Il y a des lieux qui ne changent pas, et ce, malgré les événements dramatiques qui frappent ce monde de Shinobi. Malgré les tensions mondiales, les guerres et les techniques dévastatrices dont se servent les ninjas pour se défendre, certains paysages refusent de céder et la nature reprend ses droits dans un cycle infini. C'est ainsi que depuis des générations, les natifs de Yuki no kuni, voient sans cesse tomber une neige venant se poser sur les plaines et les montagnes, déjà blanche, qui dessinent les reliefs de cette île. Cet environnement n'était pas un endroit facile à vivre, pour preuve, seuls deux villes avaient pris de l'importance et avait sut tirer parti des forêts glacées, des montagnes et de l'eau qui les entourait. Pour les autres, il fallait survivre avec ce que leur proposait la vie, c'est-à-dire une nature froide et le risque de se trouver mêler à une nouvelle guerre des nations. Heureusement pour l'île glacée, les choses étaient devenues plus calmes de ce côté la avec la destruction de Mizu no kuni. A présent, seul le Gouverneur régnait dans cet enfer blanc...

Il résidait tranquillement dans la capitale, Gyamda, qui était situé dans les hauteurs des montagnes. Dans ce petit pays, il y avait un grand fossé économique entre les peuples. Ceux qui étaient riche habitaient tranquillement dans les montagnes et restaient entre eux se permettant même d'avoir des hommes et femmes à tout faire, voir même des esclaves. Et le cours des choses avaient installé une espèce de routine, à croire que tout n'était qu'un cycle éternel auquel il était difficile d'en sortir. Les familles pauvres ou esclaves restaient avec ce statut, et dans les familles riches les héritages venaient plus ou moins combler la vie des descendants de la lignée.
La deuxième grande ville du Pays de la Neige était Dharstedo, située au sud-ouest. C'était une grande ville portuaire, comprenant plus d'une dizaine de milliers d'habitants, qui s'était probablement développée grâce aux commerces avec l'extérieur. Certains héritiers de familles riches détenaient aussi quelques propriétés là-bas. En apparence, Yuki no kuni paraissait être un pays pas plus terrible qu'un autre, il vivait avec son temps en mettant de côté toute sorte de moral ou d'injustice vu que c'était les puissants qui avait le droit à la belle vie. Mais il y avait encore pire.
Certain hommes puissants profitait de leur pouvoir et usait de méthodes plutôt obscures pour assouvir leurs envies, qu'elles soient économique, sadique ou sexuel. Une femme pour peu qu'elle soit jolie pouvait se voir forcer de marier ou devenir l'esclave sexuel d'un homme qui n'avait que pour seul argument son argent. Les coups bas entre riches, les paris sur des combats d'animaux, les satisfactions sadomasochistes forcées, etc. Et la ce n'était que quelques exemples. Ces nombreuses pratiques donnaient une facette sombre à ce pays ayant une couleur si pure...

Seulement, après avoir vu tellement de choses horribles, dans son enfance, ce n'était pas ces quelques pratiques immorales qui allaient choquer Kurasa. Ancien ninja de Kiri, devenu Nukenin, il s'était absenté pendant de longues années, n'ayant même pas eu à participer aux guerres qui ont pu frapper son village, dont il en avait seulement vu les prémices. Cela ne lui avait fait ni chaud ni froid de voir des personnes mourir. Étant d'une nature solitaire, il ne s'était attaché à personne et ne le voulait surtout pas sachant très bien que la chaîne de la violence allait encore se perpétuer jusqu'à la fin des temps. Mais partir lui avait permis de trouver le temps pour bien réfléchir à la manière dont tournait le monde, se rappelant de sa mère qui lui répétait qu'il ne fallait pas céder à la violence et continuer à prêcher la paix. En se souvenant de son passé et de ce qu'il a pu voir, l'idéologie du jeune shinobi ne faisait que se confirmer... Il n'y aura jamais de paix.
Kurasa venait d'arriver au Pays de la Neige, plus précisément à Dharstedo, par bateau. Comme d'habitude, son accoutrement, et surtout son bandeau barré de Kiri, attiraient les regards, mais il n'en avait que faire. Il se contentait de continuer son chemin, en direction d'un lieu plus isolé dans les montagnes ou forêts qui peuplaient l'île dans le but de s'entraîner en toute discrétion. Cependant en bon ninja, il faisait preuve de méfiance et utilisait sa vue et son ouïe au cas où certains diraient des choses intéressantes ou auraient l'idée de le suivre pour le dépouiller. Malgré ses 26 ans, Kurasa n'était qu'un Nukenin de Rang C et les risques existaient, surtout en ces lieux où chaque ville avait sa propre milice, qui ne serait peut-être pas ouverte à laisser un ninja à l'allure plutôt menaçante rôder dans les parages.
C'est son ouïe qui sera titillée en premier quand il entendit qu'à la nuit tombée plusieurs personnes importantes se rassemblent chez un homme afin d'assister et parier sur des combats clandestins. C'était deux hommes qui en discutaient, ils avaient l'air plutôt à l'aise financièrement et devait fréquenter assez souvent ce genre d'événements. Le shinobi prêta attention à leurs propos et recueillit quelques informations. Cela se passait apparemment dans un sous-sol, avec des combattants catégorisé par leur âge et sans différenciation de sexe. C'était le genre de pourriture que Kurasa aimerait bien éliminer, ceux qui se croient puissant avec leur argent alors qu'un seul de ces combattants pouvait lui arracher la vie s'il le pouvait.

Heureusement, la nuit ne tarda pas à tomber et l'ancien ninja de la Brume en profita pour suivre les deux hommes qu'il avait remarqués un peu plus tôt.
Les gens rentraient un par un dans un lieu qui semblait tout à fait normal en apparence. Vu la foule, le sous-sol devait être très grand pour organiser des combats clandestins. Cela deviendrait intéressant les choses ne se passaient pas comme prévu...
Alors une fois la foule entièrement rentrée, Kurasa s'infiltra à l'intérieur de la demeure prenant soin de mettre dans les pommes tous les gardes du corps se présentant sur son chemin. Il ne tarda pas à trouver le lieu où se déroulaient les combats. Il fut un peu étonné de voir qu'une telle bâtisse pouvait se trouver dans les sous-sols du pays de la Neige...

Devant ses yeux se trouvait un grand Colisée avec une foule immense, plus nombreuses que ce qu'il avait pu apercevoir à l'extérieur de la demeure. Le vacarme de la foule amenait un peu de vie dans cet espace sombre où seule l'aire de combat, qui semblait à peine nettoyée tellement la couleur de la terre s'était mêlée avec celle du sang, était éclairée. Deux combattants se battaient férocement, parfois jusqu'à la mort, donnant du plaisir aux invités venu parier leur immense somme d'argent ou pour prendre du plaisir à voir du sang giclé, des hommes ou femmes à terre, entendre des cris de douleur, etc... Tellement obnubilé par les enjeux, personne ne remarqua la présence de l'intrus, préférant beugler et boire à leur bonne santé qui avait déjà atteint leur physique de plusieurs dizaines de kilos en trop, de la vulgarité et de l'injustice empestait ces lieux.
Loin de faire fuir Kurasa, cet environnement attisa encore un peu plus sa curiosité et nourrit un semblant de colère chez lui, cette situation n'était pas juste. Le pouvoir de l'argent n'est pas un véritable pouvoir, une fois qu'il disparaît, la personne autrefois aisée devient une cible facile.
Un business aussi énorme ne pouvait pas se jouer que sur deux combattants, d'autres devaient se trouver encore plus bas, attendant leur tour dans l'inquiétude ou l'excitation d'une mort imminente. L'homme aux yeux rouges continua son enquête en toute discrétion...

Au deuxième sous-sol, un lieu encore plus sombre où quelques lumières clignotant ne servaient qu'à éclairer le chemin vers des lieux encore plus ténébreux. Seuls les bruits de métaux et quelques cris d'énervement venaient casser le silence de mort qui pouvait y régner parfois. Des hommes et des femmes en cage, couverts de blessures et dont le regard exprimait plusieurs sentiments comme la haine, le désespoir ou encore la folie. C'était sans aucun doute les esclaves combattant. Leur surprise fut grande en voyant un ancien ninja de Kiri parcourir tranquillement les couloirs de ce bâtiment, arrivant jusqu'à eux supposé être tout en bas et bien gardé. De nombreuses questions fusaient dans leur esprit, comment avait-il fait ? Que c'est-il passé aux étages supérieurs ? Est-ce qu'il était venu les libérer ? Certaines tentaient de l'interpeller et de demander de l'aide, mais aucune réponse ne venait à eux. Kurasa n'était pas un justicier et il n'était pas venu les sauver, quoi qu'il puisse se laisser tenter par foutre un peu la pagaille afin de voir les vulgaires personnages d'en haut paniquer et terrorisé.
Avant même d'avoir pu y penser, un combattant attira son regard, c'était la personne la plus jeune qu'il avait vue jusqu'à présent. Elle n'avait pas le même regard que les autres, mêlants à l'intérieur à la fois de la haine et une sorte d'anesthésie à la situation dans laquelle elle se trouvait. Le Nukenin s'avança vers elle et observa la bête en cage...

Au moins, il y en avait une, parmi tout ce lot d'esclaves, qui n'avait pas laissé son esprit se briser. En voyant Kurasa arriver, elle s'était doucement redressée et légèrement rhabillée pour ensuite s'adresser à lui d'un ton sec, voir provocateur. Sa réaction était normale, il n'était pas supposé se trouver dans un lieu pareil et les secondes passantes, il se demandait lui-même pourquoi il restait là ? La réponse était toute simple, il avait à présent complètement laissé sa curiosité prendre le dessus. De plus, c'était le genre de situation qui forgeait un plus précisément son objectif dont il était encore le seul à connaître.
Chose étonnante, un silence, qui n'avait encore pas eu lieu, s'installa dans ce long couloir sombre rempli de cellules. La jeune fille devait avoir une sacrée réputation pour faire taire la folie et la déchéance qui régnait dans ces lieux. C'est d'ailleurs ce mot qu'elle utilisa pour d'écrire ce monde et probablement sa situation, déchéance. Du point de vue du Nukenin, ce n'était pas la peine qu'elle essaye de sortir à l'extérieur, ce n'était pas plus beau, la situation mondiale se dégradait aussi et un nouveau conflit était certainement sur le point d'arriver, replongeant une nouvelle fois les nations dans une crise où certains allaient périr.
C'était à présent au tour de l'ancien ninja de Kiri de répondre, il se tenait droit devant la cage et avait décidé d'arrêter ce combat de regard qui pouvait durer des heures.

« Je n'ai pas besoin de venir ici pour voir la déchéance de ce monde, j'ai vu un nombre incalculable d'horreur dehors qui rendent ta situation presque banale. Mais j'imagine qu'une personne comme toi doit avoir une autre vision de l'extérieur. »

Kurasa pensait ce qu'il disait, d'ailleurs, il n'a jamais été du genre à mentir même si cela pouvait le mettre dans une situation délicate. Le monde d'où l'on pouvait voir la lumière et apprécier les paysages n'avait rien de joyeux, c'était, à quelques subtilités près, la même chose qui dans les sous-sols de cette demeure. Il fallait se battre et survivre tous les jours et seuls les puissants pouvaient apprécier le spectacle, ces mêmes puissants se trouvaient sur la liste du ninja errant, qui s'est promis d'éliminer une certaine injustice de ce monde, car ce sont les premiers à masquer les vérités des guerres avec des fantaisies et des promesses de paix.
Évidemment, la personne qu'il avait en face ne pouvait pas penser de la même manière, à en juger par son état, cela devait faire un bon bout de temps qu'elle fréquentait ces lieux et qu'elle se battait. Voir une personne si jeune, survivre si longtemps forçait le respect. Mais si elle était forte à ce point, pourquoi n'avait-elle pas tenté de s'enfuir ? Cette prison était-elle si bien gardée ? Après tout ce n'était pas vraiment les affaires de Kurasa, mais quitte à avoir une conversation autant recueillir quelques informations, d'autant plus que son interlocuteur ne représentait pas vraiment de menace étant donné qu'il était enfermé dans une cage.

« Contrairement aux autres, je sens en toi une grande puissance. Pourquoi restes-tu enfermée ici alors que tu pourrais tous les tuer ? »

Loin de lui l'idée de lui venir en aide, mais une situation comme celle-là l'intriguait. La jeune fille vivait dans un environnement extrêmement difficile et beaucoup auraient déjà craqué cédant à leurs instincts les plus primaires. Peut-être aimait-elle l'idée de se battre jusqu'à la mort de son adversaire ? Ou alors elle n'avait pas encore pris conscience de tout le pouvoir contenu en elle...