Un mois et une semaine.

C’est le temps que le clan a dû attendre sans moi. Il faut dire que suite à la tempête qui a eu lieu durant notre chemin jusqu’au Pays de la Foudre, beaucoup s’est passé dans ma vie : j’ai rencontré Eden, j’ai enterré ma sœur, j’ai tué Takumaru, j’ai dû aller sur l’île mystérieuse où j’ai pratiquement perdu la vie plusieurs fois, j’ai fait alliance avec le Shûkai et j’ai fait en sorte que deux enfants de clans ennemis de toujours soient devenus alliés. Maintenant que j’arrive à Kumo, dans le village caché des nuages, il est temps de mettre au point nos règlements pour notre organisation que nous avons décidé de nommer Zen’Ryou.

J’ai donc laissé un message à mon protégé et la moine grâce à Chokushi alors que Mugetsu, membre du clan Kadonia, venait me rejoindre pour me permettre de rencontrer un Haut Dirigeant de la cité. La missive indiquait de me retrouver dans Shinuki, un petit village qui a été construit sur le long de la Longue Rivière Miranado. Ici, nous pourrons discuter sans la moindre interruption de nos plans pour l’avenir avec une spécialité locale nommé Arujiji, une sorte de noix de coco alcoolisé et aromatisé au café.

Laissant donc Boke à l’extérieur de l’auberge, mais le déchargeant de tous mes Katanas que je transporte avec moi à l’intérieur, je prends place aux bords de la fenêtre sur la petite banquette. Je me commande aussitôt deux Arujiji, une bouteille de Sake et quelque chose de plus consistant au choix de la serveuse. Par le même moment, je lui explique que je ne suis pas un brigand comme je le fais pratiquement à tous les petits agglomérats dans lesquels je pénètre.

Je profite de la température clémente pour laisser une brise de fin d’après-midi me caresser le visage et, par la même occasion, j’utilise l’abondante lumière de l’astre de jour encore haut dans le ciel pour débuter ma lecture sur les lois Kumojins. Je dois l’apprendre par cœur pour être certain de ne pas faire d’erreurs irréparables. Jouant d’une main avec mon cure-dent et de l’autre avec le bas d’une des pages de ce petit recueil que j’ai acheté à la librairie à l’entrée du village caché avant la nuit. Dire que je ne suis arrivé que hier avec trente heures de chevauché et que j’ai été directement m’endormir parce que j’étais trop exténué. Enfin, Kennei et Miyuki devraient être ici dans quelques heures et nous pourrons finalement discuter et mettre au point notre code de conduite.

La marche avait été longue, non pas à cause de la distance, mais bien parce que Miyuki avait pris tout le temps dont elle disposait avant la prochaine rencontre avec ses alliés pour se perfectionner. Elle s'était entraînée à plusieurs reprises, mais elle avait été encore plus disciplinée sur la méditation. Cela n'avait jamais été son point fort, étant donné qu'elle avait été une gamine plutôt turbulente (les moines lui en parlaient encore quelques fois avec un air découragé qui la réjouissait fort), mais elle s'était améliorée au point où elle parvenait à maîtriser son esprit dans plusieurs situations qui pouvaient s'avérer périlleuses. 
 
Le temps était beau ses arrêts de prières et de méditation s'en étaient retrouvées plus bénéfiques. Elle avait fait le point sur ce qu'elle avait vécu jusqu'alors, tantôt riant de ses mésaventures, tantôt se reprochant certaines de ses réactions dans plusieurs situations. Le passé étant le passé, elle avait vite chassé tout remords de son esprit après avoir réfléchi à ses erreurs ainsi qu'à la manière dont elle les éviterait par la suite.
 
Prier lui avait aussi fait du bien. Il y avait longtemps qu'elle n'avait pas pris le temps de le faire et cela lui avait somme toute libéré l'esprit. Elle ne demandait jamais grand chose à Maskine, car elle avait été élevée avec le diction “aide-toi et le ciel t’aidera”. Cependant, elle lui racontait parfois ses aventures, ses craintes, ses fiertés, même si elle savait pertinemment qu’il avait tout vu et tout compris. Cela lui donnait l’impression de ne jamais être tout à fait seule et de pouvoir compter sur quelqu’un, même si la seule personne sur laquelle elle pouvait compter, au final, était elle-même.
 
Enfin, c’était grâce à tous ces arrêts fréquents ainsi qu’à ces heures passées à revigorer son esprit qu’elle était entrée dans la petite auberge du village de Shinuki, où se trouvait Taku, occupé à lire.
 
-         Bonjour Taku! dit-elle, l’air sereine et détendue, avec son sourire chaleureux habituel sur le visage. Comment vas-tu?
 
Elle s’inclina devant lui, le poing sur le cœur, puis s’assit.
 
-        Que lis-tu? lui demanda-t-elle.
 
Et l’odeur d’un café typique de l’endroit et qui lui semblait tout à fait digne d’être goûté se manifesta.
 
- Tu as soif? lui demanda-t-elle encore.

Un mois et une semaine.

Un mois et une semaine plus tard et c’est comme si c’était hier. Rien n’a changé dans la motivation et l’approche de la jolie moine de Maskine si ce n’est qu’elle semble plus douce, plus posée, plus sereine. Je souris montrant pratiquement toutes mes dents à son arrivée. Sans son intervention, je ne l’aurais pas entendu entrer puisque j’étais réellement concentré à la lecture de la réglementation de notre futur village allié. Alors qu’avec grâce le seul membre féminin de notre groupe prend place, je lui réponds tout en fermant mon ouvrage.

« Je suis ravis de te revoir, Miyuki! Ça va très bien! Présentement, je faisais la lecture du premier tome des lois et réglementation de Kumo; je me disais que ça serait intéressant et c’est le cas! Et, oui, bien sûr, j’ai une bonne soif, mais j’aimerais attendre Ken avant! »

Au même moment, un son plus sec synonyme du côté impulsif d’une personne provient de la porte. Je tourne mon attention pour y découvrir mon protégé : Kennei! Il s’avance jusqu’à nous, mais sa démarche démontre que son attention est lentement dirigé vers d’autres intérêts, en l’occurrence, le café d’Arujiji. Une seconde plus tard, il prouve mes suppositions en tentant de communiquer avec nous.

« Bien le bonjour, Ken! Je suis aussi heureux de te revoir! » Continue-je en me déplaçant légèrement pour laisser à la serveuse suffisamment d’espace pour déposer ma commande. Aussitôt, le jeune Omoshiro s’intéresse à mes produits. « Oui, nous pourrons bientôt commencer à mettre au clair les bases de notre clan! J’ai bien quelques idées, mais j’aimerais vous écouter en premier lieu. Et, ce n’est pas exactement de la noix de coco, c’est un produit local particulier qui se nomme Arujiji. »

Je me lève lentement et me penche bien bas en révérence.

« Avant toutes choses, je suis désolé de vous avoir fait attendre. J’ai eu plusieurs aventures qui m’ont empêchée d’être présent avant, mais ce n’est pas une excuse pour ne pas vous tenir à jour sur ce qui se passe. Pardonnez-moi! »

Je me redresse et pousse les tasses à mes deux partenaires. Je me sers aussitôt une petite coupe de Sake et la lève.

« Je suis heureux d’être de retour et de pouvoir finalement compléter notre vision de ce qu’est que le clan Zen’Ryou! »

Je parle d’une voix vive et fière sans mettre un ton trop élevé. Mon sourire est très grand. Ma joie doit carrément transparaître.

« Nous nous appelons toujours Zen’Ryou, oui? » Demandais-je après avoir avaler en une seule gorgée mon alcool et repris place. « Faites attention avec l’Arujiji, c’est alcoolisé légèrement. Tout de même, il ne faut pas les enfiler trop rapidement parce que certains de ces fruits sont plus costauds que d’autres, » dis-je en rigolant.

Taku expliqua à Miyuki qu'il lisait un traité portant sur les lois de Kumo. Cela intéressa fort la moine, qui songea à le lui emprunter éventuellement. Il pourrait s'avérer pertinent de connaître ce genre de choses. La réflexion ainsi que la discussion n'allèrent pas plus loin, car Kennei arriva à ce moment. Il était plutôt drôle de le voir plus intéressé par l'odeur alléchante du café que par eux. Momentanément, du moins, car il les salua à sa manière plutôt sympathique. 

- Salut Ken, contente de te voir aussi! répondit Miyuki en souriant. 

Taku quant à lui s'excusa bien humblement pour son retard. Il avait eu autre chose à faire en route, ce qui pouvait arriver à tout le monde.

- Ne t'inquiète pas, nous sommes ici aujourd'hui et c'est ce qui est important. 

Kennei enchaîna aussitôt sur le sujet du clan, sur ce qu'ils projetaient maintenant de faire, comment ils l'exploiteraient et quelles en seraient les racines. La moine avait pu réfléchir là-dessus. Réfléchir avait dû être l'occupation principale qu'elle avait eue durant le dernier mois, à savoir qu'elle avait pleinement pu méditer, prier, et se pencher sur ce qui l'attendait avec leur clan. 

Elle trinqua avec les autres, portant le café à ses lèvres et faisant une grimace double à la mention qu'il y avait de l'alcool et au goût amer du liquide chaud.

- Bien sûr que nous nous appelons Zen'Ryou, aquiesca-t-elle.

Maintenant que les formules de bonjour et de comment allez-vous étaient passées, ils se lançaient dans le vif du sujet. Comme Taku en appelait à eux pour commencer, Miyuki prit l'initiative. 

- Ce qui revenait souvent dans mes réflexions était que notre objectif a un côté utopique qui pourrait nous nuire, bien qu'il soit tout à fait légitime de vouloir apporter la paix. Il faudrait donc établir quelque chose de réaliste dans le monde actuel. Avoir des objectifs à court terme, comme accomplir diverses missions, des objectifs à moyen terme, qui prendraient quelques mois à une année au maximum, ainsi que quelques objectifs à long terme, comme tenter de calmer les tensions qui pourraient faire éclater une guerre. Enfin, cela permettrait d'approcher de notre idéal de paix. 

Elle se tut un instant, le temps de réfléchir, puis reprit:

- Cependant, il ne faut pas imposer notre vue au monde. Chacun doit rester libre de faire ce qu'il entend. Ce que je veux dire, c'est ceci : imaginez qu'on vienne nous imposer un code de conduite, une manière de faire, qui diverge de nos convictions profondes. Ce serait frustrant et désagréable. Il faut trouver un moyen de voir notre objectif se réaliser tout en n'imposant rien et prévenir des situations qui pourraient s'avérer conflictuelles. 

Encore une fois, elle cessa de parler, attendant d'autres idées ou commentaires, puis se lança de nouveau :

- Et à l'interne, dans notre clan... qui acceptons-nous? Jusqu'à combien devrions-nous être? Un groupe trop large serait difficile à gérer, mais si besoin est, on pourrait se fractionner en de multiples groupuscules. Et il est essentiel qu'on arrive à inclure des gens de tous horizons. Nous sommes tous considérés comme des Nukenins, et il ne ferait pas de mal avoir des gens des différents villages cachés avec nous. De ce fait même, il nous faut considérer les conflits qui pourraient survenir avec autant de personnes d'allégeances différents. Il faut trouver un moyen pour que tous se sentent écoutés, compris et respectés. Je n'ai pas encore d'idée là-dessus. Et enfin, notre code de conduite! Je propose que nous soyons solidaires, mais que nous puissions agir de manière individuelle. Nous avons tous des buts autres dans notre vie, et je crois qu'il est important d'avoir la liberté de faire ce que bon nous semble, tant et aussi longtemps que cela ne va pas à l'encontre des principes de base de notre clan.

Miyuki se tut, sentant qu'elle en avait beaucoup dit sans trop développer. Elle songeait aussi aux principes de l'Ermite, qui étaient plutôt intéressants, mais elle souhaitait entendre l'avis des autres sur tout cela et sur autre chose avant de les aborder.

Mes amis, fiers et brillants, rassemblés autour de cette table, ma joie est difficile à expliquer. Les deux me disent qu’ils ne me tiennent pas rigueur de mon retard. Je suis content de voir que je ne les ai pas froissés. Par la suite, alors que mes partenaires dégustent du Arujiji et que j’avale quelques gorgées de sake, nous entamons les discussions sur les réglementations du clan Zen’Ryou.

Jusqu’à présent, les points importants sont d’établir quelque chose de solide, des fondations plus logiques qu’utopiques, et d’avoir des objectifs concrets. Miyuki demande à ce que les valeurs de chacun soient respectées tout en ayant, en tant que groupe, une idéologie commune. Par la suite, Kennei apporte le point qu’une organisation telle que la nôtre ne devrait pas se limiter aux Shinobis errants ou bien à un nombre maximal de confrères. Selon l’étoile bleue, il est aussi important d’écouter les autres et de les respecter que de protéger et sauver ceux qui souffrent face à des guerres qui ne les concernent pas.

*Je suis d’accord!*

Une idée générale semble prendre place, une idée qui se dirige dans la direction énoncée par l’ermite de la forêt dangereuse de Konoha. Cet homme qui a ouvert ma vision et mes points d’énergie que les Shinobis nomment Portes de Chakra nous a enseigné à voir plus loin et à respecter un code de conduite. Je me souviens exactement de ses paroles. Je décide de citer ce vieil ami, allié et mentor.

« Écoutez, voici ce que je pense. Miyuki, tu te souviendras probablement de ça, mais je crois que ça va dans l’orientation que l’on désire. »

Je prends une pause et glisse une autre rasade de sake dans mon œsophage en vitesse.

« Voici ce que le vieil ermite de la forêt avait dit : Restez forts. Pour parvenir à ce que vous souhaitez, en vous basant sur notre expérience, nécessite que vous vous reposiez sur certains principes. Comprenez les gens. Prenez le temps de bien le faire, car ce n'est que de cette manière que vous serez aptes à les juger comme il se doit. Considérez également que tous sont égaux, car un monde où la paix règne est un monde où personne ne se sentira ni inférieur, ni supérieur. Ensuite, réfléchissez. Cela s'applique lors de multiples situations, et particulièrement lorsqu'il est question de prendre les armes. Faire couler le sang devrait être la dernière des choses que vous fassiez. Puis, tâchez d'aider qui en aura besoin, c'est de cette manière que vous pourrez tisser des liens de confiance avec ceux qui vous entoureront. Enfin, et c'est ce qui est, selon moi, le plus important pour la pérennité de votre regroupement, évoluez. Écoutez ce que vos membres ont à dire et changez, car rester figer dans vos idées pourra être, comme cela l'a été pour nous, la raison de la chute de votre clan. »

Je souris à mes deux amis, allant de l’un à l’autre pour vérifier ce qu’ils en pensent.

« Je crois que prendre ça comme base, ces mots qui sont gravés dans mon esprit, est une bonne idée! Pour ce qui est du reste, aider les gens, protéger les victimes, défendre les innocents, je suis évidemment d’accord. Il faudra décider des priorités dans une situation où deux villages sont en danger, par exemple, mais j’ai une idée pour ça : le hasard! Qu’en dites-vous? »

Je tiens à laisser planer cette idée comme si c’était la leur pour qu’ils puissent l’embrasser. L’idée de prendre toujours les bonnes décisions lorsqu’une seule option est à notre portée est plutôt simple à avaler, mais celle de devoir choisir entre quel victime survit et quelle autre meurt est plus compliquée. Ainsi, je crois que le hasard devrait le faire. C’en est de même pour qui sera le chef dans une ou l’autre des missions.

*Bref, qu’en diront-ils?*

Une famille… cette manière qu’avait Kennei de parler de leur groupe était touchante et tira de Miyuki un petit sourire. Décidément, ce gamin était attachant. Et il n’avait pas tout à fait tort, en fait. Car depuis son départ du temple, elle ne s’était jamais sentie aussi proche de qui que ce soit. Ce n’étais pas encore tout à fait pour elle une famille, mais elle trouvait agréable d’être assise en leur compagnie et se sentait motivée par leur volonté commune d’amener le clan Zen’Ryou aussi loin qu’ils le pourraient.
 
Les malheureux, les plus faibles, ceux qui étaient aux prises avec des périls auxquels ils ne pouvaient pas faire face… Quant à ces gens, Miyuki était tout à fait d’accord avec Kennei. Il fallait leur donner une certaine priorité et s’assurer qu’ils aient des chances égales aux autres. En quoi leur clan serait-il plus avancé s’ils ne s’occupaient que des shinobis? À pas grand chose. La moine revoyait ceux qu’elle avait ou n’avait pas aidés par le passé, et sentait qu’ils méritaient respect et considération, car c’est à leur manière propre qu’ils combattaient les événements, sans kunaï, sabre ou technique de ninjutsu. Ils avaient la volonté, l’acceptation et le travail acharné.
 
Miyuki demeura silencieuse, écoutant et réfléchissant à la fois, quand ce fut également le tour de Taku de parler. Il évoqua directement les paroles de l’ermite qu’ils avaient rencontré ensemble. Elle en resta pensive. Ses paroles avaient été sages du début à la fin, mais demeurer sur la même longueur d’onde que lui ferait-il d’eux un groupe plus efficace qu’ils l’avaient été par le passé? Elle ne trouva rien à redire sur ces fondements.
 
- Ça me va pour la base.
 
Ce qu’elle trouverait peut-être à redire, éventuellement, servirait sans doute à suivre le dernier conseil de l’ermite : changer pour ne pas tomber.
 
Ensuite, Taku posa une question qui lui déplut malgré la réalité des événements qu’ils décrivaient. Que faire s’il fallait choisir entre qui devait survivre et qui devait mourir? Cela rejoignait, en plus cru, ce qu’avait dit Kennei, à savoir qu’il fallait trouver un moyen de prendre une décision qui dirigerait vers un même but toutes les forces de leur groupe. Un moyen d’arrêter toute forme de dissension.
 
Le hasard? Ce n'était pas une mauvaise idée que Taku avait là… c’était sans doute la seule manière de finaliser un débat et de faire des choix dans un groupe qui pouvait se révéler aussi hétérogène que le leur.
 
- Oui, bonne idée. Je connais la courte paille, mais c’est un peu long comme système. Piger une des idées qu’on inscriraient sur des papiers nécessiterait trop de matériel. Roche-papier-ciseau? Non plus, cela pourrait causer des égalités et allonger le temps de décision. Le vote à majorité ne fonctionnerait pas quant à lui si on est un nombre pair… Pourquoi pas pile ou face ? On a toujours une pièce sur nous et on y va à un seul lancer. Oui, c’est sur quoi porte mon choix. Pile ou face.
 
Miyuki avala une gorgée du liquide encore chaud tout en réfléchissant.
 
- Le hasard, dit-elle tout haut, songeuse. Il ne devrait être utilisé qu’après avoir bien débattu, selon le temps qu’on aurait dans les situations données. Un outil de dernier recours, somme toute. Car comme tu le disais tout à l’heure, il faut comprendre avant d’agir. Je ne voudrais pas que le hasard détruise la meilleure avenue simplement parce qu’on n’en a pas parlé.

« Excellente idée, » réponds-je à Ken au moment même où il termine sa phrase. « La chasse des brigands des Bingo Books de différents villages cachés nous permettra d’avoir suffisamment d’argent pour supporter nos opérations, » continue-je avant de marquer une pause durant laquelle je réalise un point important. « Et, c’est un point très pertinent que tu ajoutes! C’est vrai que plusieurs Shinobis sont considérés criminels, car ils sont désertés. Cependant, je ne trouve pas que vouloir être libre est un crime. Je pense qu’en discutant le plus possible, nous pourrons arriver à un terrain d’entente qui ne mène pas toujours à la violence! Très bon point, Ken! Je suis fier de toi. »

Voyant que mon apprenti cherche la serveuse trop poliment, je lui fais un signe plus véhément. Celle-ci s’approche et je propose une autre tournée à mes frais en gardant un large sourire. De voir mes alliés et amis heureux, autour d’une même table, est pour moi source d’incomparable bonheur. Ça faisait si longtemps que nous ne nous étions pas revu et, maintenant, ici, nous pouvons discuter calmement.

L’idée du hasard semble favorisée, spécialement celle axée sur une pièce. Kennei joue avec ladite pièce de monnaie un peu de la même manière que je le fais habituellement avec mes cure-dent ce qui me tire un autre grand sourire et un sentiment d’importance et de fierté.

« C’est aussi une bonne idée la pièce de monnaie, mais je crois que pour certaines décisions, nous pouvons conserver la méthode de la courte paille. »

Je retire un papier d’une de mes manches avec un crayon. Je place le tout devant moi alors que notre commande arrive. En fait, il s’agit de deux autres tasses d’Arujiji que j’offre à mes deux partenaires en levant une nouvelle fois mon petit verre de Sake.

« Je bois au Zen’Ryou et à la vague de changement que nous apporterons au monde des Ninjas! »
Je déguste une fois de plus l’alcool que j’apprécie tant. Aussitôt ma gorgée terminée, je me charge d’écrire sur le papier ce dont nous avons parlé. « Alors, voilà, si j’ai bien compris nos règlements, en fait notre code de conduite, sera en cinq parties, » dis-je en inscrivant à mesure que j’énonce les points du code du groupe. « Un, toujours aider celui qui en a besoin. Deux, ne jamais juger avant de comprendre l'histoire. Trois, n'utiliser les armes qu'en dernier recours. Quatre, considérer chaque personne comme son égal peu importe son origine, son rang, son passé et sa force. Et, cinq, l'évolution du clan est une priorité; les idéologies de chacun changent celles du clan. »

Je passe le matériel d’écriture à Miyuki ensuite.

« Veux-tu décrire dans tes mots notre méthode décisionnelle telle que nous venons d’en parler? »

Alors que Kennei mentionnnait les criminels des bingo books, Miyuki finissait enfin son premier verre d'Arujiji. L'odeur qui se dégageait de la boisson chaude était certes succulente, mais la moine, au bout de plusieurs gorgées, s'était aperçue qu'elle n'aimait pas tant ce café exotique. Son désespoir fut grand lorsque Taku commanda de nouvelles tasses d'Arujiji. Néanmoins, elle n'en laissa rien paraître et le remercia de bonne grâce pour sa générosité.
 
Quant aux bingo books... il s'avérait qu'elle songeait depuis un certain temps déjà à y jeter un oeil pour voir si une certaine connaissance ne s'y trouverait pas par hasard. Si l'occasion se présentait, elle n'hésiterait pas une seconde à se lancer à sa recherche.
 
Après avoir décrit leur code de conduite de manière concise, Taku passa le papier à Miyuki pour qu’elle inscrive à son tour les méthodes de décision du groupe.
 
- Si, après s’être assuré que toutes les règles du code de conduite étaient respectées et que tout a été discuté en profondeur, il persiste un désaccord au sein du groupe, deux manières ont été retenues pour prendre une décision. La première est celle du pile ou face, à un seul lancer. La seconde est le jeu de la courte paille. Une fois le résultat obtenu, il faut impérativement suivre la décision. Qui plus est, le chef d’équipe est, pour chaque mission, choisi entièrement au hasard.
 
Miyuki appliqua le point final au court texte qu’elle venait d’écrire et leva les yeux sur ses amis en souriant.
 
- Des questions? Des points à rajouter? Bon alors, Ken, c’est à toi. Écris ce que tu as mentionné tout à l’heure, à propos des Bingo Books.
 
Elle passa à son tour le papier à Kennei pour qu’il y inscrive son idée.
 
- Je me demandais… que faisons-nous si quelqu’un du groupe refuse entièrement de suivre la direction donnée? Je crois que tant et aussi longtemps que cela ne nuit pas à la mission, ça va, mais si au contraire cela met la mission ou les autres membres du clan en péril?

Kennei s'amusait toujours avec la pièce de monnaie qui avait trancher fictivement une décision inventé. Il n'était pas très habile pour la faire passer d'un doigt a l'autre mais sa volonté ne l'abandonnait pas. Il ne réalisait pas qu'il était maintenant rendu a son troisième Arujiji et qu'il allait bientôt connaître le sentiment d'être *Réchauffer*. Lorsque Taku commença a écrire sur un bout de papier les éléments essentiels qui officialiserait le clan du Zen'Ryou, Le bleu rangea sa pièce pour se concentrer sur chaque parole prononcer et les graver dans sa tête ainsi que sur son cœur. Il voulait représenter fièrement cette idéal.

Il savoura son liquide chaud avec un grande sourire fixant le verre avant de le déposer pour prendre la feuille ainsi que le crayon que lui tendait Miyuki. Il prit le temps de lire tout ce qui était rédigé devant lui pour tenter d'écrire de la même façon que les autres mais la question que souleva son amie l'embêtait un peu...

-Je n'avais pas pensé a ça, idéalement, il faudrait que tout le monde soit d'accord pour suivre la décision du pile ou face... en accord ou non le hasard décide... mais... s'il n'écoute toujours pas... hors mission ou situation dangereuse... je suis d'accord avec toi sa ne change rien puisque tout le monde est libre mais... a part ça... le chef du groupe a se moment devrait décidé j'imagine... s'est pour ça qu'il y a un chef... j'imagine

Kennei espérait ne pas avoir une décision comme ça a prendre un jour car s'était presque sure que cela amènerait des frictions ou le désistement d'un membre du clan mais il ne s'attarda pas plus longtemps sur le sujet voulant se concentrer sur ce qu'il devait écrire. Laissant son mentor élaboré sur la question de Miyuki Kennei commence a rédiger sa section sur le bingo book.

Une fois les paroles terminé, kennei lit se qu'il a écrit

-Donc, mmm voila, Puisque le but du clan est de protéger les innocents, les membres seront appeler a poursuivre et capturer des shinobis des bingos books de chaque village. Il est très important de se renseigner au maximum sur la cible en question avant de tenter une approche quelconque. Une fois le contact établit, il est le devoir des membres du Zen'ryou de tenter une approche Diplomatique si possible pour en apprendre d'avantage sur leur cible ainsi que ses raisons et intentions. Si le combat est inévitable, les membres devront utilisé une force non mortelle pour capturer la cible vivante. S'il est clairement évident que votre cible désire vous tuer et que vous n'avez aucune solution de fuite ou non mortelle alors seulement en situation de nécessiter, vous pouvez utiliser les grands moyens... Mmm alors vous en pensez quoi ?

Kennei était incertain de son texte puisqu'il n'était pas habituer a tout ça mais sur son visage sa ne paraissait pas. Il souriait sans cesse et commençait a avoir les yeux plissés comme s'il cachait bêtement de la fatigue. En faite, il était très très heureux d'être ici présentement... comme si la joie grandissait de plus en plus...

*je crois que je vais finir mon Arujiji et en prendre un autre Mmmm oooooohhh Oui !!!

« Il faudra faire attention avec le Bingo Book, Ken. Je suis d’accord avec ce que tu avances, mais il faudra des bons liens avec chacun des villages pour pouvoir avoir accès à ces informations-là puisque c’est confidentiel. Néanmoins, je crois que nous pourrons tisser des liens avec les autres cités et leurs dirigeants comme les Daimyôs et leurs conseillés. Ainsi, nous pourrons aider autant les civils que les Shinobis! »

Je relis en vitesse tout ce qui a été écrit sur le bout de papier tout en prenant le temps d’avaler deux tasses complètes de Sake. Le sourire aux lèvres, je déclare haut et fort que je suis confortable avec la tournure que prend le code de conduite et les petits détails ajoutés. En conservant ce même ton joyeux et fier, une phrase apparaît dans ma tête.

« J’ai une idée de slogan! »

Je ferme les yeux et je laisse germer en moi cette idée. Les mots se placent d’eux-mêmes, comme si cette phrase, cette combinaison de mots, avait été faite exactement pour notre clan, pour le Zen’Ryou.

« Nous sommes la lame paisible. Nous sommes la rage silencieuse des innocents. Nous sommes la réponse à la violence inutile. Nous sommes la voix de la raison. Nous sommes l'utopie devenue réalité. »

Aussitôt mes paroles complétées, j’ouvre les paupières de nouveau et regarde mes deux partenaires. Je tente de comprendre ce qu’ils en pensent avant même qu’ils ne disent quoi que ce soit. Finalement, je leur demande ce qu’ils en pensent, si ça ne fait pas trop cliché ou ridicule.

Par la suite, je signe le document. J’inscris mon nom avec fierté et, carrément, un surplus d’émotion. Je passe le papier à ma droite ensuite.

« Nous allons réellement changer le monde, je crois! Ce sont de belles valeurs, nous avons un bel objectif et notre raison est pure, éloignée des besoins et désires avares. Je crois que ça peut fonctionner! »

Je reprends une position assise.

« Je crois qu’une chose à faire sera de contacter Yojimbo, un de mes vieil ami du Pays du Vent, pour qu’il nous trouve une mission ou un criminel ou quelque chose du genre à faire. Nous avons encore à prouver que notre clan peut réellement aider. C’est important que nous le fassions coûte que coûte. »

Miyuki sourit à Ken, autant parce qu'il lui était sympathique dans ce petit moment de fierté que parce qu'il avait le visage un peu plus rouge qu'à l'habitude. Ses idées demeuraient tout de même claires si on en jugeait par ce qu'il avait écrit pour le code de conduite. Chasser des shinobis du Bingo Books...

Alors que Taku relisait ce qui avait été écrit jusqu'alors, Miyuki avait la tête ailleurs. Elle laissait du coup refroidir sans s'en apercevoir son verre d'Arujiji. Cela ne l'inquiéta pas le moins du monde, à ce moment, car elle repensait à ce dangereux shinobi qu'elle avait laissé fuir autrefois. Vraiment, si elle le croisait à travers ces chasses... comment agirait-elle? Elle ne s'était toujours pas arrêtée sur une décision bien précise, à savoir s'il fallait le tuer ou non. Il le méritait... sans doute. Mais le méritait-il vraiment? Quelqu'un méritait-il réellement la mort? Le malheur de cet homme seul pouvait-il finir par acheter le bonheur de plusieurs autres qui seraient, autrement, ses victimes? 

- Un slogan? dit-elle en sortant de ses réflexions alors qu'elle comprenait plus ou moins de quoi Taku parlait. Oui, vas-y, dis! 

Elle l'écouta l'énoncer de sa voix solennelle et trouva que ça sonnait bien.

- J'aime bien, je trouve que cela représente bien le Zen'ryou. C'est clair et précis et je peux vous affirmer que j'ai hâte d'être à la hauteur de ce slogan! 

L'envie sincère d'accomplir des missions et d'aider des gens brûlait en elle alors qu'elle parla, bien que cela ne parut que dans ses yeux, ses paroles étant plutôt prononcées d'un ton enjoué.

- En ce qui concerne Yojimbo, oui, contacte-le! Et par la même occasion...

Elle se tut un instant, hésita, puis poursuivit.

- Demande-lui s'il n'y aurait pas un certain Kazusul parmi les criminels recherchés. Il ne vient pas du pays du Vent, mais sait-on jamais...

Souriant sans en dire davantage, Miyuki se pencha sur le code de conduite du clan et le relut en entier avant de le signer avec fierté. 

- Une bonne chose de faite! Tiens, Ken, à toi! 

Miyuki s'étira comme après une bonne journée de travail de complétée et avala une gorgée froide d'Arujiji.

Souriant, je regarde et écoute le jeune Shinobi errant déparler alors qu’il explique sa situation présente. Son taux d’alcoolémie dépasse celui qu’un enfant de son âge devrait ingérer, mais je ne le réprimande pas. Selon moi, ce n’est réellement pas le genre de défaut qui est un problème. Étant pratiquement alcoolique moi-même, je me verrai mal contredire son état.

C’est donc avec un soupçon d’humour que je déclare la session complétée alors que mon compagnon le plus jeune sort de l’établissement. Notre lettre est signée de tous, nous avons un plan, nous avons des objectifs et nous savons où nous nous dirigeons. Malgré l’Arujiji, cette réunion fut très profitable.

Tout en allant payer nos consommations à la gente rouquine qui nous servait, j’explique à Miyuki ce qui, selon moi, devrait être la suite des événements.

« Je contacterai Yojimbo et lui demanderai pour Kazusul. Par la suite, nous aurons à effectuer notre première aventure en tant qu’organisation pour prouver au monde entier nos capacités. Aussi, il faudra se faire allier des Kumojins comme nous l’avons fait avec l’Alliance. »

Je marque une pause durant laquelle je fais signe à la moine de me suivre.

« Par la suite, tout devrait se dérouler plutôt rapidement! Je compte m’installer à Ame no Kuni, du moins, m’installer un Dojo dans cette région. Par la suite, nous aurons à contacter Konoha et Suna et, finalement, les Daimyôs des différentes régions. »

Je souris alors que j’arrive à la porte. Je la pousse, mais cesse ma marche.

« Je me demande… Est-ce que ça te dirais, Miyuki, de te charger de la mise en relation avec Konoha? J’aimerais que vous preniez cette responsabilité, Ken et toi. Je me chargerai de Suna, pendant ce temps. Il me semble que ça nous permettrait d’économiser du temps. »

Tout en écoutant sa réponse, je sors de l’établissement. J’attrape donc les rênes de Boke et me retourne vers elle. Je me dirige vers Kennei que je vois, au loin, allongé sous un arbre. Je le soulève et l’installe à l’arrière de mon cheval qui devra soulever ça de plus que mes deux énormes étuis à Katanas de jet.

« Je dois me rendre à Kumo, j’ai à faire. Je serai à l’hôtel Hors de la Tempête, si tu as besoin de moi. Bonne journée! »

Sans attendre bien longtemps, je me mets à chevaucher vers l’Éclair, Kennei à l’arrière de ma monture. Je me dois de faire bonne impression au village caché des Nuages! Il faut réellement que je montre que je suis quelqu’un de bien et que nos actions parlent puissamment pour avoir la chance de rencontrer quelqu’un de hautement gradé.