Ergastule. Des prisons souterraines où sont enfermés esclaves et ennemis. La confection de ce bâtiment réalisée par mes confrères Saibogu. Les points faibles, je les connaissais. Les accès qui étaient moins surveillés que les autres, je les connaissais aussi. En terme bref, j’avais la possibilité d’entrer sans me faire remarquer. Cela dans la théorie. Dans la pratique, les Shinobi en charge de la sécurité de cet établissement était doué de sens extraordinairement développés rendant la tâche relativement ardue ! Aujourd’hui, je n’avais aucunement l’intention de me rendre dans cette prison pour faire des miennes. Ce n’était pas le moment. Je devais encore être discret. Aussi, la raison de cette visite inopinée : trouver un esclave qui n’a plus goût à vivre pour lui faire vivre quelques sévices. Pas par plaisir, mais par nécessité. Parfois, les inventions Saibogu ont besoin de cobaye humain pour vérifier la solidité, la fiabilité et la qualité des oeuvres.

Je pénétrais donc à l’intérieur de la prison, donnant mon identité et la raison de ma venue à l’agent en charge du contrôle d’accès tandis qu’il m’accrochait un badge au niveau de mon torse vêtu d’un simple t-shirt noir. Les marches jusqu’à l’étage inférieur s’avéraient pénibles. Avec nonchalance, je descendais. La lueur de mes orbites illuminait très légèrement l’escalier laissant un atmosphère sordide. Mes pas, lourds, résonnaient dans l’immensité du couloir avant d’arriver enfin à destination. A gauche, comme à droite, des cellules à perte de vue. Des bras maigres et coupés de toutes parts tentèrent de m’attraper par la manche courte de mon haut. Je m’écartais. Je ne voulais pas les abîmer : ils pouvaient m’être utile. En restant face de profil à une cellule, un esclave était présent. Il gisait au sol, tentant de percer mes orbites bleuâtres pour en cerner mes pupilles. Impossible. Ses doigts se retractèrent dans la terre. Ses ongles étaient sales, son aspect horrible. Du cambouis de haut en bas. Il sentait mauvais. L’esclave semblait s’accrocher à la vie, pourtant, dans le tréfonds de ses yeux, il voulait mourir. Cela se voyait !

Dans ma poche, je sortis une petite clé que j’enfonçai dans la serrure. Un “clac” retentit alors dans le sombre couloir suivit d’un grincement désagréable. L’esclave tenta de s’échapper par la légère ouverture mais fut stopper net par ma poigne. L’ayant saisit à la gorge et resserrant mon étreinte, je sentais ses forces s’envolaient. D’un geste vif, je le renvoyais à terre dans le coin où il était avant de tenter sa chance. Je refermais ensuite la porte derrière moi. Il faisait sombre, très sombre. Le faire sortir de là serait intéressant : voir comment ses pupilles allaient se comporter face au rayon U.V du soleil. Mes mains blanchâtres et maigres vinrent le tâter de toutes part. Je devais savoir si la peau qu’il avait sur les os serait assez pour les sévices que je comptais lui infliger à l’intérieur de mon laboratoire. De toute évidence, il ferait l’affaire !

Vint le temps de le faire sortir d’ici. Je le pris par le poignet et le soulevai de quelques centimètres. Il trainait les pieds et cela commençait déjà à m’agaçer ! Bon sang ! Il ne pouvait pas être docile pour les quelques heures qu’il lui restait à vivre ? Violemment, ma jambe vint le heurter au niveau du thorax. Un jet de sang sortit de sa bouche tandis qu’il se mit en position foetale tant la douleur l’avait envahit. Cette fois, je le pris par les cheveux et je ne me gênais pas pour le faire traîner sur le sable, celui-ci lui coupant le corps de toutes parts. J’arrachai le badge que je lançais sur le comptoir des agents et il était enfin temps de se diriger vers le laboratoire. Beaucoup de mes oeuvres pourront être testés sur cette esclave…

Des appels aux secours. Un gamin, deux gardes. Les paramètres à prendre en compte était simple. Mais mon caractère rendait la tâche compliquée. Je n'étais pas du genre à courir aux appels à l'aide. Bien au contraire : ces appels de détresse venaient le plus souvent de mes victimes. Ou en tout cas, de celle de s'aventurant aveuglément dans ma maison piégée de toutes parts. Toujours aux côtés du Poste de Contrôle des gardiens pénitenciers je lançai mon esclave par les cheveux jusqu'à l'intérieur de celui-ci tandis qu'ils comprirent rapidement où je souhaitais en venir. Le gamin serait peut-être une proie plus agréable à chasser finalement. Oui... J'allais goûter à ce sentiment avec plaisir. Rebroussant chemin, je pris la direction opposé et pénétrai à nouveau dans les longs tunnels d'Ergastule.

J'entendais en écho les plaintes de l'innocent ainsi que la peur et la terreur dans sa voix. Jubilatoire ! Plus je m'approchai, plus les frissons se dessinaient sur mon torse nu. Je me rapprochais. De plus en plus... Jusqu'à arriver dans un énième tunnel. Quelques mètres plus loin, je vis les gardes lancer le gamin dans une cellule qu'ils fermèrent à clés rapidement. Je marchais dans leur direction tandis qu'ils passèrent à côtés de moi, me faisant un simple signe de tête en guise de salue. Quant à moi, j'allais avoir une conversation avec cet individu. Dans ce tunnel où l'obscurité régnait en maître, seul la lumière de mes globes oculaires illuminait le passage.

De profil, face à la cellule concernée, je restais droit. Je sentais un atmosphère lugubre, macabre. Je me répète : jubilatoire ! Mon visage se tourna lentement vers l'enfant tandis que mes globes l'illuminait lui d'une lueur bleuâtre. Ma respiration, naturellement forte, me rajoutait un trait psychopathe. Pourtant, bien que tout laissait à croire que le nouveau détenu allait vivre ses derniers instants, je souhaitais simplement parler. J'avais les capacités à le faire sortir de là. Après tout, nous étions – les Saibogu – les créateurs d'Ergastule. Mais quelques étapes allaient devoir être passées... Allaient-ils les passer avec prouesse ? Ou serait-il contraint à pourrir dans cet endroit ?

« Nous ne nous connaissons pas. Nous nous sommes jamais vu. Jusqu'à maintenant, nous ignorions même nos existences. Pourtant, nos chemins viennent de se croiser. »

Les dés étaient jetés. J'allais m'amuser avec lui, avec son faible mental. Il allait me montrer ce qu'il a dans l'estomac, et j'espérais sincèrement voir de belles choses ! Jusqu'où irais-je ? Je ne sais pas encore.

« J'aime à dire que lorsque l'on me voit, c'est que l'on passe la plus mauvaise journée de sa vie. » Une seconde de répit à mon interlocuteur avant LA question. « Est-ce le cas ? » Dis-je, tout en inclinant légèrement la tête sur le côté, guettant les moindres de ses réactions. « La première règle, c'est de mesurer ce que tu dis, et l'ampleur des conséquences que cela peut avoir. »

Je me mis accroupie. J'étais à sa hauteur. Je dirigeai ma main dans ma poche, et en sortit un trousseau de clé. Les clés du village. Ce trousseau pouvait ouvrir quasiment tous les bâtiments du village. Nous étions tous en possession de ce trousseau afin de nous permettre de régler certains soucis. L'utiliser à l'encontre de Suna n'était cependant pas possible du fait du sceau qui lui fut apposé jadis.

« J'ai en ma possession, les clés de ta liberté. Sauras-tu t'en montrer digne ? » Lui demandai-je tandis qu'un second sceau vint sceller les clés. « Que le jeu commence. »

L'enfant semblait sous estimer le fait qu'il ait la possibilité de moisir pendant plusieurs mois dans cette prison tant redoutée. L'Homme capable de réduire sa peine et de le faire sortir dans les minutes qui suivirent, c'était moi. Toutefois, il ne se pliait pas aux règles préalablement stipulées. J'avais pourtant été clair. Il devait mesurer ses paroles ainsi que leurs conséquences. Mon objectif ? Le pousser psychologiquement parlant jusqu'à ces derniers retranchements, qu'importe les séquelles médicales qui en découlent par la suite. Haussant mes pupilles vers le ciel, le tout cacher par ce masque aux globes oculaires lumineux de couleurs bleu, j'en avais déjà marre. Pas question de le lâcher maintenant, le mérite t-il ?

« La seconde règle... Je pose les questions... Tu réponds aux questions... Ni plus, ni moins. Pas de fantaisie, tu vas à l'essentiel. » Dis-je d'une voix calme et autoritaire. « Pourquoi les gardiens t'ont-ils jetés dans cette cellule ? »

Généralement, les surveillants pénitentiaires n'ont pas pour habitude de procéder à la détention d'un individu sans preuves concrètes... Il avait forcément dû faire quelque chose pour mériter une peine... Je me relevai, et l'observai droit dans les yeux. Il n'avait pas le profil d'un voleur, d'un tueur ni même d'un quelconque malfrat. Il semblait être qu'un bon à rien. Il fallait que j'en sache un peu plus sur lui, mais tout d'abord je devais le pousser à bout...

« Tu es un voleur? Tu as tué quelqu'un ? Abusé d'une jeune femme sans défense ? » Un léger rire sortit en écho de mon masque. « Tu as le profil type d'un jeune en quête d'adrénaline, et tu t'es fait choper c'est ça ? » Je claquai des doigts tout en lui tournant le dos. « Donc cela ne sert à rien que je libère un gamin de ton espèce... Tu me confirmes ce que je dis ? »

Tout en restant dos à mon interlocuteur... Je pris une profonde inspiration profitant de l'atmosphère glaciale qui régnait en maître à Ergastule. Il devait plaider sa cause. Lui qui semblait être immature, dénué de tout sens des responsabilités, il devait maintenant se projeter dans un univers qui lui était inconnu : être un adulte. Finalement, au lieu de le briser... C'est une leçon de morale que je lui faisais... Le résultat de cette expérience sera bientôt – ou pas – disponible.

« Au cas où tu ne l'aurais pas compris gamin, tu dois plaider ta cause et me trouver des arguments plausible qui pourrait me faire changer d'avis quant à la durée de ta détention. » Je me retournai et lui fis face. « Si tu réussis, tu es libre. Si tu échoues, tu vas devoir t'habituer à l'obscurité omniprésente, l'insalubrité, le traitement des surveillants parfois humiliant... A toi de démontrer que tu es qu'un innocent de plus que l'on a jeté à son insu dans une taule de merde. »

Je me mis assis sur le sable froid tandis qu'en position du lotus, j'écoutais patiemment le gamin dont les seules pensées devaient être la vie d'un taulard alors qu'il n'est qu'un ado. Rien que cette idée me faisait frissonner de plaisir... Allez mon grand, joues un peu avec moi...