… Que le Gros Fuji… Il en deal.

Le lendemain, j’avais filé le Gros Fuji, et bingo ! Toute la cargaison. J’ai bien fait cramé les dizaines de tonnes de drogue en tout genre qu’il y’avait. Sauf que voilà, ça avait rameuté une bonne partie de la bande. Une vingtaine de bandits me suivaient, et une bonne autre vingtaine devant moi. Merde, j’avais pas signé pour ça moi !

Dix sont tombés, puis vingt. Puis trente. J’avais déjà de nombreuses plaies, dont deux très graves, et ma reserve de chakra était assez bien entamée. Et puis trente, certes, mais des civils… Ceux qui restaient debout étaient surement des ninjas. De bas rang certes, mais des ninjas quand même. Mon souffle était saccadé, j’avais du mal à bouger.

- Pas du poison…

Mais c’en était bien. Cette réalisation fut suivie d’un coup aux côtes, puis de deux, puis d’un bâton cassé sur mon dos, et un poignard dans ma chair, puis de mes yeux qui se sont fermés.

Pour se rouvrir quelques heures après. Le sceau à mon poignet c’était effacé, et j’étais sur le dos d’Ener, le roi des singes.


Ainsi commença mon aventure avec son peuple.