[Mission C] L'oeil de la tempête [Eden]

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Ordre de Mission:

Je me suis séparé du clan lors de notre trajet vers Kumo parce que mon cheval avait peur de la tempête qui rage depuis plusieurs heures. C'est ce qui arrive lorsqu'on se paye une veille bourrique au lieu d'un étalon. Miyuki, là-dessus, avait bien raison. J'ai donc expliqué à mes alliés de se rendre tout de même jusqu'à notre destination pour faire de la reconnaissance alors que j'allais attendre la fin des bourrasques violentes avant de reprendre le chemin.

Non loin de ma position, je réussi à trouver un petit village de fermiers. Alors que j'arrive et y laisse mon cheval dans l'étable de l'auberge, un éclair détruit carrément une maison sous mon regard subjugué. Je ferme rapidement les portes du bâtiment dans lequel j'ai laissé ma bourrique et me rue à toute vitesse vers l'établissement et y entre au même moment où la pluie commence à s'abattre avec une vigueur complètement insensée.

Entrant à l'intérieur, je remarque une grande masse de citoyens à l'intérieur ce qui me surprends. Je crois bien qu'ils ne sont pas tous des clients. La plus grand part me dévisage lorsque je pénètre les lieux. La situation me faisant sourciller, je décide de poser la question à la personne la plus porche au lieu de me rendre jusqu'au propriétaire de l'endroit.

- "Bonjour. Je me nomme Takusanken. Pourquoi y a-t-il autant de monde dans l'auberge? Est-ce que c'est possible de prendre une chambre?"

L'homme me jauge pendant un bon vingt secondes avant de prendre parole.

- "Vous avez beaucoup de sabres monsieur."

Je réalise que j'ai encore mes sept Katana à la ceinture. Je suis tellement habitué d'en avoir sur moi que j'ai complètement oublié l'effet que ça pouvait avoir sur les gens.

- "Ne vous inquiétez pas, je ne suis pas un brigand. Dites-vous que j'en ai quatre-vingt autres que j'ai laissé un peu plus loin," répondais-je en laissant une pause. "Néanmoins, dites-moi monsieur, puis-je louer une chambre et pourquoi est-ce qu'il y a tant de gens ici?"

Il m'explique donc que c'est une coutume du village de se rendre dans l'établissement le plus grand du village lorsqu'il y a une grosse tempête pour s'encourager et pourrait causer si jamais un autre éclair éclate ce bâtiment, mais j'en fais fi et je passe à autres choses. Par la suite, l'homme m'indique que l'aubergiste n'est pas très loin et que je peux lui en parler.

Je le remercie et répète le manège avec l'interpellé qui avait déjà fait une partie du chemin. Celui-ci m'explique qu'il reste des chambres et qu'il peut prendre soin de mon cheval. J'allais lui demander à quel genre de prix m'attendre, mais, soudainement, la porte ouvre tout aussi brutalement que lorsque je l'avais ouverte. Un homme à la longue moustache entre, le regard un peu fou. En une seconde, il me remarque et accours dans ma direction.

- "Monsieur Shinobi! Monsieur Shinobi! Nous avons besoin d'aide, s'il-vous-plaît!"

Surpris, je réponds tout de même du tac au tac.

- "Bien sûr! Que puis-je pour vous?"

- "Un éclair a fait exploser la mairie et une partie des rondins qui font le tour du village pour nous protéger des bêtes! Nous pouvons la réparer, mais ces créatures sont féroces. Est-ce que vous pouvez nous aider! Nous n'avons pas beaucoup d'argent, mais nous pourront payer tous vos frais!"

Je souris allègrement.

- "Ce sera avec plaisir. C'est ce que fait mon clan. Nous aidons les gens. Cependant..."

Je me rends à quelques pas pour observer l'extérieur.

- "Je crois que ce serait une très mauvaise idée de faire les réparations durant la tempête qui ne semble pas vouloir se terminé sous peu. Je suggère que nous restions tous ici et que, demain, je chasse les bêtes qui auront pénétrés dans l'enceinte de votre village," continuais-je doucement. "Donc, ensuite, nous pourrons rebâtir. Est-ce que cela vous conviendrait?"

De nombreuses heures étaient maintenant passées depuis qu’une Kaguya avait rejoint ce village sans nom. Sans trop savoir pourquoi, ni comment, ses pas l’avaient guidés jusqu’ici, sur les terres de la pluie. Ces paysages constamment pluvieux étaient plutôt moroses aux yeux de la jeune femme. Mais ils faisaient naitre une drôle de nostalgie. Ces phénomènes n’étaient pas sans lui rappeler Kiri. Ou anciennement Kiri. La neige incessante, à perte de vu pendant une période de l’année. La seconde n’étant que brume et pluie. Quel étrange retour en arrière. Quand bien même elle avait quitté sa patrie très jeune, elle se surprenait à se souvenir de détails aussi futiles tel que la neige, la pluie, le craquement des braises dans la cheminée. Enfin … Qu’importe. La tempête obstruait son voyage. C’est à contre cœur – et par nécessité – qu’elle fit halte dans ce hameau. Frais payé et affaires posées, Eden s’était recluse dans sa ‘chambre’. Si toutefois on pouvait appeler cela une chambre. Le mobilier était très rudimentaire, une couche, une table ainsi qu’une chaise. L’humidité commençait à ronger le bois, laissant l’odeur du pin s’effaçait pour la pourriture. Charmant non ? Mais on ne peut plus supportable pour une seule nuit. La jeune femme n’allait pas s’attarder. Une fois la tempête levait, elle s’en irait …

Sur le lit, adossée contre le mur, l’ombrageuse demoiselle se faisait sourde aux bourrasques de vent, tout comme aux conversations bruyantes un peu plus bas. A vrai dire, elle n’avait qu’à tendre l’oreille pour suivre la discussion. Mais au lieu de cela, elle avait le nez dans un ouvrage. Quand seule vous vivez, seule vous devez vous distraire. Eden trouvait son unique distraction dans la lecture. Elle aurait très bien pu se jeter dans les tavernes, boire jusqu’à en perdre la conscience … Mais l’odeur de l’alcool lui donnait la nausée et les ivrognes réveillaient en elle une envie de violence. Ainsi, elle lisait sagement, à l’abri de toute personne et les embêtements qui vont avec. Asociale ? En quelque sorte. Bien que sa lecture fut des plus intéressantes, la déconcentration prenait place, accompagnée d’une raideur dans la nuque. Eden se massa doucement, tout en reprenant sa lecture. Place des Milles Vents, les joueurs couverts de givre sont pareils aux bonshommes de neige. Une vapeur blanche s’échappe des nez et des bouches. Des aiguilles de glace, poussées sous le rebord de leurs toques, pointent vers la terre. Le ciel est de nacre, le soleil, cramoisie, tombe. Ses sourcils commençaient à s’abaisser jusqu’à se froncer. « J’ai déjà lu ça ?... » He bien, sa patiente ainsi que sa concentration s’étaient tout bonnement envolées. Titillée, la Kaguya abandonna son livre à côté d’elle et lance un regard vers la fenêtre. Bien qu’opaque, elle pouvait nettement distinguer la foudre fendre le ciel. Avec cet éclat vint un « Boum » qui manquait presque de la faire sursauter. Et en bas, la foule s’agitait. Maintenant, elle pouvait entendre « Monsieur Shinobi ! Nous avons besoin d’aide s’il vous plait ! » Un Ninja ? Ici ? La curiosité prit possession d’elle.

Tout en arrachant son manteau kaki à la chaise, la jeune femme quitta sa chambre. Sans se presser, ses bras passaient les manches pour s’y engouffrer, enfin elle roulait des épaules pour hisser le tissu sur son dos. La fermeture éclair remonta jusqu’à hauteur de poitrine, elle apparut enfin dans l’encadrement de la porte, cachée par des villageois. Oui, Eden n’était pas franchement grande … Habillement elle se faufile sur le côté pour entrevoir le dit Shinobi. Il n’était pas tellement difficile de le reconnaitre. Mais il avait tout d’un rônin plutôt qu’un ninja. A n’en pas douter, le Blondinet devait être une sorte de bon Samaritain … Les nombres impressionnants de sabre qu’il possédait pouvoir rebuter les moins téméraires. Mais la sombre jeune femme n’en faisait pas partit. Ainsi, elle s’avançait et croisa les bras en regardant l’inconnu de son seul œil visible. Cette même mèche tombante dissimulait à moitié l’emblème de son clan, qu’elle portait sur le front. « Cela fait beaucoup de travail pour un seul homme. » Fit remarquer la demoiselle d’un ton plutôt froid mais neutre. Elle n’était pas négative, elle ne cherchait pas à le décourager, elle était juste curieuse. Peut-être saurait-il la convaincre de se joindre aux ‘festivités’.

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Suivant mon discours, le visage du maire s'illumine. Je suppose qu'il est simplement heureux de pouvoir compter sur un étranger à l'allure combative alors qu'en fait je suis plutôt du genre à tenter de trouver d'autres solutions. Le combat qui n'a pas lieu est, selon moi, la plus grande des victoires. Néanmoins, contre des bêtes sauvages des environs, c'est différents. Les pauvres créatures agissent probablement par instinct. Je suppose qu'il s'agit de loups ou d'ours qui manquent de nourriture dans leurs habitats.

*Pourquoi avez-vous construit votre village si près d'une forêt si dangereuse,* vins-je à me demander.

La foule, lentement, se rassemble près de moi levant verres et pichets en signe d'approbation. Je lève mes mains et demande d'arrêter avant qu'ils se mettent à chanter "le blond, le blond". Ces villageois sont réellement facilement impressionnables et je ne désire pas en prendre avantage. J'accepterai simplement le repas et la chambre, mais sans plus.

Alors que j'allais expliquer mon plan à haute voix pour que tous les résidents puissent l'entendre, du coin de l'œil je remarque une damoiselle unique, différent du lot. Son regard n'est pas impressionné et son allure nonchalante, voire désintéressée, fait réellement schisme avec l'attitude des autres clients de l'auberge. Elle s'avance, se faufile plutôt, jusqu'à n'être qu'à quelques pas de moi. Son visage morose est partiellement caché derrière une large mèche. Elle m'observe, me jauge, pendant quelques secondes avant de s'exprimer sans la moindre émotion.

- "Cela fait beaucoup de travail pour un seul homme."

À mon tour je lui renvoie un regard similaire que je cache derrière un sourire chaleureux. Je ne dénote, sur le moment, aucune agressivité ou hostilité. En fait, étrangement, je ne remarque absolument rien outre sa petite taille et son apparence insensible.

Ainsi, prenant un cure-dent de ma poche et l'amenant dans ma bouche comme je le fais à chaque fois que je pense, j’analyse rapidement les dangers de cette mission impromptue puisque je ne voudrais pas mettre la vie d’une jeune femme dans la balance. Au même moment, l'image de Kennei apparaît pour une fraction de seconde dans mon esprit et je me souviens qu'il ne faut jamais juger une personne par son âge ou sa grandeur. Mon visage s'illumine soudainement. Ma décision est prise.

- "Mademoiselle, si c'est de l'aide que vous m'offrez, j'accepterais avec joie! Je me nomme Takusanken, mais vous pouvez m'appeler Taku," dis-je en marquant une pause lors de laquelle mes doigts s'emparent du bout de bois que je venais tout juste de placer entre mes lèvres. "Je n'aime pas les titres honorifiques. Alors, si nous pouvions nous en passer lors de notre conversation, ça serait bien."

Les civils retournent à leurs conversations, visiblement moins intéressés par notre rencontre, alors que j'indique une chaise à une table libre qui se trouve près d'une fenêtre. Malgré l'aspect rudimentaire du mobilier, voire de l'établissement entier, l'atmosphère qu'il émane est doux et chaleureux. Je suppose aussi qu'il est propice à de bonnes discussions.

Ainsi, prenant place, je demande à cette dame si elle a entendu mon plan et si elle voudrait y participer. Je rajoute en vitesse qu'il est toujours temps de changer des étapes ou d'en ajouter si elle est intéressée.

L’ambiance chaleureuse et festive n’était pas aux gouts de la jeune femme. Elle était plus adepte du calme, de la froideur de la solitude. Aussi loin que remonte sa mémoire, ses parents étaient comme elle sur ce point de vue. Peut-être était-ce ancré dans les gènes Kaguya. Malgré tout, elle ne pouvait s’empêcher de contempler ces visages joyeux, béats. C’était grotesque. Voilà ce qu’elle se disait. Grotesque et démesuré. Mais surement était-ce sa propre vie qui était trop compliquée pour qu’elle puisse se satisfaire de simples plaisirs. Ces gens n’avaient rien, ou peu de choses. La joie d’un sourire ou d’une bonne récolte devaient être suffisante pour les combler de bonheur. Enfin, au final, Eden s’en fichait pas mal. Très vite, elle était mal à l’aise. La foule acclamait l’Inconnu sans qu’il n’ait à faire quoique ce soit pour recevoir ce mérite. Aussitôt les chants se mêlaient au fracas des pichets de bières. Avec cela, l’odeur nauséabonde de l’alcool emplissait la salle commune de l’auberge. Génial, pourquoi être descendue déjà ? La jeune femme regrettait déjà son excès de curiosité. La prochaine fois, elle irait rejoindre son lit plus vite que prévu. Maintenant, il était trop tard pour filer. Surtout qu’elle avait attiré l’attention au Blondinet.

Elle le regardait donc, les traits dépourvus d’émotion, si ce n’est la morosité récemment ressentie. Mais hormis cette faille, son visage pâle n’était qu’une page blanche, ne trahissant aucune envie, encore moins de possibles objectifs comme l’agresser … Mais ce n’était nullement son but, l’ombrageuse demoiselle n’était pas folle, ou du moins pas encore. Un jour peut-être … Quoiqu’il en soit, elle le toisait presque, observant le moindre de ses mouvements. Le Blondinet s’armait d’un cure-dent qu’il coinça entre ses lèvres, il semblait réfléchir. Mais très vite, le rônin s’animait de nouveau. Mademoiselle, si c'est de l'aide que vous m'offrez, j'accepterais avec joie! De l’aide ? Elle n’avait jamais fait pareil proposition. Mais il ne passait pas par quatre chemins et ce côté direct ne déplaisait pas à la manieuse d’os. Elle détestait les faux-semblants et les mensonges. Ensuite, le Blondinet lui offrait son nom. Takusanken … Pas sûr qu’elle s’en souvienne, au pire, il y avait toujours la roue de secours : Blondinet. Pas sûr qu’il apprécie mais ce n’était pas grave en soit. La suite arracha un rictus à Eden. Il n’aimait pas les titres honorifiques. « Parfait, je ne comptais vous en offrir aucun. » Répliqua-t-elle du tac-au-tac, sans se soucier de le froisser. Manquerait plus qu’il soit susceptible … Ce serait bien sa veine.

Sans ajouter quoique ce soit, la jeune femme le suivit jusqu’à la table désignée pour prendre place en face de lui. Assise sur le bord de la chaise, ses jambes se croisaient tandis qu’elle déposa un coude sur la table. Elle se détourna légèrement de lui, en direction de la fenêtre alors que son menton prit place dans sa paume de main. Se tapotant doucement la joue du bout des doigts, Eden lança un bref regard par la fenêtre, la tempête était loin de s’apaiser. Après ce constat rapide, la glaciale demoiselle reporta son attention sur Taku’. Elle s’interrogeait encore sur le : Pourquoi je l’aiderai ? Qu’ai-je à y gagner ? Elle n’était pas vénale, Eden ne pensait pas à l’argent, ni à la gloire. Plutôt désintéressée, la jeune femme songeait à ce que tout cela lui apporterait. Un allié ? De meilleures compétences ? Mais avant toute chose et un petit silence. « Eden, c’est mon prénom. » Et son simple prénom serait suffisant, il ne fallait que voir l’emblème qui ornait son front pour connaitre le reste. « Et pour vous répondre … Je m’interroge surtout sur la nécessité de cette … ‘Mission’. A quoi bon chasser ces bêtes ? Elles reviendront quoiqu’il advienne. Là où il y a de la nourriture, il y a des bêtes. Alors que comptez-vous faire ? Éradiquer toute la faune du coin ? Leurs barricades sont tombées une fois, nul doute que cela arrivera de nouveau. A moins que vous ne soyez détenteur de mokuton pour offrir des remparts bien plus épais et solides … » Elle n’était pas défaitiste, juste réaliste pour le coup …

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*La jeune dame s'appelle donc Eden. Son visage est de glace. Si elle possède quelconque émotions, elle est une professionnelle dans l'art de le cacher. Outre son côté négatif, elle est polie et articulée.*

Suivant les paroles d'Eden, je prends un moment pour réfléchir alors que les rires et les cris des villageois remplissent la pièce. Je me retourne momentanément, toujours souriant, pour observer cette fresque que je n'ai pas suffisamment la chance de voir lors de mes voyages. En toute honnêteté, j'aime particulièrement cette ambiance rupestre qu’offrent les auberges de fermiers. C'est l'endroit où ils joignent leurs joies et les forces. Ici, ils sont solides et fiers. Je laisse passer un léger rire. Je retourne ensuite à ma conversation.

- "Je crois comprendre votre point, Eden," commençais-je alors que mon cure-dent valse dans ma main droite qui dance au gré de mes mots. "Je trouve aussi un peu ridicule l'idée de construire un village si près d'une zone à risque. Cependant, je suis du genre à vouloir aider les plus démunis. Ces gens m'ont demandé de l'assistance et je compte leur en donner. Si les fortifications ne conviennent pas, nous allons en construire des plus résistantes!"

Ma main gauche se dépose sur le pommeau de mon sabre, en signe de paix. J'avance légèrement sur mon banc, toujours en train d'analyser la jeune femme. Mon sourire s'est légèrement réduit en taille, mais j’apparais encore comme quelqu'un d'heureux. Tout comme elle, je cache mes émotions. C'est simplement que j'utilise un autre masque.

- "Mais, pour le moment, je veux simplement que ces gens qui m'ont accueillis puisse vivre en paix. C'est ce que je fais. C'est ce que fais mon clan. Nous protégeons et aidons les gens. Une fois que les bêtes auront été chassées, je compte enforcir leurs défenses. Avec des murs plus puissants, ils pourront vivre en paix."

Je glisse ma main gauche sur la table et replace le cure-dent dans ma bouche.

- "J'aimerais que vous m'aidiez, si jamais vous en avez le temps et l'intérêt! Qu'en dites-vous? Je vous offre, en échange, de venir vous aider dans une autre situation qui requiert de mon assistance dans le futur. Est-ce un salaire qui vous convient?"

J'attends sa réponse en lui offrant ma main droite dans l'optique qu'elle la serre si elle accepte ces termes. Je me doute bien qu'elle n'est pas du genre à quérir de l'aide, du moins c'est ce que je suppose. Inversement, notre relation pourrait être bénéfique pour elle qui semble blasée et cynique. Je ne sais pas si elle adhérera, mais je l'espère.

Dans un calme total, la jeune femme attendait les réponses et réactions du Blondinet. Enfin, elle ne se fiait pas forcement à ce qu’elle voyait, cela était dangereux. Et les émotions pouvaient être traitresses. On pouvait lui reprocher son indifférence apparente, mais Eden ne l’était pas totalement. Il n’était pas difficile de la faire réagir … Un autre Nukenin l’avait bien compris lui, à son grand dam. Combien de fois était-elle sortit de ces gonds en sa présence ? Combien de fois avait-elle tenté de le cogner sous la colère ?... Maintes et maintes fois ... La colère la rendait de flamme. Mais cette froideur faisait partit d’elle. Elle mettait sans cesse de la distance entre elle et le monde … Une protection comme une autre, mais que risquait-elle ici ? Se faire embrocher par une pioche ou une fourche ? Au pire, la plus grande menace était ce même homme en face d'elle. Contre toute attente, Eden n’arrivait pas à le craindre. Non pas qu’elle doutait de sa force ou de ses aptitudes, mais un type qui décide de donner de son temps pour aider des villageois n’était pas forcement à craindre, c’était ainsi qu’elle voyait les choses.

Et encore une fois, Takusanken soulignait son envie d’aider les autres, he bien … Il avait le cœur sur la main ce garçon, pensa-t-elle aussitôt. S’en était presque charmant. Face aux ‘critiques’ de la Kaguya, il apportait des solutions, certes très classique mais tout de même … Il parlait de fortifications plus résistantes. Sur l’instant, l’Errante le quitta du regard pour observer son propre bras posé sur la table. Sans bouger, elle touchait du pouce son index, appuyant sur le bout de sa phalange pour passer sur la moindre articulation. Son œil vagabonda sur sa peau pour observer ses métacarpes. Elle sentait le moindre os de son squelette, du plus long ou plutôt petit … Et dire qu’elle pouvait s’arracher un cubitus sans souffrir de son absence … Les Kaguya étaient de drôle de créature.

Cette brève contemplation faisait naitre dans son esprit une idée plutôt … Farfelue. Elle imaginait un rempart d’os autour de ce hameau. Avec une telle barrière – un peu sinistre et effrayante -, ce village serait à l’abri de toute attaque, même de bandits. On disait les os Kaguya aussi dur que des diamants. Bon … Elle n’en était pas la certes ! Enfin … Son idée était tout de même étrange. Quand bien même le Blondinet approuvait ce « plan », elle ne serait jamais capable de générer autant de matière. La jeune femme se retrouvait chagrinée par ce constat, étrange … Sortant de ses nuages, elle regardait de nouveau le Samouraï lui demandait son aide, si toutefois elle le souhaitait. Il parlait même de récompense, comme si elle n’était qu’une mercenaire. Cela la fit légèrement sourire. « Hmm … Je doute d’être d’une grande aide hélas. » Répondit la jeune femme. Son ton était moins froid à mesure de la conversation. Bien sûr, elle n’était pas chaleureuse et souriante, elle ne le serait jamais, mais c’était mieux que rien. Semblant de nouveau dans les nuages, Eden regardait les villageois festoyer un peu plus loin. Elle songeait a tout un tas de choses, à ce qu’elle avait appris récemment, ce qu’elle pouvait encore apprendre – c’est-à-dire beaucoup de chose -. Puis elle demanda « Que puis-je faire pour vous être utile ? » Décidée à offrir un peu de sa personne. Sa bonne action de la semaine dira-t-on …

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Réalisant rapidement qu'Eden ne me serrera pas la main, je la ramène vers moi sans toutefois être offensé. Mes deux mains se joignent en avant de moi et s'élèvent jusqu'au-dessus de mon nez alors que mes doigts se croisent. Mes coudes glissent jusqu'à l'extrémité de la table donnant ainsi un appui à mon visage qui se dépose contre la tablette que sont devenues mes mains obstruant par la même occasion la vision de la partie inférieure de ma figure. Mon expression ne change pas; je prône encore un petit sourire discret.

- "Il y a plusieurs choses que vous pourriez faire," commençais-je. "En premier lieu, il faudra rapidement vider ce bourg des bêtes. À deux ce sera plus rapide. Je me doute que vous pouvez combattre simplement par le fait que vous n'avez eu aucun rictus lorsque vous avez posé votre regard sur moi la première fois. Je suppose ainsi que des armes ne vous impressionnent pas. Si mon fil de pensée est correct, je soupçonne que vous soyez une Kunoichi, mais je pourrai avoir tort. Si tel est le cas, vos capacités seront utiles quant à la traque et chasse des animaux ainsi qu'à la protection des travailleurs qui auront à reconstruire le mur."

Je recule légèrement mon visage pour laisser une chance à mon cure-dent de se mouvoir agilement entre mes doigts sans m'égratigner le visage lors de son passage.

- "Je ne connais pas vos capacités, mais vous pouvez toujours proposer des solutions si vous en avez envie! Par ailleurs, lors de la construction, nous pourrons conseiller les habitants sur la solidité de leurs murs. Nous serons peut-être amené à tester le tout."

Je descends finalement mes mains jusque sur la table.

- "En fait, j'aime bien travailler avec les gens. J'aime apprendre sur leurs manières de faire, leurs idées et leurs points de vue. En fait, à plusieurs, je crois qu'on peut faire des tâches plus rapidement et plus facilement si on est capable de bien s'entendre. C'est justement ce que j'apprécierais de votre part, que vous preniez le temps de réfléchir avec moi, que vous me donniez votre avis comme vous l'avez déjà fait tantôt et qu'on dénote ensemble quels sont les problèmes pendant et après notre boulot. C'est ainsi qu'on s'améliore, non?"

Je lui affiche, une nouvelle fois, mon sourire apaisant.

Je ne sais pas comment fonctionne le cerveau de cette jeune fille. J'espère qu'elle est du genre à vouloir s'investir. Je sais qu'elle pourra se montrer utile et importante. Je suis certain que sous son visage froid et son expression sans la moindre émotion, elle est en fait une femme qui veut réellement protéger son prochain sinon elle n'aurait jamais eu l'intérêt envers ma personne.

Eden n’avait jamais été très adroite dans les relations humaines. Elle était plus mal à l’aise qu’autre chose près des lieux publics, ou des environnements comme celui-ci. Mais elle faisait un effort, pour le bien de ce village. Elle ne comprenait toujours pas d’où venait cette envie de les aider. Non …. En fait, elle le savait parfaitement mais ne souhaitait pas se l’avouer. Après la désertion de la ‘mère patrie’, sa famille avait posée bagage dans un village comme celui-ci. Un village portuaire en proie aux coupe-jarrets et animaux sauvages. Décidés à mettre leur savoir et expérience aux services des plus mal lotis, les parents Kaguya avaient aidés les pécheurs du mieux qui le pouvaient. Notamment en le protégeant, ou faisant fuir les brigands. Tout cela, Eden l’avait connue. A croire qu’on finit toujours par imiter nos géniteurs. Mais tout cela, le Blondinet n’avait guère besoin de le savoir.

D’ailleurs il prenait ses aises tout en expliquant les diverses tâches à faire le lendemain. Avec pareil pluie, ils pouvaient à peine sortir … Etape numéro 1 : Chasser les bêtes sauvages. La jeune femme acquiesça d’un signe de tête. Mais rapidement, elle détourna le regard quand Takusanken mit le doigt sur son attitude impassible. Elle semblait gênée par cette remarque, tant et si bien qu’elle eut une légère grimace à moitié cachée par sa mèche tombante. En même temps, elle réfléchissait à ce que lui proposait le rônin, tout en cherchant des solutions elle aussi. Elle en avait bien une, mais cela serait plutôt fastidieux, pour l’un comme pour l’autre. De nouveau l’Errante regardait en direction du Blondinet, sauf qu’elle ne le regardait pas lui, mais les sabres qu’il portait à la ceinture. Comment pouvait-il se battre avec autant d’armes ? Deux dans les mains et une dans la bouche ? Possible … A moins qu’il ne soit une sorte de marionnettiste usant de fils de chakra pour contrôler chaque sabre … Ou encore des clones. Eden était curieuse, très curieuse mais ce même défaut ne s’accordait pas avec ses principes. Ne pas s’intéresser, ne pas s’attacher. Comme si cela était aussi facile.

Intriguée par la fin de son discours, la Kaguya leva les yeux des sabres pour le regarder. Ce qu’il appréciait chez elle ? Ils ne se connaissaient pas … Comment pouvait-il l’apprécier ? Cela la fit réagir. Tant et si bien qu’elle haussa les sourcils sans se cacher, montrant sa surprise, mais également sa curiosité. Rapidement, elle détourna le regard vers la fenêtre et se manifesta. « Je ne pense pas que des barricades plus solides soient la meilleure des solutions. Ces hommes ont leur fierté et se cacher sans cesse doit être déplaisant. Leur apprendre à se défendre serait peut-être plus adéquat. Avec tous les sabres que vous possédez, je suis prête à parier que vous êtes un bon pédagogue. » Se défendre contre des animaux n’étaient pas bien dur en soit. Une fourche pouvait aisément faire office de trident. « Abattre les bêtes sauvages pourraient même servir de repas … La culture des champs est plutôt aléatoire avec les caprices du temps. En plus de revendre leurs produits pour vivre … Le gibier serait un bon élément de substitution pour palier à ce problème … » Proposa-t-elle en tout simplicité. Tournant les yeux vers lui, elle termina. « Qu’en pensez-vous ? »

Spoiler:

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*Alors, voilà donc votre angle,* me dis-je intérieurement.

La damoiselle avec qui j'espérais faire équipe me fait miroiter la suggestion d'apprendre à ce peuple à combattre et chasser. C'est une tâche qui m'est possible, mais j'aurai besoin de plusieurs choses: du temps pour enseigner, des efforts provenant des habitants de ce village et d'un peu de littérature de la faune de la région pour découvrir quelles sont les meilleures manière de piéger les animaux.

Je m'adosse plus profondément dans la chaise et passe ma main droite sur ma chevelure soyeuse. Par le même mouvement, je laisse mon cure-dent sur mon oreille. Cette main termine son chemin sur ma nuque alors que sa consœur reste encore sur la table. Je fixe Eden pendant quelques secondes alors que je réfléchis à sa proposition intéressante. Ma main gauche s'anime aussitôt que je commence à parler.

- "C'est effectivement une excellente idée! Je crois que nous pourrions rassembler une troupe des gens forts du village pour leur montrer des bases du combat et de la chasse," répondais-je. "Toutefois, il faudra s'assurer que les enseignements soient écoutés et maîtrisés, ce qui pourrait prendre quelques jours. Ça me semble être tout de même une bonne approche."

Je marque une pause de quelques secondes durant lesquelles je pense un peu plus profondément.

- "Je crois que nous devrions proposer cette façon de faire. C'est une très bonne idée. Aussi, si nous prenons cette direction, il serait mieux de tenter de capturer certaines des créatures sauvages pour montrer aux gens comment les abattre, non? Donc, le plan serait de chasser une grande partie des bêtes et en capturer l'autre alors que le mur est en train d'être reconstruit. Ensuite, d'enseigner les bases du combat. Finalement, tester les villageois dans une situation contrôlée avec un des animaux captif. Qu'en pensez-vous?"

Lorsque je termine ma dernière phrase, mon visage s'illumine de nouveau de fierté et de joie. Je crois notre alliance temporaire, à Eden et moi-même, pourra porter fruit. En fait, je crois encore plus; je suis certain que son idée mélangé à mes connaissances et à la bonne volonté de ce peuple travaillant pourra donner un nouveau vent au village, un nouveau commerce qui pourra le faire fleurir. Conservant la même expression heureuse, je réitère ma question.

- "Alors, Eden, qu'en dites-vous? Faisons-nous équipe?"

Ravie que son idée ait plu, Eden était envahie par une sensation de fierté étrange et un peu déplacée. N’était-ce pas censé être naturel d’aider son prochain ? Crotte alors … Voilà qui était gênant. Mais le plus gênant ? Ce Blondinet avait un ‘pouvoir’ de persuasion assez effrayant ! Elle ne s’était pas manifestée pour aider à la base, mais voilà qu’elle offrait son aide, pire ! Il aurait même pu la convaincre de se joindre à la fête et boire jusqu’à en perdre ses vêtements … Ouais non, quand même pas, il ne fallait pas déconner non plus ! Et puis jamais elle ne se laisserait embarquer dans pareille entreprise ! Fallait pas rêver hein … Bref. Maintenant que l’idée était choisie, il fallait se donner les moyens de la mettre en place. Eden ne doutait pas du savoir de l’autre Nukenin, elle pensait même en profiter. Il avait l’air plus fort qu’elle, surement avait-il plus d’expérience. Une expérience dont elle entendait profiter. En tant que Kaguya, elle se devait d’être ‘irréprochable’ au Taijutsu, si elle pouvait apprendre des autres, s’améliorer, elle n’allait pas cracher dessus. Sur le coup, elle jouait son opportuniste. Mais cela prendrait du temps, Takusanken en parlait justement. Il disait que les entrainements devraient être prit au sérieux, que les villageois devraient être suffisamment disciplinés et motivés pour que les résultats soient présents. Il jugeait plusieurs jours utiles pour cet apprentissage. Plusieurs jours … He bien soit, Eden resterait quelques jours de plus si cela était nécessaires.

Pour mettre leur plan à exécution, ils devraient mettre les ‘élèves’ à l’épreuve. Les placer dans une situation réelle. Et pour cela, il faudrait capturer des bêtes. Cela ne plaisait pas tellement à Eden. Cela faisait un peu : combat de coq organisé. C’était cruel … Mais avaient-ils seulement le choix ? Pas sûr. Les choses seraient donc ainsi. Un entrainement grandeur nature avec une véritable menace. Tout cela sous l’œil aguerri des deux ninjas prêts à agir en cas de danger. Mais quels étaient ces monstres ? Des loups ? Des ours ? L’un était rapide et les morsures étaient fatales. L’autre vous arrachait la tête d’un coup de patte … Hmm … Ces prochains jours seraient drôlement joyeux. Les explications données, Eden acquiesça d’un signe de tête. Cette petite réunion pour l’avenir d’un village lui donnait l’impression d’être une leader, une dirigeante. Étrange sensation au passage. Pour une solitaire, le rôle de chef était particulier. Elle pouvait maintenant dire qu’elle préférait recevoir les ordres que les donner. Moins de responsabilité …. Si ce n’est celle de la réalisation des ordres.

Quand le Blondinet lui demanda son accord pour l’équipe. La jeune femme lui adressa un sourire plutôt timide, plein de réserve mais bref. « Je vous suis pour cette courte histoire. » Enfin, l’ombrageuse demoiselle quitta sa chaise pour se tenir debout. Le plus ridicule ? Elle faisait la taille du Blondinet qui était assis … Damn. Quelle tristesse. Elle lança un dernier regard vers le peuple un peu plus loin. « Ainsi je vous laisse aux festivités. Ne soyez pas excessif sur la boisson, je ne tiens pas à vous porter demain … Passez une bonne nuit. » Sa tirade sonnait comme un : amusez-vous bien mais si vous êtes ivre demain, je vous tue. En somme, plutôt sympathique avec une mise en garde de danger de mort … La Kaguya fit une courbette rapide avant de tourner le dos pour traverser la salle. Elle disparut dans le couloir menant à l’étage, aux chambres. Son voyage avait été long jusqu’ici, elle avait besoin de sommeil, surtout si elle devait se battre le lendemain.

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Eden disparaît derrière la foule après m'avoir conseillé de ne pas faire la fête trop longtemps. Néanmoins, je commande à l'aubergiste une bouteille de Sake que je paye en triple simplement parce que je veux laisser un peu d'argent pour la réparation sans que ça passe comme de la charité même si c'est réellement le cas. En fait, depuis l'aventure qui a tourné au vinaigre avec Goren d'où le paiement était "être couvert d'or" que le Vétéran a doublé pour moi, l'argent n'est pas un problème. Je compte continuer à en donner à ceux qui en ont plus besoin que moi aussi longtemps que je le puisse.

Finalement, une fois mon alcool sur la table, je me retire dans mes pensées. Grâce à un papier et un crayon, je commence une tempête d'idées sur la manière d'enseigner. Je ne l'ai jamais fait. Mon expression chaleureuse laisse place à une attitude plus sérieuse au fur et à mesure que je fouille dans mon passé douloureux pour trouver les étapes d'un apprentissage digne de celui que j'ai reçu à Osai avant ma fuite et sa destruction. Je peux donner plusieurs défauts à mon père, mais il avait la capacité de démontrer l'Art de la Lame à quiconque mettant un peu du sien. C'est ainsi que je conçois les premières étapes de mon enseignement.

Jour un: Comment tenir un sabre et positionnement de base.
Jour deux: Déplacements et frappes de base.
Jour trois: Défenses et parades.
Jour quatre: La différence entre Batto, Iai et Ken.
Jour cinq: Combat entre comparses avec Bokens - ou bouts de bois, s'ils n'en ont pas.
Jour six: Test contre une bête.
Jour sept: Enseignement d'une technique spéciale du style du clan Taku des Katsuos.

Évidemment, par la suite, il faudra aussi enseigner comment chasser, traquer, piéger et observer les animaux. Je prends en considération que cela prendra une semaine additionnelle. De surcroît, il faudra aussi prendre en considération le temps de reconstruction du mur. Selon moi, une journée suffira, mais je ne sais pas à quelle vitesse les fermiers travaillent. De plus, il faudra que ces hommes et femmes soient disciplinés pour apprendre les bases du Kenjutsu et du Bushido. Je suis certain que la plus grande partie d'entre eux ne se sont jamais battus et, je dois l'avouer, je trouve que c'est phénoménal! Si tous les villages pouvaient être ainsi, il n'y aurait plus de guerre.

Je relève ma tête du papier et observe l'extérieur pour quelques minutes. La tempête bat son plein. Je peux voir les fenêtres bomber à chaque bourrasque violente. Mes sourcils se froncent alors que je tente de discerner s'il y a déjà des bêtes hors de l'enceinte de cet établissement. De toute évidence, puisque la lumière est forte à l'intérieur et se reflète justement sur la glace, je n'arrive pas à réellement distinguer quoi que ce soit dehors.

Je tourne mon attention sur la foule. Ils cachent bien leurs insécurités grâce au pouvoir de la bière et le vin. Je souris rapidement en soupirant. Ces gens-là sont nombreux et ils peuvent compter les uns sur les autres. L'image de Miyuki et de Kennei me vient encore une fois à l'esprit.

*J'ai ma famille, moi aussi. J'ai le Clan Zen'Ryou. Nous changerons le monde. Ce monde deviendra aussi ma famille. Sous ma protection contre quiconque tentant de le détruire.*

Je ferme les yeux, très souriant. En les rouvrant, je me demande si Eden a une famille. Peut-être que son manque d'assurance vient de là. Peut-être a-t-elle peur, au final, de décevoir les autres ou d'être déçue. Ce doit être une armure.

*J'espère que je ne l'ai pas déstabilisée!*

Je prends une gorgée de Sake qui termine ma petite tasse.

*Je lui proposerai, à la fin de notre aventure, de me suivre si cela lui dit! Si elle le veut, elle sera toujours la bienvenue dans notre famille disparate grandissante.*

Je regarde ma bouteille et réalise qu'elle est déjà à moitié vide. Je rigole, seul, en me disant que si j'en bois plus, la soirée deviendra plus drôle, mais je perdrai du temps précieux demain matin. Et, je suppose qu'Eden me violentera, ce que je ne désire pas. Je me lève et offre ledit contenant aux saoulons toujours au comptoir avant de demander les directions à une chambre au propriétaire qui m'explique le chemin avec enthousiasme. Ensuite, je vais directement me coucher après avoir fait ma toilette du soir.

Lorsque mes yeux s'ouvrent, je réalise que j'ai dormi un peu plus tard que je ne l'aurais voulu. Néanmoins, il n'y a personne dans ma chambre et je suis toujours vivant, donc ma partenaire n'est peut-être pas encore éveillée. J'en profite pour faire une toilette rapide: rasage, coiffure, hydratation de ma peau et changer de vêtements. Je prends une seconde pour dévorer un pain que je conservais en observant l'extérieur.

Outre quelques gouttes, l'ouragan est passé. De mon étage, je peux voir l'emplacement où la muraille a été démolie. Il faut dire que le trou est largement plus prononcé que je ne l'avais cru au départ. Néanmoins, je ne perds pas espoir, j'attrape ma ceinture où sont mes Katanas et je me dirige à la salle principale.

Tous les villageois dorment à poings fermés. Je soupire légèrement, mais je ne m'en fais pas. Je vais derrière le comptoir et prépare suffisamment de thé pour une armée. Au même moment, le dirigeant de la ville à la moustache intrigante prend place sur un des bancs devant moi.

- "Alors, comment pensez-vous procéder."

Je souris en lui servant une tasse de thé.

- "Nous allons vous apprendre comment faire. Qu'en dites-vous? Vous pourrez donc combattre, chasser et vous défendre."

« Maman, maman, pourquoi papa se bat ? » Demandait l’enfant, effrayée par ce qu’elle avait sous les yeux. Des sangs, des os à foison, des organes humains, tout cela berçait par des cris et râles lointains. « Pour la paix ma chérie. Il veut que tu vives dans un monde de paix. Et il faut se battre pour elle. » La paix ? Quelle notion complexe pour une enfant. « Il va mourir ? Il a pleins d’os partout … J’ai peur maman. ». L’adulte souriait à son enfant, attendri par son ignorance. « C’est ainsi que nous nous battons, il en sera de même pour toi, plus tard … N’aies crainte, personne n’est plus résistant que nous les Kaguya. » La petite demoiselle observe sa mère de ses grands yeux innocents. Elle était si belle et son sourire si chaleureux. La petite était maintenant rassurée, mais elle ne peut s’empêcher d’avoir mal pour son père, empalé par de nombreux ossements, ses propres ossements. Ils formaient une sorte d’armure autour de son corps, mais … C’est effrayant à voir. Elle aussi ferait cela ? Elle ne put s’empêcher de grimacer à cette idée. Pendant maintes secondes, elle regardait l’affrontement. La guerre était si terrible … Beaucoup périssaient sous son œuvre. Mais le plus grand nombre de victimes étaient comptés chez les civils, les innocents, ceux qui n’avaient rien demandés à personne ... Plus tard, la mère ordonna à sa petite de rester cachée, qu’elle reviendrait au plus vite. Ainsi, l’enfant se retrouva seule, cachée derrière une pile de rondin. De sa place, elle regardait l’affrontement. Son père était en difficulté. Le sang giclait, les os de plus en plus nombreux, tout comme les flammes. Le torrent ardent obstruait la vue de la petite, elle ne pouvait plus que distinguer des silhouettes, sans savoir laquelle était son père. L’une d’elle se fait pourfendre sous ses yeux, elle se met à crier.

« Stop !! » Le souffle haletant, le cœur bondissant, Eden se redressait de sa couche d’un seul coup. Ses cheveux étaient complètement en bataille, sa peau recouverte d’une fine pellicule de sueur, elle regardait le vide, le noir. Un cauchemar … Un soupir passa ses lèvres alors qu’elle posa une main contre son front, se massant un instant les tempes. Les secondes défilaient avant qu’elle ne soit prise de douleurs déchirantes. Côtes, clavicules et omoplates à l’air … Comme une armure, ses os l’entouraient, semblables à ceux qu’elle avait vue dans ses songes. Chaque os avait transpercé sa chair pour sortir, trouant également sa chemise de nuit. Le sang teintait déjà le tissu alors qu’elle appelait déjà son squelette à disparaitre sous son épiderme. Drôlement calme, Eden regardait ses côtes s’amoindrirent pour regagner leur place. Toujours assise, elle pinça sa chemise de nuit du bout des doigts et la tira légèrement, observant les trous. « Génial …. » Chuchota-t-elle devant ce constat. Le plus affligeant restait à venir … Lançant un coup d’œil par-dessus son épaule, la Kaguya constate que l’oreiller et le matelas n’avaient pas été épargnés par cette réaction de défense. « Doublement génial …. » Un coup d’œil rapide vers la fenêtre : la tempête n’est plus et le soleil en phase d’éveil. Pendant quelques instants, l’Errante se figeait pour regarder l’extérieur, elle pensait … Ou repensait à ce rêve. C’était absurde, surtout qu’il ne finissait pas aussi mal qu’on le croirait. La fin ? Son père avait été l’attaquant, vainqueur de cet affrontement. Ce stupide cauchemar n’avait pas lieu d’être, c’était tellement grotesque. Et sa bêtise lui coutait un vêtement de plus. Yare yare … La Kaguya posa enfin le pied à terre pour quitter le matelas maltraité. Les bretelles de la chemise roulaient déjà sur ses épaules pour rejoindre le sol. Rapidement, elle gagnait la salle d’eau pour faire sa toilette.

Les lueurs du jour enflammaient déjà le ciel qu’Eden était déjà dehors. Enroulée dans son manteau kaki, elle faisait le tour du village, faisait l’état des clôtures et autres habitations. Les remparts et la ‘mairie’ étaient bien endommagés, mais le reste avait tenu le coup. Devant la muraille, la Kaguya s’arrêtait. Les mains dans les poches, elle regardait l’autre côté, ne voyant – pour le moment – aucune bête. Surement avaient-ils profités de la nuit pour se glisser dans le village, elles ne seraient pas dure à débusquer, ce hameau n’était guère grand. Dans un moment de flottement sa main quittait sa poche pour se glisser sur son sweat, au niveau des clavicules. Elle touchait du bout des doigts les marques qui lui restaient. Il lui fallait moins de vingt-quatre heures pour faire disparaitre les plaies d’extraction. Pff… C’était pénible. Eden sortit de ses nuages, elle abandonna ses blessures, fit demi-tour pour regagner l’auberge. Peut-être Taku’ serait-il debout, sobre. Il fallait mieux pour lui en fait … Après cinq minutes de trajet, la jeune femme fit son entrée, voyant le Blondinet réveillé, discutant avec un villageois. Elle s’approcha alors. « Bonjour … Ravie de voir que vous avez suivi mes conseils Takusanken-san. J’ai fait le tour du village. La clôture n’est pas totalement détruite. Seul le côté Nord et Est ont cédés à la tempête. Il n’y a pas d’autres failles dans la muraille. Du moins je n’en ai pas vu. » C’était en soi une bonne nouvelle. Les bêtes sauvages ne pourraient entrer que par cette unique faille. Ils seraient plus aisés que les abattre. Preque timide, elle s’approchait et déposa quelques ryos sur le comptoir. « Pour … Le dédommagement. J’ai disons quelques peu ‘dégradé’ votre mobilier …. »

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Ma nouvelle connaissance et coéquipière imprévue, mais appréciée, explique en vitesse qu’elle a passé quelques temps à observer l’enceinte du village et que, selon ses recherches, il y a peu de dégâts. Heureux de la nouvelle, j’hoche de la tête tout en versant une tasse à Eden sans lui avoir préalablement demandé si elle en voulait. Je sais que je me donne un droit que je ne devrais pas avoir, mais l’aubergiste n’est pas présent et nous avons à faire. Elle dépose par la suite un peu d’argent pour rembourser une certaine destruction de sa chambre. Le maire la regarde, un peu confus, avant de lisser sa moustache. Il lui dit qu’il remettra l’argent à Taijo qui est, je suppose, le propriétaire de l’emplacement. Aussitôt la scène terminée, je prends parole.

« Monsieur, rassemblez votre bande. Nous allons fouiller dans le village pour des créatures. Ensuite, commencez les réparations, » dis-je en marquant une pause durant laquelle je jette un œil à Eden. « Une fois que le mur sera solidifié, nous allons passer à la seconde étape, mais nous aurons besoin de la coopération et la discipline de tout le village. »

Alors que nous dégustons nos thés, j’explique le concept général de l’idée d’Eden. L’homme semble incertain au départ, mais je prends soin d’énoncer les avantages de mon enseignement pour le futur. Après dix minutes environ, le chef de l’endroit est conscient de notre objectif et des moyens que nous désirons mettre en place pour y arriver. Néanmoins, il n’est pas totalement chaud à l’idée. J’ai l’impression qu’il veut réellement le bien-être de son peuple, mais que, comme dans mon ancienne nation, Osai, il a peur du changement. Cependant, prenant les rennes, je ne lui laisse pas l’opportunité mettre ses craintes de l’avant.

« Pas le temps de discuter! Il est essentiel que les constructions débutent dans l’heure, avant que des bêtes attaquent. Par la suite, il est primordial que nous vous montrions comment vous défendre ou vous allez, un jour ou l’autre, vous retrouver dans cette même situation et vous ne pourrez rien faire. Que feriez-vous, maintenant, si nous n’étions pas présents? Utilisez cette chance que le destin vous offre! »

À la fin de mon monologue, je frappe le comptoir du poing. Je me sens un peu trop investi émotionnellement. C’est sûrement parce que je sens des similarités avec Osai. Outre le fait que c’était un village de Samuraïs, lorsque les hommes étaient partis, les autres n’avaient aucun moyen de se défendre. Le maire sursaute quand le coup résonne et fait étrangement bouger sa moustache.

« Je comprends, » dit-il. « Je vais réveiller les gens. Donnez-moi quelques minutes. »

« Parfait, » commençais-je. « Eden, nous allons visiter le village et tenter de trouver des bêtes qui s’y seraient cachés. Par la suite, nous choisirons une entrée et nous la protégerons. Il faudra en capturer quelques-unes. Des idées sur l’approche que nous devrions prendre? »

HRP:

L’argent déposé, Eden prit place aux côtés du Blondinet. Après un sourire qui se voulait bref et timide, elle s’installa sur une chaise haute derrière le comptoir, ne touchant plus le sol. Tout en commençant à balancer les jambes dans le vide, la jeune femme posa les coudes sur le comptoir, ses mains venaient de se joindre alors qu’elle posa le menton sur elle, regardant les deux hommes. Ses yeux s’arrêtaient un moment sur le rônin. Elle était surprise de le voir lui servir du thé, surtout qu’elle n’avait rien demandé. Mais elle n’était pas contre, loin de là. Elle le remercia d’un geste de la tête. Passant l’index dans la anse, Eden attira la tasse jusqu’à elle et commençait déjà à redessiner l’arrondi du contenant du doigt, attendant que le nectar refroidisse un peu. Pendant ce temps, elle écoutait l’échange entre les deux hommes. Taku’ demandait le rassemblement des ‘troupes’, ajoutant qu’il était nécessaire d’entamer le plus vite possible. Les villageois reconstruiraient et les combattants chasseraient les animaux sauvages. C’est le plan. Alors que le ‘chef’ des opérations donnait les directive, ‘l’assistante’ réfléchissait à la traque, mais aussi à la capture. Il faudrait pouvoir entraver les bêtes sans les tuer, les assommer ou … Quelque chose comme ça. Surement n’y avait-il pas de vétérinaire pour fournir du tranquillisant pour animaux. Eden voyait déjà la capture et son déroulement, mais il faudrait plus que des jutsus pour les emprisonner. Il faudrait des cages, un chenil. Cependant, elle n’avait pas vu de chien à son arriver dans le village, alors l’option chenil tombait un peu à la flotte.

Par moment, la brunette souleva sa tasse pour y porter les lèvres, s’abreuvant de cette boisson ô combien appréciée. Entre deux lampées, le samouraï expliquait au maire les tâches à accomplir et la finalité de leur travail. Il ne semblait pas très … enclin à suivre la marche, et ce malgré ce qu’ils avaient à gagner dans l’affaire. Homme stupide pensa-t-elle sans qu’elle reste silencieuse, en simple observatrice. Face à l’indécision du Maire, Takusanken usa des grands moyens, poing sur la table, le ton haussé, l’autorité en somme. Encore une fois, la Kaguya était surprise par la force de persuasion du Blondinet, car le maire rendait les armes, affirmant qu’il allait réveiller les autres. Retournant à son thé, Eden ignora un instant le rônin qui, maintenant, s’adressait à elle. Des idées pour capturer les animaux ? Elle reposa la tasse sur le comptoir et refit le tour de l’arrondi du doigt. « Sans offense, je doute que vos sabres soient la meilleure option pour capturer ces animaux. Je peux m’en occuper. Nous les trouverons, abattrons la majorité pour capturer le reste dans un même temps. Il semble précieux, autant ne pas le gâcher. » Elle fit une pause pour terminer sa tasse maintenant tiède. « Je pense que le plus dur sera de les retenir le temps de l’apprentissage. »

La porte de l’auberge grinça pour laisser enter le Maire. Ce dernier affirma que ses compagnons allaient arriver. La Brunette tourna le visage vers lui. « Dites-moi, avez-vous des cages ou quelques choses de suffisamment solide pour enfermer des animaux ? » Le Maire attrapa son menton qu’il tortura des doigts, tout en faisant frissonner sa moustache dans sa réflexion. « Nous avons des cage pour nos poules. » La jeune femme le dévisagea un instant, des cages à poules pour des potentiels loups ? Mais bien sûr. « D’accord. Et des cordages solides ? Ou des sangles en cuir, ou quelque chose qui s’en rapproche ? » Le Maire hocha la tête, disant qu’il lui apporterait cela. Assurée de cela, la jeune femme se tourna vers le Blondinet. « Avec ça, on pourra les attacher comme on le ferait pour des chiens. Cela vous convient-il ? » Interrogea la jeune femme en sauta de sa chaise, retrouvant sa petite taille.

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Eden prend les devants avec plusieurs propositions judicieuses pour capturer les bêtes ou, du moins, les empêcher de fuir et de faire des dégâts. Ensuite, nous pourrons les utiliser comme test pour les habitants de cette agglomération. L'idée de les attacher est bien et sera sûrement fonctionnelle. Je félicite donc ma nouvelle alliée d'un pouce levé. Aussitôt ses suggestions énoncées, le Maire met en branle la première partie du plan.

*Pauvre homme. Il n'est pas habitué à autant de mouvement. J'espère que tout sera simple, comme ce ne l'est jamais, et qu'il pourra retourner rapidement à sa vie douce et sereine.*

Une fois qu'il est sorti, je retire un cure-dent de ma poche et le propulse dans ma bouche en le lançant qu'avec mon pouce. J'attache mes cheveux tout en tournant mon attention vers Eden, justement. Souriant, je prends parole pour deux raisons: lui confirmer que son aide est utile et lui dire que j'apprécie sa présence.

- "Eden, vous avez bien analysée la situation et proposée d'excellente solutions aux problèmes. Je crois que notre coopération sera bénéfique pour tout le village et, je l'espère, pour nous deux aussi," commençais-je alors que je termine ma tresse absolument imparfaite. "Sachez que je n'oublie pas l'aide que m'apporte une personne et, avec mon Clan, nous sera là si vous avez besoin de nous."

Je termine ensuite mon thé en vitesse et le place près des verres souillés de la veille. Je joue avec mon bout de bois en attendant que la jeune Kunoichi termine sa coupe en réfléchissant à notre tâche de longue haleine. Une fois qu'elle prend sa dernière gorgée, je me lève.

- "Bon, au boulot!" Déclarais-je en m'étirant. "J'ai bien hâte de voir quelles créatures attaquent le village."

Mes sourcils se froncent momentanément.

- "Oh, et, une dernière chose. Je voulais que vous sachiez que je n'aime pas la cruauté que ce soit avec les animaux ou les hommes. Je préfère ne pas avoir à faire ce que nous faisons ou, du moins, pas de la manière dont nous allons le faire. Coincer des bêtes pour qu'ils nous servent d'entraînement, je trouve ça, disons, de mauvais goût. Donc, si vous pensez à quelque chose entre temps, n'hésitez pas à m'en parler."

Sur cette note, mon visage redevient doux et je me dirige vers l'extérieur en faisant signe de me suivre. À la sortie, je me rends directement dans l'étable pour flatter rapidement mon cheval et lui retirer mes deux énormes carquois remplis de sabres. La bourrique est maintenant calme et je remarque qu'elle a été nourrie. Je sors hors de ce bâtiment.

- "Bon, on commence par-"

Soudainement un cri retenti de plus loin. Mon visage devient très sérieux.

- "Allons-y!"

Je me mets à la course en direction de la source de ce bruit. Mes mains tiennent fermement tous les pommeaux des Ailes de la Trahison. Je saute et esquive tous les débris sur le sol tout en me déplacement agilement et rapidement. J'espère qu'Eden peut suivre, car je n'ai pas le temps de vérifier si elle est à bonne distance.

Au pouce levé vers le ciel, plutôt vers le plafond, Eden détourna le regard en se frottant l’arrière de la nuque, mal à l’aise. Timide, elle était souvent gênée par ce genre de geste, à la fois encourageant et amical. Étrangement, elle ne savait comment considérer cet homme. Certes il était bienveillant, mais cela ne faisait pas tout. C’est donc en silence qu’elle le regardait torturer ce pauvre cure-dent, en plus de nouer ses longs cheveux blonds, surement pour éviter la gêne durant les combats à venir. A sa grande surprise, le rônin soulignait son analyse de la situation, l’évaluation des risques et la prise de décision. La … Pour le coup, elle avait vraiment l’impression d’être une kohai en compagnie de son sempai. C’était plutôt amusant de voir les choses sous cet égal. Aussi elle préférait cela au ‘sensei’. Enfin, il ajouta ne pas être ingrat et qu’il saurait lui rendre son aide, lui et son clan, quand cela serait nécessaire. De l’aide ? Eden n’était pas le genre de femme à réclamer de l’aide, elle était peut-être trop fière pour le faire. Néanmoins, elle rétorqua d’une voix basse « J’y songerai en ce cas … » Songeait à lui demander son appui. Le ferait-elle vraiment ou n’était-ce que par simple politesse ? Un peu des deux, allez savoir …

Pendant un instant, la Kaguya observait cette tresse maladroite et débordante d’épis, de mèches rebelles qui n’appelaient qu’à la libération de l’oppresseur nommé : Élastique. Elle se fit tout un film sur le sujet … Une histoire très ridicule, presque honteuse qu’elle gardait pour elle-même. Souvent, elle se faisait parasiter par son imagination débordante. Mais très vite, elle fit rappeler à l’ordre par la voix du Blondinet. Au boulot avait-il dit. Fin des bêtises et des âneries. La Brunette partageait la curiosité de son coéquipier, sur quoi allaient-ils tomber ? Cela restait une surprise. Mais quoique cela fût, ce serait dangereux. Et effrayant. Du moins pour les civils. Les crocs le seraient, mais pas que. Le Shikotsumyakuu n’était guère apprécié par les spectateurs. Les plus froussards tournaient même de l’œil devant cette pratique. Espérons que Taku’ ne soit pas rebuté, ou dégouté, par ce qu’il risquait de voir. Dernière mise au point, ou plutôt mise en ‘garde’. Le Blondinet ajouta ne pas apprécié la cruauté quoique soit sa forme ou sa cible. Au moins, ils se rejoignaient sur ce point de vue, c’était cruel et malsain d’user de la vie ainsi, mais cela était malheureusement nécessaire. « Je partage votre point de vue. Aussi nous aviserons en temps voulu. » Répondit-elle tout simplement. Le Blondinet fit volte-face vers la porte, Eden le talonnait jusqu’à la sortie. Le rônin se dirigea vers un cheval – un peu miteux – et le libéra d’un poids plutôt conséquent. Qu’est-ce que … Tout cela ? Avait-il besoin de pareil arsenal ? A moins qu’il n’ait la force d’un Titan et qu’il brisait ses sabres facilement, donc besoin de rechange ? Et dire que la veille, elle s’inquiétait de savoir comme il maniait quelques sabres en même temps, mais maintenant … C’était un peu plus délicat. De son œil visible et écarquillé, elle comptait les sabres. Elle due s’arrêter à douze car un cri se fit entendre.

La jeune femme fronça les sourcils et vit le rônin filer tel une flèche. Elle-même se mit en mouvement. Sauf qu’elle ne le suivait pas. Chakra concentré à ses pieds, elle escaladait sans le moindre mal la façade d’une habitation pour finir sur le toit. Au pas de courses et à grands renforts de sauts, elle se déplaça en hauteur jusqu’à la source du cri. De son perchoir, elle avait une vue d’ensemble. Un gros loup gris était à moitié couché sur le sol, prêt à bondir sur un pauvre enfant, sclérosé par la frayeur. Un rapide coup d’œil sur la place, elle pouvait voir d’autres loups entrain d’attaquer des passants. Une meute, forcement … Sans plus de cérémonie, la jeune femme se mit accroupis sur le toit, tenant le rebord d’une main pour ne pas tomber. La tête baissée, elle porta sa main libre à sa nuque. Sa peau se déchira à hauteur des omoplates. Une, puis deux vertèbres venaient de jaillir de sa chair, se mêlant de sang. Eden attrapa ses os et extirpa sa colonne vertébrale d’un coup sec. Son visage caché par l’ombre se déforma un instant sous la douleur. Ses os perdus ne laissaient d’un trou béant sur sa nuque. Le fouet opale et écarlate fendit l’air rapidement, s’allongeant à volonté, pour s’enrouler autour de la gueule du loup, tel une muselière, alors qu’il venait de s’élancer vers sa malheureuse proie. Les vertèbres glissaient sur son museau pour ligoter le cou, puis le corps du canidé. D’un geste de rappel, le fouet embarqua le loup pour lui faire percuter le mur. Il n’était pas mort, juste complètement sonné. Sautant de son perchoir, la Kaguya arriva à côté de l’enfant. De sa main libre, elle attrapa le bras du garçon et l’obligea à se lever. « Dégage gamin, tu nous gènes. » Dur, mais vrai. Un geste de la main et les os se desserraient du loup pour le libérer. Dans les vapes, il n’était une menace pour personne, ce qui n’était pas le cas du reste de sa meute.

Spoiler:

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Ma main touche à peine à la pile de débris alors que mon corps passe par-dessus avec fluidité. Dès que mes pieds touchent le sol, j’analyse la situation. Devant moi, il y a une petite meute de loups à l’allure affamée. Le plus dangereux était à l’avant du groupe, crocs sortis face à un enfant. Du coin de l’œil, je remarque Eden tomber directement en face de lui. Confiant en elle et son arme peu orthodoxe, je prends sur moi la tâche de m’occuper des autres.

Je pousse sur ma jambe et prends une position plus solide. Rapidement, je retire cinq armes de mon petit fourreau, celui qui contient trente sabres. Je calcule en une seconde le trajet de mes Katanas et je les lance avec précision. Il ne faut pas les blesser inutilement et, si possible, ne pas les tuer pour l’instant.

MICHINARANU BUSHIDŌ : BOUTOKU - « LA VOIE DU GUERRIER IMMORAL : INJURE »

Taïjutsu
Le Guerrier Immoral peut lancer et faire tournoyer les Sabres qu'il tient dans ses mains (jusqu'à 5) en direction de son ennemi.
Technique gratuite
Technique de rang D

Je fais en sorte que le plat de mes lames cogne là où la chair serait habituellement tranchée. J’espère ainsi mettre hors d’état de nuire les bêtes, mais j’espère aussi pouvoir les utiliser les plus. Selon mes observations, il reste encore deux créatures. Je saute par-dessus celui qui est probablement l’alpha que ma partenaire termine. Glissant sur la terre par la suite, j’appuie sur une des touches cachées de Déshonneur.

Michinaranu Bushidō : Omei - « La voie du guerrier immoral : Déshonneur »

Taïjutsu
Déshonneur est le Katana personnel de Taku. Ce sabre plutôt lourd pour sa taille possède plusieurs armes cachées et autres surprises: le fourreau peut projeter le Katana à la vitesse d'une balle de fusil, il y a un Kunai de caché dans le manche, la garde se transforme en trois Shurikens, la lame peut être projetée et être rétractée grâce à une chaîne et, à l'intérieur de cette lame, il y a une seconde, plus petite celle-là, qu'il est possible de sortir en utilisant le même manche.
Technique gratuite
Technique de rang C

Le sabre se dégaine mécaniquement par la force de l’explosion hors de son fourreau alors que je manipule la direction grâce à l’angle. Sa trajectoire est directe sur le museau du loup. La propulsion est telle que l’animal est instantanément assommé. Mon attention était déjà sur ma dernière cible. Je vois déjà la suite des événements dans ma tête et je passe donc à l’acte. J’attrape ensuite Désespoir de ma main droite et me retourne vers le dernier membre de la meute. Mes sourcils se froncent alors que je fonce vers lui, étrangement serein comme je le suis lorsque je combats.

BUSHIDO : Iaijutsu

Taïjutsu
Le Iai est un mouvement de Bushido de base. Cette technique est utilisée en retirant un sabre (Iaitō ou Shinken) de son fourreau à une vitesse vertigineuse. Le Iaijutsu est une spécialisation défensive du Iai qui a pour objectif de contre-attaquer un adversaire juste avant que son attaque ne touche le Iaidoka en utilisant toute la rapidité qu'un Iai permet.
Technique gratuite
Technique de rang D

Une des Ailes de la Trahison s’extirpe avec une vélocité impressionnante de son étui. L’endos du tranchant percute brutalement tout le long de la gueule ouverte et baveuse de mon dernier adversaire du moment. Je peux voir tout de même un bon filet sanglant sortir d’entre ses dents. Je n’aime pas causer cette souffrance, mais je n’ai pas le choix.

- « Ça va? Est-ce qu’il y en a d’autres? »

J’ai le ton haut et autoritaire. Je tente de conserver, néanmoins, une position neutre et quelque chose qui ressemble à un sourire apaisant, mais ce n’est rien en comparaison à celui que j’avais à l’auberge plus tôt. J’utilise les sabres qui sont déjà hors de mes étuis en combinaison avec d’autres pour clouer les bêtes au sol en croisant les parties non-létales des armes alors que je les plante dans le sol.

- « Je suppose que ça suffira en attendant qu’on ait nos sangles. Qu’en pensez-vous, Eden? »

Résumé:

Marquant une légère pause pour observer Takusankan, Eden restait à sa place, fouet à la main, satisfaisant sa curiosité. Ainsi, il se servait aussi de ses sabres comme de projectiles. Il ne manquait plus qu’une chaine à l’extrémité de la poigne, mais surement possédait-il déjà ce genre d’outils. Pendant de courtes secondes, elle l’observait faire. Puis elle se mit en mouvement. Aux pas de courses, la jeune femme rejoignait les riverains attaqués, et sauvés, pour s’assurer de leurs états, de blessure potentielle. Auquel cas, elle s’occuperait d’eux. Improvisation infirmière, cela ne l’enchantait pas, mais il fallait se rendre utile. Mais plus de peur que de mal, personne n’avait été blessé. La meute s’amoindrit a vu d’œil. Aucun animal n’avait été tué jusqu’à la. Le Rônin s’assurait de frapper avec le dos de ses lames, gardant le tranchant pour de véritable cause qui réclamait une justice. Oui, elle commençait à le cerner. Ainsi, il n’en restait plus que deux. Et le plus gros des deux s’approchait de la petite demoiselle, l’air menaçant, tous crocs sortit. Sur le qui-vive, Eden ne le quittait pas des yeux, les genoux fléchis pour se préparer à bondir, à rouler ou que sais-je. Le probablement-Alpha grognait à tous poumons, comme pour intimider sa proie, la causer à la faute. De ses babines jaillissaient de la bave. Il était enragé ce bestiaux et surement pouvait-il la tuer sans trop de mal. Ses muscles puissants pouvaient se distinguer à travers sa fourrure argentée. D’un bond, il pouvait l’écraser au sol, d’un coup de mâchoire lui arracha la jugulaire.

Et le colosse en fourrure prit appui sur ses puissantes pattes arrières pou bondir en avant. Dressé de toute sa longueur, il dépassait la jeune femme de plusieurs têtes, l’écraser de son ombre jusqu’à s’abattre sur elle. La Brunette n’eut d’autres choix que lâcher son fouet de vertèbres. De sa main libre jaillit l’os de son bras. Le radius s’extrayait d’une vitesse fulgurante qu’elle n’en ressentit aucune douleur. Le sabre osseux à la main, elle le plaqua devant elle, le coinçant dans la gueule du loup alors qu’elle s’écroule sous son poids. Allongée par terre, entre les pattes de l’animal, Eden tenait l’os par les extrémités, le repoussant l’animal affamé à bout de bras. En même temps, elle cherchait à le repousser par des coups de pieds, mais le loup semblait insensible tant il était fort, du moins tellement plus que la demoiselle. Il grognait et chargeait puissamment pour échapper à cette muselière improvisée. Dessous, Eden serrait les dents comme pour mieux résister, lâchant un juron. La bête perdit vite patience et ajouta des coups de griffes vers l’avant, lacérant les épaules de la demoiselle, déchirant par cela les tissus. Un « Arg » passait alors ses lèvres quand sa peau se fend sous les griffes du monstre. La seule solution était la suivante …

Les côtes de la Kaguya s’allongeaient et transpercées sa peau déjà meurtrie. Aussitôt le loup gémit très bruyamment alors que sa fourrure se teintait progressivement de rouge. Les os de la femme rencontraient les siens sous sa chair, les repoussant, les brisant, arrachant muscles et organes. L’animal s’effondra sur elle, la gueule encore prisonnière se déposa au creux de sa nuque. Eden souffla un grand coup mais se retrouvait écraser par la carcasse. Côtes toujours dehors, elle s’agitait pour virer le colosse mais … Lamentable, il était trop lourd. Ses deux bras retombent lourdement par terre, de chaque côté du monstre, elle avait presque disparu sous l’animal tant il était grand … Ou elle petite ? Quoiqu’il en soit, Eden remua les bras sur les côtés, comme si elle coulait, souhaitant attirer l’attention pour qu’on vienne la repêcher dans cet océan de fourrure. Et gesticuler était si désagréable et douloureux pour ses épaules et son buste couvraient de plaies. « Besoin d’aide ici … ». Sa fierté prenait quand même un sacré coup … Et les villageois, accompagnés du Maire, se rameutaient autour de la zone. Bonjour la surprise en voyant une cage thoracique à nu ...

Recap:

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Le gros du groupe sauvage était hors de combat. Toutefois, deux autres étaient encore debout, aboyant et grognant. Le plus se dirige directement sur ma partenaire et je dois user de retenu pour ne pas lui venir en aide. Selon mes observations, elle en est encore à devoir se connaître et se prouver. Elle doit montrer qu'elle peut s'en sortir seule, sans l'aide d'un étranger blond tel que moi. Je décide donc, alors qu'il combat contre le monstre aux poils hérissés, je prendre sur moi la rage de l'autre en sautant et faisant des bruits pour attirer son attention.

Il saute plusieurs fois sur moi, mais sa taille et sa vitesse démontrent qu'il est loin d'être l'adversaire contre lequel se bat Eden. Je continue à surveiller les mouvements des deux en restant dans un angle qui me permet une telle chose. Alors qu'elle dévoile certaines de ses compétences surnaturelles, c'est-à-dire de retirer des os de son corps, elle trouve moyen de pourfendre l'immense bête. Cependant, celle-ci lui tombe dessus et elle nécessite l'aide des villageois pour l'en déplacer. C'était réellement une énorme créature.

Je vois, encore à éviter de multiples assauts d'un autre loup, que son visage est pratiquement aussi rouge que ses plaies. Évidemment, c'est difficile d'être certain qu'il s'agisse de sang effacé, de l'effort ou de gêne. Une fois qu'elle est debout, entouré des citoyens que nous venons de sauver, je prends un ton haut et autoritaire.

- "Écoutez-moi," dis-je en retirant un fourreau ainsi que le sabre qu'il contient de ma ceinture. "Je vais vous expliquer quelque chose."

J'esquive une autre attaque en me faufilant sous la bête en même moment où elle quittait le sol pour m'écraser de son long. Le bout de mon étui trouve place à la base de sa mâchoire, juste à la sortie de sa trachée. La créature tombe au lieu d'atterrir et râle au sol.

- "Je ne suis pas un fervent fanatique de la violence! Cependant, d'autres tempêtes viendront et vos murs seront détruits de nouveau. Je tiens fermement à vous apprendre comment vous battre contre des animaux, mais aussi contre des bandits! Vous êtes, en ce moment, chanceux qu'Eden et moi-même ayons décidé de vous aider. Ce ne sont pas tous les guerriers qui sont comme nous le sommes. De plus, qu'auriez-vous fait si nous n'avons pas été présent?"

Mon regard retourne vers la créature alors qu'elle se relève difficilement. Elle se retourne vivement malgré tout et m'envoie un coup de patte directement dans les côtes. Je place mon fourreau sans difficulté sur le côté, l'empêchant ainsi de me blesser. La bête force, mais j'arrive à le supporter. À peine un instant passe et elle tente de me mordre en avançant rapidement. Mes jambes sautillent vers l'arrière et j'ai le temps d'extirper mon arme. Un coup puissant du plat de la lame au-dessus du museau l'arrête; il était suffisant pour cesser son attaque, mais pas assez pour le terrasser.

- "Bon. Maintenant. J'aimerais que vous m'observiez," commençais-je en prenant un ton toujours aussi haut, mais plus sympathique. "C'est important, car nous ne resterons qu'une semaine durant laquelle nous désirons vous apprendre à chasser, traquer et, aussi, piéger en plus de combattre. Ce sera une semaine chargée, mais qui changera la vie de votre village à tout jamais."

Le monstre se lève de nouveau, un peu plus frêle. Son regard signifie haine et appétit en une seule émotion complètement animale. Il se rue sur moi, crocs et griffes devant.

- "Voici le Iaido!" Déclarais-je vitement.

Bushido : Iaido

Taïjutsu
Le Iai est un mouvement de Bushido de base. Cette technique est utilisée en retirant un sabre (Iaitō ou Shinken) de son fourreau à une vitesse vertigineuse. Le Iaido est une spécialisation offensive du Iai qui a pour objectif de trancher au-travers d'une cible en un seul mouvement net et rapide.
Technique gratuite
Technique de rang D

Je saute aussi vers l'avant et, pendant une seconde, je disparais pratiquement. Cette attaque, la famille Katsuo l'a utilisé si souvent. Je crois l'avoir vue plus souvent que je ne l'ai faite. Une fois de l'autre côté de la bête, je glisse sur le sol, m'accroupissant pour aider à mon ralentissement. La créature tombe sur le côté et bouge encore sur une mètre avant de rester inerte. J'avais encore utilisé la partie non coupante sinon il aurait probablement été tranché en deux parties grotesques et dégoûtantes.

Je rengaine Trahison. Les villageois se mettent à applaudir et mon expression sereine change nettement. Une fois ma lame complètement enfoncé, je lève les mains en l'air et je reprends une voix sévère.

- "Non! Ce n'est pas pour ça que je montrais ce mouvement! Je voulais vous inspirer! Ce n'est pas une suggestion, c'est une obligatoire! Vous devez apprendre à vous battre et il faut de la motivation, de l'effort et de la discipline. Si je n'ai pas ça de votre part, je ne vous aiderai pas! Atteindre cette vitesse et cette technique prend du temps. Vous allez devoir pratiquer à chaque jour, même après notre départ!"

Je baisse les bras, un peu irrité. Toutefois, je ferme les yeux et laisse cette frustration temporaire disparaître avant de reprendre mon calme.

*Seront-ils seulement capable de rester concentré suffisamment longtemps pour y arriver?*

- "Écoutez, pensez-y! Nous en sommes encore à la réparation. Les jeunes et ceux qui ne peuvent pas aider, allez-vous enfermer! Les autres, au boulot! Il n'y a pas de temps à perdre!"

Je marche ensuite vers Eden, maintenant que je suis redevenu complètement zen.

- "Vous allez bien?"

Suivant se réponse, je lui demande si elle croit que je leur ai bien parlé. J'ajoute que ce n'est pas ma spécialité en riant un peu. Entre temps, un des hommes arrive avec des cordes et des sangles. Ils ligotent les loups toujours vivants aux pattes et au museau. Ma mine devient lugubre pendant une seconde. Je secoue ma tête pour chasser ses idées avant de terminer sur une note plus professionnelle.

- "Vous croyez que nous devrions faire le tour tous les deux ou qu'une personne tente de trouver un point pour garder la vue sur les trous dans les défenses?"

Résumé:

Finalement, les fermiers durent user de leur muscle pour ‘chasser’ la dépouille du mâle alpha. Soulagée de ce poids, Eden rappela ses cotes sous sa chair, laissant son buste rouge de sang et de trous béants. Son sweat était maintenant en lambeau, dévoilant des parties de peau. Libérée, délivrée, elle se hissa sur les coudes pour se surélever, puis se redressa complètement sur ses jambes. Pendant un instant, elle tourna le dos à l’assistance pour faire l’état de ses blessures. Ses cotés maintenant en place, sa chair commençait déjà son processus de régénération. Chez les membres de son clan, la guérison était extraordinaire. Tant et si bien que les plaies les plus minimes avaient déjà disparues. Les traces de ses vertèbres arrachaient n’étaient plus, même ces os avaient repoussés sous son épiderme, reprenant sa place pour compléter son squelette. Quant à ses épaules lacérées, ce n’était pas tellement joli à voir. Mais comme le reste de son corps, ces attaques ne lui laisseraient pas la moindre cicatrice, même avant le coucher du soleil, elle serait indemne. Mais avant tout chose, la jeune femme se devait de cacher tout cela. Fort heureusement, son manteau s’était ouvert quand elle était sur le toit, ainsi il était intact. Attrapant les pans du vêtement, elle le referma sur son ventre, puis sur sa poitrine tailladait. Elle remonta la fermeture jusqu’en haut, on pouvait juste voir les extrémités des griffures.

Enfin descente, la jeune femme fit volte-face vers les autres, voyant son coéquipier s’occupait du dernier loup. Tout en s’adressant au ‘people’, il tentait de motiver les troupes. Tout aussi curieuse, mais bien plus attentive que les civils, Eden l’observait et l’écoutait. Le Rônin avait l’air doué, bien plus qu’elle–même déjà. Il dévoilait volontiers l’une de ses techniques, probablement de clan, aux villageois. Il n’était pas réticent à l’idée de se faire … Disons copier ? Ce n’était pas la Kaguya qui allait s’inspirer de son style, après tout elle ne portait pas d’arme, son corps même en était une, ou une multitude. Cependant, elle analysait sa posture, sa distance, ses déplacements. Mais pour un œil civil, ce n’était qu’une démonstration attractive, un spectacle avec la mise à mort d’une bête sauvage. Une sorte de corrida cruelle … L’animal à terre, probablement mort, le sabre retrouva la chaleur de son fourreau tandis que les spectateurs se mirent à applaudir. Aussitôt, le Blondinet manifesta son mécontentement. Il semblait fâché, et cela surprit Eden. Cet homme pouvait vraiment se mettre en colère ? Pendant un moment, elle avait douté de ça. Les points maintenant sur les I, et son message transmis, Takusanken donna les ordres. Les plus jeunes au chaud, les travailleurs au boulot. Pendant ce temps, Eden avait récupéré son fouet d’os, le laisser ici n’était pas une très bonne idée, ce n’était guère un jouet. Aussi, elle commençait à l’enrouler soigneusement jusqu’à se dire … Que c’était une partie de sa personne, comme …. Comme des déchets médicaux. Glauque …. Un soupir passa ses lèvres alors qu’elle reprit son geste.

Le Blondinet s’enquit de son état. Surprise, la jeune femme le regardait. « Je vais bien. Navrée pour la surprise de … Ca. – montre les vertèbres en main –. » Le fouet enroulé, elle l’attacha à sa ceinture comme un véritable fouet de cardage. Puis, elle adressa un geste de la tête à Takusanken, lui répondant par ce geste. La jeune femme tourna le dos pour partir vers un coin plus isolé. Il fallait discuter de la marche à suivre, tout en s’assurant qu’il n’y ait plus de loup. Ainsi, elle emboita le pas, tendant l’oreille pour savoir s’il l’avait suivi ou non. Après s’être éloignée, la jeune femme croisa les bras et prit un air sombre. « Ils sont apeurés et prennent votre démonstration comme un spectacle. Peut-être pensent-ils que d’autres voyageurs feront halte pour les aider … Ne craignez-vous pas de perdre votre temps Takusanken-san ? » Lui demanda-t-elle lui en jetant un regard en biais. Avant qu’il ne réponde, elle ajouta. « J’y pense … J’espère ne pas vous avoir effrayée. J’aurais dû vous avertir. Je viens du clan Kaguya, natifs d’anciennement Kiri. Comme vous l’aurez probablement compris, nous utilisons le Shikotsumyaku, en d’autres termes … L’extraction de nos os constitue notre armada. » Elle fit l’impasse sur la malédiction d’une telle performance, sur la mort prématurée de tous les Kaguya. « Ce Kekkai Genkai nous offre des os aussi solide que des diamants, mais aussi une régénération extraordinaire. D’ici quelques heures, je n’aurai plus la moindre blessure. » Tiens, pourquoi lui avouer tout cela ? Eden commençait à le cerner, suffisamment pour comprendre qu’il était du genre à vouloir protéger le monde. Peut-être lui disait-elle cela pour qu’il ait une source d’inquiétude en moins, notamment sur toutes les blessures que le loup lui avait infligé, et celles à venir. « Si vous avez des questions …. C’est maintenant ou jamais. » Elle était d’humeur à discuter et se montrer sympathique, mais surement en serait-il autrement dans les minutes à venir.

**Invité** Informations

Une fois mon discours terminé, j’avais rejoint Eden qui m’a aussitôt fait signe de la suivre dans un coin plus calme. Ses vêtements sont troués et rougis des blessures que le mâle alpha de la meute lui a infligées. Pas peu fier de ma collègue, j’approche d’elle avec un sourire qui a apparu aussitôt qu’elle m’a annoncé qu’elle était en bon état. J’étais honnêtement inquiet lorsque j’ai remarqué la quantité de sang qu’elle avait perdu.

La jeune femme m’explique sa condition héréditaire. Ma curiosité est piquée à vif; la capacité de se régénérer ultra rapidement, des os d’une résistance supérieure et celle de combattre avec son propre squelette sont très intrigantes. Sous son air neutre, voire désintéressé, Eden montre une ouverture impressionnante. Elle m’offre d’en connaître plus sur son passé et sur son Kekkai Genkai. En bref, elle ne semble pas avoir peur de m’en révéler les secrets et c’est quelque chose que je ne désire pas abuser.

« Je dois dire, Eden, c’est impressionnant! C’est complètement incroyable! J’aurais eu de la difficulté à le croire si je ne l’avais pas vu de mes yeux! » Dis-je en enfant enjoué et curieux avant de me recentrer et de reprendre mon calme. « J’aimerais tout connaître sur votre famille, vos ancêtres et les manières dont se manifeste ce pouvoir, mais je respecte les secrets des autres malgré que je les déteste complètement. Donc, je ne demanderai que deux choses : cette capacité héréditaire peut-elle être dangereuse pour votre corps, voire létale, et est-ce que c’est quelque chose qui peut mettre votre vie en danger que quelqu’un sache que vous êtes Kaguya? »

En même temps que je lui pose ces questions, je retire un chandail identique à celui que j’ai sur moi de la poche avant de mon carquois. Je l’offre à ma partenaire, car ses vêtements sont en lambeaux. Je lui offre aussi un sourire compatissant en l’écoutant me parler un peu plus de sa situation. Finalement, avant de reprendre la parole, je prends un linge de la même pochette que je lui offre en faisant signe en utilisant mon visage comme exemple pour lui démontrer que le sien est complètement rouge de sang.

« J’aimerais, vraiment, que nous continuions cette discussion, mais nous avons un village à protéger. Pour répondre à votre question de plus tôt, Eden, j’ai confiance que les gens, ici, vont mettre l’effort. Sinon, ce village sera réduit en cendre d’ici peu parce que je sens réellement de l’agitation dans les pays. Oui, je crois qu’ils le feront puisque leurs vies est en danger, en danger extrême. »

Je regarde au loin, comme si j’essayais de voir jusqu’à Konoha et, en me retournant, Kumo en passant par Suna. Ma main couvrant mes yeux des rayons devenus plus puissants avec le temps et l’heure. Mon attention revient à ma nouvelle alliée.

- « Oui, si vous êtes intéressé, je suis prêt à tout vous dire sur moi, » dis-je avec un visage légèrement différent sous le soleil à contrejour. « Mais, nous devons réellement passer à l’action maintenant. Dites-moi donc, préférez-vous vous attaquer à la surveillance des deux murs ou désirez-vous rechercher pour d’autres bêtes tapis dans l’ombre? »

Je replace délicatement ma tresse et mon cure-dent alors que je lui pose la question. Plus le temps avance, plus je suis intrigué par cette damoiselle. Je vois un potentiel ridiculement élevé et je crois qu’elle n’est même pas consciente de ce qu’elle pourrait accomplir. J’ai peur qu’elle soit tirée vers l’abysse par de mauvaises personnes.

*C’est évident que ce n’est pas ma tâche, mais je refuse de la laisser aller dans cette direction, pas si je peux y faire quelque chose. Non, elle ne doit pas tomber. Eden est à un moment critique de sa vie. Elle peut pencher d’un côté ou d’un autre dépendamment de ce qui lui arrive. Sans des gens comme Yojimbo, Kennei, Miyuki et Shinji, je serais sûrement devenu un second Arekushi dans l’optique de battre le premier de ce nom. Non, je dois l’aider, mais elle doit le vouloir. Ce sera son choix et je respecterai sa décision.*

Résumé:

Eden s’attendait à tout … Sauf à ça. Takusanken semblait plutôt emballé par ce qu’il venait d’apprendre, il montrait aussi son ouverture d’esprit. Surement aimait-il apprendre et découvrir toujours plus de choses. Et l’étrange ‘chose’ qu’était Eden était une nouveauté pour lui. D’ailleurs, il qualifiait le Shikotsumyaku d’impressionnant et incroyable. Il est vrai que c’était une discipline rare et peu orthodoxe. Sur le coup, son air d’enfant arracha un sourire discret à l’Errante. Cet homme était attachant … Petit recadrèrent, et on poursuit. Le Blondinet disait vouloir tout savoir sur son clan, ses ancêtres, cette hérédité. C’est avec surprise que la jeune femme regardait son coéquipier, sa curiosité était … Gênante. Pas gênant dans le sens où elle l’agaçait, mais plutôt car elle ne pourrait y répondre. Du moins pas en totalité, encore moins avec précision. Mise à part ses parents et une rencontre faite sur la route, Eden ne connaissait pas son clan, elle avait quitté Kiri bien trop tôt pour cela. Enfin, les questions tombaient, et pas des moindres. Il tapait là où ça faisait mal. Evidemment, il ne pouvait pas savoir. Et il le demandait. Sa vie était-elle menacée par un tel don ? Mal à l’aise, Eden détourna le visage à l’opposé, pour lui cacher le doute et la crainte qui se lisaient dans ses yeux. Et c’est avec un détachement totalement feint qu’elle répondit « L’usage constant de nos os rend notre vie précaire. Tous les Kaguya sont jugés maudit. S’ils ne meurent pas au combat, c’est la maladie qui les emporte. » Elle parlait de son avenir en citant le passe des autres membres de son clan. Et tel sera son chemin. Quant à sa deuxième question, elle y répondit tout aussitôt pour éviter toute réponse à son aveu. « Depuis des temps immémoriaux, il existe de la haine entre les Kaguya et les Samui. Ils constituent la seule menace pour mon clan. »

L’œil maintenant posé sur le Blondinet, elle le vit lui tendre un vêtement pour remplacer le sien. Ses sourcils s’haussent sous la surprise, puis elle le saisit. Bien que gênée l’idée de portait les vêtements d’un homme, elle enfilait sans broncher. A peine eut-elle fini d’y glisser les bras qu’un second tissu lui fut présenter. Elle remercia le Rônin d’un sourire plutôt timide et éponge son visage, essuyant le rouge pour ne laisser que le blanc de sa peau. Au fur et à mesure, elle écoutait le jeune homme lui répondre. Et la foi dont il faisait preuve l’impressionnait. Il y croyait vraiment … En ces personnes. Et cette même foi le poussait à rester ici, à aider du mieux qu’il le pouvait ces pauvres gens sans défense. Il était si positif et optimiste … A moins qu’elle ne soit juste trop négative et peu confiante … La question pouvait se poser, mais elle n’avait guère envie d’y songer. Sans réfléchir, Eden déclara. « A défaut de croire en eux, je croirais en vous … » Elle lui faisait donc confiance pour affirmer pareil chose ? Possible … Mais c’était plutôt prématuré. Pour elle en tout cas. Pour la distance qu’elle prenait sans cesse, pour l’attachement qu’elle ne souhaite pas mais qui, manifestement, ne peut être contrôlé à sa guise. C’est vrai quoi … Takusanken était plutôt gentil et agréable. Un ami ? Hmm … Le temps le dirait.

Et le temps n’était plus aux discussions, aussi plaisantes soient-elles. D’ailleurs le blondinet le fit remarquer, à regret ceci étant dit. « Alors nous reprendrons cette discussion dans la soirée. »Montrant qu’elle était prête à entendre son histoire. Puis. « Pour l’heure, je serai plus utile à la surveillance. Mes blessures m’entraveraient dans un combat. Vous êtes plus fort et plus rapide que moi, finir de chasser ces bêtes sera plus facile pour vous. Durant ma visite, j’ai vu que le pseudo-mirador était intact, il sera facile de surveiller de la haut. En tout cas, vous m’y trouverez s’il n’y a pas de problème. Au travail maintenant. » La jeune femme lui adressa un petit sourire avant de changer de chemin pour rejoindre les remparts plus rapidement.

**Invité** Informations

Je regarde la Kaguya s’en aller en vitesse vers la relativement haute tour qu’elle avait vu plus tôt dans la journée. Cette dame m’impressionne. Ce n’est pas uniquement son pouvoir particulier qui m’intrigue. Elle a quelque chose de spécial. Je n’arrive pas à mettre mon doigt dessus, mais je réitère ce que je pensais plus tôt.

*Elle deviendra quelqu’un d’important.*

Je souris pendant une seconde alors que je perds Eden de vue et je m’en retourne à mes tâches. Ce sera une longue journée de boulot. En premier lieu, je demande à un jeune réparateur d’expliquer à tous les autres que ma partenaire surveillera la construction et pourra agir si jamais il y a un problème. Pendant ce temps, je vérifierai s’il n’y a pas de danger dans l’enceinte de cette agglomération.

L’homme accepte sa mission et se met à la course. Je prends une seconde avant de m’en aller pour être certain qu’il fait bien ce que je lui ai demandé. Une fois rassuré, j’attrape des cordes, je m’élance sur un toit à quelques mètres et je commence ma recherche. Selon ce que j’ai compris du village ci-présent, il y a cinq petits quartiers : la rue principale qui fait la grandeur du village et là où se trouvent les commerces, les deux sections domiciliaires qui se situent à l’Est et à l’Ouest du chemin transversal, la grande section avec des jardins qui se trouve complètement au fond et la petite ferme probablement coopérative où se trouvent quelques vaches et poulets au Sud-Ouest. En fait, si je compte l’entrée, ça fait six. Je n’ai que quelques heures pour valider à cent pourcent que ces zones sont sécurisées. Ça ne me laisse qu’une vingtaine de minutes par endroit.

Ainsi, sautant de toit en toit, je dois faire le tour d’environ une centaine, peut-être plus, d’édifices en plus de devoir étudier les quelques établissements ouverts de l’intérieur. Donc, selon mes calculs, il y a quelque chose comme deux cents ou trois cents habitants dans ce village. Si je me fie au fait qu’une soixantaine d’hommes et femmes sont présentement en train de réparer, je peux dès lors faire une hypothèse sur l’ampleur de ma classe d’armes. Je suppose donc qu’uniquement trente à soixante personnes seront présents. Si la moitié d’entre eux ont la discipline et sont prêts à mettre l’effort, mon implication sera justifiée. J’ai bien peur que s’ils ne le font pas, ce village sera condamné tôt ou tard.

Dans les heures qui suivent, j’arrive à trouver trois autres loups dans la ferme. Malheureusement pour les animaux, je n’y suis pas arrivé assez tôt. J’ai bien réussi aisément à assommer les bêtes et à les attacher, mais je n’ai pas sauvé beaucoup de vaches ou de poulets. Je plains le ou les fermiers qui devront éponger cette perte. Plus tard, je trouve deux ours près d’un commerce que je soupçonne être une boucherie malgré l’écriteau arraché. Ils me donnent un peu plus de fil à retordre, mais j’y arrive. Les attacher me prend un temps précieux. Les déplacer est encore plus long. Après plusieurs longues minutes, j’arrive à les tirer jusqu’au centre de la ville et à les installer en hauteur sur une sorte de poteau qui sert à la lumière durant la nuit. Finalement, je trouve une bande de coyotes derrières l’auberge. Ils étaient carrément caché dans les buissons c’est pourquoi je ne les avais pas vu avant. Ils ont été simples à mettre hors d’état de combattre et à sangler.

Alors que le soleil débute sa descente, je fais un autre tour rapide de la ville pour m’assurer que je ne vois pas d’autres bêtes et, une fois certain, je me rends directement à l’endroit où se trouve ma partenaire. En sueur et plutôt essoufflé, je m’assois adossé contre le petit muret de bois juste derrière Eden et je m’abreuve d’une gourde d’eau pratiquement vide.

- « Alors, Eden, que ce passe-t-il? » Demandais-je en marquant une pause entre les mots pour respirer.

Je n’ai pas été aussi à bout de souffle depuis longtemps. Je crois que je manque d’entraînement physique puisque je me suis principalement concentré sur le côté technique de l’Art du Sabre. Je prends de petites gorgées et j’en laisse une pour ma coéquipière.

- « Ils ont terminés? » Dis-je en lui offrant l’objet.

Résumé:

Très vite, la jeune femme rejoint le mirador. A son pied, les travailleurs s’attardaient déjà à constituer les équipes. Soucieuse du bon fonctionnement des travaux, Eden interpellait le supposé chef des travaux pour se tenir au courant des équipes, de leurs nombres ainsi que le placement de chacun, tout comme quel groupe est affecté à quelle tâche. L’adulte coopérait sans le moindre souci. Ainsi restant à ses côtés pendant une bonne vingtaine de minutes, la jeune femme s’assurait que tous ait comprit leurs tâches. Cependant, elle prit soin d’arracher trois villageois à leur groupe pour constituer le sien. Ce dernier groupe serait chargé de la surveillance, ainsi que la protection des travailleurs. Le choix de la jeune femme fut porté sur des hommes jeunes, en bonnes formes, avec des conditions physiques plus avantageuses. Peut-être seraient-ils même des candidats idéals pour participer au ‘cours’ au Samouraï. Les ordres donnaient à chacun, la jeune femme grimpa dans le mirador pour avoir une vue d’ensemble. Elle observait un instant le village, il était plus grand qu’elle ne l’aurait pensée … Les remparts entouraient le village et une tour – plus petite que l’actuelle – était placée aux pôles du hameau. Rapidement, ces nouveaux coéquipiers la rejoignent. Elle les guidait et leur montre la base de la surveillance. Chaque avec une mission et un ‘outil’ identique. Une torche. Oui en plein jour. Mais elle n’avait pas pour but d’éclairer un chemin obscur. L’ordre était clair. « Que chacun aille se placer sur une tour. A la moindre chose suspecte, agitez la torche pour prévenir, je viendrais vous rejoindre. » Avec ceci, elle les mit en garde. « Ne quittez jamais votre poste sans avoir rempli deux conditions. La première, vous devrez être remplacé. La seconde, ne sortez jamais seul en cas de danger, ou potentiel danger. Votre vie sera plus à l’abri en groupe que seul, quel que soit l’ennemi. »

Cela valait aussi pour elle …. La jeune femme voyageait seule de jour, comme de nuit, refusant tout groupe ou compagnon de route. Peut-être finirait-elle par changer d’avis. Cela était même sur, n’avait-elle pas acceptée de faire halte ici, pendant une semaine, pour porter main forte au Samouraï ? C’était déjà un miracle, et une formidable victoire pour Taku’, qui ne devait pas s’en rendre compte. Enfin bref. Les jeunes hommes quittaient vite le mirador pour traverser le village et prendre place dans les autres tours. Ainsi la surveillance pouvaient débuter. Accoudée à la rambarde, Eden regardait les travailleurs en contre bas, puis observait la lisière de la forêt. Elle tendait l’oreille au moindre son, prête son attention au moindre remous dans la verdure. Mais la plupart du temps, ce n’était qu’un oiseau qui prenait son envol, ou un lapin qui passait sagement. Du côté d’Eden, les problèmes furent plus d’organisation que de banditisme ou attaque. Par moment, il manquait de bois pour un coté de la barrière. Ou bien X s’était blessé par un coup de marteau. Rien de bien palpitant. Elle pouvait même regarder ses blessures se refermer. Par moment, elle voyait ses « poulains » agiter leur torche pour signaler quelques choses de louches. Là, elle quittait son poste, demandant à être remplacée le temps de son départ. Elle traversait le village rapidement pour se rendre sur l’autre mirador. Souvent, ce n’était pas grand-chose. Et petit à petit, les apprentis prenaient confiance jusqu’à ne plus demander d’aides.

Durant les heures les plus chaudes de l’après-midi, Eden restait à sa place, surveillant les horizons. Du moins jusqu’à ce qu’elle vit un duo sortir d’un bosquet. Leur allure ne laissait pas de place aux doutes. Des bandits, surement en reconnaissance. La jeune femme sauta aussitôt par-dessous la rambarde pour passer de l’autre côté, à quelques mètres de la forêt ou se tenaient les deux hommes. Elle n’eut qu’à tendre la main vers eux, lâchant ses phalanges telles des balles vers eux pour les faire fuir. Peut-être leur suffirait-il de savoir qu’il y avait des ninjas ici pour les dissuader. Du moins elle l’espérait. Les deux gugusses prirent leurs jambes à leur cou avant de disparaitre. Cet incident devrait être signalé à Takusanken. Les intrus disparus, la jeune femme remonta sur son perchoir. Pendant la journée, elle avait vu les travaux avancer à vue d’œil, si bien que s’était impressionnant à voir ! Bien sûr, la tempête n’avait pas arrachée toutes les clôtures, mais tout de même. Pour de simples hommes, c’était épatant. Le reste de la journée fut plutôt calme, sans vague, ni imprévu. Tant et si bien que la jeune femme s’autorisa un instant pour observer le couchant. L’orbe de feu descendait de ses cieux pour se mêler à la faune, embrassant l’horizon et le feuillage de son crépuscule. C’était beau à voir … Un tableau d’harmonie et de paix. Depuis quand la jeune femme n’avait-elle pas stoppée sa course pour contempler la richesse de la nature ? Trop longtemps … Cette pause était agréable.

Entendant un bruit dans son dos, la jeune femme lança un regard par-dessus son épaule pour voir le Blondinet revenir, encore épuisé par ses efforts et son travail. Il s’assit par terre, le dos contre le muret. Eden le laissa à son repos et retourna à son contemplation. « Ils sont en train de terminer. Nous avons eu la visite de bandits, surement venu en repérage. Je les ai fait fuir, mais surement reviendront-ils. Vous aviez raison, il est plus que nécessaire pour ces personnes de savoir se défendre. Et de votre côté ? » A sa question, la jeune femme se tourna pour lui faire face, tournant le dos au soleil. Elle posa les coudes sur les rambardes et s’appuya dessus, comme s’étirant. Pendant un instant, elle le regardait « Je crois comprendre que vous avez eu des soucis. »

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Essoufflé, vêtements partiellement déchirés et visage humide par l’effort, je me mets à rire lorsqu’Eden me demande comment s’est passé ma tâche. J’explique mon aventure : les loups, les ours et les coyotes qui étaient un peu partout dans le village. Je note aussi le fait que cette petite agglomération est réellement moins petite que je ne l’avais cru au départ. Finalement, je me penche sur le sujet des bandits.

- « Des bandits, en plus? Ils avaient des armes de longue portée? » Demandais-je toujours à bout de souffle. « Parce que si c’est le cas, il faudra aller chercher d’autre type d’équipement pour se défendre contre eux. Il faut un haut niveau d’entraînement pour dévier et esquiver des projectiles. »

Je marque une pause durant laquelle je me lève et je dépose mon arsenal. Épuisé, je prends place à côté de ma partenaire de mission, les avants bras posés sur la rambarde en regardant le bon travail des citoyens de cette minuscule cité. Je souris parce que je réalise soudainement que je n’ai aucune idée du son nom. Je me penche un peu vers l’avant enlevant ainsi du poids sur mes mollets.

- « Par ailleurs, c’est vrai qu’ils ont bien travaillé. Et, vous aussi, par la même occasion! Beau boulot pour les bandits. Il faudra trouver une solution pour ça, mais demain, mon cerveau a besoin de repos. »

Je pointe le trou pratiquement rafistolé d’un des murs.

- « Selon moi, ils auront terminé demain. Nous pourrons commencer l’entraînement après la fiesta qu’ils voudront probablement faire pour fêter la reconstruction, » dis-je, pensif. « Vous avez rencontré des gens plus valeureux ou aptes à suivre des enseignements de l’Art du Sabre? »

Au moment où ces derniers mots passent mes lèvres, une cloche retentit dans le village. Nerveux, j’active le peu qu’il me reste d’énergie à tenter de comprendre la source de ce chaos, mais au final, ce son signifie la fin de la journée. Les hommes rangent leurs outils et autres pièces d’équipement. Après quelques minutes, les travailleurs commencent à parler de plus en plus fort, à rire et à se diriger vers l’auberge. Je signifie à Eden que nous devrions faire de même. Je prends une seconde pour étudier les reconstructions.

- « Oui, je crois que c’est suffisant. Les bêtes ne devraient pas entrer. Toutefois, par précaution, je ferai un tour demain. »

Je laisse mes armes derrière moi, certain que les villageois ne les voleront pas et qu’aucun bandit ne tentera l’entrée dans le village cette nuit. Glissant le long de l’échelle, je me laisse une seconde pour observer le ciel qui est particulièrement coloré. Je souris, heureux de ma journée, mais surtout de la tâche que nous faisons. Je la trouve noble et pleine de sens. De plus, je crois qu’Eden ressent l’importance de cet événement.

- « Je vous paye le repas, Eden? »

Je dis ça sans regarder en arrière de moi en me dirigeant vers l’auberge.

- « Vous pourrez me poser toutes les questions que vous le désirez sur mon passer. Je crois personnellement qu’il est important qu’en tant qu’alliés, nous nous connaissions le plus possible. »

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