Le sang d’Aokiji ne fit qu’un tour lorsqu’on lui annonça qu’un membre de son clan avait fait son arrivée aux portes du Shozaichi. Bien entendu, les Samui allaient et venaient dans la capitale, donc il était normal de se demander, pourquoi cela affectait tant le Chûnin ? En réalité, le jeune Samui qui s’était présenté aux portes était inconnu au bataillon, du moins pour l’instant. Il n’avait pas encore officiellement rejoint les forces de l’Alliance, et cela était apparemment la raison de sa venue en ces lieux. Ce qui perturba également Aokiji, fut qu’il était loin d’imaginer qu’il existait encore des Samui errants. Il se questionnait donc sur l’identité de ce nouvel arrivant. Se pourrait-il que… ? Non, c’était impossible. L’un de ses frères auraient-ils survécu à la destruction de Kiri ? Avait-il erré pendant presque plus d’un an avant d’enfin se résigner à rejoindre le Shûkai ? Tant de questions, mais un unique moyen d’y trouver des réponses.

Le jeune Samui se précipita donc aux portes où il avait été appelé. Len semblait être occupé, encore une fois. Ses activités au Jôhô lui prenaient apparemment une bonne partie de son temps. Aokiji ne l’avait effectivement pas revu depuis les résultats de l’Examen Chûnin. Le blond commençait un peu à s’inquiéter. Déjà que le jeune garçon était surexploité en tant que passeur, maintenant qu’il était monté en grade, sa situation devait surement avoir empiré. Sur le moment, le Samui se dit qu’il devrait surement passer lui rendre une petite visite. Ils appartenaient à la même team après tout, et surtout, ils étaient amis, non ?

Enfin bon, Aokiji arriva donc à l’entrée de la cité. Très vite, un garde l’aborda et lui pointa l’objet de son déplacement. La déception pouvait se lire sur le visage de l’officier de l’Oda alors qu’il examinait au loin le nouvel arrivant. Il ne s’agissait pas d’un de ses frères. Il s’agissait d’un adolescent, plutôt chétif, blond aux yeux bleus. Le temps d’un instant, il eut même l’impression qu’il s’agissait du petit Yamanaka qui lui avait encore joué un mauvais tour. Mais non, il s’agissait bien d’une tout autre personne. Cependant, Aokiji ne l’avait jamais encore croisé. Du moins à sa connaissance. Alors qu’il s’approchait du jeune garçon, le garde lui chuchota à l’oreille le nom de ce dernier.

« Samui Akio ? Bonjour, je suis Samui Aokiji, Chûnin du Shûkai. Ravi de te rencontrer. Cela faisait un moment que nous n’avions pas accueilli un nouveau Samui aux portes du Shozaichi. »

Aokiji lui sera donc courtoisement la main, puis en vint aux faits très vite.

« Donc tu as fait le déplacement jusqu’ici car tu voudrais rejoindre les forces de l’Alliance ? Le voyage n’a pas été trop éprouvant ? Je vais devoir te poser quelques questions avant que tu puisses officiellement intégrer le Shûkai. Tout d’abord, j’aimerais connaitre tes motivations. Pour quelles raisons souhaites-tu nous rejoindre et que comptes-tu nous apporter ? Réponds le plus honnêtement possible. Sache qu’il n’y a pas ni bonnes ou mauvaises réponses. »

Aokiji esquissa un léger sourire histoire de mettre à l’aise le jeune garçon. Le but n’était pas de l’intimider. Bien au contraire !

Toutes ses formalités avaient réellement le temps de m'agacer. Je n'étais vraiment pas quelqu'un de connu pour sa patiente et même si je pouvais comprendre que l'on ne laissait pas n'importe qui franchir les portes du Shozaichi, tout cela devenait réellement long. Après avoir vérifié mon identité et toutes autres sortes d'information, on me demanda d'attendre quelqu'un. Sans plus de réponse ou d'indication, je me retrouvais bêtement aux portes à attendre un sombre inconnu. Je ne m'étais vraiment pas imaginé une arrivée ainsi et j'avais bien sûr envisagé quelque chose de plus héroïque que tout un tas de formalité. Mais je n'y pouvais rien et la seule chose que je pouvais faire dorénavant c'était attendre car je ne jugeais pas nécessaire de créer un scandale dès mon arrivée. J'étais à présent adossé contre un mur, les bras croisés et une moue qui se voulait en colère quand j'aperçus un homme arrivé assez rapidement et parlé au garde qui se chargeait de surveiller que je restais bien en place. Ainsi, mon attente -trop longue à mon gout- allait-elle peut-être enfin s'arrêter. J'observais au loin l'homme qui se voulait haut gradé (ou du moins plus haut que ce stupide garde qui me maintenant ici) assez brièvement sans le reconnaitre. Grand, ou du moins plus grand que moi, je ne le connaissais absolument pas mais il n'empêche que celui-ci venait vers moi en me demandant d'abord mon identité avant de se présenter lui aussi. Un samui ? J'étais au courant que plusieurs membres du clan avaient obtenu une place de choix au Shukai mais je ne les connaissais pas tous, cet Aokiji en faisait partie mais je n'en restais néanmoins pas moins étonné de tomber sur un membre de mon clan dès les premiers instants. Je lui serrais donc la main avant de lui répondre poliment.

"Enchanté"

J'écoutais alors assez attentivement ses questions posant mes grands yeux bleus sur lui. Il allait falloir que je m'explique, que j'explique clairement les raisons de ma démotivation, du temps que j'ai mis à le rejoindre mais surtout de ma nouvelle motivation. Ce que je pourrais apporter au Shukai . Moi-même je me le demandais et pourtant, je me trouvais ici, juste devant lui.

"Eh bien..."

Je tentais de trouver mes mots, mes explications mais je ne savais pas comment m'expliquer. Bien entendu, je comprenais que l'on n'accepte pas le premier abruti à crie "je veux être ninja", il n'empêche que s'expliquer est une tout autre histoire. Une histoire moins plaisante. J'étais un Samui, il était grand temps que je prenne mon destin de shinobi en main, que je fasse quelque chose de mes capacités.

"Le voyage c'est bien passé, assez fatigant mais c'est un voyage"

Je haussais les épaules tout en gagnant du temps en parlant de mon petit "périple" de ma maison au shukai. Je cherchais toujours comment m'expliquer et à trouver mes mots qui ne venaient pas comme je l'aurais souhaité. Je n'étais pourtant pas le genre de personne timide mais j'étais simplement décontenancé. Passant ma main dans mes cheveux comme un tic nerveux, j'inspirais intérieurement avant de reprendre.

"Mes motivations ? J'en ai plusieurs mais pour moi, le shukai est une bonne issue pour mettre fin à toutes ses guerres qui dévastent nos familles. Je ne saurais dire ce que je pourrais apporter de plus que n'importe quel autre Shinobi mais je sais qu'une aide en plus est toujours la bienvenue. Je veux contribuer en ce que je crois, et je crois au Shukai."

Je posais rapidement mon regard vers le sol, croisant mes bras que je rapprochais de mon torse, reculant machinalement d'un pas simplement pour bouger mes jambes. Je ne comptais pas m'arrêter là dans mes explications mais je ne pus m'empêcher de me stopper pour observer quelque temps son visage, ses réactions. Il avait beau m'avoir dit qu'il n'y avait ni bonne, ni mauvaise réponse je pouvais néanmoins affirmer que certaine devait être meilleure que d'autres.

"Je veux me battre pour cette cause, et je veux enfin devenir un Shinobi. Je veux combattre, devenir un homme et devenir plus fort. Je veux apporter au shukai autant que le shukai m'apportera."

Je concluais ces dernières paroles sincères par un bref sourire avant de baisser la tête gêné de m'être ainsi exprimé devant quelqu'un. Mais l'on m'avait demandé d'être le plus honnête possible et c'est exactement ce que je venais de faire... Dire le fond de ma pensée le plus franchement possible.

Le jeune garçon semblait très mal à l’aise. Aokiji avait peut-être été un peu trop direct. Ou était-ce peut-être la fatigue liée au voyage ? Quoiqu’il en soit, le petit Akio avait du mal à trouver ses mots, chose qui était, il faut se l’avouer, assez drôle à regarder. Le voir chercher différents stratagèmes afin de gagner du temps était en effet bien comique. Bien entendu, le Chûnin n’allait pas se mettre à rire devant le blondinet. Il était déjà assez mal comme ça. Aokiji se contenta donc de rester impassible, écoutant attentivement ce que ce nouvel arrivant daignait lui confier.

Il en vint donc à ses motivations. Il aborda la notion de guerre dont il faudrait selon lui mettre fin. Un engagement louable et en réalité peu rare au sein des forces de l’Alliance. Il ne se considérait pas comme un shinobi hors-pair mais souhaitait tout de même apporter sa pierre à l’édifice. Aokiji le comprenait tout à fait car à vrai dire, il était un peu dans le même état d’esprit lors de son arrivé au Shozaichi. Même si le jeune garçon avait eu du mal à s’exprimer, le Chûnin put tout de même percevoir une certaine sincérité dans ses paroles. Il avait encore l’air très jeune, il n’avait pas encore la sagesse nécessaire pour répondre aisément à ce genre d’interrogation. Mais c’était tout de même intéressant de voir comment des esprits si jeunes et fougueux réagissaient à des questions aussi vastes.

Une fois le petit blond terminé, Aokiji marqua un temps d’arrêt. Il prit un instant pour scruter son interlocuteur puis prit à son tour la parole.

« Ben ça m’a l’air pas mal tout ça ! Viens suis-moi. »

Aokiji posa la main sur le dos du petit Samui et l’invita à le suivre à l’intérieur de la cité. Il y avait encore quelques formalités à remplir mais ce n’était pas au Chûnin de s’en charger. Pour l’instant, il allait juste le conduire au Palais du Triumvirat afin que ce dernier rejoigne officiellement les forces de l’Alliance des Pays Neutres.

Sur le chemin, ils passèrent donc par le centre-ville où le Samui ne gêna pas d’interroger son jeune cousin éloigné sur quelques petits détails.

« Dis-moi Akio, tu m’as l’air bien jeune. Tu as quel âge ? Et puis tu dis avoir faire un long voyage ? Où étais-tu avant de rejoindre ces terres ? Yuki ? Mizu ? »

Des questions assez personnelles. Aokiji espérait que le jeune garçon ne soit pas intimidé par ces questions comme il le fut un peu plus tôt.

Je me sentais idiot d'être devenu aussi mal à l'aise, perdre ses moyens aussi simplement ne jouerais clairement pas en ma faveur mais je ne m'attendais pas à cette question. Ou plutôt si, je m'y attendais et je la redoutais plus ou moins n'ayant jamais trouvé les bons mots à l'avance. Il fallait donc que j'inspire une grande bouffée d'air frais, que je me calme pour ne pas totalement passé pour un idiot et que j'articule mes mots un à un. La spontanéité allait donc être ma plus grande allié, parler honnêtement, parler franchement c'est ce qu'il venait de me demander et c'est ce que j'allais faire. Je devais être totalement pathétique à regarder et pourtant Aokiji prit la peine de m'écouter sans feindre la moindre once de jugement. À sa place, j'aurais surement ri de moi et c'est peut-être ce qui faisait la plus grande différence entre lui et moi. Mes motivations seraient-elles suffisantes ? Ma franchise aussi ? J'avais une vision de la guerre assez commune à bien des shinobis, j'y avais perdu des proches et je détestais cela mais maintenant, une issue semblait possible. Je lui avouais ne pas être un Shinobi hors pair, il fallait être franc, je n'étais de loin pas le meilleur mais j'étais tout aussi motivé à rattraper mon retard et apporter ma contribution au Shukai. J'étais motivé à changer.

Tout était dit, j'attendais alors la réaction de mon interlocuteur pour savoir ce qu'il allait en être ne prononçant plus le moindre mot jusqu'à ce qu'il prenne à son tour la parole. Je souriais en entendant ses mots. Pas mal. C'était clairement ce que j'espérais entendre, une réponse plus ou moins positive. Je hochais de la tête lorsqu'il m'invita à le suivre, esquissant un sourire tout en prenant la route aux côtés du Samui. J'observais assez brièvement le centre-ville, c'était bien la première fois que je me rendais ici et il allait falloir que je m'y habitue. Je ne reportais mon attention sur Aokiji que lorsqu'il me posa de nouvelles questions qui ne me gênaient pas particulièrement cette fois-ci. C'était sans doute plus de la curiosité qu'autre chose.

"Ah bon ? J'ai seize ans... Et je viens de Mizu"

Les réponses étaient assez directes mais je m'étais dit que je n'allais pas tourner autour du pot à chaque fois que je devais répondre. Nous n'aurions pas fini sinon. J'espérais que le fait d'être plutôt jeune ne poserait pas de problème, déjà que mon inexpérience risque de m'en causer évitons d'en rajouter davantage dans cette longue liste. Quant à mon lieu de résidence... Il n'avait rien de bien étonnant. Toutefois, mon esprit s'interrogeait aussi sur Aokiji, que je ne connaissais absolument pas. Je sais bien que le clan Samui était vaste et que nous ne nous connaissions pas tous mais je connaissais au moins la plupart de nom ou de réputation, or je n'avais jamais entendu parler de lui. Je ne dis pas pour autant qu'il n'a aucun mérite ou aucune influence loin de là, je respectais déjà beaucoup cet homme mais cela me tracassait.

"Et vous, sans vouloir paraître indiscret, je n'ai jamais entendu parler de vous et pourtant sans connaitre tous les Samui, je connais au moins le nom d'un paquet donc la question m'intéresse aussi... Vous veniez de Yuki ou de Mizu avant d'être au Shukai ."

Je réalisais soudainement que je n'étais peut-être en aucun droit de lui parler ainsi ou plutôt que cela ne devait pas me regarder. J'aurais sans doute juste dû lui demander d'où il venait simplement mais je n'avais pas réfléchi avant de parler. De toute façon, la plupart des personnes n'aiment pas qu'on tourne autour du pot mais n'aiment pas forcément qu'on leur pose des questions indiscrètes bien que je vienne d'y répondre à l'instant.

"Désolé si je n'aurais pas dû."

16 ans ? Aokiji ne savait pas trop pourquoi, mais il lui aurait donné un peu moins. C’était surement dû à son visage angélique et ses cheveux blonds qui n’étaient pas sans lui rappelé le petit Yamanaka. Décidemment, on pourrait croire que le Samui attirait les blondinets aux yeux bleus. Enfin bon. En fin de compte, son âge n’avait pas vraiment beaucoup d’importance. Le jeune garçon affirmait venir directement de Mizu no Kuni. Cela voulait dire qu’il avait vécu pendant un certain moment sur les terres désormais désolées du Pays de l’Eau. Le Chûnin le plaignait un peu, mais en même temps, il l’enviait. Lui aussi aurait aimé retourner dans son pays natal. Même si les souvenirs qu’il partageait avec ce lieu n’étaient pas des plus joyeux, il ressentait une certaine nostalgie. Il s’agissait des terres de ses ancêtres après tout. La terre dans laquelle reposait son père et ses frères.

« Mizu ? Je ne pourrais te dire exactement à quand remonte la dernière fois que j’y ai mis les pieds. Cette époque me parait si lointaine… »

Ils continuèrent donc leur progression à travers la cité, avec toujours le Palais du Triumvirat pour destination. Mais cette fois, ce fut au tour du petit blondinet de poser les questions. Il semblait s’interroger sur Aokiji. Son passé, son parcours, sa place dans le clan mais surtout ses origines. Akio sembla assez gêné de poser une telle question, mais à vrai dire, son ainé ne se sentit pas offensé le moins du monde. Il laissa même échapper un léger rire, car en y repensant, il n’aurait jamais pensé se trouver à une telle position aujourd’hui.

« Haha ! Non ne t’en fait pas. Ta question est tout à fait légitime. Et puis, nous sommes entre Samui après tout. »

Aokiji reprit donc une expression un peu plus sérieuse alors qu’ils continuaient leur marche dans le centre-ville.

« Que tu n’es jamais entendu parler de moi, cela ne m’étonne pas du tout je te l’avoue. Pourtant comme toi, je suis né à Mizu no Kuni. Je ne rentrerais pas dans les détails, mais mes relations avec le clan n’ont jamais été très bonnes. »

Il allait le prendre pour un asocial ou un criminel, non ?

« Et puis, à l’âge de 15 ans je crois, ouais ça doit être ça, j’étais été envoyé à Yuki no Kuni, où je suis resté pendant 4 ans, jusqu’à la destruction de Kiri… »

Un sujet épineux. Aokiji n’avait pas assisté à l’assaut des Furyous, mais Akio y avait surement assisté lui.

« Et ensuite j’ai rejoint le Shûkai… Désolé, j’aurais peut-être pas dû évoquer l’attaque du village. Je suppose que tu y étais, non ? »

Il était si jeune et pourtant il devait avoir vu de ces choses horribles… Finalement Aokiji le plaignait vraiment.

Seize ans, c'était sans doute assez jeune par rapport à certain Shinobi et pourtant si vieux pour réapprendre les bases. Par chance malgré mon arrêt et mon aversion pour tout ce qui touchait au monde Shinobi, mon défunt père m'avait enseigné les bases et quelque technique avant de mourir. Je n'étais donc pas sans rien mais je trouvais que j'avais beaucoup moins d'allure qu'Aokiji et encore, je ne l'avais jamais vu combattre. Je lui avais alors affirmé venir de mizu no kuni, un pays qui n'était maintenant plus que l'ombre de lui-même. J'avais continué d'y vivre pourtant, j'aimais cet endroit, j'aimais ce pays et jamais je ne pourrais le renier. Je venais de Mizu no Kuni et j'en étais assez fier. Je souriais en l'entendant me dire qu'il se souvenait précisément de la dernière fois qu'il y avait mis les pieds, ainsi il connaissait. Ceci n'était pas vraiment étonnant étant donné que la plupart des Samui y réside ou y résidait quoiqu'une bonne partie vit aussi à présent à Yuki no kuni.

Nous continuions notre progression à travers le Shozaichi, je ne savais pas où nous allions mais je soupçonnais qu'il me conduisait vers un supérieur ou un endroit dans lequel je devrais m'inscrire. ou quelque chose comme ça. Je devais bien avouer qu'Aokiji m'intriguait de plus en plus ou plutôt son lieu de vie et son histoire. Il disait connaitre Mizu et pourtant j'étais pratiquement sûr qu'il n'y vivait pas. Je n'avais pas la prétention de dire que je connaissais tout le monde dans le clan mais lui vraiment m'était totalement inconnu. J'étais cependant assez gêné de poser les questions pour la simple et bonne raison qu'il était mon ainé en tout point de vue, que ce soit dans le clan ou au shukai et qu'il ne voudrait peut-être pas que le premier adolescent venu lui pose des questions sur son passé. Toutefois, j'avais tout de même posé les questions et je fus assez surpris de le voir rire légèrement avant de me rassurer en me répondant que c'était légitime et que nous étions entre Samui. En parlant de Samui, c'était bien le seul à jamais m'avoir parlé ainsi depuis mon père ou mon frère, ça changeait et ça faisait plaisir. L'air sérieux que prenait alors Aokiji m'indiquait qu'il allait passer aux explications. Il était pourtant né à Mizu no Kuni mais il n'a jamais eu de très bonnes relations avec le clan. Nous étions donc deux.

"Oh d'accord."

Je n'étais guère étonné de voir un Samui de plus ne pas s'entendre avec le reste du clan. Je crois bien que si l'on réunissait tous ceux peu appréciés et/ou en mauvais terme avec eux, nous pourrions faire aisément une branche parallèle au clan, c'est pour dire. Il m'apprenait ensuite avoir été envoyé à Yuki no Kuni. Mais quel âge avait-il ? Je ne savais pas quoiqu'l était tout de même bien plus âgé que moi, c'était un homme et plus un adolescent mais il ne semblait pas très âgé. Enfin rien n'indiquait donc que nous avions dû nous fréquenter si ce n'est même nous croisé. J'inspirais alors malgré moi lorsqu'il remettait sur le tapis la destruction de Kiri. J'avais toujours refusé de servir ce village et pourtant paradoxalement, je m'y étais attaché... Mon père et mon frère l'avaient servi comme bien d'autres hommes qui y ont péris. Il avait finalement rejoint le shukai l'année suivante. Il s'excusait alors d'avoir évoqué l'attaque du shukai en se souvenant que j'y avais surement assisté. Je serrais mes poings avant de finalement porté un regard neutre vers lui et de hausser les épaules pour ne rien montrer. On avait mieux à faire que parler des agréables souvenirs qu'avait apportés cette attaque.

"J'y étais oui... Mais en tant que civil et je n'ai faits que fuir. Tant de personnes y ont péri c'est triste je trouve..."

C'était vraiment triste, cela n'aurait jamais dê arriver et je culpabilisais de n'avoir rien fait. Mon aide n'aurait surement pas apporté grand-chose en plus mais au moins, je sais que j'aurais fait tout mon possible. C'est aussi une autre raison pour laquelle je ne voulais pas reproduire la même erreur avec le shukai. Cependant, je préférais alors changer de sujet plutôt que de m'apitoyer sur mon sort.

"Où allons-nous au fait ?"

Aokiji s’en doutait. Il n’aurait pas dû aborder ce sujet. Son cadet était de toute évidence mal à l’aise et en parler devait de toute évidence faire monter en lui de nombreux souvenirs peu agréables. De plus, il disait avoir été un civil pendant l’assaut, ce qui en soi devait accentuer davantage l’effroi qu’il avait vécu. Etre sans défense face à l’envahisseur. Savoir que quoi que l’on puisse faire, on ne pourrait sortir de son statut de victime, impuissante, contrainte de subir les assauts de ses oppresseurs. Quelle tristesse qu’un garçon aussi jeune ait à s’épanouir avec une telle représentation de soi, surtout en pleine adolescence.

« Désolé, je n’aurais vraiment pas dû aborder ce sujet. Pardonne ma maladresse et mon maque de tact. »

Un silence pour le moins gênant s’installa alors entre les deux, alors qu’il continuait leur marche dans le centre-ville. Pour une première impression, Aokiji aurait pu mieux faire. Il s’en voulait un peu. Il espérait que le jeune Akio ne lui en tiendrait pas rigueur. Au bout de quelques minutes, le nouvel arrivant brisa le silence, demandant au Chûnin où ils rendaient au juste. C’est vrai, le Samui avait complètement oublié de le lui dire. Il avait demandé au garçon de le suivre sans réellement lui révéler leur destination. Pourtant celle-ci se trouvait en face d’eux et les avait accompagnés durant toute leur marche. Aokiji leva alors le bras et pointa le bâtiment se trouvant plusieurs mètres devant lui.

« Ahah, c’est ici que nous allons »

Le jeune homme marqua un temps d’arrêt afin de laisser Akio contempler l’édifice.

« C’est le Palais du Triumvirat. C’est le siège des forces du Shûkai. C’est là-bas que tu rempliras toutes les formalités pour rejoindre officiellement nos rangs. »

Il savait désormais à quoi s’attendre. Même si ce bâtiment semblait assez intimidant, il n’avait rien à craindre. Mais Aokiji pouvait tout à fait comprendre que le garçon soit impressionné. C’est pour cela qu’il l’accompagna jusqu’à l’entrée du Palais. Pour le reste, c’était à lui de se débrouiller. C’était à lui de débuter de sa nouvelle vie.

« C’est ici que nos chemins se séparent. Juste ici tu trouveras un bureau chargé du recrutement. Je te souhaite bon courage pour la suite et j’espère que tu te plairas parmi nous. Nous ne reverrons très bientôt, j’en suis persuadé. »

Aokiji le salua amicalement puis le regarda pénétrer dans l’édifice. Il s’en alla ensuite, vaquer à ses occupations.

Ce sujet n'était clairement pas celui dont j'aimais le plus parler car il faisait remonter en moi de nombreux souvenirs mais il ne fallait pas qu'Aokiji se sente gêné, ça ne me posait pas de problème pour autant d'en parler surtout si lui n'y était pas. Quoi qu'il aurait mieux fait, s'il souhaitait quelques explications en parler à un Shinobi ayant combattu sur place car le peu que je sais de cette attaque fut ce que je voyais durant ma fuite car comme je lui avais expliqué, j'étais civil. Je souriais, ce sourire pour le rassurer après ses excuses, ce n'était rien vraiment. C'était simplement des souvenirs qui remontaient mais je n'allais pas perdre ma bonne humeur pour autant, j'étais quand même bien content d'être ici.

"Pas de problème, vraiment !"

Un silence s'installait entre nous, j'en profitais pour observer les lieux. J'allais y vivre après tout. Nous étions visiblement dans le centre-ville vu la population et en quelque sorte l'agitation. Je me demandais finalement où nous allions car il est vrai que nous marchions depuis un certain temps quand même alors je lui posais directement la question. Aokiji pointa un immense bâtiment à plusieurs mètres devant nous du doigt. Grand, visible, sans doute important dans un sens j'aurais dû m'en douter c'est toujours dans les grands bâtiments qu'on va lors d'une arrivée car c'est là-basque tout se passe et je supposais avoir de la paperasse à faire car je me doutais bien qu'on ne pouvait intégrer le shukai simplement par la parole. C'était un engagement assez important que j'étais prêt à tenir. J'écoutais ses explications sur le fameux palais du Triumvirat, j'en avais plus ou moins entendu parler et c'est donc ici que j'allais remplir toutes les formalités nécessaires pour rejoindre le rang des shukaijin.

"Je vois."

Nous avancions jusqu'à l'entrée de l'édifice et comme je m'y attendais, il allait être temps que nos chemins se séparent. Je souriais lorsqu'il me disait au revoir en hochant énergiquement la tête.

"Merci pour tout Aokiji !"
J'entrais ensuite dans les bâtiments avançant de quelques pas à la recherche du fameux bureau avant de me retourner une dernière fois, de le voir encore là et de lever la main en signe d'au revoir avant qu'il ne reparte vaquer à ses occupations et que j'aille remplir les papiers de mon adhésion au shukai.