Un examen. Oui, c'était nécessaire à ma formation en tant que ninja. Si je voulais progresser, et apprendre à maîtriser mon pouvoir correctement, c'était une étape par laquelle je me devais de passer. Je prenais des cours à l'académie, et aujourd'hui un examen était prévu. Je n'étais là que depuis quelques jours, et me voilà déjà en difficulté. Ce n'était pas gagné. Et si je réussissais cet examen, tout comme les suivants, j'imagine que cela pourra m'aider à progresser encore plus. J'étais motivée, bien que... bien que je n'y connaissais pas grand-chose, voilà tout. Je ne savais pas encore grand-chose sur les ninjas, leur univers, leurs méthodes et pratiques... non, j'étais très loin d'être incollable sur le sujet. Après tout, je ne savais même pas qu'un examen était prévu pour aujourd'hui.

Aie...

Là, je venais d'entendre la question qui nous était posée. Une liste des outils utilisés par les ninjas pour mener à bien une mission ? Et en plus, dans le détail, avec des descriptions complètes et précises ? Mince... je ne savais pas grand-chose sur ça. Mordillant calmement le bout de mon crayon, j'observais ma feuille blanche. Je n'étais pas très confiante... moi qui voulais marquer le coup dès le début, en faisant bonne figure, ce n'était pas gagné. Je sens venir le zéro pointé... et comment dire, je préférais absolument l'éviter. Quoi de pire pour commencer son apprentissage, que la pire note existante ? Pas grand-chose.

Voyons. Je sais qu'ils ont leurs petites étoiles filantes déjà. Maman m'en avait parlé... des sh- machins là. Des sharingans ? Non, ce n'était pas ça. Quoique, j'ai un doute... c'est un truc comme ça. Bon... au pire, je n'avais qu'à tenter de noter ça sur ma feuille. S'il y a une ou deux fautes dans le mot, ce n'est peut-être pas si grave... si ? Bref. Le crayon en main, j'écrivais donc le début de ma réponse :

"Tout d'abord, les ninjas utilisent des armes de jet comme des sharingans, qui sont de petites étoiles faites de métal. Le ninja peut s'en servir pour attaquer un ennemi à distance, en profitant du tranchant du métal."

Je crois que c'est bon. Voilà de quoi gratter quelques points. Mes mains passaient dans mes cheveux, la tête rabattue vers l'avant. J'étais concentrée, pour me rappeler de quel autre outil pourrait avoir besoin un ninja, lors d'une mission. Les yeux fermés, je revoyais quelques scènes de mon passé, face aux ninjas d'il y a quelques années. Malheureusement, aucune autre arme ne me vint en tête... si j'avais su, j'aurais mieux réviser ce sujet là. Je n'étais absolument pas calée sur le sujet, et j'ignore totalement combien ma réponse actuelle pouvait me rapporter de points. L'angoisse naissait, alors que je sentais mon corps se réchauffer légèrement. C'est un signe... si ça continue, je risque de perdre le contrôle. J'ai besoin de calme... de calme.

Seulement, un bruit se fit entendre. Comme si l'on m'appelait. Doucement, je tournais la tête sur le côté, pour voir la personne qui m'appelait. Il s'agissait de mon voisin de classe, qui semblait être dans l'ennui. Un taille-crayon... ha, sa mine. Hochant la tête positivement, j'allais le lui passer lorsque l'examinateur apparut tout à coup devant nous, et cria de toutes ses forces à notre encontre. Des tricheurs... ? Zéro pointé... ? Ah, mais... non ! C'était inutile de contester, puisque l'homme était en train de déchirer nos copies, sans aucune once de pitié. Nos feuilles n'étaient plus que des petits morceaux de papier, et étaient devenues complètement illisibles. Je ne me sentais plus très bien, suite à ça. Le restant de l'épreuve, je l'ai passée le front sur le bois de la table, les bras autour de ma tête. Je n'avais plus qu'à attendre la sentence... tout comme le garçon qui s'était lui aussi fait prendre. Celui qui était aussi fautif dans cette histoire. Enfin, il ne demandait qu'un prêt de matériel après tout... il n'a jamais été question de tricher. Je ne pouvais pas lui en vouloir pour ça...

La sonnerie retentit alors, annonçant la fin de l'examen. Relevant légèrement la tête, la mine déterrée, je vis que le bois sous mon front avait légèrement commencé à noircir sous la chaleur de mon corps. Eh merde... ça commençait. Je déplaçais vivement ma trousse à l'endroit de la brûlure, pour cacher cela.

Gomen… Je voulais pas que tu… »

Hein... ? Il avait tenté de s'excuser... mais l'examinateur approchait, le forçant à s'interrompre. Il s'arrêta devant nos bureaux.

Alors les gamins, on s'amuse à tricher en plein examen ?!

Le regard dur, les bras croisés. Je baissais les yeux sous la pression.

Toi là, regarde moi quand je te parle ! Et ça vaut aussi pour ton pote.

Je relevais la tête timidement, effrayée. Il n'inspirait pas du tout la confiance, c'était même tout le contraire. Et il nous forçait à ne pas le lâcher du regard. Rien que ça, c'était une torture...

Mais...
Il n'y a pas de "mais" ! Je ne veux rien entendre. Je ne supporte pas les tricheurs, et je compte bien vous le faire comprendre.

Il ne nous laissait pas parler. Il se retourna alors, s'avançant vers son tableau, le pas dur et lent. Il fit une halte, et se retourna simplement.

Vous êtes collés, et vous allez purger votre peine maintenant. Deux heures de plus ne vous fera pas de mal. Avec deux subtilités, pour deux petites teignes comme vous : primo, trois exercices sont à faire ; secundo, vous serez seuls dans la salle. À savoir que toute tentative de fuite sera sévèrement sanctionnée, tout comme la moindre erreur dans vos exercices.

J'étais en train de halluciner, ou bien... ? Deux heures de colle ? En plus avec des exercices à faire, et une interdiction formelle de se tromper... ? C'était une mauvaise blague. S'il vous plaît...

J'espère que j'ai été assez clair. À dans deux heures.

Il claqua la porte, et disparut de notre champ de vision. Tremblante, je pris ma tête entre les mains, délicatement. Il fallait que je respire... que je me calme. Oui... voilà. Comme ça.

Comment je pouvais réussir à remplir ses exercices, sans aucune expérience ? Sans rien ? Même à une question basique comme celle d'aujourd'hui, je n'ai su y répondre. Alors des exercices, composés de problèmes situationnels en tant que shinobi en plein combat... comment faire ? Je ne sais pas. Je me sentais... comme perdue. Même si je n'étais pas seule dans cette galère. D'ailleurs... je me relevais, reprenant mes esprits. Mon regard se porta sur le jeune garçon aux cheveux blancs, qui m'avait embarqué dans cette galère. Malgré lui, après tout.

Tu n'as pas besoin de t'excuser... je sais que ce n'était pas intentionnel...

Il n'avait pas l'air d'être un mauvais bougre. Et ce n'était pas en se chamaillant qu'on allait se tirer de cette affaire, après tout. Seulement, le silence retomba entre nous. On avait un travail à accomplir, et pas des moindres. Il fallait s'y mettre avant que le décompte des deux heures ne s'écoule complètement. Détournant le regard, j'observais la fiche d'exercice qu'il nous avait confié, analysant un à un chaque exercice. Et, c'est bien ce que je pensais... après quelques minutes, le silence fut rompu.

C'est d'un tout autre niveau... quelle plaie. Tu... tu y arrives, toi ?

Il n'était plus là, après tout. Et il n'avait pas précisé si on pouvait s'entraider, ou non... et puis pour l'instant, je n'ai rien demandé de trop grave. Non... ?

Tic. Tac. Les minutes passèrent, lentement. Les yeux rivés sur la fiche d'exercice, je savais pertinemment que je ne pourrais jamais y répondre. Je ne connaissais absolument aucune réponse, sans doute les questions étaient bien trop difficiles pour moi. Voire, pour nous, tout compte fait. Comment faire dans ce cas-là ? Je ne pouvais me reposer que sur mon compagnon de galère. En espérant qu'il sache répondre à au moins l'une de ces questions... histoire de ne pas rendre une copie blanche, sans aucune réponse de donnée. Je vois bien ce cruel examinateur ne pas nous rater, si tel était le cas. Oui... on risque gros.

Le garçon à la chevelure blanche se présenta alors, sous le nom de Hiko. Il me demanda également si nous nous étions déjà vu... à vrai dire, je ne savais pas trop lui répondre.

Je ne pense pas, non... je suis nouvelle ici, et je ne suis arrivée que depuis quelques jours à peine. Ah, et moi c'est Ayano, enchantée !

Un mince sourire sur le visage, alors que mon attention se retourna vers la fiche d'exercice. Mon regard parcourut chaque ligne, chaque mot, une bonne dizaine de fois. Et ça continuait. Mais malgré ça, rien ne me venait à l'esprit. Je sentais la pression grimper d'un cran, et l'étau se resserrer autour de nous. L'examinateur allait nous avoir en travers, et pas qu'un peu. Ce n'était pas trop ce que je cherchais, en venant ici... quelle galère, franchement. Pour un rien, nous nous étions mis dans une situation assez délicate et embêtante. Morale de l'histoire : tout élève doit avoir son taille-crayon dans sa trousse. Nous n'en serions pas là, au moins. C'est le moins que je puisse dire.

Mais alors que ma concentration était à son maximum, mordillant le bout de mon crayon, je l'entendis se déplacer. Observant son déplacement du coin de l'oeil, je le vis s'installer en face de moi. Il me regarda un moment. Gênée, je ne fis comme si rien n'était, essayant de me reconcentrer sur ma copie. Est-ce là la nature des hommes en société... ? Observer les gens comme des bêtes de foire ? C'est comme ça que ça marche, maintenant ? À vrai dire, je n'en savais trop rien... peut-être que je ne voyais que le mal partout, alors qu'il n'en était rien. Cela restait à prouver. En tout cas, je le vis détourner une nouvelle fois le regard vers l'horloge, avant de le reporter une nouvelle fois sur moi. Bien plus proche, et plus insistant. Puis il parla. Alors comme ça, lui non plus... il l'a dit, oui, on est mal. Néanmoins il tenait à se faire excuser... et posait encore quelques questions à mon sujet.

Des bonbons... ? Ce n'est pas la peine, ne t'en fais pas. Et ce n'est pas grave je t'ai déjà dit, ce n'est pas de ta faute...

Si, c'est de la sienne, dans le fond. Mais ce n'était pas volontaire. Est-ce une raison valable pour l'excuser ? À mon sens, oui. Et puis, de toute manière, il m'était impossible d'en vouloir réellement à quelqu'un pour si peu. Donc je ne tenais pas à ce qu'il m'offre quoique ce soit en retour... bien que s'il insiste, je ne saurais pas le lui refuser. Chiant d'être moi, franchement.

Ha... oui, on est assez mal. Et sinon, rien de bien spécial... j'ai rejoint le Shûkai il y a quelques jours, du coup je prends quelques cours ici pour réussir à maîtriser mes pouvoirs, et pour avoir un abri. Du coup, c'est normal que je n'arrive que maintenant en cours !

Il ne m'avait pas l'air bien méchant. Au contraire ! C'est peut-être méchant pour lui de dire ça, mais je suis bien content que ce soit à ses côtés que j'ai mes deux heures de colle. De ce que j'ai vu les autres jours, il y a tout de même des cas parmi nous... alors bon. Ce n'est pas plus mal que ce soit lui, et pas quelqu'un d'autre. Après, je peux me tromper dans mon jugement... je n'ai pas l'oeil très expert encore, ne connaissant que très peu de monde ici, et même en général. Comme si j'étais sortie de nulle part, après des années d'isolement... et c'était bien le cas apèrs tout. D'où mon comportement...

Je soupirais, ne sachant comment régler le problème d'exercice. Nous étions dans une impasse, et pas qu'un peu. Seulement... là n'était pas le seul problème. Pour une raison que j'ignorais, la lumière dans la salle semblait s'accroître légèrement. Mais de plus en plus. Une ampoule en était la cause, tandis que la lumière de l'autre faiblissait. J'observais curieusement la scène, jusqu'à que l'une d'entre elle -la plus éclairée, qui était surchargée-, finisse par violemment éclater. Un cri de frayeur se fit entendre, alors que mes bras étaient passés au dessus de ma tête. Ne relevant la tête que quelques instants après, je vis que la salle était beaucoup moins éclairée, et que l'autre ampoule était sur le point de rendre l'âme, une seule lumière faiblarde en émanant. Il faisait sombre. Trop sombre. Comment travailler dans de telles circonstances ? On ne pouvait même pas sortir ! Je sentais un sentiment de peur naître. Mon estomac se nouait, jusqu'à presque m'en faire mal.

Hiko... tu... tu sais ce qu'il se passe... ?

La lumière faiblissait de plus en plus. Etait-ce raisonnable de rester sans ne rien faire... ? Dans de telles conditions, il m'était impossible de travailler convenablement. Mais de toute façon, y serions nous parvenu, même avec de la lumière ? Pas sûr, vraiment pas. Farfouillant dans ma trousse, je pris quelques crayons, de différentes couleurs. Seulement cinq, que j'attachais entre eux avec un élastique pris dans mes cheveux. Une fois bien resserrés, je vis la dernière ampoule nous lâcher. Ma main passa au dessus des crayons, et une vive flamme s'anima sur eux. Une torche improvisée, entre autre...

On voit déjà un peu mieux... je peux en faire d'autre s'il le faut. Mais... je t'avoue que je ne suis pas très rassurée...

La lumière était là. Du moins, pas celle qu’on attendait. Il a fallut que j’enflamme des crayons, comme pour faire une torche, pour que nous puissions voir quelque chose. Je laissais la torche sur un bureau voisin, calée pour ne pas qu’elle s’effondre. Elle illuminait la salle, bien que faiblement sur les extrémités. Cela pourra s’arranger au besoin, certes. Néanmoins, le plus inattendu restait la réaction du jeune Hiko. Il semblait comme... ébahi par ce que je venais de faire. Trop forte... ? Si seulement... il me posa un tas de questions sur ça... gênée, je lui répondis timidement...

Hm... oui, c’est... mon pouvoir. Je ne maîtrise que le feu, si tu veux tout savoir... enfin, c’est déjà ça. Je pense...

Un sens ? Pas vraiment. Je n’étais pas habitué à des compliments, à ce que l’on vante mon talent. J’ai été plus habitué à ce que l’on le chasse.

Enfin... merci… !

Je ne savais même pas si je devais le remercier, ou non. Je suppose que oui...

Cependant, cette situation n’allait pas durer. La gêne laissa place à l’incompréhension, puis à la peur. De nouveau, toutes les lumières s’étaient éteintes. Mes flammes auraient disparues ? Déjà ? Mais c’est... impossible. Pourquoi ? Je n’en avais aucune idée. Je me sentais perdre mes moyens. Le noir était envahissant. L’obscurité prenait de plus en plus de place, autant dans la salle que dans mon être. La peur naissait, grandissait. Cette sensation de ne pouvoir rien faire... cette peur du noir, de l’inconnu... le tout s’accumulait.

Haletante, transpirante, je ne savais plus quoi dire, quoi faire. Mon pouvoir... mon unique pouvoir... inutile ? Non... pourquoi le feu s’était-il éteint ? Suis-je... si faible que ça ? Sans aucun doute. C’est ce que cela laisser à penser. J’en avais perdu le contrôle...

Seulement, quelque chose me sortit de cette torpeur. Un contact, à la fois bienveillant et rassurant. Le retour de la lumière s’en suivit... alors que je vis le jeune garçon, sa main posée contre ma joue. Ce qu’il s’était passé ? Je ne sais pas. Seulement, lorsque je réalisais la scène, je rougissais. De plus en plus gênée... ha, je n’étais pas encore habituée aux humains. Non, vraiment pas.

Une illusion donc ? Tout s’expliquait, je comprenais mieux...

Je vois... merci de ton aide, Hiko !

Bien que toujours déboussolée et intimidée, je lui souris timidement. Reprenant mon calme peu à peu, j’observais les alentours. Le jeune garçon était toujours positionné devant moi, assis sur le bureau. Néanmoins, derrière lui, je vis autre chose... de plus inquiétant. Une feuille semblait fixée sur le tableau de la salle. Elle n’y était pas avant... j’en étais sûre. Quelque chose s’était passé durant notre aveuglement... ? Me voilà pas rassurée.

Me levant de ma chaise, je montrais au garçon à la crinière blanche cette feuille, alors que je m’avançais en direction du tableau, tremblotante... mais à ses côtés. Je ne me sentais pas d’y aller seule.





Non... non. Paniquée, je courrais en direction de la sortie. Au contact de la porte, une lueur bleutée s’anima, et parcourait tous les contours de la salle. Comme si... une barrière protégeait la porte, les fenêtres, ainsi que tous les murs de la salle. Au contact, une décharge électrique s’en suivit, d’en un râle de douleur. Je retirais ma main, m’éloignant de la barrière. De plus en plus prise à la panique... des larmes coulaient.

Non… non… j’en ai marre, je veux sortir d’ici... pitié...

Tombant à genoux face à cette porte, que je pensais comme chance de sortir, quitte à désobéir à notre professeur. Néanmoins, ce n’était pas aussi simple.

Un nouveau cri de ma part, alors que mes mains se dressaient en direction de la porte. De puissants jets de flammes en sortirent. Incontrôlable, tel était mon destin... mes sentiments parlaient et agissaient pour moi, alors que je faisais tout pour carboniser cette barrière. Rien à faire... Pendant plusieurs secondes, le feu s’abattait sur cette énergie bleutée nous bloquant la route. Mais c’était sans espoir... et les flammes se calmèrent, mes bras se rabattant contre mon corps, toujours agenouillé. De nouvelles larmes, bien plus brûlantes que les précédentes.

Plus que de la peur... la terreur m’assaillait. D’une voix faible, bien qu’audible, je m’adressais au jeune garçon...

Pitié... sors-moi de... sors-nous de là. Je craque, j’ai peur... je veux m’enfuir... pourquoi on doit subir ça ?!

Il m’avait l’air plus calme que moi... enfin, ce n’était pas si difficile que ça.

Essoufflée. Vidée. Sans défense... voilà dans l'état que j'étais. Cette pression qui pesait sur nous devenait de plus en plus insupportable. Savoir que nous étions à la merci de notre professeur, enfermé ici me mettait mal à l'aise. Nous étions coupés du monde extérieur, par cette barrière. J'avais beau avoir mis toute ma puissance dans mon attaque, la barrière était restée intacte. Elle n'avait pas faibli, ni n'avait été ébréchée. Rien. Elle était encore debout, malgré la déflagration que je lui avais assenée. Il... il n'y avait rien à faire, alors ? C'est ce que je commençais à croire. J'étais trop faible pour nous sortir de là, et pour garder mon calme. J'éclatais en sanglots, les genoux à terre.

Mais... contrairement à tous les évènements auxquels j'ai fait face jusqu'à maintenant... ce coup-ci, je n'étais pas seule dans cette galère. Il y avait Hiko à mes côtés. Il était là, il m'aidait à supporter cette horrible tension, et cette désagréable situation. Même si c'était un peu de sa faute si j'en étais là, certes. Il ne m'avait pas lâché pour autant. Et lorsqu'il me serra dans ses bras, pour me réconforter, je me sentais... bizarre. À la fois rassurée, mais aussi gênée. Je n'ai jamais supporter à ce que l'on me touche, ne serait-ce qu'un tout petit peu. Et là, je le laissais faire. Son étreinte était rassurante et apaisante, mais je me sentais... étrangement mal à l'aise. Mes joues en étaient devenues écarlates, et je sentais même mon pouvoir se chambouler légèrement...

Il me proposait des bonbons, pensant que cela me permettrait d'aller un peu mieux. Je me calmais, lui adressant un léger sourire. Je sentais mon pouvoir se calmer, lui aussi. La pression retombait, alors qu'il était très proche de moi. Le malaise restait un peu... mais j'avais moins peur. Je pris une poignée de quelques sucreries, avant d'en mettre quelques unes dans la bouche. Ils étaient plutôt bons ! Dans ma fuite, je n'ai rarement eu l'occasion de manger de réelles sucreries... je me nourissais de ce que je trouvais, même si ce n'était pas tout le temps appétissant. D'autant plus que j'étais incapable de tuer un animal de mes propres mains... je vous laisse imaginer la difficulté que j'avais à me nourrir. Maintenant, c'était plus simple, plus joyeux. Et je n'étais plus seule... et je n'avais plus qu'à espérer ne plus jamais l'être.

Merci, Hiko ! Ils sont très bons... ça va mieux !

Un nouveau sourire, comme si ma peur s'était évaporée. Il avait quelque chose de spécial, de plus que les autres. J'ignorais ce que c'était... mais c'était rassurant. J'espérais néanmoins qu'il ne me trouvait pas un peu trop lourde, à m'excuser et le remercier à tout bout de champ. L'image de petite fille sérieuse que les autres avaient de moi n'a plus de raison d'être. Il connaissait ma réelle nature. Allait-il me juger sur cela ? Qu'en pensait-il ? ... Attendez, mais pourquoi ça me travaille, ça ? Pourquoi je me préoccupe de l'image que je lui donne... ? Je... Raaah. Ayano, reprends-toi ! Allez !

La lumière de la salle faiblissait, la torche improvisée que j'avais mise en place n'allait plus durer très longtemps. Je m'apprêtais à me redresser pour en refaire une, avant que la première ne s'éteigne, sauf que je fus devancée par le jeune garçon. Et c'était maintenant une lueur bleutée qui illumina la salle. Une boule chargée en électricité flottait dans les airs, et nous éclairaient. C'était... beaucoup plus joli, et agréable que mes flammes. J'observais cette masse d'énergie lévitant, les yeux grands ouverts, complètement ébahie.

Wooh, c'est beau !

Je riais légèrement. J'en avais presque oublié que nous n'étions pas en position de force, et que nous étions enfermés ici. Comme si cela n'avait plus d'importance. Seulement, par dessus mon rire, un autre se faisait entendre. Plus grave, plus inquiétant. Ce n'était pas de lui, ni de moi. Il y avait... une troisième personne. Instinctivement, j'eus pour réflexe de me rapprocher du jeune garçon, et de me cacher derrière lui, une main sur son épaule droite, et le visage légèrement rabaissée vers le sol... mes yeux, eux, s'agitaient, et cherchait l'origine de ce bruit sans relâche.

Un flash. La lumière de la salle revenait. Une personne était en effet là... vers le tableau noir, avec cette feuille. C'était... oui, notre professeur ! Il était... revenu ? Ha ! Les exercices, on ne les avait toujours pas fait ! Il allait nous tuer... Son regard sur nous était toujours aussi dur, alors qu'il s'avançait. Il passa à côté de nous, observant la salle dans son ensemble, sans un mot. Il s'arrêta à nos bureaux, et ramassa les copies. Elles étaient toujours blanche. Il soupira, avant d'en rire légèrement. Ensuite, il se dirigea vers nous, nous fixant. Gloups. La pression ressortait... je sentais la température de mon corps augmenter, à cette sensation.

Alors comme ça, on ne répond même pas aux questions, hein ?

Aucun mot ne parvenait à sortir de ma bouche. Ce professeur était assez sévère... mais avec cette journée, je n'arrivais même plus à garder mon calme en sa présence. Il commençait à réellement me faire peur. Et maintenant, j'ignorais ce qu'il allait bien pouvoir nous faire... je dois bien avouer que cela me rassurait encore moi. Me sentant perdre le contrôle, je me décollais légèrement du garçon, par peur de le brûler. Même si j'aurais bien aimé rester encore un peu, pour me sentir un peu plus en sécurité.

Ha... j'espère que vous avez compris la leçon maintenant. Demain à la première heure, vous viendrez rattraper votre examen. Aucun écart ne sera toléré, sinon je ne reviendrais pas sur votre zéro. Maintenant, sortez !

Sortir... ? C'était fini ? Tout était fini ? Et les questions ? Et ces illusions ? Et cette barrière ? À quoi cela avait servi ? Peut-être que ce n'était qu'une simple punition ? Sans doute... juste pour nous dissuader de recommencer un jour. Recommencer de tricher ? Non voyons. De demander un taille-crayon. Mais il ne valait mieux ne plus rien dire maintenant...

Je regardais donc Hiko... toujours un peu stressée par la présence de notre professeur...

On... on y va ?

Sortir de cette salle, et m’éloigner de cet examinateur complètement timbré et sadique. C’est tout ce que je demandais. Je voulais partir, m’enfermer chez moi jusqu’à demain, et dormir. Ne me réveiller que le lendemain, passer ce foutu examen, et repartir m’enfermer. J’ai été humiliée par cet homme, il avait joué avec nous, comme si nous étions deux pantins qu’il contrôlait. Je ne supportais pas cette sensation d’être le jouet d’un autre. Tout comme je n’avais pas la force de rétorquer. Je lui en voulais terriblement... et c’est peut-être cruel à dire, mais j’étais contente de ne pas avoir été la seule à subir ça. Parce que, mine de rien... sans Hiko, je ne sais pas dans quel état je serais ressorti. Je lui devais beaucoup...

On marchait dans les couloirs de l’académie, en se dirigeant calmement vers la sortie. Bientôt, la liberté. Dans quelques pas... je pense que cette histoire allait me travailler encore quelques jours, assurément. On marchait en silence. Je ne savais pas quoi lui dire... si ce n’était d’encore le remercier ? Non, il allait vraiment se dire que je suis lourde à me fondre en excuses et en remerciements toutes les deux secondes. Malgré tout, je ne voulais pas qu’il ait cette impression de moi. C’était quelque chose qui me dérangeait... c’était à se demander depuis quand je faisais attention à des détails de ce genre. C’est étrange.

Néanmoins, je n’allais pas avoir le repos dont je rêvais. Un sourire s’illumina sur le visage du jeune garçon, puis il prit ma main en commençant à accélérer la cadence. Le suivre ? Une idée... ? Surprise, je le regardais dans sa course, puis je souris également. Je n’avais pas grand-chose à craindre j’imagine... suivons-le !

Je te suis !

On dévalait les rues de la capitale à toute vitesse, alors que je le suivais dans sa course. J’ignorais quelle idée il avait eu... mais en tout cas, elle avait l’air de valoir le détour, au vu de l’entrain qu’il avait.

Pendant quelques minutes, on ne s’arrêta pas. J’avais même du mal à suivre sa course, au bout d’un certain temps. Mais heureusement pour moi, nous n’étions plus très loin. Je ne connaissais pas encore très bien la capitale, et je n’étais que très rarement passée dans ce coin. Et j’ignorais même ce à quoi je devais m’attendre... et pourtant, la surprise était de taille.

Des lumières, un bruit de foule, et une structure assez démentielle. C’était... quoi ça ? Une fête foraine... c’est bien comme ça qu’on appelle les fêtes de ce genre, non ? Durant mes quelques années d’errance, je suis parfois passé à côté d’événements de ce genre... mais je n’ai jamais pu y rentrer, par peur de me faire traquer. Les temps ont changé. Maintenant... je pouvais ? Oui, sans aucun doute.

Je souriais vivement, lorsqu’il me demanda si ça me tentait. Oh oui que ça me tentait ! Mon repos allait être remis à plus tard. Et ce n’était pas plus mal, bien au contraire !

Oui ! Je meurs d’envie d’y aller, hihi !

La joie était complètement revenue, à tel point que ce fut maintenant moi qui entraînait le jeune garçon jusqu’à l’entrée, en le lui saisissant sa main. On y rentrait, et mon regard se posa de partout. Pour moi, c’était entièrement nouveau. Je découvrais tout ça. Il y avait des attractions, des stands divers, et beaucoup de personnes, le sourire aux lèvres, des ballons et des barbes à papa en main. L’ambiance était festive, alors que nous étions enfermés, dans le noir complet il y a encore quelques minutes. J’avais presque l’impression d’avoir changé d’univers, d’être complètement autre part. Un pur bonheur. Comme si un rêve se réalisait... celui de vivre une vie tout à fait normale, et de ne plus craindre sans arrêt autrui. C’était une bouffée d’air pur, qui faisait vraiment du bien !

Vers l’entrée, il y avait un stand qui proposait des glaces en tout genre, aux goûts multiples. Mes yeux rubis s’illuminaient alors. Depuis mon arrivée, je n’avais jamais eu l’occasion d’en manger, ne serait-ce qu’une seule... alors autant dire que cette sucrerie était complètement inconnue à mes papilles. Seulement, sa réputation n’était plus à refaire.

Viens on va s’en prendre, je meurs d’envie d’y goûter !

S’épanouir... voilà ce qu’il me manquait encore. Et c’était sur le point de s’accomplir.

Bonjour monsieur, une Vanille/Choco s’il vous plaît !

Tout commençait bien. Cette journée ne devrait jamais se terminer, tout compte fait. J'attendais que Hiko fasse son choix, pour partir sur d'autres stands... ou quelques attractions ? Owhhiiii ! ♥